Sélection d'une édition

    Mot du président

    Chers membres,

    Pendant tout l’été qui s’achève, les locaux de la Société et les sites du Vieux La Prairie ont été fréquentés par de très nombreux visiteurs, bien accueillis par des guides affables et dynamiques.

    Nous amorçons maintenant une nouvelle année qui s’annonce déjà pleine de promesses : des conférenciers, tous plus captivants les uns que les autres se sont déjà inscrits, les activités permanentes comme la bibliothèque, la cartographie, la photographie et la généalogie continuent sur leur lancée et l’archiviste poursuit son travail de réorganisation du système de classification et l’élaboration d’un calendrier de conservation.

    Il me faut aussi mentionner l’exposition actuellement en place, Splendeur de la table, qui demeure accessible aux visiteurs jusqu’au 1er octobre.

    Enfin vous remarquerez que votre revue Au jour le jour a été prise en charge par monsieur Jacques Brunette, à qui nous promettons d’apporter toute notre collaboration.

    Encore une fois, je vous invite à venir nous voir et à profiter des services que vous offre votre Société d’histoire.

    René Jolicoeur, président

    Chers membres, Pendant tout l’été qui s’achève, les locaux de la Société et les sites du Vieux La Prairie ont été fréquentés par de très nombreux visiteurs, bien accueillis par des guides affables et dynamiques. Nous amorçons maintenant une nouvelle année qui s’annonce déjà pleine de promesses : des conférenciers, tous plus captivants les uns que les autres se sont déjà inscrits, les activités permanentes comme la bibliothèque, la cartographie, la photographie et la généalogie continuent sur leur lancée et l’archiviste poursuit son travail de réorganisation du système de classification et l’élaboration d’un calendrier de conservation. Il me faut aussi mentionner l’exposition actuellement en place, Splendeur de la table, qui demeure accessible aux visiteurs jusqu’au 1er octobre. Enfin vous remarquerez que votre revue Au jour le jour a été prise en charge par monsieur Jacques Brunette, à qui nous promettons d’apporter toute notre collaboration. Encore une fois, je vous invite à venir nous voir et à profiter des services que vous offre votre Société d’histoire. René Jolicoeur, président...

    Petite histoire des Bencette de La Prairie

    L’une de mes arrières arrière-grand-mères s’appelait Scholastique Bencette. Baptisée à LaPrairie, elle était la fille de Pierre Bencette et de Catherine Brossard. Le lundi 18 février 1833, Scholastique Bencette épouse à LaPrairie François Lériger de Laplante; les deux demeurent alors à la « Côte Sainte-Catherine ». Après quelques années passées à Mercier, ils vont s’établir dans le Rang du six à Saint-Louis-de-Gonzague. C’est sur une terre de 200 arpents, l’endroit où je suis né. Leur fille, qui se nomme aussi Scholastique, épousera Jean-Baptiste Myre, mon arrière-grand-père.

    La présente chronique a pour but de présenter les origines des Bencette et de raconter, pour fins de la petite histoire de LaPrairie, des égarements que certains d’entre eux ont vécus il y a deux siècles.

    L’ancêtre, Jean-Baptiste Bencette dit Jolibois, naît en 1740, fils de Jean-Baptiste Bencette et de Marie-Marguerite Fortier. Il est originaire de la paroisse Saint-Pierre de l’évêché de Koblenz (Coblence). Cette ville faisait partie de la principauté libre de Nassau en Allemagne. On ne sait pas la date, ni les circonstances de sa venue au Canada. Il se peut qu’il ait été recruté avec d’autres français de l’endroit, pour venir défendre la colonie, peu avant la conquête de 1760.

    Jean-Baptiste Bencette s’installe à LaPrairie. Le 3 octobre 1767, il contracte mariage avec Marie-Louise Bourdeau, qui n’a que 15 ans. Deux jours plus tard, le mariage est célébré à l’église de LaPrairie de La Magdeleine. Les nouveaux mariés avaient eu l’occasion de fréquenter l’école, car ils ont une belle signature. Le mari signe Jean Baptiste Peincette, et l’épouse, Marie Louise Bourdaux.

    Ils auront six enfants dont au moins trois laisseront une descendance : Jean-Baptiste, Pierre et Marie-Louise. Ce Pierre Bencette est le père de Scholastique qui s’établira à Saint-Louis-de-Gonzague avec son mari François Lériger de Laplante. Marie -Louise épousera Gabriel Gagnier à LaPrairie le 14 octobre 1799. Quant à Jean-Baptiste fils, avec lui commence une petite histoire qui animera un peu LaPrairie.

    Le tout débute par un certain Julien Thierry de Montréal, qui a une aventure avec une sauvagesse, dont le nom demeurera inconnu. De lui, cette amérindienne donne naissance à une fille, que l’on baptise Marie-Anne. D’après un acte de baptême du 3 septembre 1776 à

    Montréal, elle aurait été baptisée à l’âge d’environ deux ans et demi, et sous condition, étant gravement malade.

    Sans savoir les circonstances, on retrouve Marie-Anne à LaPrairie. Elle pourrait avoir été prise en charge par les sœurs de la Congrégation Notre-Dame, déjà installées à cet endroit. Marie-Anne est une petite fille très douée, car elle apprend à lire et à écrire, ce qui n’est pas très courant à l’époque.

    Jean-Baptiste Bencette fils est voyageur de métier. Lors d’un séjour à LaPrairie, il fait la connaissance de Marie-Louise Thierry, qui devient enceinte de lui. Puis, sans contrat au préalable, le mariage a lieu à LaPrairie le 16 février 1695. Le curé ne peut éviter de rappeler par écrit les origines de la mariée du jour :

    « L’an mil Sept cent quatre-vingt-quinze le Seize février Nous Pretre Soussigné après la publication de bans de mariage aux prones de cette paroisse par trois dimanches consécurifs entre Jean Baptiste Bencette dit Jolibois fils de Jean Baptiste Bencet dit Jolibois et de Marie Louise Bourdeau ses pere et mere de cette paroisse d’une part, et Marie-Anne Thierry fille naturelle de Julien Thierry de Montréal et d’une sauvagesse anonyme de cette paroisse d’autre part, ne s’étant trouvé aucun empêchement leur avons donné la bénédiction nuptiale après avoir reçu leur mutuel consentement presence de jean Baptiste Bincet pere, Louis Roussin, Alexis Portelance, Henry André, Pierre Guerin, Jacques Hubert Lacroix, François Dupuy, Pierre Cardinal & plusieurs autres ».

    Au bas de l’acte de mariage, Marie-Anne Thierry est fière d’apposer son élégante signature avec celle de son mari. On remarque que le mariage est célébré en la présence de nombreux invités. Le premier enfant est baptisé Joseph le 2 septembre de la même année. Elle aura en tout huit enfants. Mais, ce Joseph Bencette, l’aîné, fera scandale à LaPrairie.

    Comme son père, Joseph Bencette devient voyageur, probablement aux Grands Lacs. De retour à LaPrairie, il courtise Florence Payant, une fille de 19 ans de la paroisse, qui devient enceinte. Mais, le père refuse de reconnaître sa paternité. L’enfant est baptisé à LaPrairie et l’acte est rédigé selon les règles de l’époque.

    « L’an mil huit cent vingt-neuf le vingt-cinq Mars par Nous prêtre soussigné a été baptisée sous condition Marie Adéline née d’avant-Hier sur cette paroisse de parens inconnus le parrain a été Stephen May et la Marraine Catherine Lériger de Laplante qui ont déclaré ne savoir signer de ce enquis lecture faite. J. B. Boucher ptre ».

    Il est d’usage d’inscrire « de parents inconnus », même si l’on connaissait, évidemment le nom de la mère. La petite Adéline n’est pas assurée de survivre; elle est baptisée sous condition, comme sa mère l’avait été. Quelques mois plus tard, peut-être sous les incitations du curé ou de certains paroissiens, Joseph Bencette se ravise et accepte d’épouser Florence Payant. Ils s’adressent au curé Boucher pour planifier leurs épousailles. Après avoir obtenu la dispense de deux bans, le curé annonce en chaire la promesse de mariage, le dimanche 27 septembre 1829. Comme il est de rigueur, il déclare aux fidèles : « Si vous connaissez des empêchements à ce mariage, prière de nous en faire part ».

    La conduite des futurs mariés provoque une opposition au mariage de la part d’un paroissien. Le curé croit bon de référer le cas à son évêque, surtout qu’il a appris que les deux candidats au mariage demeurent déjà ensemble. Voici la réponse que lui transmet Mgr Jean-Jacques Lartigue, le premier évêque de Montréal et portant le titre d’Évêque de Telmesse : « Montréal, Le 17 octobre 1829, Mr. – après avoir vu l’opposition qui vous a été signifiée, je juge que vous pouvez passer outre, sans y avoir égard, parce qu’elle n’a été faite ni par la fille, ni par les pere, mere, ou tuteur, qui sont les seuls qui auront eu droit de s’opposer si elle était mineure. Vous pourrez procéder au mariage en question dès lundi prochain avec seulement 2 témoins; & que d’ici à ce temps-là on ne connaît aucun soupçon, le mariage aura lieu. Afin d’éviter quelque nouvelle esclandre ou opposition, les conditions étant que les parties se séparent immédiatement, de manière à ne point coucher ni manger dans la même maison; qu’elles se préparent par la confession; que toutes 2 vous prient, en présence de 2 témoins, de demander pour eux au prône pardon du scandale qu’elles ont donné. Vous leur direz devant les deux témoins, la formule suivante que vous direz en conséquence à votre Prône de dimanche prochain, sans faire mention de leur futur mariage "J. Bincet & Florence Payant, de cette paroisse ont donné publiquement scandale par leur mauvaise conduite, m’ont chargé de déclarer ici de leur part que par ordre de Mgr l’Év. De Telmesse et en même temps de leur bonne volonté, ils ont sincère regret et demandent pardon à Ste. Mère l’Église du scandale qu’ils ont occasionné par leur faute; et qu’ils ont résolu d’en faire pénitence". Si les parties se refusaient à ces conditions, vous refuserez de les marier. Je suis un véritablement, J. J. Év. De Telmesse ». (Archives nationales du Québec à Montréal)

    C’est tout un acte de repentir que l’évêque demande à Florence Payant et à Joseph Bencette. Mais, après réflexion, ils décident d’accepter les conditions qu’on leur impose. À la messe du dimanche 1er novembre, le curé Boucher prononce textuellement la formule commandée par son évêque, à qui il a juré obéissance. Puis, dans un registre, il écrit cette note : « L’annonce cidessus a été faite au prône de La Prairie hier 1er jour Nov. Après demande faite à moi par led(it) J. Bincet & Frorence Payant en presence des Srs. J Mousset Frs Couturier. Le 2 novembre 1829. J. B. Boucher Ptre ». (Archives nationales du Québec à Montréal).

    Le lendemain, après la bénédiction du mariage, le curé note au registre une description qui demeurera écrite pour la postérité :

    « L’an mil huit cent vingt neuf le deux Novembre, après une publication de promesse de mariage faite le vingt-sept septembre, année présente, au prône de la Messe paroissiale de cette paroisse et la dispense de publication de deux bans obtenue de Messire Roque vicaire général, entre Joseph Bincet dit Jolibois voyageur, de cette paroisse, fils majeur de defunt Jean Baptiste Bincet dit jolibois et de Marie Anne Thierry, d’une part, et Florence Payant dite Xaintonge, de cette paroisse fille mineure de Basile Payant dit Xaintonge et de Marguerite Rousseau ses pere et mere de cette Paroisse d’autre part, ne s’étant découvert aucun empêchement au dit Mariage, et Monseigneur de Telmesse ayant ordonné de passer outre à une opposition qui avait été faite comme illégale, Nous prêtre soussigné, curé en cette paroisse leur avons, du consentement des parens requis par le droit donné la bénédiction Nuptiale, après avoir reçu leur consentement mutuel par paroles de présents, et les dits Joseph Bincet et Florence Payant ont reconnu pour leur enfant Marie Adéline ici Baptisée le vingt cinq mars année présente comme née d’eux pour auparavant de parens inconnus et nous avons prononcé sur la dite Marie Adéline avec les cérémonies présentes les prières de légitimation du Rituel et ce en présence des Srs Joseph Mousset, François Couturier et Basile Payant pere de l’épouse qui ainsi que les époux ont déclaré ne savoir signer de ce enquis lecture faite. J. B. Boucher ptre ».

    Tout indique que la petite Adéline, âgée de sept mois, est amenée à l’église pour recevoir les prières, qui la font passer d’enfant naturelle à fille légitime. C’est pourquoi, le curé inscrit en marge : « Légitimation de Marie Adéline au 28 (25) mars ». Puis, il reprend l’acte de baptême du 25 mars et note en marge : « Reconnue Bincet au 2 Nov. ».

    Entre 1829 et 1853 – donc pendant 24 ans – Florence Payant donne naissance à 14 enfants, dont seulement trois décèdent en bas âge. À l’époque, la vocation première d’une épouse est d’avoir de nombreux enfants. À cet égard, Florence Payant donna l’exemple et ne méritait point l’humiliation lors de son mariage.

    Ces événements se passent au début du XIXe siècle, lorsque les autorités ecclésiastiques ont encore beaucoup d’influence sur leurs fidèles. Selon nos valeurs d’aujourd’hui, on pourrait juger sévèrement le clergé pour avoir posé de tels actes humiliants. Toutefois, il faut reconnaître que, dans l’ensemble, la population acceptait ces décisions et s’accommodait assez bien de pénitences semblables. Autres temps, autres mœurs! comme on dit. En outre, il faut rappeler que l’enregistrement par le prêtre, des baptêmes, des mariages et des sépultures, constituait avant tout un acte d’ordre civil, dont la procédure était reconnue et acceptée par les pouvoirs de l’État. À cet égard, quelques milliers d’actes de la paroisse de LaPrairie de La Magdeleine furent rédigés par l’abbé Jean-Baptiste Boucher. En effet, il en a été le curé pendant 47 ans, soit de 1792 jusqu’à son décès en 1839.

    Quelque 150 ans plus tard, en 1994, dans le Récré-o-parc de la ville de Sainte-Catherine, on aménage un poste d’observation de la faune et des cascades du majestueux fleuve Saint-Laurent. Le 5 juin, à son inauguration, on dévoile une plaque sur laquelle on lit à la fin de l’écriteau : « Site de l’ancienne demeure de Edouard Bencette un pionnier de Côte Sainte- Catherine ». Il s’agirait d’Edouard Bencette qui a épousé Anna Létourneau le 11 octobre 1904. Malheureusement, après dix ans, le texte sur la plaque est devenu presque illisible. Souhaitons que bientôt on la rafraîchira pour redonner un peu de rayonnement aux Bencette.

    L’une de mes arrières arrière-grand-mères s’appelait Scholastique Bencette. Baptisée à LaPrairie, elle était la fille de Pierre Bencette et de Catherine Brossard. Le lundi 18 février 1833, Scholastique Bencette épouse à LaPrairie François Lériger de Laplante; les deux demeurent alors à la « Côte Sainte-Catherine ». Après quelques années passées à Mercier, ils vont s’établir dans le Rang du six à Saint-Louis-de-Gonzague. C’est sur une terre de 200 arpents, l’endroit où je suis né. Leur fille, qui se nomme aussi Scholastique, épousera Jean-Baptiste Myre, mon arrière-grand-père. La présente chronique a pour but de présenter les origines des Bencette et de raconter, pour fins de la petite histoire de LaPrairie, des égarements que certains d’entre eux ont vécus il y a deux siècles. L’ancêtre, Jean-Baptiste Bencette dit Jolibois, naît en 1740, fils de Jean-Baptiste Bencette et de Marie-Marguerite Fortier. Il est originaire de la paroisse Saint-Pierre de l’évêché de Koblenz (Coblence). Cette ville faisait partie de la principauté libre de Nassau en Allemagne. On ne sait pas la date, ni les circonstances de sa venue au Canada. Il se peut qu’il ait été recruté avec d’autres français de l’endroit, pour venir défendre la colonie, peu avant la conquête de 1760. Jean-Baptiste Bencette s’installe à LaPrairie. Le 3 octobre 1767, il contracte mariage avec Marie-Louise Bourdeau, qui n’a que 15 ans. Deux jours plus tard, le mariage est célébré à l’église de LaPrairie de La Magdeleine. Les nouveaux mariés avaient eu l’occasion de fréquenter l’école, car ils ont une belle signature. Le mari signe Jean Baptiste Peincette, et l’épouse, Marie Louise Bourdaux. Ils auront six enfants dont au moins trois laisseront une descendance : Jean-Baptiste, Pierre et Marie-Louise. Ce Pierre Bencette est le père de Scholastique qui s’établira à Saint-Louis-de-Gonzague avec son mari François Lériger de Laplante. Marie -Louise épousera Gabriel Gagnier à LaPrairie le 14 octobre 1799. Quant à Jean-Baptiste fils, avec lui commence une petite histoire qui animera un peu LaPrairie. Le tout débute par un certain Julien Thierry de Montréal, qui a une aventure avec une sauvagesse, dont le nom demeurera inconnu. De lui, cette amérindienne donne naissance à une fille, que l’on baptise Marie-Anne. D’après un acte de baptême du 3 septembre 1776 à Montréal, elle aurait été baptisée à l’âge d’environ deux ans et demi, et sous condition, étant gravement malade. Sans savoir les circonstances, on retrouve Marie-Anne à LaPrairie. Elle pourrait avoir été prise en charge par les sœurs de la Congrégation Notre-Dame, déjà installées à cet endroit. Marie-Anne est une petite fille très douée, car elle apprend à lire et à écrire, ce qui n’est pas très courant à l’époque. Jean-Baptiste Bencette fils est voyageur de métier. Lors d’un séjour à LaPrairie, il fait la connaissance de Marie-Louise Thierry, qui devient enceinte de lui. Puis, sans contrat au préalable, le mariage a lieu à LaPrairie le 16 février 1695. Le curé ne peut éviter de rappeler par écrit les origines de la mariée du jour : « L’an mil Sept cent quatre-vingt-quinze le Seize février Nous Pretre Soussigné après la publication de bans de mariage aux prones de cette paroisse par trois dimanches consécurifs entre Jean Baptiste Bencette dit Jolibois fils de Jean Baptiste Bencet dit Jolibois et de Marie Louise Bourdeau ses pere et mere de cette paroisse d’une part, et Marie-Anne Thierry fille naturelle de Julien Thierry de Montréal et d’une sauvagesse anonyme de cette paroisse d’autre part, ne s’étant trouvé aucun empêchement leur avons donné la bénédiction nuptiale après avoir reçu leur mutuel consentement presence de jean Baptiste Bincet pere, Louis Roussin, Alexis Portelance, Henry André, Pierre Guerin, Jacques Hubert Lacroix, François Dupuy, Pierre Cardinal & plusieurs autres ». Au bas de l’acte de mariage, Marie-Anne Thierry est fière d’apposer son élégante signature avec celle de son mari. On remarque que le mariage est célébré en la présence de nombreux invités. Le premier enfant est baptisé Joseph le 2 septembre de la même année. Elle aura en tout huit enfants. Mais, ce Joseph Bencette, l’aîné, fera scandale à LaPrairie. Comme son père, Joseph Bencette devient voyageur, probablement aux Grands Lacs. De retour à LaPrairie, il courtise Florence Payant, une fille de 19 ans de la paroisse, qui devient enceinte. Mais, le père refuse de reconnaître sa paternité. L’enfant est baptisé à LaPrairie et l’acte est rédigé selon les règles de l’époque. « L’an mil huit cent vingt-neuf le vingt-cinq Mars par Nous prêtre soussigné a été baptisée sous condition Marie Adéline née d’avant-Hier sur cette paroisse de parens inconnus le parrain a été Stephen May et la Marraine Catherine Lériger de Laplante qui ont déclaré ne savoir signer de ce enquis lecture faite. J. B. Boucher ptre ». Il est d’usage d’inscrire « de parents inconnus », même si l’on connaissait, évidemment le nom de la mère. La petite Adéline n’est pas assurée de survivre; elle est baptisée sous condition, comme sa mère l’avait été. Quelques mois plus tard, peut-être sous les incitations du curé ou de certains paroissiens, Joseph Bencette se ravise et accepte d’épouser Florence Payant. Ils s’adressent au curé Boucher pour planifier leurs épousailles. Après avoir obtenu la dispense de deux bans, le curé annonce en chaire la promesse de mariage, le dimanche 27 septembre 1829. Comme il est de rigueur, il déclare aux fidèles : « Si vous connaissez des empêchements à ce mariage, prière de nous en faire part ». La conduite des futurs mariés provoque une opposition au mariage de la part d’un paroissien. Le curé croit bon de référer le cas à son évêque, surtout qu’il a appris que les deux candidats au mariage demeurent déjà ensemble. Voici la réponse que lui transmet Mgr Jean-Jacques Lartigue, le premier évêque de Montréal et portant le titre d’Évêque de Telmesse : « Montréal, Le 17 octobre 1829, Mr. – après avoir vu l’opposition qui vous a été signifiée, je juge que vous pouvez passer outre, sans y avoir égard, parce qu’elle n’a été faite ni par la fille, ni par les pere, mere, ou tuteur, qui sont les seuls qui auront eu droit de s’opposer si elle était mineure. Vous pourrez procéder au mariage en question dès lundi prochain avec seulement 2 témoins; & que d’ici à ce temps-là on ne connaît aucun soupçon, le mariage aura lieu. Afin d’éviter quelque nouvelle esclandre ou opposition, les conditions étant que les parties se séparent immédiatement, de manière à ne point coucher ni manger dans la même maison; qu’elles se préparent par la confession; que toutes 2 vous prient, en présence de 2 témoins, de demander pour eux au prône pardon du scandale qu’elles ont donné. Vous leur direz devant les deux témoins, la formule suivante que vous direz en conséquence à votre Prône de dimanche prochain, sans faire mention de leur futur mariage "J. Bincet & Florence Payant, de cette paroisse ont donné publiquement scandale par leur mauvaise conduite, m’ont chargé de déclarer ici de leur part que par ordre de Mgr l’Év. De Telmesse et en même temps de leur bonne volonté, ils ont sincère regret et demandent pardon à Ste. Mère l’Église du scandale qu’ils ont occasionné par leur faute; et qu’ils ont résolu d’en faire pénitence". Si les parties se refusaient à ces conditions, vous refuserez de les marier. Je suis un véritablement, J. J. Év. De Telmesse ». (Archives nationales du Québec à Montréal) C’est tout un acte de repentir que l’évêque demande à Florence Payant et à Joseph Bencette. Mais, après réflexion, ils décident d’accepter les conditions qu’on leur impose. À la messe du dimanche 1er novembre, le curé Boucher prononce textuellement la formule commandée par son évêque, à qui il a juré obéissance. Puis, dans un registre, il écrit cette note : « L’annonce cidessus a été faite au prône de La Prairie hier 1er jour Nov. Après demande faite à moi par led(it) J. Bincet & Frorence Payant en presence des Srs. J Mousset Frs Couturier. Le 2 novembre 1829. J. B. Boucher Ptre ». (Archives nationales du Québec à Montréal). Le lendemain, après la bénédiction du mariage, le curé note au registre une description qui demeurera écrite pour la postérité : « L’an mil huit cent vingt neuf le deux Novembre, après une publication de promesse de mariage faite le vingt-sept septembre, année présente, au prône de la Messe paroissiale de cette paroisse et la dispense de publication de deux bans obtenue de Messire Roque vicaire général, entre Joseph Bincet dit Jolibois voyageur, de cette paroisse, fils majeur de defunt Jean Baptiste Bincet dit jolibois et de Marie Anne Thierry, d’une part, et Florence Payant dite Xaintonge, de cette paroisse fille mineure de Basile Payant dit Xaintonge et de Marguerite Rousseau ses pere et mere de cette Paroisse d’autre part, ne s’étant découvert aucun empêchement au dit Mariage, et Monseigneur de Telmesse ayant ordonné de passer outre à une opposition qui avait été faite comme illégale, Nous prêtre soussigné, curé en cette paroisse leur avons, du consentement des parens requis par le droit donné la bénédiction Nuptiale, après avoir reçu leur consentement mutuel par paroles de présents, et les dits Joseph Bincet et Florence Payant ont reconnu pour leur enfant Marie Adéline ici Baptisée le vingt cinq mars année présente comme née d’eux pour auparavant de parens inconnus et nous avons prononcé sur la dite Marie Adéline avec les cérémonies présentes les prières de légitimation du Rituel et ce en présence des Srs Joseph Mousset, François Couturier et Basile Payant pere de l’épouse qui ainsi que les époux ont déclaré ne savoir signer de ce enquis lecture faite. J. B. Boucher ptre ». Tout indique que la petite Adéline, âgée de sept mois, est amenée à l’église pour recevoir les prières, qui la font passer d’enfant naturelle à fille légitime. C’est pourquoi, le curé inscrit en marge : « Légitimation de Marie Adéline au 28 (25) mars ». Puis, il reprend l’acte de baptême du 25 mars et note en marge : « Reconnue Bincet au 2 Nov. ». Entre 1829 et 1853 – donc pendant 24 ans – Florence Payant donne naissance à 14 enfants, dont seulement trois décèdent en bas âge. À l’époque, la vocation première d’une épouse est d’avoir de nombreux enfants. À cet égard, Florence Payant donna l’exemple et ne méritait point l’humiliation lors de son mariage. Ces événements se passent au début du XIXe siècle, lorsque les autorités ecclésiastiques ont encore beaucoup d’influence sur leurs fidèles. Selon nos valeurs d’aujourd’hui, on pourrait juger sévèrement le clergé pour avoir posé de tels actes humiliants. Toutefois, il faut reconnaître que, dans l’ensemble, la population acceptait ces décisions et s’accommodait assez bien de pénitences semblables. Autres temps, autres mœurs! comme on dit. En outre, il faut rappeler que l’enregistrement par le prêtre, des baptêmes, des mariages et des sépultures, constituait avant tout un acte d’ordre civil, dont la procédure était reconnue et acceptée par les pouvoirs de l’État. À cet égard, quelques milliers d’actes de la paroisse de LaPrairie de La Magdeleine furent rédigés par l’abbé Jean-Baptiste Boucher. En effet, il en a été le curé pendant 47 ans, soit de 1792 jusqu’à son décès en 1839. Quelque 150 ans plus tard, en 1994, dans le Récré-o-parc de la ville de Sainte-Catherine, on aménage un poste d’observation de la faune et des cascades du majestueux fleuve Saint-Laurent. Le 5 juin, à son inauguration, on dévoile une plaque sur laquelle on lit à la fin de l’écriteau : « Site de l’ancienne demeure de Edouard Bencette un pionnier de Côte Sainte- Catherine ». Il s’agirait d’Edouard Bencette qui a épousé Anna Létourneau le 11 octobre 1904. Malheureusement, après dix ans, le texte sur la plaque est devenu presque illisible. Souhaitons que bientôt on la rafraîchira pour redonner un peu de rayonnement aux Bencette....

    Encore une histoire de routes

    Les contestations au sujet de la construction des routes ne datent pas d’aujourd’hui. Voici un exemple : dans une lettre du Dr. Thomas Auguste Brisson datée du 22 juillet 1916 adressée à Mr. J. Lévesque, assistant ingénieur du District de Montréal au Ministère des Travaux Publics du Canada, il écrit ceci :

    « Voici mes notes sur l’histoire du "Chemin de Saint-Lambert" et de son statut vis-à-vis de la loi municipale et des propriétés. Jusqu’au 21 juin 1886, ce chemin était en vertu d’un procès-verbal sous la juridiction de la municipalité de la Paroisse de La Prairie pour laquelle, aussi bien que pour le public est un sujet de disgrâce. Par un statut de Québec les limites du Village de La Prairie furent étendues dans une direction nord-est jusqu’à la rivière Saint-Jacques, de façon que la responsabilité du chemin passe à la Municipalité du village de La Prairie. Une section du même acte dit expressément que la dite corporation aura le droit d’exécuter dans les limites du village, les travaux de terrassement et autres jugés convenables contre les inondations du fleuve St-Laurent et voilà pourquoi elle n’a cessé depuis lors d’en exécuter ou d’en faire exécuter par qui de droit ces travaux.

    Durant quinze années, la corporation du Village de La Prairie se chargera du "Chemin de Saint- Lambert" au prix de troubles et d’avanies sans nombre. Comme les eaux du fleuve le recouvraient deux fois l’an régulièrement à la prise et au départ des glaces, l’ouvrage était toujours à recommencer. Il devient donc nécessaire d’adopter des mesures énergiques, d’autant plus que le pont Victoria ayant été livré à la circulation des voitures en 1900, la servitude de ce chemin fut au moins décuplée. C’est afin de répondre à ces nécessités nouvelles que l’expropriation mentionnée au document ci-joint fut entreprise par le conseil à sa séance du 5 mars 1900. Le 20 décembre, la corporation ayant obtenu la somme de mille piastres comme assistance de la part du gouvernement de la province, prit possession du terrain tel qu’exproprié, redressa le chemin, le nivela et en éleva le lit de deux trois pieds en moyenne. Tous ces travaux, bien insuffisants, il est vrai, furent faits sous contrôle et le coût fixé directement par elle.

    Ce n’est qu’au cours de l’année 1909 et après les efforts suscités par la terrible inondation de 1904, que le gouvernement du Canada entre en scène. (photo d’inondation)?

    À la suite d’une requête datée du 8 septembre 1909 et présentée le même jour au Premier Ministre et au ministre des Travaux Publics par une délégation très importante du district intéressé, un rapport spécial fut demandé à l’ingénieur J.L. Michaud, qui le présente le 27 octobre 1904. Ce rapport contient une admission formelle de responsabilité des dommages causés en amont du pont Victoria, par les travaux exécutés dans le lit du fleuve sous la direction de la Commission du Havre avec l’approbation du gouvernement fédéral depuis de nombreuses années. Ce dernier prit action immédiatement en faisant insérer dans la loi du budget un premier crédit de onze mille piastres pour commencer la construction de la digue actuelle sur la base même du chemin de Saint-Lambert et dont le sommet ou couronnement devait servir à la circulation du public à la place du vieux chemin d’antan. »

    N’avez-vous pas l’impression de lire les mêmes tergiversations au sujet de l’autoroute 30? L’histoire est un éternel recommencement

    Les contestations au sujet de la construction des routes ne datent pas d’aujourd’hui. Voici un exemple : dans une lettre du Dr. Thomas Auguste Brisson datée du 22 juillet 1916 adressée à Mr. J. Lévesque, assistant ingénieur du District de Montréal au Ministère des Travaux Publics du Canada, il écrit ceci : « Voici mes notes sur l’histoire du "Chemin de Saint-Lambert" et de son statut vis-à-vis de la loi municipale et des propriétés. Jusqu’au 21 juin 1886, ce chemin était en vertu d’un procès-verbal sous la juridiction de la municipalité de la Paroisse de La Prairie pour laquelle, aussi bien que pour le public est un sujet de disgrâce. Par un statut de Québec les limites du Village de La Prairie furent étendues dans une direction nord-est jusqu’à la rivière Saint-Jacques, de façon que la responsabilité du chemin passe à la Municipalité du village de La Prairie. Une section du même acte dit expressément que la dite corporation aura le droit d’exécuter dans les limites du village, les travaux de terrassement et autres jugés convenables contre les inondations du fleuve St-Laurent et voilà pourquoi elle n’a cessé depuis lors d’en exécuter ou d’en faire exécuter par qui de droit ces travaux. Durant quinze années, la corporation du Village de La Prairie se chargera du "Chemin de Saint- Lambert" au prix de troubles et d’avanies sans nombre. Comme les eaux du fleuve le recouvraient deux fois l’an régulièrement à la prise et au départ des glaces, l’ouvrage était toujours à recommencer. Il devient donc nécessaire d’adopter des mesures énergiques, d’autant plus que le pont Victoria ayant été livré à la circulation des voitures en 1900, la servitude de ce chemin fut au moins décuplée. C’est afin de répondre à ces nécessités nouvelles que l’expropriation mentionnée au document ci-joint fut entreprise par le conseil à sa séance du 5 mars 1900. Le 20 décembre, la corporation ayant obtenu la somme de mille piastres comme assistance de la part du gouvernement de la province, prit possession du terrain tel qu’exproprié, redressa le chemin, le nivela et en éleva le lit de deux trois pieds en moyenne. Tous ces travaux, bien insuffisants, il est vrai, furent faits sous contrôle et le coût fixé directement par elle. Ce n’est qu’au cours de l’année 1909 et après les efforts suscités par la terrible inondation de 1904, que le gouvernement du Canada entre en scène. (photo d’inondation)? À la suite d’une requête datée du 8 septembre 1909 et présentée le même jour au Premier Ministre et au ministre des Travaux Publics par une délégation très importante du district intéressé, un rapport spécial fut demandé à l’ingénieur J.L. Michaud, qui le présente le 27 octobre 1904. Ce rapport contient une admission formelle de responsabilité des dommages causés en amont du pont Victoria, par les travaux exécutés dans le lit du fleuve sous la direction de la Commission du Havre avec l’approbation du gouvernement fédéral depuis de nombreuses années. Ce dernier prit action immédiatement en faisant insérer dans la loi du budget un premier crédit de onze mille piastres pour commencer la construction de la digue actuelle sur la base même du chemin de Saint-Lambert et dont le sommet ou couronnement devait servir à la circulation du public à la place du vieux chemin d’antan. » N’avez-vous pas l’impression de lire les mêmes tergiversations au sujet de l’autoroute 30? L’histoire est un éternel recommencement...

    Tournées pastorales

    Un extrait du livre « LA VIE QUOTIDIENNE EN NOUVELLE FRANCE Le Canada, de Champlain à Montcalm » de Raymond Douville et Jacques-Donat Casanova. HACHETTE 1964, pages 152-154.

    Le diocèse du Canada est immense, et les communications sont rendues encore plus difficiles et souvent impossibles par un long et rigoureux hiver. C’est une vie rude pour l’évêque. Son existence s’apparente davantage à celle d’un missionnaire qu’à celle d’un prélat.

    De Montréal à Tadoussac, la distance est de cinq cents kilomètres. Le prélat utilise le canot en été, la raquette et le traîneau en hiver. Mgr de Laval parcourt deux fois d’un bout à l’autre l’immense territoire habité de son diocèse : en 1669 et en 1681. En cette dernière année, il a près de soixante ans. Il entreprend quand même cette randonnée pastorale et paraît inlassable, traversant plusieurs fois le fleuve pour visiter les seigneuries des deux rives. Il s’attache, particulièrement aux missions des indiens, et ces derniers lui réservent une réception qui réconforte l’éminent prélat. Le 20 mai, il se rend à la mission de la Prairie de la Madeleine, près de Montréal, où l’on a tracé une allée depuis le fleuve jusqu’à la chapelle, et préparé une petite estrade près du lieu d’arrivée.

    Quand le canot du prélat est en vue, la cloche de l’église commence à tinter, appelant tous les membres de la mission. Un des capitaines hurons apostrophe respectueusement l’évêque au moment où il doit mettre pied à terre : « Évêque, arrête ton canot et écoute ce que j’ai à te dire! » Suivent des harangues de bienvenue. Le visage rayonnant de bienveillance, Mgr de Laval débarque et, revêtu du camail et du rochet, il bénit les fidèles agenouillés. L’aumônier de la mission, le père Frémin, entonne le Veni Creator en langue iroquoise, « secondé par tous les sauvages, hommes et femmes, selon leur coutume ».

    Et tous, en procession, entourant l’évêque, qu’accompagnent M. de Bouy, son prêtre, et M. Souart, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, se dirigent en chantant vers le premier arc de feuillage dressé par les Indiens.

    Monseigneur s’arrête au-dessus pour écouter l’allocution d’un Indien nommé Paul, le « savant dogique » de la mission. Il entre ensuite dans l’église où le père Cholénec, en surplis, lui présente l’eau bénite; Mgr de Laval donne alors la bénédiction du Saint-Sacrement tandis que l’assistance, Indiens et Français, entonne en deux « chœurs bilingues » le Pange lingua, l’Ave Maris stella et le Domine salvum fac regem. Après la cérémonie, Monseigneur présente son anneau à baiser aux assistants, « leur faisant mille caresses », surtout à ceux qui sont les plus fervents.

    Le lendemain, l’évêque baptise dix adultes, bénit trois mariages, après quoi il dit la messe. Les Indiens chantent pendant le saint office et communient de la main du prélat. À la fin de l’office, l’évêque procède à la cérémonie de confirmation. Il accepte que des Français soient confirmés, mais après les sauvages, « pour lesquels seuls, dit-il, je suis venu ».

    À midi, grand repas selon l’habitude des sauvages qui ont déployé leurs plus belles couvertures pour l’évêque et ses adjoints. Et nouvelles harangues.

    Monseigneur veut alors visiter les familles, ce qui rend les Indiens très fiers. Ils ornent leurs cabanes de ce qu’ils ont de plus précieux, étendent par terre des couvertures, des peaux ou des branchages. Mgr de Laval pénètre dans chaque foyer, a des paroles bienveillantes pour tous. Le soir l’évêque confère le baptême à sept enfants, assiste au salut. Le lendemain, la messe chantée par les Indiens termine la visite pastorale du prélat. Et sur le bord du fleuve, tous les assistants reçoivent la bénédiction de l’évêque du Canada.

    Le bilan de l’œuvre de Mgr. de Laval est éloquent : érection de trente-trois paroisses, établissement de l’administration diocésaine, fondation de nombreuses confréries pieuses, présidence de centaines de cérémonies religieuses dont cent vingt-six de confirmation.

    Un extrait du livre « LA VIE QUOTIDIENNE EN NOUVELLE FRANCE Le Canada, de Champlain à Montcalm » de Raymond Douville et Jacques-Donat Casanova. HACHETTE 1964, pages 152-154. Le diocèse du Canada est immense, et les communications sont rendues encore plus difficiles et souvent impossibles par un long et rigoureux hiver. C’est une vie rude pour l’évêque. Son existence s’apparente davantage à celle d’un missionnaire qu’à celle d’un prélat. De Montréal à Tadoussac, la distance est de cinq cents kilomètres. Le prélat utilise le canot en été, la raquette et le traîneau en hiver. Mgr de Laval parcourt deux fois d’un bout à l’autre l’immense territoire habité de son diocèse : en 1669 et en 1681. En cette dernière année, il a près de soixante ans. Il entreprend quand même cette randonnée pastorale et paraît inlassable, traversant plusieurs fois le fleuve pour visiter les seigneuries des deux rives. Il s’attache, particulièrement aux missions des indiens, et ces derniers lui réservent une réception qui réconforte l’éminent prélat. Le 20 mai, il se rend à la mission de la Prairie de la Madeleine, près de Montréal, où l’on a tracé une allée depuis le fleuve jusqu’à la chapelle, et préparé une petite estrade près du lieu d’arrivée. Quand le canot du prélat est en vue, la cloche de l’église commence à tinter, appelant tous les membres de la mission. Un des capitaines hurons apostrophe respectueusement l’évêque au moment où il doit mettre pied à terre : « Évêque, arrête ton canot et écoute ce que j’ai à te dire! » Suivent des harangues de bienvenue. Le visage rayonnant de bienveillance, Mgr de Laval débarque et, revêtu du camail et du rochet, il bénit les fidèles agenouillés. L’aumônier de la mission, le père Frémin, entonne le Veni Creator en langue iroquoise, « secondé par tous les sauvages, hommes et femmes, selon leur coutume ». Et tous, en procession, entourant l’évêque, qu’accompagnent M. de Bouy, son prêtre, et M. Souart, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, se dirigent en chantant vers le premier arc de feuillage dressé par les Indiens. Monseigneur s’arrête au-dessus pour écouter l’allocution d’un Indien nommé Paul, le « savant dogique » de la mission. Il entre ensuite dans l’église où le père Cholénec, en surplis, lui présente l’eau bénite; Mgr de Laval donne alors la bénédiction du Saint-Sacrement tandis que l’assistance, Indiens et Français, entonne en deux « chœurs bilingues » le Pange lingua, l’Ave Maris stella et le Domine salvum fac regem. Après la cérémonie, Monseigneur présente son anneau à baiser aux assistants, « leur faisant mille caresses », surtout à ceux qui sont les plus fervents. Le lendemain, l’évêque baptise dix adultes, bénit trois mariages, après quoi il dit la messe. Les Indiens chantent pendant le saint office et communient de la main du prélat. À la fin de l’office, l’évêque procède à la cérémonie de confirmation. Il accepte que des Français soient confirmés, mais après les sauvages, « pour lesquels seuls, dit-il, je suis venu ». À midi, grand repas selon l’habitude des sauvages qui ont déployé leurs plus belles couvertures pour l’évêque et ses adjoints. Et nouvelles harangues. Monseigneur veut alors visiter les familles, ce qui rend les Indiens très fiers. Ils ornent leurs cabanes de ce qu’ils ont de plus précieux, étendent par terre des couvertures, des peaux ou des branchages. Mgr de Laval pénètre dans chaque foyer, a des paroles bienveillantes pour tous. Le soir l’évêque confère le baptême à sept enfants, assiste au salut. Le lendemain, la messe chantée par les Indiens termine la visite pastorale du prélat. Et sur le bord du fleuve, tous les assistants reçoivent la bénédiction de l’évêque du Canada. Le bilan de l’œuvre de Mgr. de Laval est éloquent : érection de trente-trois paroisses, établissement de l’administration diocésaine, fondation de nombreuses confréries pieuses, présidence de centaines de cérémonies religieuses dont cent vingt-six de confirmation....

    À propos du bulletin

    Éditeur :

    Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine

    Internet : www.laprairie-shlm.com

    Dépôt légal 2002

    Bibliothèque nationale du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    ISSN 1499-7312

    Collaborateurs :

    Coordination : Johanne McLean, secr.-coord.

    Rédaction : Raymond et Lucette Monette (284); Cécile Girard (426); Hélène Charuest (59)

    Révision : Jacques Brunette (280)

    Infographie : SHLM

    Impression : Imprimerie Moderne La Prairie inc.

    Siège social :

    249, rue Sainte-Marie

    La Prairie (Québec) J5R 1G1

    Tél. : 450-659-1393

    Téléc. : 450-659-1393

    Courriel : [email protected]

    Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu de leurs articles et ce, à la complète exonération de l’éditeur.

    Éditeur : Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine Internet : www.laprairie-shlm.com Dépôt légal 2002 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISSN 1499-7312 Collaborateurs : Coordination : Johanne McLean, secr.-coord. Rédaction : Raymond et Lucette Monette (284); Cécile Girard (426); Hélène Charuest (59) Révision : Jacques Brunette (280) Infographie : SHLM Impression : Imprimerie Moderne La Prairie inc. Siège social : 249, rue Sainte-Marie La Prairie (Québec) J5R 1G1 Tél. : 450-659-1393 Téléc. : 450-659-1393 Courriel : [email protected] Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu de leurs articles et ce, à la complète exonération de l’éditeur....

    Le coin du livre

    Dons

    Merci aux donateurs dont les noms suivent :

    Madame Louise Archambault

    Madame Patricia McGee-Fontaine

    Monsieur Roger Hébert

    Monsieur Michel Robert

    Ces dons de livres, consacrés surtout à l’histoire et à la généalogie, sont toujours appréciés et nous permettent d’enrichir notre bibliothèque.

    Bienvenue aux nouveaux donateurs.

    Acquisitions (ville de La Prairie)

    Cette année, nous poursuivons toujours notre partenariat avec la bibliothèque municipale et la ville de La Prairie.

    Entre autres, nous avons fait l’acquisition de :

    • Dictionnaire biographique du Canada, en 14 volumes, plus un index onomastique couvrant les 12 premiers volumes : Ces livres sont déjà sur les rayons de la bibliothèque.

    De plus, nous avons fait l’acquisition de nombreux répertoires de mariages. En voici quelques-uns qui sont déjà cataloguées et sur les rayons :

    • Mariages de Vancouver, paroisse Très-St-Sacrement.
    • Mariages du Manitoba, région de St-Boniface.
    • Mariages d’Ottawa : paroisses La Cathédral, Sacré-Coeur, St-Joseph et Ste-Brigide.
    • Mariages du comté de Wolfe.
    • Mariages du diocèse de Timmins.
    • Mariages du comté de Témiscamingue.

    Un grand merci à la ville de La Prairie et à M. Michel Robert de la bibliothèque municipale pour leur collaboration étroite avec notre société.

    Acquisitions (membres)

    • Biographies françaises d’Amérique; Journalistes associés, 1950 (Don de Mme Louise Archambault).
    • Cahiers des Dix, numéro 19, 1954. (Don de Mme Louise Archambault).
    • Histoire de la nation Métisse dans l’Ouest canadien, par Auguste-Henri TRÉMAUDAN, 1935 (Don de Mme Louise Archambault).
    • Journal des Jésuites, par les abbés Lavudière et Casgrain, 1973 (Don de Mme Louise Archambault).

    À vendre

    Dictionnaire biographique du Canada, édition non complète (don de Michel Robert).

    Dons Merci aux donateurs dont les noms suivent : Madame Louise Archambault Madame Patricia McGee-Fontaine Monsieur Roger Hébert Monsieur Michel Robert Ces dons de livres, consacrés surtout à l’histoire et à la généalogie, sont toujours appréciés et nous permettent d’enrichir notre bibliothèque. Bienvenue aux nouveaux donateurs. Acquisitions (ville de La Prairie) Cette année, nous poursuivons toujours notre partenariat avec la bibliothèque municipale et la ville de La Prairie. Entre autres, nous avons fait l’acquisition de : Dictionnaire biographique du Canada, en 14 volumes, plus un index onomastique couvrant les 12 premiers volumes : Ces livres sont déjà sur les rayons de la bibliothèque. De plus, nous avons fait l’acquisition de nombreux répertoires de mariages. En voici quelques-uns qui sont déjà cataloguées et sur les rayons : Mariages de Vancouver, paroisse Très-St-Sacrement. Mariages du Manitoba, région de St-Boniface. Mariages d’Ottawa : paroisses La Cathédral, Sacré-Coeur, St-Joseph et Ste-Brigide. Mariages du comté de Wolfe. Mariages du diocèse de Timmins. Mariages du comté de Témiscamingue. Un grand merci à la ville de La Prairie et à M. Michel Robert de la bibliothèque municipale pour leur collaboration étroite avec notre société. Acquisitions (membres) Biographies françaises d’Amérique; Journalistes associés, 1950 (Don de Mme Louise Archambault). Cahiers des Dix, numéro 19, 1954. (Don de Mme Louise Archambault). Histoire de la nation Métisse dans l’Ouest canadien, par Auguste-Henri TRÉMAUDAN, 1935 (Don de Mme Louise Archambault). Journal des Jésuites, par les abbés Lavudière et Casgrain, 1973 (Don de Mme Louise Archambault). À vendre Dictionnaire biographique du Canada, édition non complète (don de Michel Robert)....

    Nouvelles de la SHLM

    Conférence : Chassés d’Acadie

    Nos ancêtres venus de France rêvent de fonder une colonie française en Amérique. Mais…ils sont CHASSÉS D’ACADIE. On les maltraite en pays hostile. On leur vole leurs enfants. On les humilie, on piétine leur âme française.

    Pour fuir ces terres de mille peines, péniblement, hommes, femmes, vieillards et enfants marchent un millier de kilomètres, semant derrière eux un long chapelet de petites croix noires, témoins muets de leur passage.

    Exténués, déguenillés, fort « épuisés d’argent », ils trouvent asile chez nous, à La Prairie et dans les environs.

    La tentative de génocide du peuple acadien nous touche particulièrement en ce 400e anniversaire de la fondation de l’Acadie. L’an prochain marquera le 250e anniversaire de la déportation des Acadiens. Le village de L’Acadie se prépare à commémorer, entre autres, l’accueil des Acadiens par les Pères Jésuites dans leur Seigneurie de La prairie. Ce sera une fête de taille puisque, de La Prairie à L’Acadie, tant de familles sont apparentées.

    Même si vous vous appelez Bouchard, Roy et autres, vous pourriez fort bien avoir du sang acadien. De toute façon, à l’occasion de ce quatrième centenaire, ne vous sentez-vous pas tous un peu Acadiens?

    Nicole Martin-Verenka, conférencière

    Assemblée annuelle

    Au mois de mai, tous les membres de la SHLM recevront par courrier l’avis de convocation, l’ordre du jour ainsi que le procès-verbal 2003 pour l’assemblée générale annuelle qui se déroulera le mercredi 22 juin 2004 à 20h00, à l’étage du Musée du Vieux-Marché, au 247 de la rue Sainte-Marie, à La Prairie.

    Horaire estival

    Veuillez prendre note que nous débuterons notre horaire estival à partir du 7 juin 2004, dès 9h le matin.

    Vous pourrez donc venir à la SHLM du lundi au vendredi, de 9h à 17h, et les samedis et dimanches, de 12h à 17h.

    Soirée de généalogie

    N’oubliez pas d’inscrire à votre calendrier que les lundis soirs de généalogie se termineront lundi le 30 mai 2004.

    Le conseil d’administration de la SHLM évaluera les derniers mois afin de s’assurer de la pertinence d’offrir à nos membres et aux nombreux chercheurs l’ouverture en soirée de ses locaux.

    Une décision sera prise à cet effet et nous vous en ferons part dans notre bulletin mensuel « Au jour le Jour » de septembre puisque nous faisons relâche pour la période estivale.

    Félicitations reçues et invitation

    La SHLM a reçu un courriel de M. Jacques Désautels de Chambly pour la féliciter de son site Internet qui est remarquable. Voici donc ces propos : « Bravo aux concepteurs et à ceux qui le mettent à jour aussi régulièrement. Vous avez des liens avec les pages des associations de famille et désirons ajouter une référence à l’association La descendance de Pierre Desautels, de la Grande Recrue à : www.descendancedesautels.com. »

    L’Association des Desautels d’Amérique cherche à retracer les membres de la famille, ainsi que les Lapointe qui descendent de Pierre Desautels, pour les inviter à un premier grand rassemblement qui aura lieu le dimanche 22 août 2004, à Sainte-Christine de Bagot. Sainte-Christine est située à une heure de Montréal et à 30 ou 40 minutes de Granby, Drummondville et Sherbrooke. Pour informations : (450) 658-6147 ou [email protected].

    Conférence : Chassés d’Acadie Nos ancêtres venus de France rêvent de fonder une colonie française en Amérique. Mais…ils sont CHASSÉS D’ACADIE. On les maltraite en pays hostile. On leur vole leurs enfants. On les humilie, on piétine leur âme française. Pour fuir ces terres de mille peines, péniblement, hommes, femmes, vieillards et enfants marchent un millier de kilomètres, semant derrière eux un long chapelet de petites croix noires, témoins muets de leur passage. Exténués, déguenillés, fort « épuisés d’argent », ils trouvent asile chez nous, à La Prairie et dans les environs. La tentative de génocide du peuple acadien nous touche particulièrement en ce 400e anniversaire de la fondation de l’Acadie. L’an prochain marquera le 250e anniversaire de la déportation des Acadiens. Le village de L’Acadie se prépare à commémorer, entre autres, l’accueil des Acadiens par les Pères Jésuites dans leur Seigneurie de La prairie. Ce sera une fête de taille puisque, de La Prairie à L’Acadie, tant de familles sont apparentées. Même si vous vous appelez Bouchard, Roy et autres, vous pourriez fort bien avoir du sang acadien. De toute façon, à l’occasion de ce quatrième centenaire, ne vous sentez-vous pas tous un peu Acadiens? Nicole Martin-Verenka, conférencière Assemblée annuelle Au mois de mai, tous les membres de la SHLM recevront par courrier l’avis de convocation, l’ordre du jour ainsi que le procès-verbal 2003 pour l’assemblée générale annuelle qui se déroulera le mercredi 22 juin 2004 à 20h00, à l’étage du Musée du Vieux-Marché, au 247 de la rue Sainte-Marie, à La Prairie. Horaire estival Veuillez prendre note que nous débuterons notre horaire estival à partir du 7 juin 2004, dès 9h le matin. Vous pourrez donc venir à la SHLM du lundi au vendredi, de 9h à 17h, et les samedis et dimanches, de 12h à 17h. Soirée de généalogie N’oubliez pas d’inscrire à votre calendrier que les lundis soirs de généalogie se termineront lundi le 30 mai 2004. Le conseil d’administration de la SHLM évaluera les derniers mois afin de s’assurer de la pertinence d’offrir à nos membres et aux nombreux chercheurs l’ouverture en soirée de ses locaux. Une décision sera prise à cet effet et nous vous en ferons part dans notre bulletin mensuel « Au jour le Jour » de septembre puisque nous faisons relâche pour la période estivale. Félicitations reçues et invitation La SHLM a reçu un courriel de M. Jacques Désautels de Chambly pour la féliciter de son site Internet qui est remarquable. Voici donc ces propos : « Bravo aux concepteurs et à ceux qui le mettent à jour aussi régulièrement. Vous avez des liens avec les pages des associations de famille et désirons ajouter une référence à l’association La descendance de Pierre Desautels, de la Grande Recrue à : www.descendancedesautels.com. » L’Association des Desautels d’Amérique cherche à retracer les membres de la famille, ainsi que les Lapointe qui descendent de Pierre Desautels, pour les inviter à un premier grand rassemblement qui aura lieu le dimanche 22 août 2004, à Sainte-Christine de Bagot. Sainte-Christine est située à une heure de Montréal et à 30 ou 40 minutes de Granby, Drummondville et Sherbrooke. Pour informations : (450) 658-6147 ou [email protected]....

    Conférence : « Chassés d’Acadie »

    Conférence : « Chassés d’Acadie »

    Notre prochaine conférence aura lieu le 19 mai au 247, rue Sainte-Marie (étage), à 20h.

    « CHASSÉS D’ACADIE »

    La conférencière : Nicole Martin-Verenka nous parlera de son livre et de la tentative de génocide du peuple acadien. L’an prochain marquera le 250e anniversaire de la déportation des Acadiens (Voir page 2 pour plus de détails).

    Conférence : « Chassés d’Acadie » Notre prochaine conférence aura lieu le 19 mai au 247, rue Sainte-Marie (étage), à 20h. « CHASSÉS D’ACADIE » La conférencière : Nicole Martin-Verenka nous parlera de son livre et de la tentative de génocide du peuple acadien. L’an prochain marquera le 250e anniversaire de la déportation des Acadiens (Voir page 2 pour plus de détails)....

    Mot du président

    Chers membres

    Nous sommes déjà rendus à notre dernière édition de l’année! À cause des nombreux projets qui ont sollicité mon attention, cette première année de mon mandat de président a passé comme un éclair.

    En effet, une foule de changements ont été apportés aux différents rouages de notre Société : bibliothèque, salle d’ordinateurs, etc… À cela, s’ajoutent les nombreuses conférences et le travail quotidien de nos bénévoles qui contribuent, souvent dans l’ombre, au progrès de notre société.

    Je profite de l’occasion pour remercier ces bénévoles qui font en sorte que notre société est l’une des plus dynamiques de la région.

    Dernièrement, nous avons eu le regret d’apprendre le décès d’un de nos membres qui fut bénévole pendant plus d’une décennie à titre de trésorier de la SHLM, monsieur Jean Girard. Après avoir lutté avec la maladie depuis plusieurs années, il est décédé mercredi le 28 avril 2004. La famille Girard a doublement été éprouvée au mois d’avril puisque François, le fils de Cécile Girard, est décédé. Nous désirons donc souhaiter nos plus sincères condoléances à la famille Girard.

    En guise de conclusion, je vous annonce une dernière conférence en mai et je vous invite à l’assemblée générale annuelle qui se tiendra le 16 juin prochain.

    Je vous y attendrai en grand nombre et je vous remercie de votre confiance.

    René Jolicoeur, président

    Chers membres Nous sommes déjà rendus à notre dernière édition de l’année! À cause des nombreux projets qui ont sollicité mon attention, cette première année de mon mandat de président a passé comme un éclair. En effet, une foule de changements ont été apportés aux différents rouages de notre Société : bibliothèque, salle d’ordinateurs, etc… À cela, s’ajoutent les nombreuses conférences et le travail quotidien de nos bénévoles qui contribuent, souvent dans l’ombre, au progrès de notre société. Je profite de l’occasion pour remercier ces bénévoles qui font en sorte que notre société est l’une des plus dynamiques de la région. Dernièrement, nous avons eu le regret d’apprendre le décès d’un de nos membres qui fut bénévole pendant plus d’une décennie à titre de trésorier de la SHLM, monsieur Jean Girard. Après avoir lutté avec la maladie depuis plusieurs années, il est décédé mercredi le 28 avril 2004. La famille Girard a doublement été éprouvée au mois d’avril puisque François, le fils de Cécile Girard, est décédé. Nous désirons donc souhaiter nos plus sincères condoléances à la famille Girard. En guise de conclusion, je vous annonce une dernière conférence en mai et je vous invite à l’assemblée générale annuelle qui se tiendra le 16 juin prochain. Je vous y attendrai en grand nombre et je vous remercie de votre confiance. René Jolicoeur, président...

    Le grand feu de La Prairie

    Encore un désastre. Le village de La Prairie en cendres. Un bras de fer s’appesantit depuis quelque temps sur notre pays. Tous les jours nous avons à enregistrer des calamités, des désastres qui étaient autrefois inconnus parmi nous. Et ces calamités, ces désastres se multiplient et se succèdent les uns aux autres avec une rapidité effrayante.

    Le beau et florissant village de La Prairie est en cendres; quelques heures ont suffi pour accomplir cet acte de destruction et la ruine totale procurés sur les lieux, touchant cette affreuse catastrophe.

    Mardi soir, vers 7 heures et quart, on s’aperçut que le feu s’était déclaré au toit d’une forge située à l’extrémité sud-ouest du village près du chemin de fer. Malgré les efforts des citoyens qui étaient accourus, les flammes sortirent bientôt d’un grenier à foin qui avoisinait la forge.

    C’est alors qu’on s’aperçut du danger que courait le village entier. Le vent soufflait avec force du sud-ouest, et portait des tisons enflammés à une grande distance. En effet, le feu se déclara bientôt à une maison en bois, située à plusieurs arpents du siège de l’incendie et au milieu du village. Pour le coup, tout espoir de salut semblait perdu, et le découragement se manifesta au milieu de cette population sans expérience de ces sortes de désastres, et dépourvue entièrement de cette organisation si nécessaire dans les grandes conflagrations.

    D’ailleurs, les pompes à feu qui appartiennent au village, n’étaient pas, faute d’entretien, en état de fonctionner, et l’élément destructeur qui ne reconnaît pour ainsi dire aucune opposition et qui était attisé par le vent qui redoublait de violence à mesure que la nuit s’avançait, s’étendit sur tout le village et consuma tout ce qui se trouvait sur son chemin, à l’exception de quinze ou vingt édifices qui échappèrent comme par miracle.

    C’est ici le lieu de remarquer que la pompe qui appartient aux casernes, et qui est en très bon ordre, aurait pu être d’un grand secours; mais, il faut le dire sans déguisement, les habitants de La Prairie n’ont pas à se louer de la conduite des soldats en cette occasion. Ces hommes dont la mission est de veiller à la sûreté des citoyens ont forfait à leurs devoirs dans cette déplorable circonstance. Au plus fort du danger, la plupart des soldats étaient ivres; on les a vus enfoncer les magasins, ouvrir les vaisseaux qui contenaient de la boisson et s’amuser à boire au lieu de porter secours. On vante beaucoup la belle conduite du colonel en cette occasion. Aussi les citoyens de La Prairie n’en parlent que dans des termes de respect et de reconnaissance.

    Aussitôt qu’on s’aperçut, à Montréal, que les flammes dévastaient le village de La Prairie, une foule immense se porta sur les quais, impatiente de voler à son secours. On attendait de minute en minute l’arrivée du steamboat traversier, le prince Albert, afin d’embarquer des pompes et des bras qui auraient été d’un secours efficace. Mais le steamboat ne vint pas. Il ne faut pas blâmer l’administration des chemins de fer, car malgré le clair de lune, l’atmosphère était obscurcie par les vapeurs et la fumée, et le trajet de Montréal à la Prairie, si difficile en plein jour vu la baisse des eaux, était impraticable de nuit. D’ailleurs, le pilote, l’ingénieur et l’équipage qui habitent La Prairie, avaient déserté le vaisseau pour courir au secours de leur famille et de leurs propriétés. Il aurait été impossible au capitaine de les rallier.

    Cependant, des citoyens courageux et zélés, les capitaines des pompes de Montréal, l’Union et le Protector, ne purent contempler d’un œil indifférent le désastre qui avait lieu de l’autre côté du fleuve. Ils rassemblèrent quelques-uns de leurs hommes et engagèrent le petit steamboat Lord Stanley, pour transporter leurs pompes à Longueuil, seule route praticable de nuit pour se rendre à la Prairie. Un autre obstacle les attendait là. Ils eurent mille difficultés à se procurer des chevaux pour traîner leurs pompes. Le Herald signale un nommé McVey, de la traverse, qui avait plusieurs chevaux dans son écurie et qui refusa de les prêter ou de les louer, menaçant de tuer ceux des pompiers qui oseraient s’en emparer. Cet homme devait être marqué au front d’un stigmate de réprobation ineffaçable! Nous avons appris depuis que les pompiers se sont rendus jusqu’au village de Longueuil, où ils ont obtenu les chevaux dont ils avaient besoin.

    Malgré toutes les difficultés que les courageux pompiers eurent à rencontrer, ils arrivèrent à La Prairie, vers une heure du matin, exténués de fatigue. Mais ils furent récompensés de leurs peines, car ils arrivèrent à temps pour sauver l’église, où le feu venait de se déclarer. Ce vaste et superbe édifice, bâti tout récemment, aurait infailliblement été la proie des flammes sans le secours des pompiers, à la tête desquels était le capitaine Lyman. On nous a parlé aussi de M. Benjamin Lespérance, de Longueuil, qui est monté sur l’édifice et qui a porté le premier secours avec un seau d’eau. On ne saurait trop apprécier de semblables dévouements et en particulier celui des pompiers qui parvinrent à arrêter le progrès des flammes, car sans eux, le peu d’édifices qui restent debout auraient sans doute été réduits en cendres. Les RR. PP. Jésuites qui desservent la cure de La Prairie, ont été infatigables; ils ont été sur pied toute la nuit, excitant par l’exemple les citoyens à travailler et à ne pas perdre courage. Nous ne pouvons passer sous silence l’acte généreux du capitaine Lambert, du steamer Pioneer, qui a volontairement pris le commandement du steamer Lord Stanley avec son propre équipage (le capitaine du Lord Stanley et son équipage étaient absents), a fait embarquer les pompes avec les pompiers et autant de personnes que le steamer a pu en contenir, pour aller au secours des incendiées, et qui, ne pouvant à cause de la noirceur, monter à La Prairie, s’est dirigé vers Longueuil où il a tout débarqué sans incident.

    Malgré tous les efforts réunis, l’élément destructeur a triomphé; le beau village de La Prairie est en cendres; il ne reste maintenant de tous ces beaux et vastes édifices que quinze à vingt maisons dispersées çà et là; tout le milieu du village n’offre plus qu’un immense monceau de ruines.

    Parmi les édifices qui ont échappé aux flammes se trouvent l’église catholique, le couvent, la maison et le magasin (seul magasin qui ait été épargné) de M. Gariépy, la maison et le moulin de la succession Plante, l’ancien hôtel Duclos et quelques autres petites maisons le long du fleuve qui se trouvaient hors de la portée des flammes; le vent comme nous l’avons dit déjà, soufflait du sud-ouest.

    Il nous est impossible de donner la liste des victimes de ce terrible incendie. Le progrès des flammes a été si rapide que presque rien n’a pu échapper à leur ravage. Des meubles, des marchandises, qu’on avait transportés à une certaine distance sont devenus leur proie. Parmi ceux dont la perte est considérable, se trouvent : M. Sauvageau dont les maisons, brasserie et distillerie ont été consumées. Mm. Varin, Dupré, Dr. D’Eschambault, Hébert, Mme Denault, McFarlane, Lanctôt, Fortin, Dupuis, Gagnon et une foule d’autres personnes, dont il est impossible de donner la liste. Il suffit d’ajouter que le nombre de maisons incendiées se monte à près de 150 avec un plus grand nombre d’autres édifices, ce qui porterait la quantité de bâtisses réduites en cendres à plus de 350.

    Hier encore, après 9 heures du matin, les pompes de Montréal venant de partir, le feu se déclara de nouveau dans l’asile de la providence dont l’étage supérieur avait été détruit. Le vent soufflait encore avec force et le feu se serait bientôt communiqué à quelques vieux édifices voisins s’il n’avait été éteint de suite. On s’aperçut ensuite que tout l’intérieur d’un hangar en pierre, couvert de fer-blanc avec contrevents en tôle, était en flammes. Mais par les efforts réunis des citoyens de Montréal et de ceux de la paroisse, le feu fut bientôt éteint.

    Une foule immense se porta hier vers La Prairie : le bateau était encombré à ses deux voyages. Les uns, mus par un sentiment de devoir, allaient porter des secours et des consolations aux malheureux incendiés, tandis que d’autres ne se rendaient là que pour contempler les ruines! Du nombre des premiers, se trouvaient Monrg. De Montréal, accompagné d’un nombreux clergé, et M. le maire de Montréal, qui avait fait embarquer à bord une quantité de pain et plusieurs quarts de lard, Monseigneur, aidé des RR. PP. et de quelques citoyens, fit distribuer de suite des secours à la population indigente qui était dispersée sur la grève et dans les champs. Et vous, qui allez contempler cette scène de désolation sans répandre une larme et sans donner une obole à cette population, hier dans l’aisance et aujourd’hui dénuée de tout, vous n’avez donc pas d’entrailles?

    Cependant on nous dit qu’à la suggestion de C. S. Hodier, écr., le prix du passage au second voyage du steamboat a été augmenté de vingt sous à un écu et que le surplus était destiné aux infortunés incendiés. Cette collecte indirecte, à laquelle se sont volontiers prêtés tous les passagers, a produit une somme assez considérable.

    Hier après-midi, la Banque du Peuple a envoyé à La Prairie, un secours de 14 barils de fleur et 11 sacs de biscuits, ce qui suffira pour quelques jours à donner le strict nécessaire aux indigents.

    On estime la perte causée par cet incendie tant en propriétés qu’en marchandises de $75,0000 à $80,000.

    On espère que le maire convoquera tout de suite une assemblée des citoyens de Montréal pour aviser aux moyens de porter les premiers secours à cette population infortunée.

    Nous n’avons pu nous procurer encore des détails corrects sur les assurances effectuées sur les propriétés qui ont été détruites. Mais ce dont nous sommes certains, c’est que pas un quart de ces propriétés n’étaient assurées.

    LA MINERVE-Montréal, jeudi le 6 août 1846

    Source : Fonds Damase Rochette (Archives SHLM)

    Note : Mme Hélène Charuest, bénévole à la SHLM, a trouvé ce texte dans les archives du fonds Damase Rochette

    Encore un désastre. Le village de La Prairie en cendres. Un bras de fer s’appesantit depuis quelque temps sur notre pays. Tous les jours nous avons à enregistrer des calamités, des désastres qui étaient autrefois inconnus parmi nous. Et ces calamités, ces désastres se multiplient et se succèdent les uns aux autres avec une rapidité effrayante. Le beau et florissant village de La Prairie est en cendres; quelques heures ont suffi pour accomplir cet acte de destruction et la ruine totale procurés sur les lieux, touchant cette affreuse catastrophe. Mardi soir, vers 7 heures et quart, on s’aperçut que le feu s’était déclaré au toit d’une forge située à l’extrémité sud-ouest du village près du chemin de fer. Malgré les efforts des citoyens qui étaient accourus, les flammes sortirent bientôt d’un grenier à foin qui avoisinait la forge. C’est alors qu’on s’aperçut du danger que courait le village entier. Le vent soufflait avec force du sud-ouest, et portait des tisons enflammés à une grande distance. En effet, le feu se déclara bientôt à une maison en bois, située à plusieurs arpents du siège de l’incendie et au milieu du village. Pour le coup, tout espoir de salut semblait perdu, et le découragement se manifesta au milieu de cette population sans expérience de ces sortes de désastres, et dépourvue entièrement de cette organisation si nécessaire dans les grandes conflagrations. D’ailleurs, les pompes à feu qui appartiennent au village, n’étaient pas, faute d’entretien, en état de fonctionner, et l’élément destructeur qui ne reconnaît pour ainsi dire aucune opposition et qui était attisé par le vent qui redoublait de violence à mesure que la nuit s’avançait, s’étendit sur tout le village et consuma tout ce qui se trouvait sur son chemin, à l’exception de quinze ou vingt édifices qui échappèrent comme par miracle. C’est ici le lieu de remarquer que la pompe qui appartient aux casernes, et qui est en très bon ordre, aurait pu être d’un grand secours; mais, il faut le dire sans déguisement, les habitants de La Prairie n’ont pas à se louer de la conduite des soldats en cette occasion. Ces hommes dont la mission est de veiller à la sûreté des citoyens ont forfait à leurs devoirs dans cette déplorable circonstance. Au plus fort du danger, la plupart des soldats étaient ivres; on les a vus enfoncer les magasins, ouvrir les vaisseaux qui contenaient de la boisson et s’amuser à boire au lieu de porter secours. On vante beaucoup la belle conduite du colonel en cette occasion. Aussi les citoyens de La Prairie n’en parlent que dans des termes de respect et de reconnaissance. Aussitôt qu’on s’aperçut, à Montréal, que les flammes dévastaient le village de La Prairie, une foule immense se porta sur les quais, impatiente de voler à son secours. On attendait de minute en minute l’arrivée du steamboat traversier, le prince Albert, afin d’embarquer des pompes et des bras qui auraient été d’un secours efficace. Mais le steamboat ne vint pas. Il ne faut pas blâmer l’administration des chemins de fer, car malgré le clair de lune, l’atmosphère était obscurcie par les vapeurs et la fumée, et le trajet de Montréal à la Prairie, si difficile en plein jour vu la baisse des eaux, était impraticable de nuit. D’ailleurs, le pilote, l’ingénieur et l’équipage qui habitent La Prairie, avaient déserté le vaisseau pour courir au secours de leur famille et de leurs propriétés. Il aurait été impossible au capitaine de les rallier. Cependant, des citoyens courageux et zélés, les capitaines des pompes de Montréal, l’Union et le Protector, ne purent contempler d’un œil indifférent le désastre qui avait lieu de l’autre côté du fleuve. Ils rassemblèrent quelques-uns de leurs hommes et engagèrent le petit steamboat Lord Stanley, pour transporter leurs pompes à Longueuil, seule route praticable de nuit pour se rendre à la Prairie. Un autre obstacle les attendait là. Ils eurent mille difficultés à se procurer des chevaux pour traîner leurs pompes. Le Herald signale un nommé McVey, de la traverse, qui avait plusieurs chevaux dans son écurie et qui refusa de les prêter ou de les louer, menaçant de tuer ceux des pompiers qui oseraient s’en emparer. Cet homme devait être marqué au front d’un stigmate de réprobation ineffaçable! Nous avons appris depuis que les pompiers se sont rendus jusqu’au village de Longueuil, où ils ont obtenu les chevaux dont ils avaient besoin. Malgré toutes les difficultés que les courageux pompiers eurent à rencontrer, ils arrivèrent à La Prairie, vers une heure du matin, exténués de fatigue. Mais ils furent récompensés de leurs peines, car ils arrivèrent à temps pour sauver l’église, où le feu venait de se déclarer. Ce vaste et superbe édifice, bâti tout récemment, aurait infailliblement été la proie des flammes sans le secours des pompiers, à la tête desquels était le capitaine Lyman. On nous a parlé aussi de M. Benjamin Lespérance, de Longueuil, qui est monté sur l’édifice et qui a porté le premier secours avec un seau d’eau. On ne saurait trop apprécier de semblables dévouements et en particulier celui des pompiers qui parvinrent à arrêter le progrès des flammes, car sans eux, le peu d’édifices qui restent debout auraient sans doute été réduits en cendres. Les RR. PP. Jésuites qui desservent la cure de La Prairie, ont été infatigables; ils ont été sur pied toute la nuit, excitant par l’exemple les citoyens à travailler et à ne pas perdre courage. Nous ne pouvons passer sous silence l’acte généreux du capitaine Lambert, du steamer Pioneer, qui a volontairement pris le commandement du steamer Lord Stanley avec son propre équipage (le capitaine du Lord Stanley et son équipage étaient absents), a fait embarquer les pompes avec les pompiers et autant de personnes que le steamer a pu en contenir, pour aller au secours des incendiées, et qui, ne pouvant à cause de la noirceur, monter à La Prairie, s’est dirigé vers Longueuil où il a tout débarqué sans incident. Malgré tous les efforts réunis, l’élément destructeur a triomphé; le beau village de La Prairie est en cendres; il ne reste maintenant de tous ces beaux et vastes édifices que quinze à vingt maisons dispersées çà et là; tout le milieu du village n’offre plus qu’un immense monceau de ruines. Parmi les édifices qui ont échappé aux flammes se trouvent l’église catholique, le couvent, la maison et le magasin (seul magasin qui ait été épargné) de M. Gariépy, la maison et le moulin de la succession Plante, l’ancien hôtel Duclos et quelques autres petites maisons le long du fleuve qui se trouvaient hors de la portée des flammes; le vent comme nous l’avons dit déjà, soufflait du sud-ouest. Il nous est impossible de donner la liste des victimes de ce terrible incendie. Le progrès des flammes a été si rapide que presque rien n’a pu échapper à leur ravage. Des meubles, des marchandises, qu’on avait transportés à une certaine distance sont devenus leur proie. Parmi ceux dont la perte est considérable, se trouvent : M. Sauvageau dont les maisons, brasserie et distillerie ont été consumées. Mm. Varin, Dupré, Dr. D’Eschambault, Hébert, Mme Denault, McFarlane, Lanctôt, Fortin, Dupuis, Gagnon et une foule d’autres personnes, dont il est impossible de donner la liste. Il suffit d’ajouter que le nombre de maisons incendiées se monte à près de 150 avec un plus grand nombre d’autres édifices, ce qui porterait la quantité de bâtisses réduites en cendres à plus de 350. Hier encore, après 9 heures du matin, les pompes de Montréal venant de partir, le feu se déclara de nouveau dans l’asile de la providence dont l’étage supérieur avait été détruit. Le vent soufflait encore avec force et le feu se serait bientôt communiqué à quelques vieux édifices voisins s’il n’avait été éteint de suite. On s’aperçut ensuite que tout l’intérieur d’un hangar en pierre, couvert de fer-blanc avec contrevents en tôle, était en flammes. Mais par les efforts réunis des citoyens de Montréal et de ceux de la paroisse, le feu fut bientôt éteint. Une foule immense se porta hier vers La Prairie : le bateau était encombré à ses deux voyages. Les uns, mus par un sentiment de devoir, allaient porter des secours et des consolations aux malheureux incendiés, tandis que d’autres ne se rendaient là que pour contempler les ruines! Du nombre des premiers, se trouvaient Monrg. De Montréal, accompagné d’un nombreux clergé, et M. le maire de Montréal, qui avait fait embarquer à bord une quantité de pain et plusieurs quarts de lard, Monseigneur, aidé des RR. PP. et de quelques citoyens, fit distribuer de suite des secours à la population indigente qui était dispersée sur la grève et dans les champs. Et vous, qui allez contempler cette scène de désolation sans répandre une larme et sans donner une obole à cette population, hier dans l’aisance et aujourd’hui dénuée de tout, vous n’avez donc pas d’entrailles? Cependant on nous dit qu’à la suggestion de C. S. Hodier, écr., le prix du passage au second voyage du steamboat a été augmenté de vingt sous à un écu et que le surplus était destiné aux infortunés incendiés. Cette collecte indirecte, à laquelle se sont volontiers prêtés tous les passagers, a produit une somme assez considérable. Hier après-midi, la Banque du Peuple a envoyé à La Prairie, un secours de 14 barils de fleur et 11 sacs de biscuits, ce qui suffira pour quelques jours à donner le strict nécessaire aux indigents. On estime la perte causée par cet incendie tant en propriétés qu’en marchandises de $75,0000 à $80,000. On espère que le maire convoquera tout de suite une assemblée des citoyens de Montréal pour aviser aux moyens de porter les premiers secours à cette population infortunée. Nous n’avons pu nous procurer encore des détails corrects sur les assurances effectuées sur les propriétés qui ont été détruites. Mais ce dont nous sommes certains, c’est que pas un quart de ces propriétés n’étaient assurées. LA MINERVE-Montréal, jeudi le 6 août 1846 Source : Fonds Damase Rochette (Archives SHLM) Note : Mme Hélène Charuest, bénévole à la SHLM, a trouvé ce texte dans les archives du fonds Damase Rochette...