
- Au jour le jour, septembre 2016
Les fêtes du 200e
En 2016, ce n’était pas la première fois que La Prairie commémorait la bataille du 11 août 1691. En effet, du 12 au 14 septembre 1891, La Prairie était en fête pour célébrer le 200e anniversaire de la bataille.
Le programme des fêtes
On avait organisé la tenue d’un camp militaire, un concert de chant, une conférence sur l’histoire, une grand-messe commémorative et la bénédiction de la croix érigée à l’intersection du chemin de Saint-Jean et de celui de la Bataille.
Le camp militaire (12 et 13 septembre)
Le maire Brisson avait obtenu la tenue d’un camp après plusieurs tentatives faites auprès de Sir Adolphe Caron, alors ministre de la Milice et de la Défense du Canada. Le camp militaire était dirigé par Ivor Caradoc Herbert, ancien Grenadier Guard britannique récemment nommé commandant de la milice canadienne. C’était un soldat d’expérience, catholique, et il parlait français.
Les activités de la Société littéraire (13 septembre)
Au programme des fêtes, le maire Brisson avait aussi placé une conférence de son ami historien Benjamin Sulte qu’il avait invité à la Société littéraire le 13 septembre en soirée. Dans sa lettre d’invitation, il lui avait même offert de l’héberger chez lui ; il signa T.A. Brisson, chirurgien au 85e [Bataillon]. Aussi, au programme de la même journée, il y avait un concert de chant donné dans les locaux de la Société littéraire par une cantatrice réputée que le maire avait spécialement invitée.
Le service funèbre commémoratif (14 septembre)
Le lundi 14, en avant-midi, avait lieu un service funèbre à la mémoire des victimes du combat de 1691. On assista à une grand-messe diacre sous-diacre, célébrée par le curé de La Prairie en présence, dans le chœur, d’une douzaine de prêtres, de curés des paroisses avoisinantes, d’anciens curés, de vicaires, de sulpiciens et de jésuites.
Dans l’église de La Prairie, parmi le très grand nombre de fidèles, se trouvaient les Frères de l’Instruction chrétienne et leurs élèves, les élèves du collège Sacré-Cœur rattaché au noviciat, les sœurs de la Congrégation et leurs élèves ainsi que les Sœurs de la Providence avec leurs orphelines.
La bénédiction de la croix de 35 pieds (14 septembre)
Le temps était magnifique et la foule immense. On était venu de plusieurs paroisses avoisinantes. Les musiciens de l’École militaire de Saint-Jean ajoutaient de l’éclat à la fête, grâce à une permission du commandant Herbert.
La couronne
Dans une lettre à Joseph-Octave Dion de Chambly, le maire Brisson suggérait aux gens de cette paroisse, désireux de contribuer aux dépenses concernant l’inauguration de la croix, de payer en tout ou en partie la riche couronne en fleurs métalliques qui serait attachée à cette croix. Il écrivit à ce sujet :
Elle coûtera au plus une quinzaine de piastres. Elle est belle pour vingt. Les deux localités intéressées auraient ainsi leur rôle à jouer en cette circonstance comme elles l’ont eu autrefois. Quoiqu’il arrive, cette couronne est exposée dans la vitrine de Mr Trudel, marchand libraire à Montréal, où tout le monde pourra la voir jusqu’à vendredi… Qu’en pensez-vous ? Qu’en pensent les autres amis de Chambly ?
Monsieur Dion avait sûrement approuvé l’idée puisque le curé Bourgeault écrira plus tard que la belle couronne de fleurs en fer émaillé provenait d’un don de la paroisse de Chambly.
La cérémonie
La cérémonie débuta par un discours de circonstance prononcé par le curé Lesage de Chambly, au pied de la croix. Puis, Joseph Morin, curé de Saint-Jacques-le-Mineur, procéda à la bénédiction. La foule fut ensuite invitée à prendre place dans des estrades aménagées juste en face de la croix. Une série de discours patriotiques débuta.
Les orateurs
S’élancèrent alors dans l’ordre : Joseph-Octave Dion, président du Cercle Saint-Louis de Chambly et l’un des principaux organisateurs des fêtes ; Louis-Conrad Pelletier, avocat et député fédéral du comté ; Thomas-Auguste Brisson, médecin installé à La Prairie depuis 1878 et maire de cette municipalité depuis 1885 ; Florent Bourgeault, curé de la paroisse depuis 1877, célébrant de la grand-messe diacre sous-diacre de l’avant-midi et coordonnateur de la cérémonie de bénédiction de l’après-midi.
Les orateurs parlèrent en catholiques convaincus et en patriotes sincères et, selon le curé Bourgeault, ils évitèrent habilement l’écueil de la politique…
Ainsi, le 14 septembre 1891 à La Prairie, se terminèrent les grandes fêtes du 200e anniversaire de la bataille du 11 août 1691.
Source :
Jean Joly, La croix de chemin à la mémoire du combat
du 11 août 1691 au rang de la Bataille, 2e édition, 2016.

- Au jour le jour, mars 2016
Trois Laprairiennes accusées de rébellion contre un édit du roi
Le dimanche 7 mars 1728, à Laprairie, le notaire Guillaume Barrette s’apprête à lire un ordre du roi à la sortie de la messe sur le parvis de l’église, comme on le faisait à cette époque. Marie Bourassa s’approche de lui et s’empare du parchemin, Marie-Madeleine Denault le prend et le déchire, puis Marie-Louise Dumas le déchire encore. Les trois femmes sont arrêtées, emprisonnées et accusées de rébellion contre un édit du roi. Elles vont comparaître à leur procès le 15 mars suivant.
Pourquoi donc ces trois Laprairiennes ont-elles été ainsi poussées hors d’elles? L’édit royal portait sur l’interdiction de faire usage des étoffes des Indes.
Il faut préciser qu’au début du règne de Louis XIV, les tissus rapportés des Grandes Indes étaient fort à la mode en France. Dès 1686, Colbert émit un arrêt les interdisant parce que leur importation nuisait grandement à la production locale d’étoffes. À Rouen, l’arrivée d’un seul navire de toiles indiennes pouvait jeter des centaines d’ouvriers au chômage.
Celui de 1686 n’ayant pas eu de succès, un 2e arrêt fut promulgué en 1696 et il précise même des peines aux femmes qui oseraient porter des indiennes. Ce fut pire, car l’interdiction provoqua la passion, le délire chez les dames de bon ton. Des dépôts clandestins alimentaient les gens de la Cour, et on ne se gênait pas pour y arborer les étoffes interdites lors des spectacles. La bourgeoisie payait très cher pour obtenir ces pièces prohibées. On en recouvrait même les meubles, en plus d’en faire des vêtements pour les femmes et aussi pour les hommes. Molière s’en moque dans son Bourgeois gentilhomme MONSIEUR JOURDAIN. — Je me suis fait faire cette indienne-ci. MAÎTRE À DANSER. — Elle est fort belle. MONSIEUR JOURDAIN. — Mon tailleur m’a dit que les gens de qualité étaient comme cela le matin.. Les dames du commun, les domestiques, les pauvres même, tout le monde en veut La prohibition sur les toiles peintes ne sera levée qu’en 1759, après plus de soixante-dix ans, par Louis XV sous l’influence de la marquise de Pompadour.
La passion pour les étoffes indiennes s’était aussi propagée en Nouvelle-France. On en importait en contrebande depuis la province de New-York. Tout indique que les femmes de Laprairie n’étaient pas prêtes à se priver de ces étoffes interdites, pas plus que celles du reste de la colonie. Leur humble statut social ne les empêchait pas de les apprécier. Nos trois Laprairiennes, en effet, ne font pas figure de bourgeoises, mais bien de femmes d’habitants et mères de famille. Marie Bourassa, environ 33 ans, avait épousé Jacques Pinsonneault à Laprairie en 1712 et le couple avait six enfants. Marie-Louise Dumas de la côte Saint-Lambert était âgée de 43 ans ; elle était veuve de Jérôme Longtin, décédé en 1723, et elle devait prendre soin de ses sept enfants. Marie- Madeleine Denault, âgée de 40 ans, avait épousé René Rivet à Laprairie en 1710 et sa famille comptait alors huit enfants.
Lors de son témoignage à son procès, cette dernière s’est montrée fort habile. Elle a affirmé ignorer qu’elle avait affaire à un édit royal, croyant qu’il s’agissait d’un papier sans importance. Son action n’était ni préméditée ni concertée. Elle ne voulait aucunement faire de mal au notaire Barrette. Elle avoue regretter son geste et avoir de la peine pour ses 8 pauvres petits enfants dont elle devait prendre soin.
Nos trois Laprairiennes sont finalement libérées, sans amende ni pénalité.
SOURCES :
– Fonds Juridiction royale de Montréal,
– BAnQ, dossier 3407
– Les indiennes de Mounster (site Web)
– Les indiennes Musée impression.com
– London National Gallery
– PRDH, Université de Montréal

- Au jour le jour, mars 2015
Un passeport pour la Nouvelle-Angleterre
Une relation détaillée et documentée d’un voyage à Albany en mars 1729
En 1729, Charles Lemoyne, baron de Longueuil et gouverneur de la ville de Montréal et de ses dépendances, accorde à René Bourassa et à ses deux compagnons une autorisation pour se rendre en Nouvelle-Angleterre afin d’y porter des lettres. La permission est enregistrée au greffe de la ville, le 27 mars 1729.
L’équipage dispose de deux mois pour s’acquitter de sa tâche. Il peut apporter les vivres et provisions nécessaires à sa subsistance durant sa route mais rien d’autre. Il lui est interdit de faire tout commerce directement ou indirectement de même que de transporter toute pelleterie ou autre marchandise prohibée, de rapporter toute étoffe ou marchandise étrangère, tel que le stipule le règlement du roi.
LA PROCÉDURE
À cette époque, les voyages en colonies anglaises sans permis étaient illégaux. Une déclaration royale en date du 22 mai 1724 encadrait l’émission des passeports et précisait la procédure à suivre par les voyageurs autorisés.
Avant le départ, le passeport doit être visé par l’intendant de la ville et enregistré au greffe. De plus, Bourassa doit procéder à la déclaration écrite de la quantité des effets et provisions apportés et la faire vérifier par les juges de la ville qui de plus feront une inspection de l’équipage et en dresseront un procès-verbal.
L’équipage doit passer par le fort Chambly et présenter le passeport, ainsi que la déclaration faite au greffe et le procès-verbal dressé par les juges, au commandant ou, en son absence, à l’officier responsable. Le commandant vérifie le tout et appose son certificat au bas du passeport. La même procédure s’applique à l’aller comme au retour.
À son retour à Montréal, Bourassa devra non seulement présenter son passeport visé par le commandant du fort Chambly, sa déclaration faite au greffe et le procès-verbal dressé par les juges, mais de plus, fournir aux juges de la ville le nom des sujets français rencontrés par l’équipage lors de l’aller, du retour et du séjour à destination.
L’ÉQUIPAGE DE BOURASSA
Le passeport émis à René Bourassa mentionne les noms des deux compagnons, à savoir, L’Ange Lafontaine (L’Ange Guérin dit Lafontaine) et Baptiste Leber. Ce dernier se nomme plutôt François Leber, car il est correctement identifié dans la déclaration de Bourassa au greffier de Montréal, au retour de l’expédition.
D’ailleurs, il n’existe pas de Baptiste Leber dans la région en âge d’accomplir pareil voyage à cette époque. Les trois membres de l’équipage sont de Laprairie. René Bourassa, âgé d’environ 40 ans, est le fils de François Bourassa et de Marie Leber, qui est aussi la tante de son compagnon François Leber, âgé de 22 ans. Bourassa et Leber sont donc cousins. Lafontaine, 28 ans, est un ami de Leber et son futur beau-frère. Enfin le jeune Leber est le fils de nul autre que François Leber, le capitaine de milice de Laprairie.
Bourassa, le chef d’équipe, connaissait bien le chemin de Laprairie à Orange parce qu’il pratiquait déjà le commerce illicite des fourrures avec ce comptoir de traite. D’ailleurs, il avait déjà été arrêté à ce sujet en 1722 et condamné à payer une amende de 500 livres.
Pour leur part, Leber et Lafontaine avaient déjà accompli le trajet vers Orange en janvier de la même année, en compagnie de Joseph Saleur, bourgeois de Québec et voyageur, à la suite d’une permission accordée par le gouverneur Charles de Beauharnois.
Les trois membres de l’équipage connaissaient bien le trajet parce qu’ils n’en étaient pas à leur première excursion à Orange. Ils avaient aussi de bonnes références : des liens de parenté avec le capitaine de milice de Laprairie.
LE DÉROULEMENT DU VOYAGE
Le passeport, enregistré au greffe le 27 mars 1729, accorde 2 mois à l’équipe pour accomplir sa mission. Bourassa effectue sa déclaration par écrit le 28 et le départ a lieu le lendemain 29 mars, à Montréal. Le 31 mars, Pierre Raimbault, lieutenant général de police, de passage à Laprairie pour une enquête, procède à l’inspection du matériel chargé sur trois traînes de clisses. La vérification est faite à La Fourche chez le capitaine de milice de la côte, François Leber. Rappelons que ce dernier est l’oncle de René Bourassa, le père de François Leber et le futur beau-père de L’Ange Guérin dit Lafontaine. Nous sommes presque en famille !
Le commandant du fort Chambly exerce son contrôle le 1er avril.
La destination des lettres, non mentionnée dans le passeport, est en réalité Orange, dans la province de New-York. La ville est citée par Bourassa dans sa déclaration au retour. Le passeport ni aucun autre document connexe ne mentionnent l’objet des lettres, ni le destinataire.

LES VIVRES ET LE MATÉRIEL DE L’ÉQUIPAGE
Dans sa déclaration au greffe, Bourassa énumère les vivres et le matériel qu’il transporte avec son équipe.
Les vivres : 62 livres ¾ de biscuits, 31 livres ¼ de lard, ½ minot de pois, 6 pots et roquilles d’eau-de-vie, 1 quartier de veau, 4 livres de gomme, 1 paquet de racines, 3 pieds de tabac à fumer.
Le matériel : 9 pierres à fusil, 2 batte-feu, 1 tire-bourre, 1 fourreau de fusil, 8 balles, 3 paires de raquettes, 3 traînes de clisses, 1 prélat, 30 brasses de lignes de banc, 2 livres ½ de peaux de chevreuil pour faire des souliers.
La description des vivres donne une bonne idée du menu des voyageurs ; il faut ici comprendre par « paquet de racines » certains légumes provenant d’un potager.
Il est à noter que, parmi le matériel, on trouve des traînes de clisses, c’est-à-dire des traînes faites de minces lamelles de bois et servant à tirer le matériel sur la neige en marchant en raquettes. Les batte-feu sont des allume-feu rudimentaires. Le tire-bourre est un appareil de métal qui, placé au bout d’une baguette, sert à dégager la bourre du canon du fusil, ou encore à le nettoyer, ou à retirer une balle. Le prélat est une toile imperméabilisée utilisée pour recouvrir le matériel. Les lignes de banc sont des cordes ou cordages pour attacher l’équipement ou les marchandises.
Les peaux de chevreuil servent à confectionner des souliers adaptés aux raquettes, au fur et à mesure des besoins. Cette mention dans la déclaration écrite de Bourassa vise à préciser l’usage prévu des peaux, sachant bien que le passeport accordé prohibait tout commerce de pelleteries.
Le 7 mai, le commandant du fort Chambly exerce le contrôle prescrit au retour des voyageurs. Le voyage aller et retour de Chambly à Orange, du 1er avril au 7 mai, a donc duré 37 jours, soit 5 semaines et 2 jours.
Enfin le 11 mai, Bourassa fait sa déclaration au greffe de Montréal et termine sa mission. Les trois déclarent avoir vu à Orange un français qui y aurait conduit Mlle Rolings, l’automne précédent. Madame Rolings était une Anglaise qui s’était enfuie à Orange avec l’aide d’un Français, Étienne Laporte, accusé de voyage illégal en Nouvelle-Angleterre.
Comme toute histoire qui finit bien, le voyage de Bourassa, Leber et Lafontaine se termine par un mariage, celui de L’ange Guérin dit Lafontaine avec Marie-Anne Leber, la soeur de son compagnon François, le 15 mai 1729, soit 4 jours après le retour d’Orange. Et ils eurent 15 enfants…
Note: L’orthographe de Laprairie est celle rencontrée dans le document et celle en usage à l’époque.
Sources
Archives nationales du Canada, C15885
Centre d’archives de Montréal de BAnQ, Fonds juridiction royale de Montréal, Dossier 1, Document 3557
Centre d’archives de Montréal de BAnQ, Fonds juridiction royale de Montréal, Dossier 1, Document 3519
Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, http://www.cnrtl.fr/definition/
Déclaration du Roi au sujet des Voyages qui se font de Canada en la Nouvelle-Angleterre, du 22e mai 1724, in Ordonnances royaux, déclarations et Arrêts du Conseil d’État du Roi concernant le Canada, Québec 1854.
Dictionnaire généalogique du Québec ancien, des origines à 1765, Bertrand Desjardins, PRDH, Gaëtan Morin éditeur, version 2002
Dictionnaire biographique du Canada, http://www.biographi.ca/fr/
History of the County of Albany, 1609-1886, New-York, 1886
Parc Canada www.pc.gc.ca, Lieux historiques nationaux
Voyage du Sr Franquet de Québec aux trois rivières……, Canada 1752

- Au jour le jour, janvier 2015
Notre prochaine conférence: Traite des fourrures et contrebande
La traite des fourrures constituait la base de l’économie de la colonie française en Amérique. Les diverses compagnies qui se sont succédées jouissaient d’un précieux monopole et de plusieurs autres privilèges qu’elles entendaient bien protéger. Le conférencier expliquera pourquoi les contrebandiers bravaient les mesures dissuasives sévères décrétées par les autorités à partir des données recueillies au cours de sa récente recherche, incluant divers documents d’archives du régime français.
Les conférences de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine ont lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Elles débutent à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.

- Au jour le jour, septembre 2014
Événement inusité sur le Chemin de La Bataille Nord
Le 7 juin 2014, à 13 heures, un événement inusité a lieu sur le Chemin de La Bataille Nord, près du 2190. En effet, une croix de chemin rénovée y est bénite par l’abbé Réjean Poirier de la paroisse La-Nativité-de-la-Sainte-Vierge, en présence d’une quinzaine d’invités.
En fait, cette nouvelle croix avait été érigée le 27 septembre 2013.
Quand monsieur Jean Bourassa, le propriétaire actuel, avait acheté le terrain de madame Huguette Racine-Bleau en septembre 1998, cette dernière lui avait demandé de prendre soin de la croix existante.
Michel Langevin, un ami de Jean Bourassa, s’est offert pour rénover bénévolement la croix endommagée. Finalement, à l’été 2013, Michel et sa conjointe Carole Oligny passent à l’action. Ils proposent à Jean de faire une réplique de la croix, vu sa dégradation avancée, incluant le coq et la niche. Jean aquiesce et fournit le matériel.
En juillet, Michel démonte la croix, la transporte chez lui dans son atelier pour en faire une réplique la plus fidèle possible. Michel et Carole se mettent à chercher des photos de la croix avec toutes ses pièces parce que certaines manquent.
Finalement le 27 septembre 2013, la réplique est prête à être installée sur sa base de ciment avec ancrage. Un cortège quitte la résidence de Michel en direction du 2190 : un camion pick-up, une remorque avec la croix, les deux fils du couple dans leurs véhicules et d’autres bénévoles. Il faut souligner que des réfugiés politiques vénézuéliens avaient tenu à participer à l’érection de la croix, une occasion d’exprimer leur foi à la suite de leur récente immigration.
Les artisans du projet conviennent alors de planifier une bénédiction de la croix nouvelle pour le printemps 2014. C’est ainsi que la cérémonie a lieu le 7 juin 2014. Michel a la délicate attention d’offrir aux invités présents de petites croix taillées dans la partie saine de l’ancienne.


Photos par M. Jean Joly.

- Au jour le jour, septembre 2013
La belle histoire du patrimoine terrien de François Mailloux, alias Francis
En 1861, dans la côte Saint-François-de-Borgia ou rang de la Bataille, François Mailloux occupe les lots 23 et 27. Ils sont situés de part et d’autre du lot 24 marqué en rouge sur l’extrait de la carte de Joseph Rielle qui figure ci-dessus. Il avait acquis ces deux lots de John McIntosh, le 8 septembre 1860. On peut facilement supposer qu’il avait l’oeil sur le lot 24 qui, une fois en sa possession, lui aurait permis de réunir en un seul grand domaine les trois lots 23, 24 et 27. Chacun mesurait environ 3 arpents de front sur une trentaine de profondeur, sauf le lot 27. Ce dernier s’arrêtait au chemin de la Bataille, la partie située au nord-ouest du chemin formant les lots 25 et 26.
Dans l’extrait de la carte de Rielle, la bordure noire indique les limites du rang. La ligne brisée verticale qui le traverse de bas en haut représente le chemin de Saint-Jean. Une ligne courbe va de gauche à droite, se redresse, coupe les lots dont les lots 23, 24 et 27 puis le chemin de Saint-Jean. Il s’agit du chemin de la Bataille. À gauche du chemin de Saint-Jean, il se nomme « chemin de la Bataille Nord » et à droite, « chemin de la Bataille Sud ».
C’est finalement le 25 octobre 1875 que François Mailloux alias Francis, comme l’on retrouve dans certains actes notariés, a pu atteindre son objectif en achetant le lot 24 de Moïse Métras. À partir de ce moment, il possède les trois premières terres du rang de la Bataille Nord, à partir du chemin de Saint-Jean, à l’exception des lots 25 et 26, situés du côté nord-ouest du chemin de la Bataille.
François Mailloux est né le 25 juin 1836 et baptisé le même jour à La Prairie. Il était le fils de Pierre Mailloux et de Monique Mercille. Il épouse Onésime Huberdeau à Longueuil le 11 février 1861. Il décédera le 11 juin 1913 et sera inhumé le 13 suivant à La Prairie à l’âge de 77 ans.
Suite au décès de François, deux de ses fils, Hormidas et Armand, se partageront le domaine. Puis, Armand possédera seul les trois lots de 1922 à 1942. Enfin, deux des fils d’Armand, soit Lucien et Germain, partageront le domaine avec leur mère Rose-Alma Moquin, après le décès de leur père en 1950.
En 1962 : coup de théâtre ! Le patrimoine de François passe aux mains d’un industriel italien. L’année suivante, ce dernier vend les trois terres à une société basée au Liechtenstein. Le patrimoine en entier devient alors la propriété d’une société étrangère à numéro. Mais, l’histoire des trois terres de François Mailloux ne se termine pas ainsi.
En 1985, Adrien Bisson a l’oeil sur un des lots concernés. Problème: la société qui en est propriétaire ne veut vendre que l’ensemble des trois lots. Prenant son courage à deux mains devant un investissement considérable, Adrien décide finalement d’acheter le tout de ladite société étrangère. Ce faisant, il rapatrie en quelque sorte le patrimoine de François Mailloux.
Adrien Bisson n’est nul autre que l’époux de Gaétane Mailloux, la fille de Lucien cité précédemment. Gaétane est l’arrière petite- fille de François, alias Francis, lequel comme nous tous est sans doute bien heureux du dénouement de la belle histoire de son patrimoine terrien.
SOURCES CONSULTÉES
Registre de la paroisse La-Nativité-de-la-Sainte-Vierge de La Prairie (Fonds Drouin)
Registre de la paroisse Saint-Antoine-de-Pade de Longueuil (Fonds Drouin)
Chaîne des titres des lots #27 et #24 de la côte concernée, J. Joly, SHLM 2009
Registre foncier du Québec en ligne
Commission de toponymie du Québec

- Au jour le jour, mai 2012
Les pionniers du rang de la Bataille
Lorsqu’on circule sur la route 104 en direction de Saint-Jean, on peut voir à environ 7 km de l’agglomération de La Prairie un monument de pierres et une croix en bois, à l’intersection d’un chemin de rang, avant de franchir la rivière l’Acadie. C’est le chemin de la Bataille qui traverse le rang qui porte le même nom.
Les premières concessions y furent accordées en 1726 par les Jésuites, alors propriétaires de la seigneurie de Laprairie de la Magdeleine. Le rang portait alors le nom de Côte Saint-François-Borgia mais la population locale l’appelait communément la Bataille, en mémoire d’un célèbre combat qui s’y déroula en août 1691. Le monument de pierres ou cairn, érigé en 1923 sur le lopin de terre donné à cette fin par David Daigneault, rappelle effectivement la bataille en question. La croix, érigée en 1891 par la population du rang, souligne aussi l’événement. Un ruisseau coule sous le chemin de Saint-Jean à quelque 100 mètres de l’intersection et vient ensuite passer sous le chemin de rang : c’est le ruisseau de la Bataille. Chemin, rang, côte, ruisseau, et aussi montée et, plus récemment, rue de la Bataille rappellent tous le même événement historique.
Le lecteur intéressé pourra consulter, au local de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, le document « La croix de chemin à la mémoire du combat du 11 août 1691 » et, sur le combat lui-même, le livre « 1691 : La bataille de La Prairie ».
Attachons-nous maintenant à la petite histoire de la Côte Saint-François-Borgia ou Côte de la Bataille, en particulier à celle de ses débuts et de ses premiers concessionnaires.
Les premières concessions de cette côte, à être inscrites au terrier des seigneurs jésuites, datent de 1726 et le notaire Barette en signe les contrats. Au matin du 6 octobre, Jacques Leber reçoit une terre de 4 arpents de front sur trente de profondeur et en après-midi, son frère François s’en voit aussi accorder une également, adjacente et de même grandeur. Pour sa part, Pierre Quiscacon reçoit une terre de 3 arpents de front sur 30 de profondeur, voisine du lot précédent.
Jacques et François sont les fils de Jacques Leber, capitaine de milice de La Prairie tandis que Pierre est amérindien et fils adoptif du même capitaine. Les lots portent respectivement les numéros T1, T2 et T3 du premier terrier de la seigneurie, ou ancien terrier, comme on le désignera par la suite.
Le 12 novembre de l’année suivante (1727), les Jésuites concèdent à Gabriel Laverdière une grande terre de 6 arpents de largeur sur trente de profondeur, à l’endroit nommé la Bataille au bout des terres de Fontarabie, tel que le mentionne l’acte notarié de Guillaume Barette. Ce lot de double superficie correspond aux lots T5 et T6 du premier terrier.
Ainsi donc, les quatre concessionnaires ci-haut possèdent ensemble 510 arpents en superficie tel que l’indique le tableau pour les années 1726 et 1727. Le lot T4 n’est pas encore concédé.
Ce début prometteur ne durera pas. En effet, Pierre Quiscacon meurt en 1727 et sa terre est cédée par les Jésuites à son père adoptif François Leber, père. Après le décès de ce dernier, la veuve Leber rendra la terre aux Seigneurs en 1740. Gabriel Laverdière décède en 1731 et ses terres retournent aussi aux Seigneurs. Enfin, Jacques Leber trépasse à son tour en 1741 et sa veuve rétrocède la terre. Parmi les quatre pionniers du rang, seul François Leber fils conservera sa concession.
En fait, cette première tentative de développement de la côte des années 1720 aboutira à un véritable échec. Non seulement les terres seront-elles rétrocédées aux Seigneurs mais, de plus, aucune n’aura été défrichée ni même habitée, incluant celle conservée par François Leber fils. Rappelons que la côte de la Bataille est à près de 7 km du village et qu’aucun chemin digne de ce nom n’existe encore. Un sentier menant au fort de Chambly passe sur les terres de Laverdière et coupe celles des Leber; il deviendra chemin de charrette en 1739 seulement. Le chemin vers Saint-Jean ne sera construit qu’en 1748. Dans ce rang éloigné et difficile d’accès, les conditions de vie sont difficiles.
Il faudra attendre les années ’30 pour y voir arriver de véritables pionniers, soit des concessionnaires, résidants et défricheurs. En 1734, Gervais Meunier dit Lafleur reçoit en concession le lot T5, la moitié de l’ancienne terre de Gabriel Laverdière. En 1737, Michel Nicau dit Contois obtient l’autre moitié, le lot T6. Tous les deux vont bâtir maison et grange, défricher, labourer et semer.
Gervais Meunier dit lafleur, né en France, ancien soldat de M. de Lignery, épouse Catherine David en 1712, à Boucherville. Il demeure dans cette région jusqu’en 1722 puis se déplace à La Prairie vers 1723-24. Il réside au fort avec son épouse et ses 6 enfants en 1736 et jusqu’à ce que la terre reçue en concession soit prête à recevoir sa famille.
En 1748, âgé d’environ 71 ans, il cède sa terre à son gendre Jean-Baptiste Bissonnette, époux de sa fille Marie-Anne, moyennant le versement d’une rente. On retrouve alors une maison, des bâtiments et une section labourable de quoi semer 25 minots de grains. Trois ans plus tard, il mandate son fils aîné Jean-Baptiste, âgé d’environ 29 ans, aux fins de reprendre la terre cédée, vu que le gendre n’arrivait pas à verser la rente convenue. Gervais vivra jusqu’à 80 ans et sera inhumé à Chambly, où il vivait avec son épouse, probablement chez l’un de ses enfants.
Nous considérons que Gervais Meunier mérite le titre de premier pionnier de la côte Saint-François-Borgia dite la Bataille. Ses descendants y ont aussi joué un rôle important. Son fils Jean-Baptiste avait déjà une concession depuis 1742, le lot T3, qu’il revendra à son frère Amable en 1753. Élizabeth, fille de Gervais, et son mari Pierre Pommier reprendront en 1767 la terre de Gervais qui était passée entre-temps aux mains d’un nommé Pierre Ranger, marchand de Montréal.
Quelque trois ans après Gervais Meunier, le 15 octobre 1737, Michel Nicau Contois recevait à son tour une concession, le lot T6 voisin de Meunier, soit l’autre moitié de la terre rétrocédée par Gabriel Laverdière. L’acte du notaire Barette précise : au lieu appelé la Bataille. Michel Nicau, immigrant français, fut déporté en Nouvelle-France en 1733, à titre de faux saunier, c’est-à-dire qu’il s’adonnait à la contrebande du sel en France. Il épouse Marie-Anne Magnan l’Espérance à Montréal, le 20 mai 1737, la même année où il obtenait une concession au rang de la Bataille. Nicau y décède en 1750 mais sa veuve continue d’y demeurer. Lorsque Louis Franquet relate son voyage de La Prairie à Saint-Jean en 1752, il passe devant la maison de Nicau et ajoute qu’il y a eu un combat ci-devant. C’est la veuve Contois qui l’habitait à cette époque. En août 1752, elle épouse Jean Catel St-Jean, soldat de la compagnie de Lacorne; elle demeure propriétaire de la terre jusqu’en 1765-66. Nicau fait aussi figure de véritable pionnier.
En 1739, Louis Lacombe reçoit en concession le lot T7, voisin de Nicau, et de mêmes dimensions que le lot de ce dernier. Il devra toutefois le rétrocéder aux Seigneurs en 1751, qui l’accorderont deux jours plus tard à Frédéric Cousin.
Entretemps, en 1741, François Brosseau (Brousseau) se voyait accorder le lot T4 jusque-là inoccupé, voisin de la terre de Gervais Meunier dit lafleur et de mêmes dimensions que le lot de ce dernier. François, né à La Prairie en 1706, épousait en 1729 Josephe Leber, la soeur des voisins François et Jacques Leber des lots T1 et T2 et la fille du capitaine de milice de La Prairie. Il demeurera propriétaire de ce lot pour plus de 25 ans avant qu’il ne soit vendu au nommé Pierre Ranger. Jacques, fils du pionnier François Brosseau, occupera plus tard une terre située non loin de celle de son père.
En 1741, François Leber décède et sa terre (T1) est rétrocédée aux Seigneurs par sa veuve, Barbe-Élizabeth Brosseau, la sœur de François Brosseau ci-haut. Le lot de 4 arpents sur 30 sera concédé à nouveau en 1750 à Bastien Brisson qui le vendra à Louis Payant Saintonge en 1760. Ce dernier le rétrocèdera finalement aux Seigneurs en 1774.
Notons qu’un Pierre Ranger, marchand de Montréal, se retrouve propriétaire des lots T3, T4, T5 et T6 durant les années 1765-1770. On le qualifierait de nos jours de spéculateur immobilier ! Il décède en 1766 et sa succession cède les lots T5 et T6 à Jacques Lacroix. La même succession d’une part vendra le lot T3 en 1771 à Jean Catel, l’époux de la veuve Nicau et d’autre part remettra le lot T4 aux Seigneurs, un peu avant 1780.
Mais, comment localiser aujourd’hui ces premiers lots de l’ancien terrier ?
Même si le Fonds des Jésuites nous indique entres autres les noms des censitaires et les dimensions des terres et que les actes notariés mentionnent les limites physiques et les voisins, aucun repère ne nous permet de situer géographiquement les lots concernés (T1 à T7).
Nous avons dû effectuer une première chaîne des titres, à savoir retracer tous les propriétaires le plus loin possible dans le temps. Le lot qui, de nos jours, est borné partiellement par le chemin de Saint-Jean, la route 104, nous a servi de point de départ.
Il nous a été possible de remonter jusqu’à Michel Nicau et d’élaborer le schéma qui suit, à l’aide d’un plan dressé par l’arpenteur Jean Péladeau en 1762.
La ligne en bleu indique le chemin de Saint-Jean ou route 104. Elle borne la terre T6 de Nicau avant d’obliquer vers la droite. Le lot actuel fait 3 arpents de large sur 30 de long, tout comme celui de Michel Nicau dit Contois. Le ruisseau de la Bataille vient couper le chemin du même nom à la limite nord de cette terre. Sur le schéma, le côté nord se situe à gauche et le côté sud, à droite. La deuxième terre au nord, à partir du chemin de Saint-Jean fait encore aujourd’hui les mêmes dimensions que la T6; c’est la terre de Gervais Meunier dit lafleur, soit la T5. Gabriel Laverdière possédait ces deux terres en 1726, comme nous l’avons déjà vu.
Le lot T7 correspond aujourd’hui au premier lot de 3 arpents de large, à partir du chemin de Saint-Jean actuel, soit le début du rang ou chemin de la Bataille sud.
La ligne rouge au bas du rang indique le chemin venant de La Prairie, à l’époque des premiers censitaires de la côte. Ce chemin obliquait vers la gauche, non loin du chemin de rang actuel, et conduisait au fort de Chambly; rappelons qu’il demeure un simple sentier jusqu’en 1739 où il deviendra chemin de charrette grâce aux travaux dirigés par le grand voyer Jean- Eustache Lanouillier de Boiscler. De la même fourche, partait à droite un petit sentier menant à l’endroit où s’élèvera plus tard le fort de Saint-Jean. Amérindiens, voyageurs et contrebandiers s’en servaient bien avant l’arrivée des premiers concessionnaires pour se rendre à la rivière Richelieu et la descendre vers Orange (Albany). Non seulement le trajet est plus court mais de plus il permet d’éviter le poste de contrôle du fort de Chambly et la surveillance des patrouilles effectuées aux alentours. Fait à noter, le tracé de ce sentier demeurera grosso modo celui du chemin de Saint-Jean actuel, construit par le même grand voyer Boiscler en 1748, à l’exception du segment rectiligne entre les lots T6 et T7 qui n’existait pas à l’époque.
En 1762, Jean Péladeau juré arpenteur se rend à la Petite Rivière du Montréal (rivière l’Acadie) pour y dresser le plan figuratif des terres depuis la limite de la seigneurie de Laprairie et celle de Longueuil et bornées d’un bout par cette rivière et de l’autre par les terres de La Bataille. Nous y trouvons des données intéressantes sur les propriétaires des lots de La Bataille.
Nous avons ajouté en couleur, sur le schéma de Péladeau, la numérotation des lots selon l’ancien terrier telle que déjà mentionnée.
Ainsi le tracé actuel du chemin de Saint-Jean se situerait entre T6 et T7 sur le plan de Péladeau jusqu’à l’endroit où il oblique vers la droite pour se confondre avec le chemin du plan. Il est surprenant de constater que le tracé du chemin de Saint-Jean est demeuré le même depuis 1748, à partir de cet endroit jusqu’aux environs de Saint-Luc.
Sur le lot T6, Péladeau inscrit la veuve Contoy en référence à l’épouse de feu Michel Nicau dit Contois mentionné précédemment.
Le lafleur sur le T5 désigne Jean-Baptiste Meunier dit Lafleur, le fils de Gervais. Il possédait la terre depuis le 5 juin 1751.
Le Brousseau sur le T4 se réfère à François Brosseau qui l’occupait depuis 1741.
Le gerreaume du T3 est François Longtin dit Jérôme. Il avait acheté le lot d’Amable Meunier dit Lafleur, le frère de Jean-Baptiste, le 10 avril 1758 devant le notaire Lalanne.
M. Leber (pour : Monsieur Leber), inscrit sur le lot T2, désigne François Leber, fils de François, mentionné précédemment parmi les premiers concessionnaires.
Le St-Onge du lot T1 désigne Louis Payant dit Saint-Onge qui venait d’acheter cette terre de 4 arpents sur 30, le 28 février 1760 devant le notaire Lalanne. Le contrat d’achat indique bien 4 arpents alors que le plan de Péladeau n’en accorde que 3. Quand St-Onge rend sa terre aux Seigneurs en 1774, l’acte notarié spécifie toujours 4 arpents.
Le Jacques Brosseau du lot voisin serait selon nous le fils de François du lot T4. On retrouve ce Jacques à cet endroit dans les années qui suivent mais aucune trace avant 1762. Soit qu’il occupait cette terre sans en être le concessionnaire en bonne et due forme, soit que l’acte de concession ait disparu ou demeure introuvable.
Précisons que la numérotation utilisée change dès que les Jésuites concèdent des terres au nord de T1, de sorte que le lot T1 devient T11, T2 devient T12 et ainsi de suite. Selon la date, T14 peut donc identifier l’ancien T4, ou le nouveau T14 plus loin au sud.
Peu importe le numéro du lot figurant au terrier en 1762, la terre située au sud de celle de la veuve Contoy (à droite sur le plan de Péladeau) est celle de Laurent Bourdeau, concédée auparavant à Louis Lacombe le 12 mai en 1739. Rétrocédée aux Seigneurs par Lacombe en 1751 puis concédée à Frédéric Cousin deux jours plus tard, elle est vendue à Joseph Piédaleu en 1754. Laurent Bourdeau s’y retrouve en 1762 mais l’acte d’achat n’a pu être retracé.
Le voisin de Bourdeau, désigné lange sur le plan de Péladeau, identifie L’Ange Cusson, veuf de Catherine Bisaillon et époux en 2e noces de Marie-Louise Bourdeau.
Enfin le dernier sur le plan, Senécal, réfère probablement à Laurent Senécal, le fils de Pierre qui possédait un lot de 4 arpents à cet endroit en 1746.
Nous souhaitons que d’autres chercheurs poursuivent ce travail d’identification des pionniers pour les autres côtes de la seigneurie de La Prairie-de-la-Magdeleine.

- Au jour le jour, avril 2012
François Leber et l’histoire d’une dette envers un marchand de New York
En parcourant le greffe du notaire Pierre Raimbault, au Centre d’Archives de Montréal, je fus surpris par le libellé d’une obligation datée du 28 août 1725 : « Leber envers Schuyler ». On sait que, lors de la bataille de La Prairie en août 1691, les troupes des colonies anglaises étaient dirigées par le major Peter Schuyler et que, l’année précédente, son frère John avait lui aussi conduit une attaque contre La Prairie. Parmi les Français, le jeune Jean Leber Duchaine était décédé en 1691 à la suite des blessures subies durant le combat ; il n’avait que 23 ans.
En établissant quelques ascendances agnatiques, l’identité des principaux intervenants se précise. Le dénommé Leber concerné par l’obligation est François, époux de Marie-Anne Magnan, « habitant de la seigneurie de laprairie de la magdeleine » ; il est le cousin de feu Jean Leber Duchaine. Le créancier cité dans l’acte est Myndert Schuyler, « anglais de nation demeurant à Albani en la nouvelle angleterre » ; il est le cousin de Peter et de John. Il faut donc croire que, la paix étant revenue, les relations d’affaires entre les deux colonies avaient repris de plus belle. Mais comment pouvait-on en arriver à conclure de pareilles ententes à cette époque ?
La dette contractée par François Leber s’élève alors à 1 400 livres, la moitié payable dans un an, l’autre dans deux ans de la date de la signature. François Leber met sa terre et tous ses biens en garantie de sa dette ; il a reçu une concession à la Fourche où il possède un moulin avec son beau-frère, le marchand Jean-Baptiste Hervieux. Au moment de passer devant le notaire, François logeait avec son épouse dans la maison, située sur la rue Saint-Paul, de feu son beau-père le sieur Jean Magnan, marchand de Ville-Marie. François a aussi un oncle, Jacques Leber, marchand riche et réputé. François deviendra capitaine de milice de Laprairie vers 1727. Tout indique qu’il jouit d’une bonne réputation et entretient de bonnes relations avec la communauté des marchands locaux.
Quant à Myndert Schuyler, il était une figure importante d’Albany. Il avait déjà été maire de cette ville, major de la milice et commissaire aux Affaires indiennes. Marchand, négociant et grand propriétaire immobilier, il n’en était pas à son premier séjour à Montréal ni à ses premières ententes commerciales.
Au-delà du rapprochement des patronymes Schuyler et Leber dans une obligation notariée datant de 1725, il demeure qu’une dette d’un habitant de Laprairie envers un marchand d’Albany représente un fait particulier, pour ne pas dire étonnant. Le prêteur prenait des risques importants. Comme dans la plupart des transactions d’affaires, tout reposait sur une confiance mutuelle et la réputation de chacun. François Leber a une bonne réputation et connaît plusieurs marchands. L’acte notarié est rédigé dans la maison du lieutenant général et on y remarque, parmi les témoins, le jeune Jean-Baptiste Roch de Ramezay, Jean-Baptiste Legardeur de Repentigny et Guillaume Poitier de Pommeroy. Le premier est le fils du gouverneur Claude de Ramezay, décédé l’année précédente. Le second est le fils de Pierre, seigneur de Repentigny et capitaine d’un détachement des troupes de la marine. Le troisième est né et a vécu dans la province de New York jusqu’à l’âge de 15 ans avant d’immigrer en Nouvelle-France. Tous trois sont dits écuyers et officiers dans les troupes de la marine. Nous sommes en bonne compagnie…
Mais là ne s’arrêtent pas les particularités de cette obligation spéciale. En effet, Myndert Schuyler procède à un transport de sa créance, c’est-à-dire que Leber ne doit plus à Schuyler mais à un tiers désigné par ce dernier. Et ce tiers est un dénommé « De Lancey, marchand de la nouvelle york ». Le seul marchand de New York portant ce nom à cette époque est Stephen De Lancey. Il s’agit d’un riche et réputé marchand ; il laissera une immense fortune et une descendance qui jouera un rôle capital dans l’histoire de cette colonie qui deviendra plus tard un état américain. Bien plus, il est en réalité Français et Normand de naissance, de religion huguenote et porte le nom français d’Étienne de Lancy. Il s’était enfui en Angleterre, avait prêté serment d’allégeance au roi puis émigré vers New York en 1686. D’autre part, le père de François Leber est aussi d’origine française et normande. Il immigre en Nouvelle-France vers 1660 et épouse Jeanne Testard à Montréal en 1662. Il s’établit à Laprairie vers 1667 où il reçoit une concession en 1672. Il décède à Laprairie en 1694.
Myndert Schuyler et Stephen De Lancey font partie de la communauté des marchands influents de la Nouvelle- Angleterre. Ce dernier a épousé la fille du premier maire de New York natif de cette ville. De plus, la belle-mère de Stephen et mère de son épouse est Gertrude Schuyler, nièce de Myndert et sœur de John et De Peter. La boucle est fermée !
Bien spéciale en effet cette obligation de 1 400 livres, en date de 1725, d’un habitant de Laprairie envers un marchand de New York. Et tout ça sur une feuille vieille de presque 300 ans précieusement conservée aux Archives nationales.
Références :
Greffe du notaire Pierre Raimbault,
Centre d’Archives de Montréal, BAnQ
Marcel Trudel, Le Terrier du Saint-Laurent en 1674, Tome 2
DBC : Dictionnaire biographique du Canada
Francogène : généalogie des Français d’Amérique
People of colonial Albany
PRDH : Programme de recherche en démographie historique
Wikipédia

- Au jour le jour, décembre 2011
Amédée Papineau et le premier chemin de fer entre La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu
Amédée Papineau, le fils aîné du célèbre Louis-Joseph, naît rue Bonsecours à Montréal en 1819. On sait qu’il a assisté à l’importante assemblée de Saint-Charles. Plus tard, craignant d’être arrêté, il décide de traverser la frontière américaine. Alors âgé de 18 ans, il s’installe avec son père chez les Porter, amis des Papineau, qui habitent à Saratoga près d’Albany.
Amédée a rédigé un journal personnel qui couvre les années 1838 à 1855. Georges Aubin a retracé les manuscrits et il a publié ce journal chez Septentrion, sous le titre « Journal d’un fils de la liberté ».
À l’occasion du 175e anniversaire du premier chemin de fer reliant La Prairie à Saint-Jean-sur-Richelieu, j’ai pensé extraire de ce journal chacune des références à ce chemin de fer dont on peut dire que le fils de Louis-Joseph fut un client assidu.
Le jeudi 6 août 1840, Amédée traverse le lac Champlain en provenance des États-Unis où il s’était réfugié. Il rentre alors au Canada dans une sorte de pèlerinage vers les lieux où se sont produits les événements de la récente insurrection. Il craint d’être arrêté ou questionné mais tout se passe bien. Il déjeune à l’hôtel de Mott à Saint-Jean, d’où il part en charsExpression signifiant prendre le trainà 9 h, en direction de La Prairie. Il y arrive à 10 h. Il y remarque de grandes casernes en pierre. Enfin, il rentre à Montréal sur le pyroscapheSynonyme de bateauPrincess Victoria.
Le mardi 29 septembre 1840, Amédée quitte Montréal à 9 h en direction des États-Unis. Il prend le train de La Prairie à Saint-Jean puis le bateau jusqu’à Plattsburgh où il rend visite au docteur Wolfred Nelson. Il gagne plus tard sa destination finale, soit Saratoga.
Le jeudi 6 juillet 1843, il arrive à Saint-Jean en provenance de Saratoga. Il part en chars à 13 h 45 pour La Prairie qu’il atteint à 15 h. Il rentrera à Montréal sur le bateau Princess Victoria.
Le mercredi 29 novembre de la même année, la mère d’Amédée lui expédie à partir des États-Unis un coffre rempli de livres. Les douanes canadiennes étant alors situées à Saint-Jean, Amédée s’y rend en chars, débourse les frais de douanes et prend possession du coffre. Il le met ensuite sur un convoi pour La Prairie, dîne à l’hôtel Watson et repart pour La Prairie en chars. Il rentre enfin à Montréal en bateau, avec son coffre.
Le samedi 3 mai 1845, Amédée entreprend un voyage à New York. Il quitte Montréal à 9 h sur le bateau à vapeur Prince Albert, traverse à La Prairie, prend le train et arrive à Saint-Jean à 11 h. Il vaut la peine de le suivre pour apprendre comment on pouvait se rendre à New York à cette époque : de Saint-Jean à Whitehall, par bateau sur le lac Champlain ; de là en diligence jusqu’à Saratoga Springs ; puis en train jusqu’à Troy et par un petit bateau à vapeur de Troy à Albany ; de là sur un magnifique vapeur, en descendant le fleuve Hudson jusqu’à New York qu’il atteindra le 6 mai. Il y séjournera jusqu’au 14 pour ensuite remonter vers Montréal le 16 mai via Saint-Jean et La Prairie.
Son journal mentionne habituellement qu’il faut compter une heure pour le trajet en train entre ces deux municipalités et autant pour la traversée en bateau entre La Prairie et Montréal.
Le 21 septembre 1845, Amédée part vers les États-Unis à la rencontre de son père. Il traverse à La Prairie sur le Prince Albert, mais le train vers Saint-Jean accuse un retard « par dérangement au locomoteurSynonyme de locomotive». De toute évidence, la locomotive rencontre des problèmes ce jour-là, ce qui non seulement retarde le départ, tel que mentionné, mais aussi allonge la durée du trajet de 45 minutes. Le retour à Montréal, via Saint-Jean et La Prairie, a lieu le 28 septembre sans problèmes.
Le vendredi 1er mai 1846, Amédée part pour Saratoga par le même trajet et revient à Montréal le jeudi suivant. Notons qu’il descend ensuite à la vieille maison Bonsecours que la famille habite pour la première fois depuis qu’elle en a été chassée en novembre 1837.
Le dimanche 17 mai 1846, Amédée quitte Montréal avec son père Louis- Joseph et son frère Lactance à destination de Saratoga. Il y mariera Marie Westcott, trois jours plus tard. La distance en train de La Prairie à Saint-Jean prendra plus de temps qu’à l’habitude, soit 1 h 30. Les nouveaux mariés rentreront à Montréal le 3 juin en prenant le train de Saint-Jean à La Prairie.
Amédée ne passe pas par La Prairie le 4 août 1846, mais il note dans son journal que « à 9 h, ce soir, le village de La Prairie apparaît tout en feu ! Les flammes semblent en dévorer la plus grande partie.Page 728 »
Le 28 mai 1849, Amédée entreprend un voyage bien particulier vers Saratoga. En effet, il part de Montréal avec son épouse, son cheval et sa voiture, traverse en bateau à La Prairie et monte dans le train vers Saint-Jean en compagnie de son épouse, après y avoir mis à bord son cheval et sa voiture. Le même cortège effectuera le parcours en sens inverse, le 1er août suivant. (Entre temps, Amédée viendra seul à Montréal en juillet pour régler quelques affaires et retourner ensuite à Saratoga.)
Le dernier voyage en train entre La Prairie et Saint-Jean, consigné dans son journal, fut celui du 15 novembre 1851 alors qu’il revenait de Rouses Point. Il était allé à la rencontre de son épouse Marie qui malheureusement n’était pas au rendez-vous. À son retour à La Prairie, il rate le traversier vers Montréal et doit coucher à l’American Hotel.
Enfin un témoignage qui atteste bien que notre Amédée passait par La Prairie en tant qu’usager du chemin de fer et non par amour pour l’endroit : « Sa santé devient trop précaire dans ce trou malsain de La Prairie pour qu’il y reste plus longtemps. »Il s’agit de la santé de son oncle Théophile Bruneau, page 931
Quoi qu’il en soit, nous avons bien relevé 19 trajets La Prairie-Saint-Jean, dans un sens ou dans l’autre, effectués par Amédée entre 1840 et 1851, et ce, malgré un séjour à Paris de 3 ans. On peut sans doute le qualifier de bon client du premier chemin de fer.
Source : Amédée Papineau, Journal d’un fils de la liberté, 1838-1855, deuxième édition, texte établi avec introduction et notes de Georges Aubin, Septentrion, Sillery 2008

- Au jour le jour, janvier 2011
La croix de chemin à la mémoire du combat du 11 août 1691 au chemin de la Bataille
À l’intersection de la route 104 et du chemin de la Bataille, se dresse une grande croix blanche avec un monument de pierres (un cairn) à son pied. Il s’agit de la croix de chemin à la mémoire du combat du 11 août 1691, à La Prairie.
Cette croix est située sur un lopin de terre faisant partie du lot 489, donné au gouvernement par M. David Daignault, cultivateur, à la condition expresse que le donataire y érige un monument pour commémorer la deuxième bataille de La Prairie et de plus assume l’entretien du lopin et de la clôture qui le borde.
La première croix
Il y avait déjà une croix à cet endroit en 1923, et même bien avant. En effet, le curé Florent Bourgeault de La Prairie avait concerté une bénédiction solennelle de la croix, l’après-midi du 14 septembre 1891, laquelle avait été précédée d’une cérémonie religieuse tenue dans l’église paroissiale de La Prairie en matinée.
Sur la photo retracée dans le fonds Élisée Choquet, on trouve cette note manuscrite : « Croix érigée et bénite le 14 septembre 1891, aux quatre chemins de la Côte Saint-François de Borgia ou la Bataille, en souvenir d’un fait d’armes entre les Français, les Sauvages chrétiens d’un côté et les Anglais et les Sauvages infidèles de l’autre, le 11 août 1691 »
On remarque une couronne, portant l’inscription 11 août 1691 ainsi qu’une petite clôture blanche. Cette belle couronne de fleurs en fer émaillé était un don de la paroisse de Chambly dont le curé, M. Lesage, fit un discours de circonstance lors de l’inauguration. Puis, Joseph Morin, vicaire forain et curé de Saint-Jacques-le-Mineur procéda à la bénédiction proprement dite. Le curé Bourgeault de La Prairie coordonnait la cérémonie. La foule prit ensuite place dans des estrades pour entendre les discours des dignitaires : Joseph-Octave Dion, président du Cercle Saint-Louis de Chambly, Louis-Conrad Pelletier, député fédéral de Laprairie, le docteur Thomas-Auguste Brisson, maire de La Prairie et Florent Bourgeault, curé de la paroisse.
Avait précédé en avant-midi un service funèbre religieux solennel, à la mémoire des victimes du combat de 1691. Solennel est le mot juste puisqu’on assista à une grand-messe avec diacre et sous-diacres, célébrée par le curé de La Prairie en présence dans le choeur d’une douzaine de prêtres, curés de paroisses voisines, vicaires, anciens curés, Sulpiciens, Jésuites et autres.
Dans l’église de La Prairie, se trouvait une grande foule de fidèles dont les Frères de l’Instruction chrétienne et leurs élèves, les élèves du collège Sacré-Coeur rattaché au noviciat des mêmes Frères, les Soeurs de la Congrégation et leurs élèves, les Soeurs de la Providence et leurs orphelines.
La croix des frères Duquette

Le 29 septembre 1960, une seconde croix fut érigée au même endroit en remplacement de la première. Une note manuscrite, à l’endos d’une photo appartenant à Hermance Bisaillon, en fait foi et mentionne les artisans : Adélard, Donat et Émile Duquette.
La croix fut construite dans le hangar de Donat, près de la maison paternelle du chemin de la Bataille Sud, qu’il habitait avec son frère Émile et sa soeur Lia. Les trois sont toujours demeurés célibataires. Donat, cultivateur, fut l’initiateur et le coordonnateur du projet ; il était aussi conseiller municipal et président du conseil d’administration de la Caisse populaire de La Prairie. Il a mis à profit les talents et l’expérience de son frère Adélard, cultivateur, qui habitait alors à l’Acadie avec sa famille. Adélard avait déjà érigé une croix sur le chemin du Clocher en 1939.
Donat a eu recours aux services de son ami Rodolphe Langlois, alors cantonnier, pour transporter et planter la croix sur son emplacement. Plus tard, on l’a vu tirer son convoyeur à grains avec son tracteur jusqu’à la croix, sur une distance d’un kilomètre, afin de pouvoir l’atteindre et la peinturer.
La croix actuelle

La croix actuelle demeure toujours la croix des frères Duquette, mais avec quelques modifications.
L’écusson central est disparu ; il rappelait la couronne de fleurs en fer émaillé de la première croix.
Le coq métallique a cédé sa place à un coq de bois, oeuvre de Patrick Demers, menuisier du chemin de la Bataille Nord. Des embouts taillés en pointe remplacent les anciens, ronds et probablement en métal.
La croix actuelle a joué un rôle important dans la vie de la communauté locale. Plusieurs se souviennent des rassemblements du mois de Marie ou de la neuvaine des cultivateurs, ou d’une visite personnelle de dévotion.
Le caractère exceptionnel de cette croix
La croix commémore la bataille de 1691, un événement historique national ; elle provient de l’initiative de la population locale. Rares sont les croix de cette catégorie encore présentes aujourd’hui.
Ce sont les habitants du rang de la Bataille qui l’ont plantée à cet endroit en 1891 et entretenue par la suite.
Puis les frères Duquette, aussi du même rang, l’ont remplacée par une semblable. Ce serait le seul cas où le peuple lui-même aurait perpétué ainsi un événement historique national pour plus d’un siècle. Au Québec, il n’existe aucune autre croix de chemin populaire, érigée à la mémoire d’un événement national historique, qui bénéficie d’une si longue tradition.
Références
Rapport de recherche du même titre et du même auteur, avec illustrations et sources, 27 pages, disponibles à la SHLM pour consultation
Crédits photos :
Croix de 1891 : BanQ P60, S3, D100
Croix de 1960 : collection Hermance Bisaillon
Croix actuelle : Jean Joly 2009