Au jour le jour, juin 2025
Creusage de la voie maritime au milieu des années 1950. En arrière-plan vue sur le pont Jacques-Cartier.
Lors de recherches dans les archives de la Société d’histoire de La Prairie, j’ai été surprise de constater que La Prairie avait son propre volet de l’Association féministe d’éducation et d’action sociale. Durant mon baccalauréat en histoire, je me suis grandement familiarisée avec les associations féminines et féministes du Québec. Ce fut donc un plaisir pour moi de découvrir les archives de la branche laprairienne.
En 1952, le Cercle d’économie domestique (CED), association pour les femmes des villes, est créé de toutes pièces par les évêques et une propagandiste, Mme Louis-Henri Savard de Kénogami.[1] Le cercle vise à rassembler les femmes urbaines et leur donner des outils personnels et communautaires. Leur slogan « travail et charité » illustre bien leur but. [2] Le 22 mai 1953 a lieu la première réunion du CED à La Prairie, le CED Christ-Roy, qui est organisé par la présidente provinciale Mme Armand Lessard et la propagandiste générale, Mme Louis-Henri Savard.[3] Vingt-deux femmes sont présentes et deviennent les premières membres de la section. C’est à ce moment que la première présidente est élue, Mlle Marie-Jeanne Surprenant, qui sera en fonction jusqu’en 1956. Lui succédera Mme Jeanne Désautels de 1957 à 1960. Finalement, Mme Léopold Bisaillon prendra le relais de 1961 jusqu’à la fermeture du CED en 1966. [4]
Le CED invite les femmes à leur réunion mensuelle, mais aussi à leurs nombreuses activités visant les « Dames et demoiselles désireuses de faire partie de ce mouvement d’action catholique ». Ces activités tournent autour de deux axes, soient éducationnelles et pratiques. Plusieurs exemples de ces activités se retrouvent dans nos archives. Par exemple, en juin 1953, le CED offre deux activités. Pour le programme éducationnel, l’activité porte sur la sauvegarde de la grandeur et la sainteté du mariage chrétien, et le programme pratique vise l’hommage à nos pères. [5] De plus, le CED offre des ateliers sur la vie ménagère. Le 8 février 1954, les femmes reçoivent une technicienne de la compagnie Singer qui leur fait une démonstration de tous les accessoires de leur nouvelle machine à coudre. [6] Le Cercle sert de continuité à l’enseignement traditionnel offert aux filles et permet de prolonger la formation des femmes dans leur rôle traditionnel d’épouse mère. [7] Ainsi, il tient à « promouvoir les intérêts économiques, sociaux et moraux du foyer », développer l’esprit de justice et de charité chrétiennes, de solidarités et d’entraide mutuelle, mais surtout, de favoriser l’éducation et l’instruction en vue du relèvement du foyer. [8] Ainsi, les activités offertes par le CED du Christ-Roy remplissent ces visées.
Pour interpeller les femmes à se joindre, le Cercle utilise beaucoup les journaux, dont plusieurs extraits se retrouvent dans les archives de la SHLM. Dans Le Richelieu, elles s’adressent souvent aux femmes des environs en écrivant que « c’est en vivant le Cercle que vous l’aimeriez, que vous l’apprécierez… À vous, Mlles, n’est-il pas dit quelque part : les hommes se passionnent pour les femmes qui savent leur cuisiner de bonnes friandises ?» [9] Les femmes répondent en grand nombre aux appels et se joignent au Cercle pour des raisons d’apprentissage et de sociabilité pour briser l’isolement des mères au foyer.[10]
En 1966, le Cercle d’économie domestique fusionne avec l’Union catholique des femmes rurales. Dès 1963, les discussions entre les deux associations débutent, en incluant aussi le Cercle des fermières qui se retire officiellement en 1965 du projet. [11]Selon l’ouvrage dirigé par Jocelyne Lamoureux, cette union est un mariage de raison puisque les deux associations rencontrent des difficultés. On choisit alors le nom « Association féminine (qui deviendra féministe plus tard) d’éducation et d’action sociale ». Ce nom reflète les deux stratégies fondamentales qui marquent son identité, soit l’éducation populaire et l’action sociale. Cependant, l’AFEAS, comme ces prédécesseurs, continue de s’inscrire parmi les mouvements de l’Église catholique. Cela suscite plusieurs débats au sein de l’association puisque le clergé tend à imposer ses visées, alors que les femmes affirment haut et fort qu’elles décideront elles-mêmes des orientations de l’Association.[12] Le groupe se tourne donc vers un mouvement plus large d’inspiration chrétienne, permettant ainsi aux femmes de s’affirmer comme des « femmes croyantes » et arrêter d’être perçues comme des « petites filles remplies de bonne volonté et d’apparente soumission. »[13]
À La Prairie, ce changement se fait peu ressentir, mais permet d’offrir une variété d’activités aux femmes et filles de 16 ans et plus. Leurs activités tournent autour de trois principes, soit une éducation populaire autonome, une éducation des femmes adultes et une formation axée sur l’action. Selon Jocelyne Lamoureux, « l’AFEAS a toujours été une association baromètre de la société. » [14]
L’AFEAS du Christ-Roy de La Prairie applique ces principes et propose de nombreuses activités à leurs membres et aux jeunes filles des environs. Alors que le CED était ouvert à toutes les femmes ayant à cœur le travail et la charité, l’AFEAS est « ouverte aux femmes qui désirent se joindre à un organisme éducatif et social. »[15] Selon un article publié dans le journal Le Reflet, le mouvement a pour but de renseigner la femme d’aujourd’hui sur tous les sujets concernant leur nouveau mode de vie. Selon les dirigeantes, les cadres de l’Association sont parfaits pour bien représenter les femmes puisque c’est un mouvement d’entraide et d’activités dynamiques. Elles donnent donc plusieurs cours, tels que l’art culinaire, la couture et le tissage ou encore des cours d’émaux sur cuivre. [16] Elles offrent aussi plusieurs activités sociales comme leur exposition d’artisanat annuel, juste à temps pour Noël. [17]
En 1983, l’AFEAS du Christ-Roy publie la programmation annuelle dans Le Reflet sous le thème « plus nombreuses à réagir aux changements », montrant le tournant plus féministe du groupe. Cette année-là, le dossier prioritaire de l’AFEAS est celui du statut de la travailleuse au foyer pour faire reconnaître tout l’apport qu’elle a dans la société et pour qu’elle soit considérée comme travailleuse à part entière. (Voir Camille Robert[18]) Les sujets d’étude porteront sur l’isolement des femmes au foyer, l’alcool au féminin, la sexualité chez les femmes, la vie économique, le stress et le rôle de la mère en 1984. L’Association en profite pour faire un retour sur ces activités. En effet, depuis 17 ans, l’AFEAS du Christ-Roy promeut la place de la femme dans la société et contribue grandement à des changements relatifs à leurs conditions de vie ; congés et allocations de maternité, mécanisme de protection de la résidence familiale, allocation au conjoint survivant âgé de 60-65 ans, gratuité des soins dentaires pour enfants de 13 ans et moins. L’AFEAS du Christ-Roi se préoccupe non seulement des femmes, mais aussi de la société en général. [19] C’est pourquoi, en 1984, elles offrent des ateliers divers, portant sur des sujets qui touchent surtout les femmes, mais aussi les hommes, qui sont les bienvenus à ces activités. Les sujets sont variés tels que l’acceptation de soi, l’amour-propre, être soi-même, l’autonomie, la tendresse au féminin et au masculin, la paternité et la maternité ou encore apprendre à se réserver du temps.[20] La condition féminine est au cœur de l’Association et vise à faire voir et insérer les femmes dans l’espace public. [21] C’est exactement ce que fait l’AFEAS du Christ-Roy avec ce programme.
En 1992, l’AFEAS du Christ-Roy fête ses 25 ans. À ce moment, l’Association comprend 70 membres qui se rencontrent chaque 2e jour du mois à la Maison-à-tout-le-monde. [22]
L’archive la plus récente de l’AFEAS conservée à la Société d’histoire de La Prairie date de 2000 et rapporte la marche organisée par l’AFEAS le 8 mars 2000 à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme. En fin d’après-midi, une trentaine de femmes ont marché symboliquement dans les rues du Vieux-La Prairie à partir de la Maison-à-tout-le-monde. Elles terminent leur marche à la Résidence La Belle Époque où elles ont rencontré d’anciennes membres. Selon Claire Roy, relationniste pour l’AFEAS de La Nativité, « la marche visait aussi à sensibiliser la population à la marche mondiale des femmes qui aura lieu au mois d’octobre » suivant. [23]
Ainsi, les archives de l’AFEAS disponibles à la SHLM permettent de brosser un portrait du CED et de l’AFEAS de La Prairie et de mettre en lumière l’évolution et les buts des activités offertes par ces associations, à l’échelle locale et provinciale. Il est donc intéressant de constater la présence d’une association féminine et féministe à La Prairie, l’engouement autour de cette dernière et l’implication des Laprairiennes. Ces archives démontrent aussi l’évolution de la place des femmes dans la société québécoise, passant d’une vision religieuse, axée sur la femme au foyer et bonne épouse, à celle d’une femme travaillante, intégrée à la société et pleinement réalisée.
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[1] Le Collectif Clio, Histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Éditions Le Jour, 1992, p.394.
[2] [Auteur inconnu], [Titre inconnu], Le Richelieu, 29 octobre 1953, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[3] [Auteur inconnu], « Le chanoine H. Fortier, aumônier général », Le lingot : un journal du Saguenay, jeudi 15 janvier 1953, p.7.
[4] Cercle d’économie domestique, Procès-verbal, 22 mai 1953, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1. ;
Il fut impossible de trouver le prénom de Mme Savard, Mme Lessard et Mme Bissaillon, elles sont toujours appelées par le nom de leur mari dans les archives et les journaux. Cela reflète bien les mentalités de l’époque concernant le mariage et la place de la femme. En effet, la société patriarcale et les mœurs religieuses sont à l’origine de cette coutume. C’était un moyen d’alimenter l’appartenance à la nouvelle famille de la mariée et plus d’assurer les lignées et les successions qui étaient transmis par le nom de famille de l’homme. De plus, la femme était perçue comme une mineur et son mari reprenait alors le rôle du père ; en adoptant le nom de son mari, elle est maintenant sous la tutelle d’un nouvel homme.
[5] [Auteur inconnu], « CED », Le Richelieu, 11 juin 1953, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[6] [Auteur inconnu], [Titre inconnu], Le Richelieu, 4 février 1954, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[7] Häxan Bondu, Mobilisation féminine et régionalité : trajectoire de l’Union catholique des fermières (UCF), des Cercles d’économie domestique (CED) et de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFÉAS) au Saguenay–Lac-Saint-Jean, 1944-1976, mémoire de M.A (études et interventions régionales), Université du Québec à Chicoutimi, 2023, p.85
[8] Raymonde Grenon, « Les cercles d’économie domestique de la province ont pris naissance à Kénogami », Progrès du Saguenay, samedi 18 mai 1957, p.5.
[9] [Auteur inconnu], [Titre inconnu], Le Richelieu, 29 octobre 1953, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[10] H. Bondu, Mobilisation féminine et régionalité…, op. cit., p.81 et 107.
[11] Ibid., p.124.
[12] Jocelyne Lamoureux, Michèle Gélinas, Katy Tari, Femmes en mouvement Trajectoires de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS), 1966-1991, Montréal, Boréal, 1993, p.44 et 50.
[13] Ibid., p.78.
[14] Ibid., p.232.
[15] [Auteur inconnu], « AFEAS du Christ-Roy », Le Reflet, 15 septembre 1988, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[16] [Auteur inconnu], « L’A.F.E.A.S. qu’est-ce que c’est », Le Reflet, 22 décembre 1966, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[17][Auteur inconnu], « AFEAS du Christ-Roy à Laprairie », Le Reflet, 10 novembre 1987, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[18] Camille Robert et Louise Toupin (dir.), Travail invisible. Portraits d’une lutte féministe inachevée, Montréal, Les Éditions du Remue-Ménage, 2018, 198 p.
[19] [Auteur inconnu], « l’A.F.E.A.S. reprend ses activités sous le thème : plus nombreuses à « Réagir aux changements », Le Reflet, 24 septembre 1983, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[20][Auteur inconnu], « L’A.F.E.A.S. de la Nativité », Le Reflet, 7 décembre 1983, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[21] H. Bondu, Mobilisation féminine et régionalité…, op. cit., p.137 et 150.
[22] [Auteur inconnu], « AFEAS de la Nativité de Laprairie – 25 ans », Le Reflet, 26 avril 1992, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
[23] [Auteur inconnu], « Les femmes de l’AFEAS Laprairie marchent pour souligner le 8 mars », Le Reflet, 18 mars 2000, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection Laprairie d’hier et d’aujourd’hui, boite 1-2-4B, dossier AFEAS, P6S3D1.
Chères et chers membres et bénévoles, le vendredi 13 juin, je quitterai mes fonctions d’archiviste-directrice générale à la SHLM. Près de cinq années passées en votre compagnie. Déjà !
Je suis arrivée à la SHLM en pleine crise du coronavirus à l’automne 2020 en tant qu’archiviste. Pandémie oblige, le seul lien « étroit » que j’ai eu le privilège d’entretenir est celui avec les archives de la SHLM durant l’hiver 2020-2021. Oui, un privilège.
J’ai découvert un coin de pays et sa riche histoire à travers les fonds d’archives qui y sont conservés et que j’ai pu traiter. Je n’ai contracté aucun virus… sauf celui de vouloir les explorer et les faire connaître ! Ce qui s’est traduit concrètement par la création d’une séance d’Archives à voix haute lors du 50e de la SHLM en 2022, présentée à plusieurs endroits, et à nouveau le 1er octobre prochain à Candiac. Ou encore par la mise sur pied des Visites effrayantes à l’automne 2024 avec les guides.
Au printemps 2021, le conseil d’administration m’accordait sa confiance en adjoignant la fonction de directrice générale à celle d’archiviste. Une magnifique opportunité. Moult, nouvelles tâches. Une expérience tous azimuts et la possibilité d’apporter mes couleurs à la SHLM. Toutefois, je constate que travailler à temps plein dans les archives me manque : on ne sort pas les archives de l’archiviste !
Ainsi, j’ai accepté un nouveau poste de « Technicienne régionale en gestion des archives » à la MRC des Maskoutains. Je serai en quelque sorte une « archiviste volante » intervenant dans diverses municipalités autour de Saint-Hyacinthe. Tout un changement ! Toutefois, les connaissances et les expériences acquises à La Prairie ne seront pas vaines puisque je me rallierai aux bénévoles sporadiquement.
C’est donc avec émotion que je vous quitte, la belle gang des passionnés de la SHLM, mais c’est avec le cœur satisfait d’avoir pu mettre l’épaule à la roue de la Société d’histoire, comme tant d’autres depuis plus de 50 ans.
Monsieur David Barrette, guide à la SHLM depuis 2 ans, assurera l’intérim jusqu’en août 2025. Avec un baccalauréat en histoire, un certificat en archives et surtout ayant la passion pour l’histoire et le patrimoine, David est à sa place à la SHLM !
Au plaisir de vous recroiser !
Les festivités de la Saint-Jean-Baptiste sont de retour après une année d’absence dans le parc du Sentier du Vieux-Fort de La Prairie le 24 juin prochain et la SHLM sera responsable de l’organisation d’un camp militaire de l’époque de la Nouvelle-France.
Ce camp sera animé par les membres de la Garnison de Montréal, groupe de reconstitution historique spécialisé sur l’époque des Compagnies franches de la Marine en Nouvelle-France (1685-1760).
Venez passer la journée avec les vaillants soldats qui ont défendu le fort de La Prairie à l’époque des rois Louis XIV et Louis XV.
Plusieurs activités sont prévues : défilé militaire, école du soldat pour les jeunes, atelier sur l’histoire de l’uniforme et visite du campement de la garnison.
Nos locaux seront ouverts toute la journée et les visites guidées seront gratuites.
Bonne Saint-Jean-Baptiste !
C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès du doyen de nos membres.
Monsieur René Barbeau est décédé le vendredi 23 mai dernier à l’âge vénérable de 102 ans.
Il avait fêté son dernier anniversaire de naissance le 30 avril. J’ai eu le privilège de passer une entrevue d’histoire orale avec monsieur Barbeau en 2024.
Ses mémoires vivantes du passé de La Prairie sont précieusement conservées dans nos archives.
Départ de madame Caroline Laberge
Lors de la dernière réunion du conseil d’administration de la SHLM, le 8 mai dernier, notre archiviste et directrice générale, madame Caroline Laberge, nous a annoncé qu’elle quittait son poste pour un nouvel emploi avec la MRC des Maskoutains. Femme de cœur et de tête,
Caroline a toujours su mener à terme les projets spéciaux de la SHLM (conférences, expositions estivales, archives à voix haute, Société d’histoire de la seigneurie de La Prairie, les visites effrayantes…) et gérer avec brio les opérations quotidiennes avec nos bénévoles et nos membres.
C’est le cœur lourd que nous avons accepté sa démission et son mandat à la SHLM s’est terminé le 13 juin dernier. Nous tenons ici à la remercier pour ses quatre années avec nous et nous lui souhaitons les meilleurs succès dans ses nouvelles fonctions. C’est monsieur David Barrette, étudiant en archivistique et ancien guide, qui assurera l’intérim jusqu’à l’automne. Le conseil d’administration décidera de la suite des choses à ce moment-là.
Au revoir, Caroline, à bientôt et merci encore !
Antoine Simonato, président
Au jour le jour, mai 2025
Baignade dans le bassin de La Prairie en 1930. Afin de respecter la pudeur et à cause du peu de profondeur de l’eau, il était préférable de se baigner à quelque distance de la rive. À remarquer le brise-glace sur le rempart de béton. (Source : P144)
Le dimanche 4 mai dernier avait lieu au Centre multifonctionnel Guy-Dupré le brunch annuel des membres de la SHLM. Un peu moins de 40 personnes s’étaient réunies pour l’occasion.
La rencontre débuta par le mot du président ou plutôt de l’ex-président puisque M. Stéphane Tremblay nous fit part d’un important changement au sein du conseil d’administration. M. Tremblay cédait sa place comme président pour devenir secrétaire, laissant ainsi à M. Antoine Simonato l’occasion de s’exercer à son nouveau rôle de président de la SHLM. Félicitations et bon succès au nouvel élu. Ce dernier y alla d’un bref discours n’étant pas encore tout à fait imprégné de ses nouvelles fonctions.
Une table bien garnie nous attendait : fèves au lard, fromages variés, terrines, confitures et pains pour tous les goûts. Il nous fallait patienter encore avant de nous lancer vers ces délices, car M. Tremblay devait nous présenter celle qui avait été choisie bénévole de l’année 2024. Bien qu’elle ait semblé surprise de cette nomination, madame Maryse Ingenito méritait largement cet honneur.
Après les estomacs bien remplis et les palabres autour des tables vint l’heure de tout ramasser et de laver la vaisselle en groupe. Une activité nettement plus agréable lorsqu’elle est partagée.
Bref, une rencontre très réussie due en très grande partie au travail de madame Caroline Laberge, notre archiviste et directrice générale.
Dans notre dernier numéro, nous avons fait mention d’un pique-nique des membres de la chorale paroissiale de La Prairie. Cette photographie prise vers 1942 a servi à la conception du carton d’invitation pour le brunch annuel de la SHLM. (P43,S7,P03)
Qui sont ces 25 personnes?
Voici la solution de notre quiz.
Remaniement au sein du conseil d’administration
À la suite de l’assemblée générale annuelle de la SHLM, les membres du conseil d’administration se sont réunis le 7 avril dernier et ont unanimement décidé d’apporter un changement lors de l’attribution des postes. Voici donc la nouvelle composition du conseil d’administration de la SHLM pour 2025-2026 :
Président : Antoine Simonato
1er vice-président : Samuel Castonguay
2e vice-président : Jonathan Trottier
Secrétaire exécutif : Stéphane Tremblay
Trésorier : Jean-Pierre Labelle
Congrès de la FHQ
La Fédération Histoire Québec tiendra son congrès annuel (et son assemblée générale annuelle) au pavillon communautaire Espace Citoyen de Montmagny du 30 mai au 1er juin prochains. C’est madame Caroline Laberge, notre archiviste et directrice générale, qui représentera la SHLM à cet événement.
Journée nationale des Patriotes
Le 19 mai prochain, Journée nationale des Patriotes, nos locaux seront fermés pour la journée (relâche du club de généalogie en soirée).
Stéphane Tremblay, secrétaire exécutif de la SHLM
Partir pour la famille (1900 – 1950)
Lorsqu’on évoque la société québécoise de la première moitié du 20e siècle, on a tendance à penser que tous les couples mariés désiraient et avaient beaucoup d’enfants.
Était-ce la réalité? Y avait-il des couples qui tentaient d’empêcher la famille? Comment se déroulaient les grossesses et les accouchements? Qu’arrivait-il aux femmes qui se retrouvaient enceintes sans être mariées?
Ce sont là quelques-unes des questions qui seront abordées lors de cette conférence où seront présentés des extraits de films d’époque.
Après avoir obtenu son doctorat à l’Université Laval, Suzanne Marchand, ethnologue, a été chargée de cours et chargée de projets pour divers organismes.
Au cours des dernières années, elle a coordonné un projet de recherche sur les pilotes du Saint-Laurent.
En 2012, elle a publié chez Septentrion Partir pour la famille: fécondité, grossesse et accouchement au Québec.
Mardi 20 mail 2025 à 19h
Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
Au jour le jour, avril 2025
Rue Saint-Ignace en direction de l’ancienne chapelle de La Providence. Seule la maison avec la galerie existe encore.
Les citoyens de La Prairie ont un devoir de mémoire envers ceux qui perdirent la vie en combattant au cours de la journée du 11 août 1691. Leur bravoure a permis de sauver le fort de La Prairie de la seule attaque qu’il n’ait jamais eu à subir.[1]
Un bilan incertain
De nombreux documents d’époque attestent que le fort de La Prairie a bien été attaqué à l’aube du 11 août 1691. Les pertes ont été considérables parmi les défenseurs du fort, tandis que les assaillants originaires d’Albany (moins de 250 hommes selon Peter Schuyler) auraient subi moins de dommages.
Or, le nombre de morts déclaré au cours du premier affrontement varie beaucoup selon l’auteur. Admettons qu’il y eut moins de cinquante morts parmi les troupes locales. Cependant, peu de dépouilles ont eu droit à un enterrement dans un cimetière.
« Ce Jourdhuy onsiesme du mois daoust de l’année mi six cent quatre-vingt onses je ptre soussigné certifie avoir enterré Mrs StCirque capit en pied Dosta cap. Réformé et domergue lieutenant reformé tués dans le combat qui s’est donné ici le dit jour avec 14 soldast et habitants tués aussi sur la place qu’on a pas reconnu en foy de quoy Jay signé. »
L. Geoffroy – Curé de La Prairie
Pourtant, le bilan du curé Geoffroy n’atteint pas les vingt-cinq morts. Ajoutons à cette courte liste les noms de ceux dont les cadavres furent ramenés à Montréal.
Paroisse Notre-Dame de Montréal : Le 11 août… nicolas barbier louis ducharme pierre cabassier ont été tués par les anglais au combat de laprairie de la magdelaine dans le bois ou les corps sont demeurés.
E. Guyotte – Curé
Le 11 août 1691 a été enterré Pierre Desquerat (Depeiras ?) capitaine d’un détachement de la Marine après avoir recu tous les sacrements agé d’environ 40 ans.
E. Guyotte – Curé
Le 11 d’aout 1691 a été enterré Gabriel Fredin agé d’environ 18 ans après avoir recu tous les sacrements.
E. Guyotte – Curé
Le 11 d’aout 1691 Nicolas Barbier Louis Ducharme Pierre Cabasier ont été tués par les anglois au Comba de la prairie de la magdelaine dans le bois ou les corps sont demeures.
E. Guyotte – Curé
Le 13 aout a été enterré Jean LeBer du chaine après avoir recu les sacrements blessé par les anglois agé d’environ 29 ans.
E. Guyotte Curé
Le 11 aout 1691 a été tue par les anglois françois Cibardin Cordonnier.
E. Guyotte – Curé
Le meme Jour pierre pinguet […] Tué par les anglois.
E. Guyotte – Curé
On arrive donc à un total de près de trente sépultures, en supposant qu’ils aient tous été tués devant le fort et que les registres soient conformes à la réalité. Il faut aussi prendre en compte que ces données n’incluent pas les pertes chez les Autochtones.
Quelques heures après l’attaque du fort de La Prairie, en chemin vers la rivière Richelieu, le major Peter Schuyler et ses hommes (majoritairement des membres des Premières Nations) furent défaits au chemin de la Bataille par les troupes françaises et autochtones alliées venues de Chambly et que commandait le capitaine de Valrennes.
Selon les chroniqueurs de l’époque, les pertes enregistrées sur le chemin de la Bataille furent nettement supérieures à celles subies à l’aube devant le fort. Mais là encore, il demeure difficile de fournir des chiffres précis.
Malgré des données disparates avancées par de nombreux auteurs de la fin du 17e siècle, nous pouvons sans méprises affirmer qu’il y eut à la Bataille largement plus qu’une centaine de tués au total des deux côtés. Comme c’était la coutume à l’époque sur les champs de bataille, pour des raisons d’hygiène évidentes (typhus et choléra), on a dû disposer des cadavres en les enterrant dans des fosses communes d’environ 80 cm de profondeur. Une tâche considérable en ce 11 août, compte tenu du sol argileux gonflé par les pluies des journées précédentes.
À la suite des deux événements (la première et la seconde bataille), nous ignorons ce qu’il est advenu des dépouilles des combattants des Premières Nations. Comment ces derniers traitaient-ils leurs dépouilles après les combats ? Nous ignorons également s’il existe quelque part un décompte précis des soldats tombés au combat au matin du 11 août 1691. Si tant soit peu qu’elle existe, la réponse se trouve peut-être du côté des archives de la Marine en France.
Premières démarches
La question demeure ; où donc a eu lieu le second affrontement du 11 août 1691 ? Les combattants morts sur le champ de bataille ont-ils été ensevelis à proximité du lieu des combats ? Notons que le cairn actuel n’indique pas l’endroit où les hommes de Peter Schuyler ont combattu les troupes de Valrennes.
« À la suite d’un patient et minutieux travail sur les chaînes de titres et les récits de voyageurs, M. Jean Joly[2] a réussi à situer avec précision l’emplacement de l’ancien embranchement du chemin de Saint-Jean et du chemin menant au fort de Chambly. Cette intersection est un repère important pour suivre le trajet emprunté par les troupes ennemies et pour éventuellement situer le lieu précis du second affrontement alors que le Hollandais Schuyler et ses hommes fuyaient vers le Richelieu. »[3]
Au cours d’une étude des chaînes de titres, M. Joly a émis l’hypothèse que la seconde bataille aurait eu lieu près de l’ancien embranchement du chemin de Saint-Jean et du rang de la Bataille, soit sur la terre actuelle de M. A. Bisson. « Cette intersection est un repère important pour suivre le trajet emprunté par les troupes de Schuyler et pour éventuellement situer le lieu précis du second affrontement alors que le Hollandais et ses hommes fuient vers le Richelieu. »[4]
En novembre 2011, un petit groupe de chercheurs a entrepris d’explorer en surface le périmètre désigné par M. Joly, avec pour résultat la découverte de plus de vingt-trois balles de plomb pour fusils à silex. Après examen, ces balles datent de l’époque dont il est ici question et se partagent entre balles françaises et balles anglaises. Intéressante trouvaille, mais qui ne prouve rien.
Il fallait donc aller plus loin et mettre sur pied une vraie campagne de prospection archéologique.
« C’est ainsi que le 17 septembre 2016, onze personnes se présentaient sur le site présumé du second affrontement du 11 août 1691. Cette troupe était composée de deux archéologues accompagnés de neuf chercheurs bénévoles de compétences diverses. Ces personnes, dont deux membres de la SHLM et un bénévole muni d’un détecteur de métaux, avaient été préalablement formées et étaient bien encadrées. »
« […] Au total, 89 objets ont été découverts, localisés puis prélevés pour analyse. Aucun d’entre eux ne semble préhistorique. En fait, la plupart dateraient du 19e et du début du 20e siècle. […] L’examen d’une lame de hachette a révélé qu’elle date de la période coloniale, probablement du 18e siècle. Il s’agit d’une arme courante à cette époque, utilisée autant par les Autochtones que par les colons européens. »
« [..] Hélas, malgré la découverte d’artefacts d’origine militaire, rien ne permet d’établir un lien avec le second affrontement du 11 août 1691 entre les troupes de monsieur de Valrennes et les hommes du Peter Schuyler. Il est donc impossible pour le moment de valider ou d’infirmer l’hypothèse de Jean Joly quant au lieu de la bataille. »[5]
Quoi qu’il en soit, il faudra bien un jour retrouver les restes de ces sépultures.
Un exemple américain
La guerre de Sécession fait rage depuis quelques années lorsqu’en janvier 1865, près de Simpsonville au Kentucky, près de quatre-vingts soldats afro-américains chargés de convoyer une harde de 900 bestiaux sont attaqués par-derrière par des rebelles armés. Avant même d’avoir eu l’occasion de se défendre[6], vingt-deux soldats perdent la vie au cours de l’embuscade et sont rapidement enterrés dans une fosse commune non identifiée. Ils furent donc privés de funérailles militaires dignes de ce nom.
Les années passent et les souvenirs de ce massacre s’effacent de la mémoire collective jusqu’à ce qu’un trio d’historiens amateurs se mette en quête de faire revivre le souvenir de ces soldats et de retrouver le lieu de leur sépulture. Leurs recherches s’étendront sur une vingtaine d’années.
Mais comment repérer une fosse commune du milieu du 19e siècle ? Un plan de 1936 du département de la voirie de la région indiquant un ancien lieu de sépulture permet au trio d’historiens locaux de situer l’endroit de façon approximative. La superposition du plan avec des photos aériennes récentes précise l’emplacement.
Grâce à des fonds privés, on fit appel à des archéologues équipés d’un géoradar pénétrant jusqu’à deux mètres sous la surface afin de cartographier les variations de densité dans le sol à l’endroit désigné. Car lors d’un enterrement, on enlève de la terre que l’on doit remettre ensuite en place. Cette intervention crée une différence dans la densité du sol. L’ajout d’un sondage à l’aide d’un LIDAR permit d’établir une vue en trois dimensions de la fosse. Quant à la présence de balles, de boucles de ceinturons et de baïonnettes, elle peut facilement être confirmée par l’utilisation d’un magnétomètre.
Les sondages géophysiques ont l’avantage de permettre d’explorer de grandes surfaces et d’éviter qu’on détruise le site en creusant le sol.
Les résultats de ces travaux combinés à l’expérience des archéologues confirmèrent la présence des restes des 22 soldats afro-américains à l’endroit étudié. Cela permit d’en faire un lieu de commémoration où 22 stèles furent disposées en mémoire de chacun des morts.
La fosse commune de la seconde bataille
Dans le cas qui nous occupe, la situation est plus complexe. D’abord, malgré les recherches déjà effectuées, nous ignorons l’emplacement du charnier de la seconde bataille et, à ce jour, aucun plan ou carte de l’époque ne permet de le situer. Pourtant, les restes des combattants sont toujours là quelque part.
Notons que les anomalies ou indices les plus probants de la présence possible d’un charnier sont : une dépression au niveau du sol, une flore différente des environs, un amoncellement de pierres pour protéger les corps contre les animaux fouisseurs, ou des modifications dans les couches de sol. Parfois, chez les armées chrétiennes, les sépultures étaient orientées dans l’axe est-ouest.
Actuellement, plusieurs éléments compliquent la tâche des chercheurs : la division des terres, l’accès à certains endroits, plus de trois siècles d’activités agricoles, le fait que les Autochtones auraient récupéré plusieurs éléments métalliques sur les cadavres (boucle de ceinturon, boutons, monnaies, etc.), l’absence d’études plus poussées et surtout l’ignorance totale du ou des lieux exacts des sépultures.
Il faudra bien qu’un jour quelqu’un reprenne le flambeau afin de retrouver le lieu exact des sépultures et ainsi rendre un hommage posthume aux défenseurs de La Prairie comme ce fut le cas dans l’exemple américain cité plus haut.
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[1] Pour en apprendre davantage sur les événements du 11 août 1691, le lecteur est invité à consulter le livre suivant : Bourdages, Joly, Tremblay — 1691 La bataille de La Prairie aux Éditions Histoire Québec.
[2] Pour les détails de la démarche de M. Joly, l’un des 3 auteurs du livre, voir à ce sujet le chapitre « Géographie physique des lieux » dans le livre précité.
[3] Stéphane Tremblay, Au jour le jour, mars 2018.
[4] Ibidem
[5] Ibidem
[6] Rappelons-nous qu’à l’époque les longs fusils ne tirent qu’une balle à la fois et qu’il faut recharger après chaque tir.
La photographie de l’invitation provient du fonds de Mme Lucie Lamarre Doré (P43,S8,P081).
Il s’agit d’un pique-nique des membres de la chorale paroissiale de La Prairie.
AVIS DE RECHERCHE
Un petit jeu pour agrémenter votre sortie.
Lors de l’événement du 4 mai prochain, la SHLM présentera différentes photographies tirées de ses archives. Ces images, montrant diverses personnalités, ne comportent aucun indice permettant d’identifier les personnes.
Aidez-nous à résoudre le mystère et à mettre un nom sur les visages?
C’est peut-être un membre de votre famille ou une connaissance.
On a besoin de vos lumières!
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À titre d’exemple, la photo de l’invitation montre 25 personnes au pique-nique des membres de la chorale paroissiale de La Prairie.
Saurez-vous les reconnaître?
La solution dans le prochain numéro.
Toujours fidèle à sa mission, la SHLM organisera plusieurs activités durant la saison printanière. Voici quelques dates à inscrire à votre calendrier :
15 avril : Conférence à 19 h au Théâtre du Vieux-La Prairie. Madame Nadyne Bédard présente
« Mon arrière-grand-père dans une boîte et une valise ».
4 mai : Brunch offert aux bénévoles et aux membres de la SHLM au centre multifonctionnel Guy-Dupré pour souligner la Semaine nationale de l’action bénévole. Dévoilement du (de la) bénévole de l’année 2024.
20 mai : Conférence à 19 h au Théâtre du Vieux-La Prairie. Madame Suzanne Marchand présente « Partir pour la famille-1900-1950 ».
24 juin : Festivités de la fête nationale de la Saint-Jean-Baptiste dans le Vieux-La Prairie. Le public pourra interagir avec les soldats de la Garnison de Montréal dans le parc du Sentier du Vieux-Fort (soldats des compagnies franches de la Marine-1750). Les locaux de la SHLM seront ouverts et nos guides étudiants offriront trois visites guidées gratuites durant la journée (10 h, 13 h et 15 h).
Au plaisir d’échanger avec vous lors d’une de ces activités.
Bon printemps.
Stéphane Tremblay, Président de la SHLM
Mon arrière-grand-père dans une boîte et une valise
Un jour, Nadyne Bédard a découvert dans les archives du Musée canadien de l’histoire et de l’Université Laval que son arrière-grand-père Philias Bédard, agriculteur très impliqué dans la vie politique et culturelle de Saint-Rémi-de-Napierville, aussi chanteur et conteur, avait collaboré avec l’ethnologue Marius Barbeau et l’archiviste Édouard-Zotique Massicotte dans les années 1920-1940. Il leur a partagé ses chansons et ses contes, contribuant ainsi à un renouveau du folklore de l’époque !
Après des années de dépouillage d’archives et plusieurs rencontres, la conférencière souhaite partager ses découvertes. Elle souhaite ainsi sensibiliser à l’importance du patrimoine familial et collectif.
Cette conférence à saveur ethnologique et historique montre que le croisement des données permet de faire parler le passé…
Diplômée en littérature, en éducation et en ethnologie, sensible aux notions de patrimoine, de mémoire et d’identité, Nadyne Bédard propose avec simplicité, depuis 2005, des contes et des chansons puisés dans le répertoire contemporain et traditionnel, dont celui de son arrière-grand-père, Philias Bédard.
Mardi 15 avril 2025 à 19h
Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
Au jour le jour, mars 2025
Les notaires sont très importants dans la société canadienne-française et leur rôle historique est indéniable, particulièrement dans une société analphabète où le notaire se démarque par sa scolarité. Les nombreux documents qu’ils produisent, tels que contrat de mariage, acte de concession, acte de vente, obligation, engagement, acte de partage, testament, inventaire après décès et donations, ne sont que de nombreux exemples des documents notariés qui témoignent des moments les plus importants dans la vie des Canadiens français, permettant une reconstitution de l’histoire intime, personnelle, familiale, communautaire et sociale.[1]
« Derrière le style cérémonieux et mesuré des notaires canadiens (…), se cache toute la trame des émotions humaines et les valeurs d’une époque. Voyant dans le notaire un consultant sûr et fidèle, les Canadiens se rendaient prendre l’avis du notaire à propos de tout et de rien. Mais le notaire canadien est avant tout le témoin des gestes importants posés par les hommes de ce pays. »[2]
Ces notaires sont des hommes d’affaires, d’administration et de culture. Ils se distinguent par une sorte d’omniprésence dans tous les secteurs socioprofessionnels. En effet, leurs interventions et leur présence se retrouvent sur les plans économique, politique, municipal et culturel. Ils sont donc vus comme des consultants recherchés, voire des mentors éclairés pour toutes les classes sociales. Ils sont des personnages de premier plan dans leur communauté. [3]
Leur rôle en tant qu’agent économique et social se concrétise à partir du XIXe siècle et devient intimement lié à la mise en valeur du territoire et de la communauté dans lequel il évolue. Or, peu de travaux sont faits sur les notaires eux-mêmes, particulièrement les notaires du XXe siècle. Selon Jean L. Laffont et Louis Lavallée, un dénominateur commun transcende l’abondance des travaux basés sur les archives notariales, soit l’occultation systématique du scripteur de ces précieux documents : le notaire. [4]
À La Prairie, plusieurs notaires se démarquent par leur implication sociale, économique et religieuse. Ainsi, cet article se penchera sur la vie d’un notaire important de La Prairie au XXe siècle, soit Paul Boucher. Du fait de ses 46 ans de notariat, son implication à l’administration de la Ville et à la Commission scolaire et dans plusieurs associations, le notaire Boucher se démarque au sein de sa communauté et devient une personne-ressource dans sa ville.
Paul Boucher est né à La Prairie le 26 janvier 1898 du mariage de Jean-Baptiste Boucher, cultivateur, et d’Adélina Brassard. Il fait ses études primaires à La Prairie, pour ensuite étudier au Collège de Longueuil. Il poursuit en études classiques au Collège de Montréal avant de terminer son éducation à l’Université Laval de Montréal (qui deviendra l’Université de Montréal) où il obtient son baccalauréat en droit. Il est par la suite commissionné notaire en juillet 1922.[5] Dès lors, il retourne s’établir à La Prairie. En 1925, il se marie avec Hermeline Zappa, qu’il « installe en reine, maîtresse du foyer » et qui restera toujours sa compagne et sa confidente.[6]
En septembre 1927, à la mort du notaire Joseph Anaclet Sicotte, Boucher se porte acquéreur de son étude, située au 11 rue Saint-Ignace (aujourd’hui le 240 Saint-Ignace). En effet, un avis est publié dans les journaux pour diffuser la nouvelle : le 2 septembre 1927, conformément aux dispositions du code du notariat, il envoie au Lieutenant-Gouverneur en Conseil un avis pour demander le transfert en sa faveur des minutes, répertoire et index du feu J. Anaclet Sicotte. [7] Ainsi, il revient officiellement dans sa ville natale, où il deviendra un personnage central de sa communauté.
Il restera à la même adresse (le 115 chemin de Saint-Jean) durant toute sa carrière et son fils, Jean, reprendra son étude à la même adresse jusqu’à sa mort en 2010. D’ailleurs, c’est sur ce même lot que Guillaume Barette, l’un des premiers notaires de La Prairie exerce ses fonctions, au début du 18e siècle. [8]
En plus d’une pratique intensive du notariat pendant plus de 46 ans, M. Boucher s’intéresse aussi aux mouvements sociaux, économiques et éducationnels de sa région ; il utilise sa formation en droit et notariat pour servir sa communauté. En effet, de 1923 à 1940, il est le secrétaire-trésorier de la paroisse de La Nativité. Il est tour à tour échevin de la municipalité et greffier des Syndics de la Commune de Laprairie. [9]
La Commission scolaire fait aussi appel à ses services pour être commissaire et il en occupa même la présidence pendant 15 ans. Il quitte ce rôle « par amour des citoyens ». Dans son éloge, on ajoute même que c’est une preuve de « vrai civisme », car il sacrifie ses intérêts pour ceux du public. Il est donc très respecté dans sa ville et a son métier à cœur. [10]
Non seulement il s’implique auprès de la Commission scolaire, mais il aide à l’élaboration et à l’exécution du programme de construction de l’école secondaire. Son engagement est souligné lors d’un éloge : « Vous avez mis le bien général, le bien des enfants de La Prairie, la question de l’éducation au-dessus des intérêts des particuliers, des intérêts des parties, des intérêts de groupes […] Seuls les vrais citoyens peuvent agir avec cet esprit civique. » [11]
L’implication dans la vie civile et scolaire était coutume pour les notaires. En effet, ceux-ci ont participé à la naissance et au développement du système scolaire québécois laïque en militant pour son importance. Personnages de premier plan dans les paroisses et les villes, les notaires refusent à l’Église la responsabilité dans l’administration scolaire et s’immisceront à titre de syndics dans la gestion des écoles, et ce, depuis le milieu des années 1820.[12] Ainsi, M. Boucher n’est pas si différent des autres notaires, qui jouissent de ces importantes responsabilités sociales.
Non seulement le notaire Boucher s’implique dans la vie politique locale, mais il participe au bon fonctionnement de la politique fédérale et provinciale. En effet, à plusieurs reprises, il est officier réviseur et officier rapporteur pour le comté de Napierville-Laprairie. [13] Ces officiers sont nommés par la couronne et, après avoir prêté serment, ils sont responsables des listes électorales. Ce sont souvent des notaires qui sont nommés à ce titre, en raison de leur statut social et du fait qu’ils doivent souvent se promener de paroisse en paroisse pour ériger la liste. À l’approche des élections, des listes de vérificateurs se retrouvent dans divers journaux pour que les gens puissent s’y référer. Ainsi, être choisi pour ce poste était souvent un honneur. [14]
Paul Boucher affirme qu’il s’est toujours occupé d’affaires publiques comme un citoyen uniquement. [15]
Comme plusieurs autres notaires, il s’intéresse aussi au monde des affaires. Il s’implique dans plusieurs compagnies, telles que la Briqueterie Saint-Laurent et la société d’engrais chimiques William Houde ltée, dont il sera le vice-président.[16]
L’influence et le prestige social de M. Boucher rayonnent aussi dans d’autres sphères, dont la vie publique. En raison de ses dons généreux et répétés à l’Hôpital Notre-Dame, il est nommé gouverneur à vie de l’institution. Il s’implique aussi dans plusieurs associations et clubs de la région, notamment le Club de Saint-Denis de Montréal, le Club du Lac d’Argent et le Club Lemoyne.
Le Club Saint-Denis, fondé en 1874, est réservé normalement à l’élite d’affaires francophone, tout en considérant le prestige social.[17] Le Club Lemoyne, quant à lui, regroupe l’élite commerciale de Longueuil et des environs.[18] Finalement, le Club du Lac d’Argent est l’un des clubs de chasse et de pêche les plus prestigieux de la province.[19] Ainsi, ces groupes lui permettent de s’immiscer dans la vie économique et sociale des grands hommes d’affaires de la province, de développer et d’alimenter son réseau social et d’affaires.
De plus, Boucher s’implique aussi pour mettre en valeur sa profession. Il jouera un rôle de plus en plus important lors des réunions annuelles du notariat de la province et s’implique dans son développement. Il effectuera un voyage jusqu’à Rome pour représenter le notariat canadien au plus grand congrès des notaires en 1958.[20] Plus de 1500 congressistes étaient présents, venant de 24 pays, principalement de l’Europe et de l’Amérique. [21]
À la suite d’une courte maladie, Paul Boucher décède le 11 septembre 1968, à l’âge de 70 ans, laissant dans le deuil sa femme et ses deux enfants, Louise et Jean. [22]
Paul Boucher était un homme très respecté par sa communauté. Lors d’un éloge, on souligne que sa carrière a « quelque chose d’étonnant par certains côtés, mais admirable dans l’ensemble ». On ajoute que sa réputation dépasse de beaucoup La Prairie, comme nous avons pu le constater.[23] Et sa communauté reconnaît tous ses accomplissements et investissements : « La grande joie de La Prairie, la grande joie de ceux qui vous fêtent aujourd’hui, monsieur le notaire, c’est d’être convaincus que dans cette élite, vous faites figure de champion. »[24]
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[1] Hélène Lafortune et Normand Robert, Le notaire et la vie quotidienne des origines à 1870, ministère des Affaires culturelles, Québec, 1986, p. 68.
[2] H. Lafortune et N. Robert, Le notaire et la vie quotidienne…, op.cit., p. 16.
[3] Hélène Lafortune et Normand Robert, Le notaire, instrument de dynamisme et de culture de la société québécoise, Société de recherche historique Archiv-Histo Inc., Montréal, 1997, pp. 7-8.
[4] Louis Lavallée, « La vie et la pratique d’un notaire rural sous le régime français : le cas de Guillaume Barette, notaire à La Prairie entre 1709-1744 », Revue d’histoire de l’Amérique française, volume 47, numéro 4, 1994, p. 500. ;
Jean-Luc Lafont, Notaires, notariat et société sous l’Ancien Régime : Actes du colloque de Toulouse, 15 et 16 décembre 1989, Presse universitaire du Mirail, Toulouse, 1990, pp. 13-14.
[5] [Auteur inconnu], « In memoriam », volume 71, numéro 4, novembre 1968, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Ernest Rochette, P57, S10.
[Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse, 12 septembre 1968, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.74.
[6] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher », [1960], Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Ernest Rochette, P57, S10.
[7] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse…, p.74. ;
[Auteur inconnu], « Minutes de notaires », La Gazette officielle du Québec, samedi le 17 septembre 1927, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.2862.
[8] Michel Aubin, Inventaire des actes notariés du village de Laprairie 1670-1860, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, 1977.
[9] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse…, p.74.
[10] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher ».
[11] Ibid.
[12] H. Lafortune et N. Robert, Le notaire, instrument de dynamisme…, op.cit., p.61
[13] [Auteur inconnu], « In memoriam », volume 71, numéro 4, novembre 1968, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Ernest Rochette, P57, S10.
[14] [Auteur inconnu], « Correspondance d’Ottawa », Le Courrier de St-Hyacinthe, mardi le 29 janvier 1884, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.1. ;
[Auteur inconnu], « Les réviseurs », Le Courrier de St-Hyacinthe, jeudi le 6 septembre 1894, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.1.
[15] Raphaël Ouimet, Biographies canadiennes-françaises, quatorzième édition, [Éditeur inconnu], Montréal, 1942, p.184.
[16] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse…, p.74. ;
[Auteur inconnu], « In memoriam ».
[17] Radio Canada, « La fin d’une époque », Ici Radio Canada, 17 juillet 2009. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/441478/club-st-denis, (consulté le 30 juillet 2024).
[18] Michel Pratte. Dictionnaire historique de Longueuil, de Jacques-Cartier et de Montréal-Sud. Société historique du Marigot, 1995 p. 112-113
[19]Le Club d’Argent, « Site », Site internet du Club d’Argent, 2020, https://fr.clubdulacdargent.com/ (consulté le 30 juillet 2024).
[20] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher »,…
[21] [Auteur inconnu], « Le Ve congrès international du notariat latin », Annales du notariat et de l’enregistrement, 19 mai 1958, Bibliothèque de l’Université KU Leuven [en ligne], p. 225-252.
[22] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse,… p.74.
[23] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher »
[24] Ibid.
André Marsil dit Lespagnol (1642-1725), Marie Lefebvre (vers 1650-vers 1704) et leurs enfants: les ancêtres des Marcil et Mercille d’Amérique
/ Association des Descendants d’André Marcil
Éditeur : Association des descendants d’André Marsil, Saint-Hyacinthe
2024
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Les artisans traditionnels de l’est du Québec
/ Genest, Bernard
Éditeur : Québec; Direction générale du patrimoine, Centre de documentation
1979
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Historique de la brasserie Dow, 1790-1955
Éditeur : Montréal, Brasserie Dow
1955
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Dictionnaire généalogique des familles de Saint-Constant
/ Paquette, Pierre
Éditeur : Saint-Constant, Pierre Paquette
2024
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Centenaire de St-Magloire, 1872-1972
/ Comité exécutif du centenaire
Éditeur : s.n., s.l., Imprimerie Dorchester, Lac-Etchemin
1972
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La famille parisienne et varennoise de Jacques L’huissier / Lussier
/ Tétreault, Josée et Lussier, Marcel
Éditeur : Montréal, Éditions Histoire Québec
2024
L’édition 2025 de la Semaine de l’action bénévole au Québec aura lieu entre le 27 avril et le 3 mai prochains et aura pour thème « En route vers le bénévolat ! ».
La SHLM profitera de cette semaine thématique pour souligner l’implication et le travail de ses membres et bénévoles lors d’un déjeuner qui se déroulera au Centre multifonctionnel Guy-Dupré, situé au 500 rue Saint-Laurent, le dimanche 4 mai prochain. Le nom du (ou de la) bénévole de la SHLM pour l’année 2024 sera dévoilé durant cet événement.
En terminant, nous vous rappelons qu’il n’est toujours pas trop tard pour devenir membre de la SHLM afin de pouvoir assister à notre assemblée générale annuelle qui se tiendra à 19 h le mardi 18 mars prochain au théâtre du Vieux-La Prairie (247, rue Sainte-Marie).
Bon printemps à toutes et à tous !
Stéphane Tremblay
Président de la SHLM
Charnier et mausolée, deuil et mode féminine, crémation, exhumation et autres sujets tout aussi joyeux ! (2e partie)
Denyse Beaugrand-Champagne est une passionnée des cimetières. Elle y étudie l’organisation des lieux, les divisions par groupe ethnique ou par occupation; la forme des pierres tombales, les patronymes; tout la fascine : le charnier, la fosse commune, la mode féminine du deuil, les exhumations, et bien d’autres choses.
Que reste-t-il de la vie d’une personne, de sa carrière : une croix de bois, une peluche, un mausolée, ou un simple patronyme et quelques dates …
Cette présentation fait suite à « Corbillard, croquemort et funérailles, vol de dépouilles et quoi encore? » présentée en février 2024.
Denyse Beaugrand-Champagne est historienne de formation et a été archiviste à BAnQ. Membre de l’équipe ProGenealogists chez Ancestry, elle travaille aussi comme généalogiste professionnelle pour des firmes d’avocats à l’international et pour les curatelles publiques.
Son expertise en recherche est aussi reconnue à la télévision dans Qui êtes-vous?; Le Dernier soir; Deuxième Chance, etc.
Récemment, elle a conduit des recherches sur les ancêtres de François Morency pour l’émission Discussions avec mes parents, ainsi que sur la lignée matrilinéaire de Dominique Michel et des ancêtres esclaves de la chanteuse Kim Richardson, présentée lors de l’émission En direct de l’univers.
Mardi 11 mars 2025 à 19h
Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
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