Au jour le jour, octobre 2015
N.D.L.R. Pour les dates et les différents ministères de Florent Bourgeault, nous renvoyons le lecteur à l’article rédigé par Monsieur Jean Joly, paru dans ce bulletin en mars 2010.
Rappelons seulement que Monsieur Bourgeault était curé de Pointe-Claire avant d’être nommé à la cure de La Prairie en 1877.
Florent Bourgeault est né le 23 février 1828 à Lavaltrie du mariage de Victor Bourgeault cultivateur, et de Marie-Josèphe Bourque. D’une constitution robuste, on lui reconnaissait une grande mémoire, une érudition en théologie et un très fort « attachement à sa nationalité ».
À son arrivée à La Prairie en 1877-1878, la diphtérie, les fièvres typhoïdes et la variole avaient fait de nombreuses victimes dans le village de La Prairie. Les épidémies étaient fréquentes en cette fin de 19e siècle.
Plus tard, Hyacinthe Sylvestre note dans son journal : 1885 : octobre et novembre – picoteÀ la fin du 19e siècle, on confond fréquemment la varicelle (picote) et la variole. Cette dernière est souvent mortelle.. Le curé Bourgeault fut si malade à la fin de décembre 1885 qu’il reçut la visite de l’évêque de Montréal et dû être administré. Avait-il été une victime tardive de l’épidémie de variole, une maladie très contagieuse, qui sévissait alors? Après une période d’incubation de dix jours apparaissaient des maux de tête, des douleurs et de la fièvre. Malgré l’intervention en chaire des curés qui prônaient des mesures de préventions, certains médecins et une partie de la population ne croyaient pas en l’efficacité du vaccin. Parmi ceux qui étaient atteints, un malade sur trois en mourait. À La Prairie, les morts, causées par cette épidémie, ont été enterrées du côté gauche de l’église près du couvent des Sœurs de la C.N.D. Étonnamment, le journal personnel de Monsieur Bourgeault est totalement muet sur cet épisode. Heureusement, à la mi-février 1886, il était complètement rétabli.
À son retour à la santé, les paroissiens lui adressèrent leurs vœux, le remerciant pour son dévouement, son zèle apostolique et son vif intérêt pour la cause de l’éducation et l’avancement intellectuel de la population de La Prairie. L’allocution soulignait également sa générosité envers les vieillards et les orphelins de l’hospice de la Providence.
Lors des fêtes du JubiléSans doute un anniversaire lié au règne de la reine Victoria. en juin 1878, le curé note : « Plusieurs arriérés se sont confessés. Il y a eu entre 1600 et 1700 communions. », ce qui représente une tâche considérable. Heureusement qu’il pouvait compter sur l’aide de son vicaire, l’abbé Cyrille Huet.
Sans doute dans le cadre de sa visite paroissiale annuelle, Monsieur Bourgeault entreprit à l’hiver 1878 de faire le recensement complet de la population de La Prairie. En plus des habitants du village et des côtes, le document cite les noms des religieuses et des pensionnaires du couvent de la Congrégation de Notre-Dame et de l’hospice de la Providence. Non seulement ce recensement constitue une mine d’informations sur les familles, les métiers, les habitations et l’état de santé des habitants, il recèle en plus de nombreux détails sur la topographie, l’état des chemins et la toponymie. Jusqu’à la fin de son ministère à La Prairie, le curé y ajouta de nouveaux détails, dont la date et la cause du décès de certains paroissiens.
Cette énumération détaillée de ses ouailles en début de ministère témoigne de son intérêt et de son attachement envers ceux et celles dont il avait la responsabilité spirituelle.
Outre les charges de son ministère, le curé Bourgeault veillait au bien-être de Barbe, sa sœur aînée née en 1825. Réputée très pieuse, elle logeait au presbytère. Lors de sa nomination à l’archevêché de Montréal en 1891, il louera pour elle l’ancienne maison du Dr Palardy située sur la rue Mansfield. De passage à La Prairie en août 1887, l’abbé Frédéric Baillargé, qui fut vicaire du curé Bourgeault de 1881 à 1883, note : « Le Révérend Monsieur Bourgeault, curé de La Prairie, vieillit peu. C’est le cas de le dire : Le travail ne tue point. » Alors que Mademoiselle Barbe Bourgeault atteint l’âge de soixante-deux ans, il ajoute à son sujet : « elle porte allègrement ses cinquante et quelques années ».
Barbe Bourgeault n’était pas la seule à loger au presbytère avec son frère curé. Le recensement cité plus haut contient la liste des cinq personnes qui y habitaient : Florent Bourgeault 50 ans, curé; Barbe Bourgeault 53 ans, ménagère; Phélonise Masson 40 ans, engagée, fille de François Masson journalier et de Marie-Louise Morin (décédée) de Saint-Lin; Bridget Corcoran 35 ans (décédée de consomption le 18 juin 1879), engagée, fille de Luke et de Jane Mulligan de Saint-Alphonse; Joseph Labrecque 27 ans, engagé, fils de Gordien, menuisier (décédé) et d’Anne-Nancy Desroches de l’IndustrieAujourd’hui Joliette..
On aura compris qu’à l’époque où la présente liste fut dressée, Florent Bourgeault était sans vicaire pour le seconder dans ses tâches. Le presbytère dont il est ici question fut construit en 1848, deux années après le grand incendie qui détruisit une grande partie du village. En 1910, il a été remplacé par le presbytère actuel.
Était-ce par souci d’économie que le curé de La Prairie possédait un cheval âgé de vingt-six ans ? Afin de le ménager, Monsieur Bourgeault le menait au pas. En conséquence, il lui fallait des heures pour franchir, par exemple, la distance entre La Prairie et L’Acadie.
L’Université de Montréal
Lorsque l’Université Laval est fondée à Québec en 1852 en tant qu’institution diocésaine, l’évêque de Montréal, Mgr Bourget, s’adresse à Rome pour obtenir une université dans son propre diocèse. Cette demande est refusée et l’affaire prend une tournure personnelle entre les évêques.
Malgré l’éternelle rivalité Québec-Montréal, c’est le 6 janvier 1878 qu’a eu lieu, dans la chapelle du Grand Séminaire de Montréal, rue Sherbrooke, l’inauguration officielle de l’Université de Montréal, alors succursale de l’Université Laval. Fruit de plus de vingt-cinq ans de démarches, de propositions et de polémiques, c’est devant près de 200 personnes, dont l’évêque de Montréal, Mgr Fabre, et l’archevêque de Québec, Mgr Taschereau, que la nouvelle université voit le jour.
L’ouverture de la succursale de Montréal ne marque en rien la fin de la querelle. Le 20 mai 1881, un projet de loi est présenté devant le Comité des Bills privés, projet dans lequel l’Université Laval demande le pouvoir de multiplier ses chaires d’enseignement dans les limites de la province de Québec. En réalité, Laval souhaite maintenir sa succursale établie à Montréal, ce qui ferait en sorte que Montréal serait sous la tutelle de Québec pour l’éducation supérieure. Bref, l’Université Laval veut se faire donner le contrôle absolu, ce qui signifie le monopole de l’enseignement supérieur dans toute la région de Montréal.
Le projet de loi donnera lieu à de nombreuses divergences et à des guerres intestines; libéraux et ultramontains seront tour à tour pris à partie. À cause du statut futur du collège Sainte-Marie, les Jésuites aussi s’en mêlèrent. La population et le clergé étaient divisés et le curé Bourgeault était d’avis que Mgr Fabre s’était compromis dans cette affaire. Une pétition circulait contre le projet de loi. Hyacinthe Sylvestre, marchand à La Prairie, note dans son journal personnel : « le vendredi 13 mai 1881 – signé requête contre Laval ». Progressivement, le mélange de la religion, de la politique et de l’enseignement s’amplifia et divisa profon- dément les francophones du Québec.
En mai 1881, le curé Bourgeault adresse deux lettres au député provincial conservateur dans Laprairie Léon-Benoit-Alfred Charlebois. Il lui souligne d’abord que les prêtres du comté sont divisés au sujet du projet de loi en faveur de l’Université Laval. Et il espère « que tout tournera à bien pour Québec et pour Montréal ». Dans la seconde lettre, il précise : « En vous remerciant de m’avoir adressé le projet de loi en faveur de l’Université Laval, je prends la liberté d’exprimer l’espoir que la demande de Québec ne sera pas accordée. » Voilà une opinion clairement exprimée.
En 1890, Mgr Fabre obtient de Rome que l’Université de Montréal devienne quasi indépendante de l’Université Laval. Cependant, le climat se détériore tellement qu’il faudra plusieurs interventions à Rome pour tenter de calmer les esprits et amener une paix relative entre les opposants, paix qui ne sera assurée qu’avec la création de l’Université de Montréal en 1920.
Départ de La Prairie
Pieux, très soumis à son évêqueCharles-Édouard Fabre, évêque de Montréal de 1876 jusqu’à son décès en 1896. et investi d’une responsabilité envers la morale publique, en 1890, Monsieur Bourgeault adresse, d’un ton autoritaire, la lettre suivante au docteur Thomas-Auguste Brisson maire de la municipalité:
La Prairie le 16 août 1890
T.A. Brisson, Ecr. M.D.
Mon cher docteur
Monseigneur de Montréal a défendu, à 4 ou 5 reprises, et bien strictement, les excursions, les voyages de plaisir, les pics-nics, etc. le dimanche. Si donc, il doit s’en faire encore les dimanches, je serai obligé de les défendre. J’ai besoin de votre réponse avant demain matin.
Si vous faites des excursions, pics-nics, etc. la semaine, vous en prenez la responsabilité, et pourvu qu’il n’y ait pas de désordres (supposant que la réunion est bien composée) je ne puis à la rigueur les défendre; mais les dimanches je ne puis les tolérer.
Bien à la hâte j’ai pris tout à l’heure le Plan du cimetière.
Avec le dévouement ordinaire
Votre curé et serviteur.
F. Bourgeault ptre
Mgr Payette racontera quelques décennies plus tard que Florent Bourgeault dut partir de La Prairie parce qu’il était détesté de tous les paroissiens. Plus personne ne venait à la grande messe parce que ses sermons étaient trop longs et qu’il se répétait constamment. Il est souvent plus facile de changer quelqu’un d’affectation plutôt que de lui demander de modifier son caractère. Compte tenu de ses mérites (il s’occupait beaucoup des pauvres et des malades), la seule façon de s’en débarrasser sans le blesser aurait été de le nommer à une fonction supérieure. Ce qui fut fait en septembre 1892, suite au décès de Monsieur Maréchal il fut désigné grand vicaire à l’archevêché. Cette mutation peut donc être interprétée comme une promotion-réprimande.
À son départ de La Prairie, après avoir donné un grand nombre d’ouvrages de littérature au collège de l’Assomption, son alma mater, il a emporté le reste de sa bibliothèque avec lui. À la mort de Mgr Fabre en décembre 1896, il fut nommé vicaire capitulaire.
Avec l’âge et les lourdes responsabilités, sa santé se détériorait. En avril 1893, alors qu’il habite à l’archevêché, il demande au docteur Brisson de La Prairie d’aller le visiter : « Je ne suis pas malade, mais la bile est abondante depuis quelques semaines. Heureusement elle s’en va naturellement, mais il y a alternativement constipation et évacuations bilieuses abondantes. L’appétit est un peu dérangé. Il y a un peu de douleur au côté droit. »
Florent Bourgeault est décédé subitement d’une « congestion cérébraleUne congestion cérébrale ou congestion vasculaire survient quand il y a une perturbation de la circulation sanguine menant vers le cerveau. L’obstruction d’une artère ou une hémorragie interne peuvent être mortelles. Les mangeurs excessifs en sont souvent les victimes. » le 9 juillet 1897 à l’âge de 71 ans. Sa sœur Barbe lui a survécu jusqu’en 1900. Tout comme ses prédécesseurs, il fut inhumé dans la crypte de la cathédrale Saint-Jacques le Majeur. Commencée en 1858 et bénie en septembre 1860, l’église Saint-Jacques fut reconstruite par l’architecte Victor Bourgeault (un cousin de Florent) entre 1880 et 1884. Acquise en 1973 par l’Université du Québec à Montréal, l’église est partiellement démolie entre 1975 et 1979. Le clocher et le transept sud sont conservés. Nous ignorons ce qu’il est advenu alors des sépultures logées dans la crypte.
Le 15 septembre dernier, la municipalité de La Prairie remettait vingt prix honorifiques aux lauréats du concours des maisons fleuries lors d’une cérémonie tenue au complexe Saint-Laurent.
Depuis maintenant cinq ans, le comité d’embellissement de La Prairie, présidé cette année par Monsieur Christian Caron, conseiller municipal du district du Christ-Roi, récompense les efforts des citoyens, des commerçants et des industries qui embellissent la municipalité par des arrangements floraux sur leur propriété.
Toutes nos félicitations à Monsieur Frédéric Laemlin, voisin d’en face et membre de la SHLM (copropriétaire du Bistro L’Alsacien situé au 240, rue Sainte-Marie), pour l’obtention d’un des prix dans la catégorie « façades commerciales ».
Dans la catégorie « façades résidentielles », deux propriétés par district se sont mérité un lauréat. Nous tenons à féliciter les gagnants dans le district du Vieux-La Prairie, soit les propriétés situées au 246, rue Saint-Jacques et au 331, rue Saint-Georges.
Lors de la cérémonie, le maire et les conseillers ont remis aux lauréats une reproduction d’une toile de la collection privée de la Ville intitulée Lac La Citière fleuri, réalisée par la Laprairienne Carole Dumont.
Le 4 avril 1893, le conseil municipal de La Prairie décide « d’engager un homme à l’année qui fera tous les ouvrages de la corporation avec un salaire de vingt-deux piastres par mois sans logement et vingt piastres par mois en le logeant et il s’oblige à faire tous les ouvrages de la corporation qui lui sera commandé de faire par qui de droit et d’avoir soin de la station de pompier [sise à l’actuel 249, rue Sainte-Marie], de veiller aux cours d’eau [quelques ruisseaux traversent le village], trottoirs [en bois], propriétés de la corporation et en même temps d’être constable, veiller au bon ordre et à la tranquilité publique et même aller travailler sur le chemin d’hiver [c’est-à-dire le pont de glace sur le fleuve] s’il le peut pour les bénéfices de la corporation et le dit sieur Couture [Joseph Couture] accepte ces conditions et l’engagement est conclu. »
Avant l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent, les citoyens de La Prairie jouissaient d’un accès direct aux eaux du fleuve. Les nombreuses activités aquatiques (les baignades à la plage, les randonnées en canot, la chasse à la sauvagine, la pêche et les traversées vers Montréal sur les bateaux à vapeur) n’étaient pas sans comporter leur lot de dangers. Chaque année, on comptait donc quelques noyades.
La Minerve du 10 juillet 1872 relatait que « mardi après-midi, un jeune homme de 13 ans, du nom de J.C. Harpers, droguiste de Montréal, s’est noyé en se baignant près de l’ancien quai [sans doute l’ancien quai du chemin de fer qui était situé vis-à-vis de la rue Saint-Henri]. », que « son corps n’a été retrouvé qu’hier vers dix heures, et déposé sur la plage, où le député-coroner A. Beauvais, a tenu l’enquête » et « [qu’on] doit l’inhumer à Montréal. »
L’édition du 18 décembre 1908 du journal La Patrie rapportait l’événement suivant : « À 10 heures ce matin, Émile Barbeau, âgé de 22 ans, fils de M. Victor Barbeau, conseiller de Laprairie et l’un des principaux citoyens de cette paroisse, a été victime d’un grave accident. Il charroyait du bois avec son oncle, M. Alexis Moquin, lorsqu’il tomba de sa charge et roula sous les roues de la voiture de son oncle, qui le suivait.
L’infortuné a été meurtri par la voiture et il souffre de lésions graves. Les Dre Siméon et Joseph Longtin prodiguent leurs soins au blessé dont tout le monde ici souhaite le prompt rétablissement. »
La crise économique des années 1930 a lourdement frappé des millions de familles en Europe et en Amérique du Nord. Alors que les milieux ruraux étaient moins touchés, les grandes villes et les petites municipalités ont dû redoubler d’efforts pour venir en aide à un trop grand nombre de chômeurs. À La Prairie, comme ailleurs, les élus multiplièrent les demandes d’aide financière auprès des gouvernements de la province et du pays.
Ici, le conseil municipal fit de nombreuses démarches pour attirer de nouvelles industries en leur proposant des conditions avantageuses : eau gratuite, électricité au prix coûtant et octroi d’une somme d’argent pour faciliter leur établissement. On chercha également à faire réduire certains tarifs pour les citoyens.
Parallèlement, le gouvernement provincial allouait des fonds aux municipalités pour les aider à mettre en marche des travaux publics (amélioration de la plage publique, pavage des rues Saint-Philippe et Sainte-Rose) et ainsi enrayer le chômage. À cela s’ajoutaient les secours directs. À partir de 1932, les gouvernements mirent sur pied un système de coupons échangeables contre de la nourriture, du combustible et des vêtements. À partir de décembre 1933, ces secours furent distribués sous forme de chèques par un organisme nouvellement créé: la Commission du chômage. L’objectif était d’assurer le minimum vital aux familles. À La Prairie, en avril 1936, les secours directs s’élevaient à 2 600,00 $.
Étonnamment, durant la crise, les autorités municipales et provinciales adoptèrent des mesures susceptibles de rendre la vie plus difficile à certaines personnes, sans doute dans le but d’éviter que des profiteurs n’abusent de la situation :
• Février 1934 : résolution à l’effet de priver les chômeurs de leur droit de vote.
• Avril 1934 : autorisation à l’électricien d’enlever le courant à ceux qui sont en arrérages de deux trimestres en électricité.
• Septembre 1934 : avis de la Commission municipale que le conseil ne peut accorder un escompte sur les taxes ni faire remise des intérêts.
• Avril 1936 : lettre du Département du service provincial d’hygiène informant le conseil qu’il n’interviendra pas au cas où le conseil déciderait de fermer l’eau pour faciliter le paiement.
La guerre mit fin à la crise, et l’industrie de guerre permit à une grande majorité de citadins de renouer avec une certaine prospérité.
Depuis quelques années, les municipalités du Québec sont invitées à établir ou à préciser leurs propres objectifs en matière de culture. C’est dans ce contexte que les élus municipaux décidaient récemment de doter notre municipalité d’une politique culturelle. Réuni en séance ordinaire le 24 août dernier, le conseil municipal adoptait une résolution créant le comité de la politique culturelle dont la mission est d’élaborer une politique culturelle distinctive à La Prairie. Le comité est composé de huit membres, dont Monsieur Gaétan Bourdages (représentant la SHLM), et dispose d’une période d’une année pour achever ses travaux.
Chaque année, à la fin du mois de septembre, la SHLM participe aux Journées de la culture avec les autres organismes culturels de la MRC de Roussillon. Cette année encore, nos locaux étaient ouverts durant ce week-end et nous avons offert au public trois visites guidées du Vieux-La Prairie par jour en compagnie d’un de nos guides étudiants.
À la suite à la tenue de ce week-end thématique, notre exposition estivale a été démontée et le comité de la vente de livres usagés peut s’installer dans notre salle d’exposition pour reprendre ses activités. Nos plus sincères remerciements à la Maison LePailleur de Châteauguay et à sa directrice générale, Madame Karine Landerman, pour nous avoir prêté, cet été, l’exposition « Emblème des grands voyageurs » ou l’histoire de la ceinture fléchée, réalisée par Monsieur Denis Caron, maître flécheur.
Pour les sept prochains mois (octobre à avril) la SHLM recueillera des livres neufs ou usagés en bon état afin d’organiser une activité de financement au mois de mai 2016. Tous les genres de livres sont acceptés (sauf les encyclopédies et les revues).
Conférencier: Monsieur Michel Langlois
Dans un premier temps nous prendrons connaissance des ouvrages publiés sur Carignan-Salière. Il sera ensuite question de la formation du régiment, de son déplacement de Marsal en Lorraine jusqu’à La Rochelle, de sa traversée en Nouvelle-France, de ses activités au pays et en particulier des expéditions menées contre les Iroquois et enfin de l’établissement de certains officiers et soldats au pays.
Cette conférence de la SHLM aura lieu exceptionnellement à la salle Saint-Laurent du Complexe Saint-Laurent, situé au 500, rue Saint-Laurent à La Prairie. Elle débute à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres.
Renseignements au 450-659-1393.
Au jour le jour, septembre 2015
UN RETOUR AUX ORIGINES L’aventure a débuté il y a plus de quarante ans. En 1972, le caractère exceptionnel du Vieux-La Prairie était menacé par un important projet de développement immobilier de la compagnie Gulf. Des citoyens avertis qui se réunissaient fréquemment songèrent à préserver ce patrimoine bâti unique en Montérégie. Afin de s’assurer une crédibilité, on rédigea une charte et la Société historique de La Prairie obtint ses lettres patentes en septembre 1972. L’organisme naissant n’allait pas chômer.
Dans les années qui suivirent, les travaux d’une équipe d’étudiants en architecture de l’Université de Montréal, dirigés par le professeur Laszlo Demeter, permirent de décrire et de souligner le caractère unique du Vieux-La Prairie. En plus de cette étude, le mauvais état et la dégradation des maisons et des infrastructures du vieux quartier, ainsi que la mise en oeuvre prochaine, par la municipalité, du programme de rénovation urbaine et la possibilité d’intégrer les deux opérations firent naître l’idée de demander au ministre de la Culture de procéder à la création d’un arrondissement historique.
Sensible aux pressions de la « société historique », le maire de l’époque, Monsieur Jean-Marie Lamoureux, sut convaincre le conseil municipal de demander au ministre Denis Hardy de protéger le vieux village. C’est ainsi que l’arrondissement historique devint réalité en 1975. Après trois années d’efforts, le Vieux-La Prairie était sauvé. La municipalité, le ministère de la Culture et la Société d’histoire joueront par la suite un rôle essentiel pour faire revivre ce secteur de La Prairie qui avait grand besoin de rénovations.
Depuis 1975, de multiples interventions (restaurations, rénovations, incendies, démolitions, fouilles archéologiques, enfouissement des fils, réfection des infrastructures et du mobilier urbain, etc.) ont largement modifié l’apparence générale du Vieux-La Prairie. À l’automne 2012, l’adoption de la nouvelle loi sur le patrimoine culturel transformait l’arrondissement historique en site patrimonial (la nouvelle appellation ne modifiant en rien la nature des choses) et obligeait le ministre à établir avec toute la diligence possible pour chaque site patrimonial classé, un plan de conservation qui renferme ses orientations en vue de la préservation, de la réhabilitation et de la mise en valeur de ce site.
LES FÊTES DU 40E
Quarante ans, ça se fête et il ne fallait surtout pas rater l’occasion. Les fêtes du 40e anniversaire ont été rendues possibles grâce à une importante subvention du ministère de la Culture et des Communications et à la participation financière de la municipalité. Un comité organisateur fut donc mis sur pied afin de structurer les festivités de l’année 2015 à travers quatre événements majeurs dont le premier fut l’inauguration du piano public. En effet, dans le cadre des festivités entourant le 40e anniversaire du site patrimonial déclaré du Vieux-La Prairie, la Ville a récemment fait l’acquisition d’un piano public afin d’offrir à ses résidents la possibilité de pianoter en plein air. Les trois autres manifestations prévues sont le week-end d’autrefois, les journées de la culture et la fête de Noël dans le Vieux-La Prairie. Les journées des 29 et 30 août derniers marquèrent le point culminant de ces célébrations.
Ce week-end d’autrefois s’articulait autour de l’installation d’un campement historique dans le sentier du Vieux Fort. De nombreux organismes assurèrent l’animation des lieux durant deux jours : la compagnie des Méloizes, des Compagnies franches de la Marine, se fit remarquer par ses uniformes d’époque, ses tentes militaires, ses cortèges et ses impressionnants tirs de mousquets. Les Habitants du fort, un regroupement de sept ou huit familles qui vivent ensemble lors d’événements de reconstitutions historiques, s’illustrèrent par leurs vêtements, leur nourriture et leurs installations sommaires à l’image des débuts du 18e siècle.
Le public présent eut également droit à la présence de la Société d’histoire des Filles du roi (généalogie) ainsi qu’à d’intéressantes démonstrations du forgeron Sylvain Rondeau et de l’armurier des Mousquets du roi. Le Musée d’archéologie de Roussillon était ouvert aux visiteurs pour des visites commentées et l’archéologue Frédéric Hottin, responsable des collections, anima une simulation de fouilles ainsi que la présentation d’artéfacts. Le collectif Prism’Art présenta une exposition de plusieurs oeuvres face à la Maison–à-Tout-le-Monde alors que la SHLM proposait des visites guidées ainsi qu’un superbe BBQ animé par ses nombreux bénévoles et destiné à alimenter un public affamé.
Bref, malgré une publicité plutôt timide, les visiteurs se firent nombreux le dimanche et sous un soleil magnifique la fête fut couronnée d’un immense succès.
À la suite du départ des guides, la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine a repris l’horaire normal pour la saison. Ainsi, nous vous accueillerons selon l’horaire suivant :
• Lundi, de 13 h à 17 h
• Mardi, mercredi et jeudi, de 10 h à 12 h et de 13 h à 17 h
De plus, le club de généalogie accueillera les chercheurs comme à son habitude le lundi, de 19 h à 21 h.
Au plaisir de vous revoir parmi nous !
Déjà l’automne qui se pointe le nez ! Malheureusement, les couleurs dans les arbres et les enfants qui se ruent dans les cours de récréation indiquent aussi la fin de la saison des guides. Après un été particulièrement occupé, Méloyse Bruens Goupil, Alexandre Boivin et moi-même retournons sur les bancs d’école.
D’innombrables choses ont été accomplies cet été et nous en sommes fiers. Comme chaque année, les visites guidées, attraction touristique principale de la SHLM, ont été un franc succès. À notre grande surprise, c’est cependant le nouveau rallye GPS qui a été l’activité la plus prisée de l’été ! Petits et grands ont raffolé de cette course au trésor à travers le Vieux La Prairie qui leur a
permis de remonter le temps à leur rythme, au fil des 15 questions historiques qui la composent. Pendant les jours de pluie, les guides ont également mis la main à la pâte dans le projet de rajeunissement des archives de la SHLM. Revue de presse, révision et classement de filières archivistiques, mise à jour du serveur informatique des guides et nombre d’autres dossiers ont été notre quotidien.
Il est capital de mentionner le succès immodéré de l’édition 2015 du théâtre de rue Marchez dans l’ombre du passé qui s’est déroulée pendant quatre vendredis soirs de l’été. À la grande satisfaction des guides, de Stéfanie Guérin, responsable du projet, et des autres bénévoles, les commentaires positifs ont fusé de toutes parts. Force est d’admettre que le concept à la fois ludique et éducatif de la pièce de théâtre a été extrêmement populaire cette année et que son retour l’été prochain fera assurément des heureux.
En mon nom et celui de mes collègues, nous vous remercions donc pour cette belle saison estivale et espérons qu’elle fut à la hauteur de vos attentes.
Marianne Bissonnette, chef guide
Imaginée et bâtie par les guides étudiants de la SHLM, la pièce Marchez dans l’ombre du passé a vu le jour dans le Vieux-La Prairie en octobre 2004 lors de la fête de l’Halloween. En 2006, l’activité sera offerte pour la première fois au public durant la saison estivale selon le modèle d’un « Ghost Walk » : les fantômes du Vieux-La Prairie racontent l’histoire de la seigneurie selon un thème qui change chaque année. Cette année, les édifices de l’arrondissement historique (bureau de poste, presbytère…) étaient à l’honneur afin de souligner les 40 ans de déclaration du Vieux La Prairie comme site patrimonial. À la suite de la conclusion de sa 10e saison, nous pouvons affirmer que cette activité est maintenant bien implantée, la troupe ayant joué devant environ 250 spectateurs lors des quatre représentations en plein air. La SHLM tient à remercier chaleureusement les membres de la troupe ainsi que les bénévoles des différents comités pour leur implication dans cette importante activité estivale : Camille Amyot, Camille Baribault, Caroline Bissonnette, Marianne Bissonnette, Alexandre Boivin, Véronique Boutin, Méloyse Bruens-Goupil, Marie-Pier Davies, Marylene Desourdy, Etienne Dionne-Pérusse, Johanne Doyle, Bruno Dufort, Sarah Fefer, Stéfanie Guérin, Katerine Jodoin, Isabelle Le Bourdais, Jean L’Heureux, Julie Robidoux, Stéphane Tremblay et Guillaume Veilleux.
Cette année, la SHLM présente un conférencier vedette, M. Gilles Proulx, au coût exceptionnel de 10 $. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non membres (sauf indiqué). Toutes les conférences débutent à 19 h 30. Informations au 450 659-1393 ou sur notre site web au www.shlm.info.
15 SEPTEMBRE 2015
Les lendemains de veille
Par M. Gilles Proulx
Conférence vedette
Traite des fourrures et contrebande à Chambly. Au cours de son exposé, Gilles Proulx nous ramènera aux origines de notre nation qui a grandi le long du St-Laurent tout en ouvrant une parenthèse sur le rôle de La Prairie. Dans un deuxième temps, il nous fera connaître la ténacité des nôtres jusqu’à nos jours.
Exceptionnellement, le prix d’entrée de cette conférence sera de 10 $ pour tous et aura lieu à la salle Lanctôt du Complexe Saint-Laurent, situé au 500, rue Saint-Laurent à La Prairie.
20 OCTOBRE 2015
350E ANNIVERSAIRE DE L’ARRIVÉE DU RÉGIMENT DE CARIGNAN-SALIÈRES
Par M. Michel Langlois
Dans un premier temps nous prendrons connaissance des ouvrages publiés sur Carignan-Salière. Il sera ensuite question de la formation du régiment, de son déplacement de Marsal en Lorraine jusqu’à La Rochelle, de sa traversée en Nouvelle-France, de ses activités au pays et en particulier des expéditions menées contre les Iroquois et enfin de l’établissement de certains officiers et soldats au pays.
Exceptionnellement, cette conférence aura lieu à la salle Circé du Complexe Saint-Laurent, situé au 500, rue Saint-Laurent à La Prairie.
17 NOVEMBRE 2015
LE PREMIER CHEMIN DE FER AU CANADA
Par M. Stéphane Tremblay
Le 21 juillet 1836, la compagnie ferroviaire Champlain and St. Lawrence inaugurait à La Prairie le premier chemin de fer du Canada. Durant les 10 prochaines années, la petite locomotive Dorchester va transporter marchandises et passagers entre La Prairie et Saint-Jean, servant ainsi de complément au transport fluvial entre Montréal et New York. Par la suite, l’ouverture du pont Victoria viendra changer la vocation ferroviaire de La Prairie.
Cette conférence aura lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie
Au jour le jour, juin 2015
Toutes nos félicitations à Madame Patricia McGee Fontaine qui a reçu, le 9 mai dernier, la médaille d’argent des aînés, remise par le Lieutenant-gouverneur du Québec en reconnaissance de l’engagement bénévole, de la détermination et du dépassement de soi. Madame McGeeFontaine oeuvre à la SHLM depuis bientôt 40 ans. Elle a déjà été présidente de notre organisme et elle est responsable de la mise sur pied de plusieurs fonds d’archives (fonds Élysée Choquet, fonds des Biens des Jésuites…) ainsi que de plusieurs activités généalogiques (Club de généalogie). Merci à la municipalité de La Prairie pour la mise en candidature de Madame McGee Fontaine.
Dans l’ordre habituel sur la photo : Monsieur Donat Serres (maire de La Prairie), Son Honneur Monsieur Pierre Duchesne (Lieutenant-gouverneur du Québec) et Madame Patricia McGee Fontaine (au centre).
Après avoir occupé les fonctions de secrétaire-trésorier à la Société d’agriculture du comté de La Prairie depuis une dizaine d’années, Monsieur Rolland Des Noyers a récemment invité Monsieur Jean-Pierre Yelle à le remplacer dans ses fonctions. Originaire d’une grande famille de cultivateurs de Saint-Rémi, Monsieur Yelle, qui est un membre très impliqué à la Société d’histoire depuis de nombreuses années, était tout désigné pour occuper ce poste. Après une période de formation de quelques mois, l’heureux élu entrera officiellement en fonction en octobre prochain. Parmi les nombreuses tâches associées à cette fonction, Monsieur Yelle devra rédiger les procès-verbaux des réunions des directeurs, assurer la correspondance, tenir les comptes et collaborer à l’organisation des différentes activités de la Société : concours de labours, fermes fleuries, conservation des sols, etc. Nous souhaitons à Monsieur Yelle beaucoup de bonheur auprès des agriculteurs du comté.
Grâce à Madame Dominique Farley, une artiste ayant bénévolement proposé ses services durant la saison morte (novembre à avril), notre maquette du fort de La Prairie a fait peau neuve. Auparavant, la couleur prédominante de notre maquette était le beige. À la suite des retouches de Madame Farley, notre maquette est maintenant beaucoup plus réaliste ; la végétation et les sentiers ayant leurs propres couleurs dominantes. Avec l’arrivée des guides étudiants, nos locaux seront ouverts tous les jours cet été. Profitez-en pour venir admirer le travail de Madame Farley.
Cette année, le congrès de la Fédération Histoire Québec, dont notre Société d’histoire est membre, avait lieu à l’hôtel Universel de Rivière-du-Loup, les 15, 16 et 17 mai derniers. La tenue de ce congrès coïncidait également avec les cinquante années de fondation de la Fédération Histoire Québec. Ce congrès avait pour thème « 50 ans d’histoire : du Souvenir au Devenir ».
Lors du banquet de clôture, la FHQ a dévoilé le nom des lauréats de ses différents prix d’excellence pour l’année 2014-15 :
• Le prix Rodolphe-Fournier (prix de la Chambre des notaires du Québec pour la promotion de la recherche en histoire du notariat) a été remis à Madame Éliane Labastrou, de la Société de patrimoine et d’histoire de l’Île-Bizard et de Sainte- Geneviève pour sa recherche afin d’établir l’historique des terres concédées (chaînes de titres) sur l’Île-Bizard, du milieu du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours.
• Le prix Léonidas-Bélanger (prix soulignant la réalisation d’un ouvrage historique lors d’une année impaire ou l’organisation d’un événement à caractère historique lors d’une année paire) a été remis à la Société historique de Cap-Rouge pour l’organisation de l’événement « Le Tracel de Cap-Rouge ».
• Le prix Honorius-Provost vise à reconnaître et à mettre en valeur le travail bénévole d’individus oeuvrant au sein des Sociétés membres de la fédération. Cette année, Madame Huguette Langlois, bénévole au sein du comité de la vente de livres usagés de la SHLM, était en nomination. Le prix Honorius-Provost a été remis à Monsieur Rémi Morissette de la Société d’histoire de Neuville.
Sur la photo prise lors du banquet, nos représentants ont passé la soirée avec les délégués d’une Société située de l’autre côté du fleuve, presque en face de la SHLM. Dans l’ordre habituel : Monsieur Stéphane Tremblay (président de la SHLM), Monsieur Bernard Billon et Madame Marie Gagné (membres de la SHLM), Monsieur Gilles Lepage, Madame Sylvie Samson et Madame Lucie Desroches (présidente, registraire et administratrice de la Société d’histoire et de généalogie de Verdun).
Sept ans après la bataille historique qui eut lieu dans la seigneurie de La Prairie-de-la-Magdeleine, les deux commandants qui s’étaient affrontés en 1691 lors de ce combat épique se retrouvèrent de nouveau face à face ; mais cette fois-ci à Québec, dans un temps de paix, fin mai 1698.
En effet, accompagné de son traducteur, le révérend Godfredius Dellius, ministre du culte protestant d’Albany, Pieter Schuyler fut mandaté par le nouveau gouverneur de l’État de New York, Monsieur Richard Coote, comte de Bellomont, pour se rendre à Québec. Sa mission : communiquer officiellement au gouverneur de la Nouvelle-France les articles du traité de paix que leurs souverains respectifs avaient conclu l’automne précédent, à la fin de la saison de navigation, le fameux Traité de Ryswick.
Après neuf ans de conflit, ce traité, signé le 25 septembre 1697, mettait fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg en Europe. Schuyler était en possession de deux copies de ce traité, une en français et l’autre en latin, à remettre à Monsieur le comte de Frontenac ; et de ce fait, tout acte d’hostilité devait cesser en Amérique du Nord et les deux gouverneurs devaient procéder à un échange de prisonniers, en plus d’avoir l’obligation d’appliquer immédiatement les dispositions du traité dans leurs colonies.
Le 8 mai 1698, Schuyler quitta Albany avec dix-neuf prisonniers français et, via le lac Champlain et le Richelieu, arriva au fort Chambly le 17 mai accompagné de toute sa délégation. Le lendemain, chemin faisant vers La Prairie et ensuite Montréal, il repassa avec ses guides français à mi-chemin devant le champ de bataille où il connut la défaite et d’où il s’était enfui le 11 août 1691. Sans en faire mention dans son journalJourney and Negotiation at Canada, – Pieter Schuyler, July 22, 1698. , il y remarqua sûrement, avec la mort dans l’âme, de vieilles croix en bois montées au-dessus d’énormes fosses communes. Celles-ci avaient été creusées par les Français pour enterrer plus de 165 hommesLe 12 août 1691, le marguillier responsable à La Prairie, Claude Caron « en trouva le lendemain 15 morts presque en un tas… le tout va jusqu’à 130 tant Anglois que Sauvages… » — Bénac, 2 sept, 1691. — « et nous perdîmes environ trente-sept. Comme M. de Vallerenne travaillait à faire enterrer les Français morts, et à Faire des brancards pour porter les blessés, arriva M. de la Chassagne, presque à la nuit » – Gédéon de Catalogne, Lieutenant de la Marine. qui avaient donné leur vie lors de ce furieux combat, mais surtout pour ces nombreux New Yorkais ainsi que leurs alliés Mohawks et Mohicans qui avaient vaillamment combattu, mais hélas, qui y avaient trouvé la mort.
Le 18 mai, Schuyler arriva d’abord à La Prairie, puis le lendemain à Montréal, où il remit ses prisonniers et une lettre de la part du comte de Bellomont au gouverneur militaire de la place, Monsieur Louis-Hector de CallièresÀ Ryswick, ville hollandaise des faubourgs de La Haye, son frère François de Callières était un des quatre ministres plénipotentiaires de Louis XIV et signataire du traité. , tout en exigeant en échange la remise des prisonniers anglais et iroquois. Comme seule réponse, Callières lui affirma que toute cette délicate question d’échange de prisonniers devait être débattue lors de sa rencontre avec le gouverneur Frontenac, et il lui offrit, telle la requête écrite de Bellomont, l’usage de sa « bark » de fonction pour son transport maritime jusqu’à Québec.
En barque, les deux ambassadeurs quittèrent Montréal le 21 mai. Ils arrivèrent à Québec quatre jours plus tard pour y vivre une semaine de rencontres mémorables. L’émissaire du gouverneur de New York remit sa lettre ainsi que les documents du traité au comte de Frontenac et il fut reçu, comme son frère John Schuyler quelques mois plus tard, avec beaucoup de courtoisie par le gouverneur et sa cour.
Le 27 mai 1698, lors des négociations sur les sujets de l’heure, soit la libre circulation des biens entre Albany et Montréal ainsi que l’échange des prisonniers, Schuyler demanda au gouverneur de voir les prisonniers anglais et iroquois qui se trouvaient à Québec. Stupéfaction, devant lui, sur une vingtaine de personnes amenées, seulement deux Anglais voulurent le suivre sur le chemin du retour. La polémique au sujet des Iroquois était due au fait que les Anglais réclamaient les Iroquois comme sujets britanniques tandis que Frontenac, pour des raisons politiques, voyait les Iroquois comme formant une nation indépendante et qu’une paix séparée devait être signée entre l’Iroquoisie et la Nouvelle-France. D’ailleurs, le traité de Ryswick ne fit aucune mention du cas des cinq nations iroquoises.
Lors d’une réception officielle du gouverneur au château Saint-Louis étaient présents certains membres du conseil souverain et du clergé ; l’évêque de Québec, le supérieur des jésuites, la petite noblesse, l’Intendant Jean Bochart de Champigny ainsi que de nombreux officiers de la Marine pour représenter l’état-major de l’armée. Parmi ceux-ci se trouvait le plus ancien des capitaines des troupes de la Marine dans la colonie, Philippe Clément du Vuault de Valrennes, qui habitait toujours à Québec avec son épouse Jeanne Bissot, petite fille de Louis Hébert.
Le héros de la bataille de La Prairie comptait déjà trente-trois ans de service dans l’armée et, étant donné qu’il était rempli d’infirmités à la suite de ses longues et dures campagnes, il avait fait une demande pour obtenir son brevet de pension ainsi que la permission de retourner en France. Du reste, en 1696, Frontenac et Champigny recommandaient Valrennes pour la croix de Saint-Louis, car il avait déjà reçu, en 1692, conséquemment à sa victoire à La Prairie, une gratification de 600 livres de la part du roi Louis XIV.« Le sieur de Valrennes vous fait lui-même ses très humbles remerciements des grâces que vous lui avez procurées… » — Frontenac, 5 septembre 1692. Correspondance générale, Canada, vol 11.
Valrennes descendait d’une illustre famille militaire française, dont un des quatre premiers maréchaux de France du nom de Clément, et de ce fait, il était souvent très loquace et frondeur. D’ailleurs, lors de la tentative d’invasion navale de l’amiral Phips, en octobre 1690, au moment de la lecture à haute voix de la sommation de Phips de lui remettre Québec dans l’heure, les principaux officiers de la Marine étaient présents. À l’intérieur de l’enceinte du château Saint-Louis, piqué au vif par le parlementaire de Phips, c’est le volubile capitaine de Valrennes, alors qu’il se fit un cri général d’indignation dans la pièce, qui éleva la voix pour dire « qu’il fallait traiter cet insolent comme l’envoyé d’un corsaire ! … ».
À la suite des pressions exercées à l’époque par les membres de la Société d’historique de La Prairie (sic) et la municipalité, le Vieux La Prairie a été déclaré arrondissement historique en 1975. Bien que le projet domiciliaire GOREDCO (Gulf Oil Real Estate Development Company) n’avait pas encore été réalisé lors de la déclaration de l’arrondissement historique, il était perçu comme une menace, car on jugeait qu’il encerclerait le village. Seule une partie de ce projet a finalement été réalisée et constitue aujourd’hui le quartier de la Citière.
Deux autres raisons motivèrent à l’époque la déclaration de l’arrondissement historique : le mauvais état et la dégradation des maisons et des infrastructures du Vieux La Prairie, et « la mise en oeuvre prochaine, par la municipalité, du programme de rénovation urbaine et la possibilité d’intégrer les deux opérations en vue de respecter au mieux, les objectifs d’un éventuel plan de sauvegarde ».Dossier de déclaration de l’arrondissement historique, p. 68
Depuis 1975, de multiples interventions (restaurations, rénovations, incendies, démolitions, fouilles archéologiques, enfouissement des fils, réfection des infrastructures et du mobilier urbain, etc.) ont largement modifié l’apparence générale du Vieux La Prairie. À l’automne 2012, l’adoption de la nouvelle loi sur le patrimoine culturel transformait l’arrondissement historique en site patrimonial et obligeait le ministre à établir « avec toute la diligence possible pour chaque site patrimonial classé, un plan de conservation qui renferme ses orientations en vue de la préservation, de la réhabilitation et de la mise en valeur de ce site, et ce, en fonction de sa mise en valeur patrimoniale et de ses éléments caractéristiques ».Loi sur le patrimoine culturel, Chapitre III, Section IV. Classement des biens patrimoniaux, article 37
C’est seulement à la fin de mars dernier, soit près de trois ans après l’adoption de la loi, que le Ministère de la Culture soumettait enfin à la consultation publique une première version du plan de conservation du site patrimonial de La Prairie. Selon Monsieur Yves Lefebvre, président du Conseil du patrimoine culturel du Québec, avant la loi adoptée en 2012, rien n’obligeait le ministre à présenter un tel plan de conservation.
Le plan de conservation est d’abord destiné à guider les décisions de la ministre lors de l’autorisation d’interventions prévues aux articles 64 et 65 de la Loi sur le patrimoine culturel. Il s’adresse également aux citoyens, promoteurs et représentants municipaux qui pourront s’y référer lors de la planification d’interventions sur le territoire du site patrimonial de La Prairie. […] Le plan de conservation ne se substitue pas aux outils de planification ou de réglementation mis à la disposition des municipalités pour gérer l’aménagement de leur territoire.Plan de conservation du site patrimonial de La Prairie, page 9
Une première rencontre publique fut donc tenue à La Prairie le 15 avril 2015, rencontre à laquelle assistèrent une quarantaine de personnes, dont quatre membres du Conseil du patrimoine culturel et deux représentants du Ministère de la Culture, lesquels sont les auteurs du plan de conservation. Les intervenants devaient donc s’adresser à la fois aux auteurs du plan de conservation ainsi qu’aux membres du Conseil du patrimoine culturel, ce qui n’était pas sans causer un peu de confusion. D’ailleurs, Monsieur Lefebvre dut préciser à quelques reprises que le rôle du Conseil était d’entendre les remarques liées à la première version du plan de conservation et de recevoir par la suite les différents mémoires qui seraient présentés, afin, éventuellement, de faire à la ministre, Madame Hélène David, des recommandations au sujet de la version définitive du plan de conservation ainsi que de toute autre question relative à l’avenir du site patrimonial de La Prairie.
Peu de personnes prirent la parole au cours de cette première rencontre du 15 avril. Monsieur Donat Serres, maire de la municipalité, souligna les difficultés liées à la restauration et au développement de l’ancien site de l’entreprise Rose & Laflamme. « La décontamination des sols et les fouilles archéologiques représentent des coûts qui dépassent largement la capacité de payer des citoyens ». Il est donc impensable de réaliser de tels travaux sans l’apport d’une aide financière substantielle. Or, chaque fois qu’il était question d’argent de la part d’un intervenant, les réponses des représentants du Ministère et des membres du Conseil du patrimoine étaient toujours très prudentes et plutôt laconiques : « c’est sûr qu’on est là pour accompagner nos partenaires dans la préservation du patrimoine », a répondu l’un des deux représentants du Ministère.
Au cours de cette même soirée, Monsieur Frédéric Hottin, archéologue au Musée d’Archéologie de Roussillon, a réclamé que les cinquante-cinq sites archéologiques répertoriés dans le plan de conservation soient mieux définis et que les résidents du Vieux La Prairie soient clairement informés de ce que cela signifie pour eux lorsque d’éventuels travaux sur leur propriété risquent de perturber l’un des sites inventoriés.
À titre de représentant de la SHLM, nous avons d’abord souligné aux auteurs du Plan de conservation les nombreuses inexactitudes historiques contenues dans leur document. Lorsqu’il fut question du bruit engendré par l’autoroute 132, on nous a répondu que ce problème relevait du ministère des Transports, mais que l’apparence d’un éventuel mur antibruit était du ressort du ministère de la Culture. Dans la suite de l’échange, d’autres sujets ont été abordés de façon sommaire (la signalisation, le périmètre protégé, l’aide financière aux résidents, les berges de la rivière Saint-Jacques, etc.) le président du Conseil du patrimoine nous invitant à présenter un mémoire avant le cinq mai suivant, un document qui serait par la suite résumé oralement lors d’un dernier tour de table le 15 mai 2015.
C’est ainsi que six mémoires furent exposés au cours de la soirée du 15 mai, trois étant dus à des résidents du site patrimonial, soit Madame Anne-Marie Chopin, Monsieur Michel Gauthier et Monsieur Olivier Reffo. La ville de La Prairie, le Musée d’archéologie de Roussillon ainsi que la SHLM conjointement avec l’Assemblée de fabrique de la Nativité de la Sainte-Vierge ont également présenté leur argumentation.
Il serait vain de prétendre ici rendre justice à tous ces documents. Nous nous limiterons donc à une simple nomenclature des principales recommandations soumises, y incluant au passage celles contenues dans le document conjoint de la SHLM et de l’Assemblée de fabrique :
• Le ministère de la Culture doit avoir les moyens de ses ambitions et s’assurer que les propriétaires du Vieux La Prairie aient accès aux appuis financiers et techniques nécessaires au respect des règles édictées par ce même ministère. Car, actuellement les propriétaires sont bien seuls, mal informés, mal accompagnés et en manque de ressources.
• La signalisation indiquant la présence d’un site patrimonial doit être améliorée et conforme à la nouvelle appellation.
• Le problème du bruit occasionné par la proximité de l’autoroute 132 doit être considéré comme vital et urgent à résoudre.
• Nous souhaitons que le périmètre du site patrimonial soit modifié de façon à y inclure les berges de la rivière Saint-Jacques (un tronçon de 4 km est accessible de l’embouchure jusqu’au-delà de l’autoroute 30) et à en exclure le quartier de la Citière. De plus, il serait justifié d’élargir le site patrimonial à des axes et à des bâtiments désignés : chemin Saint-Louis, Fontarabie, la Bataille et une partie du chemin de Saint-Jean.
• Puisque le site patrimonial demeure peu fréquenté malgré tous les investissements et les efforts fournis depuis quarante ans, il est impératif que de sérieux efforts soient consacrés à mieux faire connaître le site auprès de la population locale et régionale (dépliant d’information, publicité, animation, etc.).
• Malgré l’importance du périmètre concerné, il ne semble pas y avoir d’intention manifeste à régler de façon prioritaire le cas du site Rose & Laflamme. Nous souhaitons qu’à l’avenir, et particulièrement pour la restauration du site Rose & Laflamme, le ministère de la Culture prenne en compte les avis des citoyens et des associations locales, dont la Société d’histoire, qu’un tel dossier pourrait intéresser. On oublie trop souvent que le milieu est riche d’inventivité et d’imagination. Il faut à tout prix éviter de dénaturer la vocation du Vieux La Prairie en rétablissant la trame urbaine du site Rose & Laflamme. D’ailleurs, il est raisonnable de croire que l’apparition de techniques plus récentes et moins invasives pourrait permettre de décontaminer les sols à moindres coûts.
• Afin de préserver l’intégrité des bâtiments anciens, il faudrait interdire le passage des véhicules lourds et réduire la vitesse sur la rue Saint-Henri par l’installation de dos d’âne.
De nombreuses suggestions ont également été soumises afin de redynamiser et de mieux faire connaître le site patrimonial : fouilles archéologiques pour situer et reconstruire le moulin banal, reconstituer le secteur de la petite gare de 1836, proposer des visites commentées sur une tablette électronique, permettre la création de commerces associés au capital historique (recettes d’antan, objets et vêtements artisanaux, présentations de métiers anciens, etc.), reconstruire une partie de la palissade derrière le Musée d’archéologie, etc.
Compte tenu de tout ce qui précède, il apparaît clairement que les rédacteurs du Plan de conservation ont manifesté un intérêt exclusif pour la conservation du patrimoine immobilier et une préoccupation sans équivoque pour la richesse archéologique du Vieux La Prairie. Hélas, ce choix trahit chez eux une méconnaissance évidente du milieu et une ignorance des sensibilités locales. Avant d’être un rassemblement de bâtiments anciens, le plus ancien quartier de La Prairie est d’abord un milieu de vie aux interactions complexes et nul ne peut se borner à le traiter uniquement comme un seul ensemble architectural et archéologique. Les résidents du vieux quartier méritent que la municipalité et le ministère de la Culture les considèrent comme de véritables partenaires.
L’histoire ne dit pas quels échanges ou confrontations verbales il y eut entre Valrennes et Schuyler, mais selon le zeitgeist ou les bonnes moeurs militaires du temps, il est certain que ces deuxanciens protagonistes ont comparé leurs notes sur le détail et la stratégie des leurs lors de cette mémorable confrontation à La Prairie. Il est également certain que devant un auditoire de la Marine aussi aguerri, Schuyler, ce major anglais sans aucune expérience militaire, n’en est pas sorti gagnant.« Valrennes les fit plier et les mit entièrement en déroute, leur ayant tué plus de six vingts (120) hommes sur la place parmi lesquels il y avait cinq ou six de leurs principaux chefs tant Anglais que Sauvages, blessé un beaucoup plus grand nombre, pris un de leurs drapeaux et fait quelques prisonniers. » — Frontenac au ministre de la Marine, 20 octobre, 1691.
Indubitablement ébranlé par ses nombreuses conversations avec des gens qui avaient participé à la bataille à La Prairie-de-la-Magdeleine ou écrit à son sujet Charles de Monseignat, premier secrétaire de Frontenac était également présent. Trois jours après la bataille du 11 août 1691, son compte rendu, tel que relaté par le commandant De Valrennes, fait la description détaillée de cette bataille. Frontenac affirmait quant à lui, que « …depuis l’établissement de la colonie, il ne s’est rien passé en Canada d’aussi fort ni de si vigoureux et l’on peut dire que le Sieur de Vallerennes a conservé la gloire des armes du Roi et procurer un grand avantage au pays… » — Archives des colonies, CIIA, vol. 11. , Pieter se doutait que sa réputation et son héritage (legacy) seraient entachés à tout jamais.«Quoi qu’il était brave, Schuyler n’était pas un militaire, les Français avaient observés le mauvais comportement et l’indiscipline de ses troupes sur le champ de bataille ». — Richard Ingoldsby, colonel et commandant en chef des troupes de l’État de New York. — Colden, Vol II, Chapitre IX. Cela étant, sur le chemin du retour, cet homme si fier se donna sûrement comme mission de réhabiliter sa réputation par tous les moyens qu’il avait, ou qu’il aurait, à sa disposition. Les années subséquentes et les circonstances de la vie allaient bien servir ce personnage controversé ; Schuyler aura en effet l’occasion d’amorcer un certain révisionnisme historique.
Le 12 juin 1698, Schuyler, Dellius et 25 prisonniers anglais de la région de Montréal quittèrent La Prairie à nouveau pour Chambly et ensuite en canot pour le retour à Albany et New York. Une fois à New York, Bellomont l’accueillit avec un lot de reproches au sujet d’une très sérieuse plainte qu’il avait reçue de la part de ses alliés iroquois. Ceux-ci s’étaient plaints qu’avant l’arrivée du nouveau gouverneur, Pieter Schuyler et ses complices avaient, par des manoeuvres frauduleuses, extorqué de grandes parties du pays des Mohawks. Cette histoire de fraude ainsi que les controverses autour de son expédition in Canida en 1691 intensifia les mauvaises relations entre les deux hommes au point que Bellomont eut la ferme intention d’exclure Schuyler du conseil de l’État de New York. La mort prématurée de Bellomont le 17 juillet 1700 sauva Pieter de cette humiliation.
Dame chance sourit de nouveau à Pieter Schuyler, car, à deux reprises par la suite, il devint gouverneur par intérim de l’État de New York. La première fois, pour quelques semaines en 1710 et ensuite, nommé par ses amis du conseil, pour 14 mois en 1719-1720. C’est une fois au pouvoir qu’il devint le protecteur d’un jeune fonctionnaire du New Jersey engagé comme Surveyor General de l’État de New York. Il confia à ce botaniste, du nom de Cadwallader Colden, un premier mandat : écrire l’historiographie des cinq nations iroquoises qui ne fut, par contre, publiée qu’en 1727.The History of the Five Indian Nations depending on the State of New York in America. Colden – New York, 1727.
Né en Irlande en 1688, Colden eut accès, comme il l’affirme dans la préface de son oeuvre, à tous les documents dans les archives des commissaires des Affaires indiennes d’Albany, ainsi qu’à l’aide de son protecteur. D’entrée de jeu, dans sa Preface to the First Part, Colden affirme qu’il ne connait aucune publication anglaise de leur histoire (Mohawk) autre que celles qui ne sont que de pâles et imparfaites traductions d’auteurs français, qui eux ne connaissent peu de la vérité. Enfin, l’occasion rêvée pour son mentor de façonner ou de réécrire l’histoire, du moins d’en faire un certain révisionnisme historique… D’ailleurs, en 1865, dans la revue américaine « History Magazine », John Carvey Palfrey (New England, IV. 40) donne cette mise en garde à ses lecteurs ; « Colden doit être lu avec beaucoup de discernement et être corrigé par les écrits de Charlevoix ». — Excellent vote de confiance pour cette référence historique !
Qu’en est-il de la vérité selon le jeune auteur Colden, et de son maître à penser, au sujet de la bataille de La Prairie ? Sans aller dans tous les détails, car la liste serait trop longue ; Colden affirme qu’au mois d’août 1691, dès son retour à Albany, Schuyler reçoit un Onenagunga indianLes moteurs de recherches nous informent que ce nom est inexistant et ne correspond à aucun document. arrivant de Boston, qui l’informe du désastre de l’opération navale de l’amiral Phips and his thirty vessels before Québeck.ditto… Volume II, Chapter VI — The English attack Montreal by Land, in Conjunction with the Indians, and Quebeck by Sea. Ceci est une imposture, pure fiction, car cet événement à Québec est survenu un an plus tôt, à la mi-octobre 1690, et non pas à l’été 1691 comme tente de le lui faire croire Schuyler. Cette fourberie littéraire n’a pour but que de réhabiliter la réputation de son protecteur, d’en être même très élogieux en comparant favorablement l’échec de Schuyler au désastre de Phips devant Kébeck, et même de faire passer cette amère défaite lors de son expédition à Prarie-de-la-Magdelena pour une victoire.
Dès son arrivée de Londres en septembre 1720, Monsieur William Burnett, le nouveau gouverneur de l’État de New York, encore pris, comme ses prédécesseurs, dans un imbroglio avec l’imposteur Pieter Schuyler, le démit de son poste au Conseil de l’État de New York. Mais, puisqu’il maîtrisait bien la langue iroquoise et qu’il avait un talent reconnu d’habile manipulateur et négociateur, Schuyler demeura jusqu’à la fin de ses jours (d.1724) commissaire des Affaires indiennes d’Albany. Aussi, il est à noter qu’à quatre reprises, entre 1760 et 1775, l’humble et surtout très loyaliste serviteur de sa majesté George III d’Angleterre, Monsieur Cadwallader Colden devint à son tour gouverneur par intérim de l’État de New York.
Le 1er mai 1698, le roi Louis XIV accéda à la demande de Monsieur de Valrennes et signa en sa faveur un brevet de pension accompagné d’une somme de 600 livres par année. Le 15 octobre de la même année, Messieurs Frontenac et Champigny confirmèrent au ministre de la Marine que Monsieur de Valrennes se retirait en France dans son domaine de la Poterie.Bulletin des Recherches Historiques, Vol. XI, No. 7, Juillet 1905. Philippe Clément du Vuault de Valrennes, le héros du plus furieux combat de la longue guerre Franco-Iroquoise, mourut en France le 12 octobre, 1707 alors qu’il n’avait que 60 ans. Son nom, à juste titre, restera gravé à jamais dans notre mémoire comme celui qui a le mieux inspiré et personnifié certaines paroles de l’hymne national du Canada, à savoir « ton histoire est une épopée des plus brillants exploits ».
En conclusion, puisque le colonel Richard Ingoldsby, gouverneur par intérim de New York et commandant en chef des troupes, nous confirme que Pieter Schuyler était un militaire incompétent, et que le professeur John Carvey Palfrey nous met en garde contre les écrits et la version des faits de son compatriote, l’historien Cadwallader Colden, il nous restera qu’une seule version crédible pour comprendre la chronologie des événements de l’historique bataille de La Prairie. Cette version est, sans conteste, celle des vainqueurs : celle de nos ancêtres, les miliciens canadiens et les compagnies Franches de la Marine de l’intrépide commandant de bataillon, Philippe Clément du Vuault de Valrennes.Il y a également l’importante contribution de nos alliés autochtones… voir Nos alliés « Sauvages » et la grande bataille de La Prairie (SHLM — Au Jour le Jour, Volume XXVI, Numéro 8, OCTOBRE 2014). http://www.shlm.info/images/upload/bulletins/226.pdf
N.B. — Cela étant, il est regrettable que nous tardions à souligner cette grande victoire des nôtres, car, pour presque trois générations, à partir de ce jour où les Anglais furent contraints de se débander, et que la déroute fut entière, les troupes et milices de New York et d’Albany ne firent plus aucune tentative concertée pour envahir le territoire du Canada.
À quand l’érection d’un monument digne de nos valeureux combattants et de leur glorieuse victoire militaire ?
Votre nouveau C.A. vous souhaite un très bel été et vous invite à participer aux activités estivales de la SHLM. Sur la photo, dans l’ordre habituel : M. Jonathan Trottier (2e vice-président), M. Stéphane Tremblay (président), M. Albert Juneau (secrétaire), M. Jean-Pierre Labelle (trésorier) et M. Gilles Blanchard (1er vice-président).
Le signe indéniable que l’été est à nos portes est l’arrivée des guides étudiants à la SHLM. Grâce à l’obtention d’une généreuse subvention du programme « Emplois d’été Canada », ils ont commencé leurs activités le 10 juin dernier et nous quitteront pour retourner aux études le 30 août. Cette année, ils seront disponibles pour des visites guidées du site patrimonial déclaré du Vieux La Prairie du mardi au dimanche à 10 h, à 13 h et à 15 h. Afin d’assurer la tenue des visites guidées le lundi, la SHLM a embauché Madame Stéfanie Guérin, qui s’occupera également de la mise en scène et de la confection des costumes de « Marchez dans l’ombre du passé », notre activité de théâtre de rue qui aura lieu les 24 et 31 juillet et les 7 et 14 août. Sur la photo, dans l’ordre habituel : Madame Méloyse Bruens-Goupil (1re saison), Monsieur Alexandre Boivin (2e saison), Madame Marianne Bissonnette (4e saison) et Madame Stéfanie Guérin (6e saison).
Au jour le jour, mai 2015
Lors de l’assemblée générale annuelle tenue à la salle du Vieux Théâtre le 17 mars dernier, les membres présents ont confirmé les mandats des deux administrateurs qui avaient été cooptés par le C.A. durant l’année 2014. Il s’agit de Monsieur Gilles Blanchard et de Monsieur Jean-Pierre Labelle qui termineront la deuxième année de leur mandat à la fin de l’hiver 2016.
Deux postes d’administrateurs (mandat de deux ans) étaient en élection ce même soir. Monsieur François-Bernard Tremblay n’a pas présenté sa candidature pour un nouveau mandat.
Lors de la période d’élections, Monsieur Albert Juneau a été réélu par acclamation et Monsieur Jonathan Trottier (voir photo) a été élu par acclamation. Monsieur Trottier, grand amateur d’histoire et de nos conférences mensuelles, est membre de la SHLM depuis plusieurs années. Depuis l’automne dernier, sa conjointe et lui habitent une maison ancestrale située dans le Vieux La Prairie. Jeune entrepreneur en construction, il utilise actuellement tous ses talents à la rénovation de sa nouvelle demeure. Nous lui souhaitons la plus cordiale bienvenue au sein de notre conseil d’administration.
Les postes d’administrateurs pour l’année 2015-2016 ont été attribués lors de la réunion mensuelle du C.A. de la SHLM le 15 avril dernier : Monsieur Stéphane Tremblay (président), Monsieur Gilles Blanchard (1er vice-président), Monsieur Jonathan Trottier (2e vice-président), Monsieur Albert Juneau (secrétaire) et Monsieur Jean-Pierre Labelle (trésorier).
L’imposante demeure de 16 pièces et d’une surface habitable de 294,6 m2 a été construite en 1939 pour servir de clinique et de demeure familiale au docteur Jean-Paul Lavallée. L’édifice, sis au centre d’un immense terrain de 1739 m2, en impose par son allure et son retrait. Le premier propriétaire a occupé les lieux jusqu’à son décès en janvier 1973, alors qu’il avait à peine soixantecinq ans. Au rez-de-chaussée inondé par la lumière du jour, le docteur Lavallée recevait ses patients et pratiquait des accouchements ainsi que des chirurgies mineures comme l’ablation des amygdales. S’y trouvait également la pharmacie puisque, à l’image de son collègue, le docteur Léonard Gouin, lequel exerçait à quelques pas de là, le docteur Lavallée était autorisé à vendre des médicaments à ses patients.
Quelques-unes des quatre chambres de l’étage, avec salle de bain centrale, étaient à l’occasion occupées par les nouvelles mamans pour une courte convalescence.
Monsieur Lavallée et son épouse Germaine Couillard ont vu grandir leurs deux filles, Carmen et MoniqueCarmen est née en octobre 1932 et Monique a vu le jour en février 1933. Cette dernière a épousé Antonin Patenaude, elle est décédée à La Prairie en octobre 1992. , dans cette demeure. L’une a épousé un notaire de Verdun et l’autre s’est mariée à un propriétaire d’une entreprise d’enseignes au néon. Elles sont aujourd’hui toutes deux décédées.
La propriétaire des quarante dernières années, Madame Marie-Claire Beaudin- Lavoie est originaire de Saint-Jacques-le- Mineur. Cette mathématicienne a enseigné à l’éducation des adultes à Montréal durant vingt-cinq ans avant d’acquérir la maison en mars 1974, soit un an après le décès de son époux. La mère de Madame Beaudin habitait dans la paroisse du Christ-Roi et était atteinte d’un cancer. Soucieuse de prendre soin de sa mère malade, l’enseignante, qui habitait alors Montréal, s’est résolue à venir habiter La Prairie. Comme la seule maison disponible à l’époque était celle du Dr Lavallée, elle l’a donc achetée pour 40 000 $, un montant appréciable puisque, à l’époque, on pouvait devenir propriétaire d’une maison unifamiliale toute neuve dans le nouveau quartier de la Magdeleine pour la moitié de cette somme. La propriété tant à l’intérieur qu’à l’extérieur est demeurée presque inchangée depuis son acquisition en 1974. La cheminée du foyer de marbre noir du salon a été condamnée depuis longtemps, la propriétaire craignant les incendies. En 2008, deux énormes peupliers malades, situés du côté de la rue Saint-Georges, ont dû être abattus.
Aujourd’hui âgée de quatre-vingt-cinq ans, Madame Beaudin a dû se résoudre à mettre la maison en vente en octobre 2013. Et, ce que l’on craignait arriva, de nombreux promoteurs se présentèrent dans le but d’acquérir le tout pour démolir l’édifice et construire des condominiums sur ce magnifique emplacement.
Heureusement, en vertu de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, la Ville de La Prairie avait récemment adopté un règlement visant la protection de 42 bâtiments à valeur patrimoniale situés à l’extérieur du site patrimonial déclaré du vieux La Prairie. Bonne nouvelle, le 392, chemin de Saint-Jean est du nombre.
Au dire de la mairesse, Madame Lucie F. Roussel, « L’objectif du conseil municipal est de protéger le patrimoine bâti de la ville et de faire en sorte que la démolition soit vue comme le dernier recours envisageable ». Ainsi, par le biais des dispositions de la loi, la Ville a mis sur pied un comité qui évaluera, entre autres, critères précis (état de l’immeuble, sa détérioration, son apparence architecturale, ses coûts éventuels de restauration, etc.).
De plus, afin de préserver la qualité de vie du secteur ou l’intérêt public, le comité, composé de trois membres du conseil municipal, pourra refuser une demande de démolition ou délivrer un permis de démolition assujetti à une série de conditions.
Voilà une décision qui arrive à point nommé. On se souviendra avec tristesse qu’en octobre 2012, pour des motifs très discutables, on accorda à la hâte un permis de démolition de la magnifique demeure de pierre sise au 1303, Marie-Victorin, face au fleuve. Construite vers 1750, la maison avait, pendant plus de 250 ans, abrité plusieurs générations de la famille Sainte-Marie.
Il y a fort à parier que l’adoption du nouveau règlement 1344-M, fondée sur les recommandations du macro-inventaire dressé par l’architecte Michel Létourneau, a dû être influencée par l’attitude positive de la ville de Candiac face aux menaces qui pesaient sur la maison Page située au 32, boulevard Marie-Victorin. Un bel exemple à suivre.
Vendu à la fin de 2013 après 75 ans d’existence, le 392, chemin de Saint-Jean n’aura donc connu que deux propriétaires, lesquels ont su entretenir et conserver le bâtiment dans un état impeccable. Souhaitons que les nouveaux acquéreurs soient habités des mêmes préoccupations.
Monsieur Réal Houde, auteur, généalogiste et membre de la SHLM, a récemment publié un livre inspiré par l’histoire culturelle et sociologique des Québécoises et des Québécois. Le lancement de cet ouvrage humoristique intitulé « La table. L’insaisissable peuple québécois » a eu lieu à l’ancienne gare de Saint-Bruno le 26 avril dernier. Monsieur Stéphane Tremblay, président de la SHLM, était sur place à titre de présentateur. L’auteur a gracieusement offert un exemplaire de l’ouvrage à la SHLM pour sa bibliothèque.
Pour plus d’informations : www.realhoude.com.
L’édition 2015 a été un incroyable succès : notre comité de livre a vendu 4 936 livres en 3 jours. Plus de détails dans notre prochaine édition.
Dans la nuit du 3 au 4 novembre 1838, un groupe de Patriotes de Saint-Constant et de Saint-Philippe se dirigent vers La Prairie dans le but de contrôler les moyens de transport (le train et le bateau à vapeur) et de s’emparer des armes à feu qui étaient entreposées à la garnison. Chemin faisant, ils suivent la Rivière La Tortue, soumettent les Loyaux et confisquent leurs armes. C’est à la maison de David Vitty qu’ils vont rencontrer une certaine résistance. Les événements qui se dérouleront ce soir-là conduiront à la potence François-Xavier Hamelin, Joseph Robert et les deux frères Sanguinet, Ambroise et Charles. Par cette conférence, nous tenterons de mettre au clair ce chapitre méconnu de la rébellion de 1838.
Cette conférence de la SHLM aura lieu exceptionnellement au Complexe Saint-Laurent, situé au 500, rue Saint-Laurent à La Prairie. Elle débute à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.
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