
- Au jour le jour, mars 2012
Conférence : Marguerite Viard, fille du roi devenue cleptomane
À L’ÉTAGE DU 249, RUE SAINTE-MARIE
LE MARDI LE 20 MARS 2012 À 19 H 30
Notre prochaine conférence
M. Marcel Myre vous propose une conférence intitulée :
Marguerite Viard, fille du roi devenue cleptomane
Marguerite Viard est une femme pratiquement inconnue en Nouvelle-France. Orpheline de père, elle arrive à Québec en 1671 avec le contingent des filles du roi. Après la rupture de deux contrats de mariage, elle épouse un soldat pour venir fonder un foyer à Chambly. Devenue veuve avec quatre enfants, elle se marie avec un maçon de Saint-Lambert. C’est à cet endroit que Marguerite aurait commencé à commettre des vols chez ses voisins.

- Au jour le jour, novembre 2006
Conférence : Madeleine Matou, la femme du meurtrier de Boucherville
Prochaine conférence
Madeleine Matou, la femme du meurtrier de Boucherville
par Monsieur Marcel Myre
Le mardi 21 novembre, à 19 h 30

- Au jour le jour, novembre 2004
Conférence : L’Autre Marie Morin
Prochaine conférence
L’Autre Marie Morin
Une femme abandonnée en Nouvelle-France
Par monsieur Marcel Myre
Mardi le 16 novembre, à 19h30

- Au jour le jour, septembre 2004
Petite histoire des Bencette de La Prairie
L’une de mes arrières arrière-grand-mères s’appelait Scholastique Bencette. Baptisée à LaPrairie, elle était la fille de Pierre Bencette et de Catherine Brossard. Le lundi 18 février 1833, Scholastique Bencette épouse à LaPrairie François Lériger de Laplante; les deux demeurent alors à la « Côte Sainte-Catherine ». Après quelques années passées à Mercier, ils vont s’établir dans le Rang du six à Saint-Louis-de-Gonzague. C’est sur une terre de 200 arpents, l’endroit où je suis né. Leur fille, qui se nomme aussi Scholastique, épousera Jean-Baptiste Myre, mon arrière-grand-père.
La présente chronique a pour but de présenter les origines des Bencette et de raconter, pour fins de la petite histoire de LaPrairie, des égarements que certains d’entre eux ont vécus il y a deux siècles.
L’ancêtre, Jean-Baptiste Bencette dit Jolibois, naît en 1740, fils de Jean-Baptiste Bencette et de Marie-Marguerite Fortier. Il est originaire de la paroisse Saint-Pierre de l’évêché de Koblenz (Coblence). Cette ville faisait partie de la principauté libre de Nassau en Allemagne. On ne sait pas la date, ni les circonstances de sa venue au Canada. Il se peut qu’il ait été recruté avec d’autres français de l’endroit, pour venir défendre la colonie, peu avant la conquête de 1760.
Jean-Baptiste Bencette s’installe à LaPrairie. Le 3 octobre 1767, il contracte mariage avec Marie-Louise Bourdeau, qui n’a que 15 ans. Deux jours plus tard, le mariage est célébré à l’église de LaPrairie de La Magdeleine. Les nouveaux mariés avaient eu l’occasion de fréquenter l’école, car ils ont une belle signature. Le mari signe Jean Baptiste Peincette, et l’épouse, Marie Louise Bourdaux.
Ils auront six enfants dont au moins trois laisseront une descendance : Jean-Baptiste, Pierre et Marie-Louise. Ce Pierre Bencette est le père de Scholastique qui s’établira à Saint-Louis-de-Gonzague avec son mari François Lériger de Laplante. Marie -Louise épousera Gabriel Gagnier à LaPrairie le 14 octobre 1799. Quant à Jean-Baptiste fils, avec lui commence une petite histoire qui animera un peu LaPrairie.
Le tout débute par un certain Julien Thierry de Montréal, qui a une aventure avec une sauvagesse, dont le nom demeurera inconnu. De lui, cette amérindienne donne naissance à une fille, que l’on baptise Marie-Anne. D’après un acte de baptême du 3 septembre 1776 à
Montréal, elle aurait été baptisée à l’âge d’environ deux ans et demi, et sous condition, étant gravement malade.
Sans savoir les circonstances, on retrouve Marie-Anne à LaPrairie. Elle pourrait avoir été prise en charge par les sœurs de la Congrégation Notre-Dame, déjà installées à cet endroit. Marie-Anne est une petite fille très douée, car elle apprend à lire et à écrire, ce qui n’est pas très courant à l’époque.
Jean-Baptiste Bencette fils est voyageur de métier. Lors d’un séjour à LaPrairie, il fait la connaissance de Marie-Louise Thierry, qui devient enceinte de lui. Puis, sans contrat au préalable, le mariage a lieu à LaPrairie le 16 février 1695. Le curé ne peut éviter de rappeler par écrit les origines de la mariée du jour :
« L’an mil Sept cent quatre-vingt-quinze le Seize février Nous Pretre Soussigné après la publication de bans de mariage aux prones de cette paroisse par trois dimanches consécurifs entre Jean Baptiste Bencette dit Jolibois fils de Jean Baptiste Bencet dit Jolibois et de Marie Louise Bourdeau ses pere et mere de cette paroisse d’une part, et Marie-Anne Thierry fille naturelle de Julien Thierry de Montréal et d’une sauvagesse anonyme de cette paroisse d’autre part, ne s’étant trouvé aucun empêchement leur avons donné la bénédiction nuptiale après avoir reçu leur mutuel consentement presence de jean Baptiste Bincet pere, Louis Roussin, Alexis Portelance, Henry André, Pierre Guerin, Jacques Hubert Lacroix, François Dupuy, Pierre Cardinal & plusieurs autres ».
Au bas de l’acte de mariage, Marie-Anne Thierry est fière d’apposer son élégante signature avec celle de son mari. On remarque que le mariage est célébré en la présence de nombreux invités. Le premier enfant est baptisé Joseph le 2 septembre de la même année. Elle aura en tout huit enfants. Mais, ce Joseph Bencette, l’aîné, fera scandale à LaPrairie.
Comme son père, Joseph Bencette devient voyageur, probablement aux Grands Lacs. De retour à LaPrairie, il courtise Florence Payant, une fille de 19 ans de la paroisse, qui devient enceinte. Mais, le père refuse de reconnaître sa paternité. L’enfant est baptisé à LaPrairie et l’acte est rédigé selon les règles de l’époque.
« L’an mil huit cent vingt-neuf le vingt-cinq Mars par Nous prêtre soussigné a été baptisée sous condition Marie Adéline née d’avant-Hier sur cette paroisse de parens inconnus le parrain a été Stephen May et la Marraine Catherine Lériger de Laplante qui ont déclaré ne savoir signer de ce enquis lecture faite. J. B. Boucher ptre ».
Il est d’usage d’inscrire « de parents inconnus », même si l’on connaissait, évidemment le nom de la mère. La petite Adéline n’est pas assurée de survivre; elle est baptisée sous condition, comme sa mère l’avait été. Quelques mois plus tard, peut-être sous les incitations du curé ou de certains paroissiens, Joseph Bencette se ravise et accepte d’épouser Florence Payant. Ils s’adressent au curé Boucher pour planifier leurs épousailles. Après avoir obtenu la dispense de deux bans, le curé annonce en chaire la promesse de mariage, le dimanche 27 septembre 1829. Comme il est de rigueur, il déclare aux fidèles : « Si vous connaissez des empêchements à ce mariage, prière de nous en faire part ».
La conduite des futurs mariés provoque une opposition au mariage de la part d’un paroissien. Le curé croit bon de référer le cas à son évêque, surtout qu’il a appris que les deux candidats au mariage demeurent déjà ensemble. Voici la réponse que lui transmet Mgr Jean-Jacques Lartigue, le premier évêque de Montréal et portant le titre d’Évêque de Telmesse : « Montréal, Le 17 octobre 1829, Mr. – après avoir vu l’opposition qui vous a été signifiée, je juge que vous pouvez passer outre, sans y avoir égard, parce qu’elle n’a été faite ni par la fille, ni par les pere, mere, ou tuteur, qui sont les seuls qui auront eu droit de s’opposer si elle était mineure. Vous pourrez procéder au mariage en question dès lundi prochain avec seulement 2 témoins; & que d’ici à ce temps-là on ne connaît aucun soupçon, le mariage aura lieu. Afin d’éviter quelque nouvelle esclandre ou opposition, les conditions étant que les parties se séparent immédiatement, de manière à ne point coucher ni manger dans la même maison; qu’elles se préparent par la confession; que toutes 2 vous prient, en présence de 2 témoins, de demander pour eux au prône pardon du scandale qu’elles ont donné. Vous leur direz devant les deux témoins, la formule suivante que vous direz en conséquence à votre Prône de dimanche prochain, sans faire mention de leur futur mariage "J. Bincet & Florence Payant, de cette paroisse ont donné publiquement scandale par leur mauvaise conduite, m’ont chargé de déclarer ici de leur part que par ordre de Mgr l’Év. De Telmesse et en même temps de leur bonne volonté, ils ont sincère regret et demandent pardon à Ste. Mère l’Église du scandale qu’ils ont occasionné par leur faute; et qu’ils ont résolu d’en faire pénitence". Si les parties se refusaient à ces conditions, vous refuserez de les marier. Je suis un véritablement, J. J. Év. De Telmesse ». (Archives nationales du Québec à Montréal)
C’est tout un acte de repentir que l’évêque demande à Florence Payant et à Joseph Bencette. Mais, après réflexion, ils décident d’accepter les conditions qu’on leur impose. À la messe du dimanche 1er novembre, le curé Boucher prononce textuellement la formule commandée par son évêque, à qui il a juré obéissance. Puis, dans un registre, il écrit cette note : « L’annonce cidessus a été faite au prône de La Prairie hier 1er jour Nov. Après demande faite à moi par led(it) J. Bincet & Frorence Payant en presence des Srs. J Mousset Frs Couturier. Le 2 novembre 1829. J. B. Boucher Ptre ». (Archives nationales du Québec à Montréal).
Le lendemain, après la bénédiction du mariage, le curé note au registre une description qui demeurera écrite pour la postérité :
« L’an mil huit cent vingt neuf le deux Novembre, après une publication de promesse de mariage faite le vingt-sept septembre, année présente, au prône de la Messe paroissiale de cette paroisse et la dispense de publication de deux bans obtenue de Messire Roque vicaire général, entre Joseph Bincet dit Jolibois voyageur, de cette paroisse, fils majeur de defunt Jean Baptiste Bincet dit jolibois et de Marie Anne Thierry, d’une part, et Florence Payant dite Xaintonge, de cette paroisse fille mineure de Basile Payant dit Xaintonge et de Marguerite Rousseau ses pere et mere de cette Paroisse d’autre part, ne s’étant découvert aucun empêchement au dit Mariage, et Monseigneur de Telmesse ayant ordonné de passer outre à une opposition qui avait été faite comme illégale, Nous prêtre soussigné, curé en cette paroisse leur avons, du consentement des parens requis par le droit donné la bénédiction Nuptiale, après avoir reçu leur consentement mutuel par paroles de présents, et les dits Joseph Bincet et Florence Payant ont reconnu pour leur enfant Marie Adéline ici Baptisée le vingt cinq mars année présente comme née d’eux pour auparavant de parens inconnus et nous avons prononcé sur la dite Marie Adéline avec les cérémonies présentes les prières de légitimation du Rituel et ce en présence des Srs Joseph Mousset, François Couturier et Basile Payant pere de l’épouse qui ainsi que les époux ont déclaré ne savoir signer de ce enquis lecture faite. J. B. Boucher ptre ».
Tout indique que la petite Adéline, âgée de sept mois, est amenée à l’église pour recevoir les prières, qui la font passer d’enfant naturelle à fille légitime. C’est pourquoi, le curé inscrit en marge : « Légitimation de Marie Adéline au 28 (25) mars ». Puis, il reprend l’acte de baptême du 25 mars et note en marge : « Reconnue Bincet au 2 Nov. ».
Entre 1829 et 1853 – donc pendant 24 ans – Florence Payant donne naissance à 14 enfants, dont seulement trois décèdent en bas âge. À l’époque, la vocation première d’une épouse est d’avoir de nombreux enfants. À cet égard, Florence Payant donna l’exemple et ne méritait point l’humiliation lors de son mariage.
Ces événements se passent au début du XIXe siècle, lorsque les autorités ecclésiastiques ont encore beaucoup d’influence sur leurs fidèles. Selon nos valeurs d’aujourd’hui, on pourrait juger sévèrement le clergé pour avoir posé de tels actes humiliants. Toutefois, il faut reconnaître que, dans l’ensemble, la population acceptait ces décisions et s’accommodait assez bien de pénitences semblables. Autres temps, autres mœurs! comme on dit. En outre, il faut rappeler que l’enregistrement par le prêtre, des baptêmes, des mariages et des sépultures, constituait avant tout un acte d’ordre civil, dont la procédure était reconnue et acceptée par les pouvoirs de l’État. À cet égard, quelques milliers d’actes de la paroisse de LaPrairie de La Magdeleine furent rédigés par l’abbé Jean-Baptiste Boucher. En effet, il en a été le curé pendant 47 ans, soit de 1792 jusqu’à son décès en 1839.
Quelque 150 ans plus tard, en 1994, dans le Récré-o-parc de la ville de Sainte-Catherine, on aménage un poste d’observation de la faune et des cascades du majestueux fleuve Saint-Laurent. Le 5 juin, à son inauguration, on dévoile une plaque sur laquelle on lit à la fin de l’écriteau : « Site de l’ancienne demeure de Edouard Bencette un pionnier de Côte Sainte- Catherine ». Il s’agirait d’Edouard Bencette qui a épousé Anna Létourneau le 11 octobre 1904. Malheureusement, après dix ans, le texte sur la plaque est devenu presque illisible. Souhaitons que bientôt on la rafraîchira pour redonner un peu de rayonnement aux Bencette.

- Au jour le jour, octobre 2003
Pourquoi Michel fils Lemire a-t-il été inhumé à La Prairie le 30 septembre 1766?
Isaac Lemire, célibataire de 35 ans et venant de Rouen, arrive en Nouvelle-France en 1683. Il loue pour trois ans la seigneurie de Sainte-Anne-de- LaPérade, de Dame Renée Denis, veuve de Thomas Tarrieu, Sieur de Lanouguière. Leur fils Thomas épousera Madeleine de Verchères. Le 5 juin 1686 à Batiscan, Isaac Lemire épouse Hélène Damours, fille du roi et veuve de feu Louis Faucher. Les deux auront trois enfants, dont un seul fils, Michel.
Après le décès d’Hélène Damours, Isaac Lemire quitte la ville de Québec pour venir à Montréal, où il décède quelques mois plus tard à l’Hôtel-Dieu. Quant à son fils Michel, il épouse à L’Ancienne- Lorette, Élisabeth Lemerle. Après la naissance de quatre enfants dont Michel, la famille vient s’établir dans la région de Montréal. Ils auront en tout dix enfants et demeureront à Sorel, Montréal et Châteauguay. Michel Lemire décède à Montréal le 7 janvier 1753.
Michel fils Lemire achète la ferme de son père à Châteauguay, mais demeure la plupart du temps à Montréal. Célibataire, il devient voyageur, comme ses deux frères Augustin et François. Il effectuera au moins huit expéditions aux Grands Lacs, dont quatre à Michillimakinac, le poste de traite principal à l’époque. Le 10 février 1755, à 31 ans, il épouse Magdeleine Doray, femme cultivée qui a une signature très élégante. Les deux s’établissent à Châteauguay et n’auront que quatre enfants. Michel fils Lemire décède à LaPrairie le 29 septembre 1766 à l’âge de 43 ans.
« L’an mil sept cent Soixante Six le trente Septembre le Soussigné prêtre a inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de Michel Lemire habitant de Châteaugai décédé la veille âgé de quarante et quelques années en la Communion de nôtre Mère Ste Église et muni des Sacrements. L’Enterrement a été fait en présence de Jacques Hertault et de Pierre Chabot qui ont déclaré ne scavoir Signer. Jacques Desligneris Ptre ».
Pour un temps, j’ai cherché la raison pour laquelle Michel fils Lemire a été inhumé dans le cimetière de LaPrairie et non pas dans celui de Châteauguay, son lieu de résidence. J’ai trouvé la réponse en découvrant un acte au greffe du notaire Pierre Lalanne de LaPrairie. Le contrat est libellé : « Accord entre Michel Mire et Maître Villemart Chirurgien, le 9 septembre 1766 ». Le contrat débute ainsi.
« Par devant Les Notaires Soussignés de la province de québecq residant à laprairie de la Magdeleine Soussigné et temoins en fin nommés fut present le sieur Michel Mire habitant de Chateauguay et de present en ce d[it] lieu, constitué Malade en la maison du sieur Villemart Mtre Chirurgien a laprairie de la Magdeleine Lequel ce trouvant tres dangereusement Malade et ayant consulté et mesme estre fait traité par plusieurs Chirurgiens et n’en ayant eu aucun soulagement suivant le raport dud[it] malade et de Magdeleine doray sa femme qu’il l’auroit accusé aud[it] notaire Et enfin auroit eu le bonheur de sa dressé aud[it] Mtre Villemart Lequel promet luy donner avec le secours de la Grace le soulagement Et Guerison de sa maladie, non connu à l’exception des expulsions des hurines et penché il y a longtems ».
Moyennant la somme de 250 livres, le chirurgien promet de guérir Mic hel Lemire. S’il ne réussit pas, aucune somme ne lui sera versée. Le malade demeurera à la maison du chirurgien à La Prairie, mais devra retenir à ses frais les services d’un infirmier pour avoir soins de lui. Toutefois, les connaissances du chirurgien et le secours de la Grâce, ne sont pas au rendez- vous. Michel Lemire décède trois semaines plus tard. Mais, de quelle maladie souffrait- il?
On sait que le métier de voyageur était très exigeant, surtout physiquement. Michel Lemire dirigeait l’embarcation, «…pour être dans le devant d’un canot… », ce qui commandait des mouvements saccadés et violents. Chargé de marchandises pour l’aller et de pelleteries au retour, le canot était pagayé par au moins quatre rameurs. Les gages étaient très intéressants — de 200 à 500 livres — dépendant de l’endroit et de la durée de l’expédition. Mais, les risques de naufrage étaient énormes. Plusieurs n’en sont pas revenus, y trouvant la mort. Les portages, les rapides, les moustiques et les intempéries, usaient son homme. Avec les années, comme tant d’autres voyageurs, Michel Lemire développe de l’arthrose chronique dans tout le corps, ce qui l’oblige à se tenir continuellement en posture courbée. Quant à ses expulsions d’urine, il est plus difficile d’en établir le diagnostic. Il pourrait avoir contracté une maladie lors de ses aventures frivoles aux pays des Outaouais. Après le décès de son mari, Magdeleine Doray ne semble pas avoir déboursé aucune somme d’argent au chirurgien. Cela se comprend.
On remarque qu’au XVIIIe siècle, l’on commence à utiliser le patronyme «Mire ». On le fera pour quelques générations, pour finalement adopter graduellement celui de «Myre ». Presque tous les descendants d’Isaac Lemire et d’Hélène Damours choisiront ce patronyme, que l’on retrouve surtout dans le sud-ouest du Québec, mais aussi en Ontario et aux États-Unis.
Je suis un descendant de ce Michel Lemire. Après quelques générations à Châteauguay, un Jean-Baptiste Myre vient s’établir en 1858 à Saint- Louis-de-Gonzague, endroit où je suis né. Il devient l’un des pionniers de ce coin de pays. Durant plusieurs années, il en est le maire, le préfet de comté et l’un des directeurs de la Société d’agriculture du comté de Beauharnois. C’était mon arrière-grand-père.
Comme j’ai pu le constater à plusieurs occasions, avec de la chance et surtout beaucoup de patience, on réussit parfois à percer une énigme, si anodine soit-elle.