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    Les notaires du XXe siècle: Paul Boucher, notaire à La Prairie

    Les notaires sont très importants dans la société canadienne-française et leur rôle historique est indéniable, particulièrement dans une société analphabète où le notaire se démarque par sa scolarité. Les nombreux documents qu’ils produisent, tels que contrat de mariage, acte de concession, acte de vente, obligation, engagement, acte de partage, testament, inventaire après décès et donations, ne sont que de nombreux exemples des documents notariés qui témoignent des moments les plus importants dans la vie des Canadiens français, permettant une reconstitution de l’histoire intime, personnelle, familiale, communautaire et sociale.[1]

    Référence: BANQ en ligne

    «Derrière le style cérémonieux et mesuré des notaires canadiens (…), se cache toute la trame des émotions humaines et les valeurs d’une époque. Voyant dans le notaire un consultant sûr et fidèle, les Canadiens se rendaient prendre l’avis du notaire à propos de tout et de rien. Mais le notaire canadien est avant tout le témoin des gestes importants posés par les hommes de ce pays.»[2]

    Ces notaires sont des hommes d’affaires, d’administration et de culture. Ils se distinguent par une sorte d’omniprésence dans tous les secteurs socioprofessionnels. En effet, leurs interventions et leur présence se retrouvent sur les plans économique, politique, municipal et culturel. Ils sont donc vus comme des consultants recherchés, voire des mentors éclairés pour toutes les classes sociales. Ils sont des personnages de premier plan dans leur communauté. [3]

    Leur rôle en tant qu’agent économique et social se concrétise à partir du XIXe siècle et devient intimement lié à la mise en valeur du territoire et de la communauté dans lequel il évolue. Or, peu de travaux sont faits sur les notaires eux-mêmes, particulièrement les notaires du XXe siècle. Selon Jean L. Laffont et Louis Lavallée, un dénominateur commun transcende l’abondance des travaux basés sur les archives notariales, soit l’occultation systématique du scripteur de ces précieux documents : le notaire. [4]

    À La Prairie, plusieurs notaires se démarquent par leur implication sociale, économique et religieuse. Ainsi, cet article se penchera sur la vie d’un notaire important de La Prairie au XXe siècle, soit Paul Boucher. Du fait de ses 46 ans de notariat, son implication à l’administration de la Ville et à la Commission scolaire et dans plusieurs associations, le notaire Boucher se démarque au sein de sa communauté et devient une personne-ressource dans sa ville.

    Paul Boucher est né à La Prairie le 26 janvier 1898 du mariage de Jean-Baptiste Boucher, cultivateur, et d’Adélina Brassard. Il fait ses études primaires à La Prairie, pour ensuite étudier au Collège de Longueuil. Il poursuit en études classiques au Collège de Montréal avant de terminer son éducation à l’Université Laval de Montréal (qui deviendra l’Université de Montréal) où il obtient son baccalauréat en droit. Il est par la suite commissionné notaire en juillet 1922.[5] Dès lors, il retourne s’établir à La Prairie. En 1925, il se marie avec Hermeline Zappa, qu’il « installe en reine, maîtresse du foyer » et qui restera toujours sa compagne et sa confidente.[6]

    En septembre 1927, à la mort du notaire Joseph Anaclet Sicotte, Boucher se porte acquéreur de son étude, située au 11 rue Saint-Ignace (aujourd’hui le 240 Saint-Ignace). En effet, un avis est publié dans les journaux pour diffuser la nouvelle : le 2 septembre 1927, conformément aux dispositions du code du notariat, il envoie au Lieutenant-Gouverneur en Conseil un avis pour demander le transfert en sa faveur des minutes, répertoire et index du feu J. Anaclet Sicotte. [7] Ainsi, il revient officiellement dans sa ville natale, où il deviendra un personnage central de sa communauté.

    Il restera à la même adresse (le 115 chemin de Saint-Jean) durant toute sa carrière et son fils, Jean, reprendra son étude à la même adresse jusqu’à sa mort en 2010. D’ailleurs, c’est sur ce même lot que Guillaume Barette, l’un des premiers notaires de La Prairie exerce ses fonctions, au début du 18e siècle. [8]

    En plus d’une pratique intensive du notariat pendant plus de 46 ans, M. Boucher s’intéresse aussi aux mouvements sociaux, économiques et éducationnels de sa région ; il utilise sa formation en droit et notariat pour servir sa communauté. En effet, de 1923 à 1940, il est le secrétaire-trésorier de la paroisse de La Nativité. Il est tour à tour échevin de la municipalité et greffier des Syndics de la Commune de Laprairie. [9]

    La Commission scolaire fait aussi appel à ses services pour être commissaire et il en occupa même la présidence pendant 15 ans. Il quitte ce rôle « par amour des citoyens ». Dans son éloge, on ajoute même que c’est une preuve de « vrai civisme », car il sacrifie ses intérêts pour ceux du public. Il est donc très respecté dans sa ville et a son métier à cœur. [10]

    Non seulement il s’implique auprès de la Commission scolaire, mais il aide à l’élaboration et à l’exécution du programme de construction de l’école secondaire. Son engagement est souligné lors d’un éloge : « Vous avez mis le bien général, le bien des enfants de La Prairie, la question de l’éducation au-dessus des intérêts des particuliers, des intérêts des parties, des intérêts de groupes […] Seuls les vrais citoyens peuvent agir avec cet esprit civique. » [11]

    Frères de l’instruction chrétienne et notables de La Prairie (Source : Fonds Léo Lecavalier P137 P031). Assis à l’avant, de gauche à droite : le chanoine Joseph Chevalier (3e), curé de La Nativité; Paul Boucher, notaire (5e) ; frère Marcel, directeur de l’Académie Saint-Joseph (7e) Debout : Georges-Hector Lamarre (3e), Léo Lecavalier(4e), Gérard Péladeau, notaire (8e)

    L’implication dans la vie civile et scolaire était coutume pour les notaires. En effet, ceux-ci ont participé à la naissance et au développement du système scolaire québécois laïque en militant pour son importance. Personnages de premier plan dans les paroisses et les villes, les notaires refusent à l’Église la responsabilité dans l’administration scolaire et s’immisceront à titre de syndics dans la gestion des écoles, et ce, depuis le milieu des années 1820.[12] Ainsi, M. Boucher n’est pas si différent des autres notaires, qui jouissent de ces importantes responsabilités sociales.

    Non seulement le notaire Boucher s’implique dans la vie politique locale, mais il participe au bon fonctionnement de la politique fédérale et provinciale. En effet, à plusieurs reprises, il est officier réviseur et officier rapporteur pour le comté de Napierville-Laprairie. [13] Ces officiers sont nommés par la couronne et, après avoir prêté serment, ils sont responsables des listes électorales. Ce sont souvent des notaires qui sont nommés à ce titre, en raison de leur statut social et du fait qu’ils doivent souvent se promener de paroisse en paroisse pour ériger la liste. À l’approche des élections, des listes de vérificateurs se retrouvent dans divers journaux pour que les gens puissent s’y référer. Ainsi, être choisi pour ce poste était souvent un honneur. [14]

    Édifice ayant logé les études des notaires Boucher, père et fils.

    Paul Boucher affirme qu’il s’est toujours occupé d’affaires publiques comme un citoyen uniquement. [15]

    Comme plusieurs autres notaires, il s’intéresse aussi au monde des affaires. Il s’implique dans plusieurs compagnies, telles que la Briqueterie Saint-Laurent et la société d’engrais chimiques William Houde ltée, dont il sera le vice-président.[16]

    L’influence et le prestige social de M. Boucher rayonnent aussi dans d’autres sphères, dont la vie publique. En raison de ses dons généreux et répétés à l’Hôpital Notre-Dame, il est nommé gouverneur à vie de l’institution. Il s’implique aussi dans plusieurs associations et clubs de la région, notamment le Club de Saint-Denis de Montréal, le Club du Lac d’Argent et le Club Lemoyne.

    Le Club Saint-Denis, fondé en 1874, est réservé normalement à l’élite d’affaires francophone, tout en considérant le prestige social.[17] Le Club Lemoyne, quant à lui, regroupe l’élite commerciale de Longueuil et des environs.[18] Finalement, le Club du Lac d’Argent est l’un des clubs de chasse et de pêche les plus prestigieux de la province.[19] Ainsi, ces groupes lui permettent de s’immiscer dans la vie économique et sociale des grands hommes d’affaires de la province, de développer et d’alimenter son réseau social et d’affaires.

    De plus, Boucher s’implique aussi pour mettre en valeur sa profession. Il jouera un rôle de plus en plus important lors des réunions annuelles du notariat de la province et s’implique dans son développement. Il effectuera un voyage jusqu’à Rome pour représenter le notariat canadien au plus grand congrès des notaires en 1958.[20] Plus de 1500 congressistes étaient présents, venant de 24 pays, principalement de l’Europe et de l’Amérique. [21]

    À la suite d’une courte maladie, Paul Boucher décède le 11 septembre 1968, à l’âge de 70 ans, laissant dans le deuil sa femme et ses deux enfants, Louise et Jean. [22]

    Paul Boucher était un homme très respecté par sa communauté. Lors d’un éloge, on souligne que sa carrière a « quelque chose d’étonnant par certains côtés, mais admirable dans l’ensemble ». On ajoute que sa réputation dépasse de beaucoup La Prairie, comme nous avons pu le constater.[23] Et sa communauté reconnaît tous ses accomplissements et investissements : « La grande joie de La Prairie, la grande joie de ceux qui vous fêtent aujourd’hui, monsieur le notaire, c’est d’être convaincus que dans cette élite, vous faites figure de champion. »[24]

     

    ______________________________

    [1] Hélène Lafortune et Normand Robert, Le notaire et la vie quotidienne des origines à 1870, ministère des Affaires culturelles, Québec, 1986, p. 68.

    [2] H. Lafortune et N. Robert, Le notaire et la vie quotidienne…, op.cit., p. 16.

    [3] Hélène Lafortune et Normand Robert, Le notaire, instrument de dynamisme et de culture de la société québécoise, Société de recherche historique Archiv-Histo Inc., Montréal, 1997, pp. 7-8.

    [4] Louis Lavallée, « La vie et la pratique d’un notaire rural sous le régime français : le cas de Guillaume Barette, notaire à La Prairie entre 1709-1744 », Revue d’histoire de l’Amérique française, volume 47, numéro 4, 1994, p. 500. ;
    Jean-Luc Lafont, Notaires, notariat et société sous l’Ancien Régime : Actes du colloque de Toulouse, 15 et 16 décembre 1989, Presse universitaire du Mirail, Toulouse, 1990, pp. 13-14.

    [5] [Auteur inconnu], « In memoriam », volume 71, numéro 4, novembre 1968, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Ernest Rochette, P57, S10.
    [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse, 12 septembre 1968, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.74.

    [6] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher », [1960], Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Ernest Rochette, P57, S10.

    [7] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse…, p.74. ;

    [Auteur inconnu], « Minutes de notaires », La Gazette officielle du Québec, samedi le 17 septembre 1927, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.2862.

    [8] Michel Aubin, Inventaire des actes notariés du village de Laprairie 1670-1860, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, 1977.

    [9] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse…, p.74.

    [10] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher ».

    [11] Ibid.

    [12] H. Lafortune et N. Robert, Le notaire, instrument de dynamisme…, op.cit., p.61

    [13] [Auteur inconnu], « In memoriam », volume 71, numéro 4, novembre 1968, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Ernest Rochette, P57, S10.

    [14] [Auteur inconnu], « Correspondance d’Ottawa », Le Courrier de St-Hyacinthe, mardi le 29 janvier 1884, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.1. ;
    [Auteur inconnu], « Les réviseurs », Le Courrier de St-Hyacinthe, jeudi le 6 septembre 1894, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.1.

    [15] Raphaël Ouimet, Biographies canadiennes-françaises, quatorzième édition, [Éditeur inconnu], Montréal, 1942, p.184.

    [16] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse…, p.74. ;

    [Auteur inconnu], « In memoriam ».

    [17] Radio Canada, « La fin d’une époque », Ici Radio Canada, 17 juillet 2009. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/441478/club-st-denis, (consulté le 30 juillet 2024).

    [18] Michel Pratte. Dictionnaire historique de Longueuil, de Jacques-Cartier et de Montréal-Sud. Société historique du Marigot, 1995 p. 112-113

    [19]Le Club d’Argent, « Site », Site internet du Club d’Argent, 2020, https://fr.clubdulacdargent.com/ (consulté le 30 juillet 2024).

    [20] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher »,…

    [21] [Auteur inconnu], « Le Ve congrès international du notariat latin », Annales du notariat et de l’enregistrement, 19 mai 1958, Bibliothèque de l’Université KU Leuven [en ligne], p. 225-252.

    [22] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse,… p.74.

    [23] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher »

    [24] Ibid.

    Les notaires sont très importants dans la société canadienne-française et leur rôle historique est indéniable, particulièrement dans une société analphabète où le notaire se démarque par sa scolarité. Les nombreux documents qu’ils produisent, tels que contrat de mariage, acte de concession, acte de vente, obligation, engagement, acte de partage, testament, inventaire après décès et donations, ne sont que de nombreux exemples des documents notariés qui témoignent des moments les plus importants dans la vie des Canadiens français, permettant une reconstitution de l’histoire intime, personnelle, familiale, communautaire et sociale.[1] Référence: BANQ en ligne « Derrière le style cérémonieux et mesuré des notaires canadiens (…), se cache toute la trame des émotions humaines et les valeurs d’une époque. Voyant dans le notaire un consultant sûr et fidèle, les Canadiens se rendaient prendre l’avis du notaire à propos de tout et de rien. Mais le notaire canadien est avant tout le témoin des gestes importants posés par les hommes de ce pays. »[2] Ces notaires sont des hommes d’affaires, d’administration et de culture. Ils se distinguent par une sorte d’omniprésence dans tous les secteurs socioprofessionnels. En effet, leurs interventions et leur présence se retrouvent sur les plans économique, politique, municipal et culturel. Ils sont donc vus comme des consultants recherchés, voire des mentors éclairés pour toutes les classes sociales. Ils sont des personnages de premier plan dans leur communauté. [3] Leur rôle en tant qu’agent économique et social se concrétise à partir du XIXe siècle et devient intimement lié à la mise en valeur du territoire et de la communauté dans lequel il évolue. Or, peu de travaux sont faits sur les notaires eux-mêmes, particulièrement les notaires du XXe siècle. Selon Jean L. Laffont et Louis Lavallée, un dénominateur commun transcende l’abondance des travaux basés sur les archives notariales, soit l’occultation systématique du scripteur de ces précieux documents : le notaire. [4] À La Prairie, plusieurs notaires se démarquent par leur implication sociale, économique et religieuse. Ainsi, cet article se penchera sur la vie d’un notaire important de La Prairie au XXe siècle, soit Paul Boucher. Du fait de ses 46 ans de notariat, son implication à l’administration de la Ville et à la Commission scolaire et dans plusieurs associations, le notaire Boucher se démarque au sein de sa communauté et devient une personne-ressource dans sa ville. Paul Boucher est né à La Prairie le 26 janvier 1898 du mariage de Jean-Baptiste Boucher, cultivateur, et d’Adélina Brassard. Il fait ses études primaires à La Prairie, pour ensuite étudier au Collège de Longueuil. Il poursuit en études classiques au Collège de Montréal avant de terminer son éducation à l’Université Laval de Montréal (qui deviendra l’Université de Montréal) où il obtient son baccalauréat en droit. Il est par la suite commissionné notaire en juillet 1922.[5] Dès lors, il retourne s’établir à La Prairie. En 1925, il se marie avec Hermeline Zappa, qu’il « installe en reine, maîtresse du foyer » et qui restera toujours sa compagne et sa confidente.[6] En septembre 1927, à la mort du notaire Joseph Anaclet Sicotte, Boucher se porte acquéreur de son étude, située au 11 rue Saint-Ignace (aujourd’hui le 240 Saint-Ignace). En effet, un avis est publié dans les journaux pour diffuser la nouvelle : le 2 septembre 1927, conformément aux dispositions du code du notariat, il envoie au Lieutenant-Gouverneur en Conseil un avis pour demander le transfert en sa faveur des minutes, répertoire et index du feu J. Anaclet Sicotte. [7] Ainsi, il revient officiellement dans sa ville natale, où il deviendra un personnage central de sa communauté. Il restera à la même adresse (le 115 chemin de Saint-Jean) durant toute sa carrière et son fils, Jean, reprendra son étude à la même adresse jusqu’à sa mort en 2010. D’ailleurs, c’est sur ce même lot que Guillaume Barette, l’un des premiers notaires de La Prairie exerce ses fonctions, au début du 18e siècle. [8] En plus d’une pratique intensive du notariat pendant plus de 46 ans, M. Boucher s’intéresse aussi aux mouvements sociaux, économiques et éducationnels de sa région ; il utilise sa formation en droit et notariat pour servir sa communauté. En effet, de 1923 à 1940, il est le secrétaire-trésorier de la paroisse de La Nativité. Il est tour à tour échevin de la municipalité et greffier des Syndics de la Commune de Laprairie. [9] La Commission scolaire fait aussi appel à ses services pour être commissaire et il en occupa même la présidence pendant 15 ans. Il quitte ce rôle « par amour des citoyens ». Dans son éloge, on ajoute même que c’est une preuve de « vrai civisme », car il sacrifie ses intérêts pour ceux du public. Il est donc très respecté dans sa ville et a son métier à cœur. [10] Non seulement il s’implique auprès de la Commission scolaire, mais il aide à l’élaboration et à l’exécution du programme de construction de l’école secondaire. Son engagement est souligné lors d’un éloge : « Vous avez mis le bien général, le bien des enfants de La Prairie, la question de l’éducation au-dessus des intérêts des particuliers, des intérêts des parties, des intérêts de groupes […] Seuls les vrais citoyens peuvent agir avec cet esprit civique. » [11] Frères de l'instruction chrétienne et notables de La Prairie (Source : Fonds Léo Lecavalier P137 P031). Assis à l'avant, de gauche à droite : le chanoine Joseph Chevalier (3e), curé de La Nativité; Paul Boucher, notaire (5e) ; frère Marcel, directeur de l'Académie Saint-Joseph (7e) Debout : Georges-Hector Lamarre (3e), Léo Lecavalier(4e), Gérard Péladeau, notaire (8e) L’implication dans la vie civile et scolaire était coutume pour les notaires. En effet, ceux-ci ont participé à la naissance et au développement du système scolaire québécois laïque en militant pour son importance. Personnages de premier plan dans les paroisses et les villes, les notaires refusent à l’Église la responsabilité dans l’administration scolaire et s’immisceront à titre de syndics dans la gestion des écoles, et ce, depuis le milieu des années 1820.[12] Ainsi, M. Boucher n’est pas si différent des autres notaires, qui jouissent de ces importantes responsabilités sociales. Non seulement le notaire Boucher s’implique dans la vie politique locale, mais il participe au bon fonctionnement de la politique fédérale et provinciale. En effet, à plusieurs reprises, il est officier réviseur et officier rapporteur pour le comté de Napierville-Laprairie. [13] Ces officiers sont nommés par la couronne et, après avoir prêté serment, ils sont responsables des listes électorales. Ce sont souvent des notaires qui sont nommés à ce titre, en raison de leur statut social et du fait qu’ils doivent souvent se promener de paroisse en paroisse pour ériger la liste. À l’approche des élections, des listes de vérificateurs se retrouvent dans divers journaux pour que les gens puissent s’y référer. Ainsi, être choisi pour ce poste était souvent un honneur. [14] Édifice ayant logé les études des notaires Boucher, père et fils. Paul Boucher affirme qu’il s’est toujours occupé d’affaires publiques comme un citoyen uniquement. [15] Comme plusieurs autres notaires, il s’intéresse aussi au monde des affaires. Il s’implique dans plusieurs compagnies, telles que la Briqueterie Saint-Laurent et la société d’engrais chimiques William Houde ltée, dont il sera le vice-président.[16] L’influence et le prestige social de M. Boucher rayonnent aussi dans d’autres sphères, dont la vie publique. En raison de ses dons généreux et répétés à l’Hôpital Notre-Dame, il est nommé gouverneur à vie de l’institution. Il s’implique aussi dans plusieurs associations et clubs de la région, notamment le Club de Saint-Denis de Montréal, le Club du Lac d’Argent et le Club Lemoyne. Le Club Saint-Denis, fondé en 1874, est réservé normalement à l’élite d’affaires francophone, tout en considérant le prestige social.[17] Le Club Lemoyne, quant à lui, regroupe l’élite commerciale de Longueuil et des environs.[18] Finalement, le Club du Lac d’Argent est l’un des clubs de chasse et de pêche les plus prestigieux de la province.[19] Ainsi, ces groupes lui permettent de s’immiscer dans la vie économique et sociale des grands hommes d’affaires de la province, de développer et d’alimenter son réseau social et d’affaires. De plus, Boucher s’implique aussi pour mettre en valeur sa profession. Il jouera un rôle de plus en plus important lors des réunions annuelles du notariat de la province et s’implique dans son développement. Il effectuera un voyage jusqu’à Rome pour représenter le notariat canadien au plus grand congrès des notaires en 1958.[20] Plus de 1500 congressistes étaient présents, venant de 24 pays, principalement de l’Europe et de l’Amérique. [21] À la suite d’une courte maladie, Paul Boucher décède le 11 septembre 1968, à l’âge de 70 ans, laissant dans le deuil sa femme et ses deux enfants, Louise et Jean. [22] Paul Boucher était un homme très respecté par sa communauté. Lors d’un éloge, on souligne que sa carrière a « quelque chose d’étonnant par certains côtés, mais admirable dans l’ensemble ». On ajoute que sa réputation dépasse de beaucoup La Prairie, comme nous avons pu le constater.[23] Et sa communauté reconnaît tous ses accomplissements et investissements : « La grande joie de La Prairie, la grande joie de ceux qui vous fêtent aujourd’hui, monsieur le notaire, c’est d’être convaincus que dans cette élite, vous faites figure de champion. »[24]   ______________________________ [1] Hélène Lafortune et Normand Robert, Le notaire et la vie quotidienne des origines à 1870, ministère des Affaires culturelles, Québec, 1986, p. 68. [2] H. Lafortune et N. Robert, Le notaire et la vie quotidienne…, op.cit., p. 16. [3] Hélène Lafortune et Normand Robert, Le notaire, instrument de dynamisme et de culture de la société québécoise, Société de recherche historique Archiv-Histo Inc., Montréal, 1997, pp. 7-8. [4] Louis Lavallée, « La vie et la pratique d’un notaire rural sous le régime français : le cas de Guillaume Barette, notaire à La Prairie entre 1709-1744 », Revue d’histoire de l’Amérique française, volume 47, numéro 4, 1994, p. 500. ; Jean-Luc Lafont, Notaires, notariat et société sous l’Ancien Régime : Actes du colloque de Toulouse, 15 et 16 décembre 1989, Presse universitaire du Mirail, Toulouse, 1990, pp. 13-14. [5] [Auteur inconnu], « In memoriam », volume 71, numéro 4, novembre 1968, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Ernest Rochette, P57, S10. [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse, 12 septembre 1968, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.74. [6] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher », [1960], Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Ernest Rochette, P57, S10. [7] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse…, p.74. ; [Auteur inconnu], « Minutes de notaires », La Gazette officielle du Québec, samedi le 17 septembre 1927, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.2862. [8] Michel Aubin, Inventaire des actes notariés du village de Laprairie 1670-1860, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, 1977. [9] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse…, p.74. [10] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher ». [11] Ibid. [12] H. Lafortune et N. Robert, Le notaire, instrument de dynamisme…, op.cit., p.61 [13] [Auteur inconnu], « In memoriam », volume 71, numéro 4, novembre 1968, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Ernest Rochette, P57, S10. [14] [Auteur inconnu], « Correspondance d’Ottawa », Le Courrier de St-Hyacinthe, mardi le 29 janvier 1884, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.1. ; [Auteur inconnu], « Les réviseurs », Le Courrier de St-Hyacinthe, jeudi le 6 septembre 1894, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.1. [15] Raphaël Ouimet, Biographies canadiennes-françaises, quatorzième édition, [Éditeur inconnu], Montréal, 1942, p.184. [16] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse…, p.74. ; [Auteur inconnu], « In memoriam ». [17] Radio Canada, « La fin d’une époque », Ici Radio Canada, 17 juillet 2009. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/441478/club-st-denis, (consulté le 30 juillet 2024). [18] Michel Pratte. Dictionnaire historique de Longueuil, de Jacques-Cartier et de Montréal-Sud. Société historique du Marigot, 1995 p. 112-113 [19]Le Club d’Argent, « Site », Site internet du Club d’Argent, 2020, https://fr.clubdulacdargent.com/ (consulté le 30 juillet 2024). [20] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher »,… [21] [Auteur inconnu], « Le Ve congrès international du notariat latin », Annales du notariat et de l’enregistrement, 19 mai 1958, Bibliothèque de l’Université KU Leuven [en ligne], p. 225-252. [22] [Auteur inconnu], « Nécrologie, Paul Boucher », La Presse,… p.74. [23] [Auteur inconnu], « Éloge de M. Paul Boucher » [24] Ibid....

    Victor Mailloux – incendiaire

    Le 19 décembre 1880, entre 18 h et 22 h, les bâtiments appartenant à Sifroy Faille prennent feu, à la fois dans le grenier, les écuries, les étables et la cour. Heureusement, le feu est éteint grâce aux nouvelles pompes portatives Babcock, mais le bâtiment principal est en grande partie détruit.

    L’incendie est plus tard attribué à Victor Mailloux, un incendiaire en série du village.[1]

    Selon Gaétan Bourdages, ce dernier aurait mis le feu environ 25 à 30 fois aux quatre coins du village entre 1877 et 1880. [2] Victor Mailloux, possiblement né à La Prairie le 5 juillet 1854, semble n’être qu’un petit incendiaire du village, mais en examinant les archives, il est clair que son parcours mérite d’être scruté davantage.

    Pompe portative Babcock

    Ainsi débute l’histoire rocambolesque de Victor Mailloux à La Prairie.

    Le vendredi 21 janvier 1881, l’huissier de Montréal, G. S. Désormeau et le constable C.C. Coulée de La Prairie arrêtent Victor Mailloux pour avoir volé un porc.

    Rapidement, il est amené devant monsieur N. Grondin, le magistrat de Saint-Lambert. À ce moment, il plaide coupable et avoue lui-même être le responsable de plusieurs incendies du village, dont celui chez Sifroy Faille qui a eu lieu le 19 décembre 1880. Rapidement, il est mis sous caution.

    Le jour suivant, le samedi 22 janvier 1881, alors qu’il était sous la garde de Désormeau, Victor lui demande la permission de sortir pour prendre l’air ; sa demande est acceptée. À peine sorti, il prend la fuite vers le fleuve et tente de s’y noyer, mais le gardien le sort de l’eau.

    De retour sous les verrous, Victor affirme avoir voulu se suicider, car il ne pouvait pas vivre heureux avec sa conduite honteuse. [3]

    Quelques jours plus tard, une nouvelle accusation est portée contre sa personne. En effet, il est accusé d’avoir contrefait la signature de M. Charlebois, député de La Prairie, sur un chèque de 25 $, qu’il a ensuite tenté d’encaisser.[4] Or, ce n’était pas sa seule tentative de fraude.

    Le 11 mars 1881, une seconde accusation de contrefaçon est déposée. Lors d’un dépôt, la Banque découvre qu’il avait contrefait la signature de M. Théodore Mailloux sur deux billets provisoires, un de 10 $ et l’autre de 15 $ et qu’il les avait utilisés pour acheter du cuir chez MM. Larin et Beaudoin. M. Théodore Mailloux a lui-même confirmé que sa signature était contrefaite. [5] Mailloux est donc un voleur, un incendiaire et « un faussaire »[6] et il sera jugé ainsi lors de son procès qui débute le 24 mars 1881.

    Le procès de Victor Mailloux se déroule sur plusieurs jours et nous permet d’en apprendre davantage sur les événements qui ont précédé son incarcération.

    Devant la cour d’assises, Court of Queen’s bench, à 16 h 16, les grands jurés rendent l’arrêt suivant : arrêt de mise en accusation, un true bill, contre Victor Mailloux : vol et crime d’incendiaire. Ce dernier plaide non coupable. La séance est donc ajournée au lundi suivant.[7]

    Ainsi, son procès officiel se déroule le 28 mars 1881, présidé par le juge Baby. Or, Victor n’a pas les moyens de se payer un avocat. M. Francis A. Quinn se porte volontaire pour le défendre. Les interrogatoires peuvent donc débuter.

    Sifroy Faille témoigne que l’incendie fait par Mailloux lui coûte environ 135 $ de dommages. Antoine Gadna, un laboureur, affirme l’avoir vu placer une allumette dans la grange où se trouve le foin. Or, Louis Mailloux, le père, affirme que son fils était à la maison lorsque le feu a commencé, mais il est impossible pour lui de le prouver.

    En prenant en considération ces témoignages et les accusations qui pesaient déjà contre lui, le jury se retire toute une nuit et n’arrive pas à s’entendre. Le verdict tombe, Mailloux est reconnu coupable d’incendie criminel. [8]

    La sentence est toutefois établie le 16 avril 1881. Le juge, prenant en considération les accusations de vol et de falsification ainsi que le verdict coupable d’incendie criminel, le condamne à 5 ans de pénitencier. [9]

    Pompe Babcock en plein travail

    Après plusieurs années de méfaits, Victor Mailloux quitte enfin La Prairie le 18 avril 1881 pour la prison.[10] Il est difficile de faire le suivi de Victor après cette date. En effet, il existe d’autres Victor Mailloux dans la région et les archives de la SHLM ne mentionnent pas s’il retourne à La Prairie après sa sentence.

    Cependant, il est cocasse de souligner que dans plusieurs journaux, d’autres vols et incendies sont rapportés, tous attribués à un Victor Mailloux.

    Or, ces actes n’ont pas été commis à La Prairie, il est donc impossible de savoir s’il s’agit bien de notre Victor.

     

     

    BIBLIOGRAPHIE

    Étude

    BOURDAGES, Gaétan, La Prairie, Histoire d’une ville pionnière, Montréal, Éditions Histoire Québec, 2013, p.286.

     

    Journaux

    Journal La patrie, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].

     

    Journal The Daily Witness, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].

     

    Journal L’Événement, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].

     

    Journal Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].

     

    Sources

    BOURGEAULT, Florent, « Journal historique par Florent Bourgeault curé de La Prairie, Faits et gestes de La Prairie 1877-1890 », 1877-1890, décembre 1880, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquette, cote P1, S2, D2.44.

     

    SYLVESTRE, Hyacinthe, « Journal d’Hyacinthe Sylvestre — retranscrit et annoté. », 1847–1893, 68 p., Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquette, cote P1, S2, D2.267, P01.

     

    ______________________________

    [1] Florent Bourgeault, « Journal historique par Florent Bourgeault curé de La Prairie, Faits et gestes de La Prairie 1877-1890 », 1877-1890, décembre 1880, Société d’histoire de La Prairie de la Magdeleine, Fonds Élisée Choquet, boite 1-1-1B, dossier P1, S2, D2.44.

    [2] Gaétan Bourdages, La Prairie, Histoire d’une ville pionnière, Montréal, Éditions Histoire Québec, 2013, p.286.

    [3] [Auteur inconnu], « Faits Divers », L’Événement, mercredi 26 janvier 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.4.

    [4] [Auteur inconnu], « City Items », The Daily Witness, vendredi 28 janvier 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.8

    [5] [Auteur inconnu], « Faits Divers » L’Événement, samedi 12 mars 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.2.

    [6] [Auteur inconnu], « Faits Divers » L’Événement…, p.2.

    [7]  [Auteur inconnu], « Chronique Montréal, Cour d’assises », La Patrie, samedi 26 mars 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.2.

    [8] [Auteur inconnu], « Legal intelligence, Court of Queen’s Bench – Crown Side, Monday, March 28 », Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, mardi le 29 mars 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.4.

    [9] [Auteur inconnu], « Legal intelligence, Court of Queen’s Bench – Criminal Side, Saturday, April 16 », Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, lundi 18 avril 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.4.

    [10]  Hyacinthe Sylvestre, « Journal d’Hyacinthe Sylvestre — retranscrit et annoté. », 1847 – 1893, p.32, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquet, dossier P1, S2, D2.267, P01.

    Le 19 décembre 1880, entre 18 h et 22 h, les bâtiments appartenant à Sifroy Faille prennent feu, à la fois dans le grenier, les écuries, les étables et la cour. Heureusement, le feu est éteint grâce aux nouvelles pompes portatives Babcock, mais le bâtiment principal est en grande partie détruit. L’incendie est plus tard attribué à Victor Mailloux, un incendiaire en série du village.[1] Selon Gaétan Bourdages, ce dernier aurait mis le feu environ 25 à 30 fois aux quatre coins du village entre 1877 et 1880. [2] Victor Mailloux, possiblement né à La Prairie le 5 juillet 1854, semble n’être qu’un petit incendiaire du village, mais en examinant les archives, il est clair que son parcours mérite d’être scruté davantage. Pompe portative Babcock Ainsi débute l’histoire rocambolesque de Victor Mailloux à La Prairie. Le vendredi 21 janvier 1881, l’huissier de Montréal, G. S. Désormeau et le constable C.C. Coulée de La Prairie arrêtent Victor Mailloux pour avoir volé un porc. Rapidement, il est amené devant monsieur N. Grondin, le magistrat de Saint-Lambert. À ce moment, il plaide coupable et avoue lui-même être le responsable de plusieurs incendies du village, dont celui chez Sifroy Faille qui a eu lieu le 19 décembre 1880. Rapidement, il est mis sous caution. Le jour suivant, le samedi 22 janvier 1881, alors qu’il était sous la garde de Désormeau, Victor lui demande la permission de sortir pour prendre l’air ; sa demande est acceptée. À peine sorti, il prend la fuite vers le fleuve et tente de s’y noyer, mais le gardien le sort de l’eau. De retour sous les verrous, Victor affirme avoir voulu se suicider, car il ne pouvait pas vivre heureux avec sa conduite honteuse. [3] Quelques jours plus tard, une nouvelle accusation est portée contre sa personne. En effet, il est accusé d’avoir contrefait la signature de M. Charlebois, député de La Prairie, sur un chèque de 25 $, qu’il a ensuite tenté d’encaisser.[4] Or, ce n’était pas sa seule tentative de fraude. Le 11 mars 1881, une seconde accusation de contrefaçon est déposée. Lors d’un dépôt, la Banque découvre qu’il avait contrefait la signature de M. Théodore Mailloux sur deux billets provisoires, un de 10 $ et l’autre de 15 $ et qu’il les avait utilisés pour acheter du cuir chez MM. Larin et Beaudoin. M. Théodore Mailloux a lui-même confirmé que sa signature était contrefaite. [5] Mailloux est donc un voleur, un incendiaire et « un faussaire »[6] et il sera jugé ainsi lors de son procès qui débute le 24 mars 1881. Le procès de Victor Mailloux se déroule sur plusieurs jours et nous permet d’en apprendre davantage sur les événements qui ont précédé son incarcération. Devant la cour d’assises, Court of Queen’s bench, à 16 h 16, les grands jurés rendent l’arrêt suivant : arrêt de mise en accusation, un true bill, contre Victor Mailloux : vol et crime d’incendiaire. Ce dernier plaide non coupable. La séance est donc ajournée au lundi suivant.[7] Ainsi, son procès officiel se déroule le 28 mars 1881, présidé par le juge Baby. Or, Victor n’a pas les moyens de se payer un avocat. M. Francis A. Quinn se porte volontaire pour le défendre. Les interrogatoires peuvent donc débuter. Sifroy Faille témoigne que l’incendie fait par Mailloux lui coûte environ 135 $ de dommages. Antoine Gadna, un laboureur, affirme l’avoir vu placer une allumette dans la grange où se trouve le foin. Or, Louis Mailloux, le père, affirme que son fils était à la maison lorsque le feu a commencé, mais il est impossible pour lui de le prouver. En prenant en considération ces témoignages et les accusations qui pesaient déjà contre lui, le jury se retire toute une nuit et n’arrive pas à s’entendre. Le verdict tombe, Mailloux est reconnu coupable d’incendie criminel. [8] La sentence est toutefois établie le 16 avril 1881. Le juge, prenant en considération les accusations de vol et de falsification ainsi que le verdict coupable d’incendie criminel, le condamne à 5 ans de pénitencier. [9] Pompe Babcock en plein travail Après plusieurs années de méfaits, Victor Mailloux quitte enfin La Prairie le 18 avril 1881 pour la prison.[10] Il est difficile de faire le suivi de Victor après cette date. En effet, il existe d’autres Victor Mailloux dans la région et les archives de la SHLM ne mentionnent pas s’il retourne à La Prairie après sa sentence. Cependant, il est cocasse de souligner que dans plusieurs journaux, d’autres vols et incendies sont rapportés, tous attribués à un Victor Mailloux. Or, ces actes n’ont pas été commis à La Prairie, il est donc impossible de savoir s’il s’agit bien de notre Victor.     BIBLIOGRAPHIE Étude BOURDAGES, Gaétan, La Prairie, Histoire d’une ville pionnière, Montréal, Éditions Histoire Québec, 2013, p.286.   Journaux Journal La patrie, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].   Journal The Daily Witness, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].   Journal L’Événement, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].   Journal Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].   Sources BOURGEAULT, Florent, « Journal historique par Florent Bourgeault curé de La Prairie, Faits et gestes de La Prairie 1877-1890 », 1877-1890, décembre 1880, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquette, cote P1, S2, D2.44.   SYLVESTRE, Hyacinthe, « Journal d’Hyacinthe Sylvestre — retranscrit et annoté. », 1847–1893, 68 p., Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquette, cote P1, S2, D2.267, P01.   ______________________________ [1] Florent Bourgeault, « Journal historique par Florent Bourgeault curé de La Prairie, Faits et gestes de La Prairie 1877-1890 », 1877-1890, décembre 1880, Société d’histoire de La Prairie de la Magdeleine, Fonds Élisée Choquet, boite 1-1-1B, dossier P1, S2, D2.44. [2] Gaétan Bourdages, La Prairie, Histoire d’une ville pionnière, Montréal, Éditions Histoire Québec, 2013, p.286. [3] [Auteur inconnu], « Faits Divers », L’Événement, mercredi 26 janvier 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.4. [4] [Auteur inconnu], « City Items », The Daily Witness, vendredi 28 janvier 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.8 [5] [Auteur inconnu], « Faits Divers » L’Événement, samedi 12 mars 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.2. [6] [Auteur inconnu], « Faits Divers » L’Événement…, p.2. [7]  [Auteur inconnu], « Chronique Montréal, Cour d’assises », La Patrie, samedi 26 mars 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.2. [8] [Auteur inconnu], « Legal intelligence, Court of Queen’s Bench – Crown Side, Monday, March 28 », Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, mardi le 29 mars 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.4. [9] [Auteur inconnu], « Legal intelligence, Court of Queen’s Bench – Criminal Side, Saturday, April 16 », Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, lundi 18 avril 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p.4. [10]  Hyacinthe Sylvestre, « Journal d’Hyacinthe Sylvestre — retranscrit et annoté. », 1847 – 1893, p.32, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquet, dossier P1, S2, D2.267, P01....

    L’œuvre botanique des Frères de l’instruction chrétienne

    En 1886, Les Frères de l’instruction chrétienne arrivent à Montréal et à Chambly. Désigné par le Supérieur général, le frère Ulysse y fonde la nouvelle mission au Canada. En 1889, le village de La Prairie leur fait don d’une grande étendue de terrain pour qu’ils puissent établir leur administration et fonder un noviciat. La construction de la Maison mère, longtemps appelée le Noviciat, débute à l’été 1889 et les premiers occupants en prennent possession en 1890, dont le frère Ulysse en juin de la même année. Selon une lettre du frère Ambrosio Lucas, le Noviciat était la seule bâtisse dans la vaste Commune de La Prairie sans aucun arbre. Dès le premier été, les Frères plantent des arbres provenant des bois du chemin de la Bataille, tels que des ormes, des mélèzes et des trembles. Or, la majorité des ormes périssent rapidement et la restauration fut sans succès. Ils sont donc remplacés par des érables et des peupliers. Ces arbres deviennent les premiers arbres de la pépinière. Ainsi, pendant les premières décennies, la majorité du terrain était en culture.[1]

    Cet engouement pour les plantes, la verdure et la nature est très commun chez les Frères de l’instruction chrétienne. En effet, les Frères se sont toujours intéressés à la botanique et la Congrégation a donné naissance à de nombreux spécialistes de la discipline.[2] Dans la majorité de leur propriété, il était commun d’y trouver un jardin, petit ou grand, soit à visée éducationnelle ou simplement ornementale.

    Les origines du jardin

    Frère Jean-Marie Rousselin [Euphrosin-Joseph] (1854-1941).
    En avril 1891, les Frères débutent une opération de nivellement des abords de la maison : on y plante des arbres, on cultive un potager, on désigne un parterre. « Chacun voyait déjà en esprit la verdoyante oasis que deviendrait un jour ce misérable coin de savane, et les supérieurs eux-mêmes donnaient l’exemple de l’endurance et de l’entrain ».[3] Entre 1895 et 1900, derrière la maison, la propriété devient progressivement un véritable jardin botanique, grâce au travail acharné du frère Euphrosin-Joseph. En effet, en 1890, après quatre ans d’expérimentation et de culture botanique à Ploërmel en France, cet éducateur, fervent botaniste et précurseur des jardins botaniques, quitte le pays pour venir au Canada et s’établit à La Prairie. En 1900, sans argent et armé de sa volonté d’éclairer et d’instruire, sa connaissance des plantes et sa ténacité, il met sur pied, un jardin botanique privé qui deviendra un modèle à travers la province. Il n’est pas seul à réaliser ce projet puisqu’il est assisté de trois autres frères qui faisaient partie des plus brillants élèves de l’Institut botanique de l’Université de Montréal. Dans une lettre qu’il écrit à M. Jacques Rousseau, il explique le but et le développement du jardin. Les buts du frère Euphrosin-Joseph étaient multiples, soit de suivre chaque jour le développement des plantes lors de la saison végétative, de procurer aux jeunes élèves un moyen facile d’étudier sur place une foule de végétaux et de procurer à ceux qui n’étudient pas la botanique l’occasion d’apprendre le nom des plantes qu’ils rencontrent tous les jours. C’est donc en 1900 que le frère Euphrosin-Joseph débute la classification des plantes de la région de Montréal dans le carré du jardin que les FIC ont mis à sa disposition. Ces tentatives durent environ quatre ans, mais un changement d’obédience ne lui permet pas de continuer. Heureusement, une seconde tentative est faite en 1915 et perdure. Or, les plantes annuelles et bisannuelles leur donnent du tracas pour la transplantation, surtout les plantes venant d’Europe qui ne résistent pas au froid de l’hiver.[4]

     

     

     

    Le jardin botanique

    Ainsi, à partir de 1900, la propriété des FIC devient un véritable jardin botanique divisé en plusieurs sections. La première est la section taxonomique dans laquelle les plantes étaient classées et identifiées scientifiquement.[5] Elle comprend plusieurs plates-bandes circulaires concentriques et chaque famille y a son espace réservé. Leurs sujets sont désignés par leurs noms en français, anglais et latin. [6] La partie ornementale regroupait les arbustes et les fleurs, dont la roseraie. Elle était un véritable paradis pour les oiseaux. Partout couraient des ruisseaux coupés de bassins pour la culture des plantes aquatiques. Plusieurs sentiers parcouraient le terrain pour permettre aux visiteurs de parcourir le jardin, arbres, fleurs et ornement de toute sorte.[7] De plus, trois types d’habitats se retrouvent dans le jardin ; hydrophiles avec les plantes qui vivent dans l’eau ; mésophiles, soit les plantes vivant en terrains humides ; finalement, le milieu xérophile, celles qui vivent en terrains secs. Cela démontre bien l’effet de la lumière, température et humidité sur la vie de plantes. Ainsi, il y a plus d’un millier de plantes du pays dans les jardins botaniques de La Prairie. On y retrouve aussi d’innombrables oiseaux, soit plus d’une cinquantaine d’espèces différentes, puisque tout favorise ici la vie naturelle des oiseaux, insectes et plantes.[8]

    Pavillon au coeur du jardin des frères surmonté d’un nichoir pour les oiseaux.

    En 1923, le frère Cléonique-Joseph soumet au frère Joas le plan d’un jardin botanique écologique qui occuperait une longue partie des bandes de terrain adjacentes au cimetière. Ce projet scientifique et décoratif comporte un système d’allées, droites ou sinueuses, avec roseraie, massifs de verdures et de fleurs, monticules boisés, bassins, rocailles, tourbière et sous-bois, aboutissant à la grotte de Lourdes. Le plan est approuvé et les travaux débutent sans tarder, avec l’aide des jeunes et de quelques frères. Le jardin écologique complète donc le jardin taxonomique créé par le frère Euphrosin-Joseph dans lequel se trouve maintenant un kiosque à 14 côtés au centre, entouré de plates-bandes concentriques qui servaient au classement systématique des centaines de plantes de la flore canadienne.[9]

    En 1936, le jardin de taxonomie comprenait plus de 800 plantes qui étaient classées par famille. Le kiosque, bordé d’une ceinture d’iris et de fougères, est recouvert de vignes et autres plantes grimpantes, servant de cachette aux pinsons et hirondelles noires. Le jardin écologique, un vrai bijou selon les experts, se déroule en bordure de l’enclos, environ 17 verges de large et 300 verges de long. Il présente donc une grande variété et fournit un habitat naturel aux diverses plantes. Un viaduc jeté entre deux monticules permet aux visiteurs de dominer du regard la tourbière, l’un des plus beaux endroits du jardin.[10]

    Jusque dans les années 1950, le jardin botanique subit plusieurs transformations et agrandissements. En 1951, le frère Cléonique-Joseph Bablée effectue la dernière mutation d’envergure lorsqu’il reconfigure les étangs, les îlots de plantes et les sentiers de la partie ornementale du jardin. Grâce à la briqueterie, le frère Cléonique pave aussi plusieurs allées et avec les rejets, il fait construire des bordures pour les îlots d’arbustes et de fleurs.[11]

    Les FIC offraient aussi des visites de leurs jardins, surtout aux étudiants, renforçant ainsi la mission d’éducation du frère Euphrosin-Joseph. Par exemple, en 1930, les étudiants du Summer School de l’École normale de Plattsburgh, accompagnés de leur professeur, ont visité le jardin botanique de La Prairie. Selon eux, cette visite fut des plus instructives. Selon le rapport publié par les étudiants, « un ordre parfait préside à la distribution des différentes plantes, et chacune d’elles s’y développe dans les conditions propres à sa variété. »[12] Le frère Julien, qui leur a offert cette visite, leur a fourni des explications savantes quant aux habitudes de certaines plantes. Les étudiants sont fascinés par sa présence, qu’ils décrivent comme étant « un homme d’une science peu commune et d’une haute intelligence, un maître pour qui la botanique n’a guère de secret ».[13] Depuis la publication de ce rapport, le jardin, qui était peu connu de l’extérieur, reçoit plusieurs autres visites, et commence à être découvert par le grand public, aux plaisirs des nombreux visiteur. e. s. [14]

    En plus du jardin botanique, les FIC avaient aussi une serre qui servait principalement à la culture des fleurs pour la décoration des autels. Au départ, elle était une serre domestique, qui avait été montée par les Frères avec des panneaux d’anciennes fenêtres, dont le frère Cyprius-Célestin Tregret, un grand artisan. Des générations de frères et de jeunes y travaillent pour préparer des fleurs pour embellir la maison. En 1942, la famille McLaren de Buckingham leur fait don d’une serre « industrielle », qui est transportée et remontée à La Prairie.[15]

    Les jardins étaient chose commune pour les Frères de l’instruction chrétienne. Par exemple, un superbe jardin se trouvait aussi dans le Juvénat de la Pointe-du-Lac, rempli de lilas et propice à l’agriculture. Contrairement à La Prairie, où il fallut créer de toute pièce le jardin sur le terrain désertique, il fut beaucoup plus facile à démarrer puisque la Pointe-du-Lac nécessitait seulement de dominer la nature luxuriante. En 1927, le frère Euphrosin-Joseph, 80 ans, fait la route jusqu’à Pointe-du-Lac pour aider à la création du jardin botanique de la place et transmettre ses savoirs.[16] La situation n’était pas différente à La Prairie. Comme mentionné plus haut, la nature et les plantes étaient très importantes pour les FIC. Par exemple, en 1974, un comité est formé pour faire un plan de rajeunissement du terrain, puisque, selon eux, « il faut assurer la relève de nos arbres ; les ormes disparaissent l’un après l’autre, victime de la maladie incurable qui les a tous atteints. L’allée Saint-Jean-Baptiste compte déjà une nouvelle rangée de petits érables ; une autre rangée est prévue derrière les ormes actuels. »[17] De plus, ils tiennent des registres détaillés des arbres de leur propriété. Par exemple, en 1996, en comptant ceux de la Commune et sur la propriété, leurs terres contenaient 1073 arbres, avec plus de 35 variétés, tels que des érables et des arbres fruitiers.[18]

    Jardin d’expérimentation agricole.

    La faune est aussi très importante pour les Frères, car elle complète leurs abondants jardins. En 1948, ils construisent une petite ruche. En 1957, ils déménagent la ruche pour y construire la « Villa des abeilles », aménagée à côté du poulailler. Le frère Campeau, apiculteur de 1942 à 1970, est chargé de l’exploitation et l’entretien de la ruche. Les récoltes deviennent de plus en plus prolifiques. Elle tournait autour de 5 000 livres de miel, des années on a même dépassé 10 000 livres. Par exemple, l’année 1963 fut un succès avec 15 375 livres de miel.[19] En 1969, la récolte atteignit des sommets avec 16 327 livres de miel.[20]

    Le déclin

    Plusieurs facteurs peuvent expliquer le déclin et la disparition d’une majorité des installations du jardin des Frères de l’instruction chrétienne, soit la construction du Scolasticat-école, la fin des écoles normales et le manque de main-d’œuvre. En effet, en 1959, la construction du Scolasticat-école normale change l’aspect de la propriété. On sépare les parterres des cours de récréation, on creuse une piscine extérieure qui devient un endroit intéressant lors de la saison estivale. Mais bientôt, l’école normale accueille des étudiants extérieurs. À la fin de l’année 1969, les écoles normales sont supprimées et la formation pédagogique est confiée à l’université. Exceptionnellement, l’école normale du Sacré-Cœur peut continuer ses cours pendant l’année scolaire 1969-1970, comme le témoigne une lettre du ministère de l’Éducation du 12 juillet 1969.[21] Lorsque l’école normale est fermée, les Frères souhaitent former une école secondaire privée et au printemps 1972, ils débutent les démarches formelles pour l’incorporation de l’école. Ainsi, le 6 septembre 1972, le collège ouvre officiellement ses portes. La construction d’un gymnase est une priorité et à l’été, on démolit la « salle des séances », la maison des sœurs et la serre pour y construire le Pavillon des sports.

    Heureusement, les fleurs et les arbres continuent d’occuper une place de choix à travers la propriété. De 1995 à 2000, le frère Oscar Gagné fait office d’horticulteur. En 1996, il propose d’enjoliver les petites collines. Avec d’autres compatriotes, ils construisent quelques petites terrasses. De plus, le frère Gagné continue d’alimenter les relations entre les Frères et les différentes sociétés d’horticulture au Québec, dont celle de Repentigny qui leur fait un don de plus de 100 variétés de plantes vivaces. La même année, le frère Jean-E. Thibault, directeur général de la maison principale, et plusieurs autres amis contribuent aussi à garnir le nouveau secteur, augmentant le compte à plus de 150 variétés de vivaces. Finalement, ils reçoivent un généreux don de 85 variétés de dahlias de la part de la Société québécoise du dahlia, ce qui permet de redonner un éclat au jardin.[22]

    Malheureusement, les endroits pittoresques comme la colline deviennent très rares dans la propriété puisque la majorité du terrain actuel est maintenant un vaste terrain gazonné, mais toujours rempli d’arbres, honorant l’une des premières missions des Frères à leur arrivée sur leur propriété.

    Conclusion

    Véritable patrimoine centenaire, la propriété des Frères de l’instruction chrétienne à La Prairie servit d’exemple pour les autres congrégations des Frères qui se développèrent à travers la province au cours du 20e siècle. Ce qui débuta comme une tentative de « cultiver et embellir la propriété stérile et nue qui formait l’enclos du noviciat »[23] devint un jardin botanique à multiples fonctions, principalement éducatives et décoratives. En 2011, une entente est signée entre les Frères de l’instruction chrétienne et le collège privé Jean-de-la-Mennais stipulant que le 1er juillet 2025, les religieux légueront au collège le bâtiment et le terrain. Encore aujourd’hui, les Frères résident au dernier étage de l’école jusqu’à cette date butoir.[24]

     

     

     

    BIBLIOGRAPHIE

    Sources

    Frères de l’Instruction chrétienne, Un cinquantenaire, 1886-1936 : la branche canadienne des Frères de l’Instruction chrétienne, La Prairie, Frères de l’Instruction chrétienne, 1937, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], 607 p.

    ROY, Gaston, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection frère Gaston Roy, cote P62, P01.

    ROY, Gaston, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, La Prairie, Archives FIC La Prairie (Québec), 2017, 2e mise à jour, 143 p.

    Journaux et revues

    Journal Le Devoir, 1930 et 1941, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].

     

    Revue L’abeille, revue mensuelle illustrée pour la jeunesse, no 61, juin 1931, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].

     

    N.D.L.R. Dans le bulletin Au jour le jour de janvier 2013, nous avions noté qu’au cours d’une visite à La Prairie, le frère Marie-Victorin avait rappelé que c’est le frère Euphrosin-Joseph qui, en 1897, fut le premier à remarquer sur les grèves de La Prairie une belle plante d’origine européenne, semi aquatique, qui commençait alors la conquête des rivages du Saint-Laurent, il s’agissait du butomus umbellatus ou butome à ombelle.

     

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    [1] Gaston Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, La Prairie, Archives FIC La Prairie (Québec), 2017 [1997], pp. I-IV.

    [2] Ibid., p. 33.

    [3] Ibid., pp. 19 et 23.

    [4] Frère Marie-Victorin, « Un précurseur des jardins botaniques à Montréal, Le Frère Euphrosin-Joseph, F.I.C » Le Devoir, samedi le 8 février 1941, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p. 12.

    [5] Ibid.

    [6] [Auteur inconnu], « Les étudiants du “Summer School” sont émerveillés », Le Devoir, mercredi le 1er octobre 1930, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p. 4.

    [7] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op.cit., 2017 [1997], p. V.

    [8] [Auteur inconnu], « Les étudiants du “Summer School” sont émerveillés », loc.cit., p. 4.

    [9] Frères de l’Instruction chrétienne, Un cinquantenaire, 1886-1936 : la branche canadienne des Frères de l’Instruction chrétienne, La Prairie, Frères de l’Instruction chrétienne, 1937, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], pp. 111-112.

    [10] Ibid. p. 146.

    [11] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 111.

    [12] [Auteur inconnu], « Les étudiants du “Summer School” sont émerveillés », loc.cit., p. 4.

    [13] Ibid.

    [14] Les Frères de l’Instruction chrétienne, « La Prairie—Le jardin botanique », L’abeille, revue mensuelle illustrée pour la jeunesse, no 61, juin 1931, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p. 440.

    [15] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 71

    [16] Frères de l’Instruction chrétienne, Un cinquantenaire, 1886-1936…, op. cit., pp. 69 et 193.

    [17] Gaston Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection frère Gaston Roy, cote P62, P01, pp. 70 et 83.

    [18] Ibid.

    [19] Ibid, p. 60.

    [20] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 85.

    [21] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997, op. cit., p.63.

    [22] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], pp. 111-112.

    [23] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997…, p. 19.

    [24] G. Roy, La propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 132.

    En 1886, Les Frères de l’instruction chrétienne arrivent à Montréal et à Chambly. Désigné par le Supérieur général, le frère Ulysse y fonde la nouvelle mission au Canada. En 1889, le village de La Prairie leur fait don d’une grande étendue de terrain pour qu’ils puissent établir leur administration et fonder un noviciat. La construction de la Maison mère, longtemps appelée le Noviciat, débute à l’été 1889 et les premiers occupants en prennent possession en 1890, dont le frère Ulysse en juin de la même année. Selon une lettre du frère Ambrosio Lucas, le Noviciat était la seule bâtisse dans la vaste Commune de La Prairie sans aucun arbre. Dès le premier été, les Frères plantent des arbres provenant des bois du chemin de la Bataille, tels que des ormes, des mélèzes et des trembles. Or, la majorité des ormes périssent rapidement et la restauration fut sans succès. Ils sont donc remplacés par des érables et des peupliers. Ces arbres deviennent les premiers arbres de la pépinière. Ainsi, pendant les premières décennies, la majorité du terrain était en culture.[1] Cet engouement pour les plantes, la verdure et la nature est très commun chez les Frères de l’instruction chrétienne. En effet, les Frères se sont toujours intéressés à la botanique et la Congrégation a donné naissance à de nombreux spécialistes de la discipline.[2] Dans la majorité de leur propriété, il était commun d’y trouver un jardin, petit ou grand, soit à visée éducationnelle ou simplement ornementale. Les origines du jardin Frère Jean-Marie Rousselin [Euphrosin-Joseph] (1854-1941).En avril 1891, les Frères débutent une opération de nivellement des abords de la maison : on y plante des arbres, on cultive un potager, on désigne un parterre. « Chacun voyait déjà en esprit la verdoyante oasis que deviendrait un jour ce misérable coin de savane, et les supérieurs eux-mêmes donnaient l’exemple de l’endurance et de l’entrain ».[3] Entre 1895 et 1900, derrière la maison, la propriété devient progressivement un véritable jardin botanique, grâce au travail acharné du frère Euphrosin-Joseph. En effet, en 1890, après quatre ans d’expérimentation et de culture botanique à Ploërmel en France, cet éducateur, fervent botaniste et précurseur des jardins botaniques, quitte le pays pour venir au Canada et s’établit à La Prairie. En 1900, sans argent et armé de sa volonté d’éclairer et d’instruire, sa connaissance des plantes et sa ténacité, il met sur pied, un jardin botanique privé qui deviendra un modèle à travers la province. Il n’est pas seul à réaliser ce projet puisqu’il est assisté de trois autres frères qui faisaient partie des plus brillants élèves de l’Institut botanique de l’Université de Montréal. Dans une lettre qu’il écrit à M. Jacques Rousseau, il explique le but et le développement du jardin. Les buts du frère Euphrosin-Joseph étaient multiples, soit de suivre chaque jour le développement des plantes lors de la saison végétative, de procurer aux jeunes élèves un moyen facile d’étudier sur place une foule de végétaux et de procurer à ceux qui n’étudient pas la botanique l’occasion d’apprendre le nom des plantes qu’ils rencontrent tous les jours. C’est donc en 1900 que le frère Euphrosin-Joseph débute la classification des plantes de la région de Montréal dans le carré du jardin que les FIC ont mis à sa disposition. Ces tentatives durent environ quatre ans, mais un changement d’obédience ne lui permet pas de continuer. Heureusement, une seconde tentative est faite en 1915 et perdure. Or, les plantes annuelles et bisannuelles leur donnent du tracas pour la transplantation, surtout les plantes venant d’Europe qui ne résistent pas au froid de l’hiver.[4]       Le jardin botanique Ainsi, à partir de 1900, la propriété des FIC devient un véritable jardin botanique divisé en plusieurs sections. La première est la section taxonomique dans laquelle les plantes étaient classées et identifiées scientifiquement.[5] Elle comprend plusieurs plates-bandes circulaires concentriques et chaque famille y a son espace réservé. Leurs sujets sont désignés par leurs noms en français, anglais et latin. [6] La partie ornementale regroupait les arbustes et les fleurs, dont la roseraie. Elle était un véritable paradis pour les oiseaux. Partout couraient des ruisseaux coupés de bassins pour la culture des plantes aquatiques. Plusieurs sentiers parcouraient le terrain pour permettre aux visiteurs de parcourir le jardin, arbres, fleurs et ornement de toute sorte.[7] De plus, trois types d’habitats se retrouvent dans le jardin ; hydrophiles avec les plantes qui vivent dans l’eau ; mésophiles, soit les plantes vivant en terrains humides ; finalement, le milieu xérophile, celles qui vivent en terrains secs. Cela démontre bien l’effet de la lumière, température et humidité sur la vie de plantes. Ainsi, il y a plus d’un millier de plantes du pays dans les jardins botaniques de La Prairie. On y retrouve aussi d’innombrables oiseaux, soit plus d’une cinquantaine d’espèces différentes, puisque tout favorise ici la vie naturelle des oiseaux, insectes et plantes.[8] Pavillon au coeur du jardin des frères surmonté d'un nichoir pour les oiseaux. En 1923, le frère Cléonique-Joseph soumet au frère Joas le plan d’un jardin botanique écologique qui occuperait une longue partie des bandes de terrain adjacentes au cimetière. Ce projet scientifique et décoratif comporte un système d’allées, droites ou sinueuses, avec roseraie, massifs de verdures et de fleurs, monticules boisés, bassins, rocailles, tourbière et sous-bois, aboutissant à la grotte de Lourdes. Le plan est approuvé et les travaux débutent sans tarder, avec l’aide des jeunes et de quelques frères. Le jardin écologique complète donc le jardin taxonomique créé par le frère Euphrosin-Joseph dans lequel se trouve maintenant un kiosque à 14 côtés au centre, entouré de plates-bandes concentriques qui servaient au classement systématique des centaines de plantes de la flore canadienne.[9] En 1936, le jardin de taxonomie comprenait plus de 800 plantes qui étaient classées par famille. Le kiosque, bordé d’une ceinture d’iris et de fougères, est recouvert de vignes et autres plantes grimpantes, servant de cachette aux pinsons et hirondelles noires. Le jardin écologique, un vrai bijou selon les experts, se déroule en bordure de l’enclos, environ 17 verges de large et 300 verges de long. Il présente donc une grande variété et fournit un habitat naturel aux diverses plantes. Un viaduc jeté entre deux monticules permet aux visiteurs de dominer du regard la tourbière, l’un des plus beaux endroits du jardin.[10] Jusque dans les années 1950, le jardin botanique subit plusieurs transformations et agrandissements. En 1951, le frère Cléonique-Joseph Bablée effectue la dernière mutation d’envergure lorsqu’il reconfigure les étangs, les îlots de plantes et les sentiers de la partie ornementale du jardin. Grâce à la briqueterie, le frère Cléonique pave aussi plusieurs allées et avec les rejets, il fait construire des bordures pour les îlots d’arbustes et de fleurs.[11] Les FIC offraient aussi des visites de leurs jardins, surtout aux étudiants, renforçant ainsi la mission d’éducation du frère Euphrosin-Joseph. Par exemple, en 1930, les étudiants du Summer School de l’École normale de Plattsburgh, accompagnés de leur professeur, ont visité le jardin botanique de La Prairie. Selon eux, cette visite fut des plus instructives. Selon le rapport publié par les étudiants, « un ordre parfait préside à la distribution des différentes plantes, et chacune d’elles s’y développe dans les conditions propres à sa variété. »[12] Le frère Julien, qui leur a offert cette visite, leur a fourni des explications savantes quant aux habitudes de certaines plantes. Les étudiants sont fascinés par sa présence, qu’ils décrivent comme étant « un homme d’une science peu commune et d’une haute intelligence, un maître pour qui la botanique n’a guère de secret ».[13] Depuis la publication de ce rapport, le jardin, qui était peu connu de l’extérieur, reçoit plusieurs autres visites, et commence à être découvert par le grand public, aux plaisirs des nombreux visiteur. e. s. [14] En plus du jardin botanique, les FIC avaient aussi une serre qui servait principalement à la culture des fleurs pour la décoration des autels. Au départ, elle était une serre domestique, qui avait été montée par les Frères avec des panneaux d’anciennes fenêtres, dont le frère Cyprius-Célestin Tregret, un grand artisan. Des générations de frères et de jeunes y travaillent pour préparer des fleurs pour embellir la maison. En 1942, la famille McLaren de Buckingham leur fait don d’une serre « industrielle », qui est transportée et remontée à La Prairie.[15] Les jardins étaient chose commune pour les Frères de l’instruction chrétienne. Par exemple, un superbe jardin se trouvait aussi dans le Juvénat de la Pointe-du-Lac, rempli de lilas et propice à l’agriculture. Contrairement à La Prairie, où il fallut créer de toute pièce le jardin sur le terrain désertique, il fut beaucoup plus facile à démarrer puisque la Pointe-du-Lac nécessitait seulement de dominer la nature luxuriante. En 1927, le frère Euphrosin-Joseph, 80 ans, fait la route jusqu’à Pointe-du-Lac pour aider à la création du jardin botanique de la place et transmettre ses savoirs.[16] La situation n’était pas différente à La Prairie. Comme mentionné plus haut, la nature et les plantes étaient très importantes pour les FIC. Par exemple, en 1974, un comité est formé pour faire un plan de rajeunissement du terrain, puisque, selon eux, « il faut assurer la relève de nos arbres ; les ormes disparaissent l’un après l’autre, victime de la maladie incurable qui les a tous atteints. L’allée Saint-Jean-Baptiste compte déjà une nouvelle rangée de petits érables ; une autre rangée est prévue derrière les ormes actuels. »[17] De plus, ils tiennent des registres détaillés des arbres de leur propriété. Par exemple, en 1996, en comptant ceux de la Commune et sur la propriété, leurs terres contenaient 1073 arbres, avec plus de 35 variétés, tels que des érables et des arbres fruitiers.[18] Jardin d'expérimentation agricole. La faune est aussi très importante pour les Frères, car elle complète leurs abondants jardins. En 1948, ils construisent une petite ruche. En 1957, ils déménagent la ruche pour y construire la « Villa des abeilles », aménagée à côté du poulailler. Le frère Campeau, apiculteur de 1942 à 1970, est chargé de l’exploitation et l’entretien de la ruche. Les récoltes deviennent de plus en plus prolifiques. Elle tournait autour de 5 000 livres de miel, des années on a même dépassé 10 000 livres. Par exemple, l’année 1963 fut un succès avec 15 375 livres de miel.[19] En 1969, la récolte atteignit des sommets avec 16 327 livres de miel.[20] Le déclin Plusieurs facteurs peuvent expliquer le déclin et la disparition d’une majorité des installations du jardin des Frères de l’instruction chrétienne, soit la construction du Scolasticat-école, la fin des écoles normales et le manque de main-d’œuvre. En effet, en 1959, la construction du Scolasticat-école normale change l’aspect de la propriété. On sépare les parterres des cours de récréation, on creuse une piscine extérieure qui devient un endroit intéressant lors de la saison estivale. Mais bientôt, l’école normale accueille des étudiants extérieurs. À la fin de l’année 1969, les écoles normales sont supprimées et la formation pédagogique est confiée à l’université. Exceptionnellement, l’école normale du Sacré-Cœur peut continuer ses cours pendant l’année scolaire 1969-1970, comme le témoigne une lettre du ministère de l’Éducation du 12 juillet 1969.[21] Lorsque l’école normale est fermée, les Frères souhaitent former une école secondaire privée et au printemps 1972, ils débutent les démarches formelles pour l’incorporation de l’école. Ainsi, le 6 septembre 1972, le collège ouvre officiellement ses portes. La construction d’un gymnase est une priorité et à l’été, on démolit la « salle des séances », la maison des sœurs et la serre pour y construire le Pavillon des sports. Heureusement, les fleurs et les arbres continuent d’occuper une place de choix à travers la propriété. De 1995 à 2000, le frère Oscar Gagné fait office d’horticulteur. En 1996, il propose d’enjoliver les petites collines. Avec d’autres compatriotes, ils construisent quelques petites terrasses. De plus, le frère Gagné continue d’alimenter les relations entre les Frères et les différentes sociétés d’horticulture au Québec, dont celle de Repentigny qui leur fait un don de plus de 100 variétés de plantes vivaces. La même année, le frère Jean-E. Thibault, directeur général de la maison principale, et plusieurs autres amis contribuent aussi à garnir le nouveau secteur, augmentant le compte à plus de 150 variétés de vivaces. Finalement, ils reçoivent un généreux don de 85 variétés de dahlias de la part de la Société québécoise du dahlia, ce qui permet de redonner un éclat au jardin.[22] Malheureusement, les endroits pittoresques comme la colline deviennent très rares dans la propriété puisque la majorité du terrain actuel est maintenant un vaste terrain gazonné, mais toujours rempli d’arbres, honorant l’une des premières missions des Frères à leur arrivée sur leur propriété. Conclusion Véritable patrimoine centenaire, la propriété des Frères de l’instruction chrétienne à La Prairie servit d’exemple pour les autres congrégations des Frères qui se développèrent à travers la province au cours du 20e siècle. Ce qui débuta comme une tentative de « cultiver et embellir la propriété stérile et nue qui formait l’enclos du noviciat »[23] devint un jardin botanique à multiples fonctions, principalement éducatives et décoratives. En 2011, une entente est signée entre les Frères de l’instruction chrétienne et le collège privé Jean-de-la-Mennais stipulant que le 1er juillet 2025, les religieux légueront au collège le bâtiment et le terrain. Encore aujourd’hui, les Frères résident au dernier étage de l’école jusqu’à cette date butoir.[24]       BIBLIOGRAPHIE Sources Frères de l’Instruction chrétienne, Un cinquantenaire, 1886-1936 : la branche canadienne des Frères de l’Instruction chrétienne, La Prairie, Frères de l’Instruction chrétienne, 1937, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], 607 p. ROY, Gaston, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection frère Gaston Roy, cote P62, P01. ROY, Gaston, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, La Prairie, Archives FIC La Prairie (Québec), 2017, 2e mise à jour, 143 p. Journaux et revues Journal Le Devoir, 1930 et 1941, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].   Revue L’abeille, revue mensuelle illustrée pour la jeunesse, no 61, juin 1931, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne].   N.D.L.R. Dans le bulletin Au jour le jour de janvier 2013, nous avions noté qu’au cours d’une visite à La Prairie, le frère Marie-Victorin avait rappelé que c’est le frère Euphrosin-Joseph qui, en 1897, fut le premier à remarquer sur les grèves de La Prairie une belle plante d’origine européenne, semi aquatique, qui commençait alors la conquête des rivages du Saint-Laurent, il s’agissait du butomus umbellatus ou butome à ombelle.   ______________________________ [1] Gaston Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, La Prairie, Archives FIC La Prairie (Québec), 2017 [1997], pp. I-IV. [2] Ibid., p. 33. [3] Ibid., pp. 19 et 23. [4] Frère Marie-Victorin, « Un précurseur des jardins botaniques à Montréal, Le Frère Euphrosin-Joseph, F.I.C » Le Devoir, samedi le 8 février 1941, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p. 12. [5] Ibid. [6] [Auteur inconnu], « Les étudiants du “Summer School” sont émerveillés », Le Devoir, mercredi le 1er octobre 1930, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p. 4. [7] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op.cit., 2017 [1997], p. V. [8] [Auteur inconnu], « Les étudiants du “Summer School” sont émerveillés », loc.cit., p. 4. [9] Frères de l’Instruction chrétienne, Un cinquantenaire, 1886-1936 : la branche canadienne des Frères de l’Instruction chrétienne, La Prairie, Frères de l’Instruction chrétienne, 1937, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], pp. 111-112. [10] Ibid. p. 146. [11] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 111. [12] [Auteur inconnu], « Les étudiants du “Summer School” sont émerveillés », loc.cit., p. 4. [13] Ibid. [14] Les Frères de l’Instruction chrétienne, « La Prairie—Le jardin botanique », L’abeille, revue mensuelle illustrée pour la jeunesse, no 61, juin 1931, Bibliothèque et Archives nationales du Québec [en ligne], p. 440. [15] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 71 [16] Frères de l’Instruction chrétienne, Un cinquantenaire, 1886-1936…, op. cit., pp. 69 et 193. [17] Gaston Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997, Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Collection frère Gaston Roy, cote P62, P01, pp. 70 et 83. [18] Ibid. [19] Ibid, p. 60. [20] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 85. [21] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997, op. cit., p.63. [22] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], pp. 111-112. [23] G. Roy, La Propriété des Frères de l’Instruction chrétienne, 1997…, p. 19. [24] G. Roy, La propriété des Frères de l’Instruction chrétienne à La Prairie, op. cit., 2017 [1997], p. 132....