Au jour le jour, octobre 2008
Après la monnaie de François Plante, décrite dans le bulletin de novembre 2007, voici maintenant celle de John Thomson. Cet autre marchand de La Prairie, à l’instar de son confrère commerçant, utilise le même stratagème pour pallier à la pénurie de petite monnaie.
Nos lecteurs se souviendront que la crise financière de l’époque avait fait en sorte que les banques avaient suspendu leurs paiements et que les petits épargnants ne pouvaient plus retirer leurs économies. Les deux marchands de La Prairie ont choisi d’émettre des billets payables éventuellement au porteur, une fois la crise réglée, faut-il préciser.
Le billet ci-dessous, ou bon de marchand, vaut 30 sous ou 15 pence. Il a été émis par John Thomson, le 20 décembre 1837 à La Prairie et imprimé par Adolphus Bourne. On y voit au centre une pièce de monnaie coiffée de l’inscription « Quarter dollar ». Mais comment concilier tout cela?
En 1837, la monnaie canadienne n’existe pas et plusieurs devises circulent au Bas-Canada : la livre française, la livre anglaise, le dollar américain et même la piastre d’Espagne qui provient des colonies espagnoles.
La piastre d’Espagne et le dollar américain sont au pair et valent 6 livres françaises de 20 sous, soit 120 sous. Le billet de trente sous vaut donc un quart de piastre, ou un quart de dollar.
De son côté, la livre anglaise de 20 shillings de 12 pence, soit 240 pence, vaut 4 piastres d’Espagne. On compte donc 60 pence dans une piastre et 15 dans un quart de piastre, comme l’indique bien le billet de Thomson.
Voilà trois façons identiques de nommer une même valeur. Sur cet aspect, la monnaie de Plante demeure championne avec ses cinq nomenclatures. Par contre, celle de Thomson affiche une particularité intéressante : la pièce au centre de son billet ressemble étrangement à l’endos d’une piastre d’Espagne, à un détail près. La piastre espagnole qui circule alors au Bas-Canada est en réalité une pièce de 8 réaux, alors que celle affichée en est une de 2 réaux, soit un quart de piastre. Le compte est bon!
C’est Monsieur André Montpetit, président de l’Association de Numismatique et de Philatélie de Boucherville, qui nous a signalé ce bon de marchand apparaissant dans un catalogue de Charlton Standard.
John Thomson possédait un magasin général à La Prairie. Dans les années 1830 et 1840, il effectue plusieurs transactions immobilières sur divers lots du village. En 1837, il détient un terrain donnant sur la rue Saint-Joseph, situé derrière l’emplacement occupé de nos jours par les locaux de la Société d’histoire. Dans le bottin des professionnels et hommes d’affaires de 1842, son commerce a pignon sur la rue Saint-Joseph, devenue aujourd’hui Saint-Georges. Il exploite son entreprise sous la raison sociale de « John Thomson and Company » et est associé à John Dunn. Au recensement de 1852, tous deux habitent le village, se disent marchands, nés en Écosse et de religion baptiste. En 1861, John Thomson, alors âgé de 58 ans, demeure encore au village et se déclare toujours commerçant.
Thomson devient donc le deuxième marchand de La Prairie à émettre des billets payables au porteur, le 20 décembre 1837, après Plante, les 26 août et 1er septembre. Il faut croire que la formule avait du succès !
Sources :
BANQ, Annuaire Lovell, Montréal et sa banlieue, 1842, Business and professional directory.
JOLY, Jean, La monnaie de François Plante, Au jour le jour, vol. XIX, no 9, novembre 2007.
SHLM, ibidem, Le Bulletin, ANPB, vol. 41, no 4, novembre 2007
Musée de la monnaie, http://www.museedelamonnaie.ca/fre
Recensement de 1852, http://automatedgenealogy.com
Recensement de 1861, http://collectionscanada.ca
SHLM, Fonds des Jésuites, chemise 4.01.08
Au début de juillet 2007, je suis devenu membre de la SHLM afin d’entreprendre des recherches généalogiques sur la famille Raby et plus spécifiquement sur mon arrière-grand-père Amable Raby (1885-1966). Amable ou L’Amable (surnom) est le grand-père maternel de ma mère.
Durant mes vacances de juillet et août 2007, (je suis enseignant en histoire au secondaire) j’ai travaillé avec l’aide de M. Jean L’Heureux et de Mme Édith Gagnon sur mon arbre généalogique à raison de trois à quatre après-midi par semaine. À la fin de l’été 2007, lors d’un rassemblement de la famille Raby à Aylmer, je faisais la promesse de publier mes recherches lors de la prochaine rencontre de famille en 2008.
À l’automne de 2007, je suis devenu bénévole en généalogie pour la SHLM dans le cadre des soirées généalogiques animées par M. L’Heureux les lundis soirs. J’ai pu rencontrer, durant ces soirées, plusieurs membres et bénévoles de la SHLM avec qui j’ai pu partager ma passion et les grandes lignes de mon projet sur les Raby de Buckingham.
En mars 2008, suite à l’assemblée générale de la SHLM, je suis devenu secrétaire du C.A., poussant ainsi un peu plus loin ma démarche historique et généalogique au sein de ma communauté. Avec les autres bénévoles et membres du C.A., je fais maintenant des recherches pour les citoyens qui ont des demandes ou des questions concernant l’histoire de La Prairie.
Durant mes vacances de juillet et de août 2008, j’ai passé la plupart de mes temps libres à la SHLM à faire des recherches avec Mme Édith Gagnon, M. Jean L’Heureux , M. Jean-Marc Garant, Mme Geneviève Dumouchel et les quatre guides étudiants embauchés pour l’été. Je conserve d’excellents souvenirs de cet été 2008 au cours duquel j’ai pu enfin terminer mon projet généalogique sur Amable Raby.
J’ignorais à peu près tout de la vie de mon arrière-grand-père (il est mort un an avant ma naissance). En voici un court résumé : né à Buckingham en 1885, fils de Moïse Raby et d’Élisabeth Foubert, Amable, a suivi son cours primaire à l’école des Frères de l’instruction chrétienne de Buckingham. Il a terminé son cours primaire en 1895 et il fait partie de la première cohorte ayant gradué à Buckingham avec les FIC.
En 1911 Amable épousait à Buckingham Émilia Lachance. Émilia était la fille de Pierre Lachance et de Julienne Campeau. Entre 1911 et 1917, Amable a travaillé pour l’Algoma Central Railway. Il était responsable du transport des billes de bois coupées dans le nord de l’Ontario et qui étaient acheminées par train jusqu’à Sault-Sainte-Marie.
De 1917 à 1933, Amable Raby est devenu le contremaître du camp de bûcherons de Pukaskwa sur le lac Supérieur en Ontario. Il partait à la fin de chaque été avec sa famille, prenant le train de Buckingham à Sault-Sainte-Marie et par la suite un bateau jusqu’à Pukaskwa. La famille Raby revenait à Buckingham à la fin du printemps. Émilia ne faisait pas le voyage lorsqu’elle était enceinte. Les 10 enfants d’Amable et d’Émilia ont tous été élevés à Pukaskwa.
Le crash boursier de 1929 fut à l’origine de la grande dépression économique un peu partout en Amérique du Nord. La compagnie de coupe de bois qui employait Amable, l’Abitibi Water and Paper, se vit forcée de fermer la plupart de ses chantiers et Amable se retrouva sans emploi. Il revint à Buckingham et se trouva un nouvel emploi comme policier en 1934.
Dans les années 1940, il devint chef de police de Buckingham jusqu’à sa retraite en 1950. Après une retraite de 16 ans durant laquelle il aimait parler à ses nombreux petits enfants réunis autour de lui le soir près du poêle à bois (il était un conteur de légendes très apprécié), il meurt à l’hôpital de Buckingham en 1966 des suites d’un cancer.
À ne pas manquer. Et oui! Membre de la SHLM depuis plusieurs années et m’intéressant à la généalogie j’ai décidé de créer mon site internet. Il y est question de mes débuts en généalogie et de mon père Jean Girard que certains d’entre vous avez bien connu. Si vous vous appelez Cormier-Cardinal-Longtin-Robert-Pellerin ou Duval vous êtes probablement parents avec mes enfants et mes petits-enfants. Si vous vous appelez Forgue-Duclos (ancêtre André Duclos marié Marie Hondarague) vous êtes probablement parents avec ma mère. Si vous êtes des ancêtres de Jacques Renel/Lebrun/Girard/Floridor là vous êtes 100 % parents avec mon père et par le fait même, moi!
Il était une fois | Les lignées directes et les albums photos | Le mur des célébrités | Nos défunts | À la mémoire de mon fils | Les Armoiries | Extraits de MARTHA | Le coin des artistes | Des patronymes, des patronymes, des patronymes (ce dernier titre vous permet même de participer si vous le désirez)
http://pages.videotron.com/renelle/
La Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine publie depuis plus de quinze ans un bulletin mensuel de huit pages destiné aux membres et aux visiteurs. Compte tenu de l’évolution fulgurante dans le domaine des médias depuis une décennie et afin de maintenir son image de marque, la SHLM souhaite à l’avenir offrir à ses membres un bulletin couleur d’une facture plus moderne et plus conforme aux nouveaux « standards » de l’édition. Nous souhaitons également augmenter quelque peu le tirage afin d’offrir notre bulletin au grand public à la bibliothèque municipale. Cela permettrait de mieux nous faire connaître et éventuellement d’attirer de nouveaux membres.
La mise en page du nouveau bulletin sera assurée bénévolement par M. François B. Tremblay, infographiste professionnel. Vous comprendrez que l’impression couleur augmentera notre facture annuelle, c’est pourquoi nous vous proposons de recevoir le bulletin par courrier électronique (voir à ce sujet l’encart dans ce bulletin).
N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires et de vos suggestions. Longue vie au nouveau « Au jour le jour ».
Gaétan Bourdages, responsable du bulletin
Notre prochaine conférence
Mardi le 21 octobre 2008 à 19 h 30
Le frère Marie-Victorin (Conrad Kirouac 1885-1944) et l’Odyssée de la Flore laurentienne par Lucie Jasmin.
En 1904, le frère Marie-Victorin, en compagnie de son érudit ami, le frère Rolland-Germain, va entreprendre ce voyage extraordinaire au cœur de sa Laurentie bien-aimée. Ceci afin de réaliser l’inventaire des plantes de la nation. Ce périple, devenu légendaire, fut accompli sous les auspices du savoir mais encore sous l’influence d’une certaine tournure d’esprit poétique.
Cette causerie, agrémentée de projections « Power Point », vous permettra de mieux connaître l’homme Marie-Victorin et le grand œuvre auquel il a consacré plus de vingt-cinq années de sa vie.
Invitez vos parents et amis; entrée 3 $ pour les non-membres.
• À la SHLM comme ailleurs c’est l’heure de la rentrée. Les comités s’activent et les projets mijotent. Afin de poursuivre sa mission la Société a besoin de bénévoles qui s’impliquent selon leurs disponibilités et leurs intérêts.
Vous trouverez ci-joint un questionnaire sur nos différents besoins, je vous invite à le compléter et à me le retourner.
• Sur ce même questionnaire, si vous souhaitez recevoir le bulletin Au jour le jour par voie électronique en format PDF à partir du mois de novembre, vous trouverez un coupon à nous retourner, soit par la poste ou par courriel.
• Suite aux travaux archéologiques de l’été dans les rues de l’arrondissement historique nous sommes à préparer une exposition de photos qui sera présentée de novembre à mai. Si vous souhaitez participer à ce projet contactez-moi. Merci de votre précieuse collaboration!
Éditeur
Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN 1499-7312
COLLABORATEURS :
Coordination : Jean-Pierre Yelle
Rédaction : Gaétan Bourdages, Jean Joly et Stéphane Tremblay
Révision : Jean-Pierre Yelle
Infographie : François-Bernard Tremblay, www.bonmelon.com
Impression : SHLM
Siège social
249, rue Sainte-Marie
La Prairie (Québec) J5R 1G1
Téléphone
450-659-1393
Courriel
Site Web
www.laprairie-shlm.com
Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu de leurs articles et ce, à la complète exonération de l’éditeur.
Au jour le jour, septembre 2008
De nombreux artefacts amérindiens ont été mis à jour : d’abondantes céramiques Meadowood datant d’au moins 4 500 ans avant aujourd’hui ainsi que des pointes de flèches typiques de l’Archaïque. Il s’agit des plus vieilles pointes de flèche jamais trouvées à La Prairie. On a également découvert un foyer amérindien rue Sainte-Marie, aussi une petite figurine en terre cuite qui aurait orné la base d’une pipe et qui suite à des échanges entre les groupes amérindiens proviendrait de la région des Grands Lacs.
Les sites fouillés abritent aussi des objets d’origine européenne. La rue Saint-Ignace a fourni un intéressant échantillonnage de la vie domestique au 17e siècle alors que sur la rue Sainte-Marie les artefacts de la vie domestique au 18e siècle s’y trouvaient en quantité appréciable.
La découverte de nombreuses bases de pieux ayant servi à ériger la palissade fortifiée est venue remettre en question le tracé déjà connu du fort original. Ces nouvelles données obligent à reformuler les hypothèses émises à ce jour. Il est certain que le périmètre réel du fort et son orientation diffèrent quelque peu du plan fait en 1704.
Inspirés par les résultats des fouilles effectuées il y a quelques années par l’archéologue François Grondin et en s’appuyant sur la plan établi par Charles Manuel en 1840, l’équipe de Brian Ross a également procédé à des sondages devant l’église actuelle afin de repérer de façon précise le périmètre de l’église de pierre construite en 1705. On peut désormais affirmer que, contrairement à ce qu’on avait toujours cru, le clocher de la première église de pierre n’était pas rattaché au bâtiment principal.
Enfin les archéologues ont poussé leurs observations jusque sur l’ancien site de Rose et Laflamme car il est éventuellement question d’y ouvrir l’ancienne rue Saint-Louis.
Bien qu’il ne s’agisse ici que de résultats préliminaires, on peut d’ores et déjà affirmer que la campagne de fouilles de l’été 2008 s’est avérée être des plus fructueuse. Le sous-sol du Vieux La Prairie est toujours aussi riche d’un immense potentiel archéologique.
Grâce à une subvention du gouvernement fédéral la SHLM a su profiter à l’été 2008 de la présence de quatre guides-étudiants.
On reconnaîtra dans l’ordre habituel : Marie-Pier Fullum Lavery, étudiante en droit, Nancy Lemieux, en histoire et civilisation au cégep, Olivier Jacques, chef guide et étudiant en administration à l’université, profil finance, et Samuel Castonguay, étudiant en sciences de la parole au cégep.
Bonjour chers membres.
Nous voilà déjà rendus presqu'à la fin de l'été et déjà que votre conseil s'affaire à préparer la rentrée avec la série de conférences à venir et l'exposition sur « L’ère des cageux » qui se termine fin septembre.
Nos étudiants, sous la supervision de Mme Gagnon, nous ont encore cette année présenté une pièce de théâtre impressionnante dans le cadre de Marcher dans l’ombre du passé.
Afin de faciliter la recherche en généalogie la SHLM sera d’ici la fin septembre abonnée à la banque de données Ancestry. Cet outil de travail informatisé s’ajoutera au PRDH et à La généalogie des Français d’Amérique du Nord de Denis Beauregard.
Nous avons reçu de nombreux courriels de félicitations de la part de citoyens de La Prairie au sujet de la brochure Maisons patrimoniales de La Prairie. Merci à M. Bourdages pour cette très belle initiative et pour son professionnalisme.
Au plaisir de vous rencontrer.
René Jolicoeur, président
Maisons patrimoniales
En juin dernier la SHLM distribuait dans 8 851 résidences de La Prairie une brochure couleur de 20 pages intitulée Maisons patrimoniales de La Prairie. L’objectif de ce document est d’informer la population de La Prairie sur l’existence de magnifiques demeures patrimoniales à l’intérieur du territoire de la ville, en dehors de l’arrondissement historique. Afin de sensibiliser les citoyens à l’importance de conserver et de protéger ces demeures exceptionnelles la SHLM leur propose un parcours leur permettant d’admirer 21 des 73 demeures patrimoniales recensées.
On peut se procurer des exemplaires de cette brochure au local de la SHLM au coût de 5 $ l’unité. Voilà un beau cadeau à offrir à des parents ou à des amis.
Nouveaux membres
En ce début d’une nouvelle saison d’activités la SHLM est heureuse de souhaiter la bienvenue à ses nouveaux membres :
323 Tremblay, François-Bernard
324 St-Jean, Christine
325 Chapdelaine, Marie-Josée
326 Brosseau, Alain H.
327 Tremblay, Sylvain
328 Desourdy, Marylene
329 Fiske, Lorraine
330 Béliveau Johanne
Des descendantes de Aimé Guérin
Dans le cadre de l’exposition sur L’ère des cageux la SHLM a reçu deux visiteuses exceptionnelles au milieu du mois de juillet. Il s'agit de deux descendantes du cageux Aimé Guérin (la fille et la petite-fille de Laurette Guérin; Laurette Guérin étant une des filles d'Aimé Guérin): Mme Madeleine Monette, fille de Laurette Guérin et Mme Louise Faille, petite-fille de Laurette Guérin. Elles sont donc, respectivement, petite-fille et arrière-petite-fille d'Aimé Guérin. La photo a été prise avec leur permission lors de leur visite de l'exposition des cageux à la SHLM le 18 juillet dernier. Elles posent fièrement devant la photo de leur ancêtre Aimé Guérin, accompagnées de Samuel Castonguay, leur guide de la SHLM pour la journée.
Franc succès pour l’activité de financement « Vente annuelle de livres » de juin dernier
Par Hélène Létourneau, responsable du comité
Il fallait voir la salle d’exposition devenue une agréable librairie très bien organisée. Il y avait des trésors à découvrir tant en histoire que dans les autres catégories de livres. Pendant trois jours, les acheteurs s’en retournaient avec le sourire aux lèvres et les sacs remplis de livres. C’était beau à voir!
La « prévente » réservée à nos membres a été grandement appréciée. 40 % d’entre eux sont venus bouquiner et fraterniser tout en prenant vin et fromage. C’est une soirée à refaire!
Lors de la vente, il y a eu tirage de livres neufs. Voici les gagnants : R. Mailhot, M. McCollough, R. Leblanc, H. Gougeon, J. Desroches et E. St-Laurent.
C’est avec satisfaction que le comité organisateur a remis la somme de 2572,29 $ (profit net) aux membres du C.A. de la SHLM.
Merci à tous ceux et celles qui ont contribué au succès de cette activité en étant bénévoles, donateurs, acheteurs… Merci à nos commanditaires : M. Jacques Vallée de IGA La Prairie et à la librairie Renaud-Bray. Nous aurons besoin de votre aide pour la prochaine vente de livres!
Voici le calendrier des conférences pour la prochaine saison. Toutes nos conférences débutent à 19 h 30 et se donnent à l’étage du Vieux Marché au 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Information : 450-659-1393
1. Le 16 septembre 2008 : L’ère des cageux par Éliane Labastrou de la Société patrimoine et histoire de l’île Bizard et Sainte-Geneviève.
Ces navigateurs intrépides qui, au XIXe siècle, sillonnaient fleuve, lacs et rivières sur d’immenses radeaux pour aller livrer de grosses billes de bois équarri au port de Québec. Un récit sur des hommes à l’esprit aventureux.
2. Le 21 octobre 2008 : Le frère Marie-Victorin (Conrad Kirouac 1885-1944) et l’Odyssée de la Flore laurentienne par Lucie Jasmin. En 1904, le frère Marie-Victorin, en compagnie de son érudit ami, le frère Rolland-Germain, va entreprendre ce voyage extraordinaire au cœur de sa Laurentie bien-aimée. Ceci afin de réaliser l’inventaire des plantes de la nation. Ce périple, devenu légendaire, fut accompli sous les auspices du savoir mais encore sous l’influence d’une certaine tournure d’esprit poétique. Cette causerie, agrémentée de projections lumineuses Power Point, vous permettra de mieux connaître l’homme Marie-Victorin et le grand œuvre auquel il a consacré plus de vingt-cinq années de sa vie.
Le 18 novembre 2008 : Louis-Joseph Papineau sous un nouveau jour par Yvan Lamonde. Son exposé nous fera voir Louis-Joseph Papineau sous un nouveau jour quant à son nationalisme ou à sa vision très contemporaine d’une fédération continentale. À la fois un héros et un oublié de l’histoire du Québec. Bouc émissaire des insuccès des Patriotes et des Québécois, il a laissé peu de traces après 1850. C’est l’édition de sa correspondance qui permet de voir aujourd’hui l’homme différent de celui que la mémoire a construite pour servir ses intérêts divers.
4. Le 20 janvier 2009 : Histoire des origines de la population du Québec (1608-1860) par Michel Barbeau. Cette conférence dresse un historique des différentes vagues d'immigration qui ont concouru à la constitution de la population du Québec de 1608 à 1860. La connaissance de ces faits peut permettre de guider les généalogistes dans la recherche de leurs ancêtres.
5. Le 17 février 2009 : Vêtu d’un costume d’époque, Serge Nault nous entretiendra de son ancêtre François NAU. On y apprendra beaucoup sur son habillement, son alimentation (civile et militaire), la monnaie de l’époque (vers 1760) et de son rôle de Capitaine de Milice.
6. Le 21 avril 2009 : Comment on se soignait en Nouvelle-France par Diane Gaucher. Cette conférence vous entretiendra sur la théorie des humeurs et nous fera connaître différentes étapes pratiques utilisées (la saignée, le clystère, le régime rafraîchissant, les simples et la prière) pour traiter certaines maladies comme la gravelle, les flux, les fièvres, les vers et les coliques venteuses.
7. Le 19 mai 2009 : Les deux batailles du 11 août 1691 à La Prairie par Jean Joly et Gaétan Bourdages. Au cours de sa courte vie utile le fort en pieux de La Prairie n’a eu qu’à résister à une seule attaque, celle du matin du11 août 1691. Cette bataille fut le même jour suivie d’une seconde au lieu dit « chemin de la Bataille ». Ces deux affrontements firent de nombreux morts. Nous vous entretiendrons à la fois sur les causes lointaines de ces deux affrontements, les forces en présence, les stratégies et l’armement de l’époque ainsi que les conséquences qui en résultèrent.
Éditeur :
Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN 1499-7312
COLLABORATEURS :
Coordination : Jean-Pierre Yelle
Rédaction : Gaétan Bourdages, Hélène Létourneau
Révision : Jean-Pierre Yelle
Infographie : SHLM
Impression : Imprimerie Moderne La Prairie inc.
Siège social :
249, rue Sainte-Marie
La Prairie (Québec) J5R 1G1
Tél. : 450-659-1393
Courriel : [email protected]
Site Web : www.laprairie-shlm.com
Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu de leurs articles et ce, à la complète exonération de l’éditeur
Au jour le jour, juin 2008
par Éliane Labastrou de la Société patrimoine et histoire de l’île Bizard et Sainte-Geneviève
Ces navigateurs intrépides qui, au XIXe siècle, sillonnaient fleuve, lacs et rivières sur d’immenses radeaux pour aller livrer de grosses billes de bois équarri au port de Québec.
L'exposition a lieu du 15 juin au 30 septembre du mardi au dimanche de 10 h à 17 h (fermé sur l'heure du diner).
Les visites guidées du Vieux La Prairie seront disponibles à 10 h et à 14 h entre le 17 juin et le 16 août.
On est porté à remarquer ceux qu'on perçoit comme très différents de soi. Dans les années 1930, vivaient au Vieux Fort quelques citoyens adultes que des jeunes de dix ans jugeaient hors de l'ordinaire. Bien plus que le curé ou le maire nous les considérions comme des personnages. Que ce soit par leur apparence ou leur comportement, ils nous apparaissaient comme des êtres hors du commun. Les uns piquaient la curiosité, les autres suscitaient des sentiments allant de l'incertitude à la crainte.
Parmi eux, celui que nous appelions le Petit Nain. Le pléonasme était peu à propos, car, si le sujet était de petite taille, il était loin d'être mince. Néanmoins, sa stature ne l'empêchait pas d'imposer le respect. Il avait un cercle d'amis qui l'estimaient. Habile à réparer des objets divers, il avait un petit atelier sur la rue Sainte-Marie.
L'hiver, je me souviens de lui alors qu'il opérait le monte-charge qui hissait les blocs de glace récoltés du fleuve pour les entreposer dans la glacière des Vézeau, rue Saint-Laurent. En le regardant agir, alors qu'à dix ans nous avions sa taille, que nous aurions aimé être à sa place et manipuler le levier qui contrôlait l'appareil!
Le Chinois avait précédé le nain dans le local de la rue Sainte-Marie. Il y tenait une buanderie. On portait chez lui les chemises du paternel pour les faire laver et en empeser le col et les poignets. Il identifiait les vêtements apportés, par des caractères chinois, sur un carré de papier brun. Il en remettait la moitié, à utiliser lors de la réclamation. Il ne parlait pas, sauf pour dire d'un mot quel jour ce serait prêt. Il nous paraissait mystérieux. Il représentait l'étranger énigmatique venu des antipodes, celui dont on ne peut savoir ce qu'il pense ou ressent. Tout ce que nous savions de la Chine lointaine, c'était que beaucoup de parents y étaient si pauvres et misérables qu'ils en venaient à abandonner leurs enfants. C'est ce qu'on nous racontait à l'école en nous incitant à donner nos sous à l'œuvre de la Sainte Enfance pour contribuer au rachat de ces petits malheureux et, ainsi, leur sauver la vie.
S'il nous impressionnait, nous n'imaginons pas de méchanceté chez ce Chinois énigmatique. Une fois l'an, quand on reprenait ses effets, ne nous donnait-il pas de savoureux litchis!
« Eh, les gars! il y a un nègre qui s'en vient sur le Chemin de Saint-Jean! » On abandonne le jeu en cours pour aller à la rencontre de ce nouveau venu. Si les humains de race noire nous étaient alors connus par des photographies, à dix ans, la plupart d'entre nous n'en avions pas encore vu un en chair et en os.
De grande stature, le personnage, qui n'était pas de La Prairie, marchait lentement dans la rue, entouré de quelques enfants qui l'examinaient, sans se soucier de le gêner. Lui, ne paraissait pas se formaliser d'être ainsi examiné dans ses moindres détails. Au contraire, il semblait y prendre intérêt, sinon plaisir. Il parlait, souriait et, même, riait. Ce qui nous le rendait très sympathique. Même s'il faisait chaud, il portait un haut chapeau noir. Il ne fut de passage que quelques heures et nous laissa une forte impression; d'autant plus qu'aucun de ses pareils ne fut aperçu ensuite dans nos parages pour un bon bout de temps.
Ti-Quenne était le simple d'esprit du village. Il devait être dans la trentaine. Quelques marchands et restaurateurs lui confiaient des tâches simples, comme le lavage des planchers. À ces endroits, il rencontrait des adultes qui adoptaient à son égard une certaine attitude protectrice, mais qui, à l'occasion, s'amusaient un peu en profitant de sa naïveté. On se moquait en lui faisant croire des faits plus ou moins vraisemblables. Il les rapportait à d'autres pour montrer qu'il était au courant de ce qui se passait. Devant leur scepticisme, il persistait, étayant la véracité de ses dires en citant ses sources d'information. Il n'arrivait pas toujours à se rendre à l'évidence du brin de malice avec lequel on l'avait induit en erreur.
Ces « amis » ne faisaient pas que profiter de sa crédulité. Ils lui prodiguaient aussi quelques conseils sur l'usage de formules de salutation à l'égard des dames. C'est ainsi que, d'une voix assurée, il leur adressait des « Bonjour mam'zelle! » ou, « Comment ça va mam'zelle? » Plus audacieux ou mieux instruit, il y allait d'un « À qui le p'tit cœur après neuf heures? »
Ti-Quenne était bien connu des jeunes qui le croisaient de temps à autre. Il ne faisait généralement pas cas d'eux, mais ceux qui avaient été témoins de ses saluts à la gent féminine en avisèrent des copains. On s'arrangea pour l'accompagner alors qu'il se rendait travailler à un restaurant du Fort Neuf. On entama avec lui une conversation à laquelle il manifesta peu d'intérêt. Il fallut plus d'un accompagnement avant que la rencontre espérée se produise. Quand elle eut lieu, on se contenta de rire tout bas de peur qu'il ne se fâche et nous poursuive.
Sauf ceux qui demeuraient près de chez lui, les enfants connaissaient peu Ménouque, de la rue Saint-Ignace. À mon souvenir, il vivait avec sa mère. Nous ne lui connaissions pas d'emploi régulier, mais, en saison, il faisait la pêche qui lui procurait un peu d'argent.
Quand sa mère mourut, ce qu'on entendit dire de son comportement subséquent frappa nos âmes enfantines. Devenu seul, on racontait qu'il vécut alors dans la plus grande désolation. Cet hiver-là, ou le suivant, on rapporta un comportement de sa part qui fit une forte impression sur nous qui ne savions trop comment l'expliquer. Pour se chauffer, il commença à brûler ce qui était combustible de son mobilier; il en vint ensuite à utiliser à cette fin les portes intérieures de son logis et, enfin, les lambris des pièces de la maison, sauf ceux de sa chambre. « Pauvre Ménouque! » disait grand-mère en soupirant.
À nos yeux d'enfants, ces divers personnages représentaient un univers parfois drôle ou intriguant, parfois un peu inquiétant ou teinté des défauts de l'âge adulte, mais rarement menaçant. Un autre, par contre, nous inspirait une crainte vague même s'il n'avait jamais menacé ou tenté d'effrayer aucun d'entre nous.
On le surnommait Moineau et c'est à l'abattoir de la rue Saint-Laurent que cette crainte prit naissance. On ne pouvait entrer dans l'abattoir, mais, l'été, la porte en était grand ouverte et il était assez facile d'observer du dehors ce qui s'y passait. Une curiosité plus forte que la crainte poussait à assister à une mise à mort, au moins une fois, quand on atteignait un certain âge. Moineau assumait le rôle de tueur en ce lieu sinistre. Il opérait avec sang-froid, sans qu'on puisse percevoir de changement dans l'expression de son visage. Impossible de savoir s'il éprouvait quelque émotion dans son exécution des basses œuvres alors que, comme spectateurs, nous étions remués d'une gamme d'émotions où, mêlés à l'angoisse, pouvaient se retrouver la pitié, le dégoût, la culpabilité et, parfois, même un sentiment de triomphe sadique.
Nulle expression de dégoût, non plus, sur ce visage au moment où il éventrait et éviscérait ses victimes, une étape du processus où nous commencions à en avoir assez et où l'excitation faisait place à l'écœurement.
L'abattage d'une vache était simple. Elle était attachée par une corde au cou et on la forçait à baisser la tête en tirant sur cette corde passée dans un anneau fixé dans la dalle de béton du sol. L'exécution se faisait par un bon coup sur le crâne, asséné avec le plat d'une hache. Nous souhaitions qu'un coup suffise, car nous considérions cet animal sans malice et méritant un peu de sympathie. Nous n'éprouvions pas cette sympathie pour les taureaux réputés dangereux et considérés comme très agressifs et menaçants. Le spectacle de la mise à mort des veaux et autres animaux, plus proches de notre taille d'enfants, nous attirait beaucoup moins parce que plus facilement bouleversant à cause de l'identification inconsciente qui nous rapprochait d'eux.
De toute façon, la phase de l'abattoir dans notre évolution ne durait qu'une courte période. Une fois qu'on avait vu et qu'on savait, les sentiments remués par l'expérience reprenaient le chemin de l'oubli. Toutefois, tapis dans l'un des tiroirs de l'inconscient, ils se manifestaient sous forme d'un malaise quand le hasard mettait sur notre chemin la personne de Moineau. Nous craignions de croiser son regard et il nous semblait que sa présence évoquait un danger, cependant trop trouble pour être nommé.
De nos jours, l'autre, le jugé trop différent de soi, semble tracasser davantage les adultes que les enfants. L'autre, qui intrigue, attire, dérange ou inquiète, n'est plus le personnage de village, unique en son genre; il est devenu multiple et ses traits personnels sont amplifiés à l'excès par l'omniprésence du message médiatique. Seraient-ce les jugements instinctifs d'âmes d'enfants qui conditionnent les réactions actuelles à son égard?
En l’année 2000, le gouvernement américain frappe le « golden dollar », en prévision du deuxième centenaire de l’expédition de Lewis et Clark. À l’endos, figurent un bébé et sa mère amérindienne qui le porte sur son dos.
La mère est Sacagawea, originaire de la tribu des Shoshones; elle fut capturée dans les Rocheuses par les Indiens Hidatsas et ramenée loin des siens par ces derniers. Le bébé se nomme Jean-Baptiste; il est le fils de Sacagawea et de Toussaint Charbonneau.
Toussaint, né à Boucherville le 22 mars 1767 du mariage de Jean-Baptiste Charbonneau et de Marguerite Deniau, vivait avec les Hidatsas quand Lewis et Clark l’engagèrent comme membre de l’expédition, à titre de guide et interprète. Toussaint parlait plusieurs dialectes indiens; il avait déjà travaillé pour la Compagnie du Nord-Ouest et l’American Fur Company. Au moins deux membres de l’expédition notent dans leur journal que Toussaint avait trois femmes (squaws). Seule Sacagawea l’accompagne dans le voyage.
Lewis et Clark sachant bien qu’ils auraient à traverser le pays des Shoshones comptaient sur la présence de Sacagawea pour leur faciliter la tâche. Aussi, la présence d’une femme et d’un enfant allait-elle donner un caractère pacifique à leur expédition avant tout militaire.
Ainsi donc, Toussaint et sa femme joignent l’expédition aux villages des Mandanes. Le convoi était parti le 14 mai 1804, non loin de Saint-Louis; il avait atteint ces villages le 26 août 1804. Les deux capitaines décidèrent de construire un fort pour y passer l’hiver. L’endroit se situe de nos jours non loin de Bismarck, ville du Dakota Nord.
Le 11 février 1805, à cet endroit, le journal du capitaine Lewis mentionne la naissance de Jean-Baptiste, le premier enfant de Sacagawea que Toussaint avait épousée officiellement, trois jours avant. Le 7 avril 1805, l’expédition part vers les pays inconnus du Nord; les villages des Mandanes représentaient en effet la limite ouest de l’exploration du continent par les Blancs. La troupe comprend alors les capitaines Meriwether Lewis et William Clark, 26 soldats, Toussaint Charbonneau et Georges Drouillard, engagés, Sacagawea et le petit Jean-Baptiste, York l’esclave noir de Clark et Seaman le chien de Lewis.
Le petit Jean-Baptiste voyagera 17 mois sur le dos de sa mère jusqu’à son retour en août 1806, âgé de 19 mois. Il aura franchi les Rocheuses, puis navigué sur le fleuve Columbia jusqu’au Pacifique et hiverné à 15 miles des rives de l’Océan.
Lewis l’appelle le papoose de l’expédition. Clark s’y attache particulièrement; il le surnomme son « little dancing boy » et aussi « Pomp ». Il donnera le nom de Pompey’s Tower à une formation rocheuse située sur le bord de la rivière Yellowstone, en l’honneur du petit Baptiste. On y trouve aujourd’hui le site national historique de Pompey’s Pillar. C’est Clark qui réussit à guérir le bébé, âgé alors de 15 mois, d’une enflure à la mâchoire, au cou et à la gorge en lui appliquant des cataplasmes de pelures d’oignons et de crème de tartre.
À la fin de l’expédition, Willian Clark habite Saint-Louis; il offre aux parents du jeune Baptiste de le prendre en charge chez lui afin de voir à son éducation. La ville, alors capitale des pelleteries, est prospère et francophone à 90 %. Clark paie les frais rattachés à l’instruction de son protégé et le jeune apprend à lire, à écrire et à calculer; il étudie ensuite l’histoire romaine et les auteurs classiques à l’Académie de Saint-Louis, fondée en 1818, devenue une université en 1838.
À l’âge de 18 ans, Jean-Baptiste rencontre le prince Paul Wilheml de Württember que son père Toussaint a guidé dans un voyage d’exploration dans la région du Missouri. Les aristocrates européens de l’époque sont fascinés par l’Ouest américain. Le prince Paul apprécie la personnalité et le vécu de Jean-Baptiste. Il devient son ami si bien qu’il rentre en Europe avec lui, en 1823.
Paul et Jean-Baptiste fréquentent les palais princiers et voyagent en France, en Angleterre, en Allemagne et même en Afrique, souvent dans des excursions de chasse. Après six ans de cette vie, Jean-Baptiste décide de rentrer dans son pays natal (1829).
Il travaille alors comme guide, interprète et « mountain man »; il parle français, anglais, allemand, espagnol, et aussi shoshone. On dit qu’il récite Shakespeare, le soir auprès du feu de camp. Jean-Baptiste se montre habile à choisir les routes, à trouver de l’eau et à estimer les distances. Il conduit un bataillon de Mormons du Nouveau-Mexique jusqu’en Californie, durant la guerre contre le Mexique en 1846-47. Il fait connaissance avec des hommes qui deviendront ensuite célèbres dont, entres autres, le fameux Kit Carson.
Le gouverneur de la Californie le nomme Alcade (fonctionnaire d’État) du district de San Diego en 1847. Il prend aussi part à la ruée vers l’or de 1848.
Jean-Baptiste travaille comme commis dans un hôtel d’Auburn en Californie (1861) puis part pour le Montana, toujours en quête d’or. Chemin faisant, il attrape une pneumonie et meurt à Inskip’s Ranche en 1866, âgé de 61 ans. Une plaque rappelle son souvenir près du village de Jordan Valley, dans le sud-est de l’Orégon.
Quelques biographies de Jean-Baptiste ont été rédigées par des auteurs américains dont au moins une à l’intention des jeunes. La fondation « Lewis and Clark Trail Heritage Foundation » a même organisé un « Pomp Party » à l’occasion du 200e anniversaire de sa naissance. Radio-Canada lui a consacré l’an dernier une émission de la série De remarquables oubliés. Fabuleuse, cette grande épopée du petit Jean-Baptiste!
Les sources :
Chaloult, Michel, « Les Canadiens de l’expédition Lewis et Clark », Septentrion, Québec. 2003.
Godbout, Archange, O.F.M., Les passagers du Saint-André, La Recrue de 1659, SGCF, Montré 1964.
PRDH Programme de recherche en démographie historique : www.genealogie.umontreal.ca
Société Radio-Canada : www.radio-canada.ca/radio
The Lewis and Clark Trail Heritage Foundation : www.lewisandclark.org
The Unites State Mint : www.usmint.gov
Image du golden coin : http://centercoin.com
Il faut garder à l’esprit que l’histoire de La Prairie s’inscrit dans le vaste contexte de l’histoire internationale. Il est intéressant de lire l’histoire de notre ville avec l’histoire de la France et de l’Angleterre en arrière-plan. La seule grande période de guerre que La Prairie a connu sur son territoire fut celle qui va de 1689 à 1697. Ce n’est pas dû aux sautes d’humeur des Iroquois ou des habitants d’Albany, loin de là. Pour en comprendre les causes, il faut remonter à Louis XIV. En 1667, le jeune Louis déclare la guerre à l’Espagne parce qu’il considère que certaines terres lui sont dues, à cause de son épouse espagnole (Marie Thérèse d’Autriche fille de Philippe IV roi d’Espagne). Les Néerlandais n’approuvent pas et interviennent. Pour se venger, Louis s’attaque ensuite aux Provinces Unies des Pays-Bas (1672-1678), faisant ainsi l’acquisition de nouvelles terres. En 1685, ce roi très catholique, révoque l’édit de Nantes qui donnait le droit aux Protestants de pratiquer leur religion, de sorte que les protestants français (qu’on appelle Huguenots) fuient le pays en emportant avec eux beaucoup d’argent et de savoir-faire.
Pendant ce temps, l’Angleterre, qui est une nation à majorité protestante et qui a vécu plus d’un conflit religieux interne, voit accéder à son trône un roi catholique, Jacques II (James II) qui fut couronné le 6 février 1685. À cette époque, la France et l’Angleterre sont en paix, mais Jacques II est vu par plusieurs protestants de la Grande-Bretagne comme un tyran et un agent actif à la solde de la politique expansionniste du roi catholique de France Louis XIV. Grolier Encyclopedia 1994, James II, King of England, Scotland, and Ireland. Cela n’augure rien de bon et la tension monte. Le 9 juillet 1686, la Ligue d’Augsbourg se forme pour faire bloc contre la France. Cette ligue est formée par des pouvoirs protestants européens : l’Allemagne, l’Espagne et la Suède. Pendant ce temps, chez nous, le gouverneur Denonville, ordonne de fortifier La Prairie. Quelques années auparavant, le gouverneur La Barre avait dit de notre village qu’il était à la frontière des Anglais et des Iroquois. Cahiers D'histoire des Jésuites, Numéro 4 : Les Origines de La Prairie (1667-1697), Yvon Lacroix, Éditions Bellarmin, Montréal, 1981. p. 68. Durant l’été 1687, il y a une expédition guerrière contre les Agniers (ou Mohawks), la nation iroquoise la plus fidèle aux Anglais.
Retour en Angleterre, Jacques II devient père en juin 1688. C’est alors que face à la perspective d’une succession catholique, l’opposition protestante a invité le gendre et neveu de James II, le protestant danois Guillaume d’Orange, à venir en Angleterre Grolier Encyclopedia 1994, The war of the Grand Alliance. pour prendre le trône. En septembre 1688, alors que le fort est en pleine construction à La Prairie, Louis XIV envoie des troupes dans une région de l’Allemagne, appelée le Palatinat, dans le but de briser la Ligue d’Augsbourg.
Alors que Jacques II décide de fuir en France au début de 1689, on offre le trône à Guillaume d’Orange, mais seulement sous les conditions décrites dans la Déclaration des Droits (ou Bill of Rights). Il vaut la peine ici, de faire une parenthèse pour parler un peu plus longuement de cette déclaration puisque c’est pour les Anglais l’équivalent de la Révolution Française de 1789, et parce qu’à partir de 1760, les habitants de la Nouvelle-France vont vivre sous la gouverne britannique. La Déclaration des Droits britanniques est composée par une convention formée de pairs du Royaume, de membres des Communes et de magistrats de Londres, et est constituée de nouveaux règlements qui donnent plus de pouvoir au peuple et en enlèvent aux monarques. Elle interdit au roi de tenter de dominer le Parlement. Elle déclare que l’élection des membres du Parlement doit être libre, que la liberté de parole et de débats au Parlement ne doit pas être remise en question par le pouvoir royal. Elle déclare notamment que le prétendu pouvoir de suspendre des lois ou d’exécuter des lois, par autorité royale sans le consentement du Parlement est illégal. Grolier Encyclopedia 1994, English Bill of Rights. Il est même interdit au pouvoir royal de lever ou de garder une armée en temps de paix sans le consentement du Parlement. Une section sur la perversion de la justice est particulièrement importante, elle a même servi de modèle un siècle plus tard à la Déclaration des Droits des États-Unis d’Amérique. Elle stipule entre autre qu’un montant de caution excessif ne doit pas être demandé, que des amendes excessives ne doivent pas être imposées, que des punitions cruelles ne doivent pas être infligées. Tout ceci fut créé en réaction à un roi trop autoritaire et par la peur de ne pas pouvoir exercer sa religion librement.
Acceptant ces conditions, Guillaume d’Orange fut couronné roi d’Angleterre sous le nom de Guillaume III (William III) le 11 avril 1689 mettant ainsi fin à la Révolution Anglaise (the Glorious Revolution) sans victime, ni coup de feu. En mai, Guillaume amena le Parlement Anglais à se joindre à une alliance contre la France. Cette alliance était constituée de l’Allemagne, des Pays-Bas, de l’Angleterre, de l’Espagne et de la Savoie. La Guerre de la Ligue d’Augsbourg, ou guerre de Neuf Ans, éclate officiellement le 17 mai. À l’été 1689, le fort de La Prairie est terminé. Comme on le sait, il s’agit d’une palissade constituée de pieux de 20 à 25 cm (8 à 10 po) de diamètre, et faisant environ 5 mètres de haut (16 pieds). Un fort a également été construit pour les habitants de la Côte St-Lambert.
Jacques II, le roi déchu, réfugié en France, s’était constitué une armée de Français et d’Irlandais pour reprendre le trône, mais il fut vaincu par Guillaume d’Orange en essayant d’envahir l’Irlande en 1690.
La Prairie goûte vraiment à cette guerre le 4 septembre 1690, alors que des Iroquois attaquent par surprise les habitants et la garnison du fort qui sont dans les champs occupés à faire les blés. Vingt-et-un hommes (dont 10 soldats), trois femmes et une fille furent tués ou capturés. Les Français éliminèrent 6 iroquois, mais les autres eurent le temps de tuer quelques vaches et de mettre le feu aux maisons et à quelques tas de foin avant de disparaître dans les bois. Le 16 octobre 1690 les Anglais essaient de prendre Québec. Le général Phipps arrive en face de la ville avec une flotte de 30 navires et somme Frontenac de se rendre. C’est ce jour-là qu’il eut ces fameux mots : Je n’ai point de réponse à faire à votre Général que par la bouche de mes canons et à coups de fusils. Les Anglais n’arrivent pas à prendre Québec et s’en retournent.
En 1691, la chapelle de St-Lambert est démontée et remontée dans le fort de St-Lambert afin de la protéger des Iroquois. En août 1691, le major anglais Peter Schuyler commande une troupe de 400 Anglais et Iroquois, et avance vers La Prairie dans le but de prendre le fort. Le sieur de Callières en fut averti d’avance et ordonna à 800 hommes de camper à La Prairie. Le combat s’engagea, mais face au nombre des Français, Schuyler ordonna la retraite. Comme les Français avaient déjà perdu un lieutenant et deux capitaines, Callières décida de ne pas poursuivre l’ennemi. Après cet échec, les Iroquois ne feront plus qu’une guerre de guérilla contre La Prairie, attaquant par petites bandes pour tuer ou capturer des habitants isolés et mettre le feu à des maisons. Plusieurs familles devront temporairement trouver refuge dans le fort. Certains reçoivent même l’ordre d’y déménager leurs maisons afin d’éviter que les Iroquois ne les brûlent.
En Europe, en 1694, après 5 ans de guerre et sans qu’il soit possible de déterminer un vainqueur, le Parlement britannique refuse de supporter la coûteuse politique anti-française de Guillaume III, tant que les ambitions de Louis XIV ne sont pas mieux connues. Sans la Déclaration des Droits Anglais, mentionnée ci haut, cela n’aurait pas été possible : le roi aurait simplement ignoré le Parlement. Pour La Prairie, cela veut dire un apaisement des hostilités avec les Iroquois et une reprise de la colonisation dans la seigneurie. En 1697, Guillaume III signe un traité de paix qui lui est favorable avec la France. Ce traité assure que Louis XIV reconnaît son statut de roi, et qu’il laisse tomber la plupart des terres qu’il a conquises depuis 1679. C’est la fin de la Guerre de la Grande Alliance et cela signifie aussi la fin de la guérilla iroquoise contre La Prairie.
[Le comité de la bataille de la SHLM travaille actuellement à faire l’histoire détaillée de la bataille de 1691 à La Prairie.]
Sources des citations :
1– Grolier Encyclopedia 1994, James II, King of England, Scotland, and Ireland.
2 – Cahiers D'histoire des Jésuites, Numéro 4: Les Origines de La Prairie (1667-1697), Yvon Lacroix, Éditions Bellarmin, Montréal, 1981. p.68.
3 – Grolier Encyclopedia 1994, The war of the Grand Alliance.
4 – Grolier Encyclopedia 1994, English Bill of Rights.
Sources bibliographiques :
– Grolier Encyclopedia1994.
– Cahiers D'histoire des Jésuites, Numéro 4: Les Origines de La Prairie (1667-1697), Yvon Lacroix, Éditions Bellarmin, Montréal, 1981
– La Prairie en Nouvelle-France, 1647-1760, étude d’histoire sociale, Louis Lavallée, McGill-Queen’s University Press, Montréal, 1992.
– Histoire Populaire du Québec, Jacques Lacoursière, Septentrion, Québec, 1996.
La SHLM est heureuse de souhaiter la bienvenue à ses nouveaux membres :
312 Brosseau, Serge
313 Lachance, Kevin
314 Bergeron, Maxime
315 Aucoin, Gabriel
316 Boyer, Josianne
317 Woodbury, Annie
318 Viaud, Antoine
319 Faucher-Bégin, Marie-Pier
320 Pizza, Eileen L.
321 Forget Dolorès
322 Lemay Michelle
Éditeur :
Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
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Bibliothèque nationale du Canada
ISSN 1499-7312
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Coordination : Jean-Pierre Yelle
Rédaction : Gaétan Bourdages, Jean Joly
Laurent Houde, Denis Pinsonnault
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Au jour le jour, mai 2008
Au milieu de la décennie 1820 le Vermont voit ses forêts complètement épuisées. On y a récolté trop d’arbres et il faut trouver une nouvelle façon d’approvisionner la Nouvelle- Angleterre en bois. C’est alors que l’on songe aux forêts du Québec. Ce fut l’un des nombreux facteurs qui motiva les promoteurs à construire un lien ferroviaire entre Montréal et la ville de Dorchester (St-Jean) sur le Richelieu.
Dans notre premier article sur L’Impartial nous avions indiqué que les deux propriétaires du journal étaient Jaumenne et Raymond. Il est fort probable qu’il s’agisse de Jean-Moïse Raymond. Ce dernier était associé avec son père, à La Prairie, en 1810, dans la cie Jean-Baptiste Raymond et Fils, spécialisée dans la production de la potasse et le commerce des produits manufacturés, il dirigea l'entreprise de 1825 à 1839.
Élu député de Huntingdon en 1824. Réélu en 1827. Élu dans Laprairie en 1830, il appuya le parti canadien, puis le parti patriote.
Raymond était le beau-père du notaire Jean-Baptiste Varin, il était également lié à Joseph Masson, son beau-frère et seigneur de Terrebonne. Masson fut l’un des principaux actionnaires du chemin de fer. Raymond exerça d’énormes pressions pour convaincre les habitants de La Prairie des bienfaits du projet; ils craignaient que cela nuise à l’agriculture et à leur quiétude champêtre. Et surtout à titre de député Raymond fit amender la chartre afin d’inclure le village de Laprairie comme terminus de la future voie ferrée.
À la lumière de ce qui précède on comprendra mieux le ton enthousiaste des trois textes publiés dans L’Impartial au sujet de ce projet.
Vol. 1 No. 3 11 décembre 1834
On sait que depus quelques tems il est question de faire une route de ce genre pour établir la communication entre Montreal et St. Jean. Le projet et sur le point de se réaliser et dans ce moment les Ingenieurs sont occupes a dresser le plan de la Route. L’état florissant de notre village, la communication déjà établie avec Montreal sont autans de considerations qui doivent les decider à faire aboutir la nouvelle route à Laprairie ; si cet Espoir se realise, nul doute que notre village ne prenne un accroissement rapide et qu’il ne parvienne promptement a un etat de Prosperite qui lui donnera l’apparence et la population d’une ville. Un comite s’est assemble samedi dernier à Montreal afin de donner cette decision nous n’en connaissons pas encore le resultat mais nous avons lieu de croire que l’interet prive des Entrepreneurs ainsi que celui du public les engagera à faire paser la nouvelle route par Laprairie.
CHEMIN DE FER
Nous eprouvons la plus grande satisfaction de pouvoir annoncer a nos lecteurs de Laprairie, qu’il est enfin decide que le chemin en fer du Lac Champlain au fleuve St. Laurent, aboutira a Laprairie.
Les considerations qui ont decide l’Ingenieur sont celles-ci : d’abord la diminution de la longueur de la route ; qui est d’environ cinq-milles, en second lieu l’avantage d’eviter de faire passer la route sur un terrein tres long plein de foudrieres et en outre celui d’eviter la construction d’un quai pour les Stem Boat d’une etendue considerable et expose a des grands dangers tous les printemps.
Cinq cents notions ayant déjà été obtenue la compagnie se reunira le 29 de ce mois pour nommer les directeurs charges des premiers operation de la societe, il parait decide qu’on mettra la main a l’oeuvre des le printemps nous Exortons tous les amis de la prosperite de leurs pays, et qu’ils possedent des capitaux de s’empresser a prendre des actions dans cette entreprise evidemment si utile et si profitable.
19 février 1835
C’est avec une vive satisfaction que nous annoncons à nos concitoyens que les entreprenneurs du chemin en lisses, qui doit établir une facile communication entre le lac Champlain et le St.Laurent, déployent la plus grande activité dans leurs préparatifs, déjà ils ont donné à l’entreprise l’énorme quantité de blocs qui doivent servir à la construction du chemin, et le choix de la personne qui doit faire cette livraison considérable est une garantie que les travaux ne souffriront pas de retard, à peine quelques jours se sont écoulés depuis l’adjudication et déjà de nombreux ouvriers sont partis pour aller abattre et préparer les arbres qui doivent être convertis en blocs, et tous les travailleurs ne quitteront leur chaume que pour amener au printems, les radeaux contenant le bois qu’ils auront préparé.
Puisse cette entreprise donner l’élan aux spéculateurs. Les moyens faciles de communication sont une source de prospérité pour le pays qui possèdent, car comme les artères et les veines portent la chaleur et la vie dans le corps humain, de même les canaux et les routes en fer font pénétrer le commerce et l’industrie dans les coins les plus reculés du pays qui les établit.
Suite du numéro de mars…
1. AUBIN, Georges et RHEAULT, Marcel, Médecins et patriotes 1837-1838, Septentrion, 2006, 354 pages. L’ouvrage nous renseigne sur l’évolution de l’organisation de la profession de médecin de la Conquête jusqu’à la Rébellion de 1837 en démontrant la grande influence de ces professionnels sur la politique de cette époque. L’étude trace également un portrait d’une centaine de médecins du Bas-Canada qui ont joué un rôle lors de la rébellion des Patriotes de 1837-1838 en soulignant leurs actions lors de cette période marquante de notre histoire.
2. POUCHOT, Pierre, Mémoires sur la dernière guerre de l’Amérique septentrionale (1781). Sillery, Septentrion, 2003, 322 p. Les Mémoires de l’officier français Pierre Pouchot sont méconnus du public, et aussi d’un bon nombre d’historiens. Ce texte de près de 300 pages, écrit par un officier qui a pris part à la guerre de la Conquête en Nouvelle-France, est un document exceptionnel par sa richesse historique et son style vivant.
3. MCKAY, Julien, Notaires et patriotes. Septentrion, 2006, 256 pages. Les notaires jouent un rôle primordial dans la société canadienne-française du XIXe siècle. Ces intellectuels adhéraient aux idéaux de démocratie et de liberté. Sur la scène politique, ils se font les critiques, grâce au parlementarisme, d’une constitution qui, à leurs yeux, fonctionne mal. Nombre d’entre eux participent aux événements qui mèneront aux Rébellions de 1837 et 1838, de la Chambre d’assemblée à l’insurrection armée.
4. DECHÊNE, Louise. Le partage des subsistances au Canada sous le régime français. Montréal, Boréal, 1994. 283 p. À mi-chemin entre le social et le politique, cette étude cherche à saisir la manière de penser et d'agir des gouvernements et des gouvernés, à comprendre l'ensemble culturel spécifique qui est le leur.
5. LAMBERT, Pierre. Les Patriotes de Beloeil, Le mouvement patriote, les insurrections de 1837-1838 et les paroissiens de Beloeil. Septentrion, 1994, 192 pages. En 1987, on a redécouvert l’acte de sépultures de cinq patriotes de Beloeil tués à Saint-Charles. L'ampleur du mouvement patriote dans cette paroisse restait encore à cerner et les questions affluaient, nombreuses… Qui étaient les patriotes de Beloeil? Quels étaient leurs chefs?
À suivre dans le prochain numéro…
Autrefois, les lois régissant le financement des partis politiques, telles que nous les connaissons aujourd'hui, n'existaient pas. La cotisation pour obtenir une carte de membre en règle et le droit de voter pour le chef et autres responsables de son parti, selon un processus démocratique défini, ne faisaient pas encore partie du paysage de l'organisation et du fonctionnement des partis.
À La Prairie, ville et municipalité rurale, certains habitants étaient reconnus pour leur allégeance politique, comme bleus de l'Union Nationale ou rouges du Parti Libéral. La plupart des gens, cependant, faisaient peu montre de leurs penchants politiques. Par contre, les partisans plus engagés se connaissaient et connaissaient leurs adversaires. En dehors des périodes électorales, s'ils pouvaient s'unir et collaborer à certaines causes communes, ils évitaient, autant que possible, les transactions de la vie courantes avec les gens du « mauvais bord ».
En période électorale, comme maintenant, l'organisation de la campagne de chaque parti gravitait autour du candidat au poste de député. Il incombait à des responsables locaux de faciliter l'organisation d'assemblées électorales pour faire connaître leur candidat son programme et celui de son parti.
Mais, on savait aussi qu'une élection ne se gagne pas que par des discours. Des avantages tangibles sont parfois nécessaires pour orienter les votes dans la bonne direction et passer de l'intention à l'acte, le jour du scrutin. Des travailleurs d'élection qui avaient une certaine connaissance de l'âme humaine, ou, du moins, de l'âme de certains humains, savaient qu'un appui à leur cause avait chance d'être effective suite à un acte palpable de générosité ou à la possibilité entrouverte d'un emploi dans un service publique.
Pour faire face aux dépenses locales en vue de l'élection, quelqu'un disposait d'une caisse. Elle était apparemment garnie par une source montréalaise. On y puisait, en partie, pour orienter ou soutenir les intentions de vote de certains. Je me souviens avoir entendu par inadvertance un bout de conversation entre travailleurs d'élection où on s'offusquait de la somme offerte par le parti adverse à une famille de cultivateurs dans le but d'en obtenir le vote. On en concluait que ce parti devait avoir « toute une caisse ».
Je n'ai jamais oublié un autre fait folklorique particulièrement inusité. C'était le jour précédant le scrutin. Un parti distribuait à certains domiciles des caisses de bière, comme encouragement à aller voter le lendemain et, du « bon bord ». Dans le temps, le fait de cette distribution n'était pas, en soi, ahurissant; ce qui le rendait particulièrement cocasse, c'est que le véhicule utilisé pour le faire était… un corbillard!
Pour entretenir et récompenser la collaboration de partisans influents dans leur entourage, quoi de mieux que de leur procurer, personnellement ou à un des leurs, un poste, un emploi ou un contrat dans un service public relevant du gouvernement provincial. À cette époque, ce genre d'emploi était aléatoire et dépendant du parti au pouvoir. Le parti qui aspirait à remplacer le gouvernement sortant, davantage que l'autre, se constituait une liste de positions (postes, emplois, fonctions) à pourvoir par remplacement dans un éventail de services, advenant sa prise du pouvoir.
Une telle liste, jaunie par le temps, a été retrouvée parmi de vieux documents. Sans date ni nom d'auteur, elle a vraisemblablement été dressée dans les années 1940 ou 1950. Sous le titre de « POSITIONS À LA-PRAIRIE : VILLE ET PAROISSE » elle désigne les noms de personnes susceptibles de « remplir » des postes précis dans un ensemble de services, surtout à La Prairie et dans le comté, mais même à Montréal. Sauf pour une « garde-malade », il s'agit de positions pour hommes.
L'éventail où des changements de personnel sont envisagés est large et, à quelques occasions, le changement est accompagné du qualitatif de sans délai, extra rush ou, important rush. Le nom du candidat à placer est parfois suivi de fils de…
Un premier groupe de POSITIONS A REMPLIR comprend des postes dans les services suivants :
Commission des Liqueurs de Laprairie : Gérant à remplacer « sans délai » par La. et attribution d'un deuxième poste éventuel de commis à F.
Commission des Liqueurs à Montréal (Pied du Courant). Un employé, T, est à remplacer par l'un de trois à placer.
Police provinciale: trois postes à remplir par B., F. et F. et un substitut, L.
Bicycles (sic) : Ici un titulaire « reste », l'autre à « remplacer absolument sans délai » par Bl,
Inspecteurs : pensions de vieillesse, mères nécessiteuses, aveugles, etc. : La. et Fa.
Registrateur (sic) : À Laprairie, le notaire L.
Crédit agricole : Trois postes à remplir. Réviseur ou inspecteur régional, L., évaluateur local, M. et un notaire pour la préparation des prêts.
Sous le titre de Contrats du Ministère de la Voirie, on retrouve :
Garde-pêche et chasse : « Laisser G.; annuler « licenses » et renouveler sur recommandation du maire.
Inspecteur des marchés : S. à remplacer par C.
Voirie : « Transférer bureau ingénieurs de Napierville à Laprairie ». Si agréé, nommer un cantonnier en chef pour le comté (T.) Cantonniers no 1 et no 2 à remplacer par G. et A. Quatre adjoints sont proposés.
Grattes : Sept rangs de la municipalité rurale sont énumérés. On suggère de garder deux opérateurs, d'en remplacer quatre et « on avisera » pour l'autre.
On recommande deux noms pour Camions pour voirie et deux « helpers » de camion.
On trouve ce qui suit dans un autre groupe hétérogène de services.
« Licenses » autos : L. pour remplacer B. (extra rush)
Dépots de bière : (en magasin) Enlever à L. et à B.
Faire mettre X sur la liste des orateurs; District de Montréal.
Nommer G. inspecteur des Conserves
Camion Commission des Liqueurs à Montréal: à V.
Avoir à Laprairie : deux charrues, un souffleur. Trouver six chauffeurs pour charrue.
Palais de Justice : Le fils de J, ou V.
Unité sanitaire : Avoir la garde-malade P, en remplacement de J.
Hôtels : Retrancher les « licenses » du Vieux Prince et de l'Hôtel de la Source, « Règlement prohibition paroisse Laprairie ».
Et, en fin de liste : « C., position chez cultivateur anglais pour apprendre l'anglais. »
Les mœurs électorales ont évolué, le patronage politique a pris d'autres visages. Les employés des services publics sont protégés par des lois et des syndicats. Le peuple est renseigné par des médias omniprésents. Quelle que soit l'époque, certaines pratiques peuvent être plus ou moins acceptées, tolérées ou rejetées par une population donnée. Les us se transforment en même temps que les valeurs. Ce qui, hier, était inacceptable, est aujourd'hui acceptable et vice versa. L'homme est toujours l'homme, avec ses vertus et ses défauts. Et, comme le dit le dicton : Où il a de l'homme il y aura toujours de l'hommerie.
Sur ce CD de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, vous trouverez en format PDF (Acrobat Reader) les premiers bulletins de la SHLM qui s’appelaient « Le Bastion » de 1982 à 1984 ainsi que l’ensemble des parutions du bulletin « Au jour le jour » depuis 1993 jusqu’à la fin de 2007. Un index par auteur et par thème rendra votre recherche plus simple.
Ce CD est en prévente à la SHLM pour la modique somme de 35$.
Depuis quelques années déjà, la Société organise une vente annuelle de livres. Cette vente aura lieu les 7 et 8 juin prochains. Étant donné la qualité et la quantité des livres qui seront mis en vente, le comité a pensé organiser une prévente réservée à nos membres le vendredi 6 juin entre 16 h et 20 h au local de la Société.
Mme Hélène Létourneau, responsable de l'évènement, m'a avisé qu'il y aura une grande quantité de livres sur l'histoire et la généalogie et ce à des prix vraiment abordables. Des centaines de livres sont aussi disponibles sur des sujets très variés. Pour joindre l'utile à l'agréable, cette prévente se déroulera sous le thème : BOUQUINAGE et sera agrémentée de vins et fromages ainsi que de prix de présence.
Je vous demanderais de confirmer votre présence auprès de Mme Gagnon au 450-659-1393 quelques jours avant la prévente et de publiciser la vente des 7 et 8 juin auprès de vos parents et amis.
Je tiens à remercier tous les membres pour leur grande générosité ainsi que tous ceux et celles qui ont collaboré à la préparation de cet évènement spécial.
Au plaisir de vous rencontrer.
René Jolicoeur, président
Prochaine conférence
Le 20 mai 2008 à 19h 30 une conférence de Claude Deslandes, vétérinaire :
« L’arrivée des animaux domestiques en Nouvelle-France »
On connaît beaucoup de choses sur les voyages des premiers Européens à avoir foulé le sol du nouveau continent, mais qu’en était-il des animaux que les explorateurs ont apportés avec eux aux XVIe et XVIIe siècles? Quelles furent les premières utilités du porc et du bœuf? Mis à part son existence bénéfique sur les navires infestés de vermine, le chat faisait-il vraiment partie de la famille de nos ancêtres? Un Iroquois sur un cheval, est-ce possible?
De quelle façon les races canadiennes de bovins, de chevaux et de poules pondeuses ont-elles vu le jour, et d’où proviennent ces chevaux laissés à eux-mêmes sur l’île de Sable au large de la Nouvelle-Écosse ou encore sur les bancs sablonneux de la Caroline du Nord?
Autant de questions, autant de réponses.
Nouveaux membres
La SHLM est heureuse de souhaiter la bienvenue à ses nouveaux membres :
308 Robert Moreau
309 Luminik Chouinard
310 Cynthia Couture (Ville de Brossard)
Archéologie
Dans le cadre des travaux d’enfouissement des fils dans l’arrondissement historique la firme Arkéos a été chargée de la surveillance archéologique sur plus d’un kilomètre de tranchées. Les travaux des archéologues sous la direction de M. Brian Ross s’étaleront sur une période de sept semaines. On compte déjà de nombreuses découvertes intéressantes : pipe en céramique, puits en pierre, dallage de l’ancienne place du marché face à l’église, pieux de l’ancienne palissade et tessons de poterie amérindienne de tradition « Meadowood? » datant du sylvicole moyen.
Outre les travaux de surveillance, les archéologues effectueront également quelques sondages à des endroits spécifiques. Malgré une trentaine de campagnes de fouilles réalisées depuis 1975, les découvertes récentes confirment que le potentiel archéologique du Vieux La Prairie est toujours appréciable.
Nouveau secrétaire au c.a. de la SHLM
Suite à l’assemblée générale du 18 mars 2008 M. Stéphane Tremblay a été élu au c.a. et nommé secrétaire de la SHLM.
Né en 1967, année de l’Expo, M. Tremblay est originaire de l’Outaouais. Il est diplômé en sciences pures et histoire, matière qu’il enseigne avec passion au secondaire depuis près de 17 ans. Notre nouveau secrétaire est également fervent de généalogie et à ce titre il collabore au club de généalogie de la SHLM. De plus il a récemment accepté la responsabilité du comité d’étude sur les batailles du 11 août 1691 à La Prairie. Nous lui souhaitons un long et heureux séjour au sein de l’équipe de la SHLM.
L’énigme du clocher
Récemment un peintre « araignée » travaillait à repeindre le clocher de l’église de La Nativité. Comme la photo ci-jointe le démontre, c’est en fixant un câble à la croix qui surmonte le clocher qu’il a réussi à se suspendre pour effectuer les travaux. Nombreux sont ceux qui se demandent comment il a réussi à aller nouer cette corde à la croix. Si vous connaissez la réponse, prière de nous le faire savoir.
Éditeur :
Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN 1499-7312
COLLABORATEURS :
Coordination : Jean-Pierre Yelle
Rédaction : Gaétan Bourdages, Laurent Houde,
Révision : Jean-Pierre Yelle
Infographie : SHLM
Impression : Imprimerie Moderne La Prairie inc.
Siège social :
249, rue Sainte-Marie
La Prairie (Québec) J5R 1G1
Tél. : 450-659-1393
Courriel : [email protected]
Site Web : www.laprairie-shlm.com
Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu de leurs articles et ce, à la complète exonération de l’éditeur.
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