- Au jour le jour, janvier 1996
L’Odyssée du Rituel de 1703 (3)
Du Rituel de 1703 : les sages-femmes
Dans un rituel, il y a toujours une place importante allouée au baptême, et au XVIIIe siècle le rôle des sages-femmes est intimement lié à ce sacrement. Mgr de Saint-Vallier y consacre 75 pages sur 673. Dans un pays nouveau, vaste, peu peuplé, à majorité paysanne, les futures mamans doivent compter sur la présence d'une sage-femme lors de l'accouchement. L'évêque énumère dans le détail les droits et surtout les devoirs de la sage-femme, plus particulièrement lorsque l'enfant semble peu viable : la sage-femme « le baptisera sur la partie du corps qui paraîtra dehors (…) ensuite on réitérera le baptême sous condition ». Les curés instruiront les sages-femmes « de la manière d'administrer le sacrement de baptême, (…) ils les avertiront de tout ce qui leur est défendu sous peine d'excommunication ».
Quand les sages-femmes peuvent-elles baptiser? « (…) jamais en présence d'un prêtre ou d'un laïc (…) elles baptiseront lorsque les enfants seront dans l'état que la pudeur ne permettrait pas à un homme de le faire ».
De l’élection des sages-femmes
Le curé fait appel aux femmes de sa paroisse parmi « les plus vertueuses, les plus honnêtes, les plus prudentes, les plus propres à cette fonction ». Il y a alors une élection et la femme élue par ses consœurs prêtera serment sur les saints évangiles selon la formule suivante :
« Je N. jure et promets à Dieu le Créateur tout-puissant en votre présence, Monsieur, de vivre et mourir en la Foi Catholique, Apostolique et Romaine, de m'acquitter avec plus de fidélité et de diligence qu'il me sera possible, de la charge que j'entreprends, d'assister les femmes dans leurs couches, et de ne permettre jamais que ni la mère ni l’enfant encourent aucun mal par ma faute et où je verrai quelque péril éminent, d'user du conseil et de l'aide des Médecins, Chirurgiens, et des sages-femmes que je connaîtrai expérimentées et entendues en cette fonction. Je promets aussi de ne point révéler les secrets des familles, ni des personnes que j'assisterai, de n'user d'aucun moyen illicite ou de superstition sous quelque couleur ou prétexte que ce soit, par vengeance ou mauvaise affection, (…) de procurer de tout mon pouvoir le salut corporel et spirituel tant de la mère que de l'enfant. »
- Au jour le jour, janvier 1996
L’odyssée du Rituel de 1703 (2)
Dans quelles mains le Rituel de 1703 a-t-il passé? Une certitude? Non, mais des hypothèses.
La paroisse de La Prairie dessert de nombreux habitants, et cela depuis les débuts : à La Prairie, il y a « une cure à servir où il y a cent habitations de français » écrit le père Chauchetière en 1682.
Le procureur général de la colonie rencontre seigneurs et habitants en 1721, dont Paul-Armand Ulric, curé fixe de La Prairie.
Jacques Marchand des Ligneries, sulpicien, est curé de La Prairie de 1731 à 1775.
À Saint-Philippe de La Prairie, Messire Ignace Gamelin est curé de 1756 à 1799. Gamelin et J. des Ligneries sont de « bons amis ».
Dans le Fonds d'Archives E. Choquet nous trouvons le testament de Jacques des Ligneries (27-03-1775) et l'inventaire après décès que dresse son exécuteur testamentaire (17- 05-1775).
Ignace Gamelin, qui préside l'inventaire des biens de « son ami », note que la bibliothèque du défunt compte 1 100 volumes. Plusieurs séries sont incomplètes… J. des Ligneries, pendant ses 44 années de ministère à La Prairie, a reçu souvent des visiteurs qui venaient « emprunter » des volumes. De plus, et ceci est fort significatif; l'évêque de Québec envoyait au curé des jeunes théologiens qui séjournaient à La Prairie pour terminer leurs études théologiques et s'initier à la pratique pastorale.
Dans le Rituel de 1703 se trouve une enveloppe vide et non datée, dont le papier très jauni témoigne de l'ancienneté. Cette enveloppe est adressée à :
Madame Frédéric Singer
St-Philippe
Or un prêtre sulpicien (1828-1887) né à Saint-Philippe avait pour père Frédéric Singer, marchand du village, sa mère avait pour nom Cécile Hert. Que cette enveloppe ait contenu une lettre envoyée par Augustin Singer à sa mère nous apparaît plausible.
Le Rituel de 1703 comprend une autre particularité : un texte manuscrit de 2 pages (recto-verso) y a été inséré et collé entre les pages 250-251. Il s'agit d'une copie du texte latin de l'indulgence plénière accordée aux catholiques du diocèse de Québec par le Pape Benoit XIV (pape de 1740 à 1758).
Tous ces indices ne peuvent nous permettre de conclure par quelles mains a passé la copie du Rituel de 1703 que possède la S.H.L.M. Ce qui importe, c'est que nous possédons ce volume qui nous permet de mieux connaître les normes sous-jacentes aux directives et observances que l'évêque de Québec voulait imposer aux colons, nos ancêtres.
- Au jour le jour, janvier 1996
Décès
Nous avons appris le décès de Monsieur Joseph Falcon, de La Prairie, père d'Hélène et de Denise, membres de la S.H.L.M. Nous leur offrons nos sincères sympathies.
- Au jour le jour, janvier 1996
Dons
2 séries « Le Bastion ». 8 exemplaires, brochures, 1982-1983.
Roy, Gaston, f.i.c., La chapelle des Frères de l'Instruction Chrétienne La Prairie, Archives f.i.c., La Prairie, 1995.
Don du frère Jean Laprotte f.i.c.
- Au jour le jour, janvier 1996
Conférence : trois projets de sauvetage par la Fondation Royal-Roussillon
Notre conférencier du mois de janvier est bien connu des membres de la Société historique, il s'agit de Michel Létourneau, architecte. À plusieurs reprises, nous avons apprécié son dynamisme et son souci du détail lors des conférences antérieures.
Monsieur Létourneau est co-auteur du livre « La Nativité de La Prairie », il a participé à la réalisation du livre « La Prairie, images d'hier », il est aussi vice-président de la Fondation Royal-Roussillon qui vise la protection du patrimoine.
Monsieur Létourneau nous entretiendra sur trois projets de « sauvetage » par la Fondation Royal-Roussillon pour la protection du patrimoine.
Le premier projet concerne le sauvetage de la maison Robidoux (+1820), située sur le rang Saint-Régis à Saint-Constant et son transport sur la rue Sainte-Marie, dans l'arrondissement historique de La Prairie.
Le second projet touche le sauvetage de la maison Guillaume Laberge, boulevard Salaberry à Chateauguay (1830).
Dans le troisième projet, M. Létourneau nous fera un compte-rendu des sondages archéologiques de la firme « ETHNOSCOP » autour de l'ancienne place de l'église et de l'ancien presbytère de Saint-Constant.
C'est un rendez-vous que vous ne voudrez pas manquer. L'exposé aura lieu le mercredi 17 janvier à 20 heures, dans les locaux de la Société historique de La Prairie-de-la-Magdeleine situés au 249 de la rue Sainte-Marie. L'entrée est gratuite et si l'on désire d'autres renseignements, on téléphone au 659-1393.
- Au jour le jour, janvier 1996
Paul Sainte-Marie de La Prairie, un Sainte-Marie pure laine
Louis Marie dit Sainte-Marie, est l'ancêtre de tous les Sainte-Marie d'Amérique. Pionnier de Ville-Marie, il arriva en Nouvelle-France le 12 septembre 1665 comme soldat du Régiment de Carignan, Compagnie de La Varenne.
Le 31 mai 1667 à Montréal, il épousa Mathurine Gouard, une fille du Roy; 11 enfants naîtront de ce mariage. Seuls deux fils assureront la continuité du patronyme Sainte-Marie. Le second, Louis, s'établit à Longueuil, où il eut une nombreuse descendance. Michel, l'aîné de la famille, le premier Sainte-Marie à naître en Amérique, s'établit à La Prairie où il y fut un des premiers pionniers. C'est de celui-ci dont nous vous parlerons aujourd'hui. Il fut baptisé Michel-Sidrac en l'honneur de son parrain Michel-Sidrac Du Gué Sieur de Boisbriand et Capitaine de la Compagnie de Chambelley.
Le 9 février 1680, à l'âge de 11 ans et 10 mois, Michel s'engage à travailler pour M. Robutel Sieur Saint-André pour trois années entières comme serviteur. Ce Monsieur Robutel de Saint-André était Co-seigneur avec Jacques Leber de l’Île Saint-Paul (Île des Sœurs). À la fin de son engagement, il s'engage à Antoine Pascaud, marchand à Ville-Marie, pour effectuer pour le compte de celui-ci, un voyage à Fort Michillimakinac; ce fort était situé à l'embouchure des lacs Michigan et Huron.
Le 11 avril 1695, à La Prairie, il épouse Marguerite Brosseau, fille du célèbre meunier de La Prairie, Denis Brosseau, et de Marie-Louise Hébert. De ce mariage naquirent 10 enfants : 7 garçons et 3 filles.
Michel-Sidrac fut un des premiers de La Prairie à posséder un permis de vente d'alcool.
Le 27 janvier 1696, Michel-Sidrac se lance en affaires, il formule une demande de permis pour un débit de boisson à La Prairie de la Magdeleine, il l'obtient à la condition qu'il observe et fasse observer chez lui les ordonnances et les règles de nos seigneurs et du Conseil souverain de ce pays.
Michel-Sidrac se fait concéder plusieurs terres et emplacements; dans l'enceinte du Fort de La Prairie, à la Côte Fontarabie, et le 28 septembre 1717, il achète une terre située chemin des Prairies (boul. des Prairies à Brossard). Michel-Sidrac Marie dit Sainte-Marie décède à La Prairie le 29 juillet 1749 à l'âge de 81 ans. Ce pionnier de La Prairie laissa une nombreuse descendance jusqu'à ce jour. Paul Sainte-Marie de La Prairie est un de ceux-là, fils d'Adolphe Sainte-Marie et d'Eva Sainte-Marie, c'est ce qu'on appelle « un Sainte-Marie pure laine ». Paul vécut son enfance sur la terre familiale « côté paternel » et dans la maison de pierre construite vers 1750 par son ancêtre direct, Louis Marie dit Sainte-Marie, petit-fils du premier à porter ce nom. Cette Maison historique, située au 1303 Marie-Victorin à La Prairie, est aujourd'hui habitée par la sixième génération de Sainte-Marie qui se sont succédées depuis près de deux siècles et demi.
Le père de Paul Sainte-Marie, Adolphe Sainte-Marie, fut un prospère cultivateur, décoré de plusieurs médailles de mérite agricole et fut, vers la fin du 19ème siècle, un grand importateur de graines de semence et un des premiers à importer des graines de tomate au Québec.
Bravo à cette famille de Pionniers.
Richard Sainte-Marie
Extrait de : La Première Famille Ste-Marie d’Amérique
- Au jour le jour, janvier 1996
Généalogie de Paul Sainte-Marie
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Claudette et Jacques |
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Paul Sainte-Marie Jeannette Larivière |
La Nativité de La Prairie 12 décembre 1942 |
Alfred Larivière Alice Raymond |
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Adolphe Sainte-Marie Marie-Éva Sainte-Marie |
La Nativité de La Prairie 28 octobre 1902 |
Victor Sainte-Marie Élisabeth Brossard |
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Pierre-Adolphe Sainte-Marie Sophie Brosseau |
La Nativité de La Prairie 16 octobre 1849 |
Joseph Brosseau Marguerite Lefort dit Prairie |
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Louis-Amable Sainte-Marie Suzanne Barbeau dit Boisdoré |
La Nativité de La Prairie 12 juillet 1825 |
Louis Barbeau dit Boisdoré Suzanne Hébert |
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Pierre-Paul Sainte-Marie Marguerite Bourassa |
La Nativité de La Prairie 19 février 1781 |
François Bourassa Agnès Lefebvre |
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Louis Sainte-Marie Madeleine Marcil |
Saint-Antoine-de-Padoue de Longueuil 10 avril 1747 |
Charles Marcil Marie Surprenant dit Lafontaine |
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François Marie Marguerite Bourbon |
Saint-Antoine-de-Padoue de Longueuil 26 janvier 1705 |
Jean Bourbon Marie-Anne Benoît dit Livernois |
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Louis Marie Mathurine Goard |
Notre-Dame de Montréal 31 mai 1667 |
Gilles Goard Catherine Léger |
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Louis Marie Marguerite Peigne |
De Saint-Symphorien, ville, arrondissement et archevêché de Tours en Touraine (Indre-et-Loire) France |
Louis, époux de Mathurine, est venu en qualité de soldat de la compagnie de La Varenne au régiment de Carignan. |
- Au jour le jour, janvier 1996
L’odyssée du Rituel de 1703 (1)
La S.H.L.M possède dans sa bibliothèque un volume qui date de 1703, un rituel; on ne sait comment il nous est parvenu. Dans les prochaines pages, on vous présente certaines hypothèses du parcours de ce volume ainsi que certains éléments de contenu qui illustrent bien les préoccupations d'une époque.
Par quel cheminement ce Rituel de 673 pages, vieux de près de 300 ans, est-il parvenu à la Société historique de La Prairie? Sa page de présentation est comme suit :
Rituel du Diocèse de Québec publié par l’ordre de Monseigneur de Saint-Vallier évêque de Québec. Imprimé à Paris, avec privilège du Roi en l'an 1703.
Volume rare, et pour cause… Mgr de Saint-Vallier, en France lors de la première publication de son rituel, en expédie quelques exemplaires en Nouvelle-France pour avoir réactions de son clergé. Le père Bouvart, supérieur des Jésuites, écrit un long réquisitoire contre le Rituel; il est en complet désaccord avec la pensée théologique qui sous-tend le texte. En 1704, Mgr de Saint-Vallier quitte la France, direction Québec, et apporte un gros coffre de Rituels dont la teneur a été modifiée. Le bateau fait un court voyage et l’évêque de Québec passe cinq ans en Angleterre, prisonnier des Anglais. Le coffre de Rituels est vendu à l'encan comme butin de guerre et les précieux volumes disparaissent.
Il existe toujours dans la colonie quelques exemplaires de la version de 1700. Cependant, quelques volumes de l'édition de 1703 sont parvenus en Nouvelle-France puisque la S.H.L.M. en possède un exemplaire qui a servi et qui est devenu usé et fragile.
- Au jour le jour, décembre 1995
La Prairie —— Laprairie (suite)
Qu’en est-il de la façon d’écrire le nom de notre ville au cours des siècles? En consultant les documents d’époque, on peut affirmer que La Prairie est employée dès la fondation de la Seigneurie, on passe ensuite à Laprairie et on revient à La Prairie.
Habité par les colons blancs dès 1667, le petit bourg est une cible de choix pour les ennemis indiens. L’obligation de se protéger s’impose, il faut construire une palissade. En 1688 “à Pâques, l’on parachevait la palissade de Laprairie, en mai celle de la prairie St-Lambert”.Bulletin de Recherches historiques, vol. 51e, No 2, p. 412.
Gédéon de Catalogne, ingénieur du Roi, présente aux autorités le “Plan de La Prairie (…) levé en l’année 1704.” Idem, p. 413.
Le 9 septembre 1842, Monseigneur Ignace Bourget, évêque de Montréal, érige à Laprairie la confrérie du Saint-Scapulaire. Le curé ajoute : “ On a remarqué que dans le rescrit de l’évêque le nom de Laprairie est écrit d’un seul mot. Avant ce jour, l’on avait toujours vu La Prairie. À partir de cette date l’habitude s’est rapidement prise de ne l’écrire plus que d’un seul mot. L’usage d’ajouter “de la Magdeleine” s’est continué de longues années encore (…) après 1880 (…) c’est Laprairie tout court qui a prévalu. ” Chevalier, Joseph, Laprairie, Notes historiques, 1941. P. 138-139.
En 1867, le pensionnat des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame est rénové : c’est un immeuble approprié aux besoins du temps et les pensionnaires y sont attirées par la nouveauté des lieux. Un journaliste du temps en fait l’éloge.
“Vu l’extrême facilité des communications par bateau à vapeur trois fois le jour en été et par diligence une fois le jour en hiver, Laprairie n’est qu’à quelques quarts d’heures de Montréal. Les citoyens de Montréal et d’ailleurs qui voudront procurer à leurs enfants les avantages de l’air pur et de la campagne, tout en les éloignant aussi peu que possible de chez eux, se trouveront bien de les confier aux Directrices du nouveau couvent de La Prairie. ” Sévigny, Jeannine, C.N.D., Héritage, No 17, 1994, p. 31
- Au jour le jour, décembre 1995
Errata
Heureusement que Mgr Courville a le sens de l’humour. En effet, dans la généalogie du mois d’octobre, nous l’avons marié à sa mère; à la première ligne, on devrait voir Joseph Courville. Nous nous en excusons.
Une deuxième erreur s’est glissée dans le texte qui suivait la généalogie : sous le blason, on devrait avoir la ligne suivante : L’Ancêtre Clément Lériger sieur de Laplante, enseigne dans les troupes de la Marine, arriva au pays en 1685 à 23 ans avec M. de Denonville.