Au jour le jour, avril 2024
Fouilles archéologiques en juin 1994 à l'angle des rues Saint-Georges et Sainte-Marie. Ces fouilles avaient été rendues possibles suite à l'incendie et à la démolition de la taverne Patenaude.
Une récente visite aux archives de La Nativité nous a permis de découvrir un album contenant de nombreuses photos inédites, dont trois daguerréotypes, de la fin du 19e siècle. Il s’agit de personnages en lien plus ou moins étroit avec La Prairie. Hélas, un grand nombre des photos ne sont pas identifiées. Nous profitons quand même de l’occasion pour vous présenter quelques figures de l’époque.
LÉON-BENOÎT-ALFRED CHARLEBOIS
Né à La Prairie, le 18 février 1842, fils de Benoît Charlebois et de Madeleine David. A étudié à l’école primaire de son village natal. Commerçant de grains. Président du Turnpike Road Trust. Major junior du 85e Bataillon. Auditeur de la Municipalité de La Prairie en 1870. Conseiller municipal de La Prairie du 13 janvier 1871 au 13 janvier 1873. Élu député conservateur dans La Prairie en 1875. Réélu en 1878, en 1881 et en 1886. Officier au 85e Bataillon depuis sa fondation en 1880, il a démissionné de son poste en 1885.
Il avait épousé dans la cathédrale de Montréal, le 24 août 1868, Marie Elmire Varin, fille de Jean-Baptiste Varin, notaire, et d’Hermine Raymond.
Décédé en fonction à La Prairie, le 27 juin 1887, à l’âge de 45 ans et 4 mois. Il est inhumé dans le cimetière de La Prairie, chemin de Saint-Jean, le 30 juin 1887.[1]
AMBROISE HÉBERT
Ambroise Hébert et son épouse Sophie Demers, maître boulanger sur la rue Saint-Ignace. En 1843, il achète le lot no 14 sur lequel se trouve une maison de bois, laquelle a sans doute été détruite par le grand incendie d’août 1846. Le couple Hébert-Demers a, entre autres, eu deux fils devenus prêtres. L’un, Ambroise, malade de consomption, a été ordonné à La Prairie où il est d’ailleurs décédé à l’âge de 24 ans. L’autre, Wilfrid, est devenu sulpicien et a agi à titre d’exécuteur testamentaire au décès de son père en 1905.
Après l’incendie de 1846, Ambroise Hébert a fait construire l’édifice en brique qui deviendra plus tard la Boulangerie Lussier qui sera détruite par le feu en 1982.
DAVID LÉBERT
a été commis sur la rue
Saint-Jacques à La Prairie
ainsi qu’au magasin général
« A. Charlebois & Co », coin
Sainte-Marie et chemin de Saint-Jean.
JULIEN BROSSEAU
Julien Brosseau (1837-1912, décédé à 74 ans et 7 mois) était à la fois maire de la municipalité du village (1876-1885), maître de poste, marchand de bois, agent pour les compagnies d’assurance Canada Fire and Marine Insurance et Commercial Union Assurance Co. of London, directeur et secrétaire de la Laprairie Navigation Co. (1867), capitaine du vapeur l’Aigle, et également directeur et secrétaire de la Laprairie Turnpike Road Co. (la Cie du Chemin macadamisé).
Il était un homme riche et influent.
Julien Brosseau fut également agent de la Montreal Telegraph Company et de la Queen Insurance Co. of Liverpool and London, sans oublier la Royal Insurance Co. of England. Après avoir agi comme officier du détachement volontaire de La Prairie lors de la guerre contre les Féniens en 1870, une décennie plus tard, en 1880, Julien Brosseau fondait le 85e Bataillon d’infanterie (dont il était lieutenant-colonel) qui devint le Régiment de Maisonneuve en 1920.[2]
L’ABBÉ JEAN-BAPTISTE ALLARD
Né à Châteauguay en 1833, de Charles Allard, cultivateur et d’Amable Primeau. Il fut ordonné à Montréal le 10 octobre 1860. Vicaire à Saint-Hyacinthe de 1860-1861, à Sorel (1861-1862), à La Prairie (1862-1864). Professeur au collège classique de Terrebonne (1864-1866). Missionnaire à Key West en Floride 1866-1875, où il est décédé le 9 décembre 1875.
Extrait de « Le dictionnaire biographique du clergé canadien-français ». Par l’abbé J.-B.-A. Allaire
MADEMOISELLE ROBERT
Léandre Robert épouse en premières noces Émilie Desanges Hébert à Chambly en 1848. Ils vivent à Chambly. Il est hôtelier et déjà en 1880, il est propriétaire de l’Hôtel Montréal à La Prairie sur la rue du Boulevard, et ce, jusqu’à son décès en 1897. De ce premier mariage survivront 3 filles : Victorine, Angélina, et Agnès.
Le bâtiment de pierre à trois étages avait été bâti par Marc Gagnon, sans doute après le grand incendie de 1846. Durant les dernières années de son existence l’hôtel avait été converti en logements multiples avant d’être incendié en 1972.
Devenu veuf en 1880, Léandre Robert épouse en 1882, à l’âge de 54 ans, Anne Kane, veuve âgée de 37 ans. Celle-ci, orpheline irlandaise, a été mariée en 1857 à l’âge de 12 ans à Alexandre Crompe de Saint-Isidore. Ce cliché présente-il une des filles de Léandre ? Ou Anne Kane Robert, sa seconde épouse qui lui survivra ? Anne Kane était aussi connue sous « Annie King » (c’est ainsi qu’elle apparaît dans le registre paroissial lors de son décès en 1900).
N.B. Au Québec on appelait « mademoiselle » une jeune fille ou une femme non mariée.
ÉLISABETH SYLVESTRE
Née le 20 janvier 1862, elle est également fille de Hyacinthe Sylvestre (marchand général) et de Marie Foisy.
Ce couple a eu 6 filles et un garçon, tous nés à La Prairie.
MARIE BLANCHE COLOMBE SYLVESTRE
Née en 1857, elle est la fille de Hyacinthe Sylvestre et de Marie Foisy.
Elle épouse Ambroise Napoléon Montanari (Ambroise Pierre Paul et Anne Eulalie Prairie) à La Prairie le 1er août 1881.
Elle était organiste à l’église alors que son père était le sacristain si plein de zèle qu’on l’appelait le 2e curé.
Hyacinthe Sylvestre, était aussi marchand général et capitaine des pompiers.[3]
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[1] Tiré du site de l’Assemblée nationale du Québec sur les anciens députés.
[2] Voir le Au jour le jour de janvier 2012.
[3] Voir le Au jour le jour de février 2015
Conformément aux règlements de la SHLM, trois postes étaient en élection au conseil d’administration pour l’année 2024.
Seules trois mises en candidature ont été reçues dans les délais prescrits.
En conséquence, lors de l’assemblée générale annuelle du 19 mars dernier, messieurs Jean-Pierre Labelle, Stéphane Tremblay et Jonathan Trottier ont été réélus au conseil d’administration pour les deux prochaines années.
Merci à tous les membres présents!
Toujours fidèle à sa mission, la SHLM organisera plusieurs activités durant la saison printanière. Voici quelques dates à inscrire à votre calendrier :
14 avril : Brunch offert aux bénévoles et aux membres de la SHLM au centre multifonctionnel Guy-Dupré pour souligner la Semaine nationale de l’action bénévole. Dévoilement du (de la) bénévole de l’année 2023.
16 avril : Conférence à 19 h au Théâtre : Monsieur Philippe Boulanger « Corsaires et espionnage en Méditerranée au 16e siècle ».
20 mai : La SHLM participera à l’organisation de la Journée nationale des Patriotes dans le Vieux-La Prairie avec l’équipe du député fédéral, M. Alain Therrien.
21 mai : Conférence à 19 h au Théâtre : Monsieur André-Carl Vachon « Les réfugiés et miliciens acadiens en Nouvelle-France 1755-1763 ».
24 juin : Il n’y aura pas de festivités dans le Vieux-La Prairie cette année pour la Fête nationale de la Saint-Jean-Baptiste. Nos locaux seront ouverts et nos guides étudiants offriront trois visites guidées gratuites durant la journée (10 h, 13 h et 15 h).
Au plaisir d’échanger avec vous lors d’une de ces activités.
Bon printemps
Stéphane Tremblay, Président de la SHLM
Corsaires et espionnage en Méditerranée au 16e siècle
Le 16e siècle voit trois empires se livrer à un affrontement sanglant en Méditerranée : Venise, l’Espagne et les Ottomans.
Le but de cette conférence est de faire connaître ce conflit qui mêle croisade, guerre commerciale, piraterie et espionnage.
Passionné d’histoire, Philippe Boulanger a complété un baccalauréat ainsi qu’une maîtrise en histoire. Spécialisé en histoire médiévale, il donne depuis des entrevues et des conférences pour démystifier cette période mal connue et parfois malmenée.
Parallèlement, il travaille depuis plus de 15 ans dans le monde muséal et enseigne l’histoire au niveau collégial.
Le mardi 16 avril 2024 à 19h00
Théâtre du Vieux-La Prairie, 247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres : GRATUIT. Non-membres : 8,00$
Pour information: www.shlm.info 450-659-1393
Au jour le jour, mars 2024
La naissance du premier chemin de fer au pays en juillet 1836 allait de toute évidence entraîner de multiples changements. L’essor industriel de la seconde moitié du 19e siècle va provoquer l’expansion rapide du réseau ferroviaire (particulièrement au sud du Saint-Laurent) et en conséquence la construction de gares dans des centaines de villages et de hameaux.
La croissance des chemins de fer au Québec, laquelle a atteint un sommet vers 1920, était avant tout dictée par les besoins de développement de l’économie nord-américaine. Ce qui explique que la distribution des gares était, à l’époque, particulièrement dense dans les campagnes autour de Montréal et des villes en plein essor industriel comme Granby, Saint-Hyacinthe et Sherbrooke (des municipalités judicieusement situées en bordure d’un important cours d’eau).
Ce qui explique que durant le siècle qui s’étend de 1850 à 1950, les gares des campagnes ont joué un rôle prédominant dans le transport des passagers et des marchandises vers les grands centres et inversement.
Importants lieux de rencontres et d’échanges, les gares offraient de nombreux services à la population : télégraphe, envoi de colis, toilettes publiques, prise en charge des bagages et salle d’attente.
Mais, à compter des premières décennies du 20e siècle, l’apparition de l’automobile et du transport routier allait sérieusement et graduellement ébranler l’hégémonie du transport sur rails.
L’urbanisation a provoqué un important déplacement des populations rurales vers les villes, cela, ajouté à la multiplication des automobiles et au développement du réseau routier, a eu pour effet de réduire le nombre de voyageurs par train et rendre ainsi caduques de nombreuses voies ferrées ainsi que leurs petites gares.
De plus, au cours de la seconde moitié du 20e siècle, le développement des banlieues ajouté à la mécanisation et à la réorientation de l’activité agricole ont favorisé un nouvel exode vers les villes et largement transformé le paysage rural de certaines régions. Ces importants changements ont également eu un effet sur l’usage de bâtiments jusque-là associés à la campagne québécoise dont les magasins généraux et les gares. Témoins d’une époque révolue, visibles du ciel et couvertes de végétation, d’anciennes voies ferrées parcourent encore la plaine du Saint-Laurent.
À l’époque, l’architecture (majoritairement à ossature de bois) et l’allure des gares variaient au gré des compagnies ferroviaires et des entrepreneurs locaux. Leurs périmètres allaient de 40 X 20 pieds à 80 X 20 pieds et n’avaient le plus souvent que le rez-de-chaussée. Les couleurs des murs extérieurs n’étaient pas uniformes, quoique le plus souvent grises ou rouges. L’agencement des pièces (salle d’attente, entrepôt pour le fret et toilettes) n’était pas standardisé. Lorsqu’elles avaient un étage, ce dernier servait de logement au chef de gare et à sa famille. C’était le monde d’hier avec son lot de souvenirs.
À mesure qu’elles devenaient inutiles, de nombreuses gares furent abandonnées et démolies. D’autres furent transportées plus ou moins loin de leur emplacement d’origine afin de servir à d’autres usages. Signe des temps, nombre d’anciens chemins de fer abandonnés et délestés de leurs rails furent convertis en pistes multifonctionnelles (le P’tit Train du Nord, la piste Granby-Waterloo, etc.).
Quelques exemples
Brosseau était un hameau situé au pourtour de la gare du même nom à l’intérieur du périmètre actuel de la ville de Brossard. Nous ignorons l’année de construction de la gare de Brosseau (Brosseau Station), mais nous savons qu’elle était sise à courte distance au NNE du Chemin des Prairies.
Inutilisée, cette gare a été achetée par Lucien Sainte-Marie vers 1959-1960[i], lequel l’a déménagée sur la rue Orléans. Il l’a ensuite modifiée pour en faire un édifice à quatre logements, si bien qu’elle était devenue méconnaissable. Il y a moins de 10 ans, un promoteur immobilier l’a démolie pour la remplacer par une grande maison unifamiliale.
Autre exemple, construite en 1914, la gare de Saint-Philippe était autrefois située sur la montée Monette à l’intersection de la voie ferrée. De là on pouvait rejoindre Montréal, Saint-Jean-sur-Richelieu et les États-Unis. La gare a été déménagée en 1967 au 3227 de la route Édouard-VII pour être transformée en résidence à 2 étages. Dans ces deux exemples, peut-on sérieusement parler de survivance du patrimoine bâti? Comme dans le cas de la gare de Brosseau, il s’agit au mieux de récupération de matériaux, puisque les bâtiments n’ont plus du tout l’allure d’une gare.
Un bilan
La consultation du très intéressant site « Les gares patrimoniales du Québec » (https://patrimoineduquebec.com/GaresduQuebec/repertoire-des-gares/) nous a permis de tirer quelques conclusions révélatrices.
Le site répertorie 123 gares à travers le Québec, dont 30 (24%) sont protégées à titre d’immeubles patrimoniaux. De ces 123 édifices, 34 servent encore de gares (28%). Ces chiffres sont révélateurs du peu d’intérêt que les différentes localités accordent à leur patrimoine bâti.
Nous avons également constaté qu’il existe trois façons de conserver une gare à valeur patrimoniale et ainsi d’éviter sa disparition : soit que l’édifice conserve sa fonction de gare, soit qu’on le déménage ou encore qu’on lui confie (souvent après restauration) une nouvelle vocation.
Dans ce dernier cas, les usages sont multiples et varient selon les besoins du milieu : bibliothèque municipale, maison de la culture, centre d’interprétation, OBNL, musée, commerce, information touristique, halte pour piste cyclable, bureaux d’administration, résidence funéraire, résidence privée, marché public, restaurant, micro-brasserie, centre d’archives, etc.
Ainsi, d’une certaine façon, les gares qui étaient autrefois intrinsèquement liées à l’essor économique des régions continuent dans une moindre mesure à exercer des fonctions qui supportent l’économie et la culture des localités.
Compte tenu du peu de bâtiments restants, n’est-il pas temps de crier « gare ! » ?
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[i] Information obtenue de Mme Yolande Sainte-Marie.
Source: J. Derek Booth, Railway Stations in Southern Quebec, Canadian Rail, No 256, April 1973, pages 103 à 108
Membres de la SHLM : on vous attend !
Le mardi 19 mars à 19 h au Théâtre du Vieux-La Prairie pour l’Assemblée générale annuelle de la SHLM. Une collation sera servie.
Votre présence est précieuse et vos idées sont les bienvenues !
Saint-Rémi 1760-1875.
Origines et début d’urbanisation.
/ par Hélène Trudeau
Hélène Trudeau éditrice, Longueuil.
2016
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Brève histoire du Québec
/ par Jean Hamelin et Jean Provencher
Boréal
1997
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La civilisation de la Nouvelle-France 1713-1744
/ par Guy Frégault
Bibliothèque québécoise
1990
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L’Acadie. Pages glorieuses
/ par Candide de Nant
Éditions de L’Écho, Montréal
2001
L’édition 2024 de la Semaine de l’action bénévole au Québec aura lieu entre le 14 et le 20 avril prochains et aura pour thème « Bénévoler, c’est brillant ».
La SHLM profitera de cette semaine thématique pour souligner l’implication et le travail de ses membres et bénévoles lors d’un déjeuner qui se déroulera au Centre multifonctionnel Guy-Dupré, situé au 500 rue Saint-Laurent, le dimanche 14 avril prochain.
Le nom du (ou de la) bénévole de la SHLM pour l’année 2023 sera dévoilé durant cet événement.
En terminant, nous vous rappelons qu’il n’est toujours pas trop tard pour devenir membre de la SHLM afin de pouvoir assister à notre assemblée générale annuelle qui aura lieu à 19 h le mardi 19 mars prochain au Théâtre du Vieux-La Prairie (247, rue Sainte-Marie).
Bon printemps à toutes et à tous !
Stéphane Tremblay
Président de la SHLM
Corsaires et espionnage en Méditerranée au 16e siècle
Le 16e siècle voit trois empires se livrer à un affrontement sanglant en Méditerranée : Venise, l’Espagne et les Ottomans.
Le but de cette conférence est de faire connaître ce conflit qui mêle croisade, guerre commerciale, piraterie et espionnage.
Passionné d’histoire, Philippe Boulanger a complété un baccalauréat ainsi qu’une maîtrise en histoire. Spécialisé en histoire médiévale, il donne depuis des entrevues et des conférences pour démystifier cette période mal connue et parfois malmenée.
Parallèlement, il travaille depuis plus de 15 ans dans le monde muséal et enseigne l’histoire au niveau collégial.
Le mardi 16 avril 2024 à 19h00
Théâtre du Vieux-La Prairie, 247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres : GRATUIT. Non-membres : 8,00$
Pour information: www.shlm.info 450-659-1393
Au jour le jour, février 2024
Reproduction de la Dorchester à l’occasion du 150e anniversaire du premier chemin de fer au Canada. C’était en 1986.
Le 19 décembre 1880, entre 18 h et 22 h, les bâtiments appartenant à Sifroy Faille prennent feu, à la fois dans le grenier, les écuries, les étables et la cour. Heureusement, le feu est éteint grâce aux nouvelles pompes portatives Babcock, mais le bâtiment principal est en grande partie détruit.
L’incendie est plus tard attribué à Victor Mailloux, un incendiaire en série du village.[1]
Selon Gaétan Bourdages, ce dernier aurait mis le feu environ 25 à 30 fois aux quatre coins du village entre 1877 et 1880. [2] Victor Mailloux, possiblement né à La Prairie le 5 juillet 1854, semble n’être qu’un petit incendiaire du village, mais en examinant les archives, il est clair que son parcours mérite d’être scruté davantage.
Ainsi débute l’histoire rocambolesque de Victor Mailloux à La Prairie.
Le vendredi 21 janvier 1881, l’huissier de Montréal, G. S. Désormeau et le constable C.C. Coulée de La Prairie arrêtent Victor Mailloux pour avoir volé un porc.
Rapidement, il est amené devant monsieur N. Grondin, le magistrat de Saint-Lambert. À ce moment, il plaide coupable et avoue lui-même être le responsable de plusieurs incendies du village, dont celui chez Sifroy Faille qui a eu lieu le 19 décembre 1880. Rapidement, il est mis sous caution.
Le jour suivant, le samedi 22 janvier 1881, alors qu’il était sous la garde de Désormeau, Victor lui demande la permission de sortir pour prendre l’air ; sa demande est acceptée. À peine sorti, il prend la fuite vers le fleuve et tente de s’y noyer, mais le gardien le sort de l’eau.
De retour sous les verrous, Victor affirme avoir voulu se suicider, car il ne pouvait pas vivre heureux avec sa conduite honteuse. [3]
Quelques jours plus tard, une nouvelle accusation est portée contre sa personne. En effet, il est accusé d’avoir contrefait la signature de M. Charlebois, député de La Prairie, sur un chèque de 25 $, qu’il a ensuite tenté d’encaisser.[4] Or, ce n’était pas sa seule tentative de fraude.
Le 11 mars 1881, une seconde accusation de contrefaçon est déposée. Lors d’un dépôt, la Banque découvre qu’il avait contrefait la signature de M. Théodore Mailloux sur deux billets provisoires, un de 10 $ et l’autre de 15 $ et qu’il les avait utilisés pour acheter du cuir chez MM. Larin et Beaudoin. M. Théodore Mailloux a lui-même confirmé que sa signature était contrefaite. [5] Mailloux est donc un voleur, un incendiaire et « un faussaire »[6] et il sera jugé ainsi lors de son procès qui débute le 24 mars 1881.
Le procès de Victor Mailloux se déroule sur plusieurs jours et nous permet d’en apprendre davantage sur les événements qui ont précédé son incarcération.
Devant la cour d’assises, Court of Queen’s bench, à 16 h 16, les grands jurés rendent l’arrêt suivant : arrêt de mise en accusation, un true bill, contre Victor Mailloux : vol et crime d’incendiaire. Ce dernier plaide non coupable. La séance est donc ajournée au lundi suivant.[7]
Ainsi, son procès officiel se déroule le 28 mars 1881, présidé par le juge Baby. Or, Victor n’a pas les moyens de se payer un avocat. M. Francis A. Quinn se porte volontaire pour le défendre. Les interrogatoires peuvent donc débuter.
Sifroy Faille témoigne que l’incendie fait par Mailloux lui coûte environ 135 $ de dommages. Antoine Gadna, un laboureur, affirme l’avoir vu placer une allumette dans la grange où se trouve le foin. Or, Louis Mailloux, le père, affirme que son fils était à la maison lorsque le feu a commencé, mais il est impossible pour lui de le prouver.
En prenant en considération ces témoignages et les accusations qui pesaient déjà contre lui, le jury se retire toute une nuit et n’arrive pas à s’entendre. Le verdict tombe, Mailloux est reconnu coupable d’incendie criminel. [8]
La sentence est toutefois établie le 16 avril 1881. Le juge, prenant en considération les accusations de vol et de falsification ainsi que le verdict coupable d’incendie criminel, le condamne à 5 ans de pénitencier. [9]
Après plusieurs années de méfaits, Victor Mailloux quitte enfin La Prairie le 18 avril 1881 pour la prison.[10] Il est difficile de faire le suivi de Victor après cette date. En effet, il existe d’autres Victor Mailloux dans la région et les archives de la SHLM ne mentionnent pas s’il retourne à La Prairie après sa sentence.
Cependant, il est cocasse de souligner que dans plusieurs journaux, d’autres vols et incendies sont rapportés, tous attribués à un Victor Mailloux.
Or, ces actes n’ont pas été commis à La Prairie, il est donc impossible de savoir s’il s’agit bien de notre Victor.
BIBLIOGRAPHIE
Étude
BOURDAGES, Gaétan, La Prairie, Histoire d’une ville pionnière, Montréal, Éditions Histoire Québec, 2013, p.286.
Journaux
Journal La patrie, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].
Journal The Daily Witness, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].
Journal L’Événement, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].
Journal Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].
Sources
BOURGEAULT, Florent, « Journal historique par Florent Bourgeault curé de La Prairie, Faits et gestes de La Prairie 1877-1890 », 1877-1890, décembre 1880, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquette, cote P1, S2, D2.44.
SYLVESTRE, Hyacinthe, « Journal d’Hyacinthe Sylvestre — retranscrit et annoté. », 1847–1893, 68 p., Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquette, cote P1, S2, D2.267, P01.
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[1] Florent Bourgeault, « Journal historique par Florent Bourgeault curé de La Prairie, Faits et gestes de La Prairie 1877-1890 », 1877-1890, décembre 1880, Société d’histoire de La Prairie de la Magdeleine, Fonds Élisée Choquet, boite 1-1-1B, dossier P1, S2, D2.44.
[2] Gaétan Bourdages, La Prairie, Histoire d’une ville pionnière, Montréal, Éditions Histoire Québec, 2013, p.286.
[3] [Auteur inconnu], « Faits Divers », L’Événement, mercredi 26 janvier 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.4.
[4] [Auteur inconnu], « City Items », The Daily Witness, vendredi 28 janvier 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.8
[5] [Auteur inconnu], « Faits Divers » L’Événement, samedi 12 mars 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.2.
[6] [Auteur inconnu], « Faits Divers » L’Événement…, p.2.
[7] [Auteur inconnu], « Chronique Montréal, Cour d’assises », La Patrie, samedi 26 mars 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.2.
[8] [Auteur inconnu], « Legal intelligence, Court of Queen’s Bench – Crown Side, Monday, March 28 », Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, mardi le 29 mars 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.4.
[9] [Auteur inconnu], « Legal intelligence, Court of Queen’s Bench – Criminal Side, Saturday, April 16 », Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, lundi 18 avril 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.4.
[10] Hyacinthe Sylvestre, « Journal d’Hyacinthe Sylvestre — retranscrit et annoté. », 1847 – 1893, p.32, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquet, dossier P1, S2, D2.267, P01.
J’ai un parcours un peu tous azimuts qui demeure malgré tout cohérent !
J’ai étudié en arts et en sciences humaines au cégep où j’ai fait la découverte de l’anthropologie. Je suis tombée en amour avec la discipline dès le premier cours.
Plus tard, à l’université, je me suis rendu compte que l’histoire m’attirait tout autant.
C’est d’ailleurs durant l’un de mes cours d’histoire que j’ai fait la découverte du « Certificat en archivistique » de l’Université de Montréal. Ce cours a été décisif puisque j’ai par la suite décidé de m’inscrire également en archivistique.
Je m’embarquais donc pour un parcours de 3 mineures en vue d’obtenir un baccalauréat par cumul. Le stage en archivistique est la dernière étape avant de décrocher mon diplôme.
Je connaissais déjà la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine par le biais de mon travail au Musée d’archéologie de Roussillon. Alors, lorsque Caroline Laberge, archiviste-directrice générale, m’a proposé de réaliser mon stage à la SHLM, j’ai sauté sur l’occasion !
Dans le cadre de ce stage, on m’a confié le traitement complet du fonds d’archives de madame Claire Robert (P83) ; une femme que je découvre à travers ses photographies, sa correspondance (et soyons honnêtes, grâce aux connaissances que possède Caroline à son sujet) et qui me fascine un peu plus chaque jour.
En somme, c’est un stage qui s’annonce très formateur !
Conduit par l’étoile : chemin faisant entre Tourouvre et la Grande-Anse, ou, l’histoire de Jean Pelletier, défricheur.
/ par Marie-Paul Gagnon
La Ferrée-Pinguet.
2000
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La civilisation de la Nouvelle-France 1713-1744
/ par Guy Frégault
Bibliothèque québécoise
1990
L’année 2024 ne fait que débuter mais il faut déjà planifier à long terme afin de répondre aux objectifs de notre mission.
Les membres du conseil d’administration, les directeurs des différents comités ainsi que notre directrice générale, préparent actuellement les multiples documents pour la tenue de notre assemblée générale annuelle.
Cette année, l’AGA aura lieu mardi le 19 mars au théâtre du
Vieux-La Prairie à 19 h 00.
Nous vous rappelons qu’il faut être un membre en règle de la SHLM pour assister à la réunion. Il est toujours temps de renouveler votre carte ou de devenir membre d’ici là.
C’est aussi le temps de prévoir l’embauche de nos étudiants pour la saison estivale 2024.
Cet été, nous offrons trois postes de guides touristiques et un poste d’aide aux archives. Si vous êtes un(e) jeune adulte, inscrit(e) au Cégep ou à l’université, disponible à temps plein au début du mois de juin et prêt(e) à relever des défis dans le milieu de l’histoire, de la généalogie, de la culture et du patrimoine; prière d’envoyer votre CV à l’attention de Madame Caroline Laberge à [email protected].
Stéphane Tremblay, président
Corbillards, croquemorts et funérailles,
vols de dépouilles et quoi encore ?
Denyse Beaugrand-Champagne partagera avec nous ses notes de recherche, documents d’archives et illustrations sur divers thèmes entourant la mort, amassés au travers de ses explorations dans les bibliothèques, les centres d’archives et bien sûr les cimetières.
Quelle est l’origine des corbillards?
Quels étaient les rites funéraires au Québec?
Quand les vols de dépouilles ont-ils cessé?
Un survol de questions tellement fascinantes.
Historienne, Denyse Beaugrand-Champagne a été archiviste de références à BAnQ Vieux-Montréal pendant plusieurs années. Autrice du Procès de Marie-Josèphe-Angélique, premier ouvrage d’importance sur le procès d’une esclave noire accusée de l’incendie à Montréal en 1734.
Elle a participé à de nombreux projets historiques tels que La vie des coureurs des bois; La Grande paix de Montréal, 1701; L’attaque française contre Deerfield, Massachusetts, en 1704; Les Rébellions de 1837-1838; l’histoire de la propriété foncière à Montréal, 17e et 18e siècles et l’histoire de Montréal par les archives sonores.
Mardi 20 février 2024 à 19h
Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
Au jour le jour, janvier 2024
La villa des abeilles chez les Frères de l’instruction chrétienne. À l’arrière-plan, les briqueteries de La Prairie.
En 1886, Les Frères de l’instruction chrétienne arrivent à Montréal et à Chambly. Désigné par le Supérieur général, le frère Ulysse y fonde la nouvelle mission au Canada. En 1889, le village de La Prairie leur fait don d’une grande étendue de terrain pour qu’ils puissent établir leur administration et fonder un noviciat. La construction de la Maison mère, longtemps appelée le Noviciat, débute à l’été 1889 et les premiers occupants en prennent possession en 1890, dont le frère Ulysse en juin de la même année. Selon une lettre du frère Ambrosio Lucas, le Noviciat était la seule bâtisse dans la vaste Commune de La Prairie sans aucun arbre. Dès le premier été, les Frères plantent des arbres provenant des bois du chemin de la Bataille, tels que des ormes, des mélèzes et des trembles. Or, la majorité des ormes périssent rapidement et la restauration fut sans succès. Ils sont donc remplacés par des érables et des peupliers. Ces arbres deviennent les premiers arbres de la pépinière. Ainsi, pendant les premières décennies, la majorité du terrain était en culture.[1]
Cet engouement pour les plantes, la verdure et la nature est très commun chez les Frères de l’instruction chrétienne. En effet, les Frères se sont toujours intéressés à la botanique et la Congrégation a donné naissance à de nombreux spécialistes de la discipline.[2] Dans la majorité de leur propriété, il était commun d’y trouver un jardin, petit ou grand, soit à visée éducationnelle ou simplement ornementale.
Les origines du jardin
En avril 1891, les Frères débutent une opération de nivellement des abords de la maison : on y plante des arbres, on cultive un potager, on désigne un parterre. « Chacun voyait déjà en esprit la verdoyante oasis que deviendrait un jour ce misérable coin de savane, et les supérieurs eux-mêmes donnaient l’exemple de l’endurance et de l’entrain ».[3] Entre 1895 et 1900, derrière la maison, la propriété devient progressivement un véritable jardin botanique, grâce au travail acharné du frère Euphrosin-Joseph. En effet, en 1890, après quatre ans d’expérimentation et de culture botanique à Ploërmel en France, cet éducateur, fervent botaniste et précurseur des jardins botaniques, quitte le pays pour venir au Canada et s’établit à La Prairie. En 1900, sans argent et armé de sa volonté d’éclairer et d’instruire, sa connaissance des plantes et sa ténacité, il met sur pied, un jardin botanique privé qui deviendra un modèle à travers la province. Il n’est pas seul à réaliser ce projet puisqu’il est assisté de trois autres frères qui faisaient partie des plus brillants élèves de l’Institut botanique de l’Université de Montréal. Dans une lettre qu’il écrit à M. Jacques Rousseau, il explique le but et le développement du jardin. Les buts du frère Euphrosin-Joseph étaient multiples, soit de suivre chaque jour le développement des plantes lors de la saison végétative, de procurer aux jeunes élèves un moyen facile d’étudier sur place une foule de végétaux et de procurer à ceux qui n’étudient pas la botanique l’occasion d’apprendre le nom des plantes qu’ils rencontrent tous les jours. C’est donc en 1900 que le frère Euphrosin-Joseph débute la classification des plantes de la région de Montréal dans le carré du jardin que les FIC ont mis à sa disposition. Ces tentatives durent environ quatre ans, mais un changement d’obédience ne lui permet pas de continuer. Heureusement, une seconde tentative est faite en 1915 et perdure. Or, les plantes annuelles et bisannuelles leur donnent du tracas pour la transplantation, surtout les plantes venant d’Europe qui ne résistent pas au froid de l’hiver.[4]
Le jardin botanique
Ainsi, à partir de 1900, la propriété des FIC devient un véritable jardin botanique divisé en plusieurs sections. La première est la section taxonomique dans laquelle les plantes étaient classées et identifiées scientifiquement.[5] Elle comprend plusieurs plates-bandes circulaires concentriques et chaque famille y a son espace réservé. Leurs sujets sont désignés par leurs noms en français, anglais et latin. [6] La partie ornementale regroupait les arbustes et les fleurs, dont la roseraie. Elle était un véritable paradis pour les oiseaux. Partout couraient des ruisseaux coupés de bassins pour la culture des plantes aquatiques. Plusieurs sentiers parcouraient le terrain pour permettre aux visiteurs de parcourir le jardin, arbres, fleurs et ornement de toute sorte.[7] De plus, trois types d’habitats se retrouvent dans le jardin ; hydrophiles avec les plantes qui vivent dans l’eau ; mésophiles, soit les plantes vivant en terrains humides ; finalement, le milieu xérophile, celles qui vivent en terrains secs. Cela démontre bien l’effet de la lumière, température et humidité sur la vie de plantes. Ainsi, il y a plus d’un millier de plantes du pays dans les jardins botaniques de La Prairie. On y retrouve aussi d’innombrables oiseaux, soit plus d’une cinquantaine d’espèces différentes, puisque tout favorise ici la vie naturelle des oiseaux, insectes et plantes.[8]
En 1923, le frère Cléonique-Joseph soumet au frère Joas le plan d’un jardin botanique écologique qui occuperait une longue partie des bandes de terrain adjacentes au cimetière. Ce projet scientifique et décoratif comporte un système d’allées, droites ou sinueuses, avec roseraie, massifs de verdures et de fleurs, monticules boisés, bassins, rocailles, tourbière et sous-bois, aboutissant à la grotte de Lourdes. Le plan est approuvé et les travaux débutent sans tarder, avec l’aide des jeunes et de quelques frères. Le jardin écologique complète donc le jardin taxonomique créé par le frère Euphrosin-Joseph dans lequel se trouve maintenant un kiosque à 14 côtés au centre, entouré de plates-bandes concentriques qui servaient au classement systématique des centaines de plantes de la flore canadienne.[9]
En 1936, le jardin de taxonomie comprenait plus de 800 plantes qui étaient classées par famille. Le kiosque, bordé d’une ceinture d’iris et de fougères, est recouvert de vignes et autres plantes grimpantes, servant de cachette aux pinsons et hirondelles noires. Le jardin écologique, un vrai bijou selon les experts, se déroule en bordure de l’enclos, environ 17 verges de large et 300 verges de long. Il présente donc une grande variété et fournit un habitat naturel aux diverses plantes. Un viaduc jeté entre deux monticules permet aux visiteurs de dominer du regard la tourbière, l’un des plus beaux endroits du jardin.[10]
Jusque dans les années 1950, le jardin botanique subit plusieurs transformations et agrandissements. En 1951, le frère Cléonique-Joseph Bablée effectue la dernière mutation d’envergure lorsqu’il reconfigure les étangs, les îlots de plantes et les sentiers de la partie ornementale du jardin. Grâce à la briqueterie, le frère Cléonique pave aussi plusieurs allées et avec les rejets, il fait construire des bordures pour les îlots d’arbustes et de fleurs.[11]
Les FIC offraient aussi des visites de leurs jardins, surtout aux étudiants, renforçant ainsi la mission d’éducation du frère Euphrosin-Joseph. Par exemple, en 1930, les étudiants du Summer School de l’École normale de Plattsburgh, accompagnés de leur professeur, ont visité le jardin botanique de La Prairie. Selon eux, cette visite fut des plus instructives. Selon le rapport publié par les étudiants, « un ordre parfait préside à la distribution des différentes plantes, et chacune d’elles s’y développe dans les conditions propres à sa variété. »[12] Le frère Julien, qui leur a offert cette visite, leur a fourni des explications savantes quant aux habitudes de certaines plantes. Les étudiants sont fascinés par sa présence, qu’ils décrivent comme étant « un homme d’une science peu commune et d’une haute intelligence, un maître pour qui la botanique n’a guère de secret ».[13] Depuis la publication de ce rapport, le jardin, qui était peu connu de l’extérieur, reçoit plusieurs autres visites, et commence à être découvert par le grand public, aux plaisirs des nombreux visiteur. e. s. [14]
En plus du jardin botanique, les FIC avaient aussi une serre qui servait principalement à la culture des fleurs pour la décoration des autels. Au départ, elle était une serre domestique, qui avait été montée par les Frères avec des panneaux d’anciennes fenêtres, dont le frère Cyprius-Célestin Tregret, un grand artisan. Des générations de frères et de jeunes y travaillent pour préparer des fleurs pour embellir la maison. En 1942, la famille McLaren de Buckingham leur fait don d’une serre « industrielle », qui est transportée et remontée à La Prairie.[15]
Les jardins étaient chose commune pour les Frères de l’instruction chrétienne. Par exemple, un superbe jardin se trouvait aussi dans le Juvénat de la Pointe-du-Lac, rempli de lilas et propice à l’agriculture. Contrairement à La Prairie, où il fallut créer de toute pièce le jardin sur le terrain désertique, il fut beaucoup plus facile à démarrer puisque la Pointe-du-Lac nécessitait seulement de dominer la nature luxuriante. En 1927, le frère Euphrosin-Joseph, 80 ans, fait la route jusqu’à Pointe-du-Lac pour aider à la création du jardin botanique de la place et transmettre ses savoirs.[16] La situation n’était pas différente à La Prairie. Comme mentionné plus haut, la nature et les plantes étaient très importantes pour les FIC. Par exemple, en 1974, un comité est formé pour faire un plan de rajeunissement du terrain, puisque, selon eux, « il faut assurer la relève de nos arbres ; les ormes disparaissent l’un après l’autre, victime de la maladie incurable qui les a tous atteints. L’allée Saint-Jean-Baptiste compte déjà une nouvelle rangée de petits érables ; une autre rangée est prévue derrière les ormes actuels. »[17] De plus, ils tiennent des registres détaillés des arbres de leur propriété. Par exemple, en 1996, en comptant ceux de la Commune et sur la propriété, leurs terres contenaient 1073 arbres, avec plus de 35 variétés, tels que des érables et des arbres fruitiers.[18]
La faune est aussi très importante pour les Frères, car elle complète leurs abondants jardins. En 1948, ils construisent une petite ruche. En 1957, ils déménagent la ruche pour y construire la « Villa des abeilles », aménagée à côté du poulailler. Le frère Campeau, apiculteur de 1942 à 1970, est chargé de l’exploitation et l’entretien de la ruche. Les récoltes deviennent de plus en plus prolifiques. Elle tournait autour de 5 000 livres de miel, des années on a même dépassé 10 000 livres. Par exemple, l’année 1963 fut un succès avec 15 375 livres de miel.[19] En 1969, la récolte atteignit des sommets avec 16 327 livres de miel.[20]
Le déclin
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le déclin et la disparition d’une majorité des installations du jardin des Frères de l’instruction chrétienne, soit la construction du Scolasticat-école, la fin des écoles normales et le manque de main-d’œuvre. En effet, en 1959, la construction du Scolasticat-école normale change l’aspect de la propriété. On sépare les parterres des cours de récréation, on creuse une piscine extérieure qui devient un endroit intéressant lors de la saison estivale. Mais bientôt, l’école normale accueille des étudiants extérieurs. À la fin de l’année 1969, les écoles normales sont supprimées et la formation pédagogique est confiée à l’université. Exceptionnellement, l’école normale du Sacré-Cœur peut continuer ses cours pendant l’année scolaire 1969-1970, comme le témoigne une lettre du ministère de l’Éducation du 12 juillet 1969.[21] Lorsque l’école normale est fermée, les Frères souhaitent former une école secondaire privée et au printemps 1972, ils débutent les démarches formelles pour l’incorporation de l’école. Ainsi, le 6 septembre 1972, le collège ouvre officiellement ses portes. La construction d’un gymnase est une priorité et à l’été, on démolit la « salle des séances », la maison des sœurs et la serre pour y construire le Pavillon des sports.
Heureusement, les fleurs et les arbres continuent d’occuper une place de choix à travers la propriété. De 1995 à 2000, le frère Oscar Gagné fait office d’horticulteur. En 1996, il propose d’enjoliver les petites collines. Avec d’autres compatriotes, ils construisent quelques petites terrasses. De plus, le frère Gagné continue d’alimenter les relations entre les Frères et les différentes sociétés d’horticulture au Québec, dont celle de Repentigny qui leur fait un don de plus de 100 variétés de plantes vivaces. La même année, le frère Jean-E. Thibault, directeur général de la maison principale, et plusieurs autres amis contribuent aussi à garnir le nouveau secteur, augmentant le compte à plus de 150 variétés de vivaces. Finalement, ils reçoivent un généreux don de 85 variétés de dahlias de la part de la Société québécoise du dahlia, ce qui permet de redonner un éclat au jardin.[22]
Malheureusement, les endroits pittoresques comme la colline deviennent très rares dans la propriété puisque la majorité du terrain actuel est maintenant un vaste terrain gazonné, mais toujours rempli d’arbres, honorant l’une des premières missions des Frères à leur arrivée sur leur propriété.
Conclusion
Véritable patrimoine centenaire, la propriété des Frères de l’instruction chrétienne à La Prairie servit d’exemple pour les autres congrégations des Frères qui se développèrent à travers la province au cours du 20e siècle. Ce qui débuta comme une tentative de « cultiver et embellir la propriété stérile et nue qui formait l’enclos du noviciat »[23] devint un jardin botanique à multiples fonctions, principalement éducatives et décoratives. En 2011, une entente est signée entre les Frères de l’instruction chrétienne et le collège privé Jean-de-la-Mennais stipulant que le 1er juillet 2025, les religieux légueront au collège le bâtiment et le terrain. Encore aujourd’hui, les Frères résident au dernier étage de l’école jusqu’à cette date butoir.[24]
BIBLIOGRAPHIE
Sources
Frères de l’Instruction chrétienne, Un cinquantenaire, 1886-1936 : la branche canadienne des Frères de l’Instruction chrétienne, La Prairie, Frères de l’Instruction chrétienne, 1937, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], 607 p.
ROY, Gaston, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection frère Gaston Roy, cote P62, P01.
ROY, Gaston, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, La Prairie, Archives FIC La Prairie (Québec), 2017, 2e mise à jour, 143 p.
Journaux et revues
Journal Le Devoir, 1930 et 1941, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].
Revue L’abeille, revue mensuelle illustrée pour la jeunesse, no 61, juin 1931, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].
N.D.L.R. Dans le bulletin Au jour le jour de janvier 2013, nous avions noté qu’au cours d’une visite à La Prairie, le frère Marie-Victorin avait rappelé que c’est le frère Euphrosin-Joseph qui, en 1897, fut le premier à remarquer sur les grèves de La Prairie une belle plante d’origine européenne, semi aquatique, qui commençait alors la conquête des rivages du Saint-Laurent, il s’agissait du butomus umbellatus ou butome à ombelle.
______________________________
[1] Gaston Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, La Prairie, Archives FIC La Prairie (Québec), 2017 [1997], pp. I-IV.
[2] Ibid., p. 33.
[3] Ibid., pp. 19 et 23.
[4] Frère Marie-Victorin, « Un précurseur des jardins botaniques à Montréal, Le Frère Euphrosin-Joseph, F.I.C » Le Devoir, samedi le 8 février 1941, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p. 12.
[5] Ibid.
[6] [Auteur inconnu], « Les étudiants du “Summer School” sont émerveillés », Le Devoir, mercredi le 1er octobre 1930, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p. 4.
[7] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op.cit., 2017 [1997], p. V.
[8] [Auteur inconnu], « Les étudiants du “Summer School” sont émerveillés », loc.cit., p. 4.
[9] Frères de l’Instruction chrétienne, Un cinquantenaire, 1886-1936 : la branche canadienne des Frères de l’Instruction chrétienne, La Prairie, Frères de l’Instruction chrétienne, 1937, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], pp. 111-112.
[10] Ibid. p. 146.
[11] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 111.
[12] [Auteur inconnu], « Les étudiants du “Summer School” sont émerveillés », loc.cit., p. 4.
[13] Ibid.
[14] Les Frères de l’Instruction chrétienne, « La Prairie—Le jardin botanique », L’abeille, revue mensuelle illustrée pour la jeunesse, no 61, juin 1931, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p. 440.
[15] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 71
[16] Frères de l’Instruction chrétienne, Un cinquantenaire, 1886-1936…, op. cit., pp. 69 et 193.
[17] Gaston Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection frère Gaston Roy, cote P62, P01, pp. 70 et 83.
[18] Ibid.
[19] Ibid, p. 60.
[20] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 85.
[21] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997, op. cit., p.63.
[22] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], pp. 111-112.
[23] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997…, p. 19.
[24] G. Roy, La propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 132.
Le 21 décembre dernier, le ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l’Outaouais, M. Mathieu Lacombe, annonçait une aide financière de 50 000 $ pour soutenir les interventions archéologiques sur le parvis de l’église de La-Nativité-de-la-Sainte-Vierge du site patrimonial de La Prairie. Le ministre Lacombe lui-même donnera
1 000$ de son fonds discrétionnaire.
La Ville de La Prairie a déjà assuré la fabrique d’une aide de 10 000 $ et la Société d’histoire contribue pour 5 000 $. De plus, le bureau de M. Christian Dubé a déjà garanti une contribution de 10 000 $ répartie sur deux années. Deux citoyens font des dons personnels totalisant 5 000$. Le bureau de M. Alain Therrien aussi pour 1 000$ sur deux ans.
Sans oublier l’Assemblée de la fabrique de La Nativité qui contribuera généreusement avec 25 000$.
Nous en sommes donc à 107 000 $ sur un budget global estimé à 192 000 $.
CONCERT BÉNÉFICE AU PROFIT DE LA
PAROISSE DE LA NATIVITÉ DE LA SAINTE-VIERGE
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À travers ce voyage musical l’Amour sera célébré sous toutes ses nuances.
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Avec plus de 800 concerts à leur actif depuis 20 ans, Concert sous les chandelles offre un concept musical unique en son genre.
C’est un rendez-vous à venir vivre avec nous ce moment privilégié.
Samedi le 10 février 2024 à 19h30
Église La Nativité de la Sainte-Vierge
145, chemin de Saint-Jean, La Prairie
Admission générale : 50,00$
Pour l’achat de billets:
Par virement bancaire à [email protected] (pour info. 514-245-3834).
N’oubliez pas d’inscrire le nombre de billets demandés, votre nom, adresse courriel ainsi que votre numéro de téléphone dans la section commentaires. Vous recevrez vos billets par courriel une fois le paiement effectué.
Merci!
Billets également disponibles au secrétariat de la paroisse (450) 659-1133 et, sur place le soir de la représentation (selon la disponibilité).
Vœux de la nouvelle année
En ce début d’année 2024, je souhaite santé, prospérité et succès à tous nos amis, bénévoles, employées, membres et partenaires.
Depuis plus de 50 ans, nous sommes les défenseurs de l’histoire, de la généalogie et du patrimoine local et nous avons besoin de votre soutien afin de pouvoir offrir nos activités à toute la population. Vous pouvez soutenir la SHLM dans la réalisation de ses projets en posant un ou plusieurs de ces gestes :
Bonne année 2024 !
Stéphane Tremblay, président de la SHLM
Quel chemin le Québec a-t-il parcouru en matière de patrimoine depuis l’adoption de la loi de protection du patrimoine en 1922 ?
Première loi de protection au Canada, ce texte a permis de procéder à l’inventaire et au classement des monuments historiques. 100 ans plus tard, l’heure est venue de dresser un bilan de l’impact de cette loi dans l’ordre juridique québécois.
À l’heure où le Vérificateur général du Québec a signalé d’importantes lacunes dans la protection du patrimoine bâti en 2020, de nouveaux pouvoirs ont été conférés aux municipalités par le projet de loi 69, adopté en 2021. Ces nouveaux pouvoirs permettent-ils de mieux protéger le patrimoine?
C’est à ces questions que propose de répondre la conférence, dans une perspective à la fois historique et pratique.
Charles Breton-Demeule est avocat et candidat au doctorat en droit à l’Université Laval et à l’ENS Paris-Saclay.
En 2020, il a complété une maîtrise en droit portant sur les pouvoirs des municipalités en matière de vétusté immobilière. Son mémoire a été primé d’une médaille de l’Assemblée nationale du Québec à titre de finaliste du Prix de la Fondation-Jean-Charles-Bonenfant.
Il a témoigné à titre d’expert lors des consultations relatives à l’étude du projet de loi n°69 et enseigne à la Faculté de droit de l’Université Laval. Ses recherches, financées par le CRSH et le FRQSC, portent sur la protection juridique des biens du patrimoine culturel et sur le droit de l’aménagement du territoire.
Mardi 16 janvier 2024 à 19h
Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
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