Au jour le jour, avril 2013
En 1971, une maison des jeunes à l’académie Saint-Joseph
Durant l’été 1971, les étudiants employés pour l’organisation des terrains de jeu de la Ville de La Prairie transforment le rez-de-chaussée de l’ancienne académie Saint-Joseph en maison des jeunes. Une entente entre la Commission scolaire, la Ville et des clubs sociaux permet l’utilisation de ce local situé à l’angle de la rue Saint-Ignace et du chemin de Saint-Jean. Qu’en était-il de cet édifice ? « En 1872, les Clercs de Saint-Viateur déménagent dans leur nouvel établissement (qui deviendra plus tard l’Académie Saint-Joseph) qui est construit sur les fondations de la maison d’Edmée Henry, administrateur des biens des Jésuites ». Puis, « les Frères de l’Instruction chrétienne, deux ans après leur arrivée au Canada, prennent la relève. […] L’académie est agrandie en 1911-1912. Le bâtiment est utilisé à des fins pédagogiques jusqu’en 1954. Inoccupé et abandonné pendant un certain temps, il est incendié le 3 janvier 1978 ».
Toutefois, avant de disparaître, l’Académie aura regroupé, quelques soirs par semaine, le temps d’un été, des jeunes, filles et garçons, autour de cafés, de boissons non alcoolisées, de tables de jeu (rien à voir avec un casino), d’un tourne-disques ainsi que différents invités pour des échanges sur des thèmes choisis par les jeunes eux-mêmes. C’est de cette expérience que germe l’idée d’un endroit où se retrouveraient des gens de tous âges. Mais l’exigüité du bâtiment de l’Académie ne permet pas la concrétisation de ce rêve. Il existe cependant un ancien couvent, voisin de l’église de la Nativité…
Le programme Perspectives-Jeunesse
À l’été 1971, le gouvernement canadien avait lancé le programme Perspectives-Jeunesse (PJ) géré par le Secrétariat d’État. « L’objectif du programme était de solliciter les étudiants à faire preuve de créativité en leur offrant du financement afin qu’ils puissent créer et gérer leur propre emploi. De plus, ces emplois devaient entraîner des répercussions positives pour le milieu. (…) Les buts visés par le Programme PJ étaient [entre autres] les suivants : offrir des emplois d’été à des étudiants en éliminant toute compétition entre les étudiants et la main-d’oeuvre permanente ; créer des emplois apportant une contribution au milieu et étant mis en place et gérés par les étudiants participants… ».
À la fin de l’hiver 1971 – 1972, le temps presse pour soumettre un projet qui puisse se réaliser l’été suivant dans le cadre du programme Perspectives- Jeunesse. En moins de trois jours, date limite oblige, des étudiants rédigent un projet par lequel l’ancien couvent deviendrait La Maison à tout le monde. La Ville de La Prairie et des clubs sociaux écrivent des lettres d’appui et s’engagent à soutenir ce projet, ce qu’ils feront d’ailleurs vigoureusement avec l’aide de leurs services ou de leurs membres. Le Service régional des loisirs de la Rive-Sud métropolitaine est consulté ; les députés provincial et fédéral sont sensibilisés.
Les couvents dans le Vieux-La Prairie
Rappelons un peu d’histoire sur les couvents qui ont été érigés depuis plus de 300 ans dans le Vieux-La Prairie. « Le premier couvent construit en bois en 1697 est destiné aux religieuses de la Congrégation de Notre-Dame ». « En 1718, elles bâtirent un second couvent dont une partie se voyait encore en 1863 ». « Un troisième couvent est construit en 1815. En 1867, un quatrième couvent en pierre et brique remplace le précédent. Suite à l’incendie du 27 juillet 1901, un cinquième couvent est érigé sur les fondations du précédent. C’est ce couvent qui sert aujourd’hui de centre communautaire « La Maison à tout le monde ». Les religieuses de la Congrégation demeurent à La Prairie jusqu’en 1972 ». C’est donc en 1972 que la Ville de La Prairie se porte acquéreur de ce qu’il convient dorénavant d’appeler « l’ancien couvent ». Voilà un lieu où l’espace ne manque pas. Reste à lui trouver une vocation de départ et un peu de financement.
Au printemps 1972, approbation du projet La Maison à tout le monde
Dans l’édition du 31 mai 1972 de l’hebdomadaire régional L’Éveil, le titre coiffant un article de la page 2 se lit comme suit : Le couvent de La Prairie devient Maison-à-tout faire (sic). Le texte débute ainsi : « Voilà environ deux semaines, nous recevions, en provenance d’Ottawa, une lettre nous informant que le projet intitulé “La Maison à tout le monde” et soumis au gouvernement fédéral dans le cadre du programme Perspectives-Jeunesse était approuvé et recevait par le fait même les crédits demandés. Quel ne fut pas notre réconfort à la pensée de savoir que la population, grâce au travail de 12 étudiants, bénéficierait enfin de loisirs vraiment organisés sur une base communautaire et davantage accessibles à tous ».
Et l’article de poursuivre : « Établie à La Prairie, au 135, Chemin St-Jean, soit dans les locaux de l’ancien couvent de la Congrégation Notre-Dame, la “Maison” sera restaurée et aménagée de façon à constituer un cadre attrayant pour tous ceux qui voudront venir s’y divertir ou participer à une activité (…). Plusieurs organismes de tous genres et répondant à toutes les espèces d’aspirations ont déjà souscrit d’emblée à l’idée maîtresse sous-tendant l’établissement de “La Maison à tout le Monde”. La mise sur pied d’un véritable centre communautaire devient en effet de plus en plus pressante et les possibilités sérieuses qu’elle laisse entrevoir quant à la création prochaine de structures stables, continues et solides ne peuvent qu’accentuer la qualité des services offerts à la population qui, en définitive, verra s’accroître son bien-être, sa joie de vivre et ses loisirs. »
Lors de l’ouverture officielle de La Maison à tout le monde, à l’été 1972, le concierge, M. Portugais, a coupé le ruban en présence de dignitaires, de citoyens, de représentants d’organismes et des 12 étudiants (à gauche en commençant par le bas, Richard Parenteau, Diane Dubé, Antonio Pinho, Lucie Gatien, Réjean St-Onge et Jorge Pinho ; à droite, de bas en haut, Alain Pomminville, Marie-Thérèse Lussier, Marcelle Desbiens, Monique Favreau, Louis Lemay et Louis Bernier).
La Maison à tout le monde, située au 135, chemin de Saint-Jean, près de la rue Sainte-Marie, est attenante à l’église de la Nativité, dans le Vieux-La Prairie.
À l’été 1972, ouverture de La Maison à tout le monde
Le groupe des 12 étudiants se forme graduellement, la plupart d’entre eux s’intéressant au projet avant même son acceptation par le Secrétariat d’État. Avec le temps, on oublie parfois celles et ceux qui ont consacré leur été 1972 à apporter les premières transformations à l’ancien couvent. Les voici, par ordre alphabétique : Louis Bernier, Marcelle Desbiens, Diane Dubé, Monique Favreau, Lucie Gatien, Louis Lemay, Marie-Thérèse Lussier, Richard Parenteau, Antonio Pinho, Jorge Pinho, Alain Pomminville et Réjean St-Onge.
Sur les quatre étages de l’ancien couvent, les étudiants s’attardent davantage au deuxième, auquel donne accès l’entrée principale sise sur le chemin de Saint-Jean. La structure est suffisamment solide. Cependant, les couleurs ne correspondent pas au goût du jour. On applique donc de la peinture sur les murs, à commencer par ceux du hall d’entrée. On convertit aussi une pièce sur la gauche en salle de détente et en café. Des tables et des petits bancs, fabriqués alors, existent encore aujourd’hui à l’étage de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, un organisme qui voit le jour en 1972. Donnant sur le corridor à gauche, une salle sert d’abord aux amateurs d’échecs ; une autre est emménagée en bureau. La grande salle, baptisée quelques années plus tard la « salle des miroirs », est plus propice à la tenue de réunions, à des cours de peinture, voire de danse.
Là où l’ancien couvent cède véritablement le pas à La Maison à tout le monde, c’est lorsque la chapelle, aux murs bleu poudre, située à la droite de l’entrée principale, devient une discothèque, aux murs bleu marine avec des colonnes orange, et que le confessionnal disparaît. Le concierge, auparavant à l’emploi de la Congrégation de Notre-Dame et maintenant payé par la Ville de La Prairie, en croit à peine ses yeux. Néanmoins, ce beau personnage, M. Portugais, accepte en cours d’été l’invitation des étudiants à couper le ruban marquant l’ouverture officielle de La Maison à tout le monde.
Après la sensibilisation des décideurs et de la population, les coups de marteau et de pinceaux, puis les activités de loisirs organisées pour des gens de tous âges, les 12 étudiants ont laissé à la communauté de La Prairie un héritage qui a accueilli, en plus de 40 ans, non seulement des milliers de personnes, mais aussi quantité d’organismes qui ont profité des espaces et de l’esprit de La Maison à tout le monde
Dans une lettre adressée à l’évêque de Québec datée du 27 avril 1813, le curé de La Prairie, Jean-Baptiste Boucher, décrit ainsi le costume des miliciens.
« Nos Miliciens ont reçu, un accoutrement nouveau. je les ai sous les yeux, la garde se montant en ce moment – devant la porte de l’Église. ils ont un gilet d’un brun léger (olive), qui par derrière se termine en pointe ; le collet et les bottes sont de drap rouge ; leurs pantalons sont d’un bleu tirant sur le violet ; ils ont un chapeau sans bord qui doit être relevé d’une aigrette rouge et blanche, et qui est en outre orné dune fi gure de corne à poudre ou de cor de chasse. Le Bataillon, comme le Jousslin de Popel a fait encore l’acquisition d’un Bugle dans lequel personne ne sait souffl er. »
N.B. le chapeau sans bord est un shako.
Inévitablement, la guerre fait son lot de victimes et ils ne meurent tous pas sur le champ de bataille. Durant la guerre de 1812, plusieurs déserteurs seront fusillés ou pendus dans la commune de La Prairie, près des casernes nouvellement construites. Dans une lettre datée du 8 mai 1813, le curé Boucher cite le cas d’un lieutenant qui s’est suicidé :
« […] Un pauvre Lieutenant des Voltigeurs, à l’heure de la seconde parade s’est tiré dans l’oreille avec un petit pistolet, sur son lit, et il est mort quelques minutes après, sur le rapport des témoins, les jurés ont pu donner pour verdict insanity. […] »
Chers membres,
Un petit rappel : avez-vous noté à votre agenda notre vente de livres usagés ?
Pour vous seulement, nos portes seront ouvertes le jeudi 2 mai de 16 h à 19 h. Un léger goûter vous sera servi. La vente se poursuivra le vendredi 3 mai de 9 h à 19 h puis le samedi 4 mai et dimanche 5 mai de 9 h à 17 h. Ambiance chaleureuse, service courtois, livres de toutes catégories, prix plus qu’abordables, voilà ce qui ce qui vous attend.
Faites-nous le plaisir de confirmer votre présence auprès de notre coordonnatrice :
Marie-Hélène Bourdeau au 450-659-1393.
Éditeur
Société d’histoire de
La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN 1499-7312
COLLABORATEURS :
Coordination
Gaétan Bourdages
Rédaction
Gaétan Bourdages
Jorge Pinho
Révision
Robert Mailhot
Design graphique
François-B. Tremblay
www.bonmelon.com
Impression
SHLM
Siège social
249, rue Sainte-Marie
La Prairie (Québec), J5R 1G1
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Site Web
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Les auteurs assument l’entière responsabilité de leurs articles.
Desjardins Caisse La Prairie commandite l’impression du bulletin Au jour le jour.
Mme Chevrier dresse un portrait fort bien documenté sur les accoucheuses du régime français à Chambly et à La Prairie. Agrémentée d’illustrations fort originales, cette causerie, sur un sujet d’histoire trop peu connu (les sages-femmes et la naissance), mérite d’être écoutée.
Entrée gratuite pour les membres, 3 $ pour les non-membres.
Au jour le jour, mars 2013
Suite à l’invasion américaine de 1812, on voit s’installer une importante garnison militaire à La Prairie. Cette présence de soldats et de marchands anglais modifie, pendant plusieurs décennies, le visage linguistique de la municipalité. Après le retrait des troupes vers le milieu du 19e siècle, on assiste à un éveil de l’élite francophone. La bourgeoisie francophone s’affiche alors dans des postes de premier plan qui auront un impact majeur sur l’avenir de la petite collectivité. Cette fébrilité se reflète dans la mise sur pied de diverses associations comme la Société Littéraire, en 1853, et, plus tard, le Cercle de Laprairie.
Le 2 avril 1872, un groupe de vingt-cinq hommes désireux de créer une nouvelle société sous le nom de « Cercle de Laprairie » établissent un contrat devant maître J.L. Coutlé, notaire. Il s’agit de :
– Camille Lacombe, écuyer, marchand
– Pierre-Edmond Brossard, écuyer, médecin
– Julien Brosseau, commerçant
– Adolphe Beauvais, écuyer, notaire
– Hypolite-Alphonse Hébert, capitaine de bateau à vapeur
– Pierre Fortin, écuyer, médecin,
– Moïse Brossard, bourgeois
– Andrew Esinhart, écuyer, marchand
– Joseph-Amable Hébert, commerçant
– James F. Dunn, gentilhomme
– Louis Normandin, marchand
– Paul-Hormidas Tremblay, commerçant
– Médard Demers, capitaine de bateau à vapeur
– Léon-Benoit-Alfred Charlebois, commis marchand
– Ambroise Hébert, boulanger
– Louis-Cyrille Duquette, bourgeois
– François-Xavier Lefebvre, fils, marchand
– Julien Brossard, bourgeois
– Siméon-Abraham Longtin, écuyer, médecin, tous du village de Laprairie
– James Madconald, écuyer, bourgeois, de la ville de Saint-Jean
– Tancrède Sauvageau
– Ernest Varin, commis de banque
– Gédéon Bourdeau, comptable
– Henri Duclos, gentilhomme
– Jean-Baptiste Bourassa, boucher, ces cinq derniers de la cité de Montréal
L’objectif de la Société était « la récréation de l’esprit et le délassement pour le corps ». Avec un capital de départ de 1 000 piastres, constitué de 100 parts sociales de 10 piastres chacune, Camille Lacombe, Pierre-Edmond Brossard, Julien Brosseau, Hypolite-Alphonse Hébert et Louis Normandin furent nommés les premiers administrateurs avec l’obligation de demander l’émission des lettres patentes et de parvenir à l’incorporation de la Société.
Les membres du nouveau Cercle de Laprairie n’ont pas cherché bien loin en adoptant comme emblème un écusson portant la devise latine : « Deus Nobis Haec Otia Fecit », surmontée d’un castor posé sur une branche d’érable. Sous la devise, on peut voir une table de billard et le nom : « Cercle de Laprairie ». La devise est tirée de Virgile et signifie « Dieu nous a donné ces moments de calme ». Cette devise est aussi celle de la ville de Liverpool et elle apparaît également sur le sceau officiel de l’état américain de Georgie.
Lors de la première réunion du Cercle tenue le 4 avril, le Dr Brossard fut nommé président, M. Lacombe vice-président, M. Brosseau trésorier, M. Normandin secrétaire et le capitaine Hébert commissaire et donateur.
Le 18 avril 1872, les administrateurs acquirent au coût de 600 $, auprès de Louis-Xavier Leduc, menuisier, un emplacement situé au 119 de la rue Saint-Jacques dans le village de La Prairie. L’endroit correspond à l’actuel 217 rue Saint-Jacques. Afin de veiller à l’entretien de la bâtisse, le Cercle employait un gérant, ou gardien, et des domestiques. Le gérant y habitait et était responsable, en plus de l’entretien, de percevoir les recettes des jeux et des consommations. Il était aussi chargé d’effectuer les achats et de diriger les domestiques. Narcisse Martin en fut lepremier gardien après avoir signé un contrat d’un an. Il payait 5 piastres de loyer par mois pour les six premiers mois, et 7 piastres par mois pour les six derniers. Par la suite, les gardiens furent Alexandre Demers, en 1882, Alphonse Thomas de 1883 à 1894 et Georges Marion de 1897 à 1898. Nous ignorons qui occupa le poste de 1894 à 1897.
L’ambition avouée du Cercle était l’épanouissement social et littéraire de ses membres; toute discussion politique ou religieuse y était strictement prohibée. On y jouait au billard ou aux cartes. Une bibliothèque était à la disposition des membres alors que la buvette était à l’usage exclusif des directeurs et du secrétaire-trésorier. Pourquoi une bibliothèque alors que la Société littéraire en possédait déjà une à quelques enjambées de là ? Surtout que ce boys club, semblait préférer des activités à caractère plus ludique qu’intellectuel.
Le Cercle était ouvert tous les jours de 11 heures à minuit et quart, excepté les samedis et les veilles de fête alors que les lumières étaient éteintes une heure plus tard. Les jeux y étaient interdits pendant les offices religieux des dimanches et lors des fêtes d’obligation. Une partie de billard à deux ou à quatre coûtait 10 centins ; une partie à trois coûtait 15 centins et il était défendu de miser de l’argent sur les parties de billard. Aux cartes, les jeux où l’on misait de l’argent étaient permis jusqu’à concurrence de 50 centins et chaque joueur payait 25 centins par séance. Si l’enjeu n’excédait pas 10 centins, les joueurs payaient 10 centins la séance.
À l’image des clubs londoniens à la mode à l’époque victorienne, la sélection des nouveaux membres répondait à des règles très strictes. Tout homme aspirant à devenir membre du Cercle devait satisfaire aux conditions suivantes : avoir 21 ans résolus, détenir trois parts dans le fonds-capital du Cercle, être présenté par deux membres actionnaires et réunir en sa faveur au-delà des 4/5 des votes exprimés par scrutin secret.
Compte tenu de la mentalité de l’époque, il n’est pas étonnant de constater qu’on n’ait pas cru utile de préciser dans les règlements que seuls les hommes y étaient admis. Les prêtres de La Prairie avaient accès aux salles du Cercle et jouissaient de tous les privilèges accordés aux membres, sans devoir payer la souscription annuelle. Ces avantages en faveur des ecclésiastiques assuraient au Cercle une caution morale indispensable à l’époque à la survie de toute organisation de ce genre.
Le Cercle était dirigé par un Bureau de Direction formé de cinq directeurs qui nommaient un comité mensuel, formé de deux membres actionnaires. Ce comité était chargé de l’observation du décorum et de la bienséance dans les salles du Cercle ainsi qu’à l’extérieur du Cercle. Puisque le Cercle de Laprairie représentait l’élite intellectuelle et sociale, les membres n’avaient d’autre choix que de bien se comporter en tout temps et en tout lieu. Si une plainte était déposée, le membre fautif était réprimandé. Suite à une deuxième plainte, un avis de censure était affiché dans la salle principale du Cercle et, sur réception d’une troisième plainte, on exigeait du membre qu’il remette sa démission dans les trente jours. S’il refusait de se retirer de lui-même, il se voyait expulsé à vie.
Le secrétaire-trésorier tenait des comptes réguliers des sommes gagnées et perdues aux cartes ainsi que des revenus et dépenses du Cercle. En 1884, la table de billard a été vendue à la Société littéraire pour un montant de 75 $. On la remplaça par une nouvelle table achetée avec un budget initial de 175 $ mais qui a, par la suite, été augmenté à 250 $. En 1893, les recettes du Cercle s’établissaient à 411,09 $ avec des dépenses de 362,50 $. L’organisme possédait un actif de 1 233,12 $, une somme considérable pour l’époque.
En 1891, les directeurs et les membres actionnaires du Cercle ont présenté tardivement une demande de constitution civile auprès des autorités, requête dans laquelle on peut lire que les membres fondateurs n’avaient pas rempli leur obligation de faire les démarches pour obtenir l’incorporation de l’organisme tel qu’ils s’y étaient engagés en 1872.
Le dernier procès-verbal conservé dans le fonds Élisée-Choquet date du 9 juillet 1896. En février du mois précédent, un contrat avait été signé avec le gardien pour les années 1897 et 1898. Pour des raisons inconnues, le Cercle a probablement cessé ses activités peu après. Le 14 septembre 1900, un liquidateur procéda à une reddition des comptes et le Cercle fut dissout. On remit à chaque membre 11,35 $ pour chaque action de 30 $.
UN ACCIDENT DE VOITURE
Durant les mois d’hiver, le pont de glace était l’unique moyen de se rendre à Montréal. Des individus étaient autorisés à y tenir des cabanes dans lesquelles on vendait des boissons alcooliques. L’ivresse de certains charretiers était parfois la cause d’accidents.
Vendredi le 25 du courant vers les 8 heures du soir, comme Mr. J. M. Raymond qui s’en retournait de Montréal à Laprairie était entré dans une cabane sur la traverse pour parler à quelqu’un à qui il avait affaire, un homme pris de boisson et partant de la cabane donna un coup de fouet à son cheval. Le cheval de Mr. Raymond qui en était tout près, partit à l’épouvante, et, après avoir fait plusieurs détours sur la glace, se précipita dans une mare qui est à quelque distance de la Pointe St. Charles.
La Minerve, janvier 1828
TUÉ PAR LA FOUDRE
Mardi dernier entre trois et quatre heures de l’après-midi, le tonnerre tomba dans la cheminée d’une maison qui était occupée par un nommé Pigeon, Ferblantier, au Village de Laprairie. Un petit garçon d’environ 3 ans qui était assis au coin de la cheminée tomba mort; on ne put y découvrir aucune blessure. Il parait qu’étant à la proximité d’où le tonnerre a fait son chemin, il fut étouffé par l’air, quelques moments après le coup ses lèvres et son estomac devinrent extrêmement noirs.
La Minerve, juin 1828
MILICIENS RÉCALCITRANTS
Il s’est tenu à Laprairie Samedi dernier une Cour Martiale présidée par le Lt. Col. Metzler et le Major Barbeau, aux fi ns de procéder à la poursuite de 27 miliciens de la Paroisse de St. Constant, qui avaient refusé d’assister aux parades, sous les ordres d’un certain Capitaine. Huit ou dix nous dit on ont été condamnés à deux piastres d’amende et un d’entre-eux à dix piastres.
La Minerve, le 18 août 1828
FAUSSE MONNAIE
Alexis et Joseph Moquin ont été conduits à la prison de Montréal sous accusation d’avoir passé de la fosse argent.
Extrait des procès-verbaux du premier conseil municipal de La Prairie, juillet 1846.
Vous avez soif d’aventures et d’évasion, besoin de nourrir votre âme ou d’alimenter votre esprit curieux ? Vous trouverez sous notre toit tout ce qu’il faut pour satisfaire les appétits de lecture les plus voraces. Nous avons pour vous une vaste sélection de volumes, présentés sous différents formats et à des prix convenant à tous les budgets. Votre carte de membre vous donne le privilège d’être les premiers à fouler nos allées pour dénicher des produits de qualité tout en réalisant des aubaines incroyables.
Apportez vos sacs réutilisables et venez faire grande provision de lecture pour vos prochaines vacances.
Nous avons décidé cette année de DEVANCER notre vente de livres usagés. Nous vous attendons nombreux pour notre prévente, le jeudi 2 mai de 16 h 00 à 19 h 00.
Veuillez confirmer votre présence auprès de notre coordonnatrice Marie-Hélène Bourdeau au 450-659-1393
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Société d’histoire de
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Au jour le jour, février 2013
Cottage de type Regency qui était situé à l'angle sud-est des rues Notre-Dame et Saint-Georges. Démoli en décembre 1986.
Le 24 janvier dernier nous étions présents au forum des intervenants dans le cadre de la planification stratégique en développement durable. Cette journée de consultation, à laquelle participaient plus de soixante-dix personnes, était organisée conjointement par la ville de La Prairie et le Technocentre en écologie industrielle.
Notre contribution consistait à présenter notre point de vue sur l’état actuel et sur l’avenir du patrimoine de La Prairie, compte tenu de la définition élargie du patrimoine contenue dans la nouvelle loi sur le patrimoine.
Au nom de la SHLM, nous avons insisté sur les éléments suivants :
Reste à espérer que notre intervention ainsi que les souhaits des autres intervenants se traduisent en gestes concrets et durables.
Au tournant des années 1920, les briqueteries de La Prairie et les autres manufactures (chaussure, textile, machinerie agricole, etc.) emploient de nombreux ouvriers. Malgré l’apparition récente des syndicats, leurs conditions de travail demeurent difficiles. Au lendemain de la Grande Guerre et de la pandémie de grippe espagnole de 1918, les médecins devaient encore se battre avec les administrations municipales afin de convaincre celles-ci de l’importance cruciale de l’hygiène pour la santé de la population. À La Prairie le docteur Thomas-Auguste Brisson était chargé de veiller aux bonnes règles de l’hygiène publique.
Les logements ouvriers étaient souvent dépourvus de salles de bain, beaucoup de logements mal chauffés, mal aérés n’avaient ni eau courante ni cabinet de toilette intérieure. Les conditions d’hygiène étaient insuffisantes et les épidémies nombreuses.
À preuve : Le secrétaire-trésorier est autorisé à aviser messieurs Romulus et Joseph Deneault qu’à la demande du Bureau d’Hygiène, le Conseil se voit dans l’obligation de les aviser d’avoir à faire immédiatement les améliorations qui s’imposent dans leur immeuble, ainsi qu’à y installer des cabinets d’aisance pour chaque famille habitant le dit immeuble.Procès-verbal du conseil municipal, réunion du 19 octobre 1942.
Les promoteurs privés de l’époque trouvèrent donc rentable de répondre à la forte demande des ménages moins fortunés en construisant des immeubles dont les loyers, quoique peu coûteux, constituaient cependant une amélioration notable par rapport aux conditions de logement antérieures. Une partie de la classe ouvrière allait enfin pouvoir goûter aux petites commodités d’un chez-soi convenable.
C’est dans ce contexte qu’en juin 1922 le Conseil municipal de La Prairie reçoit une lettre de la Compagnie Métropolitaine de Maisons Limitée qui affirme être disposée à construire des maisons, en vertu de la Loi des Logements, du moment que la Corporation (c’est-à-dire la ville de La Prairie) se prévaudra des avantages de cette Loi pour lui assurer les fonds provenant de cet emprunt (loi 4, George V, ch. 47 et loi 9, George V, ch. 10). Les actionnaires de la Compagnie Métropolitaine étaient commerçant, architecte, entrepreneur, avocat, comptable et publiciste, habitant tous la ville de Montréal.
Sans acquiescer immédiatement à la demande de l’entreprise concernée, le Conseil soumet sans délai au Premier Ministre de la province une requête afin d’obtenir une subvention de 150 000 $ devant servir à la construction de logements ouvriers.
En octobre de la même année, le ministre des Affaires municipales accorde la somme de 50 000 $ à la Ville et la Compagnie Métropolitaine soumet aussitôt sa demande pour l’obtention d’un prêt de 28 000 $.
C’est ainsi que le 20 décembre 1922, la ville de La Prairie prêtait la somme de 27 200,00 $ (hypothèque sur 20 ans à compter du 1er janvier 1923) à la Compagnie Métropolitaine d’Habitation pour la réalisation de 4 maisons jumelées à 2 étages contenant chacune 2 logements.
Deux des maisons construites sur des terrains acquis du Dr Jean-Marie Longtin en décembre 1922, ont leur façade sur le boulevard Édouard VII (chemin de Saint-Jean) et les deux autres sont situées en arrière avec façade sur le rue Saint-Georges. Elles occupent respectivement les lots 200-3, 200-4 (numéros d’immeuble 69, 71, 73 et 75 ch. de Saint-JeanAujourd’hui les numéros d’immeuble sont 368, 370, 372 et 374. ) et 220-3, 220-4 (22,24,26 et 28 rue Saint-GeorgesNuméros d’immeuble actuels : 369, 371, 373 et 375. ). Au moment de leur construction, ces édifices étaient soumis à la loi régissant les logements ouvriers.
La convention entre les deux parties prévoit que si l’emprunteur ne respecte pas ses obligations, la ville pourra réclamer le remboursement immédiat de l’hypothèque ou, à défaut, elle prendra possession des immeubles sans obligation de rembourser à l’emprunteur aucun des versements déjà payés.
Fin 1923, sans doute à cause de retards importants dans la poursuite des travaux de construction, le Conseil municipal exige que les logements soient inspectés par l’ingénieur du gouvernement. Ce dernier constate que des réparations s’imposent afin de protéger les habitations contre une plus grande détérioration.
Pourtant, il faudra plusieurs mois avant que la Ville ne se décide à faire exécuter certains travaux urgents : charroi de terre autour des solages afin de les protéger du gel, réfection des toitures en tôle importée d’Angleterre et posée à la canadienne. Le tout exige une dépense de 1 829,52 $. Une seconde inspection permettra d’établir la liste des autres travaux indispensables afin de rendre les logements habitables.
En décembre 1925 il est clairement démontré que la Compagnie Métropolitaine d’Habitation a fait défaut de se conformer à plusieurs de ses engagements; elle aurait permis à deux entrepreneurs d’enregistrer des privilèges sur ces immeubles, omis de payer les taxes scolaires et municipales, et accusé des retards importants dans le remboursement du capital et des intérêts.
La Compagnie d’Habitation est donc dissoute et mise en demeure d’abandonner les immeubles au profit de la ville de La Prairie. L’affaire passe aux mains des liquidateurs qui cèdent officiellement les propriétés à la ville en décembre 1926. Nous ignorons ce qu’il est advenu des dizaines de milliers de dollars du prêt hypothécaire.
Bien que les procédures judiciaires n’aient pas encore désigné officiellement le nouveau propriétaire, dès février 1926 les élus municipaux reçoivent des demandes pour la location des logements ouvriers qui sont tous demeurés vacants depuis le début de leur construction trois ans plus tôt. Après qu’on y aura fait faire le ménage, ils seront loués à 12 $ par mois et les baux vaudront pour un an à compter du 1er mai. En juillet de la même année, le Conseil municipal décide qu’il serait opportun de ne pas refuser l’offre de louer les logements encore libres, mais que cette location sera faite de mois en mois, pour ne pas perdre l’occasion de louer pour tout le temps qui reste jusqu’au mois de mai. On louera au prix de 15 $ par mois.
En avril 1927, on procède au charroi de briques et de matériaux afin d’élever les terrains des cours arrière dans lesquelles seront érigés des hangars, un pour chaque logement. Le dallage de briques aura une épaisseur de trois rangs. Ces espaces de rangements auraient été réclamés par les locataires, et les conseillers municipaux croient que leur construction permettra de louer les logements vacants avec plus de facilité. Cependant, la décision finale au sujet des hangars ne sera prise qu’en novembre de la même année. Leurs dimensions seront chacun de 16 pieds par 14 pieds, formant un ensemble de 32 pieds de largeur par 56 pieds de longueur. Ces hangars, transformés depuis en garages, ont été démolis en 1979.
Il serait compréhensible que l’on s’interroge sur les capacités du Conseil municipal à bien gérer ses nouvelles propriétés : en août 1928 la Ville se voit forcée d’effectuer un emprunt afin de payer les intérêts dus au gouvernement du Québec depuis le 1er juillet précédent. En 1939, on a toléré chez un des locataires 8 mois d’arrérages dans le paiement de son loyer avant qu’on l’avise de quitter l’endroit dans les 3 jours, sinon ses meubles et ses effets mobiliers seraient saisis. Cette tolérance s’expliquait sans doute par les séquelles engendrées par la crise économique. Moins de vingt ans après leur construction, des réparations s’imposeront à la tuyauterie ainsi qu’au système de chauffage.
La Ville étant devenue propriétaire des deux édifices par la force des événements, c’est donc le Conseil municipal qui devra réglementer le prix des logements : le 21 janvier 1929, le loyer est fixé à 14 $ par mois pour un bail de 12 mois, et en janvier 1933, en pleine crise économique, le coût du loyer mensuel est abaissé à 13 $. Quinze ans plus tard, preuve d’une certaine stabilité des prix, le coût mensuel des loyers oscillera entre 12 $ et 14 $.
À l’époque, la voie maritime du Saint-Laurent n’était pas encore creusée, et La Prairie subissait de fréquentes inondations printanières. Voilà sans doute pourquoi la municipalité fit l’acquisition, en 1937, de 2 pompes pour retirer l’eau des caves des logements.
On raconte même qu’une année, l’immeuble du chemin de Saint-Jean connut une crue des eaux si intense que l’eau monta jusqu’au rez-de-chaussée; un des locataires dut se résoudre à relever son lit sur quatre chaises afin de pouvoir continuer à y dormir.
Attendu qu’il est dans l’intérêt de la Corporation de la Ville de Laprairie de vendre les immeubles acquis de la Compagnie Métropolitaine d’Habitations Limitée, il est résolu à l’été 1942 de vendre de gré à gré les logements des rues Saint-Jean et Saint-Georges. Une rumeur voudrait qu’on ait à l’époque décidé de vendre dans le but de mettre fin aux querelles des employés municipaux, à savoir qui d’entre eux méritait d’y habiter. Or cela semble peu probable puisqu’en 1941 la Ville n’avait que 6 employés permanents, chacun ayant déjà sa propre maison ou son logement. Suite à un appel d’offres, et après avoir reçu l’autorisation du ministre des Affaires municipales, de l’Industrie et du Commerce, le 8 septembre 1942 le Conseil de ville de La Prairie cède les deux immeubles au profit de M. Roch Despatis, un médecin célibataire habitant Montréal. Ce dernier verse 8110,00 $ à la ville et s’engage à respecter les baux en vigueur jusqu’à leur échéance.
En conséquence, il est résolu d’inscrire au Rôle d’évaluation le nom de monsieur Roch Despatis, médecin, comme propriétaire de partie du lot No.200, avec les bâtisses dessus construites, portant une évaluation de $6,000.00, ainsi que comme propriétaire de partie du lot No.220, avec les bâtisses dessus portant une évaluation de $6,000.00, et ces deux inscriptions sont faites au lieu et place, du nom de la Corporation de la Ville de La Prairie.Procès-verbal du conseil municipal, réunion du 16 novembre 1942.
En mars et en juin 1943, le Dr Despatis vend séparément les 2 édifices, celui de la rue Saint-Jean est cédé pour 6 000 $ à Joseph Longtin et celui de la rue Saint- Georges pour 5 500 $ à Eugène Lussier; un gain appréciable réalisé en quelques mois.
Joseph Longtin était marié à Blandine Laplante qui décède le 22 janvier 1979. Le couple avait une fille adoptive, Émilia Lévesque, originaire de Mont-Joli. Selon le testament olographe de Blandine, rédigé le 15 juillet 1959, elle fait don à Émilia, épouse de Rodolphe Guérin, de la moitié de la propriété, moitié qui ira à son fils Maurice Guérin lors du décès de sa mère. Blandine Laplante fait également don de l’autre moitié de la propriété à Maurice Guérin. La mère et le fils en deviendront officiellement les propriétaires en août 1980.
De nos jours, dans l’édifice du chemin de Saint-Jean, les poêles à bois ont disparu depuis longtemps. Les logements du rez-de-chaussée sont encore chauffés à l’huile alors que ceux de l’étage bénéficient de plinthes électriques. Les fenêtres intérieures de bois sont munies d’un système de suspension à guillotine dont les cordes ont été coupées. Les portes des pièces sont originales, et de petites lattes de bois retenues à certains endroits par des clous forgés composent le plancher.
Maurice Guérin, l’actuel propriétaire, raconte que jusqu’aux années 1950, les champs de l’autre côté du chemin de Saint-Jean s’étendaient au-delà de la rivière Saint-Jacques, jusqu’aux limites de Brossard. Ainsi, certains hivers, l’eau des inondations complètement gelée, les gens y patinaient et pouvaient parcourir près d’un kilomètre sur la surface glacée.
Voici un fait divers paru dans le journal La Patrie du 3 avril 1902. C’était à une époque où les jeunes gens en état d’ivresse ne risquaient pas l’accident d’automobile.
« À Laprairie – Lundi, un jeune homme de St-Philippe, venu pour passer la journée au village dans le but de s’amuser un brin s’est oublié au point de s’enivrer comme un polonais. Le soir, un cultivateur venant au village, aperçut le jeune homme couché à plat ventre dans le fossé du chemin, le visage dans la boue claire, près du cimetière. Le cultivateur se rendit chez l’hôtelier Donat Lefebvre près de la stationIl s’agit de la gare de chemin de fer. demander de l’aide; on hissa le jeune homme sur une grande charrette et on le transporta à la station de police du village où le Dr Brosseau fut appelé. Ce n’est que le lendemain matin que le jeune homme a pu retourner chez lui. »
À l’étage du 249, rue Sainte-Marie
Mme Gélinas nous propose des biographies de femmes « ordinaires » ayant vécu au nord du lac Saint-Pierre entre 1760 et 1867. Les femmes dont Mme Gélinas nous parlera ont posé des gestes dérangeants pour leur entourage (concubinage, adultère, mère célibataire, criminelle, etc.). Une causerie à ne pas manquer.
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Éditeur
Société d’histoire de
La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN 1499-7312
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Coordination
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501 Louis Cossette
502 Marthe Patenaude-Cossette
503 Yves Bussières
504 Benoît Leblanc
505 Jacques Faille
506 Michelle Magny
507 André Primeau
508 Marie-Josée Machabée
Au jour le jour, janvier 2013
Théodule est le fils de Gédéon Bourdeau et d’Archange Déragon, qui se sont mariés le 17 janvier 1843 à La Prairie. De cette union naîtront d’abord quatre enfants : un premier fils, Gédéon voit le jour en août 1844, viendront ensuite Jean-Baptiste en mars 1846, suivi de Malvina en mai 1849 et de Julien en décembre de l’année suivante.
En 1852, Gédéon demeure dans le village de La Prairie où il exerce le métier de boucher. La jeune famille habite une modeste maison de bois. L’aîné, Gédéon, qui a 7 ans, fréquente l’école privée tenue par Humphrey O’Regan, leur voisin irlandais.
Théodule naît le 28 août 1854. Le parrain et la marraine sont Léonard Gibeau et Marie Serres, un couple sans enfants marié à La Prairie en 1838.
C’est entre les mois d’août 1856 et mai 1857 que la famille déménage sur la rue Wolfe à Montréal. En novembre 1857, le ménage voit naître une deuxième fille, Rose de Lima qui ne vivra qu’un an et demi. Un garçon viendra au monde le 24 novembre 1859, mais mourra le même jour. Puis viendra Arthur en février 1864, il décédera en juin de la même année. Gédéon et Archange n’auront pas d’autres enfants par la suite, ce qui fit de Théodule le cadet de la famille.
Au recensement de 1861, nous retrouvons Gédéon, Archange et leurs quatre enfants vivant à Montréal où Gédéon et Jean Baptiste sont tous les deux apprentis imprimeurs. Curieusement, Marie Malvina est la seule enfant de la famille dont on indique qu’elle fréquente l’école. Théodule, qui pourtant a sept ans, ne va pas à l’école. Il pourrait s’agir d’une omission du recenseur.
Le 4 février 1867, Marie Malvina, âgée de 17 ans, épouse Alfred Alphonse Clément dit Larivière, un diplômé de l’école militaire de Montréal. Le nouvel époux vient d’ouvrir une quincaillerie sur la rue Saint-Paul à Montréal. Son beau-frère Gédéon est partenaire dans l’entreprise Larivière et Bourdeau qui fera faillite quelques années plus tard.
Le 25 février de la même année, Gédéon fils, ferronnier, épouse à Montréal Marie Louise Benoit. Au mois d’août suivant, Gédéon père décède à l’âge de 46 ans. Après la mort de son mari, Archange continue d’habiter sur la rue Wolfe pour déménager quelque temps après, avec les deux plus jeunes, dans le quartier Saint-Louis, sans doute près de sa fille Malvina.
Fait curieux, selon le recensement de 1871, Théodule qui a 16 ans, n’a pas encore de métier et ne va toujours pas à l’école. Bien que ses parents étaient des analphabètes, Théodule a certainement dû fréquenter l’école. Jean-Baptiste, lui, a 25 ans et est imprimeur alors que Gédéon fils, un commis, vit avec sa femme et leurs deux enfants sur la rue St. Mary.
LE MANITOBA
Sans que l’on connaisse les raisons qui l’ont amené dans l’ouest, il est certain qu’à partir de 1872, Théodule vit au Manitoba. Il ouvre un magasin général au mois d’août 1873 à l’angle des avenues Provencher et Taché. Magasin dans lequel il vend un peu de tout : des vêtements, de la quincaillerie, de la nourriture, du tabac et de la poudre. Les factures du magasin sont signées A.A.C. La Rivière, et le magasin loge dans le même édifice que les bureaux de La Rivière et le bureau de poste. Bien que les sources se contredisent sur les dates, Théodule est aussi maître de poste. En février 1875, on peut lire dans le Métis qu’il vient d’ouvrir un nouveau magasin à Winnipeg.
En 1877, Théodule est de retour à La Prairie. Les registres indiquent qu’il est parrain de son neveu Joseph Théodule Forgues. Le 28 octobre 1878, ce dernier épouse Marie-Louise Larichelière ; Théodule est marchand et demeure sur la rue Saint-Georges, chez son frère aîné Gédéon qui est comptable pour la Trust and Loan.
MARIE-LOUISE LARICHELIÈRE
Fille de Gabriel Larichelière et de Josette Bourdeau, Marie-Louise est née à La Prairie le 15 juillet 1857. Sa mère Josette est la cousine de Gédéon, le père de Théodule. Les nouveaux mariés sont donc cousins au deuxième degré. Marie-Louise est l’avant-dernière enfant d’une famille de 14, dont 10 sont encore vivants lors de sa naissance. Sa mère Josette décède alors que Marie-Louise n’a que 2 ans. Gabriel se retrouve donc seul avec 11 enfants dont l’âge varie de quelques jours à 26 ans. Selon la coutume de l’époque, les plus jeunes enfants sont mis en adoption dans différentes familles et Gabriel refait sa vie.
Voilà ce qui explique pourquoi après le décès de sa mère, Marie-Louise demeure à La Prairie chez Léonard Gibeau et Marie Serres. Elle ne peut savoir à cette époque que ses parents adoptifs sont le parrain et la marraine de celui qui deviendra son mari.
LES DÉBUTS À LA PRAIRIE
En septembre 1879, Théodule et Marie-Louise ont un premier fils, Théodule, suivi en 1881 de la petite Marie-Louise. Lors du recensement de 1881, ils vivent tous les quatre chez Léonard Gibeau. Théodule est commerçant au magasin général sur la rue Sainte-Marie avec un certain Pierre Bourdeau, cousin de son père et demi-frère de Josette Bourdeau, la mère de Marie-Louise. Marie-Louise est responsable de la pesée publique située à l’arrière du marché couvert.
BREF RETOUR AU MANITOBA
En août 1882, Théodule est de retour à Saint-Boniface puisque Marie-Louise y donne naissance à une seconde fille, Marie Blanche Virginie qui décède le 20 septembre suivant à La Prairie. Dans l’acte de sépulture, on peut lire que Théodule est un employé de la ville de Saint-Boniface. Sans que l’on sache pourquoi, la petite famille est donc retournée vivre au Manitoba entre mars 1881 et août 1882.
DE RETOUR AU QUÉBEC
Nous ignorons ce que Théodule était retourné faire au Manitoba, mais il n’y restera pas longtemps. Dès janvier 1884, il est de retour à Montréal comme agent d’assurances où Marie-Louise donne naissance à un deuxième fils, Charles Gédéon Armand. En mai 1887, un troisième fils, Jean Baptiste Urgel Armand, voit le jour à Drummondville. Nous ignorons pourquoi la famille s’est retrouvée cette fois à Drummondville ? Peut-être Théodule y a-t-il été muté par son employeur ?
Théodule retournera brièvement à La Prairie en juin 1888 pour assister aux funérailles de sa marraine Marie Serres. Toujours à Drummondville où Théodule est commis, naît Arthur Henri Louis en janvier 1889. Puis dans la même ville où Théodule est devenu commis comptable, vient au monde Marie Blanche Yvonne en octobre 1890. L’année suivante, maintenant agent d’assurances, Théodule habite toujours Drummondville avec sa femme et ses sept enfants.
LE RETOUR À LA PRAIRIE
En janvier 1893, la famille est de retour à La Prairie où naît Marie Berthe Valérie. Devenu comptable, à l’hiver 1893, Théodule occupe brièvement le poste de secrétaire-trésorier de la municipalité du village de La Prairie aux côtés du docteur Thomas-Auguste Brisson. Il demeure sur la rue Saint-LambertAncien nom du tronçon de la rue Sainte-Marie qui va du chemin de Saint-Jean à la rue du Boulevard. et travaille au magasin général de la rue Sainte-Marie. D’ailleurs, dans le procès-verbal du conseil municipal du 27 avril 1893, apparaît une « demande de licence de magasin pour vendre des liqueurs spiritueuses ».
En mars 1894, Marie-Louise met au monde un neuvième enfant, Joseph Jacques René Émile qui meurt un mois plus tard. En mars 1896, c’est au tour de Marie Alphonsine Juliette Alexandra de venir au monde. En mai 1897 naît Joseph Gaston Gilbert qui décède en septembre de la même année. Le dernier enfant du couple à venir au monde est Joseph Paul Ernest en juillet 1898, mais il ne vivra que quatre mois. En tout, Théodule et Marie-Louise auront eu douze enfants dont seulement six atteindront l’âge adulte : Théodule, Marie-Louise, Armand, Arthur, Yvonne et Juliette.
En 1895, la banque Ville-Marie ouvre une succursale rue Sainte-MarieLa banque Ville-Marie était située à l’emplacement de l’actuel 217-219-221, rue Sainte-Marie. et Théodule en est le gérant. De 1897 à 1899, son fils Théodule travaille comme comptable à ses côtés. La banque Ville-Marie a fait faillite à l’été 1899 et ses principaux dirigeants ont été arrêtés et emprisonnés pour fraude. La faillite de la banque, et surtout les accusations de fraude contre ses dirigeants, ont probablement fait beaucoup de tort à la réputation de Théodule. Voilà sans doute pourquoi il a quitté La Prairie et n’y est jamais revenu. Dans une lettre datée du 2 mai 1900, Théodule demande au docteur Thomas Auguste Brisson de l’aider à se trouver un emploi. La réponse du docteur Brisson, datée du 15 mai, est peu encourageante. Par contre, le ton de la lettre laisse entrevoir que M. Brisson continue d’apprécier Théodule et le considère, non pas comme un acteur corrompu, mais plutôt comme une victime de la faillite.
Au printemps 1901, voilà Théodule rendu à Plessisville avec Marie-Louise et leurs enfants Armand, Arthur, Marie-Louise, Yvonne et Juliette. Leur aîné, Théodule, n’est pas encore marié, mais il ne vit pas avec eux. Théodule ne demeurera pas longtemps à cet endroit puisqu’il est de retour à Montréal vers 1903 et s’établit au 693 de la rue Berri. Le voilà redevenu commis comptable. Il habitera à la même adresse jusqu’à son décès en 1909 et sera inhumé au cimetière de La Prairie.
Dans sa récente livraison du calendrier municipal 2013, la ville de la Prairie nous propose pour illustrer le mois d’avril, la photo d’une plante en fleurs située en bordure du lac de la Citière. Or, peu de gens savent qu’il s’agit du butome à ombelle ou jonc fleuri. Selon le frère Marie-Victorin, c’est le frère Euphrosin-Joseph f.i.c. qui, en 1897, fut le premier à remarquer sur les grèves de La Prairie une belle plante d’origine européenne, semi aquatique, qui commençait alors la conquête des rivages du Saint-Laurent, il s’agissait du butomus umbellatus.
Plus tard, au cours d’une excursion à Varennes en août 1908, Marie-Victorin constate à son tour la présence du butome à ombelle sur les rives du fleuve. Peut-être l’avait-il déjà observé lors d’une promenade à La Prairie en août 1905 : nous avons aussi rendu visite aux frères Lamennais qui y ont leur maison-mère. […] J’ai glané au bord du fleuve deux belles plantes que je n’ai pu analyser.Frère Marie-Victorin, Mon miroir, Journaux intimes 1903-1920, Fides, Montréal, 2004, pages 178 et 314
Il faudra bien un jour trouver une façon de protéger cette magnifique plante de la présence agressive de la phragmite, ce roseau envahisseur. D’ici là, afin de rendre hommage à la découverte du frère Euprhosin-Joseph, nous proposons que le butome à ombelle soit désigné l’emblème floral de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine.
Avis aux généalogistes, les Annuaires Marcotte de Québec et leurs prédécesseurs (1822-1920) sont maintenant disponibles sur le site web de la BAnQ. Ces annuaires étaient pour la ville de Québec, l’équivalent des annuaires Lovell pour Montréal et la région.
À l’étage du 249, rue Sainte-Marie
Monsieur Houde nous parlera de certains patriotes dont il est peu question dans nos livres d’histoire, notamment des membres du clan Raynaud-Blanchard. Des patriotes oubliés qui pourtant ont participé activement à la vie politique ainsi qu’aux événements patriotiques entre 1830 et 1838 dans la vallée du Richelieu et dans la région de Saint-Hyacinthe.
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Avec la nouvelle année qui s’amorce nous vous proposons de poursuivre la tradition en adoptant quelques résolutions à observer durant 2013. Et toujours selon la tradition, nous savons très bien que plusieurs de ces bonnes intentions ne tiendront pas la route très longtemps. Voici malgré tout quelques suggestions :
Confiants que nous sommes dans la nature humaine, nous vous souhaitons une merveilleuse année 2013.
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