Au jour le jour, décembre 2023
Depuis 1975, le périmètre du Vieux-La Prairie a été le site de nombreuses campagnes de fouilles archéologiques. Au fil des ans, ces travaux en archéologie ont permis la mise au jour de milliers d’artefacts de toutes dimensions : bases des pieux de l’ancienne palissade, structures de pierre, sépultures européennes et amérindiennes, objets d’origine amérindienne, etc.
D’ailleurs, selon la firme Arkéos : « Le site de La Prairie est unique et inédit au Québec par l’état de préservation et de conservation exceptionnel ainsi que par la présence de tous les éléments architecturaux intouchés du cœur villageois et paroissial. »
Le nombre et la richesse des artefacts recueillis dans le sous-sol de La Prairie allaient mener à la création du Musée d’archéologie de Roussillon qui a ouvert ses portes au public en septembre 2013.
Les collections archéologiques du Musée comptent actuellement plus de 200 000 artéfacts et écofacts. Ces collections, qui ne cessent de s’enrichir, restaurées, elles sont soumises à l’interprétation des experts.
L’église de la Nativité, érigée en 1841, est un joyau du patrimoine bâti sis à l’intérieur du site patrimonial créé en 1975. L’église actuelle a été précédée en 1687 par une modeste église de bois, suivie en 1705 d’un temple en pierre dont la façade était orientée vers le fleuve. Les fondations de cette seconde église sont aujourd’hui en partie recouvertes par le parvis et la façade actuels.
Compte tenu de l’importance patrimoniale du bâtiment, le gouvernement du Québec a, depuis quelques années, subventionné d’importants travaux : fenestration, toiture et maçonnerie. C’est donc en toute logique qu’en septembre dernier, M. Christian Dubé, député de La Prairie, annonçait une aide financière de 315 000 $ pour la restauration complète du parvis de l’église de La Nativité.
Fouilles archéologiques
En octobre, concurremment aux travaux d’excavation, deux archéologues de la firme Arkéos ont assuré une surveillance qui a permis la mise au jour de nombreux vestiges dont les murs ouest et est de l’annexe de la seconde église, une section du dallage de l’ancienne place publique, une section du bas-côté sud de l’agrandissement de la deuxième église, divers artefacts des 18e et 19e siècles, des ossements humains épars, etc. Bref, le site est extrêmement riche et bien conservé.
Or, « C’est la première et probablement la seule fois que le secteur du parvis sera disponible pour une expertise archéologique. Des recherches approfondies et extensives permettraient de combler les connaissances, jusqu’à présent incomplètes du secteur, particulièrement en ce qui a trait au XVIIIe siècle, la construction et l’utilisation de la seconde église ainsi que du début l’occupation de la troisième. De plus, le potentiel d’occupation plus ancienne autochtone demeure présent […] ». Il faut absolument que les fouilles soient approfondies.
Voilà pourquoi, selon l’archéologue Marie-Claude Brien, « il est proposé de réaliser un inventaire archéologique d’une durée de dix jours afin de recueillir des données inédites sur la seconde église de La Prairie, l’ancienne place publique, mais également la continuité de la palissade et le premier cimetière. »
Une question d’argent
Or, la SHLM, en collaboration avec l’Assemblée de fabrique, a évalué qu’il en coûterait 192 000 $ pour réaliser cet inventaire archéologique. Une réunion de nombreux intervenants (la SHLM, l’Assemblée de fabrique, le MCC, Desjardins Caisse La Prairie, Arkéos, la Ville de La Prairie, la représentante du député Christian Dubé et le député fédéral Alain Therrien) a permis de constater que les sommes nécessaires à de tels travaux n’étaient pas actuellement disponibles.
On comprendra qu’il faille certains délais pour recueillir une telle somme. De plus, pour poursuivre les fouilles en novembre, la saison froide étant avancée, il aurait fallu couvrir le périmètre et installer des abris ainsi qu’un système de chauffage afin de retarder le gel du sol et de permettre aux archéologues de travailler dans des conditions acceptables. En ce sens, le report des travaux au printemps prochain permet donc d’économiser près de 25 000 $ de frais.
La mise en pause du chantier pour l’hiver fait également épargner des frais d’assurances.
Ainsi, ce délai obligé de quelques mois va permettre à l’Assemblée de fabrique ainsi qu’aux nombreux collaborateurs de poursuivre leur quête de financement. La Ville de La Prairie a déjà assuré la fabrique d’une aide de 10 000 $ et la Société d’histoire contribue pour 5 000$. Alors que l’assemblée de fabrique est en attente d’une somme de plusieurs milliers de dollars de la part du MCC, somme à laquelle elle devra contribuer à parts égales, le bureau de M. Christian Dubé assure une contribution de 10 000 $ répartie sur deux années.
Le terrain est prêt pour les travaux subséquents. Toute personne ou organisme intéressé peut collaborer financièrement au projet.
Quelques repères sur le plan ci-joint.
1. Inauguration de l’église de pierre (1705)
2. Ajout d’un choeur en hémicycle et de deux chapelles latérales (1725)
3. Élargissement de l’église par l’ouverture de deux bas-côtés en
arcades (1774)
4. Érection d’une nouvelle tour du clocher dont le périmètre est visible
face à la Maison à tout l’monde (1784)
5. Ajout d’une sacristie (1813)
Le non-paiement des cens et rentes en 1830 est-il attribuable au climat politique de l’époque ou encore aux difficultés financières?
Selon l’historien Fernand Ouellet, « Dans Laprairie en 1837 […] seulement 15% des propriétaires sont libres de toutes dettes à l’endroit du seigneur qui est le gouvernement. »
Le système seigneurial a été aboli en 1854.
Source BAnQ
Dans le numéro du Au jour le jour de mai 2014, nous avons raconté l’histoire de ce commerce de La Prairie de grande réputation.
Après 65 années d’activité, la Bijouterie Guy Serres fermera définitivement ses portes à la fin de décembre 2023.
Afin de bien terminer l’année, je vous invite à la dernière activité de notre calendrier 2023, La ville d’un rêve, long métrage documentaire et dernier volet d’une trilogie sur la vie de Jeanne Mance et la fondation de Montréal réalisé par la cinéaste Annabel Loyola.
Cette activité aura lieu le mardi 12 décembre 2023 à 19 h au Centre multifonctionnel Guy-Dupré (500, rue Saint-Laurent à La Prairie). Le coût d’entrée est de 10 $ pour tous.
Nos locaux seront fermés, pour la période des Fêtes, entre le 23 décembre 2023 et le 8 janvier 2024 inclusivement. Au nom du CA de la SHLM, de ses employées, de ses bénévoles et de ses membres, j’en profite pour vous souhaiter de très joyeuses Fêtes avec parents et amis.
Reposez-vous bien et au plaisir de tous vous revoir au retour du congé pour vous souhaiter une bonne année 2024.
Stéphane Tremblay, président
Montréal est née d’un rêve, celui de personnes qui croyaient en la possibilité de créer un monde meilleur en Nouvelle-France. Qui étaient ces gens ? Quel idéal poursuivaient-ils et pourquoi ? Les réponses se trouvent dans un manuscrit du XVIIe siècle qui, de toute évidence, serait les mémoires cachés de Jeanne Mance.
Avec un regard original et personnel, Annabel Loyola revisite ce récit où le passé entre en résonance avec une volonté toujours d’actualité de créer un monde plus près de valeurs humanistes.
La cinéaste nous présente son œuvre la plus récente. La projection de La ville d’un rêve sera précédée d’un mot d’introduction de la cinéaste et suivie d’un échange avec le public.
Annabel Loyola a travaillé en cinéma et en télévision à Paris et à Montréal avant de se lancer dans la production et la réalisation de ses propres projets.
Son premier long métrage documentaire sur Jeanne Mance La folle entreprise, Sur les pas de Jeanne Mance (2010) lui a valu la médaille de la Société historique de Montréal et est devenu le point de départ d’un processus historique qui a permis la reconnaissance officielle de Jeanne Mance comme fondatrice de Montréal en 2012.
Son deuxième film documentaire Le dernier souffle, au cœur de l’Hôtel-Dieu de Montréal (2017) a rejoint un vaste public à travers le monde.
La ville d’un rêve (2022) est son troisième long métrage documentaire et constitue, avec La folle entreprise et Le dernier souffle, le dernier volet d’une trilogie sur la fondation de Montréal.
Mardi 12 décembre 2023 à 19h
Centre multifonctionnel Guy-Dupré
500, rue Saint-Laurent, La Prairie
Prix d’entrée général: 10 $
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
Au jour le jour, novembre 2023
Gloriette dans l’ancien jardin botanique des Frères de l’instruction chrétienne à La Prairie. (SHLM P50,S19,P19)
Omer Brosseau de La Prairie s’est marié avec Colombe Cardinal de Saint-Philippe en 1907. Ce sont mes grands-parents paternels. Ils habitaient sur une terre à La Prairie, rang de la Bataille Nord. De cette union sont nés quatre enfants : Germain, Jeanne, Estelle et Jean.
Germain Brosseau a fait des études à Saint-Hyacinthe à l’école de laiterie où il a obtenu son diplôme en agronomie. Il était aussi professeur de tir pour l’armée durant la Seconde Guerre mondiale. C’est dans ce cadre qu’il rencontre Denise Hamel, fille d’Adélard Hamel et de Joséphine Laroche, puisque trois des frères de la future épouse étaient également dans l’armée.
Mes grands-parents maternels, Adélard Hamel et Joséphine Laroche, eurent 14 enfants. Ma grand-mère est décédée lorsque ma mère Denise avait seulement 10 ans. Mes frères et sœurs et moi n’avons connu que sept des quatorze enfants Hamel : Robert, Lucien, Gérard, Baptiste, Lucie, Benoit et Denise. Les autres étant décédés avant nous, dont ma tante Éva, qui s’est occupée de ses frères et sœurs à la suite du décès prématuré de grand-maman Joséphine.
Au début de leur mariage, survenu le 14 mai 1940, mes parents Germain Brosseau et Denise habitent à Saint-Hyacinthe où naissent : Thérèse, Jean-Jacques et Michel.
Vers 1946, mon père Germain décide de revenir à La Prairie et de démarrer une laiterie.
Il construit sa maison et son futur commerce à l’actuel 751, du chemin de Saint-Jean, près de la voie ferrée. Hélas, la guerre en Europe fit en sorte qu’il n’a pas réussi à obtenir tout le matériel nécessaire pour démarrer la laiterie. Il décide alors de se réorienter. La maison étant construite, il se résout à transformer son projet de laiterie en un restaurant. La laiterie de la Madeleine deviendra donc le Buffet de la Madeleine, auquel il ajoutera une salle de réception.
Trois filles naîtront à La Prairie : Pierrette, Louise et Céline. Le restaurant fonctionnait très bien. Précurseur, mon père a par la suite ouvert le premier comptoir de crème glacée de la Rive-Sud. Il avait obtenu des diplômes lors de sa formation d’agronome et connaissait bien la fabrication de la crème glacée. Il a même reçu une certification de « goûteur de crème glacée » ! Germain Brosseau sera aussi le premier à faire du poulet rôti sur le charbon (BBQ). Durant une certaine période, il a même engagé des cuisiniers chinois.
Mon père avait beaucoup d’idées et était très habile de ses mains. Il nous a construit une piscine, ainsi que des jeux avec des échelles, des barres fixes et une glissade.
L’hiver, il construisait une très haute glissade destinée aux clients en plus d’entretenir une patinoire. Il a aussi fait venir à La Prairie des lutteurs célèbres à l’époque, dont Little Beaver (un lutteur de petite taille) et Johnny Rougeau.
Puis le restaurant s’est transformé en salle de réception. De nombreux couples de La Prairie et des alentours y ont fêté leur mariage. Il y eut également les couronnements des miss carnaval et des soirées de danse.
Denise l’a toujours accompagné. Avec ses six enfants et le restaurant, elle ne chômait pas. Elle aussi très habile de ses mains, Denise était une artiste-peintre. Elle a fait les beaux-arts. Elle avait aussi une écriture impeccable, stylisée. En plus, ma mère était bonne couturière et cousait nos vêtements.
Avec tous les jeux dont nous profitions, nous avions évidemment beaucoup d’amis.
Ma mère préférait que nos amis viennent à la maison plutôt que de nous voir partir chez les autres. Nous avons conservé le souvenir d’avoir eu beaucoup de plaisir avec nos amis à la maison.
Mes parents ont aussi participé aux fêtes locales : carnaval d’hiver, procession pour le mois de Marie, fêtes-anniversaires de la ville, etc. Germain a même fabriqué plusieurs chars allégoriques. Nous avons aussi organisé un bercethon.
Ma mère Denise faisait partie des Filles d’Isabelle, association féminine catholique, qui organisait plusieurs parties de cartes pour financer des œuvres de charité. Elle était la responsable, à titre de « régente », de la section de La Prairie nommée « Cercle Marie Reine des Prairies ». Mon père, de son côté, était membre des Chevaliers de Colomb.
Puis sont apparus des compétiteurs, d’autres restaurateurs se sont mis à offrir du poulet BBQ et à organiser des mariages.
La popularité du Buffet de la Madeleine a alors commencé à diminuer.
Mon père décide donc de terminer les contrats déjà engagés et de revenir à sa formation en agronomie. Il obtient un poste de gérant à la laiterie Dalpé et Frères à Saint-Chrysostome. En conséquence, la maison du chemin de Saint-Jean est vendue au début des années 1960 et nous déménageons alors au 131 rue Léon-Bloy à La Prairie.
Germain travaille chez Dalpé et Frères jusqu’à ce que l’entreprise ferme ses portes. À cette époque, il n’y avait pas de sécurité d’emploi ni de pension. Mon père se tourne donc vers un de ses gendres qui possédait des magasins de chaussures à Montréal. Ce dernier présente mon père à plusieurs manufacturiers de sacs à main.
À partir de ce moment, Germain et Denise font les marchés aux puces pour vendre des sacs à main. Germain achète des lots de sacs avec des défauts, les répare puis le couple va les vendre. Cela fonctionne très bien, mes parents travaillent l’été ; en hiver ils partent en Floride pendant un mois visiter leur fils Jean-Jacques, qui vit là-bas.
Hélas, le vieillissement amène des problèmes de santé. Lorsque mon père a commencé à être malade, ils ont cessé de se rendre dans les marchés aux puces.
Mon père Germain, après plusieurs années de maladie, est décédé le 24 mai 1990 à l’âge de 79 ans.
Ma mère Denise va vivre seule durant 17 ans. Elle s’organise bien et suit des cours de peinture à La Prairie. Elle vivra dans sa maison jusqu’à l’âge de 90 ans. Elle décède le 21 mars 2007.
À ce jour Thérèse, Michel, Pierrette et Louise sont vivants.
Jean-Jacques Brosseau nous a quittés le 20 décembre 2014 à l’âge de 71 ans.
Céline nous a quittés le 16 novembre 2022 à l’âge de 69 ans.
À l’automne nous faisions des soirées d’huîtres ou party d’huîtres et ces soirées étaient très populaires.
Huîtres à volonté et il y avait beaucoup de monde.
Étaient aussi offertes lors de ces soirées, la soupe aux huîtres et une soupe d’esturgeon.
Mon père pratiquait la pêche à l’esturgeon.
Je ne sais pas s’il faisait la soupe à partir de ses pêches, mais il en prenait de très gros.
Fascicule produit par les Frères de l’Instruction chrétienne
de La Prairie en 1951. (SHLM cote P177)
Note de la rédaction:
Madame Louise Brosseau a fait don de certaines archives se rapportant à sa famille, ainsi que l’album de photographies des mariages célébrés au Buffet de la Madeleine.
Les couples de mariés qui y apparaissent n’ont pu être identifiés. Si vous avez de la famille ou des amis dont la réception a eu lieu au Buffet de la Madeleine, communiquez avec nous !
Rassurez-vous, aucune fusillade ni autodafé de livres n’a eu lieu dans le Vieux-La Prairie !
Le titre fait référence à la fin de semaine du 29 septembre au 1er octobre durant laquelle le site patrimonial de La Prairie a fourmillé d’activités gratuites dans le cadre des Journées de la Culture.
Ainsi, une soixantaine de personnes a participé aux visites guidées offertes gratuitement par la SHLM.
Ces visiteurs ont d’ailleurs pu assister à la démonstration de tirs de mousquet au Parc du Rempart organisée par le Musée d’archéologie de Roussillon.
Ces salves qui ont eu lieu à trois reprises et le camp des reconstitueurs de la Garnison de Montréal faisaient échos à l’exposition sur l’histoire de la poudre noire qu’il était possible de visiter gratuitement, tout comme l’exposition permanente.
Parallèlement à ces activités gratuites, se déroulait à un jet de pierre du site patrimonial, l’activité majeure de financement et essentielle au fonctionnement de la SHLM :
la vente annuelle de livres d’occasion.
Et bonne nouvelle : un nouveau record de vente a été fracassé cette année dans les ventes. (Plus de 700 personnes sont venues bouquiner !)
Merci aux bénévoles qui ont travaillé durant toute l’année et plus intensivement durant la semaine précédent la vente. Bravo, votre travail est apprécié et indispensable !
Merci aussi à tous ceux et celles qui ont fait des achats, vous aidez deux fois plutôt qu’une : vos sous servent à financer la SHLM tout en offrant une seconde vie aux livres et aux casse-tête !
Douzième édition de la Semaine nationale de la généalogie
Afin d’accommoder nos membres et les chercheurs, la SHLM dispose de nombreux répertoires généalogiques ainsi que des abonnements à des sites de généalogie, dont Ancestry et Mes Aïeux.
À tous les ans en novembre, la Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG) organise la Semaine nationale de la généalogie.
Du 18 au 25 novembre, les sociétés membres mettront sur pied diverses activités reliées à la pratique de la généalogie.
Cette année, la FQSG vous invite à faire connaître les publications des auteurs et autrices de votre région et à encourager ceux et celles qui ne l’ont pas encore fait, à plonger dans l’écriture de leurs histoires familiales.
Le lundi 20 novembre, la SHLM organisera une journée portes ouvertes afin d’initier les citoyens à la pratique de la généalogie. Pour plus d’infos, voir : https://www.federationgenealogie.com/fr/sng2023.
Bonne Semaine nationale de la généalogie !
Stéphane Tremblay, GFA
Président
L’histoire ornithologique du Québec: en direct du passé
par Réal Boulet
Inspiré de son ouvrage paru en 2022, le conférencier vous fera voyager dans le temps afin de retracer l’histoire de l’observation des oiseaux à travers les écrits d’une multitude de personnages.
Le projet vise d’abord à présenter les citations des personnages qui ont été des témoins privilégiés du territoire, puis à transporter l’auditoire dans un voyage ornithologique inédit à l’époque de la Nouvelle-France, du Bas-Canada et du Québec depuis la Confédération.
Réal Boulet est un ornithologue amateur de longue date. Ses connaissances sont le fruit d’années d’observation, d’expériences de terrain et d’une multitude de lectures.
Il se passionne également pour la photographie. Avec son épouse Ghislaine, il cumule une banque de plusieurs milliers de clichés représentant plus de 500 espèces ailées à travers le monde.
Avec en poche un baccalauréat en histoire générale et un cours d’ornithologie de l’Université Cornell, Réal Boulet a publié en 2022, aux éditions Crescendo!, l’ouvrage «L’histoire ornithologique du Québec en direct du passé ».
Le mardi 21 novembre à 19h00 au Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie, La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8,00$
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
Au jour le jour, octobre 2023
1933 : Jardin d’expérimentation agricole chez les Frères de l’instruction chrétienne à La Prairie. (SHLM cote P50,S19,P36)
Indispensables au développement économique de l’Amérique du Nord britannique puis du jeune Dominion du Canada, les gens de cages sont à la base de la navigation et des échanges extérieurs en bois équarri, cette ressource imparable des chantiers navals. Alors que les eaux majestueuses du fleuve Saint-Laurent façonnent au XIXe siècle les corps des cageux (raftsmen) et les rendent agiles et robustes, Aimé Guérin se démarque superbement en tant que maître de cage.
Le monde maritime insolite des cages
Bien avant que les bateaux n’existent, le radeau primitif a constitué un moyen pour se déplacer sur l’eau. Même si le radeau archaïque des temps anciens n’a pas livré tous ses secrets, nous pouvons en revanche formuler certaines hypothèses basées sur nos observations actuelles en manœuvrant le radeau d’une tonne Le Saint-Laurent détenu par la Maison des Cageux. Il glisse docilement sur les eaux courantes continentales, il se navigue au vent avec une voile déployée, il répond aux rames et il imite la fonction d’une quille quand on exerce une pression sur ses flancs pour contrarier le vent latéral. Son touage est toutefois nécessaire pour accélérer la course, remonter au vent ou avancer à contre-courant.
Les radeaux utilisés au XIXe siècle sur notre grand fleuve sont à plusieurs points de vue remarquablement conçus, car ils permettent de transporter d’énormes quantités de bois. Les bois équarris, autrement dit « plançons » ou « bois carrés », sont ordonnancés dans un plan d’eau pour bâtir les radeaux. Ces radeaux qu’on appelle « cribes » dans la région de l’Outaouais ou « drames » dans la région des Mille-Îles, sont adaptés pour être efficacement assemblés afin de devenir une plateforme navigable de 8000 tonnes. Le pin est crucial dans sa construction, puisque cette essence fait flotter le bâtiment oblong. Sur les 500 à 1000 nautiques (925 à 1850 km) que chaque train de bois ou « cage » devra franchir pour atteindre le port de Québec, les obstacles fluviaux sont nombreux et redoutables. Ils accoutument les cageux à la fatigue, à l’endurance, à la ténacité, sans oublier qu’ils peuvent les mutiler ou les briser. Les formes brillantes et emportées des eaux camouflent les rochers et les hauts-fonds, imprimant leurs caprices à ceux qui le naviguent. Dans ce théâtre des excès et des extrêmes, les cageux divisent méthodiquement le train de bois en radeaux, ou en sections de radeaux, pour passer au travers des rapides ou des chutes sous l’œil avisé du maître de cage. Les radeaux tournillent, plongent et disparaissent sous l’écume froide alors qu’à bord les cageux s’agrippent à un mât ou se lient à un plançon gorgé de résine.
La cage du nord, comme on la désigne, provient de l’Outaouais. Elle couvre une superficie de 22 piscines olympiques ! Sa construction se distingue par l’usage de grosses chevilles de bois franc qui bloquent la structure de chaque radeau mesurant 40 ou 60 pi (12 ou 18 m) de long. En un tour de main, on couple les radeaux en brochant des chevilles de coin, en paire, au moyen de dosses à doubles trous. On les désunit en ôtant simplement ces pièces rustiques recouvertes d’écorce. Pour franchir sécuritairement les 686 nautiques (1271 km) de la rivière des Outaouais, une dizaine de glissoirs offrant une ouverture de 25 pi (7,6 m) sont aménagés pour laisser passer un cribe de 24 pi (7,3 m) de large. Dans la course effrénée du courant, le glissoir avale un à un les 200 cribes qui composent la cage et les crache plus loin en aval, à l’écart de la cascade. Les cageux déboucheront ultimement au lac des Deux-Montagnes après trois ou cinq semaines d’efforts prodigieux et ce, avant de savourer une halte à L’Abord-à-Plouffe qui borde la rivière des Prairies. Le train de bois sera avant peu sur le fleuve où les cageux du nord ont hâte de hisser pour une première fois les voiles afin de profiter d’un bon vent d’ouest, et ce, à l’égal des cageux du Haut-Saint-Laurent pour hâter la route des bois carrés jusqu’aux anses de Québec. Ce corps d’hommes, autant admiré que craint, est décrit à l’époque comme « les os et les tendons du Canada ».
Ces marins atypiques n’échappent pas aux stéréotypes ambiants. On les décrit fiers, arrogants et difficiles à mener. Au fur et à mesure que progressent leurs radeaux en saison, cette microsociété turbulente apporte aux communautés littorales des marginalités inquiétantes et des émotions imprévisibles. Serait-ce l’austérité de la nature entrelacée à la précarité de l’instant qui prédispose les cageux à la versatilité et à la jouissance immédiate ? Les esprits religieux et lettrés en vogue se montrent préoccupés de leur salut, mais les cageux sont une réalité nécessaire. Car les grands arbres de la forêt canadienne fournissent les mâts des men o’war constituant la colonne vertébrale de la flotte de guerre britannique.
Sur l’horizon de l’histoire, la silhouette musclée du maître de cage Jos Montferrand (1802-1864) se dresse en mât de beaupré à la proue de l’immense train de bois sorti des forêts profondes de l’Outaouais où se trouve le siège du plus grand chantier de bois au monde. Plus grande que nature, la légende de Montferrand marque à jamais l’épopée maritime des cageux tout comme le récit de la Chasse-galerie popularisé par Honoré Beaugrand (1848-1906) où les bûcherons — aussi sauteux de cages — voyagent bon train, par les airs, vers leur blonde. Encordé à la superstition du diable, le voyage surnaturel en chasse-galerie se calque typiquement sur le parcours des cages du nord connu en ce temps-là. Cinquante lieues courues en quelques heures grâce à une formule cabalistique, alors qu’il en prend autrement plus d’un mois vers 1823 !
Le Vieux Prince, maître de cage inégalé dans les rapides
Rien n’est laissé au hasard, tant pour les radeaux du nord que du sud. Découvrons maintenant cette route du sud qui a ses particularités hydrographiques ouvrant le champ à une autre méthode ingénieuse de fabrication des cages. La cage du sud, d’une longueur n’excédant pas 1000 pi (305 m), comporte généralement huit drames détachables répartis sur deux colonnes dans l’axe proue-poupe.
Le drame, lui-même, est composé d’un groupe de plus petits radeaux indivisibles dont l’ensemble mesure 60 pi x 250 pi (18 m x 76 m). Chacun de ces petits radeaux est formé d’une rangée de plançons disposés côte à côte, puis reliés entre eux à l’aide de traverses en rondin et de harts souples en cornouiller. Lorsque les billes ont une longueur de 60 pi (18 m), on peut compter jusqu’à 8 petits radeaux par drame, mais lorsque les billes ont 40 pi (12 m) il y a plutôt 12 petits radeaux par drame. Le drame peut comporter jusqu’à trois niveaux de bois, où le centre est placé perpendiculairement aux autres. Le niveau supérieur, hors de l’eau et exempt de harts, accueille les cabines des cageux. Dans les couches inférieures au pont, un espace d’environ 2 pi (61 cm) est prévu entre les extrémités des plançons conférant une certaine élasticité à cette terrasse de bois qui suit l’ondulation de l’eau.
Il faut savoir que la cage du sud doit résister à un extraordinaire dénivelé de quelque 200 pi (61 m) dans le corridor maritime Kingston-Montréal, sans possibilité de recourir à des chenaux de navigation. Ce voyage de 175 nautiques (325 km), effectué sous les commandements du chef de la cage, est une expédition casse-gueule de plusieurs jours.
Dans l’essaim des maîtres et pilotes qui font route sur les radeaux géants — tels Claude, Berthiaume, Brisebois, Plouffe, Jasmin, Lagacé dit Néro, Taillefer, Bélanger, Meilleur, Trudeau, Clermont, Gérard, Bourdeau, Leblanc, Vézeau, Boucher, Ailleboust, Lalonde, Leroux, Moïse, Duquette, Landrigg, Giroux, Menard — le maître de cage Aimé Guérin se distingue à la manière de Jos Montferrand.
D’aussi loin qu’on se souvienne, Aimé Guérin est surnommé Le Vieux Prince. Louangé autant qu’apprécié, ce nautonier hors pair est qualifié comme « l’as des rapides », « un vrai maître », « chief raftsman », « intrépide voyageur », « l’amiral de cette flotte étrange », « a great character, of the very best type of French-Canadian riverman », « le maître incontesté du Saint-Laurent », « le meilleur navigateur », « contremaître unique », « doyen des cageux », « célébrité comme guide de cages ».
Ce voyageur infatigable, à l’emploi de la compagnie D. D. Calvin, passera toute sa vie à bord des immenses trains de bois du sud qui lèvent les amarres à Garden Island près de Kingston. Sous l’autorité de ce vieux marin, la cage arrive toujours à destination et surtout, « il n’a jamais perdu un homme durant ses 500 voyages ». C’est donc dire que pendant trente-quatre ans, de 1875 à 1909, il fait florès ! Le petit-fils de Dileno Dexter Calvin décrira le Vieux Prince, en 1945, comme un homme aux grandes qualités qui cultive ses relations avec charisme et diplomatie.
Beau temps ou mauvais temps, Guérin mène avec habilité les cageux, alors que la navigation des cages est indissociable des grands risques associés à ces opérations gigantesques. Par exemple, aux rapides de Lachine, on majore l’équipage de la cage à 125 cageux. Il faut plus de bras, car les drames évolueront séparément. Durant ce passage fiévreux, les longues rames s’emballent dans les eaux impétueuses du fleuve. Les nerfs sont à fleur de peau au sein de cette Charybde et Scylla. Lorsque l’ensemble des drames sortent enfin des rapides endiablés, la cage minorée est rassemblée pour filer vers l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent. Des scènes nouvelles, belles et toujours changeantes s’offrent jour après jour à la vue des Voyageurs, dont les chants se propagent sur les eaux.
Sir Adolphe-Basile Routhier, auteur du chant patriotique Ô Canada en 1880, immortalise sa rencontre avec les cageux dans Souvenirs d’enfance : « Chaque cage avait son escouade de rameurs qui obéissaient aux cris cadencés du guide. Du rivage, on entendait leurs chants (…) Je ne pouvais me lasser d’écouter les voix robustes et souvent très belles de ces infatigables chanteurs. » Non moins interminable que le paquebot transatlantique Queen Mary, le train de bois fuselé descend le fleuve avec son équipage qui anime gaiement ce village flottant composé de maisonnettes, mâts, voiles, rames, grappins ou ancres, drapeaux, etc.
C’est un spectacle pittoresque apprécié des riverains qui contemplent aux aguets Aimé Guérin diriger ce tapis de bois ondulant au gré des eaux du Haut-Saint-Laurent, annoncer des rapides violents (Galop, Plat, Farran’s Point, Long Sault, Coteau, Cèdres, Cascades) ou là-bas un récif, sauter les rapides près de l’île au Diable, bondir à l’avant de la cage pour éviter un pilier d’un pont ou coordonner le travail titanesque de désassemblage et d’assemblage de la cage en huit drames avec l’aide des remorqueurs, commander les pilotes des drames, corriger les mauvaises manœuvres des cageux en abattant parfois sa colère avec des épithètes colorées « Crapaud » ou « Bout d’enfer », distribuer aussi des mots d’encouragement, porter la voix au-dessus du fracas des eaux et des bateaux à vapeur, renouveler aux étapes l’équipage de cette île agitée et bien sûr, payer les hommes.
Moment saisi à la photographie argentique, Aimé Guérin s’agenouille parfois dans une prière pour protéger ce village vacillant et sur grâce exaucée, il se rendra une fois de plus à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Tout près, c’est à l’hôtel Riendeau de Montréal qu’il expédie fidèlement ses télégrammes à l’office de Garden Island pour transmettre son bulletin de nouvelles et être informé de son convoi ultérieur. C’est l’appel d’une prochaine aventure. Son excellente réputation comme maître de cages irradie tous les cercles, francophones et anglophones, attirant les plus audacieux à vivre sous sa protection une descente du fleuve sur une cage. Il recueillera de nombreux hommages durant sa longue carrière de voyageur.
Alors que le caractère du personnage est immortalisé de son vivant dans ce classique littéraire québécois Marie Calumet, nombreux sont les journaux, les revues et les livres qui dépeignent sa hardiesse, son humour et sa bravoure. Pensons notamment à A Corner of Empire, A Saga of the St. Lawrence, Lights on the St. Lawrence, Patterns of Canada, Les cageux, Le Vieux Prince, The Raftsmen, The Story of Garden Island, L’empire maritime Garden Island, Wolfe Island. Ils vous raconteront que c’est un homme d’une trempe exceptionnelle ! Ils ont fixé à l’encre la singularité de ce monde maritime.
Saviez-vous que la Maison des Cageux du fleuve Saint-Laurent, avec l’appui de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine et de surcroît quinze autres partenaires, a initié la démarche officielle pour faire reconnaître Aimé Guérin à titre de grand personnage historique du Québec ? Esquissons-le à grands traits. Mieux connu sous le prénom d’Aimé, Pierre Aimé Guérin est le fils du cultivateur Jean-Baptiste Guérin (1808-1862) et de Florence Trudeau (1814-1839) dont la destinée est unie à la paroisse de La Prairie le 2 mars 1829. Seul enfant issu de cette union, Aimé naît le 29 juin 1832 dans la maison familiale de la côte Sainte-Catherine. À l’âge de 7 ans, Aimé perd sa mère qui décède le 17 octobre 1839. Six ans plus tard, son père Jean-Baptiste Guérin marie en seconde noces Adélaïde McNeil (1828-1874) qui lui donnera en 1853 un deuxième fils, Édouard, frère consanguin d’Aimé. Aimé Guérin épouse le 21 septembre 1852 Léocadie Beauvais (1832-1902), tous deux à l’aube de leur vingtaine. Cette famille sainte-catherinoise aura neuf enfants entre 1855 et 1870 dont la téméraire Albina Guérin. Le prince des cageux devient veuf le 13 décembre 1902 et, à l’âge de 77 ans, s’éteint le 6 août 1909. Aimé Guérin repose au cimetière de La Prairie.
Les cageux honorés
Les exploits des cageux sont devenus le levain naturel d’un riche répertoire culturel. Les Octave Crémazie, Louis Fréchette, Gaëtane de Montreuil, Pamphile Le May, Nérée Beauchemin, Charles Gill, William Chapman, Alfred Desrochers, Charles Dickens, Jules Verne, Honoré Beaugrand font encore résonner cette épopée maritime jusqu’à nos jours et encore pour longtemps…
Isabelle Regout et Alexandre Pampalon
Experts de l’ère des cages
Co-fondateurs de la Maison des Cageux du fleuve Saint-Laurent
L’automne à la SHLM
L’automne est arrivé et nous vous invitons à noter dans vos agendas les principales activités à venir :
Un bel automne à tous.
Stéphane Tremblay, président
Généalogie et diversité des origines par Réal Houde
Dans cette conférence sera abordée la thématique de l’universalité de la généalogie et celle de l’importance de documenter sa propre histoire et son ascendance pour soi-même, pour les membres de sa famille et pour les générations à venir.
La discussion généalogique peut être une occasion de partage, de rencontres diverses et de comprendre que chaque être humain fait partie d’une histoire plus grande, plus complexe qu’on peut le penser.
Le conférencier partira de quelques expériences vécues pour, ensuite, diriger la discussion vers la dimension universelle et potentiellement rassembleuse de la généalogie.
Passionné de l’histoire des francophones d’Amérique et de l’immigration, Réal Houde est détenteur d’un doctorat interdisciplinaire en Études du religieux contemporain de l’Université de Sherbrooke.
Il possède également la certification GFA (Généalogiste de filiation agréé) de la Fédération québécoise des sociétés de généalogie. Professionnel de l’éducation à La Prairie depuis 1990. En plus d’être auteur d’ouvrages et d’articles, il est régulièrement invité à animer des conférences.
Cette conférence s’inscrit dans une démarche de recherche continue sur l’histoire de notre coin du monde, notamment par la reconnaissance de la diversité des origines.
Le mardi 17 octobre à 19h00 au Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie, La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8,00$
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
Au jour le jour, septembre 2023
Le 1er décembre 2014, le « Comité pour la sauvegarde de la maison Brossard[1] » présentait un volumineux rapport réclamant le classement de ce bâtiment exceptionnel, classement auquel s’opposera fermement le propriétaire.
De nombreux arguments plaidaient alors en faveur de la protection de la maison. Construite à la fin du 18e siècle, elle demeure, à l’intérieur du territoire de Brossard, le seul témoin intact d’un modèle architectural très en vogue à l’époque. La maison Brossard revêt également une grande valeur historique puisque la famille Brossard a occupé le site à partir de 1743 et les ancêtres de monsieur Georges-Henri Brossard, maire fondateur de la ville, ont habité l’édifice. De plus, la terre des Brossard, sur laquelle la maison a été construite, a été transmise de père en fils jusqu’à l’aube du vingt et unième siècle.
Inoccupée depuis le départ de Jean-Paul Brossard en 1998 à la suite de la crise du verglas (M. Brossard est décédé quelques années plus tard), la maison, en plus de subir les affres du climat et du vandalisme, a été l’objet d’une saga judiciaire qui s’est poursuivie de 2005 à 2011.
C’est que Robert Brossard, un citoyen américain, cousin et héritier du dernier propriétaire, réclamait à la succession de Jean-Paul Brossard le paiement des coûts de rénovation de la propriété. Finalement, sa demande fut rejetée par la cour et, en conséquence, le nouveau propriétaire s’occupa peu ou pas de la maison qui était pourtant considérée comme un véritable trésor architectural par d’importantes firmes d’architectes.
Face à la lente détérioration de la maison, Mme Yolande Sainte-Marie prit l’initiative, en 2014, de mettre sur pied le « Comité pour la sauvegarde de la maison Brossard ». Pendant que le Comité exerçait des pressions auprès de la municipalité et du ministère des Affaires culturelles (MCC), le propriétaire envisageait de céder une partie du terrain à un promoteur pour la construction de logements (en copropriété). M. Robert Brossard, qui pourtant était très à l’aise financièrement, souhaitait utiliser l’argent de la vente des terrains adjacents pour financer la restauration de la maison ancestrale.
En 2016, l’administration du maire Paul Leduc donnait un avis de motion gelant l’émission d’un permis de démolition de la maison et entreprenait des démarches auprès du MCC en vue du classement de l’édifice. Ces décisions étaient, à n’en pas douter, une suite logique d’une lettre adressée au maire par le Comité de sauvegarde en janvier 2015.
Entre 2013 et 2017, la ville de Brossard refusait dix-neuf propositions d’aménagement du site. Il faut comprendre que le promoteur immobilier devrait avoir accès aux terrains adjacents par une rue qui contournerait la maison et cela en conformité avec les règlements municipaux.
En 2017, une modification au règlement de zonage vint par la suite contrecarrer les plans de Robert Brossard et du promoteur. Le dossier s’enlisait pendant que la maison et ses dépendances se détérioraient.
Heureusement, en juillet 2020, pour donner suite à son intention manifestée auprès du Comité à l’été 2019, la ministre de la Culture et des Communications, en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, Mme Nathalie Roy, annonce le classement, de la maison Brossard et du site patrimonial de la Maison Brossard.
De ce qui précède s’ensuit une nouvelle saga judiciaire. En 2018, Robert Brossard conteste devant la cour le nouveau règlement de zonage arguant que ce dernier constitue une expropriation déguisée, alors que le promoteur immobilier exige des dédommagements pour les constructions qui n’auront pas lieu. Plus tard, le propriétaire réclamera devant la justice l’annulation du classement de la maison par le MCC.
Ces actions judiciaires traînent en longueur alors que M. Robert Brossard décède de la Covid 19 à l’automne 2021. Les procédures de sa succession aux États-Unis ont pour effet de prolonger les délais des règlements des poursuites au Québec. Cependant, les négociations de la municipalité avec sa succession seront grandement facilitées.
En juin dernier, cette longue lutte pour la sauvegarde de la maison Brossard se conclut d’heureuse façon. À la séance du 13 juin, à l’instigation de la mairesse, Mme Doreen Assaad, le conseil municipal de Brossard a approuvé à l’unanimité l’acquisition de la maison Brossard pour un montant de 2,4 M$. L’acquisition inclut l’ensemble du site, aussi classé patrimonial, soit le bâtiment du chemin des Prairies et ses dépendances, ainsi que le terrain de 16 000 mètres carrés. Une entente hors cour est également intervenue avec le promoteur immobilier dont l’entente avec Robert Brossard n’avait pas été respectée.
Au cours de l’été, la végétation a envahi le terrain. Des travaux devront être entrepris pour s’assurer de l’intégrité et de l’étanchéité de la maison. Désormais propriété municipale, on songe déjà à son utilisation future au service de la population de Brossard.
On comprendra qu’il s’agit là d’un immense soulagement pour les membres du Comité de sauvegarde.
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[1] Gaétan Bourdages, Hélène Sainte-Marie, Yolande Sainte-Marie, Bertrand Thibodeau et Stéphane Tremblay
Que s’est-il réellement produit à La Prairie en cette journée du 11 août 1691 ? Comment se
sont déroulés les deux affrontements ?
Le conférencier et historien Gaétan Bourdages apportera certaines précisions sur ce fait militaire particulier.
De plus, il traitera des résultats des recherches archéologiques réalisées sur le site présumé de la seconde bataille.
De gauche à droite:
Camille Faucher, guide
Marie-Pierre Bellemare, guide (à l’avant)
An-Phi Thiên Nguyên, aide aux archives
David Barrette, guide
La rentrée 2023 à la SHLM
Oui, c’est déjà la rentrée. À vos agendas !
Stéphane Tremblay
Président de la SHLM
Femmes d’affaires en Nouvelle-France par Mona-Andrée Rainville
Enseignantes, soignantes, mécènes, fondatrices, recruteuses, ambassadrices, sages-femmes, notaires, chirurgiennes, truchements, exploratrices, voilà autant de rôles tenus par nos pionnières trop souvent passés sous silence par une historiographie réductionniste qui confine les femmes à la domesticité, à la maternité ou au couvent. Qu’en est-il de celles qui ont tenu commerce, monté des sociétés, fondé des manufactures, organisé le financement d’entreprises, fait venir de la main-d’œuvre, nolisé des navires, initié un commerce transatlantique?
Autrement dit, que savons-nous des premières femmes d’affaires de la Nouvelle-France et du contexte dans lequel elles ont évolué sous le Régime français ? C’est le sujet qui sera abordé durant cette causerie.
Avocate, historienne publique, généalogiste et ancienne journaliste, Mona-Andrée Rainville s’amuse depuis plusieurs années à soulever la jupe de la grande Histoire pour révéler l’extraordinaire petite histoire des gens ordinaires. Son sujet de prédilection est l’histoire des femmes.
Théâtre du Vieux-La Prairie Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8,00$
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
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