Bulletins

Au jour le jour, avril 2023

Inondation printanière rue du Boulevard à La Prairie

Capitulation de George Washington devant les troupes de la Marine et les « Canadiens de Montréal »
En réalité, c’est suite à la bataille qui marqua l’ouverture des hostilités opposant la France à l’Angleterre dans leurs colonies nord-américaines que, le 3 juillet 1754 vers 20 heures, Louis Coulon sieur de Villiers, capitaine canadien d’une compagnie franche de la Marine, obtient l’acte de capitulation signé, entre autres, par un certain George Washington, jeune lieutenant-colonel dans la troupe coloniale de Virginie et, futur président des États-Unis. Cette bataille au Fort Necessity (Pennsylvanie) aussi connu sous le nom de bataille de Great Meadows fit suite à une tentative en 1753 par le lieutenant-gouverneur de l’État de Virginie, Robert Dinwiddie, de contester la légitimité des réclamations territoriales françaises dans la vallée de l’Ohio et de s’accaparer d’un endroit stratégique à l’embranchement des rivières Ohio, Allegany et Monongahela où se trouve aujourd’hui Pittsburgh, importante ville de l’État de Pennsylvanie. Fort Necessity, Pennsylvanie La réaction du gouverneur de la Nouvelle-France a été immédiate. Duquesne dépêcha l’équivalent d’un bataillon de soldats de la Marine[1] et d’une centaine de miliciens canadiens[2] ; commandé par le capitaine canadien Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur, pour déloger les Anglais et occuper à son tour cet endroit qui lui assurait la suprématie militaire sur la région de l’Ohio. Quittant au printemps 1754 la grande région de Montréal ; les seigneuries de Varennes, Boucherville, Longueuil, Chambly et La Prairie, ces hommes courageux et robustes[3] parcouraient rapidement en canots les 675 km jusqu’au fort Niagara et ensuite les 460 km jusqu’au fort Duquesne. Ils arrivent à destination au début mai, trois semaines après leur départ et une fois sur place, les Canadiens trouvent l’endroit déserté par les Anglais. Par la suite, un nouveau fort y fut complété et baptisé officiellement Fort Duquesne en l’honneur du nouveau gouverneur de la Nouvelle-France. Les Anglais avaient, semble-t-il, prestement quitté les lieux le 18 avril, aussitôt informés par leurs alliés autochtones de l’arrivée prochaine des Canadiens dans le haut de la vallée de l’Ohio. Mais les Anglais restèrent à plusieurs dizaines de kilomètres au sud-est du petit fort pour défricher une piste à chariots dans la forêt tel que leur avait intimé le gouverneur de la Virginie. Le 23 mai 1754, la France et l’Angleterre n’étant pas encore officiellement en guerre, le commandant Pécaudy de Contrecœur, sans intentions belliqueuses, envoya en ambassade un détachement d’une trentaine d’hommes commandé par l’officier de Marine, Joseph Coulon de Villiers de Jumonville[4] pour informer Washington qu’il était en territoire français et le sommer formellement de quitter les lieux. Lors de cette expédition plénipotentiaire, le 28 mai au lever du jour, Jumonville ayant négligé de poster des sentinelles la nuit pour faire le guet autour de son campement, eut pour conséquence que lui et ses hommes furent sauvagement attaqués au lever du jour par la troupe de Washington ainsi que Tanaghrisson et ses guerriers iroquois. Jumonville fut tué ainsi que neuf de ses hommes tandis que le reste de son peloton est capturé. Quelques jours plus tard, un Canadien réussit à s’enfuir vers le fort Duquesne et raconta tous les détails de cette trahison. Les événements se précipitèrent dans l’Ohio et le pays des Illinois, car le 26 juin 1754 arrivèrent au fort Duquesne d’importants renforts militaires canadiens[5]. Parmi ceux-ci se trouvait le capitaine de la Marine Louis Coulon de Villiers, le frère aîné de Jumonville, qui se porta volontaire et reçut le commandement d’un important détachement de cinq à six cents membres de la garnison afin de venger cette attaque sournoise et de chasser les Anglais de ce territoire réclamé par la France. À la poursuite des Anglais, après quelques jours de marche de Villiers, un officier d’expérience[6], et sa troupe composée de soldats de la Marine et de miliciens (les Canadiens de Montréal) passèrent à l’endroit où le petit détachement de Jumonville était tombé dans l’embuscade. Ignominie totale ; Washington y avait, un mois plus tôt, abandonné sans sépulture les cadavres scalpés des Canadiens qui servaient depuis lors de proie aux loups et aux corneilles. Rejoignant les coupables quelques jours plus tard (le 3 juillet) le capitaine de Villiers constate que le jeune officier de 22 ans, George Washington et ses hommes s’étaient réfugiés dans une grossière redoute de rondins, baptisée à juste titre fort Necessity. Le moral et la discipline de Washington et des Anglais étaient au plus bas, car leurs braves alliés Mingos les avaient abandonnés aussitôt que l’arrivée en force de la Marine et des Canadiens fut confirmée. Sous une forte pluie, sans relâche pendant neuf heures, la Marine et les Canadiens accablèrent l’ennemi d’un feu nourri, leur infligeant une centaine de pertes, soit environ le tiers de leurs effectifs. À la tombée de la nuit, les pertes de Coulon de Villiers ne s’élevaient qu’à trois morts et 17 blessés, mais ses hommes étaient épuisés, la poudre et les projectiles commençaient à manquer, et il y avait des raisons de craindre l’arrivée prochaine de renforts britanniques. Vers 20 heures, un Washington vaincu se manifesta et exigea de connaître les conditions de sa reddition. Le capitaine de Villiers, ne pouvant prendre à sa charge autant de prisonniers (250), décide alors de parlementer avec le jeune officier de milice George Washington qui accède, sans hésitation, à toutes les conditions de l’officier canadien. Le capitaine Coulon de Villiers rédige donc les sept articles de la capitulation offrant, à certaines conditions, les honneurs de la guerre à Washington et ses hommes. Au bas de ce document se trouvent les fac-similés des signatures de James Mackay, capitaine de l’armée britannique, de George Washington, lieutenant-colonel de la Milice de Virginie et de l’officier canadien victorieux, Louis Coulon de Villiers, capitaine de la Marine. La signature de ces derniers apparaît au bas du document.   Copie d’une partie du texte établissant par l’officier français Louis Coulon de Villiers, les conditions de la capitulation de George Washington et ses troupes au Fort Necessity le 3 juillet 1754. Signature de Coulon de Villiers Washington et ses hommes sont libérés avec les honneurs de la guerre en emportant tout ce qui leur appartient. Au départ des troupes anglaises, un détachement français prendra possession du fort. Afin de s’assurer du retour de deux prisonniers français, deux officiers anglais seront retenus en otages. BAnQ 03Q, P1000,S3, D2088 ______________________________ L’original du document de trois pages, écrit sur papier parchemin, se trouve au Canada dans les archives de la BAnQ du District de Montréal … /voir ci-jointe la copie signature/. La nuit fut courte et le lendemain matin, 4 juillet 1754[7], les Anglais s’enfuirent si rapidement que Washington laissa son journal parmi les bagages abandonnés. Le gouvernement de la France utilisa abondamment son contenu, ainsi que celui des articles de la capitulation, pour taxer les Britanniques d’assassins et d’agresseurs avoués. Quoique le gouverneur Duquesne entretenait de sérieuses réserves concernant la clause numéro 6 de l’acte de capitulation qui interdisait la vallée de l’Ohio aux Britanniques que pour une période d’un an, il était quand même satisfait de la tournure des événements. Les compagnies franches de la Marine et les valeureux « Canadiens de Montréal » avaient vengé l’honneur de la France et provisoirement supprimé la menace britannique contre la position française dans le sud-ouest de la colonie. Dans son rapport à François Marie Peyrenc de Moras, ministre de la Marine, Duquesne loua non seulement l’héroïsme de Louis Coulon de Villiers et de ses hommes, mais aussi la retenue dont il avait fait preuve en épargnant la vie du jeune officier George Washington et ses miliciens, malgré l’amer ressentiment qu’il avait dû éprouver à la suite du lâche assassinat de son frère Jumonville. En 1757, quelques mois avant sa mort, le « Chevalier » Louis Coulon de Villiers reçut la Croix de Saint-Louis, le plus prestigieux honneur que le roi de France accordait à ses hommes de guerre. C’était une gloire que de Villiers aurait sûrement partagée avec ses troupes victorieuses. Six ans après les événements du fort Necessity, soit le 28 avril 1760 à Sainte-Foy près de Québec, les « Canadiens de Montréal » auront encore l’occasion de se signaler au centre du champ de bataille. En effet, lors de cette dernière grande bataille de la guerre, les valeureux « Canadiens de Montréal » venus au secours de la ville de Québec avec les troupes du général de Lévis seront même victorieux en ce jour, face aux « Rangers de New York »[8]. Ceux-ci étaient les miliciens commandés par le capitaine américain Moses Hazen faisant partie de l’armée britannique du brigadier-général James Murray. Cette glorieuse prestation lors de la première ainsi que la dernière grande bataille de cette guerre est sans aucun doute à l’origine de l’expression … « Vive les Canadiens de Montréal » ! ______________________________ [1] Selon les recherches de Marcel Fournier auteur de « Les officiers de la Marine au Canada 1683-1760 » une moyenne de 75 % à 80 % des officiers et soldats de la Marine en 1754 était des gens du pays … des Canadiens. [2] L’élite de la milice était composée à 100 % de gens du pays, ayant souvent une grande expérience comme « voyageurs » ou comme coureur des bois ; et au service du Roi depuis l’âge de 16 ans. [3] Exemple : Louis Hervé (b.1702) de La Prairie (métier-voyageur) signe un contrat pour se rendre au Détroit le 5/5/1752 (Notaire François Simonet de Montréal). Ce difficile métier aura raison de lui, car même s’il était exempté du grand portage de Niagara Louis rend l’âme le 14/7/1752, deux mois après son départ. [4] Joseph Coulon de Villiers de Jumonville, né à Verchères le 8 septembre 1718. [5] Jean-Louis LeBeau, un ancêtre canadien natif de Boucherville signe un contrat de « voyageur » le 4 mars, 1753 (Notaire Danré de Blanzy) et se rend au pays des Illinois pour une période de deux ans. Il était déjà présent dans cette région lors de ces dangereux événements. Parmi les 11 frères LeBeau… Jean-Baptiste, François et Antoine étaient également « voyageurs » et des habitués de cette région où d’ailleurs, François se maria, à Sainte-Geneviève sur le Mississippi. [6] Louis Coulon de Villiers (1710-1757) avait été commandant au fort St-Joseph-des-Illinois de 1750 à 1753. [7]À remarquer que cette journée ne fait pas partie des célébrations annuelles du « 4th of July » aux États-Unis.   [8] Milice faisant partie des « American Rangers » et/ou des « Rogers’ Rangers » du major de la milice Robert Rogers. ...
Élections 2023
Élections 2023 Conformément aux règlements de la SHLM, deux postes étaient en élection au conseil d’administration pour l’année 2023. Seules deux mises en candidature ont été reçues dans les délais prescrits. En conséquence, lors de l’assemblée générale annuelle du 21 mars dernier, messieurs Antoine Simonato et Samuel Castonguay ont été réélus au CA pour les deux prochaines années. ...
Mot du président
Toujours fidèle à sa mission, la SHLM organisera plusieurs activités au cours de la saison printanière. Voici quelques dates à inscrire à votre agenda : 18 avril : Conférence au Vieux-Théâtre : Madame Mona-Andrée Rainville « Les aviatrices militaires canadiennes de la Seconde Guerre mondiale ». 20 avril : Soirée « 5 à 7 » au complexe Guy-Dupré pour les membres et les bénévoles de la SHLM pour souligner la Semaine nationale de l’action bénévole et fêter les 100 ans de M. René Barbeau. 16 mai : Conférence au Vieux-Théâtre : Laurence Provencher-Saint-Pierre « La collection Robert-Lionel Séguin » 22 mai : La SHLM participera à l’organisation de la Journée nationale des Patriotes dans le Vieux-La Prairie. 6 juin : Conférence au Vieux-Théâtre : en reprise « Les archives à voix haute » avec Hélène Élément, Caroline Laberge et Josée Sarrazin. 24 juin : La SHLM participera à l’organisation de la Fête nationale dans le Vieux-La Prairie. Au plaisir d’échanger avec vous lors de l’une de ces activités! Stéphane Tremblay Président de la SHLM ...
18 Apr 2023
Les aviatrices militaires canadiennes de la 2e guerre mondiale

Au jour le jour, mars 2023

La Prairie, mai 1933 : réplique de la grotte de Lourdes construite par les Frères de l’instruction chrétienne.

Portrait d’archives protectrices du patrimoine
Les premières installations jésuites à La Prairie remontent à 1667, il y a 355 ans, soit 25 années après les premières installations de Montréal (« L’organisme », 2022). Alice Fournier Durant cette longue période, la municipalité a évolué d’un village entouré d’une palissade de bois à la banlieue montréalaise qu’elle est aujourd’hui. Les traces du passé sont particulièrement visibles dans le quartier historique du Vieux-La Prairie où des dalles représentant des pieux de bois marquent l’emplacement initial de la palissade, et où l’architecture des maisons colorées diverge des nouvelles constructions de la ville. En 1972, le caractère unique et historique du Vieux-La Prairie est menacé par la compagnie immobilière Gulf. Afin de protéger l’histoire de la ville, la Société d’histoire de La Prairie (SHLM) est fondée (Bourdages, 2015). Cinquante  ans plus tard, on peut toujours lire sur leur site Internet leur mission principale : « Sauvegarder le caractère historique unique du Vieux-La Prairie » (La Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, 2022). Ce texte est divisé en deux parties. En premier lieu, il sera question de l’histoire de la Société, de ses missions, leurs importances et des exemples de leurs réussites. La deuxième partie portera sur l’activité du 50e anniversaire de la fondation de la SHLM, les archives à voix haute et leur pertinence comme outils de diffusion des archives.   Première partie : Naissance d’une société protectrice Le 19 octobre 1971 se réunissent les membres fondateurs de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine (Houde, 1997a). Leur but est de protéger le Vieux-La Prairie en obtenant une reconnaissance de la valeur patrimoniale du quartier situé à La Prairie sur la Rive-Sud de Montréal. À l’aube de la fondation, il est demandé au notaire François Lamarre, d’effectuer les démarches juridiques afin que la Société puisse être reconnue par le gouvernement. Ainsi, presque un an plus tard, soit le 18 septembre 1972, sept membres signeront la requête accordant à la SHLM le statut de société à but non lucratif. Grâce à cela, la SHLM a dorénavant accès à des subventions gouvernementales provenant du fédéral et du provincial (Houde, 1997a). À l’aide de ces dernières, la Société s’active à rapatrier des documents provenant de différents fonds d’archives (Houde, 1997a). Le but de ce travail archivistique est d’accumuler un nombre élevé de documents afin de prouver la valeur patrimoniale du Vieux-La Prairie et de sauvegarder ces dits documents. Également, une équipe d’étudiant.es en architecture dirigée par le professeur Laszlo Demeter a contribué à démontrer la valeur patrimoniale des bâtiments du Vieux-La Prairie pour les protéger des développements immobiliers de la compagnie Gulf (Bourdages, 2015). Ainsi, en 1975, on déclare officiellement « la valeur patrimoniale des édifices dans le secteur » (Houde, 1997a). La superficie protégée est de 96 hectares (Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, 2019).Ce statut octroie à la ville le pouvoir de protéger les bâtiments du Vieux-La Prairie. Par exemple, les fils électriques sont enfouis dans le quartier historique du Vieux-La Prairie pour ne pas nuire au paysage historique (Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, 2019) et les citoyens ne peuvent construire ou rénover des bâtiments sans autorisations de la part du ministère de la Culture et des Communications dans la zone patrimoniale en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel (Demande de permis, 2019). Par la suite, la SHLM commence son acquisition de fonds privés afin de constituer les archives de la SHLM. La majorité des documents trouvés dans les archives de la SHLM proviennent d’un des trois fonds suivants (Houde, 1997b) :   Les biens des jésuites de 1647-1798 : Cette source contient de l’information de première main concernant les concessions de terres dans la seigneurie de La Prairie. Ce fonds d’archives contient 20 000 documents et est, selon Claudette Houde, l’une des membres fondateurs ayant signé la requête de 1972, « la source maîtresse » des archives de La Prairie.   Le fonds Elisée Choquet : Il est le vicaire de La Prairie de 1929 à 1936. Il a beaucoup écrit sur La Prairie et construit les premières cartes identifiant la seigneurie de La Prairie (McGee-Fontaine, 1983). Les écrits de cet homme de foi offrent un regard plus social sur le passé de La Prairie et traitent notamment de la généalogie des habitants. Ces deux derniers fonds sont entreposés sous forme de photocopies, les originaux étant conservés à la BAnQ (Caroline Laberge, 2022).   Les fonds privés donnés à la SHLM : Certains habitants de la ville font don de leurs archives surtout textuelles et iconographiques. Parfois, ce sont même des gens venant d’autres régions du Québec et d’ailleurs, allant jusqu’à la Californie. Le tout permet à la SHLM de documenter le passé de La Prairie. Fouilles archéologiques   La SHLM a quatre missions principales. Nous pouvons les retrouver dans le document reconnaissant légalement la SHLM en 1972 (Houde, 1997a) : « Faire avancer l’étude de l’histoire locale et régionale » : La SHLM accomplit sa mission en publiant chaque mois depuis 1982 (avant appelé Le Bastion) des rubriques sur l’histoire de la ville et de ses familles fondatrices à l’aide du bulletin Au jour le jour (« Bulletins », 2022).   « S’intéresser aux monuments historiques, les sauver de la destruction, les conserver à l’admiration […] » : La SHLM accomplit sa mission en offrant des visites guidées du quartier historique durant la période estivale sur une base régulière et sur rendez-vous le reste de l’année (« rallyes numériques au cœur du Vieux-La Prairie », s. d.).   « Faire l’étude des sols et des sous-sols, l’étude des vieilles familles [généalogie] » : La SHLM accueille également un club de généalogie tous les lundis en soirée.   « Diffuser toutes publications pour les fins [ci-haut] et établir une bibliothèque […] » : Cette mission donne du sens aux trois précédentes, mais ne pourrait exister sans ces dernières.   Le 20 décembre 2022 avait lieu, à l’occasion du 50e anniversaire de la fondation, une activité d’archives à voix haute ayant pour but de rendre accessibles les archives à un large public. Ne pouvant y assister avant la rédaction de ce billet, l’archiviste-directrice générale de la SHLM, Caroline Laberge, a eu la considération de m’inviter à l’une des répétitions.   Deuxième partie : Les archives à voix haute ; donner une voix au patrimoine Archives à voix haute : Hélène Élément, Caroline Laberge et Josée Sarrazin. La lecture d’archives à voix haute trouve son origine en France, mais a su trouver un public au Québec. Le but est de rendre les archives accessibles en enlevant les barrières syntaxiques ou l’apprentissage de paléographies (Ursch, 2006). Il est important de lire le texte comme il est pour garder l’authenticité du document (Ursch, 2006). Lorsque je me suis assise à la table en bois de la SHLM et qu’Hélène Élément et Caroline Laberge ont commencé à pratiquer leur lecture avec un document légitimant l’existence de l’Assistance maternelle de La Prairie de 1933, Élément a insisté sur deux choses. Premièrement, c’est une lecture d’archives. Le but est de donner le goût des archives au public, pas a priori l’histoire. Deuxièmement, elle m’a dit qu’il fallait lire avec intonation, mais qu’il ne fallait pas jouer. Après tout, ce n’est pas du théâtre. Il ne faut pas parodier les sources. J’ai retrouvé ce propos dans le texte de Jacqueline Ursch  (2006) : « Lire, dire, mais ne pas jouer ». En mettant l’accent sur le document d’archives en tant que tel, une simple lecture serait inadéquate. Il est de mise de projeter les documents à l’écran afin que l’auditeur puisse avoir accès visuellement audit document. Néanmoins, cet aspect visuel ne doit pas distraire le public de la lecture. Le but est vraiment de montrer la source, mettre de l’avant sa valeur en tant que document d’archives et ajouter de l’information (Élément, 2014). Tout au long de la répétition, Mme Josée Sarrazin prenait des notes dans un cahier de scène afin de présenter les documents sous forme de PowerPoint, mais aussi afin de trouver des images et autres sources archivistiques dans le but de bonifier le support visuel. Les archives à voix haute ont trois objectifs ;   Mettre en valeur l’archive (d’où la fonction de projection). Changer les perceptions « […] bousculer les stéréotypes et les images poussiéreuses subsistant encore sur les archives » (Ursch, 2006, p. 283). Démocratiser les archives en les rendant accessibles comme mentionné plus haut (Élément, 2014).   Également, les textes choisis doivent être lisibles à voix haute, doivent convenir au public cible et avoir une thématique et une durée adaptées (Élément, 2014). Conséquemment, les textes choisis pour le 50e anniversaire de la société d’histoire reflètent la riche histoire de la région, un lien direct avec la raison d’existence de la SHLM, ils sont courts et variés, et lisibles à voix haute. Ainsi, la lecture d’archives à voix haute est une brillante idée pour fêter la SHLM. Cette société s’est faite gardienne du patrimoine d’une des plus vieilles villes du Canada. Qui sait à quoi ressemblerait le quartier historique qui accueille maintenant les spectacles et les fêtes de la ville si la SHLM n’existait pas ? L’histoire de plusieurs familles aurait peut-être été perdue. En effectuant mes recherches, j’ai découvert un lieu de savoirs où le passé est au cœur du présent. Caroline Laberge m’a parlé de plusieurs citoyens qui font des dons de fonds d’archives, ou de visiteurs venant de loin se retrouvant à La Prairie après avoir suivi le chemin de leurs ancêtres. De manière plus générale, il est clair que les archives municipales ont leur importance afin qu’on se souvienne du patrimoine du territoire et qu’on s’intéresse à sa sauvegarde. Les Archives à voix haute du 20 décembre 2022 ont été l’occasion de souligner le beau travail de protection du patrimoine qu’effectue la SHLM depuis 50 ans, et sont une belle occasion de se remémorer de beaux souvenirs et de mettre de l’avant les archives accumulées depuis la fondation de la SHLM en 1972. Un merci spécial à Caroline Laberge, directrice générale et archiviste à la SHLM pour ses disponibilités, son aide, ses réponses à mes questions et son invitation à assister à leur répétition. Ce travail a été réalisé à l’EBSI, Université de Montréal, dans le cadre du cours ARV1050 — Introduction à l’archivistique donnée au trimestre d’automne 2022 par Virginie Wenglenski. ______________________________ Bibliographie Bourdages, G. (2015, septembre. Au jour le jour. Septembre 2015. Vol. XXVII, Numéro 7. Bulletins. (2022). La Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine. https://shlm.info/bulletin/ Demande de permis. (2019). Ville de La Prairie. https://www.ville.laprairie.qc.ca/services/services-aux-citoyens/demande-de-permis/ Élément, H. (2014, 16 mai). Préparation d’une activité : Archives à voix haute [PowerPoint]. PowerPoint communication présentée à la 3e Journée des archives religieuses. http://mail.patrimoine-religieux.qc.ca/fr/activites/conferences/pdf/20http://mail.patrimoine-religieux.qc.ca/fr/activites/conferences/pdf/2014/Powerpoint/Helene_Element_PPT.pdf Houde, C. (1997a, janvier). SHLM: un solide départ en 1972. Au jour le jour. Houde, C. (1997b, février). L’Histoire de la SHLM. Au jour le jour. La Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine. (2022). https://shlm.info/ L’organisme. (s. d.). La Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine. https://shlm.info/l-organisme/ McGee-Fontaine, P. (1983, juin). Fonds Élisée-Choquet. Au jour le jour. https://shlm.info/articles/fonds-elisee-choquet-2/ RALLYES NUMÉRIQUES AU COEUR DU VIEUX-LA PRAIRIE. (2022). MRC de Roussillon. https://roussillon.ca/activite/visites-guidees-du-vieux-la-prairie/ Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine. (2019). Histoire — Découvrir La Prairie. Ville de La Prairie. https://www.ville.laprairie.qc.ca/ville/decouvrir/histoire/ Ursch, J. (2006). Les archives à voix haute. La Gazette des archives, 4(204), 277‑283. https://doi.org/10.3406/gazar.2006.3840 ...
Extraits des procès-verbaux du conseil municipal de La Prairie.
Des histoires de police 3 mai 1880 : Monsieur le Maire soumet à ce Conseil que le vapeur Laprairie tiendra à l’avenir une ligne régulière entre Montréal et La Prairie les dimanches et fêtes d’obligations. Et qu’il serait convenable de former un comité de police aux fins de nommer des constables, les faire habiller convenablement dans le but que le bon ordre soit maintenu en tout temps en cette municipalité. 7 juillet 1890 : Le comité de police est autorisé à faire des arrangements avec un constable pour faire maintenir l’ordre au carré public où des gamins s’amusent parfois à insulter les Frères de l’Académie. 18 mars 1924 : Il est décidé de faire l’achat de 2 pistolets et d’une garcette pour les hommes de police. 19 juillet 1926 : Le constable devra avoir à porter continuellement son uniforme. Au sujet de l’ancien chemin de fer 28 février 1887 : Sur motion de Monsieur Doré. Secondé par Monsieur Hébert. Il est résolu unanimement que le secrétaire-trésorier soit chargé de faire les recherches nécessaires pour arriver à connaître les véritables propriétaires du terrassement de l’ancien chemin de fer et de s’enquérir à quelles conditions ce terrassement pourrait être cédé à la Corporation (c’est-à-dire la municipalité) dans toute l’étendue des limites du village en vue de l’exaucer pour prévenir les inondations. N.D.L.R.   C’est sans doute cette intervention qui a donné naissance à la rue de la Levée (digue). Le prix de l’essence – 19 mars 1934 Rien de nouveau sous le soleil : Le Conseil municipal de La Prairie vote une résolution pour demander au gouvernement fédéral de combattre le trust de la gazoline. La compagnie Lallemand 21 janvier 1935 : Étude de la question de l’établissement de la manufacture de levain de Lallemand et Frère. Le CNR veut construire une voie d’évitement sur la rue de la Levée pour desservir la Cie Fred A.  Lallemand and Refining Company of Canada Limited. N.D.L.R. : Cette importante entreprise de sirops alimentaires fut plus tard remplacée par la Cie Rose & Laflamme. Elle occupait un immense terrain entre les rues Saint-Georges, Saint-Ignace et Saint-Jacques. Ce vaste périmètre est aujourd’hui abandonné depuis plus de 40 ans.       ...
Bibliothèque - Nouvelles acquisitions
Les Filles du Roy, pionnières des seigneuries de la Côte-du-Sud. Par la Société d’histoire des Filles du Roy. Septentrion, 2022       ______________________________ Immigrants et soldats d’origine belge au Québec de 1650 à 1901. Par Denis Racine Éditeur GID, 2022                 ______________________________ Les colonies du Haut et du Bas-Canada avant et à l’époque des rébellions Par Yvan Lamonde Presses de l’Université Laval 2022   ...
Juin 2023 - À ne pas manquer
La séance Archives à voix haute du 50e anniversaire de la SHLM sera offerte à nouveau ! Cet événement sera présenté au Théâtre du Vieux-La Prairie, mardi le 6 juin 2023 à 19 h 30. Bienvenue à tous!   ...
Mot du président
L’édition 2023 de la Semaine de l’action bénévole au Québec aura lieu entre le 16 et le 22 avril prochains Elle aura pour thème « Bénévolons à l’unisson ». La SHLM profitera de cette semaine thématique pour souligner l’implication et le travail de ses membres et bénévoles lors d’une soirée « 5 à 7 » qui se déroulera le jeudi 20 avril prochain au Centre multifonctionnel Guy-Dupré, situé au 500, rue Saint-Laurent. Le nom du (ou de la) bénévole de la SHLM pour l’année 2022 sera dévoilé durant cette soirée. En terminant, nous vous rappelons qu’il n’est toujours pas trop tard pour devenir membre de la SHLM afin de pouvoir assister à notre assemblée générale qui aura lieu à 19 h 30 le mardi 21 mars prochain au théâtre du Vieux La Prairie. Bon printemps à toutes et à tous! Stéphane Tremblay Président de la SHLM ...

Au jour le jour, février 2023

Inondation, en 1945, de la maison de Julien Brisson. Cette maison, qui était située au 320, rue Saint-Georges, a été démolie en décembre 1986.

Contretemps et malheurs du patrimoine bâti
Introduction Afin de mieux saisir la situation actuelle des édifices patrimoniaux au Québec, nous avons cru pertinent de les partager en quatre catégories : Les églises et les lieux de culte des différentes traditions religieuses constituent le patrimoine religieux. Au Québec, les lieux de culte sont des propriétés privées : ils appartiennent aux fabriques de paroisses. Or les églises, en particulier l’Église catholique, ne peuvent plus consacrer de ressources au maintien de ce patrimoineMalgré de nombreux efforts, au Québec depuis 2003, 663 lieux de culte (sur 2751 bâtiments répertoriés) soit le quart, ont été fermés, démolis ou recyclés. Les édifices conventuels dont, dans certains cas, les propriétaires sont encore des communautés religieuses. Les maisons privées. Les bâtiments commerciaux, industriels et agricoles (voir à ce sujet l’Association québécoise pour le patrimoine industriel). De toute évidence, le patrimoine bâti au Québec constitue un vaste chantier. Actuellement, pour quiconque souhaite préserver un bâtiment ancien, la démarche s’avère le plus souvent ardue. En refondant, en 2012, la Loi sur le patrimoine culturel, le ministère de la Culture et des Communications a transféré aux municipalités plusieurs obligations et pouvoirs en lien avec le patrimoine bâti. Or, dans la très grande majorité des cas, les municipalités ne possèdent aucun inventaire du patrimoine bâti situé à l’intérieur de leur périmètre. De plus, trop souvent, elles n’ont ni l’expertise ni les ressources financières et humaines pour assurer leur mandat, avec pour conséquence que plusieurs bâtiments historiques sont abandonnés et finissent par disparaître. La Prairie À La Prairie la situation est différente. En 1975, grâce à la vigilance et aux efforts de la société d’histoire, le ministère de la Culture désigna arrondissement historique (site patrimonial) le périmètre du vieux fort ou Vieux-La Prairie. Plus tard, en 2008, la MRC de Roussillon confia, à l’architecte Michel Létourneau le mandat de dresser un inventaire du patrimoine bâti dans les onze municipalités qui en font partie. Cette initiative a, depuis, été imitée par d’autres MRC.[1] Ces actions eurent de nombreux effets à l’intérieur et hors du site patrimonial : programme d’amélioration de quartier, fouilles archéologiques (55 sites archéologiques amérindiens et euro-québécois), amélioration du mobilier urbain, aide financière municipale et provinciale, plan de conservation du site et création du Musée d’archéologie de Roussillon. Notons également qu’à La Prairie, les conseils municipaux et les propriétaires ont multiplié les investissements pour faire du Vieux-La Prairie un quartier au cachet unique que la société d’histoire locale contribue, depuis plus de cinquante ans, à enrichir par sa présence dynamique et ses nombreuses activités. Tous ces apports ont largement contribué à l’embourgeoisement du quartier et en conséquence à l’augmentation de la valeur des propriétés. Un parcours difficile C’est bien beau de dire qu’on va conserver nos bâtiments, mais à quel prix ? Si le bâtiment n’a pas de statut en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, il n’est pas du ressort du ministère de la Culture. Cela signifie que son propriétaire est pratiquement laissé à lui-même. Or protéger ou restaurer un bâtiment ancien exige de multiples atouts : de la passion, des ressources financières, des ouvriers spécialisés dans les structures anciennes, de l’expertise et de l’accompagnement, car tout doit être fait selon les règles de l’art. Avant de se lancer dans l’aventure de la restauration, tout propriétaire d’une maison ancienne aura la prudence de faire procéder à une analyse du bâtiment afin de s’assurer que les travaux antérieurs ont été faits correctement et que rien n’aurait amené l’édifice à se désagréger. Il importe d’éviter les mauvaises surprises. Cette analyse permettra également d’établir un ordre de priorité ainsi que les échéances et les coûts des travaux.   Dans le cas des bâtiments situés à l’intérieur d’un site patrimonial ou encore protégés en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel (maison classée ou citée) il est possible d’obtenir des subventions pour amortir le coût des travaux. Cependant, pour obtenir une aide financière, on doit observer à la lettre les conditions dictées par les spécialistes du ministère de la Culture, ce qui oblige parfois à dépenser de l’argent sur une période de plusieurs années. Par exemple, des fenêtres en bois détériorées devront être remplacées par d’autres fenêtres en bois. Cela impose de les maintenir en état durant les années qui suivent et donc à dépenser davantage d’argent que si elles avaient été remplacées par un matériau synthétique (pvc). Bref, les règles du MCC en matière de restauration occasionnent des délais et des coûts supplémentaires, sans compter l’énorme paperasse nécessaire au respect des règles. La persévérance est de mise. Et les soutiens monétaires sont parfois des pièges, car ils ne représentent qu’une faible partie de l’argent nécessaire. Assurer et vendre Les assureurs, prudents de nature, proposent aux propriétaires de maisons anciennes d’apporter des modifications pour réduire les risques. Rénover des éléments désuets comme le filage électrique, le système de chauffage ou la plomberie, ou encore une vieille toiture, permettront de réduire la facture d’assurance. On dépenserait sur les travaux pour réduire la prime des assurances… Malgré ces conseils, les assureurs hésitent de plus en plus à assurer les maisons patrimoniales. Ou, quand ils acceptent, les primes réclamées sont prohibitives. Cela constitue une menace pour le patrimoine immobilier. D’ailleurs, impossible de vendre si la maison ne peut être assurée. Des pistes de solutions Nombreux sont ceux qui affirment, non sans raison, que le ministère de la Culture ne s’acquitte pas de son mandat de protection. Le gouvernement doit bouger et vite. Nous sommes aussi d’avis qu’une difficulté majeure face à la protection du patrimoine réside dans l’indifférence et dans l’ignorance de la population. Pourquoi ne pas mettre sur pied une vaste campagne de sensibilisation et d’éducation populaire ? La mise en œuvre de cette conscientisation pourrait débuter dès l’école primaire. Puisque l’argent public fait défaut, en plus du maigre budget du MCC, une taxe spéciale, si minime soit-elle, pourrait être réservée au patrimoine. Le patrimoine n’est-ce pas l’affaire de tout le monde ? Afin de partager les acquis et d’augmenter le pouvoir de négociation auprès du MCC, certains songent à fédérer les principaux organismes voués à la défense du bâti ancien. Une solution viable qui a ses limites. Des exemples à suivre… Il existe à l’intérieur du site patrimonial de La Prairie trois maisons dont les propriétaires furent et sont des femmes, lesquelles ont consacré beaucoup de passion, de travail et d’argent à leur demeure. Sans leurs efforts remarquables, ces maisons se seraient sans doute détériorées. Nous tenons ici à mettre en évidence leur apport exceptionnel (cela ressemblait parfois au parcours de la combattante) à la préservation du patrimoine bâti de La Prairie. Dans les lignes qui suivent, nous énumérerons les travaux effectués par mesdames Line et Anne-Marie Chopin au 191, rue Saint-Henri. Dans un article ultérieur, il sera question de deux autres maisons qui en quelque sorte ont été sauvées par l’esprit d’entreprise de femmes résolues. Expansion du village en 1821 « Au début du 19e siècle, le village de La Prairie étouffe dans ses limites. Agrandir le village ne s’avère pas des plus facile. […] Il faut empiéter sur la Commune, propriété conjointe des Jésuites, seigneurs, et de colons, censitaires. » « Le plan d’arpentage de William Sax présente l’image d’un terrain sans obstacle. […] Chacun des nouveaux lots mesure 60 pieds de front par 90 pieds de profondeur pour une superficie de 50 toises. […] Le Fort Neuf comprend 224 lots pour habitations, 12 lots sont réservés pour l’église et son cimetière. […] Les limites sont celles d’aujourd’hui: rue Saint-Henri, rue Sainte-Rose, chemin de Saint-Jean et rue Saint-Laurent. […] Déjà en 1821, 167 lots ont trouvé acheteurs. Le bas niveau du sol du nouveau quartier fera que les habitations se construisent d’abord au sud-est de la rue Notre-Dame. […] De plus, ces terrains facilement inondables recevaient les eaux du fleuve lorsqu’à l’automne il y avait la « prise des glaces » ou inondation. […] Cette vulnérabilité retardera les constructions dans le quadrilatère des rues Saint-Laurent, Saint-Georges, Notre-Dame et Saint-Henri. »[2] Les nouveaux lots seront attribués par le notaire Edme Henry, agent des Jésuites, lesquels sont les seigneurs de la seigneurie de La Prairie. Jusqu’au début des années 1950, ce nouveau quartier s’appellera le Fort Neuf (par opposition au Vieux Fort). C’est donc à l’occasion de l’expansion du village qu’en juillet 1821, le lot no 7 est concédé à François-Marie Moquin. À peine un mois plus tard celui-ci le vend au maître-menuisier François Plante. En cette même année, ce dernier y érigera une solide maison de pierres de 44 pieds (13,25 m) sur 32 pieds (10 m). Des 22 propriétaires qui s’y sont depuis succédé, Anne-Marie Chopin fut la 8e femme à en prendre possession. Après l’avoir occupée de 2008 à octobre 2020, la maison fut vendue à Josiane Payeur. ______________________________ [1] Depuis avril 2021 la Loi sur le patrimoine culturel accorde aux MRC les outils législatifs pour citer un bien ou un site patrimonial. [2] Claudette Houde, L’occupation du sol à La Prairie, Au jour le jour, avril et mai 1997. ...
Contretemps et malheurs du patrimoine bâti - Le 191, rue Saint-Henri
Pourquoi habiter et entretenir de vieilles maisons si ce n’est qu’on est habité par la passion, qui est chez certains presque une religion, car leur entretien représente un lot de défis. Bien que solides parce qu’elles sont réalisées avec des matériaux qui vieillissent bien, comme la pierre, la brique et le bois, elles exigent des soins constants. Il faut y mettre du temps et de la patience et travailler avec des gens de confiance (maçon, plombier, électricien, etc.), car tout cela peut vite devenir un gouffre financier. Si possible, on mettra la main à la pâte pour que ce soit moins dispendieux. Dans l’exemple qui suit, nous tenons à mettre en lumière l’apport de mesdames Lina et Anne-Marie Chopin aux travaux majeurs effectués au 191, rue Saint-Henri, alors qu’elles y habitaient. Des interventions qui ne se firent pas sans difficulté. Heureusement qu’Anne-Marie était jeune et passionnée, car on était loin de se douter que les travaux allaient s’étaler sur deux années. À l’intérieur, retrait de l’ancienne cuisine qui donnait sur le salon. Remplacement du recouvrement de vinyle de cette cuisine par des planches faites sur mesure pour s’agencer au plancher déjà en place. Démolition de la salle de bain à l’étage, et retrait du vieux bain de fonte. C’est à ce moment qu’on s’est aperçu qu’il n’y avait pas de plancher dans cette pièce, il n’y avait que quelques lattes de bois sur lesquelles plusieurs épaisseurs de vinyle avaient été installées au fil des ans. Retrait de la vieille tuyauterie et construction d’une grande salle de bain et d’une salle d’eau dans la pièce adjacente (le 2e logement). Enlèvement du gypse sur le mur de l’entrée arrière donnant sur le salon, c’est à ce moment qu’on s’est aperçu qu’il n’y avait plus de mortier entre les pierres. Ce mur ainsi que le linteau de la fenêtre arrière donnant sur le grand balcon ont été refaits. Le pire était à venir. Toute l’électricité était à refaire. Il a fallu retirer d’anciens fils électriques noirs qui couraient entre l’ancienne cuisine, la salle de bain et jusqu’au grenier. Plusieurs sections de ces fils n’avaient plus de gainage et, dans d’autres sections, ils étaient transpercés par des clous de 6 à 8 pouces. L’électricien a dû également refaire toute l’électricité dans chacune des pièces de la maison et recalibrer les panneaux. Une mise à la terre a été installée pour le hangar… il n’y en avait pas ! Il a fallu se départir du système de chauffage biénergie (fournaise et réservoir d’huile), devenu désuet, avec pour conséquence le retrait de tous les conduits d’air dans la maison. Le tout fut remplacé par un chauffage par convecteurs dans chaque pièce. Les propriétaires n’étaient pas au bout de leurs peines. Le bris de l’entrée d’eau inonde la cave en terre battue rouge. Le sol devient très instable en plus de se transformer en un terrain de boue. Intervention d’urgence faite par l’excavateur Serge Germain. Pendant la réfection du boulevard, de nombreux camions à fort tonnage circulent sur la rue Saint-Henri, ce qui provoque des poussées latérales sur la maison et son entrée d’eau. De plus, la pression du nouveau système d’eau de la Ville est devenue trop forte. Ces deux facteurs combinés causent à nouveau la rupture de la conduite d’eau, mais du côté de la maison cette fois. Il faut agir d’extrême urgence pour sauver la maison. Sans aide financière, la propriétaire se voit obligée de mettre en vente le terrain adjacent à l’arrière de la maison afin de disposer des fonds nécessaires pour effectuer les travaux. Un spécialiste en fondations procède au retrait de 500 tonnes de terre dans le but de permettre une pente adéquate pour une nouvelle colonne d’égout. Comme si cela ne suffisait pas, les fondations montrant des signes inquiétants, on doit procéder au remplacement de l’ancien mortier des murs de la cave. Robert Hill a ensuite solidifié les murs de la fondation les plus problématiques, ainsi que le cointage de toutes les poutres de la cave. Une ceinture de béton a été ajoutée tout autour du mur de soutènement, puis un plancher de béton a été coulé. On a remplacé l’ancien mortier des murs de la cave. Ensuite, Lina, la mère d’Anne-Marie a nettoyé toutes les pierres de la fondation et Maxime Letendre a refait tout le mortier. « J’ai aussi nettoyé à fond les poutres (des troncs d’arbres d’origine)[1] avec du sel de bore pour éliminer toute trace de moisissure possible, et j’ai appliqué une huile haut de gamme pour nourrir le bois et arrêter leur dégradation en raison de l’excès d’humidité pendant toutes ces années. Finalement, j’ai poli et gratté toutes les pierres pour qu’elles soient belles et apparentes. »   Le plancher est supporté par les troncs d’arbres d’origine.                   Dans le but d’améliorer la ventilation de la cave, on a enlevé la petite galerie en façade car elle cachait l’unique entrée d’air de la cave. On a pratiqué un accès au sous-sol et coulé un plancher de béton. Enfin, il a fallu ouvrir le mur de fondation à l’arrière afin d’y pratiquer un accès au sous-sol à partir de l’extérieur. Cela pour éviter que cet endroit soit une impasse sans qu’il ait d’issue comme c’était le cas depuis la construction de la maison. Ouf… un chantier colossal qui a heureusement pris fin sans catastrophe. Il aura fallu aux dames Chopin (Lina et Anne-Marie, mère et fille) beaucoup de foi, de chance et de cœur au ventre pour passer à travers tout ça. « Il a fallu vendre le terrain adjacent à l’arrière de la maison pour financer les travaux d’entretien et de rénovation » Sources consultées : Jean-Louis Bordeleau, Reconvertir nos églises, un chemin de croix, Le Devoir,28 décembre 2022. Louise-Maude Rioux Soucy, Pas de protection sans vision, Le Devoir, 29 décembre 2022. Jean-François Nadeau, Un couvent trop cher pour Saint-Gédéon, Le Devoir,5 janvier 2023. ______________________________ [1] D’immenses troncs d’arbres supportent également le plancher de l’église de La Nativité construite en 1841. ...
Mot du président
L’année 2023 commence à peine, que nous devons déjà planifier les mois à venir. Les administrateurs, ainsi que notre directrice générale, sont déjà à la préparation de notre assemblée générale annuelle qui aura lieu le mardi 21 mars à 19 h 30 au théâtre du Vieux-La Prairie. Seuls les membres de la SHLM peuvent assister à cette rencontre. Il est toujours temps d’ici là de renouveler votre adhésion ou de devenir membre de la SHLM. Il nous faut également prévoir l’embauche de nos étudiants pour la saison estivale 2023. Nous offrons des postes de guides touristiques et d’aides aux archives. Si l’aventure vous intéresse, que vous êtes âgé (é) entre 15 et 30 ans et disponible à temps plein au début du mois de juin, envoyer votre CV à l’intention de madame Caroline Laberge à [email protected]. Stéphane Tremblay, président ...
21 Feb 2023
Ciné-conférence - Les rapides du Diable

Au jour le jour, janvier 2023

L’ancien Hôtel de la Source était situé à proximité de la gare à l’angle du chemin de Saint-Jean et de la rue du Maire.

Sur les traces de l'emprise du premier chemin de fer au Canada
Construit en 1836, le premier chemin de fer au Canada a relié La Prairie à Saint-Jean. N’est-ce pas un événement unique dans l’histoire de La Prairie? On en trouve des rappels dans les monuments qui ont été érigés au fil du temps dont le plus important est sans doute celui situé à l’angle des rues Saint-Ignace et Saint-Henri. Mais, au-delà de ces commémorations, on peut se demander ce qu’il reste aujourd’hui du chemin de fer de 1836. Eh bien, sachons qu’il reste encore des traces très impressionnantes et si bien conservées qu’elles peuvent être mises en valeur. Les voies ferrées ont certes disparu, mais l’emprise sur laquelle elles ont été construites a laissé des traces, et elles sont toujours là. La première question qui vient à l’esprit : mais où donc passait ce premier chemin de fer ? On sait que dans le territoire de la ville de La Prairie il suivait une ligne droite à partir du fleuve d’où arrivaient les passagers et les marchandises en bateau à vapeur. Il couvrait une distance de 8,3 km jusqu’à la jonction où, en 1851, il sera remplacé par une voie ferrée qui se rendra à Saint-Lambert pour y enjamber plus tard le pont Victoria. Or, 6,8 km de ces 8,3 km sont toujours repérables sur le territoire de La Prairie, soit près de 80 %. On peut distinguer quatre tronçons. Le premier relie l’A-132 à la rue du Maire sur une distance d’environ 1 km dans l’axe de la rue de la Levée. Le second prend le relai sur 1 km derrière le collège Jean de la Mennais en ligne droite avec la piste cyclable qui longe l’ancienne briqueterie. L’emprise disparaît malheureusement par la suite, effacée lors de l’aménagement des quartiers du Grand Boisé et Symbiocité. Le troisième tronçon réapparaît au-delà de l’A-30 sur 2,3 km, jusqu’à la limite de l’ancienne commune, dont 1,5 km bien conservé. Le dernier tronçon, d’une longueur de 2,5 km, relie la frontière de l’ancienne commune à l’intersection avec la voie ferrée actuelle menant au pont Victoria située à 400 mètres au nord du chemin de la Bataille. À qui appartiennent ces tronçons ? La ville est le principal propriétaire. Elle possède 51 % des 6,8 km de l’emprise repérable, suivi par Poirier, un entrepreneur immobilier, avec 34 %, et, finalement, le collège Jean de la Mennais et la Société d’agriculture du coté de La Prairie qui, ensemble, totalisent 15 %. La carte ci-dessus et le tableau suivant résument l’importance de chacun des tronçons repérables et précisent le nom du propriétaire. Tronçon Longueur km Propriétaire Longueur % Du village 1,0 Ville de La Prairie   51 Chemin de la Bataille 2,5 Ville de La Prairie Fontarabie 2,3 Poirier (entrepreneur) 34 Jean de la Mennais 1,0 Collège Jean de la Mennais et Société d’agriculture du comté de La Prairie   15 TOTAL EMPRISE 6,8 100 Le tronçon du village Cette partie de l’emprise comprend deux sections. La première, longue de plus de 300 mètres et se terminant à la rue Notre-Dame, est de loin la plus importante puisqu’on y retrouvait en 1836 les infrastructures qui ont marqué la révolution des transports du début du XIXe siècle : le chemin de fer, la gare, le quai où arrivaient et partaient les bateaux à vapeur. Il faut y ajouter le moulin seigneurial des Jésuites. Bien qu’il ait été construit à la fin du XVIIe siècle, il faisait partie de ce qui formait alors le pôle d’activité le plus important de La Prairie. L’illustration ci-dessus montre l’emplacement vraisemblable de la gare et du moulin en 1836. La deuxième section se confond avec la rue de la Levée et relie la rue Notre-Dame à la rue du Maire sur près de 700 mètres. Elle rappelle la renaissance du chemin de fer à La Prairie après son interruption en 1851. Plus tard, en 1936, les Entreprises Lallemand de Montréal, encore aujourd’hui un leader mondial de la levure, implantent une usine dans la zone industrielle du village. Elle y restera jusqu’en 1971. Plusieurs citoyens de La Prairie qui ont vécu dans cette partie de la ville se rappellent avoir traversé cette voie ferrée. Le tronçon Jean de la Mennais Le tronçon Jean de la Mennais (JDLM) fait le lien entre la rue du Maire et la limite sud du quartier du Grand Boisé. Il se déploie sur environ un kilomètre entre d’un côté la briqueterie et, de l’autre, le collège JDLM et des installations sportives de la ville de La Prairie. Une première section se confond avec une aire de conservation que le collège vient d’aménager (plantation d’arbres). Elle conduit à une deuxième section où elle prend la forme d’une piste cyclable menant vers le quartier du Grand Boisé. Ici, l’emprise est en grande partie située sur la propriété de la Société d’agriculture du comté de La Prairie qui possède également les terrains du Marché des jardiniers, du parc Lucie-Roussel et de Botanix. La ville détient un bail à long terme. Cette piste est reliée à celle qui borde le chemin de Saint-Jean, puis bifurque à droite en côtoyant Botanix pour rejoindre finalement l’emprise.                 Le tronçon Fontarabie Ce tronçon est situé entre la route 217 et la limite sud de l’ancienne commune. Il est traversé par la rivière Saint-Jacques presque en son milieu. Ce tronçon comprend deux sections. La première relie la route 217 à la rivière Saint-Jacques sur une distance de 770 mètres. Les traces de l’emprise et du pont qui enjambait la rivière sont à peine perceptibles. Une photo du pont datant de 1971 montre que les piliers étaient encore en bon état à cette époque. Photo saisissante datant de 1971 des vestiges du pont qui enjambait la rivière Saint-Jacques. Source: PELLETIER, Michel, Histoire des chemins de fer du Québec, Les Éditions GID, 2014, page 35 (750 pages).   La deuxième section fait le lien entre la rivière Saint-Jacques et la limite sud de l’ancienne commune. C’est dans cette partie longue de 1,7 kilomètre que l’on peut admirer l’emprise dans l’état qui s’approche beaucoup sans doute de ce qu’elle était à l’origine. Elle est actuellement utilisée par des amateurs de VTT et de motoneiges qui en assurent l’entretien en vertu d’une entente avec le propriétaire. On y accède par un sentier à partir du chemin de Saint-Jean, vis-à-vis du chemin de Fontarabie. Cette photo montre les traces de l’emprise menant à la rivière Saint-Jacques. Source: Albert Juneau Le tronçon chemin de la Bataille Long de 2,5 km, le tronçon du chemin de la Bataille relie la frontière de la commune à la voie ferrée qui assure le lien entre Saint-Jean et Saint-Lambert. Il est unique en ce qu’il traverse des terres agricoles sur toute sa longueur. L’emprise est nettement visible sur un kilomètre dans sa partie surélevée. La ville de La Prairie en est le propriétaire. Ce tronçon est particulièrement riche sur le plan patrimonial, non seulement en raison de la qualité de la partie surélevée de l’emprise, mais aussi parce qu’elle fait le lien entre le passé et le présent. En effet, le segment de 425 mètres entre le chemin de la Bataille et la voie ferrée actuelle impressionne par la surélévation très nette de l’emprise et le fait qu’elle ait été bien conservée. Il s’agit d’un héritage exceptionnel. Une grande partie du corridor de l’emprise de 1836 a été protégée. Il reste maintenant à mettre en valeur ce patrimoine unique.         ...
Carte interactive numérique de la seigneurie de La Prairie
Dans le cadre du 50e anniversaire de sa fondation, la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine s’était donné comme projet la création d’une carte numérique interactive couvrant l’ensemble du territoire de la seigneurie de La Prairie. Une demande de financement avait été acheminée auprès de Desjardins Caisse de La Prairie afin d’éponger une partie des coûts associés à ce vaste projet. Au bonheur de tous, notre demande fut reçue avec enthousiasme par les dirigeants de la caisse. Nous tenons ici à offrir nos remerciements aux dirigeants de la Caisse, non seulement pour l’aide actuelle, mais également pour le soutien constant apporté au fil des années. La remise officielle du chèque de 5 000 $ a été faite le 28 novembre 2022 en présence de Mme Johane St-Onge, l’actuelle présidente du conseil d’administration de Desjardins Caisse populaire de La Prairie. Vous pouvez consulter la carte sur notre site Web à l’adresse suivante : https://shlm.info/cartes/carte-interactive/ ...
Comité de la vente de livres d’occasion
La Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine souhaite remercier Mme Huguette Langlois pour son implication au cours des neuf dernières années à titre de directrice du Comité de la vente de livres d’occasion. Passionnée de lecture, madame Langlois s’est jointe au Comité de la vente de livres en 2012 à titre de bénévole. En 2014, suite au départ de Mme Élizabeth Dorman, jusqu’alors directrice, elle occupera cette fonction jusqu’au mois d’octobre 2022. Au cours de son mandat, les ventes annuelles de livres d’occasion ont connu des succès remarquables, permettant ainsi à la SHLM la réalisation de nombreux projets. Mme Langlois demeure néanmoins active au sein du comité dans un rôle de soutien au nouveau directeur, monsieur Michel Côté. Nous souhaitons beaucoup de succès à M. Côté ainsi qu’à toute l’équipe de bénévoles. ...
Mot du président
Vœux de la nouvelle année En ce début d’année 2023, je souhaite santé, prospérité et succès à tous nos amis, bénévoles, employées, membres et partenaires. Nous sommes les défenseurs du patrimoine culturel de la seigneurie de La Prairie depuis maintenant 50 ans et, plus que jamais, nous avons besoin de votre soutien afin de pouvoir offrir nos activités à la population au cours du prochain demi-siècle. Vous pouvez soutenir la SHLM dans la réalisation de ses projets en posant un ou plusieurs de ces gestes : Renouveler votre carte de membre/devenir membre en janvier. Assister aux conférences mensuelles de la SHLM le 3e mardi de chaque mois. Lire régulièrement le bulletin mensuel et peut-être même collaborer à sa rédaction ? Assister à l’assemblée générale annuelle des membres de la SHLM le mardi 21 mars prochain. Faire l’acquisition d’une de nos publications. Enrichir nos archives en faisant don de photos ou de documents.   Bonne année 2023 ! Stéphane Tremblay, président de la SHLM ...
17 Jan 2023
Alcool et débits de boisson à La Prairie

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