
- Au jour le jour, novembre 2018
Conférence: Napoléon, Henri et Robert Bourassa: des racines dans la région de La Prairie
Napoléon, Henri et Robert Bourassa ont marqué de leurs empreintes distinctes l’histoire du Québec. L’un en sa qualité d’artiste, l’autre, notamment, en fondant le journal Le Devoir et le dernier, mais non le moindre, par sa contribution notable à l’édification du Québec moderne par son rôle de Premier Ministre. Cette conférence est basée sur les recherches menées par Monsieur Réal Houde, généalogiste de filiation agréé (GFA), à l’occasion de la rédaction de quelques documents dont un article paru dans le bulletin Au jour le jour de la Société d’histoire de La Prairie de la Magdeleine (volume XXVIII, numéro 8, octobre 2016). Cet exposé généalogique sera l’occasion d’en apprendre plus sur les réseaux familiaux qui coexistaient au 19e et au 20e siècle, et qui ont influencé le développement de la société.
Les conférences de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine ont lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Elles débutent à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.

- Au jour le jour, mai 2017
Conférence | Réseaux familiaux et anciens acadiens à l’époque des patriotes de 1830 à 1837
Conférencier: Monsieur Réal Houde
Des Patriotes d’origine acadienne. Est-ce une surprise après le traumatisme vécu en Acadie et l’arrivée douloureuse à Québec entre 1755 et 1759 ? Qui les a accueilli ? Le conférencier partagera certains fruits de sa recherche sur l’époque des Patriotes. Un regard original, sur cette période agitée.
Les conférences de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine ont lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Elles débutent à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.

- Au jour le jour, février 2017
L’enseignement de l’histoire, mais de quelle histoire ?
De quelle histoire parlons-nous ? Le début des années 2000 (jusqu’à tout récemment) a été caractérisé par un débat constant sur l’enseignement de l’histoire au Québec. Mais de quelle histoire parlons-nous ? De l’histoire politique partisane des différentes options politiques ? De l’histoire des francophones du Québec depuis les années 1960, en oblitérant celle qui précède 1960 ? Le philosophe Charles Taylor a développé la thématique de l’histoire « par soustraction » afin d’expliquer certaines tendances lourdes en Occident : « D’après cette vision “soustractionniste” de la modernité, comme ce qui découle de l’effacement des anciens horizons, l’humanisme moderne n’a pu advenir qu’à la faveur de la disparition des formes précédentes »TAYLOR, Charles. L’Âge séculier, Montréal, Boréal, 2011, p. 973. Il a développé cette posture portant sur la transformation d’une société marquée par la religion vers une société dite séculière, au « cadre immanent ». Ici, je l’aborde sous le thème de l’histoire, de la soustraction de ce qui est prémoderne, de la cassure de la ligne du temps, notamment au Québec..
Tout du passé doit-il être compris à l’aune de la « Grande Noirceur »?? Voyons ici le regard critique de l’historien Éric Bédard :
En effet, lorsqu’on n’adhère pas à la vulgate de la Grande Noirceur, on est confiné au camp des nostalgiques ou des réactionnaires. Les plus généreux diront qu’on idéalise les hommes du passé ou qu’on manque d’esprit critique?; les plus sévères, qu’on rêve secrètement de voir les femmes retourner à la maison ou qu’on fait le jeu du grand capitalPlusieurs auteurs, journalistes et polémistes ont martelé ce thème pendant plus de 40 ans au Québec. Depuis quelques années, cette thématique a été fortement critiquée, notamment par l’historien Éric Bédard (Recours aux sources. Essais sur notre rapport au passé. Montréal, Boréal, 2011, p. 12)..
Si on pousse plus loin le préjugé voulant que s’intéresser à l’histoire, ce soit réactionnaire, ne faudrait-il pas, tout simplement, arrêter d’enseigner l’histoire?? Bien évidemment, une telle posture serait suicidaire, intolérable à moyen ou à long terme, et aucun politicien sérieux ne se risquerait à aller dans cette directionPlusieurs aimeraient faire table rase de l’enseignement du fait religieux au Québec ; autre victime collatérale des tenants de l’histoire « par soustraction ». Pouvons-nous réellement faire l’économie de la connaissance du fait religieux dans un monde marqué par la religion ? Poser la question, n’est-ce pas y répondre ?. Mais la question mérite d’être posée, notamment aux personnes qui refusent de considérer l’importance de cet enseignement — je dirais plus, de cette éducation générale.
D’autres questions complémentaires émergent. S’agit-il d’une histoire sans les nuances appropriées sur le continuum historique depuis les balbutiements de la présence francophone en Amérique?? Qu’en est-il de l’histoire des peuples amérindiens?? Accepterons-nous une posture de reconnaissance de la richesse humaine et culturelle inhérente à la survie de ces groupes, ou bien serons-nous enfermés pour l’éternité dans une posture de victimisation liée à des compensations financières basées sur une forme de ségrégation raciale??
Par ailleurs, qu’en sera-t-il de l’histoire des relations entre francophones et anglophones?? Serons-nous éternellement des adversaires ou bien accepterons-nous finalement de devenir de véritables partenaires démocratiques, culturels, économiques, etc. voués à la survie des deux cultures fondatrices du Canada et à la nécessaire obligation de cohabitation au Québec??
Sans oublier l’histoire du fait religieux qui a fondé la communauté et la culture canadienne — française?? Assisterons-nous à la mise à mort finale du religieux dans des discours parfois justes (certains abus), parfois mensongers (que de la noirceur), mais souvent à des années-lumière de l’historiographie québécoise et catholique, pour se complaire dans une idéologie politique tout aussi exclusive que celle qui peut être dénoncée??
Enfin, comment aborder l’histoire des vagues immigrantes successives?? Pouvons-nous reconnaître que ces personnes ont contribué à donner de l’air et une certaine variété génétique à notre peuple malgré quelques replis sur soi occasionnels?? Bref, quelle histoire doit être enseignée??
Histoire et conscience de l’histoire
Quand on pense aux défis de l’enseignement de l’histoire, on ne peut faire abstraction de la mémoire historique, de l’horizon culturel dans lequel peut baigner cet enseignement. Voici ce qu’écrivait le sociologue Fernand Dumont:
Une personne a un avenir en se donnant des projets?; mais cela lui serait impossible sans le sentiment de son identité, sans son aptitude à attribuer un sens à son passé. Il n’en va pas autrement pour les cultures. Elles ne sauraient affronter les aléas de l’histoire sans disposer d’une conscience historiqueDUMONT, Fernand. Raisons communes. Montréal, Boréal, 1997, p. 105. 5) Ibid., p. 108..
Qui dit conscience historique dit d’abord « conscience ». Sommes-nous réellement conscients de l’immense privilège que nous avons d’avoir accès à une quantité phénoménale d’archives publiques pouvant nous aider à comprendre notre histoire?? Nous sommes l’un des seuls endroits sur la planète où il n’y a pas eu de guerre majeure depuis plus de quatre siècles. Bien que l’on reproche tout et rien à l’Église catholique, on ne peut qu’être reconnaissant de l’immense privilège que nous avons d’avoir accès aux actes religieux en continu (ou presque) depuis 1621, sans oublier l’immense chance de pouvoir compter sur des actes civils tout aussi riches provenant des archives notariales. Il y a ici un défi : la reconnaissance d’un patrimoine unique au monde.
Histoire et repères historiques
Fernand Dumont a écrit ceci à propos de l’enseignement de l’histoire :
L’enseignement de l’histoire propose des courbes d’évolution historique?; n’est-ce pas aussi dans l’environnement, dans le paysage quotidien que l’on doit reconnaître les symboles et les repères d’une continuité et d’une mémoire de sa propre humanité?? Telle est bien la signification première du patrimoine?; et on a tort de le ramener parfois à une attraction pour touristes ou à une aimable toquade d’archéologue amateur, alors qu’est en cause l’essentiel de ce que j’appelais la culture comme milieu. Quand je me promène dans une ville ou un village, je perçois à chaque pas des signes d’une humanité, la profondeur d’un passé?; cela n’a rien à faire avec la nostalgie du poêle à bois ou de la chaise berçante.
Depuis 2006, j’ai développé une posture sur l’histoire des francophones d’AmériqueRéflexion amorcée depuis 1999 (et même avant), mais cristallisée depuis 2006 dans des articles, livres, conférences, émissions radio, chroniques à la télévision, dont quelques articles parus dans La Rivardière., et elle va dans le sens du propos de Dumont. On ne peut s’accepter soi-même et accepter l’autre qu’en consentant à un double mouvement : plonger dans sa propre histoire pour tenter de comprendre le présent, et ouvrir les bras à l’inconnu de l’avenir dans ce qu’il comprend de nouveautés, de défis. Ce double mouvement empêche d’abord de s’enfermer dans l’extrême nostalgie tout en permettant d’avoir un accès plutôt neutre et tolérant à la lumière des traces du passé. Il permet également de comprendre les vagues culturelles successives au cœur des changements historiques opérés.
Prenons un exemple, soit l’existence de notre aïeul Nicolas Rivard. Dans quel contexte est-il arrivé?? Nous savons que c’est un adulte défini lorsqu’il passe de la France à la Nouvelle-France. Maints articles de La Rivardière tendent à prouver ce point. Nous savons que le contexte politique était celui du système féodal français et que le Québec était une colonie de la France. Nicolas Rivard demeure d’abord aux alentours du gouvernement local de Trois-Rivières. Nous savons qu’il fait partie des pionniers de Batiscan, de ceux qui ont compté dans l’imaginaire du lieu, dont l’épisode de la querelle temporaire entre les habitants du lieu et les Jésuites avait fait la chronique – querelle à propos de l’arpentage des terres. Voici un extrait présentant les forces en présence :
Nicolas Rivard, homme assez violent, procédurier sagace, fut chargé de rédiger un factum impliquant à la fois les Jésuites du Cap et l’arpenteur Du Buisson. Nous n’avons pu malheureusement retracer le texte de ce réquisitoire. Mais nous en connaissons les principaux arguments par la réplique de Jean Cusson, choisi procureur de l’autre partie et qui
les énumère l’un après l’autre dans sa tentative de réfutationDOUVILLE, Raymond. La seigneurie de Batiscan. Chroniques des premières années (1636-1681). Batiscan, Les Éditions du Bien Public, 1980, p. 42..
J’ai même écrit quelques lignes d’une chanson à ce sujet car, malgré cette bataille épique, les célébrations liturgi-ques avaient tout de même lieu dans la maison de l’ancêtre Rivard, soit avant la construction de la première église paroissialeHOUDE, Réal. Chanson intitulée « Nicolas Rivard » dans Le présent du temps (disque). Saint-Bruno-de-Montarville, 2011.. Prenons un instant pour vérifier ce qu’était la seigneurie de Batiscan au moment de sa fondation, dans quel contexte culturel, politique et religieux elle avait été fondée :
Batiscan fut donc accordé aux Jésuites « pour l’amour de Dieu » comme l’acte le spécifie, le 13 mars 1639 par « Messire Jacques de la Ferté prestre, conseiller, aumosnier ordinaire du Roy, abbé de Ste Magdeleine de Châteaudun, chantre et chanoine de la Sainte Chapelle
du Palais Royal à Paris »DOUVILLE, Raymond. La seigneurie de Batiscan. Chroniques des premières années (1636-1681). Batiscan, Les Éditions du Bien Public, 1980, p. 8..
Voilà pour le facteur humain, mais prenons le temps de constater que ces premiers colons ont abouti sur un territoire d’une immense beauté, où un lien affectif s’est développé dès l’instant de l’installation et, pour plusieurs, de l’enracinement. Il convient ici de rappeler les mots de Pierre Boucher à propos de la région de Batiscan/Sainte-Anne de la Pérade :
Depuis la riviere Sainte Anne juSques aux trois-Rivieres, qui contient environ dix lieuës de pays, les terres y Sont tres-belles & baSSes?; le bordage le long du grand Fleuve eSt Sable ou prairies?; les foreSts y sont tres-belles & bien-aisées à défricher. Depuis Quebec juSques aux trois-rivieres, il n’y a point d’ISles, Sinon deux petites d’environ une lieuë de tour chacune, & qui Sont proche de la terre-ferme du coSté du Nort?; elles Se nomment l’ISle Sainte Anne, l’ISle Saint EloyBOUCHER, Pierre. Histoire véritable et naturelle des mœurs et production du pays de la Nouvelle-France vulgairement dite le Canada. Version originale commentée. Boucherville, Société historique de Boucherville, 1964, p. 33-34..
Mot de la fin… mais pas la fin du mot
En se promenant à Batiscan — notamment en visitant le vieux presbytère de Batiscan —, sans avoir le désir de revenir au temps des premiers colons, on ne peut qu’être admiratif devant la profondeur de notre histoire, la ténacité et l’espérance de nos aïeules et de nos aïeux. Cette admiration doit aussi être au cœur de l’enseignement de cette histoire. Si on en dénigre une partie, n’est-ce pas nous-mêmes que nous dénigrons?? Le défi demeure et demeurera toujours la tension, le point d’équilibre entre la connaissance, l’appréciation de notre histoire — dans une dynamique de reconnaissance, de gratitude —, et l’ouverture à l’autre, à la nouvelle venue ou au nouveau venu (d’ici ou d’ailleurs), afin de l’intégrer et de continuer à créer ensemble une histoire toujours nouvelle, inédite, mais dont nous reconnaissons les origines, les fondements, les apports culturels, historiques, sociologiques, génétiques et généalogiques. Le progrès social est à ce prix.

- Au jour le jour, octobre 2016
Napoléon, Henri et Robert Bourassa : de profondes racines dans la région de La Prairie
Au détour de mes recherches en généalogie et en histoire à propos des clans familiaux de la vallée du RichelieuRecherche qui a culminé dans la rédaction de quelques articles et livres dont celui-ci : HOUDE, Réal. L’improbable victoire des Patriotes en 1837. Clans familiaux, alliances politiques et pouvoir « féodal » entre 1830 et 1837 dans la vallée du Richelieu. Lévis, Les Éditions de la Francophonie, 2012, 203 p. et, par extension, des villages limitrophes, j’ai rencontré le patronyme Bourassa, associé de près à la région de La Prairie. Trois personnages issus de cette famille ont marqué la vie politique et l’imaginaire québécois. Il s’agit de l’ancien premier ministre du Québec de 1970 à 1976 et de 1985 à 1994Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 97-98, et version numérique. Lien utile : http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/bourassa-robert-2231/biographie.html, Monsieur Robert Bourassa, ainsi que le peintre Napoléon Bourassa, gendre de Louis Joseph Papineau, et Henri Bourassa, célèbre tribun et fondateur du journal Le Devoir.
Le présent article n’a pas pour but de débattre de la valeur des positions politiques de l’un ou l’autre de ces personnages. Il s’agit d’une démarche non partisane qui a pour objectifs premiers de vous présenter le parcours généalogique de feu Monsieur Robert Bourassa et la profondeur de ses racines à La Prairie. Par ricochet, nous ne pouvons passer sous silence la parenté originelle entre l’ancien premier ministre et l’autre illustre branche Bourassa, dont le père et le fils — Napoléon et Henri Bourassa — sont issus. Bref, cet exercice est un hommage à ces trois bâtisseurs du Québec.
Méthodologie
Comme il s’agit d’une étude généalogique (démonstration de l’ascendance) et que nous avons la chance d’un formidable accès aux sources premières de notre histoire, j’utiliserai principalement les renseignements contenus dans les registres paroissiaux catholiquesSources provenant du Centre d’archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et du site généalogique Ancestry.ca., mais d’autres documents seront utilisés afin d’enrichir le texte. Les extraits de documents cités apparaîtront tels qu’écrits par leurs auteurs.
Ascendance patrilinéaire de Robert Bourassa
Les Bourassa à Montréal
C’est le 16 juillet 1933 à la paroisse St-Pierre-Claver de Montréal qu’on assiste au baptême de Joseph Adrien Jean Robert Bourassa, « né le quatorzième jour de juillet fils légitime de Aubert Bourassa commis employé civil qui a signé, et de Adrienne Courville de la paroisse de Saint Pierre Claver ». Le parrain se nomme Joseph Adrien Lafortune, « voyageur, oncle de l’enfant » et la marraine est identifiée ainsi : Gilberte Courville Lafortune, « son épouse »Acte de baptême de Joseph Adrien Jean Robert Bourassa..
Les parents de Robert Bourassa s’étaient unis à Montréal, paroisse Immaculée-Conception, le 5 octobre 1926. On parle ici d’Aubert Bourassa, « fils majeur de feu Toussaint Bourassa Et de Joséphine Brosseau de la paroisse Saint-Louis-de-France » et d’Adrienne Courville, « fille majeure de feu Joseph Courville Et de Eloïse Gagnon de cette paroisse »Acte de mariage entre Aubert Bourassa et Adrienne Courville..
Des racines à La Prairie
À La Prairie, le 9 août 1873, a lieu la cérémonie de mariage unissant Toussaint Bourassa, « commis, domicilié en cette paroisse fils majeur de feu Hippolyte Bourassa et de Marie Louise Brossard » à Marie Joséphine Brosseau, « fille mineure de Guillaume Brosseau cultivateur et de Marie Lefort, ses père & mère aussi de cette paroisse »Acte de mariage entre Toussaint Bourassa et Marie Joséphine Brosseau..
Également à La Prairie, le 17 octobre 1825, Hippolyte Bourassa, « de cette ParoiSse fils majeur de Pierre-Paul BouraSsa, et de defunte Marie-Eleonore BroSseau », prend pour épouse Marie Louise Brossard, « de cette ParoiSse fille mineure de Paul BroSsard et de Marie-Louise Marie dite Sainte-Marie »Acte de mariage entre Hippolyte Bourassa et Marie Louise Brossard.. Cet acte nous apprend qu’il y a eu empêchement de « deux de consanguinité dont un au troisième degré » et l’autre « du trois au quatre dont ils ont obtenu dispense de Monseigneur L’Évêque de TelmoSse ». Une liste de personnes présentes comprend, outre les parents des mariés : Vital Bourassa, « son oncle » ; Hubert Bourassa, « son cousin du troisième au quatrième degré » ; Jean Baptiste Bourassa, « son frere consanguin » ; Jean Baptiste Marie, « son ayeul maternel », ainsi que quelques membres de la famille Brossard.
Toujours à La Prairie, mais le 16 février 1801, on célèbre l’union de Paul Bourassa, « laboureur demeurant en cette paroiSse fils majeur de Vital BouraSsa et de Marie Hébert », et de Marie Éléonore Brosseau, « demeurant en cette paroiSse fille mineure de Jacques BroSseau & de Josephte Lefebvre »Acte de mariage entre Paul Bourassa et Marie Eléonore Brosseau.. Ici encore, on constate une dispense de consanguinité « au troisième degré ». Outre le père de l’époux, on nomme « ses freres » : Vital, Louis et François Bourassa.
Le prochain mariage est fort intéressant en ce sens qu’il célèbre l’union d’un Bourassa et d’une descendante acadienne. Il a lieu à La Prairie le 1er juin 1772 entre Vital Bourassa, « fils d’Antoine Bourassa et de feüe Marie Moquin Ses pere et mere de la Paroisse de la prairie de la Magdeleine », et Marie Hébert, « fille de feu Jacques Hébert et de Marie Landry Ses pere et mere de la même Paroisse ». L’acte est signé « Jacques De Lignery ptre »Acte de mariage entre Vital Bourassa et Marie Hébert.. La mère de Marie Hébert — Marie Landry — « veuve de Jacques Hébert de cette même Paroisse de la Prairie de la Magdeleine » devient l’épouse de François Modeste Bourassa, « veuf de Marie Senecal de cette Paroisse », le 14 février 1774 à La PrairieActe de mariage entre François Modeste Bourassa et Marie Landry.. De la première union de François Modeste Bourassa avec Marie Marguerite Senecal le 14 février 1765 à La Prairie, on apprend qu’il est le « fils de François Bourassa et de défunte Marie Hébert »11. Le monde est bien petit !
Une dispense « de parenté au troisième degré » apparaît dans l’acte de mariage entre Antoine Bourassa, « fils de feu Sieur françois Bourassa et de Marie Leber (nom difficile à lire) Ses pere et mere habitans de la Tortue en la Prairie de la Madelaine », et Marie Moquin, « aagée de dix huit ans fille de feu Sieur Pierre Moquin & de Marie Bisaillon Ses pere Et mere habitans de la dite Prairie de la Madelaine » du 4 avril 1731 à La PrairieActe de mariage entre Antoine Bourassa et Marie Moquin.. Parmi les signataires de cet acte, on retrouve les noms Leber, Bourassa, Moquin et Pierre « du May ».
C’est à Chambly, par le prêtre « faisant les fonctions Curialles dans le dt fort St Louys » (mariage enregistré à Contrecœur) qu’on assiste à l’union matrimoniale entre François Bourassa, « fils de françois BourraSsa et de Marguerite Duga » (de la FranceJETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec, des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 146-147.), et Marie Leber, « Veufve de deffunct Charles Robert dit desloriers », le 4 juillet 1684Acte de mariage entre François Bourassa et Marie Leber..
Marie Leber était la fille de « françois le Ber et de Jeanne Tetars… de la paroisse de la prairie de la Magdeleine », d’après les renseignements qui apparaissent dans l’acte de mariage qui l’unissait à Charles Robert, « laboureur et habitant du fort st Louis diocese de Quebec… fils de Louis Robert et de Marie Le Roy », enregistré à Contrecœur le 9 janvier 1681Acte de mariage entre Charles Robert et Marie Leber.. Dans ce document, on présente les témoins suivants, tous habitants du fort Saint-Louis : Gédéon Petit, « marchand » ; Jean Péladeau, René Poupart, Jean de Paris.
Parmi les autres témoins : « philippe plamondon Et mathieu faye… tous habitants de la prairie de la Magdeleine ». Ce dernier témoin pourrait être le Mathieu Faye dont j’ai déjà évoqué la vie dans un précédent bulletin de la SHLMHOUDE, Réal. « Mathieu Faye et Marguerite Françoise Moreau, pionniers de La Prairie », dans le bulletin Au jour le jour de la Société d’histoire de La Prairie de la Magdeleine, volume XXVI, numéro 6, juin 2014, p. 2-3..
Les parents de Marie Leber — François Leber et Jeanne Testard — s’étaient unis à Montréal le 2 décembre 1662. L’union avait été célébrée en présence de « Jacques Le Bert Marguillier frere dud. de Messire Paul de Chaumedey Gouverneur de cette Isle » ainsi que du « Sr Charles Le Moyne Marguillier, Jean Gervaise habitant Et plusieurs aut amys communs des parties »Acte de mariage entre François Le Bert et Jeanne Testard.. François Leber était donc le frère de Jacques Leber, époux de Jeanne Le MoyneActe de mariage entre Jacques Le Ber et Jeanne Le Moyne enregistré à Montréal le 7 janvier 1658, en présence de « Jaques le Moyne Et charles le Moyne freres de lad Espouse »., sœur de Charles.
Une parenté lointaine avec Napoléon et Henri Bourassa
Maintenant que nous avons établi que Robert Bourassa avait de profondes racines à La Prairie, il convient de vérifier la filiation d’un autre fils de la région, soit Napoléon Bourassa, peintre connu et père du célèbre Henri Bourassa.
Robert Bourassa et Napoléon Bourassa sont issus du même couple d’ancêtres, soit François Bourassa et Marie Leber. Cette fois-ci, faisons le chemin inverse (nous avions remonté l’ascendance de Robert) en partant du couple Bourassa-Leber pour descendre vers Napoléon et Henri Bourassa.
Le 10 février 1721 à La Prairie, on célèbre l’union entre François Bourassa, « fils de françois bourassa et de marie lebert », et Marie Anne Denau, « fille de jacques denau et (mots rayés) marie rivet »Acte de mariage entre François Bourassa et Marie Anne Denau.. De cette union naîtra quelques enfants dont un fils — Albert Bourassa, « veuf de marie anne Larivière résidant en la paroiSse de St Joseph de Chambly » — qui se mariera le 6 novembre 1780 à Belœil avec Marie Janot dit Lachapelle, « veuve de Nicolas Bouvet de cette paroiSse »Acte de mariage entre Albert Bourassa et Marie Janot « dte La Chapelle ».. Le prêtre se nomme François Noiseux, célèbre curé colonisateur de la région de Belœil, Saint-Hilaire et Saint-Hyacinthe dont j’ai fait un portrait dans mon plus récent livreHOUDE, Réal. Des Patriotes oubliés. Réseaux familiaux et anciens Acadiens entre 1757 et 1837 au Québec. Salaberry-de-Valleyfield, Marcel Broquet. La nouvelle édition, 2015, p. 85-99..
Albert Bourassa, « veuf de Marie jeanne Brosseau » avait épousé Marie Anne Larivière, « veuve de jean Baptiste Becet », le 22 mai 1775 à ChamblyActe de mariage entre Albert Bouraça et Marie Anne Larivière.. Il faut donc remonter au mariage d’Albert Bourassa avec Marie Jeanne Brosseau, « fille de Pierre Brosseau et de defunte Marie Jeanne Moquin », pour apprendre qu’il était le « fils de François Bourassa et de défunte Marie Anne Deniau Ses pere et mere de la Paroisse de la Prairie de la Magdeleine ». Cet acte du prêtre Jacques de Lignery est daté du 25 février 1754 à La PrairieActe de mariage entre Albert Bourassa et Marie Jeanne Brosseau.. Parmi les témoins, on retrouve Étienne Bariteau, François Antoine Lefebvre, Joseph et Louis Babin.
La famille Bourassa et le clan Raynaud Blanchard
Mais revenons à son union avec Marie Janot dit Lachapelle. Une première union avec Nicolas Bouvette avait été célébrée à Saint-Charles-sur-Richelieu le 7 février 1774. On mentionnait qu’elle était la « fille de jean Baptiste Lachapelle et de defunte Charlotte reneau ses pere et mere de cette paroisse »Acte de mariage entre Nicolas Bouvette (Joseph + Marie Joseph Normand) et Marie Lachapelle.. Il est intéressant de constater le nom de la mère « Reneau » et la provenance de cette famille, soit Saint-Charles-sur-Richelieu. C’est ici que se trouve le lien entre Napoléon Bourassa, futur gendre de Louis Joseph Papineau, et le clan Raynaud Blanchard associé aux événements de 1837 dans la région de Saint-Charles-sur-Richelieu (clan familial et politique présenté dans un article publié en 2011HOUDE, Réal. « Des Patriotes oubliés. Le clan Raynaud-Blanchard », dans le Cahier d’histoire de la Société d’histoire de Belœil – Mont-Saint-Hilaire, numéro 96, octobre 2011, p. 25-40. et dont j’ai déployé la thèse dans un livre publié en 2012HOUDE, Réal. L’improbable victoire des Patriotes en 1837. Clans familiaux, alliances politiques et pouvoir « féodal » entre 1830 et 1837 dans la vallée du Richelieu. Lévis, Les Éditions de la Francophonie, 2012, 203 p. 170-175.). Cette Marie Janot, issue du clan Raynaud Blanchard, est la grand-mère de Napoléon Bourassa. Présentons ici quelques personnages « clés » issus de ce clan :
• Joseph Toussaint Drolet, « fils majeur de Sr Joseph Charles Drolet et de Dme Brigitte Blanchard de la paroiSse de St Marc »Acte de mariage entre Joseph Toussaint Drolet et Sophie Boileau (René + Marie Josephte Antoinette Degane de Falaise), enregistré le 26 octobre 1812 à Chambly., député de Verchères (1832-1838)Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 236-237., patriote convaincu, arrêté et emprisonné après la rébellion de l’automne 1837, il « est libéré sous caution le 15 juin 1838 et meurt peu après des suites de son incarcération »LAPORTE, Gilles. Patriotes et Loyaux. Leadership régional et mobilisation politique en 1837 et 1838. Sillery, Septentrion, 2004, p. 160. ;
• Louis Raynaud Blanchard, député de Saint-Hyacinthe (1830-1838)Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 636. et patriote convaincu, époux d’Angélique Poulin, fille « d’etienne poulin cultivateur en Cette paroisse et d’élisabethe Blanchard dite rainaut »Acte de mariage entre Louis « Rainaut dit Blanchard » et Angélique Poulin enregistré à Saint-Marc-sur-Richelieu le 6 février 1809. ;
• Louis Poulin, frère d’Angélique Poulin, député de Saint-Hyacinthe (1832-1834)Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy,
Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 614. et patriote convaincu.
Brigitte et Élisabeth Blanchard dites Rainaut ou Reneau ou Renaud sont les filles de Jean Baptiste Reneau et de Marie Angélique Guyon dite Dutilly, si l’on en croit les actes associés à ces femmes. Prenons l’exemple de l’acte de mariage unissant Joseph Charles Drolet et Brigitte Renaud, « fille de feu jean Baptiste Renaud & d’Angelique Dyon Dutilly », le 12 mai 1785 à Saint-Charles-sur-RichelieuActe de mariage entre Joseph Charles Drolet et Brigitte Renaud..
Les parents de Marie Janot s’étaient unis à Pointe-aux-Trembles le 11 janvier 1740. On parle ici de Jean Baptiste « jeannot dit lachapelle fils de pierre jeannot et de petronille tessier » qui épousait Geneviève ReneauLa recherche généalogique montre que le prénom de la mère de Marie Janot a été modifié de Geneviève à Charlotte., « fille de jean reneau et d’anne thereSe Bricault aussi de cette paroisse »Acte de mariage entre Jean Baptiste Jeannot dit Lachapelle et Geneviève Reneau.. L’événement a lieu en présence d’Antoine Jeannot, Jean Reneau, Joseph Reneau et Joseph LamarcheIci, le patronyme « Lamarche » est un surnom associé au patronyme « Bricault ». Geneviève-Charlotte Reneau était la sœur de Jean Baptiste Reneau, époux successif de Marie Anne BrouilletActe de mariage entre Jean Renau et Marie Anne Brouillet le 17 février 1738 à Pointe-aux-Trembles. et d’Angélique Guyon Dutilly. Il était donc le grand-père de Brigitte et d’Élisabeth Blanchard, respectivement mères de Joseph Toussaint Drolet, d’Angélique Poulin et de Louis Poulin. Nous constatons aussi la présence de « jean Baptiste jeannot dit lachapelle » lors de la cérémonie nuptiale unissant « jean Baptiste Rénault veuf de marie Anne Brouillet » à Marie Angélique « Guion », le 28 septembre 1750 à Saint-Charles-sur-RichelieuActe de mariage entre Jean Baptiste Rénault et Marie Angelique Guion..
Cet exercice permet de démontrer que des liens familiaux — et non seulement politiques — existaient entre des membres de clans politiques associés au mouvement « Patriote ». Napoléon Bourassa avait donc des liens familiaux directs avec certaines familles de l’épicentre de la rébellion de 1837 dans la vallée du Richelieu. Bien entendu, nous pourrions faire une recherche similaire pour prouver certaines filiations dans le camp des « Loyaux », mais ici ne réside pas le sens de notre propos.
Une famille de politiciens
Mais continuons à établir la généalogie de Napoléon et Henri Bourassa. La lignée se poursuit avec l’union de François Bourassa, « négotiant fils majeur de feu Albert & de Marie Lachapelle », à Geneviève Patenaude, « résidente dans cette paroisse, fille majeure de feu etienne patenaude et de marie anne provot », le 6 septembre 1812 à L’AcadieActe de mariage entre François « Bourrassa » et Geneviève Patenaude..
C’est le 17 septembre 1857 à Montebello, fief de la famille Papineau, qu’on assiste à la cérémonie matrimoniale unissant « Monsieur Napoléon Bourassa peintre artiste domicilié à Bytown aujourd’hui Cité des Ottawais, fils majeur de François BouraSsa Ecuyer et de Geneviève Pattenaude de Ste Marguerite de Blairfindie » à Marie Julie Azélie Papineau, « fille majeure de L’Honorable Louis Joseph Papineau Seigneur du lieu et de Dame Julie Bruneau de la paroisse de Notre Dame de Bonsecours »Acte de mariage entre Napoléon Bourassa et Marie Julie Azélie Papineau.. Un frère de Napoléon Bourassa — François Bourassa — a eu une longue carrière politique dans la région de Saint-Jean-sur-Richelieu, notamment élu « député libéral de Saint-Jean à la Chambre des communes en 1867. Réélu en 1872, 1874, 1878, 1882, 1887 et 1891 »Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 96-97..
Terminons cet exposé généalogique avec le mariage unissant Henri Bourassa, « député fédéral du comté de Labelle, domicilié à St-Jacques de Montcalm, fils majeur de Napoléon Bourassa artiste, de St Louis de France à Montréal & de feu Azélie Papineau », à Joséphine Papineau, « fille majeure de Joseph Godfroy Papineau Notaire & de Marie-Alexina Beaudry, de cette paroisse », le 4 septembre 1905 à Sainte-AdèleActe de mariage entre Joseph Henri Napoléon Bourassa et Joséphine Papineau.. Une dispense « du troisième au quatrième degré de consanguinité en lignes collatérales » s’avère nécessaire pour pouvoir célébrer cette union, car les époux étaient apparentés. Rappelons qu’Henri Bourassa a eu une longue carrière politique, de 1889 à 1935, fondateur « et directeur du quotidien nationaliste le Devoir de 1910 à 1932 »Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 97..

- Au jour le jour, novembre 2015
Antoine Adhémar et ses épouses – Parcours généalogique et historique
UN PERSONNAGE AU COEUR DE LA RECHERCHE GÉNÉALOGIQUE
Qui a fait de la recherche généalogique est tombé sur un texte du notaire Antoine Adhémar… et a eu une certaine difficulté à lire celui-ci. Mais, trêve de plaisanteries, car Antoine Adhémar fait partie de ces clercs importants de la Nouvelle-France, de ces gens qui ont su conserver des traces de cette présence francophone en Amérique et qui ont été le ciment entre des communautés.
En épousant en troisièmes noces Michelle Cusson, « fille du sieur Jean Cusson notaire royal et Marie Foubert sa femme », le 20 janvier 1687 au Cap-de-la-Madeleine BAnQ : acte de mariage entre Antoine Adhémard et Michelle Cusson. , Antoine Adhémar devient le beau-frère d’une pionnière de la région de La Prairie, soit Jeanne Cusson, dont l’histoire a été racontée dans le cadre d’un article publié en 2015 par la Société d’histoire de La Prairie de la Magdeleine HOUDE, Réal. « Jeanne Cusson et ses hommes. Parcours généalogique et historique », dans le bulletin Au jour le jour de la Société d’histoire de La Prairie de la Magdeleine, volume XXVII, numéro 1, janvier 2015, p. 2-4. .
Enfin, d’après le généalogiste Michel Langlois, Antoine Adhémar arrive en Nouvelle-France avec le régiment de Carignan-Salières en qualité de soldat de la compagnie de « Saurel »LANGLOIS, Michel. Carignan-Salière 1665-1668. Drummondville, La Maison des ancêtres inc., 2004, p. 202-203. ; fait qui avait été mentionné par le généalogiste René Jetté : « soldat de la compagnie de Sorel au régiment de Carignan »JETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec, des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 3..
MÉTHODOLOGIE ET LIMITES DE LA RECHERCHE
Dans cet article, je présenterai des extraits d’actes originaux et des documents historiques complémentaires qui permettent de cerner le cercle des relations du personnage à partir de ses unions. Cet article n’a pas pour but de démontrer la portée de l’implication d’Antoine Adhémar en sa qualité de notaire et d’homme public dans la société d’alors, mais de vous présenter l’homme dans ce qu’il a de plus intime, soit sa famille. Pour cet article, j’utilise le présent historique.
L’AMPLEUR DU PERSONNAGE
Reprenons la brève biographie d’Antoine Adhémar écrite par le généalogiste René Jetté :
« Notaire seigneurial de Sorel, Cap-dela- Madeleine, Batiscan, etc., 1668- 1687, notaire et greffier de la seigneurie de Montréal 02-05-1687 au 17-11-1693, greffier de la Prévôté de Montréal 17-11-1693 à sa mort »JETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec, des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 3..
Cet extrait est éloquent et il nous apprend que ce personnage a dû exercer une influence immense compte tenu de l’étendue de son territoire professionnel et des fonctions exercées au cours de sa vie en Nouvelle-France.
Voyons maintenant ce qu’en a dit le généalogiste Michel Langlois :
« Dès après son premier mariage, on le retrouve à Sorel où il suit ses compagnons d’armes : à cet endroit commence sa carrière de notaire par la rédaction d’un premier acte le 3 juillet 1668. Il demeure à Sorel mais pratique dans les seigneuries de Batiscan, de Cap-de-la-Madeleine, de Chambly, de Champlain et de Sainte-Anne-de-la-Pérade »LANGLOIS, Michel. Carignan-Salière 1665-1668. Drummondville, La Maison des ancêtres inc., 2004, p. 203..
SES UNIONS
1 – GENEVIÈVE SAGEOT
Le 10 octobre 1667 à Québec, Antoine Adhémar, « fils de Michel, et de Cecile Gache de la ParoiSSe de St Salvy Evesché d’Alby », épouse « Geneviefve Sageot » (Anthoine + Marguerite Ruffel), de la « ParroiSSe de St André des Arts à Pâris »BAnQ : acte de mariage entre Antoine Adémar et Geneviefve Sageot..
Le généalogiste Yves Landry rapporte que Geneviève Sageot est une « Fille du roi » qui est arrivée en 1667 « après avoir participé à un acte de protestation rédigé à Dieppe le 17-06-1667 »LANDRY, Yves. Orphelines en France pionnières au Canada Les filles du roi au XVIIe siècle. Montréal, Leméac, 1992, p. 369..
Le couple Adhémar-Sageot met au monde quatre enfants, mais seules deux filles auront une descendance. L’une d’elles, Jeanne Adhémar, « fille d’antoine adhemar Greffier et de defunte Genevieve Sageot », se marie le 18 avril 1690 à Montréal avec Joseph Deneau (Marin + Louise « du breüil »), dans le cadre d’une double cérémonie (l’autre couple : Jacque Deneau et Marie Rivé, « fille de Maurice Rivé et de Marie Cusson de la paroisse de laprairie [mot brouillé] de la magdeleine »)Ancestry.ca : acte de mariage entre Joseph Deneau et Jeanne Adhemar.. Marie Cusson est la soeur de Jeanne et de Michelle Cusson. La famille Deneau-Rivé s’enracine à La Prairie. Il est intéressant de noter que Joseph signe « deno » alors que Jacques écrit « denio ». Enfin, sur cet acte, nous retrouvons la fameuse signature d’Antoine Adhémar suivie d’un hiéroglyphe bizarre (sa marque de commerce).
Plusieurs enfants naissent de l’union Deneau-Adhémar dont Jeanne, baptisée à La Prairie le 7 février 1691, fille de « Joseph Destaillis et de Jeanne adhemar ses pere et mere de cette paroisse » (d’après le généalogiste René Jetté et les actes originaux consultés, le surnom « Destaillis » est associé à certains descendants de Marin Deniau et de son épouseJETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec, des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 330-332.). Le parrain de la petite Jeanne : « Mr Adhemar, greffier ».
Geneviève Sageot, épouse du « Sr anthoine adhemars notaire royal du dit lieu » meurt le 30 août 1683 et « a esté le jour suivant enterrée en léglise de cette paroisse en présence de nicolas toutant, de Jean la tour, de Jacques dandonneau qui ont signé et de rené auré qui a déclaré de sçavoir écrire ni signer de ce interpellé Suivant l’ordonnance »BAnQ : acte de sépulture de Geneviefve Sageot. Paroisse La Visitation de Champlain..
2 – MARIE SÉDILOT
Le 8 février 1684, soit quelques mois après le décès de sa première épouse, Antoine Adhémar, « veuf de Geneviefve Sageot, notaire royal de la paroisse de Champlain », se marie au Cap-de-la-Madeleine avec Marie Sédilot, « veuve de Sieur Blanchet de cette paroisse »BAnQ : acte de mariage entre Anthoine Adhemar et Marie Sedilot.. De cette union, seule une fille naît. Elle se prénomme Cécile. Son acte de mariage est très révélateur du cercle des relations de la famille Adhémar. Cécile, « fille de Monsieur Anthoine Adhemar Notaire Royal et Greffier de cette Isle et de Marie Sedilot Sa femme défunte de cette paroisse » (le nom écrit au-dessus de l’identité de la troisième épouse du notaire, Michelle Cusson) épouse André Archambault (Laurent + Catherine Marchand) le 3 novembre 1702 à Montréal, en présence de « Mre Laurent Archambault pere dudit Epoux, de Mre Nicolas Senet Marchand… de Mre Anthoine Adhemar père de ladite Epouse, de Mre Jean Cusson Notaire, de Joseph deno beaufrere deladite Epouse, de Jaques Texier aussi beaufrere et aussi Soussignés »BAnQ : acte de mariage entre André Archambault et Cécile Adhémar..
En épousant André Archambault, Cécile Adhémar s’allie à une ancienne famille de Montréal, petit-fils de Jacques Archambault, pionnier de Ville-Marie.
3 – MICHELLE CUSSON
Comme mentionné au début de cet article, Antoine Adhémar se marie une troisième fois. Michelle Cusson est la fille de son collègue « Jean Cusson notaire royal ». Un enfant naît de cette union – un fils – Jean- Baptiste. Ce dernier, « Notaire Royal et Greffier en la juridiction royalle de Montréal fils de deffunt maitre Antoine Adhemar vivant Notaire royal et Greffier en Laditte juridiction et de Damoiselle Michelle Cusson ses pere et mere » épouse Catherine Le Pallieur, « fille de maitre Michel Le Pallieur Notaire royal et Procureur du Roy commis en ladite juridiction et de Damoiselle Gertrude Jeremie ses pere et mere » le 20 mai 1715 à MontréalAncestry.ca : acte de mariage entre Jean Batiste Adhemar et Caterine Le Pallieur..
Parmi les personnes présentes : « Pierre Raimbault Procureur du Roy en cette juridiction ». À noter que le fils Adhémar adopte le hiéroglyphe paternel à la suite de la signature de son nom.
Antoine Adhémar avait été inhumé le 16 avril 1714 à Montréal, « agé d’environ quatre vingt ans greffier de Cette Juridiction », soit un peu plus d’un an avant le mariage de son fils à qui il avait montré les rudiments du métier de notaire.
Nous constatons que le parcours du notaire Antoine Adhémar est complexe – du point de vue géographique autant qu’humain – et que des liens constants semblent l’unir à la famille Cusson et ses apparentés. Dans ses nombreux déplacements et par son union avec Michelle Cusson, il est probable qu’Antoine Adhémar a pu séjourner à l’occasion à La Prairie.

- Au jour le jour, janvier 2015
Jeanne Cusson et ses hommes
Cet article est le deuxième d’une série sur des pionnières et pionniers de La Prairie. Cette fois-ci, il s’agit de Jeanne Cusson, la fille d’un important notaire de la région de Trois-Rivières qui est devenue – par ses trois unions successives – une pionnière de notre région.
L’intérêt que je porte à cette femme est double. D’abord, Jeanne Cusson est mon aïeule par son premier mariage avec Jean Breliau dit Barreau. Ensuite, impliqué professionnellement dans la région de La Prairie depuis 1990, j’ai le désir de contribuer à la connaissance et à la compréhension de l’histoire régionale. J’ai appris à connaître et à apprécier ce coin du Québec – entre autres par la qualité des rencontres au gré des événements – et ces articles représentent une forme de reconnaissance – dans la mesure de mes humbles moyens – de ce que j’ai pu y vivre depuis tant d’années.
MÉTHODOLOGIE
En ma qualité de généalogiste de filiation agréé (GFA), je vous propose un parcours à la fois généalogique et historique sur la vie de Jeanne Cusson. La connaissance historique au Québec puise en partie aux sources généalogiques exceptionnelles et – dans le cas présent – aux preuves concrètes de l’existence de Jeanne Cusson et de son réseau familial. J’utiliserai donc des extraits d’actes civils et religieux pour montrer ce réseau familial, dont les membres ont été parmi les bâtisseurs de La Prairie et de sa région.
En complément, je ferai appel à des auteurs qui ont décrit certains faits historiques sur des personnes mentionnées dans cet article.
À noter : les extraits d’actes et de documents apparaissent tels qu’ils ont été écrits, j’ai choisi l’épellation contemporaine « La Prairie » (sauf dans les documents cités) et j’utiliserai le présent historique dans ma façon de raconter cette histoire.
LES PARENTS DE JEANNE CUSSON
Les parents de Jeanne Cusson – Jean Cusson et Marie Fouber – sont parmi les pionniers de Trois-Rivières. Ils se marient le 16 septembre 1656 à Trois-Rivières, en présence de Jacques Hertel, Pierre Deschamps, Jean Lemoyne et Bertrand FafardBAnQ : acte de mariage (en latin) entre Jean Cusson et Marie Fouber..
Jean Cusson devient un notaire réputé de cette région. Il agit notamment comme procureur des Jésuites lors d’une bataille juridique entre ceux-ci et les habitants de Batiscan. Voici quelques extraits choisis pour illustrer le litige et le rôle de Jean Cusson :
« L’année 1669 fut marquée d’un profond désaccord entre les colons et les seigneurs, au sujet de l’arpentage des concessions. Ce fut une lutte particulièrement acerbe, qui rappelait celle de 1666 lorsque les premiers censitaires se heurtaient à l’obstination des Jésuites pour obtenir leur concession. La mésentente n’était pas éteinte. La tenue de l’arpentage la ranima »DOUVILLE, Raymond. La Seigneurie de Batiscan. Chronique des premières années (1636-1681). Collection « La Seigneurie de Batiscan », cahier numéro 1, Batiscan, Éditions du Bien Public, 1980, p. 37..
« Mais les colons n’étaient pas satisfaits pour autant, de sorte qu’un nouvel arpentage fut décidé au printemps de 1669, confié à l’arpenteur Guyon DuBuisson, assisté comme greffier de Jean Cusson, qui venait à peine de commencer la pratique du notariat et qui rédigea l’acte »Ibidem, p. 37-38..
« Nicolas Rivard, homme assez violent, procédurier sagace, fut chargé de rédiger un factum impliquant à la fois les Jésuites du Cap et l’arpenteur DuBuisson. Nous n’avons pu malheureusement retracer le texte de ce réquisitoire. Mais nous en connaissons les principaux arguments par la réplique de Jean Cusson, choisi procureur de l’autre partie et qui les énumère l’un après l’autre dans sa tentative de réfutation»Ibidem, p. 42. .
Dans le cadre de mes recherches généalogiques, j’ai découvert que Nicolas Rivard et Jean Cusson – les deux belligérants – sont mes ancêtres. J’ai même écrit une chanson qui raconte ce combat épique entre les deux parties. Cette chanson s’intitule simplement « Nicolas Rivard »HOUDE, Réal. Chanson « Nicolas Rivard » dans Le présent du temps. Saint-Bruno-de-Montarville, 2011. Disque comprenant 11 chansons sur le rapport au temps et l’histoire des francophones du Québec. .
C’est dans ce contexte particulier que Jean Cusson arrive à faire sa place dans la société trifluvienne et que la famille s’enracine dans ce milieu. Jean Cusson et Marie Fouber sont les parents d’une famille nombreuseJETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 296 mentionne 16 enfants alors que le Programme de recherche en démographie historique de l’Université de Montréal (PRDH; fiche #1013 consultée le 31-12-2014) mentionne 17 enfants. Dans les deux cas, deux filles portent le prénom « Jeanne ». Celle qui nous intéresse est la quatrième de l’ensemble familial mais sa date de naissance semble inconnue. . Parmi ces enfants se trouve Jeanne, « aagée de 16 ans fille de Jean Cusson et de marie Fouber ses pere et mere de la paroisse du Cap de la Magdelaine » qui épouse « Jean Breliau dit Barreau demeurant à la prairie de la Magdelaine aagé d’environ 28 ans (« fille »; mot barré) fils de Jean Breliau et de Françoise Cellier ses pere et mere, natif de la paroisse de Bessela près de Niort, diocese de Lusson » le 9 novembre 1679 au Cap de la MadeleineBAnQ et Ancestry.ca : acte de mariage entre Jean Breliau dit Barreau et Jeanne Cusson. .
Parmi les autres enfants du couple Cusson-Fauber, nous retrouvons Michelle Cusson, « fille du Sieur Jean Cusson notaire royal et Marie Foubert sa femme, aagée de vingt deux ans » qui se marie le 20 janvier 1687 à Antoine Adhémar, « Sieur de St-Martin notaire royal aagé de quarante sept ans »BAnQ et Ancestry.ca : acte de mariage entre Antoine Adhémar et Michelle Cusson.. Ce dernier est un important notaire de la Nouvelle-France, ayant exercé son étude dans les régions de Trois-Rivières et de Montréal. Tout généalogiste est confronté, tôt ou tard, à un acte du notaire Antoine Adhémar. Notons – pour le présent exposé – qu’Antoine Adhémar est arrivé en Nouvelle-France en qualité de soldat du régiment Carignan-SalièreLANGLOIS, Michel. Carignan-Salière 1665-1668. Drummondville, La Maison des ancêtres inc., 2004, p. 202-203. .
PREMIÈRE UNION : JEANNE CUSSON ET JEAN BRELIAU DIT BARREAU
Jeanne Cusson et son mari, Jean Breliau dit Barreau, sont les parents de quatre enfants : Élisabeth, « fille de Deffunt Jean Bareau et de Jeanne Cusson », qui épouse Jean Lemire (Jean + Louise Marsolet) le 30 juillet 1703 à MontréalAncestry.ca : acte de mariage entre Jean Lemire et Élisabeth Bareau. .
Louise « Baraut fille de Jean Baraut et de Jeanne CuSson de cette paroiSse » qui se marie le 25 mai 1706 à La Prairie à Adrien Senecal (Adrien + Jeanne « Le Conte de la paroiSse de varenne »BAnQ : acte de mariage entre Adrien Senecal et Louise Baraut. .
François Bareau, « fils de jean bareau et de jeanne Cusson » qui s’allie à Marguerite Senécal le 18 mars 1720 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre François Bareau et Marguerite Senecal. .
Une « enfant … de Jean Brilleau et de Jeanne CuSson sa femme laquelle a este impose le nom de Marguerite » le 11 octobre 1689 à La PrairieAncestry.ca : acte de baptême de Marguerite Brilleau..
Malheureusement, Jean Breliau dit Barreau meurt tragiquement à l’automne 1690 comme en font foi ces extraits d’un livre que les membres de la SHLM connaissent. Les auteurs citent le registre des sépultures de La Prairie :
« Ce 3eme de décembre de lannée 1690 Je ptre soussigné certifie avoir esté chercher dans le bois le reste des ossements de feu Bourbon hbnt (habitant) de cette paroisse et dun autre qu’on na pust scavoir qu’il estoit tant il avoit esté defiguré par les Iroquois on croit que cestoit un soldat de Mr le Chevalier de grès nommé lamothe qui furent tués lun et lautre le 4eme de septembre de la susditte année dans lattaque que lon donna à la fourche de la prairie de la Magd avec Jean Duvale Jean Barault hnts de cette paroisse … nous avons donné la sépulture aux susdits ossements de Bourbon, et de lamothe le 3me comme nous avions faits aux corps de Jean Barault Jean Duval le 4me et 5me sept dans le cimetière de la ditte paroisse des autres ayant esté enterrés avant mon arrivée le jour du combat en foy de quoi Jay signé »BOURDAGES, Gaétan, Jean JOLY et Stéphane TREMBLAY. 1691 La bataille de La Prairie. Montréal, Éditions Histoire Québec, 2009, p. 99. .
« Jean Bareau dit Bréliau était marié à Jeanne Cusson. Bareau était à La Prairie en août 1673. Père de quatre enfants lors de son décès »Ibidem, p. 99. .
DEUXIÈME UNION : JEANNE CUSSON ET JOACHIM LEBER
Devenue veuve, cette mère de quatre enfants convole en justes noces une seconde fois, « Veufve de Jean Barault fille de Jean Cusson et de marie fouber ses pere et mere dune autre part de la paroisse du Cap de la Magd proche les 3 Rivières ». L’heureux élu se nomme « Joachim le Ber fils de françois le Ber et de Jeanne Testard ses pere et mere dune part hnts de cette Paroisse » et la cérémonie nuptiale a lieu le 28 janvier 1692 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre Joachim le Ber et Jeanne Cusson. .
Une seule fille naît de cette union (malheureusement, l’acte de baptême semble introuvable). Elle se prénomme Michelle. Le 1er décembre 1714 à La Prairie, Michelle Leber, « fille de Joichim leber » et de « Janes cusson » s’unit à Pierre Pépin (Pierre + Louise « Mir » Lemire)Ancestry.ca : acte de mariage entre Pierre Pepin et Michelle Leber. En complément : JETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 895. .
Malheureusement, on ne connaît pas de façon certaine la date du décès de Joachim Leber.
Par contre, ce que l’on sait, c’est que François Leber est le neveu du célèbre Jacques Leber, important marchand de la région. Nous pouvons prouver ce fait par l’acte de mariage des parents de François Leber, « veuf de deffuncte Marguerite le Seur de la paroiSSe de Nre Dame de Pitre dioceSe de Rouen » et Jeanne Testard, « fille de Jean TeStard Et Anne Godefroy de la paroiSSe de St Vincent » le 2 décembre 1662 à Montréal en présence de « Jacques Le Bert marguillier frere dud » et « de MeSSire Paul de Chaumedey Gouverneur de cette Isle de Sr Zacharie du Puy Major de la garnison des Srs Jacques Testard et Charles Testard frere de lad du Sr Charles Le Moyne marguillier Jean GervaiSe habitant »Ancestry.ca : acte de mariage entre François Le Bert et Jeanne Testard. .
Cet acte de mariage est très révélateur du réseau familial dans lequel entrait Jeanne Cusson. Maintenant – par un autre document – constatons l’importance de la famille Leber : « Les familles Leber et Lemoyne avaient la mainmise sur tout le commerce des fourrures du sud-ouest de la vallée du Saint-Laurent. Leur influence socio-économique sur la région de La Prairie est indéniable »BOURDAGES, Gaétan, Jean JOLY et Stéphane TREMBLAY. 1691 La bataille de La Prairie. Montréal, Éditions Histoire Québec, 2009, p. 60. .
TROISIÈME UNION : JEANNE CUSSON ET CLAUDE GUÉRIN DIT LAFONTAINE
Le troisième acte de mariage où l’on retrouve notre héroïne est un résumé clair de son existence. Jeanne Cusson, « aagée de trente trois ans demeurant dans la dite paroisse de la prairie de la Magdelaine veuve en premieres nopces de Jean Bresliau Barreau et en secondes nopces de Joachim le Ber » épouse Claude Guérin « dit Lafontaine Soldat de la compagnie de Mr de noyan aagé de ving huit ans demeurant dans la ditte paroisse de la prairie de la Magdelaine fils de michel guerin et de Jeanne veron ses pere et mere natif de Lusignan evesché de poitiers » le 19 novembre 1696 à Montréal, en présence de « Jean Cusson frere de la ditte epouze, d’Antoine Adhemar notaire royal de cette ville, beaufrere de la ditte epouze »Ancestry.ca : acte de mariage entre Claude Guerin dit Lafontaine et Jeanne Cusson. .
Jeanne Cusson devient la mère de quatre autres enfants – pour un total de neuf. Jacques
« La fontaine fils de Claude La fontaine et de jeanne Cusson » se marie le 29 janvier 1725 à La Prairie à Marie Anne Senécal (Pierre + Marguerite Pinsonneau)Ancestry.ca : acte de mariage entre Jacques Lafontaine et Marie Anne Senécal..
Jean Baptiste « La fontaine fils de Claude La fontaine et de jeanne Cusson », épouse Marie Catherine Bourdeau (Pierre + Marguerite Lefebvre) également le 29 janvier 1725 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre Jean Baptiste Lafontaine et Marie Catherine Bourdeau. .
Ange Lafontaine, « fils de feu Claude Lafontaine et de Jeanne Cusson », s’allie à Marie Anne Lebert, « fille du Sieur françois Le Bert capitaine de la milice de la Prairie de la Magdelaine et de Marie Anne Magnan » le 15 mai 1729 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre Ange Lafontaine et Marie Anne Lebert. .
Marguerite Lafontaine, « fille de feu Claude lafontaine et Jeanne Cusson », dit oui à Joseph Bourdeau (Pierre + Marguerite Lefebvre) le 3 février 1728 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre Joseph Bourdeau et Marguerite Lafontaine. .
ÉPILOGUE
L’aventure se termine le 20 mars 1738 à La Prairie par ce dernier acte de la vie de Jeanne Cusson – document signé par « Jacques Desligneri » :
« Ai inhumé dans le cimetiere de la Paroisse de la Prairie le corps de Marie Jeanne Cusson veuve de Claude Guerin decedée la veille à l’âge de Soixante et quinze ans »Ancestry.ca : acte de sépulture de Marie Jeanne Cusson.. Présents : Étienne Bariteau et Jacques Bellefeuille.
Par l’existence de Jeanne Cusson, nous constatons la profondeur de l’enracinement de certaines familles dans la région de La Prairie.

- Au jour le jour, juin 2014
Mathieu Faye et Marguerite Françoise Moreau, pionniers de La Prairie
Le 30 septembre 1670 à Montréal, on assiste à la cérémonie nuptiale unissant Mathieu Faye « dit la fayette habitant de laprerie de La Magdelaine fils de feu Claude (mot rayé) Faye et de Marie Sulier Ses pere et Mere de La Paroisse et du Bourg de St Jean Evesché de Clermont en Auvergne » et Marguerite Françoise « Maureaux fille de feu François Maureaux et de FrançoiSe Gardien Ses pere et Mere de La paroisse de St Sulpice au faulbourg St Germain Les Paris ».Ancestry.ca : acte de mariage entre Mathieu Faye dit la fayette et Marguerite Françoise Maureaux.
D’après le généalogiste Michel Langlois, Mathieu Faye « est le Lafayette de la compagnie du capitaine La Varenne » du Régiment de Carignan-Salières arrivé à Québec « le 12 septembre 1665 (à) bord du navire le Saint-Sébastien ».LANGLOIS, Michel. Carignan-Salière 1665-1668. Drummondville, La Maison des ancêtres inc., 2004, p. 326-327. Plus loin : Faye « s’établit à Laprairie où le 8 juin 1672 les Jésuites lui concèdent deux terres de deux arpents de front par vingt-cinq arpents de profondeur ».Ibidem, p. 326. Mathieu Faye « est fait prisonnier par les Iroquois avec sa femme, le 4 septembre 1690 et amené en captivité ». Le couple revient en 1693Ibidem, p. 326-327. , mais Mathieu Faye et son fils André sont tués par les Iroquois et inhumés le 29 août 1695 à La PrairieAncestry.ca : acte de sépulture de « mathieu faye »..
Pour comprendre les dangers que vivaient les colons, je vous propose cet extrait du livre sur la bataille de La Prairie :
« Imprévisibles et rusés, les Autochtones sont d’habiles et féroces guerriers. En plus d’être des espions efficaces, ils excellent dans l’escarmouche et les combats rapprochés. On fait régulièrement appel à leur connaissance des forêts et des cours d’eau pour servir de guides. Le succès de la plupart des expéditions repose sur leur collaboration et sur leur connaissance du continent ».BOURDAGES, Gaétan, Jean JOLY et Stéphane TREMBLAY. 1691 La bataille de La Prairie. Montréal, Éditions Histoire Québec, 2009, p. 33.
L’auteur Yves Landry nous informe que Marguerite Françoise Moreau est une « Fille du roy », « née vers 1655. Arrivée en 1670 ». Devenue veuve en 1695, elle se marie de nouveau. En effet, le 21 novembre 1696 à La Prairie, on assiste à la cérémonie unissant « Jean Le fort dit La prairie » et Françoise Moreau, « Veufve de mathieu La fayette de cette paroisse ».Ancestry.ca : acte de mariage entre Jean Le fort dit Laprairie et Françoise Moreau. Un seul garçon serait issu de cette seconde union.
À l’instar des femmes de son époque, Marguerite Françoise Moreau donne naissance à plusieurs enfants. D’après les généalogistes René JettéJETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec, des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, p. 415. , Yves LandryLANDRY, Yves. Orphelines en France pionnières au Canada. Les Filles du roi au XVIIe siècle. Montréal, Leméac, 1992, p. 350. et Michel LangloisLANGLOIS, Michel. Carignan-Salière 1665-1668. Drummondville, La Maison des ancêtres inc., 2004, p. 326. , le couple Faye-Moreau aurait eu 10 enfants, mais, d’après le Programme de recherche en démographie historique de l’Université de Montréal (PRDH), il semble bien que le couple ait plutôt eu onze enfantsFiche du PRDH sur genealogie.umontreal.ca . Après quelques vérifications, nous devions effectivement ajouter un enfant à ce couple. La preuve : l’acte de mariage entre Jean Baptiste Bondy, « Marchand Bourgeois », et « Marie anne Lafayette agée de Cinquante neuf ans fille de mathieu faye dit lafayette et de Marguerite moreau Ses pere et mere de la paroisse de laprairie de la madelene » signé le 16 septembre 1750 à MontréalAncestry.ca : acte de mariage entre Jean Baptiste Bondy et Marie Anne Lafayette. . D’après l’âge mentionné dans l’acte, Marie Anne serait née vers 1691.
LES AUTRES ENFANTS DU COUPLE
À la lumière des données disponibles au moment d’écrire ces lignes, voici la liste des autres enfants du couple Faye-Moreau :
Tout d’abord, Anne « Faie dit Lafaiette » (dans la marge), fille de Mathieu Faie dit Lafaiette et de Marguerite Moreau, baptisée à La Prairie le 22 septembre 1672. Parrain : Claude Caron. Marraine : Anne Le BerAncestry.ca : acte de baptême (latin) d’Anne Faie dit Lafaiette. Vérification complémentaire : PRDH. .
Ensuite, Marguerite, fille de « matheo faie vulguo lafaiette … et margarita moreau », baptisée à La Prairie le 21 mars 1674. Parrain : Julien Averty, fils de Julien Averty. Marraine : Marguerite Tenard, épouse de Charles BoyerAncestry.ca : acte de baptême (latin) de Marguerite Faie dit Lafaiette. Vérification complémentaire : PRDH. . Marguerite Faye, « fille de Mathieu Faye dit Lafayette et de Marguerite Moreau » épouse Joseph Bénard (René et Marie Sédilot) le 25 octobre 1689 à La Prairie, en présence de « Mr de St Martin Notaire a Ville Marie »Ancestry.ca : acte de mariage entre Joseph Bénard et Marguerite Faye. .C’est à Boucherville, le 16 juin 1721, qu’a lieu la cérémonie funéraire de Marguerite Faye, « femme de joseph benar dit Carignan habitant de boucherville decedée le jour precedent ». Témoins : « gilles papin et frere loüis maistre d’ecole souSSignés »Ancestry.ca : acte de sépulture de Marguerite Faye. .
Suivie de Marie « Faie dit Lafaiette », fille de Mathieu Faie dit Lafaiette et de Marguerite Moreau, baptisée au même endroit le 26 mars 1676. Note : enfant ondoyé à la naissance par Julien Averty filsAncestry.ca : acte de baptême (latin) de Marie Faie dit Lafaiette. Vérification complémentaire : PRDH. . Marie, « fille de Mathieu Faye dit la Fayete et de Marguerite Moreau », se marie le même jour (25 octobre 1689) et au même endroit que sa soeur Marguerite. Elle épouse « Pierre Bordeau »Ancestry.ca : acte de mariage entre Pierre Bordeau et Marie Faye. . Parmi les signataires de l’acte : le sieur « LeGardeur de beauvais ».
Un fils est baptisé à La Prairie le 16 juillet 1678. Il s’agit d’André « Faie », fils de Mathieu Faie et de Marguerite Moreau. Parrain : André Foran. Marraine : Catherine CiquanAncestry.ca : acte de baptême (latin) d’André Faie. Vérification complémentaire : PRDH. . Malheureusement, ce fils est inhumé le même jour que son père, soit le 29 août 1695 à La Prairie : « Mathieu faye aagéé denviron 48 ans et Son fils Andre … ont esté tués par les Iroquois »Ancestry.ca : acte de sépulture de Mathieu et d’André Faye. .
Un autre fils naît. Il est baptisé à La Prairie le 17 septembre 1680. Il s’agit de « Jean Faie », fils de Mathieu Faie et de Marguerite Moreau. Parrain : Jean BouteillierAncestry.ca : acte de baptême (latin) de Jean Faie. Vérification complémentaire : PRDH. . Ce second fils « de Mathieu faye » meurt très jeune et est inhumé à La Prairie le 30 septembre 1684, « aagé de 4 ans »Ancestry.ca : acte de sépulture de Jean Faye. .
Le 5 janvier 1683 à La Prairie, on assiste au baptême de Marie Angélique Faye, « fille de Mathieu faye et de Marguerite Moreau ». Parrain : Claude Faye. Marraine : Marguerite GuiteauAncestry.ca : acte de baptême de Marie Angélique Faye. . Le 20 avril 1705 à La Prairie, Angélique Faye, « fille de Mathieu Faye et de Marguerite Moreau », épouse Pierre Roy (Pierre et Catherine Ducharme) en présence de personnages importants : « Mr de l’Erige dit la plante officier d’un detachement de la Marine de Nicolas Antoine Coulon auSsi officier d’un detachement de la Marine Antoine Adhemar dit St Martin Notaire Royal de Montreal »Ancestry.ca : acte de mariage entre Pierre Roy et Angélique Faye..
Une cinquième fille fait son entrée officielle dans la famille chrétienne le 22 août 1684 à La Prairie par le baptême de Jeanne, « fille de Mathieux faye et de Marguerite Moreau. Elle est née le jour precedent ». Parrain : Claude Caron. Marraine : Jeanne Le BerAncestry.ca : acte de baptême de Jeanne Faye.. Le 3 juillet 1702 à La Prairie, on assiste à la cérémonie unissant « Jeanne Lafayette fille de deffunt mathieu Lafayette Et de Marguerite moreau » à Antoine RougierAncestry.ca : acte de mariage entre Antoine Rougier et Jeanne Lafayette..
Le couple Faye-Moreau prénomme une autre fille « Anne » lors d’une cérémonie baptismale qui a lieu dans le même bourg le 12 septembre 1686, « fille de Mathieu fayé et de Marguerite Moreau Sa femme née le 11 de Sept. ». Parrain : Étienne Bisaillon. Marraine : « Marguerite Fayé ». Étrangement dans cet acte, un accent aigu apparaît au patronymeAncestry.ca : acte de baptême d’Anne Fayé. . Cette jeune enfant, « fille de Mathieu Faye habitant de cete paroisse agee d’environ 3 ans » est inhumée à La Prairie le 5 septembre 1689Ancestry.ca : acte de sépulture d’Anne Faye. .
Un troisième fils est baptisé le 20 mars 1689 à La Prairie. Il s’agit de François, fils de Mathieu Faye et de Marguerite Moreau. Parrain : François Le Ber, « fils de François Le Ber ». Marraine : Marie Faye, « fille de Mathieu Faye habitant aussi delad. paroisse »Ancestry.ca : acte de baptême de François Faye. . François Faye, « fils de Mathieu Faye de cete paroisse age de cinq mois et demi », est inhumé à La Prairie le 3 septembre 1689Ancestry.ca : acte de sépulture de François Faye. .
Enfin, outre Marie Anne Lafayette dont l’existence a été évoquée plus haut, c’est avec « Elisabeth la fayette fille de Mathieu la fayette et de Marguerite moreau » que la famille Faye-Moreau semble clore la construction du nid familial, baptisée à La Prairie le 11 juillet 1695. Parrain : Benoit Bisaillon. Marraine : Élisabeth Barault, « de cette paroisSe ».Ancestry.ca : acte de baptême d’Élisabeth La Fayette. Le 22 novembre 1717 à La Prairie, Élisabeth « Lafayette de la paroisse de la dite Prairie de la madeleine » accepte de devenir l’épouse de « Pierre Côme ». Les noms des parents de la fille ne sont pas mentionnésAncestry.ca : acte de mariage entre Pierre Côme et Élisabeth Lafayette. . Le 7 juin 1776 à Montréal, on assiste aux funérailles d’Élisabeth Lafayette, « veuve St-come décédée d’avanthier agée d’environ quatre vingt deux ans » (mots rayés sous l’âge)Ancestry.ca : acte de sépulture d’Élisabeth Lafayette. .
UNE BRÈVE CONCLUSION
On peut constater que la descendance de Mathieu Faye est assurée par ses filles. Le patronyme Faye (et ses variantes), qui change constamment au fil du temps, survivra grâce à l’union entre « Claude Faye et Jeanne Pera » qui a lieu à La Prairie le 25 octobre 1688, en présence de « Mathieu Faye Oncle dud Claude Faye »Ancestry.ca : acte de mariage entre Claude Faye et Jeanne Pera. . Claude Faye, était le neveu de Mathieu Faye et de Marguerite Moreau. D’après les sources consultées, le nom « Faye » était porté par d’autres colons, mais la descendance qui a essaimée dans notre région semble issue du couple Faye-Pera (Faille-Perras).

- Au jour le jour, janvier 2013
Notre prochaine conférence: Les rébellions de 1837-1838 : les patriotes oubliés.
À l’étage du 249, rue Sainte-Marie
Monsieur Houde nous parlera de certains patriotes dont il est peu question dans nos livres d’histoire, notamment des membres du clan Raynaud-Blanchard. Des patriotes oubliés qui pourtant ont participé activement à la vie politique ainsi qu’aux événements patriotiques entre 1830 et 1838 dans la vallée du Richelieu et dans la région de Saint-Hyacinthe.
Accès gratuit pour nos membres, 5 $ pour les non-membres.