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    De belles idées…effrayantes

    À l’approche de la fête de l’Halloween, le dynamisme des trois guides de la SHLM a permis la mise sur pied d’une nouvelle activité pour faire découvrir d’une manière ludique le site patrimonial du Vieux-La Prairie.

     

     

    Épaulés par Caroline Laberge, archiviste-directrice générale, Marie-Pierre Bellemare, Camille Faucher et David Barrette ont initié, développé et réalisé une visite « hantée ». Ils se sont impliqués du début à la fin : idéation, recherche dans les archives, scénarisation et mise en scène, publicité et réalisation. Leur enthousiasme sans faille et leur motivation ont été contagieux.

    Ces visites ouvertes au public ont reçu une réponse bien au-delà de nos attentes. En quelques heures, les quatre plages horaires prévues ont été complétées, avec en supplément une liste d’attente ! Ce sont près de 70 braves, jeunes et moins jeunes, qui ont suivi nos guides sous la lune les 18 et 19 octobre derniers. C’est donc dire tout le succès de l’événement.

    La SHLM tient à remercier chaleureusement la dizaine de jeunes bénévoles qui ont rendu possible ce projet : Alix, Ariane, Billy, Catherine, Jean-Nicolas, Justine, Lydiane, Marianne, Marilou, Nellie, Noah, Philémon et Sophya. Sans eux, ce projet un peu fou n’aurait pu se concrétiser.

    Aussi, merci à la paroisse La Nativité pour sa confiance et sa collaboration, à la Maison des Jeunes de La Prairie et à Chez Bonbons. Merci enfin à monsieur Jean-Pierre Bellemare pour le temps investi à illustrer l’événement.

     

     

    D’aucuns doutent parfois de l’intérêt des jeunes pour l’histoire et l’implication citoyenne, nous pouvons les rassurer ! Ce fut une bien belle aventure de « gang » qui a su donner une solide frousse à plusieurs participants!

    Joyeuse Halloween !

     

     

     

     

     

     

     

     

    À l’approche de la fête de l’Halloween, le dynamisme des trois guides de la SHLM a permis la mise sur pied d'une nouvelle activité pour faire découvrir d'une manière ludique le site patrimonial du Vieux-La Prairie.     Épaulés par Caroline Laberge, archiviste-directrice générale, Marie-Pierre Bellemare, Camille Faucher et David Barrette ont initié, développé et réalisé une visite « hantée ». Ils se sont impliqués du début à la fin : idéation, recherche dans les archives, scénarisation et mise en scène, publicité et réalisation. Leur enthousiasme sans faille et leur motivation ont été contagieux. Ces visites ouvertes au public ont reçu une réponse bien au-delà de nos attentes. En quelques heures, les quatre plages horaires prévues ont été complétées, avec en supplément une liste d'attente ! Ce sont près de 70 braves, jeunes et moins jeunes, qui ont suivi nos guides sous la lune les 18 et 19 octobre derniers. C’est donc dire tout le succès de l’événement. La SHLM tient à remercier chaleureusement la dizaine de jeunes bénévoles qui ont rendu possible ce projet : Alix, Ariane, Billy, Catherine, Jean-Nicolas, Justine, Lydiane, Marianne, Marilou, Nellie, Noah, Philémon et Sophya. Sans eux, ce projet un peu fou n'aurait pu se concrétiser. Aussi, merci à la paroisse La Nativité pour sa confiance et sa collaboration, à la Maison des Jeunes de La Prairie et à Chez Bonbons. Merci enfin à monsieur Jean-Pierre Bellemare pour le temps investi à illustrer l'événement.     D'aucuns doutent parfois de l'intérêt des jeunes pour l'histoire et l'implication citoyenne, nous pouvons les rassurer ! Ce fut une bien belle aventure de « gang » qui a su donner une solide frousse à plusieurs participants! Joyeuse Halloween !                ...

    Petit train va loin… (Partie 1)

    Le Réseau express métropolitain (REM), qui a eu un an le 31 juillet 2024, a connu une première année difficile, c’est le moins qu’on puisse dire. Pannes, interruptions prolongées, bruits, communication aux usagers défaillante et la question de la rentabilité sont quelques-uns des enjeux qui ont marqué l’actualité en cette première année de rodage. Il est certain que nous n’avons pas fini d’en entendre parler avec la récente annonce de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ Infra) qui reporte la mise en fonction de la deuxième phase du projet. Toutefois, ce n’est pas d’hier que l’enjeu du transport engendre des tensions palpables dans la région de Montréal et de la Rive-Sud. Dans cet article, nous vous proposons de faire un retour en arrière en nous penchant sur la construction du premier chemin de fer canadien entre La Prairie et Dorchester (Saint-Jean-sur-Richelieu). Tout comme notre cher REM, l’histoire de la création et de l’existence du chemin de fer par la Champlain and St. Lawrence Railroad fut parsemée d’embûches, de débats et de frustrations.

    Pourquoi un chemin de fer ?

    Avant d’aborder les difficultés du projet, il convient de remettre en contexte sa mise en service. En effet, la première moitié du 19e siècle est marquée par d’importants enjeux économiques impliquant à la fois le Bas et le Haut-Canada, les États-Unis, ainsi que la Grande-Bretagne À cette époque, la Grande-Bretagne appliquait des tarifs préférentiels aux importations provenant de ses colonies. Ainsi, le bois canadien pouvait bénéficier d’un avantage considérable par rapport à ses compétiteurs comme les pays scandinaves. Cependant, l’attitude protectionniste de la métropole anglaise évolue au cours des années 1820 pour favoriser la voie du libéralisme économique.[1] Sans surprise, cela bouleverse profondément les fondements de l’économie du Bas-Canada et en particulier dans le secteur de l’exportation du bois. En effet, les valeurs d’exportations de cette matière première passent de 120 000 livres sterling en 1763 à 1 220 963 livres sterling en 1810 et elle représente 75% de la masse d’exportation [2]. Autant dire que si le marché du bois venait à s’effondrer, c’est toute l’économie qui l’aurait suivi dans la tombe.

    Face à cet abandon progressiste de la part de la Grande-Bretagne, la bourgeoisie canadienne décide d’agir et de se préparer à cette nouvelle réalité économique afin de protéger ses intérêts économiques fortement en danger. Cette dynamique économique constituera l’élan initial à la mise en développement d’un nouveau modèle économique. Nul doute, il faut investir dans la construction d’infrastructures de transport ayant pour objectif de créer de nouvelles routes commerciales entre le Bas et le Haut-Canada, ainsi qu’avec nos voisins les États-Unis. La première phase de développement se fera principalement par l’amélioration des voies maritimes. Pensons à la construction du canal Lachine en 1825, le canal Welland en 1829 entre les lacs Ontario et Érié et du côté des Américains, le canal Oswego en 1828 reliant le lac Ontario à la côte est. Sans oublier le très important canal Champlain achevé en 1823, ouvrant la porte à un nouveau réseau économique canado-américain dans la région du lac Champlain et de la rivière Richelieu.

    Maintenant, il ne restait plus qu’à créer une voix commerciale entre la rivière Richelieu et le Saint-Laurent pour créer une communication directe entre Montréal et New York. C’est ainsi que l’idée du chemin de fer commence à se manifester dans le discours des hommes d’affaires montréalais, mais cette option sera rapidement contestée sur la scène politique.

     

    Plan du tracé entre La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu. L’extension entre Saint-Jean et Rouses Point fut effectuée en 1850 pour améliorer la voie de transport.[3]

     

    Méfiance

    Dû à sa nouveauté, le chemin de fer suscite énormément de scepticisme. Sera-t-il rentable ? La construction de canaux serait-elle une meilleure option pour améliorer la fluidité du trafic et réduire les frais de transport ?

    Plusieurs ont également soulevé qu’une telle voie de transport fragiliserait les défenses de la région, offrant à l’ennemi du sud un accès rapide au Saint-Laurent dans le cas où Saint-Jean serait pris[4]. Le souvenir de la guerre de 1812 à 1814 contre les Américains était encore frais dans la mémoire de certains membres de la Chambre d’Assemblée, comme Louis Bourdages qui dépose un amendement contre la construction du chemin de fer en 1831[5].  La pétition initiale des marchands de Montréal – aussi appelés Montrealers – réclamant un chemin de fer sera ainsi refusée par la Chambre. En novembre de la même année, les hommes d’affaires de Montréal contre-attaquèrent en signant une nouvelle pétition pour faire autoriser la construction du chemin à lisses, c’est-à-dire un chemin aux rails en bois comportant une mince bande de fer.

     

    Réplique du chemin à lisses de la Dorchester au musée Exporail à Saint-Constant. (Photo de Stéphane Tremblay, 2016)[6]
    Il faudra attendre le 25 février 1832 pour que la Chambre d’Assemblée formule une charte d’incorporation. Ce document autorise officiellement la mise en fonction de la compagnie qui construira le chemin à lisses ; la Champlain and St. Lawrence Railroad.[7] Cependant, cet acte impose de nombreuses restrictions à la compagnie et à ses actionnaires. Premièrement, on oblige la réduction des tarifs de transport au fur et à mesure que les recettes du chemin de fer augmenteront. Ainsi, les actionnaires seront autorisés à percevoir 12% de leurs dividendes et le reste devra servir à la réduction des prix de transport[8]. Tout cela en se voyant obligé de respecter une échéance de trois ans pour la construction de la nouvelle voie sous peine de perdre ses droits sur le projet.  Finalement, la Couronne britannique se réserve le droit d’acheter le projet à tout moment. De toute évidence, le projet apparait extrêmement contraignant pour les hommes d’affaires montréalais réticents à l’idée d’investir des sommes considérables dans une marée d’incertitudes économiques.

     

    Un mauvais « timing »

    La méfiance des Montrealers provient aussi d’une forte décroissance économique. Alors que 1831 fut marquée d’une forte progression dans plusieurs secteurs, les années 1832 et 1833 connaissent de mauvaises récoltes et une diminution des exportations du bois. Pour ce qui est du secteur agraire, les réserves alimentaires sont si basses, que l’on doit exceptionnellement importer des États-Unis et de la métropole pour nourrir la population.[9]

    Alors, bien que l’on envisageait le meilleur lors de la signature de la charte en 1832, la Champlain and St. Lawrence Railroad tarde toujours à trouver des investisseurs en ces temps difficiles. D’ailleurs, en 1834, un an avant la date limite du projet, la compagnie du Champlain and St. Lawrence Railroad n’est toujours pas légalement constituée.[10]

    Bref, la compagnie ne disposait pas à la fois de sources de financements suffisantes ni d’un pouvoir décisionnel pour commencer la construction du chemin à lisses. Heureusement, la date limite fut repoussée d’un an par la chambre pour laisser une chance de survie au projet.

     

    Pandémie

    Voilà un épisode qui nous rappellera de nombreux souvenirs. Tout comme à l’hiver 2020, le Bas-Canada connait une importante épidémie en 1832, causant la mort d’un vaste pourcentage de la population. Cette fois-ci, il s’agissait du choléra arrivé par bateau d’une vague migratoire irlandaise.[11] Le bilan des pertes est très sévère. On parle de près de 10 000 décès pour la province, ce qui représente 4,6 % de la population nationale. Dans la région de Québec et Montréal, ce chiffre s’élève respectivement à 8,2% et 7,4 %[12]. Cette grave pandémie a eu pour incidence une augmentation notable de la frustration populaire et politique face aux autorités coloniales. Tout comme durant la pandémie de la COVID-19, les dynamiques de contestation et la recherche d’un bouc émissaire contribuent à l’instabilité de la province. La situation sanitaire ralentit considérablement l’économie en privant de nombreuses industries de leurs employés en raison des décès. D’autant plus, que cette crise de main-d’œuvre était déjà enclenchée pendant la décennie des années 1820 qui connait une première phase d’exode canadienne en partance pour les États-Unis. En raison de l’ouverture des territoires de l’ouest du continent, de plus en plus de colons américains se lancèrent à la conquête de nouvelles terres. Leurs départs vers l’ouest a pour effet de créer une importante offre d’emplois dans les industries de la Nouvelle-Angleterre[13]. Résultat : les Canadiens-français choisissent de partir en grand nombre chez leurs voisins du sud pour tenter d’améliorer leurs conditions économiques et le Bas-Canada perd de ses travailleurs.

    Il est difficile de ne pas remarquer les parallèles entre les conditions sanitaires et économiques de l’époque et celles qui ont marqué la construction du Réseau express métropolitain. La COVID-19, couplée d’une guerre dévastatrice en Ukraine, a mis énormément de pression sur la CDPQ Infra. Des chaines d’approvisionnement enrayées, un manque de personnel criant et une inflation étouffante ont contribué à l’augmentation des coûts de construction tout en repoussant la mise en service du projet.[14]

    Suite au prochain numéro

     

    Représentation des pandémies à Montréal. « Montréal Night-Mayor on his Ghastly Rounds ».[15]

    ______________________________

    [1] Fernand Ouellet, Histoire économique et sociale du Québec, 1760-1850 : structures et conjoncture, Histoire économique et sociale du Canada français (Montréal : Fides, 1966). P. 392-393.  https://archive.org/details/histoireeconomiq0000ouel/page/354/mode/2up.

    [2] Gilles Paquet et Jean-Pierre Wallot. « Le Bas-Canada au début du XIXe siècle : une hypothèse », Revue d’histoire de l’Amérique française 25, no 1 (1971) : 39. p. 44-46  https://doi.org/10.7202/303040ar.

    [3] Via Rail Canada, Rails Across Canada : 150 Years of Passenger Train History, Via Rail Canada Inc. (Montréal (Québec), 1986). p. 21

    [4] François Cinq-Mars, L’avènement du premier chemin de fer au Canada: St-Jean-Laprairie 1836 (Saint-Jean-sur-Richelieu : Éditions Mille Roches, 1986). p. 79.

    [5] Ibid p. 82.

    [6] Stéphane Tremblay. « Le premier chemin de fer au Canada », Histoire Québec 22, no 1 (2016), p. 17.

    [7]« Statuts provinciaux du Bas-Canada ». Publications gouvernementales, 1832. Bibliothèque et Archives du Canada. p.641 à 688.

    [8] Ibid p. 679.

    [9]Cette crise agricole est due à une importante infestation de mouche de Hesse qui attaque les épis de blé dans le sud de la vallée laurentienne.

    Gilles Laporte, Brève histoire des Patriotes (Québec) : Septentrion, 2015). p. 50

    [10] La première assemblée générale de ladite compagnie devait se dérouler un mois après la souscription de plus de 500 actions sur 1000.

    « Statuts provinciaux du Bas-Canada », op.cit. p. 667.

     

    [11] Cette maladie provenant de l’Inde a envahi l’Europe en 1831 en raison de l’augmentation du trafic maritime pour ensuite atterrir en Amérique du Nord durant l’année 1832. Également appelé la “peste bleue” en raison de la peau bleue de ses victimes, le vibrion cholérique fait son apparition dans la colonie le 28 mai et 3 juin 1832 à Grosse-Île à bord des bateaux Elisabeth et Garrick en provenance de Dublin. Le Voyageur se chargera d’introduire le virus à Montréal le 8 juin.

    Denis Goulet, Brève histoire des épidémies au Québec : du choléra à la COVID-19 (Québec, Québec : Septentrion, 2020). p.26

    [12]Ibid. p. 26

    [13] Gilles Paquet et Jean-Pierre Wallot, Un Québec moderne, 1760-1840 : essai d’histoire économique et sociale, Cahiers du Québec; CQ149 (Montréal : Hurtubise HMH, 2007). p.110.

    [14] Bordeleau, Stéphane. « Le contexte économique difficile bouscule la mise en service du REM ». Radio-Canada. Radio-Canada.ca, 21 octobre 2022. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1926593/rem-report-cdpq-infra-conference-presse.

    [15] « Montréal Night-Mayor on his Ghastly Rounds », Canadian Illustrated News, Vol. 11. No. 23, 5 juin 1875, Archives de la BAnQ. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3133244

     

     

    Le Réseau express métropolitain (REM), qui a eu un an le 31 juillet 2024, a connu une première année difficile, c’est le moins qu’on puisse dire. Pannes, interruptions prolongées, bruits, communication aux usagers défaillante et la question de la rentabilité sont quelques-uns des enjeux qui ont marqué l’actualité en cette première année de rodage. Il est certain que nous n’avons pas fini d’en entendre parler avec la récente annonce de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ Infra) qui reporte la mise en fonction de la deuxième phase du projet. Toutefois, ce n’est pas d’hier que l’enjeu du transport engendre des tensions palpables dans la région de Montréal et de la Rive-Sud. Dans cet article, nous vous proposons de faire un retour en arrière en nous penchant sur la construction du premier chemin de fer canadien entre La Prairie et Dorchester (Saint-Jean-sur-Richelieu). Tout comme notre cher REM, l’histoire de la création et de l’existence du chemin de fer par la Champlain and St. Lawrence Railroad fut parsemée d’embûches, de débats et de frustrations. Pourquoi un chemin de fer ? Avant d’aborder les difficultés du projet, il convient de remettre en contexte sa mise en service. En effet, la première moitié du 19e siècle est marquée par d’importants enjeux économiques impliquant à la fois le Bas et le Haut-Canada, les États-Unis, ainsi que la Grande-Bretagne À cette époque, la Grande-Bretagne appliquait des tarifs préférentiels aux importations provenant de ses colonies. Ainsi, le bois canadien pouvait bénéficier d’un avantage considérable par rapport à ses compétiteurs comme les pays scandinaves. Cependant, l’attitude protectionniste de la métropole anglaise évolue au cours des années 1820 pour favoriser la voie du libéralisme économique.[1] Sans surprise, cela bouleverse profondément les fondements de l’économie du Bas-Canada et en particulier dans le secteur de l’exportation du bois. En effet, les valeurs d’exportations de cette matière première passent de 120 000 livres sterling en 1763 à 1 220 963 livres sterling en 1810 et elle représente 75% de la masse d’exportation [2]. Autant dire que si le marché du bois venait à s’effondrer, c’est toute l’économie qui l’aurait suivi dans la tombe. Face à cet abandon progressiste de la part de la Grande-Bretagne, la bourgeoisie canadienne décide d’agir et de se préparer à cette nouvelle réalité économique afin de protéger ses intérêts économiques fortement en danger. Cette dynamique économique constituera l’élan initial à la mise en développement d’un nouveau modèle économique. Nul doute, il faut investir dans la construction d’infrastructures de transport ayant pour objectif de créer de nouvelles routes commerciales entre le Bas et le Haut-Canada, ainsi qu’avec nos voisins les États-Unis. La première phase de développement se fera principalement par l’amélioration des voies maritimes. Pensons à la construction du canal Lachine en 1825, le canal Welland en 1829 entre les lacs Ontario et Érié et du côté des Américains, le canal Oswego en 1828 reliant le lac Ontario à la côte est. Sans oublier le très important canal Champlain achevé en 1823, ouvrant la porte à un nouveau réseau économique canado-américain dans la région du lac Champlain et de la rivière Richelieu. Maintenant, il ne restait plus qu’à créer une voix commerciale entre la rivière Richelieu et le Saint-Laurent pour créer une communication directe entre Montréal et New York. C’est ainsi que l’idée du chemin de fer commence à se manifester dans le discours des hommes d’affaires montréalais, mais cette option sera rapidement contestée sur la scène politique.   Plan du tracé entre La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu. L’extension entre Saint-Jean et Rouses Point fut effectuée en 1850 pour améliorer la voie de transport.[3]    Méfiance Dû à sa nouveauté, le chemin de fer suscite énormément de scepticisme. Sera-t-il rentable ? La construction de canaux serait-elle une meilleure option pour améliorer la fluidité du trafic et réduire les frais de transport ? Plusieurs ont également soulevé qu’une telle voie de transport fragiliserait les défenses de la région, offrant à l’ennemi du sud un accès rapide au Saint-Laurent dans le cas où Saint-Jean serait pris[4]. Le souvenir de la guerre de 1812 à 1814 contre les Américains était encore frais dans la mémoire de certains membres de la Chambre d’Assemblée, comme Louis Bourdages qui dépose un amendement contre la construction du chemin de fer en 1831[5].  La pétition initiale des marchands de Montréal - aussi appelés Montrealers - réclamant un chemin de fer sera ainsi refusée par la Chambre. En novembre de la même année, les hommes d’affaires de Montréal contre-attaquèrent en signant une nouvelle pétition pour faire autoriser la construction du chemin à lisses, c’est-à-dire un chemin aux rails en bois comportant une mince bande de fer.   Réplique du chemin à lisses de la Dorchester au musée Exporail à Saint-Constant. (Photo de Stéphane Tremblay, 2016)[6]Il faudra attendre le 25 février 1832 pour que la Chambre d’Assemblée formule une charte d’incorporation. Ce document autorise officiellement la mise en fonction de la compagnie qui construira le chemin à lisses ; la Champlain and St. Lawrence Railroad.[7] Cependant, cet acte impose de nombreuses restrictions à la compagnie et à ses actionnaires. Premièrement, on oblige la réduction des tarifs de transport au fur et à mesure que les recettes du chemin de fer augmenteront. Ainsi, les actionnaires seront autorisés à percevoir 12% de leurs dividendes et le reste devra servir à la réduction des prix de transport[8]. Tout cela en se voyant obligé de respecter une échéance de trois ans pour la construction de la nouvelle voie sous peine de perdre ses droits sur le projet.  Finalement, la Couronne britannique se réserve le droit d’acheter le projet à tout moment. De toute évidence, le projet apparait extrêmement contraignant pour les hommes d’affaires montréalais réticents à l’idée d’investir des sommes considérables dans une marée d’incertitudes économiques.   Un mauvais « timing » La méfiance des Montrealers provient aussi d’une forte décroissance économique. Alors que 1831 fut marquée d’une forte progression dans plusieurs secteurs, les années 1832 et 1833 connaissent de mauvaises récoltes et une diminution des exportations du bois. Pour ce qui est du secteur agraire, les réserves alimentaires sont si basses, que l’on doit exceptionnellement importer des États-Unis et de la métropole pour nourrir la population.[9] Alors, bien que l’on envisageait le meilleur lors de la signature de la charte en 1832, la Champlain and St. Lawrence Railroad tarde toujours à trouver des investisseurs en ces temps difficiles. D’ailleurs, en 1834, un an avant la date limite du projet, la compagnie du Champlain and St. Lawrence Railroad n’est toujours pas légalement constituée.[10] Bref, la compagnie ne disposait pas à la fois de sources de financements suffisantes ni d’un pouvoir décisionnel pour commencer la construction du chemin à lisses. Heureusement, la date limite fut repoussée d’un an par la chambre pour laisser une chance de survie au projet.   Pandémie Voilà un épisode qui nous rappellera de nombreux souvenirs. Tout comme à l’hiver 2020, le Bas-Canada connait une importante épidémie en 1832, causant la mort d’un vaste pourcentage de la population. Cette fois-ci, il s’agissait du choléra arrivé par bateau d’une vague migratoire irlandaise.[11] Le bilan des pertes est très sévère. On parle de près de 10 000 décès pour la province, ce qui représente 4,6 % de la population nationale. Dans la région de Québec et Montréal, ce chiffre s’élève respectivement à 8,2% et 7,4 %[12]. Cette grave pandémie a eu pour incidence une augmentation notable de la frustration populaire et politique face aux autorités coloniales. Tout comme durant la pandémie de la COVID-19, les dynamiques de contestation et la recherche d’un bouc émissaire contribuent à l’instabilité de la province. La situation sanitaire ralentit considérablement l’économie en privant de nombreuses industries de leurs employés en raison des décès. D’autant plus, que cette crise de main-d’œuvre était déjà enclenchée pendant la décennie des années 1820 qui connait une première phase d’exode canadienne en partance pour les États-Unis. En raison de l’ouverture des territoires de l’ouest du continent, de plus en plus de colons américains se lancèrent à la conquête de nouvelles terres. Leurs départs vers l’ouest a pour effet de créer une importante offre d’emplois dans les industries de la Nouvelle-Angleterre[13]. Résultat : les Canadiens-français choisissent de partir en grand nombre chez leurs voisins du sud pour tenter d’améliorer leurs conditions économiques et le Bas-Canada perd de ses travailleurs. Il est difficile de ne pas remarquer les parallèles entre les conditions sanitaires et économiques de l’époque et celles qui ont marqué la construction du Réseau express métropolitain. La COVID-19, couplée d’une guerre dévastatrice en Ukraine, a mis énormément de pression sur la CDPQ Infra. Des chaines d’approvisionnement enrayées, un manque de personnel criant et une inflation étouffante ont contribué à l’augmentation des coûts de construction tout en repoussant la mise en service du projet.[14] Suite au prochain numéro   Représentation des pandémies à Montréal. « Montréal Night-Mayor on his Ghastly Rounds ».[15]  ______________________________ [1] Fernand Ouellet, Histoire économique et sociale du Québec, 1760-1850 : structures et conjoncture, Histoire économique et sociale du Canada français (Montréal : Fides, 1966). P. 392-393.  https://archive.org/details/histoireeconomiq0000ouel/page/354/mode/2up. [2] Gilles Paquet et Jean-Pierre Wallot. « Le Bas-Canada au début du XIXe siècle : une hypothèse », Revue d’histoire de l’Amérique française 25, no 1 (1971) : 39. p. 44-46  https://doi.org/10.7202/303040ar. [3] Via Rail Canada, Rails Across Canada : 150 Years of Passenger Train History, Via Rail Canada Inc. (Montréal (Québec), 1986). p. 21 [4] François Cinq-Mars, L’avènement du premier chemin de fer au Canada: St-Jean-Laprairie 1836 (Saint-Jean-sur-Richelieu : Éditions Mille Roches, 1986). p. 79. [5] Ibid p. 82. [6] Stéphane Tremblay. « Le premier chemin de fer au Canada », Histoire Québec 22, no 1 (2016), p. 17. [7]« Statuts provinciaux du Bas-Canada ». Publications gouvernementales, 1832. Bibliothèque et Archives du Canada. p.641 à 688. [8] Ibid p. 679. [9]Cette crise agricole est due à une importante infestation de mouche de Hesse qui attaque les épis de blé dans le sud de la vallée laurentienne. Gilles Laporte, Brève histoire des Patriotes (Québec) : Septentrion, 2015). p. 50 [10] La première assemblée générale de ladite compagnie devait se dérouler un mois après la souscription de plus de 500 actions sur 1000. « Statuts provinciaux du Bas-Canada », op.cit. p. 667.   [11] Cette maladie provenant de l’Inde a envahi l’Europe en 1831 en raison de l’augmentation du trafic maritime pour ensuite atterrir en Amérique du Nord durant l’année 1832. Également appelé la “peste bleue” en raison de la peau bleue de ses victimes, le vibrion cholérique fait son apparition dans la colonie le 28 mai et 3 juin 1832 à Grosse-Île à bord des bateaux Elisabeth et Garrick en provenance de Dublin. Le Voyageur se chargera d’introduire le virus à Montréal le 8 juin. Denis Goulet, Brève histoire des épidémies au Québec : du choléra à la COVID-19 (Québec, Québec : Septentrion, 2020). p.26 [12]Ibid. p. 26 [13] Gilles Paquet et Jean-Pierre Wallot, Un Québec moderne, 1760-1840 : essai d’histoire économique et sociale, Cahiers du Québec; CQ149 (Montréal : Hurtubise HMH, 2007). p.110. [14] Bordeleau, Stéphane. « Le contexte économique difficile bouscule la mise en service du REM ». Radio-Canada. Radio-Canada.ca, 21 octobre 2022. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1926593/rem-report-cdpq-infra-conference-presse. [15] « Montréal Night-Mayor on his Ghastly Rounds », Canadian Illustrated News, Vol. 11. No. 23, 5 juin 1875, Archives de la BAnQ. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3133244    ...

    Mot du président

    13e édition de la Semaine nationale de la généalogie

    Afin de satisfaire nos membres et les chercheurs, la SHLM a mis à leur disposition de nombreux répertoires généalogiques ainsi que des abonnements à des sites de généalogie, tels qu’Ancestry et Mes Aïeux.

    À tous les ans en novembre, la Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG) organise la Semaine nationale de la généalogie.

    Du 23 au 30 novembre, les sociétés membres mettront sur pied diverses activités reliées à la pratique de la généalogie.

    Cette année, la FQSG vous invite à plonger dans l’univers des métiers et professions de vos ancêtres et à découvrir et mieux comprendre leur parcours de vie.

    Bonne Semaine nationale de la généalogie !

    Stéphane Tremblay, GFA

    Président

    13e édition de la Semaine nationale de la généalogie Afin de satisfaire nos membres et les chercheurs, la SHLM a mis à leur disposition de nombreux répertoires généalogiques ainsi que des abonnements à des sites de généalogie, tels qu’Ancestry et Mes Aïeux. À tous les ans en novembre, la Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG) organise la Semaine nationale de la généalogie. Du 23 au 30 novembre, les sociétés membres mettront sur pied diverses activités reliées à la pratique de la généalogie. Cette année, la FQSG vous invite à plonger dans l’univers des métiers et professions de vos ancêtres et à découvrir et mieux comprendre leur parcours de vie. Bonne Semaine nationale de la généalogie ! Stéphane Tremblay, GFA Président...

    Conférence

    Les Gardenotes
    Un regroupement citoyen pour la transcription automatisée des actes notariés.

    Le but de cette conférence est de présenter le groupe des Gardenotes, partenaire du projet Nouvelle-France numérique, et le logiciel d’intelligence artificielle Transkribus qui permet aux membres du groupe de créer des modèles qui seront ensuite passés sur des milliers de pages d’actes notariés pour les transcrire automatiquement.

    André Morel

     

    Messieurs André Morel et Pierre Dubois sont paléographes bénévoles au sein du regroupement « Gardenotes ».

    Les Gardenotes contribuent de façon extraordinaire et bénévole à la transcription de milliers de manuscrits du temps de la Nouvelle-France. Grâce à leurs compétences, ces documents historiques sont rigoureusement transcrits pour fins de diffusion libre au grand public.

    Pierre Dubois

    Les Gardenotes soutiennent ainsi l’objectif du projet Nouvelle-France numérique (NFN) qui consiste à partager les manuscrits et leurs transcriptions en les rendant accessibles au plus grand nombre. Cette transmission se fait en partenariat avec BAnQ.

     

     

     

     

     

    Mardi 8 octobre 2024 à 19h

    Théâtre du Vieux-La Prairie

    247, rue Sainte-Marie à La Prairie

    Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $

    Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393

     

     

     

     

    Les Gardenotes Un regroupement citoyen pour la transcription automatisée des actes notariés. Le but de cette conférence est de présenter le groupe des Gardenotes, partenaire du projet Nouvelle-France numérique, et le logiciel d’intelligence artificielle Transkribus qui permet aux membres du groupe de créer des modèles qui seront ensuite passés sur des milliers de pages d’actes notariés pour les transcrire automatiquement. André Morel   Messieurs André Morel et Pierre Dubois sont paléographes bénévoles au sein du regroupement « Gardenotes ». Les Gardenotes contribuent de façon extraordinaire et bénévole à la transcription de milliers de manuscrits du temps de la Nouvelle-France. Grâce à leurs compétences, ces documents historiques sont rigoureusement transcrits pour fins de diffusion libre au grand public. Pierre Dubois Les Gardenotes soutiennent ainsi l’objectif du projet Nouvelle-France numérique (NFN) qui consiste à partager les manuscrits et leurs transcriptions en les rendant accessibles au plus grand nombre. Cette transmission se fait en partenariat avec BAnQ.           Mardi 8 octobre 2024 à 19h Théâtre du Vieux-La Prairie 247, rue Sainte-Marie à La Prairie Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $ Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393        ...

    Vente de livres d’occasion

    Les 27, 28 et 29 septembre dernier avait lieu la vente annuelle de livres d’occasion organisée par la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine.

    Vendredi matin, la file d’attente s’étire…

    Encore cette année, ce fut un grand succès. Même si l’achalandage a légèrement diminué par rapport à l’an dernier, nos ventes ont quand même battu le record de 2023. Au total, 11 181$ ont été amassés. Ce montant comprend les ventes de livres d’occasion, les livres neufs, les casse-tête et les dons.

    La table des casse-tête, toujours aussi achalandée. Cette année, pas moins de 450 casse-tête de toute catégorie ont été mis en vente. Ils ont presque tous trouvé preneur.

     

    Merci à tous les bénévoles pour ce grand succès!

    Une partie de l’équipe 2024 de la vente de livres d’occasion Debout: D. Surprenant, Y. Girard, N. Crépeau, H. Langlois, J-P. Labelle et V. Brault. Absente de la photo: N. Surprenant, P. Tardif. À l’avant: C. André et M. Côté (responsable du comité). Merci à M. Alain Therrien, député de La Prairie, pour son support.

     

     

     

    Les 27, 28 et 29 septembre dernier avait lieu la vente annuelle de livres d’occasion organisée par la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine. Vendredi matin, la file d’attente s’étire... Encore cette année, ce fut un grand succès. Même si l’achalandage a légèrement diminué par rapport à l’an dernier, nos ventes ont quand même battu le record de 2023. Au total, 11 181$ ont été amassés. Ce montant comprend les ventes de livres d’occasion, les livres neufs, les casse-tête et les dons. La table des casse-tête, toujours aussi achalandée. Cette année, pas moins de 450 casse-tête de toute catégorie ont été mis en vente. Ils ont presque tous trouvé preneur.   Merci à tous les bénévoles pour ce grand succès! Une partie de l’équipe 2024 de la vente de livres d’occasion Debout: D. Surprenant, Y. Girard, N. Crépeau, H. Langlois, J-P. Labelle et V. Brault. Absente de la photo: N. Surprenant, P. Tardif. À l’avant: C. André et M. Côté (responsable du comité). Merci à M. Alain Therrien, député de La Prairie, pour son support.      ...

    L’héritage perdu

    Les années passent et souvent les souvenirs deviennent de moins en moins précis jusqu’à quelquefois, et avec un peu d’imagination, prendre une tournure de quelque chose qui ressemble plus à un mythe ou une légende. James Baldwin, célèbre auteur américain du 20e siècle avait écrit ‘’Sachez d’où vous venez. Si vous savez d’où vous venez, il n’y a aucune limite à l’endroit où vous pouvez aller’’.

    Récemment, et ce, de manière inattendue, j’ai pris connaissance d’une information d’apparence anodine, mais qui me ramène à un événement de ma jeunesse oublié depuis longtemps. Cette information a ravivé des images claires de cet événement et m’a rappelé que ce n’est pas impossible de sortir d’une situation embarrassante, voire dangereuse, et d’en sortir avec le sourire. En voici la petite histoire.

    La Prairie et la SHLM

    Ayant toujours été fascinés par l’histoire et à la suggestion de Céline, mon épouse, nous prenons la décision de nous joindre comme membres et bénévoles pour la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine comme projet de semi-retraités. Coïncidence, La Prairie est l’endroit de prédilection pour rencontrer un Lamarre, la tribu dont je fais partie grâce à ma mère Béatrice.

    Nous avions déjà en main, au moment de notre première visite au local de la SHLM, une bonne connaissance de nos ascendances respectives (la mienne, celle des Lemay / Lamarre * et pour celle de Céline, les Chauvette / Raymond). Dans mon cas et malgré ceci, j’étais désireux de voir si les archives de la Société pouvaient m’en apprendre plus sur la vie de mon grand-père, Émile Lamarre.

    J’ai connu Émile Lamarre, qui a vécu avec nous durant quelques années au domicile de mes parents durant mon enfance, avec mon frère Daniel, ma sœur Louise et mon frère Jean. Autre que quelques faits divers de la vie d’Émile, je n’en savais pas beaucoup sur lui et ma curiosité l’emporte. Je décide d’en savoir plus en l’utilisant comme sujet de recherche dans le contexte de mon apprentissage comme bénévole / assistant recherchiste.

    Émile et Victor

    En débutant mes recherches, celles-ci m’amènent avant tout chez Victor Lamarre, mon arrière-grand-père. Je le connaissais de nom seulement et autre qu’il était mon arrière-grand-père et de la place qu’il occupe sur notre arbre généalogique, ce que j’apprends sur lui est «du neuf».

    Grâce à un texte sur des personnages de La Prairie publié par Gaétan Bourdages sur Roger Lupien, le barbier de La Prairie, j’apprends que Victor Lamarre était barbier et photographe. Le texte se lit comme suit :

    «Peu avant l’ouverture de ce premier salon (celui de Roger Lupien), l’ancien barbier et photographe Victor Lamarre lui avait proposé de lui vendre son vieux matériel, dont une magnifique chaise de bois. M. Lupien déclina l’offre , préférant démarrer son entreprise avec du matériel neuf ».

    À ce moment, l’image m’est venue comme un éclair : la lanière de cuir servant à aiguiser la lame de rasoir de Victor, normalement affixée à la chaise du barbier, a sûrement passé aux mains d’Émile qui en retour, a ramené cette calamité chez mes parents. Voici donc l’élément de terreur que mes parents appelaient « la strappe ».

     

    Deux frères avec une mission

    La discipline pour les garçons de mon époque variait de forme et d’intensité. Chez nous, c’était selon la détermination et le degré de tolérance que nos parents avaient, lorsqu’ils devaient décider de l’intensité du châtiment à nous infliger, suite aux écarts de conduite de mon frère Daniel et moi. Chez les vieux de la génération d’Émile, gare à vous… Mes parents par contre faisaient preuve de plus de tolérance. Ceci faisait l’objet d’échanges intéressants entre Émile et mes parents.

    Victor Lamarre dans son salon de barbier.

     

    Un jour, Daniel et moi nous sommes mis dans une situation à risque et avons dû faire face à la musique : c’est ici que notre première expérience regrettable avec « la strappe » a eu lieu. Suite à ceci, nous avons formulé un plan pour une élimination radicale de cette formule disciplinaire questionnable.

    Profitant d’une belle journée de printemps où tout le monde se prélassait à l’extérieur dans le beau jardin créé par Émile, nous nous sommes saisis de cette horreur et à l’aide d’une lame de rasoir, l’avons transformée en un amas de petits carreaux prêts pour la poubelle. J’entends encore Émile lorsqu’il en fit la découverte : «Ah ben bocorne», (son patois favori). Pour Béatrice et Jean-Maurice, ce fut différent : « les pt’its maudits… », en se retenant pour ne pas pouffer de rire.

    Conclusion

    Et bien voilà. La discipline à partir de ce moment a pris une tournure plus civilisée si on peut dire et depuis lors, Daniel et moi avons pu avancer dans la vie avec nos derrières intacts. Baldwin avait raison, en ayant réglé ce petit problème à l’origine, ceci m’a permis de perfectionner une approche de développeur de solutions, croyez-le ou non, un atout qui m’a bien servi pour la carrière que j’ai choisie par la suite. Quant à l’héritage physique de Victor, tout ce qui restait de lui est perdu. Il me reste encore, par contre, le plaisir d’en découvrir plus sur lui et sur Émile, en explorant les archives de la SHLM, ce merveilleux témoin du passé de La Prairie.

    Les années passent et souvent les souvenirs deviennent de moins en moins précis jusqu’à quelquefois, et avec un peu d’imagination, prendre une tournure de quelque chose qui ressemble plus à un mythe ou une légende. James Baldwin, célèbre auteur américain du 20e siècle avait écrit ‘’Sachez d’où vous venez. Si vous savez d’où vous venez, il n’y a aucune limite à l’endroit où vous pouvez aller’’. Récemment, et ce, de manière inattendue, j’ai pris connaissance d’une information d’apparence anodine, mais qui me ramène à un événement de ma jeunesse oublié depuis longtemps. Cette information a ravivé des images claires de cet événement et m’a rappelé que ce n’est pas impossible de sortir d’une situation embarrassante, voire dangereuse, et d’en sortir avec le sourire. En voici la petite histoire. La Prairie et la SHLM Ayant toujours été fascinés par l’histoire et à la suggestion de Céline, mon épouse, nous prenons la décision de nous joindre comme membres et bénévoles pour la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine comme projet de semi-retraités. Coïncidence, La Prairie est l’endroit de prédilection pour rencontrer un Lamarre, la tribu dont je fais partie grâce à ma mère Béatrice. Nous avions déjà en main, au moment de notre première visite au local de la SHLM, une bonne connaissance de nos ascendances respectives (la mienne, celle des Lemay / Lamarre * et pour celle de Céline, les Chauvette / Raymond). Dans mon cas et malgré ceci, j’étais désireux de voir si les archives de la Société pouvaient m’en apprendre plus sur la vie de mon grand-père, Émile Lamarre. J’ai connu Émile Lamarre, qui a vécu avec nous durant quelques années au domicile de mes parents durant mon enfance, avec mon frère Daniel, ma sœur Louise et mon frère Jean. Autre que quelques faits divers de la vie d’Émile, je n’en savais pas beaucoup sur lui et ma curiosité l’emporte. Je décide d’en savoir plus en l’utilisant comme sujet de recherche dans le contexte de mon apprentissage comme bénévole / assistant recherchiste. Émile et Victor En débutant mes recherches, celles-ci m’amènent avant tout chez Victor Lamarre, mon arrière-grand-père. Je le connaissais de nom seulement et autre qu’il était mon arrière-grand-père et de la place qu’il occupe sur notre arbre généalogique, ce que j’apprends sur lui est «du neuf». Grâce à un texte sur des personnages de La Prairie publié par Gaétan Bourdages sur Roger Lupien, le barbier de La Prairie, j’apprends que Victor Lamarre était barbier et photographe. Le texte se lit comme suit : «Peu avant l’ouverture de ce premier salon (celui de Roger Lupien), l’ancien barbier et photographe Victor Lamarre lui avait proposé de lui vendre son vieux matériel, dont une magnifique chaise de bois. M. Lupien déclina l’offre , préférant démarrer son entreprise avec du matériel neuf ». À ce moment, l’image m’est venue comme un éclair : la lanière de cuir servant à aiguiser la lame de rasoir de Victor, normalement affixée à la chaise du barbier, a sûrement passé aux mains d’Émile qui en retour, a ramené cette calamité chez mes parents. Voici donc l’élément de terreur que mes parents appelaient « la strappe ».   Deux frères avec une mission La discipline pour les garçons de mon époque variait de forme et d’intensité. Chez nous, c’était selon la détermination et le degré de tolérance que nos parents avaient, lorsqu’ils devaient décider de l’intensité du châtiment à nous infliger, suite aux écarts de conduite de mon frère Daniel et moi. Chez les vieux de la génération d’Émile, gare à vous… Mes parents par contre faisaient preuve de plus de tolérance. Ceci faisait l’objet d’échanges intéressants entre Émile et mes parents. Victor Lamarre dans son salon de barbier.   Un jour, Daniel et moi nous sommes mis dans une situation à risque et avons dû faire face à la musique : c’est ici que notre première expérience regrettable avec « la strappe » a eu lieu. Suite à ceci, nous avons formulé un plan pour une élimination radicale de cette formule disciplinaire questionnable. Profitant d’une belle journée de printemps où tout le monde se prélassait à l’extérieur dans le beau jardin créé par Émile, nous nous sommes saisis de cette horreur et à l’aide d’une lame de rasoir, l’avons transformée en un amas de petits carreaux prêts pour la poubelle. J’entends encore Émile lorsqu’il en fit la découverte : «Ah ben bocorne», (son patois favori). Pour Béatrice et Jean-Maurice, ce fut différent : « les pt’its maudits… », en se retenant pour ne pas pouffer de rire. Conclusion Et bien voilà. La discipline à partir de ce moment a pris une tournure plus civilisée si on peut dire et depuis lors, Daniel et moi avons pu avancer dans la vie avec nos derrières intacts. Baldwin avait raison, en ayant réglé ce petit problème à l’origine, ceci m’a permis de perfectionner une approche de développeur de solutions, croyez-le ou non, un atout qui m’a bien servi pour la carrière que j’ai choisie par la suite. Quant à l’héritage physique de Victor, tout ce qui restait de lui est perdu. Il me reste encore, par contre, le plaisir d’en découvrir plus sur lui et sur Émile, en explorant les archives de la SHLM, ce merveilleux témoin du passé de La Prairie....

    Mot du président

    L’automne à la SHLM

    L’automne est arrivé et nous vous invitons à noter dans vos agendas les principales activités à venir :

    • Nos locaux sont ouverts (recherches, généalogie…) les mardis, jeudis et vendredis de 10h à 17h (fermés entre midi et 13h).
    • Nos conférences mensuelles sont de retour tous les 3emardis du mois (à l’exception du mois d’octobre) à 19 h à l’étage du 247, rue Sainte-Marie. Des informations supplémentaires sont disponibles sur shlm.info/conférences
    • Les membres du club de généalogie ont repris leurs activités les lundis de 19 h et 21 h. Dans le cadre de « La Semaine nationale de la généalogie », ils tiendront une soirée « portes ouvertes » le 25 novembre prochain.
    • Pour la fête de l’Halloween, nos guides étudiants ont créé une visite effrayante du Vieux-La Prairie les 18 et 19 octobre prochains. (Tous les billets sont déjà vendus).

    Un bel automne à tous.

    Stéphane Tremblay, président

    L’automne à la SHLM L’automne est arrivé et nous vous invitons à noter dans vos agendas les principales activités à venir : Nos locaux sont ouverts (recherches, généalogie...) les mardis, jeudis et vendredis de 10h à 17h (fermés entre midi et 13h). Nos conférences mensuelles sont de retour tous les 3emardis du mois (à l’exception du mois d’octobre) à 19 h à l’étage du 247, rue Sainte-Marie. Des informations supplémentaires sont disponibles sur shlm.info/conférences Les membres du club de généalogie ont repris leurs activités les lundis de 19 h et 21 h. Dans le cadre de « La Semaine nationale de la généalogie », ils tiendront une soirée « portes ouvertes » le 25 novembre prochain. Pour la fête de l’Halloween, nos guides étudiants ont créé une visite effrayante du Vieux-La Prairie les 18 et 19 octobre prochains. (Tous les billets sont déjà vendus). Un bel automne à tous. Stéphane Tremblay, président...

    Conférence

    Le riche passé militaire de La Prairie

    Située à un carrefour stratégique, La Prairie a vécu depuis la fin du 17e siècle de nombreux aspects de la présence militaire.

    Depuis les escarmouches et la construction de la palissade de bois de la décennie 1680, en passant par l’attaque du 11 août 1691, La Prairie a connu peu de répit. Relais important durant la guerre de la Conquête, le village sera plus tard successivement occupé par les troupes américaines et les mercenaires allemands. Baraquements, camps militaires et création du 85e Bataillon suivront au 19e siècle. Ce riche passé mérite d’être souligné de façon tangible.

    Passionné d’histoire, Gaétan Bourdages, est membre de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine depuis plus de 40 ans. Il en a assuré la présidence à deux reprises en plus d’avoir siégé au conseil d’administration.

    Il est l’auteur de nombreux articles et de quatre livres sur l’histoire de La Prairie.
    Il a étroitement collaboré à de nombreux événements liés à l’histoire: expositions, généalogie, animations, publications pédagogiques, archives, théâtre de rue, balado découvertes, fouilles archéologiques, visites guidées et conférences.

    Mardi 17 septembre 2024 à 19h

    Théâtre du Vieux-La Prairie
    247, rue Sainte-Marie à La Prairie
    Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $
    Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393

    Le riche passé militaire de La Prairie Située à un carrefour stratégique, La Prairie a vécu depuis la fin du 17e siècle de nombreux aspects de la présence militaire. Depuis les escarmouches et la construction de la palissade de bois de la décennie 1680, en passant par l’attaque du 11 août 1691, La Prairie a connu peu de répit. Relais important durant la guerre de la Conquête, le village sera plus tard successivement occupé par les troupes américaines et les mercenaires allemands. Baraquements, camps militaires et création du 85e Bataillon suivront au 19e siècle. Ce riche passé mérite d’être souligné de façon tangible. Passionné d’histoire, Gaétan Bourdages, est membre de la Société d'histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine depuis plus de 40 ans. Il en a assuré la présidence à deux reprises en plus d'avoir siégé au conseil d'administration. Il est l'auteur de nombreux articles et de quatre livres sur l'histoire de La Prairie. Il a étroitement collaboré à de nombreux événements liés à l'histoire: expositions, généalogie, animations, publications pédagogiques, archives, théâtre de rue, balado découvertes, fouilles archéologiques, visites guidées et conférences. Mardi 17 septembre 2024 à 19h Théâtre du Vieux-La Prairie 247, rue Sainte-Marie à La Prairie Membres SHLM : GRATUIT. Non-membres : 8 $ Pour information : www.shlm.info, 450-659-1393...