Au jour le jour, octobre 2024
Ancienne maison de la famille Boyer à la Côte Saint-Lambert. Elle fut la première à être démolie pour faire place à un édifice de condominiums.
Les années passent et souvent les souvenirs deviennent de moins en moins précis jusqu’à quelquefois, et avec un peu d’imagination, prendre une tournure de quelque chose qui ressemble plus à un mythe ou une légende. James Baldwin, célèbre auteur américain du 20e siècle avait écrit ‘’Sachez d’où vous venez. Si vous savez d’où vous venez, il n’y a aucune limite à l’endroit où vous pouvez aller’’.
Récemment, et ce, de manière inattendue, j’ai pris connaissance d’une information d’apparence anodine, mais qui me ramène à un événement de ma jeunesse oublié depuis longtemps. Cette information a ravivé des images claires de cet événement et m’a rappelé que ce n’est pas impossible de sortir d’une situation embarrassante, voire dangereuse, et d’en sortir avec le sourire. En voici la petite histoire.
La Prairie et la SHLM
Ayant toujours été fascinés par l’histoire et à la suggestion de Céline, mon épouse, nous prenons la décision de nous joindre comme membres et bénévoles pour la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine comme projet de semi-retraités. Coïncidence, La Prairie est l’endroit de prédilection pour rencontrer un Lamarre, la tribu dont je fais partie grâce à ma mère Béatrice.
Nous avions déjà en main, au moment de notre première visite au local de la SHLM, une bonne connaissance de nos ascendances respectives (la mienne, celle des Lemay / Lamarre * et pour celle de Céline, les Chauvette / Raymond). Dans mon cas et malgré ceci, j’étais désireux de voir si les archives de la Société pouvaient m’en apprendre plus sur la vie de mon grand-père, Émile Lamarre.
J’ai connu Émile Lamarre, qui a vécu avec nous durant quelques années au domicile de mes parents durant mon enfance, avec mon frère Daniel, ma sœur Louise et mon frère Jean. Autre que quelques faits divers de la vie d’Émile, je n’en savais pas beaucoup sur lui et ma curiosité l’emporte. Je décide d’en savoir plus en l’utilisant comme sujet de recherche dans le contexte de mon apprentissage comme bénévole / assistant recherchiste.
Émile et Victor
En débutant mes recherches, celles-ci m’amènent avant tout chez Victor Lamarre, mon arrière-grand-père. Je le connaissais de nom seulement et autre qu’il était mon arrière-grand-père et de la place qu’il occupe sur notre arbre généalogique, ce que j’apprends sur lui est «du neuf».
Grâce à un texte sur des personnages de La Prairie publié par Gaétan Bourdages sur Roger Lupien, le barbier de La Prairie, j’apprends que Victor Lamarre était barbier et photographe. Le texte se lit comme suit :
«Peu avant l’ouverture de ce premier salon (celui de Roger Lupien), l’ancien barbier et photographe Victor Lamarre lui avait proposé de lui vendre son vieux matériel, dont une magnifique chaise de bois. M. Lupien déclina l’offre , préférant démarrer son entreprise avec du matériel neuf ».
À ce moment, l’image m’est venue comme un éclair : la lanière de cuir servant à aiguiser la lame de rasoir de Victor, normalement affixée à la chaise du barbier, a sûrement passé aux mains d’Émile qui en retour, a ramené cette calamité chez mes parents. Voici donc l’élément de terreur que mes parents appelaient « la strappe ».
Deux frères avec une mission
La discipline pour les garçons de mon époque variait de forme et d’intensité. Chez nous, c’était selon la détermination et le degré de tolérance que nos parents avaient, lorsqu’ils devaient décider de l’intensité du châtiment à nous infliger, suite aux écarts de conduite de mon frère Daniel et moi. Chez les vieux de la génération d’Émile, gare à vous… Mes parents par contre faisaient preuve de plus de tolérance. Ceci faisait l’objet d’échanges intéressants entre Émile et mes parents.
Un jour, Daniel et moi nous sommes mis dans une situation à risque et avons dû faire face à la musique : c’est ici que notre première expérience regrettable avec « la strappe » a eu lieu. Suite à ceci, nous avons formulé un plan pour une élimination radicale de cette formule disciplinaire questionnable.
Profitant d’une belle journée de printemps où tout le monde se prélassait à l’extérieur dans le beau jardin créé par Émile, nous nous sommes saisis de cette horreur et à l’aide d’une lame de rasoir, l’avons transformée en un amas de petits carreaux prêts pour la poubelle. J’entends encore Émile lorsqu’il en fit la découverte : «Ah ben bocorne», (son patois favori). Pour Béatrice et Jean-Maurice, ce fut différent : « les pt’its maudits… », en se retenant pour ne pas pouffer de rire.
Conclusion
Et bien voilà. La discipline à partir de ce moment a pris une tournure plus civilisée si on peut dire et depuis lors, Daniel et moi avons pu avancer dans la vie avec nos derrières intacts. Baldwin avait raison, en ayant réglé ce petit problème à l’origine, ceci m’a permis de perfectionner une approche de développeur de solutions, croyez-le ou non, un atout qui m’a bien servi pour la carrière que j’ai choisie par la suite. Quant à l’héritage physique de Victor, tout ce qui restait de lui est perdu. Il me reste encore, par contre, le plaisir d’en découvrir plus sur lui et sur Émile, en explorant les archives de la SHLM, ce merveilleux témoin du passé de La Prairie.
Les 27, 28 et 29 septembre dernier avait lieu la vente annuelle de livres d’occasion organisée par la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine.
Encore cette année, ce fut un grand succès. Même si l’achalandage a légèrement diminué par rapport à l’an dernier, nos ventes ont quand même battu le record de 2023. Au total, 11 181$ ont été amassés. Ce montant comprend les ventes de livres d’occasion, les livres neufs, les casse-tête et les dons.
Merci à tous les bénévoles pour ce grand succès!
L’automne à la SHLM
L’automne est arrivé et nous vous invitons à noter dans vos agendas les principales activités à venir :
Un bel automne à tous.
Stéphane Tremblay, président
Les Gardenotes
Un regroupement citoyen pour la transcription automatisée des actes notariés.
Le but de cette conférence est de présenter le groupe des Gardenotes, partenaire du projet Nouvelle-France numérique, et le logiciel d’intelligence artificielle Transkribus qui permet aux membres du groupe de créer des modèles qui seront ensuite passés sur des milliers de pages d’actes notariés pour les transcrire automatiquement.
Messieurs André Morel et Pierre Dubois sont paléographes bénévoles au sein du regroupement « Gardenotes ».
Les Gardenotes contribuent de façon extraordinaire et bénévole à la transcription de milliers de manuscrits du temps de la Nouvelle-France. Grâce à leurs compétences, ces documents historiques sont rigoureusement transcrits pour fins de diffusion libre au grand public.
Les Gardenotes soutiennent ainsi l’objectif du projet Nouvelle-France numérique (NFN) qui consiste à partager les manuscrits et leurs transcriptions en les rendant accessibles au plus grand nombre. Cette transmission se fait en partenariat avec BAnQ.
Mardi 8 octobre 2024 à 19h
Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
Au jour le jour, septembre 2024
À l’automne 2023, à la suite de la surveillance archéologique des travaux d’excavation du parvis de l’église catholique de La Nativité de la Sainte-Vierge à La Prairie (site BiFj-15), plusieurs contextes archéologiques intacts ainsi que de nombreux vestiges avaient été mis au jour :
Ces découvertes justifiaient largement la tenue d’une campagne de fouilles plus approfondies au printemps 2024.
Sous la direction de Mme Marie-Claude Brien, coordonnatrice chez Arkéos et de M. Luis Trudel-Lopez chargé de projet, les fouilles débutèrent le 13 mai 2024 pour prendre fin le 31 du même mois.
Le travail des archéologues Rose-Ann Bigué, Manek Kolhatkar, Amélie Vallerand et Martin Fields permit de pousser plus avant les connaissances acquises à l’automne précédent.
Puisque le parvis de l’église devait être entièrement refait, il s’agissait, au dire de tous, de la première et probablement la seule fois que ce secteur était accessible pour une expertise archéologique. Une occasion à ne pas manquer.
La température relativement clémente du printemps facilita l’avancée des travaux. Ainsi, on a pu dégager une partie du mur (dont l’épaisseur varie de 25 à 36 pouces) d’origine de l’église de 1705 et constater que ce dernier avait été arasé lors de l’élargissement de 1773-1774.
Afin de supporter la toiture, certaines parties du mur d’origine avaient été transformées en piliers. Car l’élargissement, ou bas-côtés fut mis en communication avec le corps de l’église en pratiquant des ouvertures en arcades dans les longs-pans de la nef. On a également constaté que les murs de 1705 avaient été recouverts de 2 couches de crépi d’une épaisseur allant de 2 à 3 cm.
À certains endroits, on découvrit des drains à la base des murs de 1705, sans doute pour permettre à l’eau de s’écouler hors de la nef lors des inondations printanières.
On a également mis au jour une partie du mur de l’élargissement de l’église ainsi qu’une partie du mur de la sacristie érigée en 1814. Les restes des contours d’une fenêtre permirent à l’archéologue Trudel-Lopez de reproduire en dessin l’aspect des fenêtres de la première église de pierre. (voir l’esquisse ci-jointe).
Parce que les fondations n’étaient pas assez solides, on savait déjà qu’une décennie après la construction de l’église actuelle (1841), la maçonnerie de la façade d’origine se désagrégeait et que quelques pierres s’en étaient détachées. La façade sera démolie et reconstruite en 1856 selon les plans de l’architecte Victor Bourgeau (il s’agit de la façade actuelle).
Cela explique la découverte en mai dernier de pierres d’une partie de la façade de 1841 qui s’était effondrée.
En plus d’ossements épars, on identifia quelques sépultures sous l’église de 1705, lesquelles furent laissées intactes par les archéologues.
Au cours de ces quelques semaines de fouilles, plusieurs artefacts furent également récupérés pour étude ultérieure : pointe de projectile en chert, deux pièces de monnaie, tesson de faïence française, bord de terrine et perle amérindienne.
Bref, une campagne de fouilles très fructueuse dont le rapport final devrait paraître au printemps 2025.
Le 3 juin dernier, le sous-sol du local de la SHLM a été frappé par l’eau montée.
La cause ? Ce n’était ni le fleuve comme autrefois, ni la pluie abondante, mais plutôt un dysfonctionnement mécanique de la pompe qui permet de maintenir au sec le bas de l’édifice.
L’espace d’entreposage de la SHLM au sous-sol a dû être vidé en urgence. Des employés de la municipalité ont monté au rez-de-chaussée le matériel qui s’y trouvait tandis que des bénévoles et l’archiviste ont trié ce qui devait être jeté parce que trop endommagé par l’eau. Il fallait faire vite en raison de la chaleur élevée et de l’humidité. Il s’en est suivi une semaine de séchage et un joyeux bordel dans la salle d’exposition ! Photos à l’appui.
Pour finir : des pertes d’objets et d’ouvrages à vendre de la SHLM, mais heureusement aucun dégât au niveau des archives historiques.
Déjà le mois de septembre! Avec l’arrivée de l’automne, la SHLM vous propose une foule d’activités en lien avec notre mission :
Le samedi 7 septembre (10 h à 19 h 30) : Nous animerons un kiosque lors de la Fête des Récoltes au parc Lucie-Roussel.
Dimanche le 8 septembre (13 h 45 à 16 h 45) : Journée du patrimoine religieux à l’église de La Nativité (concert duo de harpes et visites de l’église et de la crypte).
À compter du lundi 9 septembre (19 h) : Reprise des activités du club de généalogie.
Mardi le 17 septembre (19 h) : Première conférence de l’automne à la SHLM (au théâtre du Vieux La Prairie) : « Le riche passé militaire de La Prairie » par M. Gaétan Bourdages, historien.
Du 27 au 29 septembre : Vente de livres et de casse-tête d’occasion au centre multifonctionnel Guy-Dupré.
Samedi le 28 septembre et dimanche le 29 septembre : Journées de la Culture : visites gratuites du Vieux La Prairie.
Samedi le 28 septembre : Conférence de M. Stéphane Tremblay, historien et généalogiste, lors du congrès de la FQSG à Saint-Eustache : « La seigneurie de La Prairie, récit historique et généalogique ».
Bonne rentrée!
Stéphane Tremblay, président de la SHLM
Le riche passé militaire de La Prairie
Située à un carrefour stratégique, La Prairie a vécu depuis la fin du 17e siècle de nombreux aspects de la présence militaire.
Depuis les escarmouches et la construction de la palissade de bois de la décennie 1680, en passant par l’attaque du 11 août 1691, La Prairie a connu peu de répit. Relais important durant la guerre de la Conquête, le village sera plus tard successivement occupé par les troupes américaines et les mercenaires allemands. Baraquements, camps militaires et création du 85e Bataillon suivront au 19e siècle. Ce riche passé mérite d’être souligné de façon tangible.
Passionné d’histoire, Gaétan Bourdages, est membre de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine depuis plus de 40 ans. Il en a assuré la présidence à deux reprises en plus d’avoir siégé au conseil d’administration.
Il est l’auteur de nombreux articles et de quatre livres sur l’histoire de La Prairie.
Il a étroitement collaboré à de nombreux événements liés à l’histoire: expositions, généalogie, animations, publications pédagogiques, archives, théâtre de rue, balado découvertes, fouilles archéologiques, visites guidées et conférences.
Mardi 17 septembre 2024 à 19h
Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
Au jour le jour, juin 2024
Le Champ de Mars (dieu de la guerre) est situé derrière l'hôtel de ville de Montréal. Au cours 19e siècle, les garnisons britanniques s’y rassemblaient pour exécuter des manoeuvres, parader et célébrer leurs victoires.
La vie au camp
Nous devons aux journalistes de l’époque les quelques descriptions de ce qu’était la vie aux camps d’entraînement pour ces milliers de miliciens. Ne perdons pas de vue que les camps devaient préparer les hommes au champ de bataille.
« Je ne sais si cette vie-là a beaucoup d’attraits. Pour ceux qui sont forcés.[1] […]. Le camp se dresse à quelque 20 minutes du débarcadère des bateaux à vapeur en pleine campagne, lorsque vous débouchez des rues quelque peu étroites du village, c’est 420 tentes échelonnées en hémicycle à quelques distances du fleuve sur la déclivité. […] La blancheur marque de leurs cônes réguliers mêlée aux lueurs vacillantes des drapeaux qui flottent dans la brise présente à vos regards. […] Le site est du reste admirablement choisi, le fleuve, qui est très large à cet endroit, s’épanche en un immense bassin fermé à droite sur les coupes. […]
À mesure que vous approchez, tout se dessine, les objets s’accentuent et les bruits deviennent plus distincts. Une fanfare joyeuse arrive jusqu’à vous, mêlée à la voix retentissante des officiers commandant les manœuvres. Une estafette galope à distance distribuant les ordres de l’état-major, çà et là une compagnie portant le sombre uniforme de carabinier ou l’écarlate tunique […]
Peu d’indispositions et point de maladie dans le camp malgré les pluies intermittentes et les brusques changements de température qui ont signalé la dernière quinzaine. […] La vie au camp de la prairie est très régulière, presque aussi régulière qu’en campagne.
Aucun sous-officier ou soldats ne peut sortir du camp. […] La diane[2] sonne à 5 h, on fait l’appel à 5h 30. À dix heures parade. Les gardes sont composées pour chaque bataillon de six hommes et d’un sergent. Le rapport des gardes se fait tous les jours en double inspection 3 fois par jour pour les exercices du tir à la cible. Chaque homme doit brûler dans sa journée 20 cartouches à balle; cinq à deux cents, dix à quatre cents, et cinq à cinq cents yards. À dix heures du soir, le couvre-feu sonne pour tous, même si les exercices sont quelquefois longs et fastidieux. Il y a des compensations. On chante, on organise des jeux, on monte des spectacles plus ou moins originaux. […] »[3]
« […] Le beau temps continue à favoriser nos militaires à La Prairie. L’installation est maintenant au complet et tout marche sur des roulettes. […] Et parades et manœuvres se font avec régularité et sans relâche. Le soleil ardent des deux derniers jours a eu pour effet d’assécher complètement le terrain, et les hommes peuvent maintenant faire leurs évolutions avec beaucoup d’aise. Malheureusement, la chaleur a été la cause, plusieurs ont dû être transportés aux infirmeries. On rapporte assez de cas d’insolation, mais aucun d’eux n’est grave. […]
On se plaint que les tentes allouées aux commandants des divers bataillons sont beaucoup trop petites. Questionné à ce sujet par notre reporter hier soir, le major Roy explique que le nombre de tentes carrées ou marquises était très restreint. Et, que le département avait été obligé d’en faire un partage égal entre les différents cas. Le major Roy ajoute qu’il voudrait pouvoir obtenir des chapeaux de paille pour les hommes pendant les manœuvres de chaque jour. Leurs coiffures actuelles les préservent aucunement des rayons ardents du soleil. Et plusieurs se trouvent en conséquence dans l’impossibilité d’accomplir leurs devoirs. […] »[4]
Les camps se terminent par une inspection générale suivie de récompenses :
« L’inspection s’est terminée jeudi et a été tout à fait satisfaisante. La coupe de Sir Donald A. Smith[5] pour un concours entre tous les bataillons du campement a été gagnée par le 85e et la médaille accordée pour le concours entre compagnies a été remportée par la 5e compagnie du même bataillon, commandée par le capitaine La Rochelle. »[6]
L’appui de la population
Dès les premières années, les gens de La Prairie se montrent fiers de leur bataillon et sont ravis de l’animation qui accompagne les camps d’entraînement. Il n’y a pas à douter qu’encore à cette époque la milice joue un rôle important dans l’organisation sociale. D’ailleurs, dès la création du bataillon en 1880, ce sont certains des personnages les plus influents de La Prairie que l’on retrouve au nombre des officiers et des sous-officiers (le docteur Thomas-Auguste Brisson, le notaire Jean-Baptiste Varin, le député Léon-Benoît-Alfred Charlebois, le marchand et ex-maire Julien Brosseau, etc.). À la fin d’un camp, le bataillon défile dans les rues de La Prairie, musique en tête.
La population n’hésite d’ailleurs pas à visiter les camps et à fraterniser avec les miliciens. « L’autre soir, toute la société du village est arrivée, musique en tête et torche à la main, on a dansé sur l’herbe, les galants colonels, les solides majors et les fringants capitaines donnant la main aux pétillantes villageoises. C’était charmant. » [7]
« Plus de 1500 personnes ont visité hier le camp de la prairie. Déjà au-delà de 1200 militaires appartenant à divers bataillons sont arrivés pour prendre part aux exercices. Hier, tous ont assisté à la messe à l’église de la prairie. »[8]
« Des milliers de visiteurs viennent tous les jours de la ville[9] pour voir les opérations militaires. […]. Hier, il y a eu une grande parade, le soldat catholique au paradis à l’Église catholique et les soldats protestants au temple de leur religion. »[10]
Quelques incidents
« Jean-Baptiste Varin un des officiers du 85e bataillon se rendait à cheval mardi au camp lorsque sa monture prit tout à coup ombrage à quelque obstacle et jeta son cavalier sur la voie. M. Varin s’est infligé de graves blessures dans sa chute. »[11]
Premier maire de La Prairie (1846), député de Huntingdon (1851) et responsable d’établir le plan cadastral de La Prairie (1866), le notaire Varin a déjà 71 ans au moment de sa chute de cheval. Un accident qui aurait pu mettre fin à sa carrière.
« Un seul incident regrettable s’est produit au commandement du camp, c’est la difficulté survenue entre un lieutenant de garde et un sergent. Le lieutenant a été frappé par le sergent Régent qui n’était pas en devoir à ce moment. Celui-ci a été traduit devant une cour martiale le lendemain et a été condamné à la dégradation et a passé au cachot tout le temps du camp. Le coupable a allégué qu’il avait été provoqué par les fanfaronnades du jeune lieutenant. Mais comme il avait frappé un officier supérieur, sa conduite a été considérée comme une insulte à l’uniforme et il en a subi les conséquences. »[12]
On comprend facilement que chez les militaires la discipline et le respect des supérieurs sont des éléments essentiels à la bonne marche des troupes.
« Le Colonel Aubry dit que le capitaine Rosenvinge a eu tort de dire que les affaires du bataillon n’allaient pas bien. Le capitaine Rosenvinge du 85e bataillon disait la semaine dernière à notre reporter que la bisbille s’était mise dans les rangs du bataillon qu’il venait de quitter à cause de la manière scandaleuse dont étaient gérées les affaires, et que l’on devait s’attendre à une enquête et au renvoi de plusieurs officiers. Nous avons rencontré ce matin le lieutenant-colonel Aubry, commandant 85e et nous avons été heureux de lui demander son opinion. Voici cette opinion : Il n’y a pas de discorde parmi les officiers du 85e. Au contraire, le meilleur esprit existe entre tous depuis la résignation du capitaine Rosenvinge. Rosenvinge vous a mal informé. Il n’y aura pas d’enquête comme il vous l’a dit sur la gestion des affaires du bataillon, car tous les officiers sont satisfaits. »[13]
Autre incident à signaler, en 1889, les officiers du 85e Bataillon d’infanterie ont intenté une poursuite contre le journal Le Monde. Cependant, il nous a été impossible de retracer les détails spécifiques de cette affaire. En revanche, l’édition du Courrier du Canada du 17 février 1890, nous apprend que les officiers du 85e Bataillon qui avaient poursuivi Le Monde en dommages ont discontinué leurs procédés, après un arrangement à l’amiable.
La révolte du Nord-Ouest et la guerre des Boers
En mars 1885, un groupe de Métis dirigé par Louis Riel déclenche un soulèvement contre le gouvernement canadien dans les districts de la Saskatchewan et de l’Alberta pour protéger leurs droits, leurs terres et leur prospérité économique. Cette insurrection est accompagnée d’un soulèvement des Premières Nations qui craignaient la famine.
Les forces de Louis Riel, sous le commandement militaire de Gabriel Dumont, étaient constituées de 300 à 400 combattants métis et de moins de 1 000 alliés des Premières Nations.
Les forces gouvernementales, nettement supérieures en nombre, comprenaient près de 3 000 soldats venus de l’est, environ 1 700 combattants recrutés dans l’ouest et environ 500 membres de la Police à cheval du Nord-Ouest.
Connu lors de sa fondation, en juin 1869, sous le vocable de « 65e Régiment, Mount-Royal Rifles », le Régiment devient en 1902 les « Carabiniers Mont-Royal ». En 1931, il acquiert sa désignation définitive « Les Fusiliers Mont-Royal ». Du Québec, c’est principalement ce régiment canadien-français qui sera, en 1885, mobilisé au Nord-Ouest pour combattre la révolte des Métis. Or, craignant quelque défaite, il fut brièvement question d’y expédier des éléments du 85e Bataillon.
À son retour de la campagne du Nord-Ouest, en juillet 1885, le 65e reçut un accueil triomphal à Montréal. Une grande procession, à laquelle participèrent trois compagnies du 85e et son harmonie, défila dans les rues de la ville.
Affrontement du Nord-Ouest : « on s’occupe beaucoup de ce temps-ci à appeler les recrues dans les diverses parties du comté de Laprairie. Plusieurs hommes ont été engagés à cet effet. On s’attend à ce que le 85e bataillon sera appelé d’un jour à l’autre et l’on s’occupe de préparer les armes. »[14]
« Au sujet de l’insurrection du Nord-Ouest on a commencé l’équipement du 83e bataillon de Joliette et du 85e de Laprairie. Le commandant de ce dernier bataillon a donné l’ordre à ses officiers de tenir ses hommes prêts à partir. »[15]
Finalement, bien qu’il y eût beaucoup d’appelés, il apparaît certain qu’aucun milicien du 85e n’eût à aller combattre contre les troupes de Riel.
Le scénario se répétera quelques années plus tard lorsqu’en 1899 il sera question d’aller combattre les Boers.
« 3 officiers du 85e ont demandé de faire partie de l’expédition qui se rendra au Transvaal. »[16]
« 125 hommes du 65e et du 85e bataillons sont désireux de faire partie du contingent militaire qui ira à la fin d’octobre combattre les Boers. »[17]
Or, dans une lettre adressée à La Patrie en novembre 1899 depuis le navire qui transporte les troupes vers Cape Town, le lieutenant, auteur de la missive ne cite qu’un soldat du 85e présent à bord (il s’agit de C. Beaupré de Québec). Pour le 85e les moments de gloire sur le champ de bataille viendront avec les deux grands conflits mondiaux de 1914 et de 1939.
Vers Montréal
On sait que le 85e Bataillon a vu le jour à La Prairie grâce à un éminent personnage du lieu et il y a profité à plusieurs reprises des espaces nécessaires pour ses camps d’entraînement. Or, pour de multiples raisons (accès, exiguïté des lieux de rencontre, origine des miliciens et changements parmi les officiers), peu à peu le 85e Bataillon a vu ses principales activités être déplacées vers Montréal.
Dès 1885, le 85e et d’autres unités de milice occupent la salle d’exercice de la rue Craig à Montréal. Les réunions de l’association de tir du 85e Bataillon ont également lieu à Montréal. Le Champ de Mars y est un vaste espace tout désigné pour les grands déploiements militaires.
« Le 85e bataillon s’assemblera jeudi soir à la salle d’exercices sur la rue Craig pour y tenir son assemblée annuelle et pour y former les divers comités du bataillon pour l’année suivante. »[18]
N’était-il pas plus agréable de parader dans les rues de Montréal plutôt que dans les rues étroites de La Prairie?
Le lieutenant-colonel Brosseau cède sa place à la tête du bataillon en juillet 1892, ce qui n’est certes pas étranger à la perte d’influence des élites de La Prairie. Le 85e Bataillon devient Régiment vers 1900 pour ensuite être restructuré et rebaptisé en 1920 sous la désignation de Régiment de Maisonneuve en mémoire du fondateur de Montréal.
Les racines du bataillon resteront toujours à La Prairie mais l’arbre ira grandir ailleurs.
______________________________
[1] Les miliciens du 85e étaient des volontaires.
[2] La diane est un bruit de caisse dont l’usage remonte à l’Antiquité. Le signal de la diane était donné tous les matins dans les camps romains. Son usage fut adopté au 17e siècle par la France pour l’armée de terre.
[3] Journal Le Temps, édition du 7 juillet 1883.
[4] La Presse, édition du 30 juin 1893.
[5] Personnage immensément riche et de grande influence. Voir sa biographie dans le Dictionnaire biographique du Canada.
[6] La Presse, édition du 28 septembre 1896.
[7] Journal Le Temps, édition du 7 juillet 1883.
[8] La Presse du 27 juillet 1887.
[9] Montréal
[10] La Presse, édition du 21 septembre 1896.
[11] La Minerve, édition du 23 juin 1881.
[12] La Presse, édition du 26 septembre 1896.
[13] La Presse, édition du 9 juin 1898.
[14] Le Franco-Canadien, édition du 10 avril 1885.
[15] Le Quotidien, édition du 9 avril 1885.
[16] Le Canada français, édition du 20 octobre 1899.
[17] La Patrie, édition du 16 octobre 1899
[18] La Patrie, édition du 10 mai 1897
Chaque été, une nouvelle exposition vous est offerte gratuitement au local de la SHLM.
En 2024, la SHLM vous propose l’exposition:
Aux racines du Haut-Richelieu: Trois siècles d’immigration.
Mise sur pied par le Musée du Haut-Richelieu de
Saint-Jean-sur-Richelieu, cette exposition porte sur les différentes vagues d’immigrants qui ont peuplé la région et leur impact sur les traditions locales.
GRATUIT.
Le retour de l’été à la SHLM signifie le retour du bourdonnement d’activités à la SHLM !
La SHLM a le privilège en 2024 de voir revenir des guides chevronnés ! Marie-Pierre Bellemare entamera sa 6e année parmi nous alors que David Barrette et Camille Faucher amorceront leur second été comme guides et/ou aide aux archives.
Ces précieux guides, avec leurs connaissances sur l’histoire de La Prairie, accueilleront des groupes scolaires en juin.
Par la suite, ils assureront l’ouverture de la SHLM tous les jours à compter du 22 juin, et ce, jusqu’à la fin du mois d’août.
Ils travailleront également à la mise en valeur des archives historiques de la Société par des publications sur la page Facebook de la SHLM.
Restez à l’affût !
Visites guidées du périmètre de l’ancien fort, de l’église et la crypte.
3 départs par jour (10h, 13h, 15h).
Coûts : adulte 10 $, enfant 5 $.
Fête de la Saint-Jean-Baptiste dans
le Vieux-La Prairie
Contrairement aux années précédentes, il n’y aura pas d’activités ou de journée thématique dans le Vieux-La Prairie pour souligner la fête nationale de la Saint-Jean-Baptiste.
Cependant, fidèle à notre mission de faire connaître la généalogie et l’histoire locale, la SHLM ouvrira ses locaux la journée du 24 juin et nos guides étudiants offriront trois visites guidées gratuites du site patrimonial déclaré (10 h, 13 h et 15 h).
Venez en apprendre plus sur la SHLM (52 années d’existence), la seigneurie de La Prairie (1647 à 1854), l’histoire du fort et de la bataille de 1691, le premier chemin de fer du Canada (1836), les inondations et les incendies du 19e siècle.
Faites également une visite à pied de l’arrondissement (visite de l’église et de la crypte incluse).
Bonne Saint-Jean-Baptiste!
Stéphane Tremblay, président de la SHLM.
Au jour le jour, mai 2024
Les causes éloignées
C’est en 1669 que le roi Louis XIV décrète la création de la première milice au niveau du pays. Tous les hommes de 16 à 60 ans sont considérés comme miliciens, peu importe leur classe sociale. […] Les miliciens se trouvaient sous les ordres d’un capitaine de milice qui est généralement un habitant important de la paroisse. Le commandant en chef était le gouverneur de la Nouvelle-France. Les dimanches et les jours fériés, on effectuait des exercices et les miliciens s’entraînaient sans autre rétribution que leur ration quotidienne. […] La milice ne possédait pas d’uniforme et chacun devait fournir son arme.
L’histoire du 85e Bataillon s’inscrit dans la longue tradition de la milice canadienne-française qui du Régime français va se poursuivre sous le Régime anglais même si le rôle des capitaines de milice se voit passablement modifié.
Évidemment, il n’est nullement question ici, comme l’a fait l’auteur Benjamin Sulte[1] à la fin du 19e siècle, de raconter le parcours entier de la milice canadienne-française depuis ses débuts. Nous nous limiterons à souligner les événements qui, à la veille de la Confédération, ont directement mené à la création du 85e Bataillon.
Au début de la guerre de Sécession, bien que favorable aux états sudistes, la Grande-Bretagne proclame sa neutralité pour des raisons économiques. Elle souhaite maintenir ses liens commerciaux avec les deux belligérants et particulièrement avec le Sud qui fournit le coton à ses filatures de textile.
Or, un malheureux incident va venir bouleverser cette fragile neutralité. Le 8 novembre 1861, le capitaine du San Jacinto, frégate de la marine des États-Unis, arraisonne le paquebot britannique Trent et fait prisonniers deux commissaires des états du Sud. Cette arrestation sur un navire neutre irrite grandement les Britanniques qui se préparent à l’envoi d’un corps expéditionnaire contre les États-Unis (c.à.d. les états du Nord).
L’affaire va grandement choquer les habitants du Canada-Uni fidèles à la couronne d’Angleterre. Il fallait armer au plus tôt toutes les milices canadiennes afin de se porter à la défense de la Grande-Bretagne.
En mai 1862, John A. Macdonald, futur premier premier ministre du Canada, présente un projet de loi afin de rendre la milice plus efficace. Le projet de loi est rejeté sous prétexte que les dépenses exigées seraient trop élevées. Ce refus provoque la démission du duo Cartier-Macdonald.
En 1864, une nouvelle loi sur la milice fut enfin adoptée et à l’automne 1865 il y eut un grand camp à La Prairie. Ce camp sera suivi de nombreux autres. On commence déjà à s’organiser en vue du départ du pays des garnisons anglaises. [2]
La Confédération de 1867, en unissant la Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et le Québec actuels, apparaissait comme un instrument permettant à ces colonies anglaises d’assurer une défense commune. C’est le départ des garnisons britanniques le 11 novembre 1871, qui marque définitivement les débuts d’une véritable organisation militaire du pays.
Malgré tout, il y eut un peu de l’action des Sudistes dans la genèse du 85e Bataillon.
Le 85e Bataillon d’infanterie
En puisant dans les journaux de l’époque, dans les lignes qui suivent, nous limiterons notre récit aux vingt premières années d’existence du 85e Bataillon. Créé le 4 juin 1880, dans la lignée des événements décrits plus haut, le 85e Bataillon doit son existence au lieutenant-colonel Julien Brosseau qui en assurera le commandement jusqu’en 1892. Capitaine d’un vapeur, maire et commerçant très à l’aise, à l’époque, Brosseau exerçait une grande influence sur la vie sociale et économique de La Prairie. Cependant nous ignorons les motifs personnels qui l’ont amené à créer ce nouveau bataillon de milice rurale.
« Nous voyons avec plaisir par le dernier numéro de la Gazette officielle du Canada, que la formation d’un nouveau bataillon, qui sera canadien-français, vient d’être autorisé. »[3] Le 85e est composé de 6, puis plus tard, de 8 compagnies : no 1 Saint-Jérôme, no 2 village Saint-Jean-Baptiste, no 3 Laprairie, no 4 Laprairie, no 5 Côte Saint-Paul, no 6 Longueuil. Sa devise est : Bon bras et bon cœur.
« Grande fête à Laprairie dimanche prochain. Les citoyens de l’endroit présenteront au 85e Bataillon deux drapeaux qui devront figurer dans leurs différentes parades. Ils sont l’ouvrage des dames des localités où se recrutent les soldats de ce bataillon. Cette idée a été émise lorsqu’après le départ du 65e Bataillon il fut question d’envoyer aussi le 85e de l’avant [c.à.d. aller combattre au Nord-Ouest]. »[4]
Chaque compagnie est composée de 108 hommes volontaires (soit 3 pelotons de 36 hommes), d’un capitaine, d’un lieutenant et d’un sous-lieutenant. Les officiers supérieurs sont : 1 lieutenant-colonel qui est le commandant, 4 majors et 3 capitaines.
À même les effectifs on formera un corps de musique, un corps de tambours et clairons, un corps d’ambulance ainsi qu’un corps de sapeurs. En 1883, le colonel Brosseau organisera une association de tir qui vingt ans plus tard comptera plus de 300 membres. Les meilleurs éléments participent à un concours annuel de tir à la cible. Car, sur le champ de bataille il faut savoir viser juste.
En septembre 1888, le marchand général de La Prairie, Hyacinthe Sylvestre, note dans son journal personnel ; « tir au 85e bataillon à Laprairie. Alphonse gagne la médaille de la puissance[5] 10 $, le prix du colonel 10 $ et un prix de 5 $ en argent. »
Tant l’association de tir que le bataillon procèdent annuellement, l’une à l’élection de ses administrateurs et le second à l’élection des sous-officiers.
Les miliciens, qui sont des volontaires, reçoivent une indemnité pour leur participation aux activités de leur bataillon. En juillet 1883, alors que le colonel Harwood félicitait le lieutenant-colonel Brosseau pour la tenue de son bataillon, ce dernier répliqua qu’il était presqu’impossible de maintenir le bataillon dans son état actuel si l’indemnité des troupes n’était pas augmentée.[6]
La question de l’indemnisation réapparut au feuilleton en 1895 quand un malaise est créé par la nouvelle que les bataillons ne recevraient pas leur paie ordinaire. Le ministre de la Milice à Ottawa crut rassurer tout le monde en promettant de demander un subside à cet effet. Prudent, le 85e Bataillon, lors de sa réunion mensuelle décide que le bataillon ne pourrait prendre part à la fête de la Reine s’il ne recevait pas sa paie ordinaire.[7] L’histoire ne dit pas si la reine Victoria s’était offusquée de cette décision.
Les premiers commandants furent le lieutenant-colonel Julien Brosseau de 1880 au 22 juillet 1892, le lieutenant-colonel A.D. Aubry de 1892 jusqu’en 1897 qui, cédant aux demandes de ses officiers, accepta de diriger le bataillon jusqu’au 22 juillet 1899. C’est le lieutenant-colonel J.P.A. Des Trois-Maisons qui lui succéda. Ce dernier élargit les effectifs en ajoutant 2 nouvelles compagnies :
No. 1 Maisonneuve, no 2 Quartier Saint-Jean-Baptiste, no 3 Saint-Henri Montréal, no 4 Saint-Henri (formée en décembre 1881), no 5 Côte Saint-Paul, no 6 Sainte-Cunégonde, no 7 village de Lorimier, no 8 Côte Saint-Louis du Mile End.
« En 1880, le bataillon avait donc pour officiers : lieutenant-colonel Julien Brosseau, commandant ; Godefroy Laviolette, seigneur de Saint-Jérôme, premier major ; Alfred Charlebois, M. P. P., marchand de Laprairie, deuxième major; A.-J.-A. Roberge, notaire de Laprairie, paie-maître ; P. Dumouchel, comptable de Laprairie, quartier-maître ; Dr T. -A. Brisson, de Laprairie, chirurgien ; J.-A. Ouimet, de Montréal, assistant chirurgien ; A.-A. Laviolette, marchand de Saint-Jérôme, capitaine commandant la compagnie n° 1 ; D. Barry, avocat de Montréal, capitaine commandant la compagnie n° 2 ; A. Sylvestre, marchand de Laprairie, capitaine commandant la compagnie n° 3 ; T. Bourassa, capitaine du vapeur Laprairie, capitaine commandant la compagnie n° 4 ; A.-D. Aubry, de la côte Saint-Paul, capitaine commandant la compagnie n° 5; capitaine F. Jodoin, du vapeur Longueuil, capitaine commandant la compagnie n° 6. » [8]
Afin de faire connaître au grand public le nouveau bataillon, le commandant Brosseau fit préparer, à La Prairie, un grand pique-nique, sur l’ancienne propriété de M. de Lorimier située à environ six milles (9,6 km) du village.
Les camps d’entraînement
La formation des régiments de milice passe obligatoirement par les camps d’entraînement, lesquels ont lieu à chaque été. L’entraînement du 85e Bataillon se tenait surtout à La Prairie, mais il y a eu aussi des camps à Valcartier, Trois-Rivières, Saint-Jean et ailleurs. Car, certaines compagnies venaient de Saint-Jérôme, Trois-Rivières, Sorel, Rivière-du-Loup, Rimouski et le Témiscouata. Les camps durent de 8 à 12 jours.
1881 : fin juin, camp du 85e Bataillon à La Prairie
1883 : le 2 juillet, camp de 1 600 hommes à La Prairie
1884 : 1er juillet début du camp de 8 jours du 85e Bataillon à La Prairie. « À la fin du camp, le colonel Brosseau en tête, la troupe a défilé par les rues hier après-midi au grand complet et musique en tête. Tout le monde a admiré la bonne discipline et la tournure martiale de ces volontaires. »[9]
1885 : le 22 septembre, début du camp de La Prairie. C’est sans doute à cause de l’insurrection du Nord-Ouest que le camp a été déplacé au début de l’automne.
1886 : le camp a lieu à Longueuil.
1887 : fin juin, au-delà de 1200 militaires prennent part aux exercices à La Prairie.
1888 : fin juin, le 85e Bataillon est au camp à Trois-Rivières.
1891 : fin juillet, camp à La Prairie. Début septembre, les exercices réguliers du 6e district militaire sont commencés à La Prairie.
1893 : fin juin, camp à La Prairie. Le 85e est qualifié de plus beau bataillon de la province. On verra à ce que chaque soldat soit habillé proprement dès l’ouverture du camp.
1895 : le camp a lieu au mois de juin à La Prairie. Selon le journaliste de La Presse, il y règne un esprit de discipline qui fait bien augurer de la bonne entente existante entre les officiers et les soldats du 85e Bataillon.
1896 : pour le 85e Bataillon, le camp a lieu à La Prairie à compter du 15 septembre alors que d’autres camperont à Saint-Jean.
1897 : fin juin, camp à Saint-Joseph de Lévis.
1898 : camp à La Prairie le 28 juin.
1899 : le camp de La Prairie sera ouvert du 21 juin au 2 juillet. Il y aura 5 000 hommes sous les armes.
1903 : le 1er juillet, 256 hommes du 85e Bataillon sont partis camper à Trois-Rivières.
Suite et fin dans le numéro de juin.
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[1] Sulte Benjamin, Histoire de la milice canadienne-française, 1760-1897. Desbarats & Cie, Imprimeurs et Graveurs, Montréal, 20 juin 1897. 147 pages.
[2] Sulte, œuvre citée, pages 58 et 59.
[3] Le Journal de Trois-Rivières du 10 juin 1880.
[4] L’Étendard, le 24 septembre 1885.
[5] Il s’agit du Dominion du Canada. Alphonse Sylvestre, marchand et frère de Hyacinthe, était capitaine commandant de la compagnie no 3 du 85e Bataillon.
[6] L’Étendard, édition du 7 juillet 1883
[7] La Presse, édition du 9 mai 1895
[8] Benjamin Sulte, œuvre citée, pages 105 et 106
[9] La Minerve, le 8 juillet 1884
Soirée des bénévoles du député
– Hommage à France Pinsonneault –
Le jeudi 26 avril dernier, la SHLM participait à la soirée hommage aux bénévoles organisée par le Ministre Christian Dubé, député provincial de la circonscription de La Prairie. Il s’agit d’un moment privilégié de mettre en lumière celles et ceux qui ont donné de leur temps et de leur énergie au cours de l’année 2023 dans la circonscription.
Dans le cas de la SHLM, la récipiendaire était madame France Pinsonneault. Elle a reçu cet hommage en compagnie du président de la SHLM, M. Stéphane Tremblay.
Madame Pinsonneault s’adonne à la généalogie et la paléographie à la SHLM depuis plus de 20 ans. En outre, elle donne un coup de main au club de généalogie et a participé au projet des Biens des Jésuites. Dans les derniers mois, Mme Pinsonneault a amorcé un nouveau projet de grande ampleur : la numérisation et la transcription des registres paroissiaux de la paroisse du Christ-Roi de La Prairie. Travail de moine à lequel elle s’est astreinte quasiment à temps plein à l’été 2023.
De plus, belle surprise au cours de la soirée, Mme Pinsonneault a été l’heureuse gagnante d’un tirage d’une bouteille de sirop d’érable produit par M. Dubé à sa cabane à sucre personnelle !
Bravo France !
Clin d’oeil
Le député Dubé, aussi ministre de la Santé, a demandé à Mme Pinsonneault d’expliquer en quoi consistait la paléographie. Suite aux explications, il a mentionné qu’elle serait alors en mesure de déchiffrer sans problème….les prescriptions des médecins !
20 mai 2024 de 12h à 16h
À la mémoire des Patriotes, le lundi 20 mai 2024 de 12h à 16h se tiendra une fête familiale dans le Vieux-La Prairie. Jeux gonflables pour les plus petits, discours patriotiques et reconstitution historique par la Garnison de Montréal, danses folkloriques, hot-dogs, kiosques.
Visite guidée GRATUITE, un seul départ : 15h.
Venez célébrer avec nous au 249 rue Sainte-Marie !
La série Temps de chien était de passage le 29 avril à La Prairie. La maison jaune tout juste devant le local de la SHLM, et abritant le restaurant Le Passage, est devenue l’espace d’une journée un coquet café madelinot ! Entendra-t-on le bruit des vagues ?
En mai et juin, la SHLM bénéficiera de la présence et du travail d’une stagiaire en archivistique, madame Amélia Laramée, de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI) de l’Université de Montréal.
Membre de la SHLM, résidente de La Prairie et déjà initiée à la généalogie, madame Laramée réalisera bénévolement le traitement d’un fonds d’archives.
Mentionnons qu’en mars dernier prenait fin le stage de madame Daphnée Hounzell qui a complété le traitement du fonds P83 de madame Claire Robert.
Un grand merci à ces dames qui donnent un coup de main au traitement des précieuses archives de la SHLM !
La SHLM et les deux fédérations.
Afin de profiter d’une foule de services et d’activités (assurances, formations, conférences…), la SHLM est membre de deux fédérations dont les objectifs cadrent avec ceux de notre mission : La Fédération Histoire Québec (FHQ) et la Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG).
Les deux fédérations organisent des activités qui rassemblent la plupart des organismes à caractère culturel et patrimonial de la province.
C’est ainsi que la FHQ tiendra son congrès annuel (et son assemblée générale annuelle) au Château Montebello du 16 au 18 mai prochains. La FQSG, quant à elle, tiendra son Conseil de généalogie annuel (formation et assemblée générale) au centre multifonctionnel Guy-Dupré de La Prairie le 1er juin prochain.
La SHLM participera à ces deux événements en y déléguant un membre de son conseil d’administration ou sa directrice générale.
Stéphane Tremblay, président
Les réfugiés et miliciens acadiens en Nouvelle-France.
1755 – 1763
Saviez-vous que 1 935 réfugiés acadiens sont venus en Nouvelle-France entre 1755 et 1763? Pendant cette période, ils ont été accusés d’avoir transmis la variole aux Canadiens. Est-ce vraiment le cas ?
Dans ses mémoires, le notaire Courville a rapporté que des Acadiens ont été victimes de fraudes de la part de Bigot. Comment ont-ils été touchés ?
Dans le journal de Malartic, nous apprenons que 150 miliciens acadiens se sont battus sur les plaines d’Abraham le fameux 13 septembre 1759. Quel a été leur rôle ?
Originaire de Saint-Fabien-de-Panet, André-Carl Vachon est descendant des premiers Acadiens réfugiés au Québec. Il détient une maîtrise en histoire acadienne (UQTR 2018) et est maître généalogiste agréé.
Auteur et conférencier, André-Carl Vachon a écrit plusieurs ouvrages portant sur les Acadiens publiés aux éditions La Grande Marée.
En 2019, il a reçu le prix Philippe-Aubert-de-Gaspé pour sa contribution exceptionnelle à l’histoire et à son amour de l’Acadie.
Mardi 21 mai 2024 à 19h
Théâtre du Vieux-La Prairie
247, rue Sainte-Marie à La Prairie
Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $
Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393
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