Sélection d'une édition

    Cours d’initiation à la généalogie et à la paléographie

    Le 8 décembre dernier, les participants de la troisième édition du cours d’initiation à la généalogie (session d’automne), offert par la SHLM et le service des loisirs de la ville de La Prairie, ont pu partager leurs découvertes généalogiques dans l’atmosphère des fêtes au Bistro l’Alsacien.

    Pour la session d’hiver, nous vous proposons un atelier d’initiation à la paléographie (écriture de l’ancien français) animé par Madame Lina Chopin, membre de la SHLM et maître généalogiste. Cet atelier de 90 minutes aura lieu les mercredis soir entre la fin du mois de janvier et le milieu du mois de mars. Le coût de cet atelier sera de 30 dollars par participant pour une session de six cours.

    Le nombre de places offertes pour cet atelier a été fixé à six personnes. Si plus de six personnes veulent participer, nous procéderons à un tirage au sort pour attribuer les six premières places et nous ouvrirons une session le printemps suivant (fin mars à début mai) pour six autres personnes. Informations et inscriptions au 450-659-1393. 

    Le 8 décembre dernier, les participants de la troisième édition du cours d’initiation à la généalogie (session d’automne), offert par la SHLM et le service des loisirs de la ville de La Prairie, ont pu partager leurs découvertes généalogiques dans l’atmosphère des fêtes au Bistro l’Alsacien. Pour la session d’hiver, nous vous proposons un atelier d’initiation à la paléographie (écriture de l’ancien français) animé par Madame Lina Chopin, membre de la SHLM et maître généalogiste. Cet atelier de 90 minutes aura lieu les mercredis soir entre la fin du mois de janvier et le milieu du mois de mars. Le coût de cet atelier sera de 30 dollars par participant pour une session de six cours. Le nombre de places offertes pour cet atelier a été fixé à six personnes. Si plus de six personnes veulent participer, nous procéderons à un tirage au sort pour attribuer les six premières places et nous ouvrirons une session le printemps suivant (fin mars à début mai) pour six autres personnes. Informations et inscriptions au 450-659-1393. ...

    Programme des conférences 2016

    Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non membres. Toutes les conférences débutent à 19 h 30. 

    Informations au 450 659-1393 ou sur notre site web au www.shlm.info.

    Conférence: Les filles du Roy 
    Date: Le 19 Janvier 2016
    Par Mme. Danielle Pinsonneault
    L’histoire de l’arrivée de ces femmes en Nouvelle-France  au milieu du 17e siècle, à la demande du roi Louis XIV, est une histoire fascinante. Notre conférencière vous entretiendra sur les raisons qui ont poussées ces femmes à accepter cette demande du roi, de la dangereuse traversée, de leur accueil à Québec, de leur mariage, de leur installation sur une terre à défricher et de la vie qui fut la leur et celle de leur grosse famille.

    Conférence: L’Expo 67
    Date: Le 16 février 2016 
    Par M. Michel Pratt
    Cette conférence multimédia sur l’Expo 67 fera revivre cette expérience inoubliable de l’histoire du Québec. Elle soulignera comment elle fut un tournant culturel marquant de notre histoire. La soumission de la candidature de Montréal, la création de l’île Notre-Dame, l’ouverture de la ligne jaune, les pavillons, les invités et les visiteurs de marque, les spectacles, la création de La Ronde et un bilan de l’Expo 67 seront aussi présentés.

    Conférence: Les patriotes : mythes et réalités
    Date: Le 20 avril 2016
    Par M. Gaétan Bourdages
    Plus de cent soixante-quinze ans après les événements et malgré l’abondance des publications et de la documentation sur ce sujet, il demeure toujours difficile d’éviter le piège de l’émotivité et des passions. Dans l’espoir d’y distinguer la vérité historique des fausses croyances et du folklore, nous vous proposons d’aborder les rébellions de 1837-1838 sous un angle critique. Nous soumettrons également un portrait sommaire de l’héritage laissé par les patriotes. 

    Conférence: Le patriotisme en jupon
    Date: Le 17 mai 2016
    Par Mme. Anne-Marie Sicotte
    Au début du 19e siècle, le peuple canadien cherche à conquérir ses droits et à protéger ses libertés. Quelle place laissait-on aux femmes pour militer et même pour se battre contre le despotisme ? Anne-Marie Sicotte a trouvé moult traces des combattantes d’autrefois au fil de ses recherches pour sa fresque romanesque patriote en deux cycles, « Le pays insoumis » et « Les tuques bleues ».

    Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non membres. Toutes les conférences débutent à 19 h 30.  Informations au 450 659-1393 ou sur notre site web au www.shlm.info. Conférence: Les filles du Roy  Date: Le 19 Janvier 2016 Par Mme. Danielle Pinsonneault L’histoire de l’arrivée de ces femmes en Nouvelle-France  au milieu du 17e siècle, à la demande du roi Louis XIV, est une histoire fascinante. Notre conférencière vous entretiendra sur les raisons qui ont poussées ces femmes à accepter cette demande du roi, de la dangereuse traversée, de leur accueil à Québec, de leur mariage, de leur installation sur une terre à défricher et de la vie qui fut la leur et celle de leur grosse famille. Conférence: L’Expo 67 Date: Le 16 février 2016  Par M. Michel Pratt Cette conférence multimédia sur l’Expo 67 fera revivre cette expérience inoubliable de l’histoire du Québec. Elle soulignera comment elle fut un tournant culturel marquant de notre histoire. La soumission de la candidature de Montréal, la création de l’île Notre-Dame, l’ouverture de la ligne jaune, les pavillons, les invités et les visiteurs de marque, les spectacles, la création de La Ronde et un bilan de l’Expo 67 seront aussi présentés. Conférence: Les patriotes : mythes et réalités Date: Le 20 avril 2016 Par M. Gaétan Bourdages Plus de cent soixante-quinze ans après les événements et malgré l’abondance des publications et de la documentation sur ce sujet, il demeure toujours difficile d’éviter le piège de l’émotivité et des passions. Dans l’espoir d’y distinguer la vérité historique des fausses croyances et du folklore, nous vous proposons d’aborder les rébellions de 1837-1838 sous un angle critique. Nous soumettrons également un portrait sommaire de l’héritage laissé par les patriotes.  Conférence: Le patriotisme en jupon Date: Le 17 mai 2016 Par Mme. Anne-Marie Sicotte Au début du 19e siècle, le peuple canadien cherche à conquérir ses droits et à protéger ses libertés. Quelle place laissait-on aux femmes pour militer et même pour se battre contre le despotisme ? Anne-Marie Sicotte a trouvé moult traces des combattantes d’autrefois au fil de ses recherches pour sa fresque romanesque patriote en deux cycles, « Le pays insoumis » et « Les tuques bleues »....

    Jacques Marchand Desligneris, curé de La Prairie

    Fils du militaire Constant Le Marchand, sieur de Lignery, et d’Anne Robutel de La Noue, Jacques Marchand des Lignery est né à Montréal (Ville-Marie) le 29 décembre 1701. Il fut élevé dans une fratrie composée de sept garçons et deux filles. Outre Jacques, le plus connu des enfants du couple fut François-Marie, dont les trois fils devinrent officiers dans les troupes de la Marine.

    Ordonné le 24 août 1727, Jacques fut d’abord missionnaire à Champlain de 1728 à 1731. Par la suite, sa nomination à la cure de La Prairie ne se fit pas sans quelques turbulences. 

    C’est en décembre 1733 qu’apparaît la première signature de Jacques Desligneris (sic) dans les cahiers de comptes de la fabrique de la Nativité ; pourtant, il était bien le curé de l’endroit depuis 1731. Toutefois, le 4 juin 1739, Louis Norman, Vicaire général du diocèse, lors d’une visite qu’il fit à La Prairie, s’exprimait ainsi dans son ordonnance : « Ordonnons à Messire Jacques Desligneris MissionnaireLes soulignés sont de nous. de ladite paroisse de publier notre présente ordonnance […] ». En décembre de la même année, Desligneris se désigne ainsi : […] « Jacques Desligneris prêtre faisant les fonctions curiales dans la paroisse de La Prairie […] ». Était-il curé ou missionnaire? Tout ça n’était pas très clair et les événements qui suivirent n’aidèrent en rien à simplifier la situation. 

    En novembre 1740, sans doute dans le but de rétablir le bon ordre dans les nominations aux cures, les chanoines du Chapitre assemblés à Québec décidèrent qu’à l’avenir, le Grand Vicaire ne pourrait changer les curés et les missionnaires sans l’agrément du Chapitre.

    Certains prêtres, n’ayant été jusqu’alors que des missionnaires ou des desservants, voulurent obtenir auprès du Chapitre des lettres de cures fixes. Alors que les paroissiens de Boucherville réclamaient la présence de Jacques Desligneris, les jésuites souhaitaient sa nomination à La Prairie. Le Chapitre fit la sourde oreille à certaines demandes et nomma des curés dans dix paroisses. C’est ainsi que, le 5 octobre 1740, Monsieur Desligneris fut institué curé de La Prairie par le Chapitre. En conséquence, le 8 novembre suivant, Monsieur Jorian se désista de la cure de La Prairie [sans y avoir mis les pieds] à laquelle il avait été nommé par le Chapitre. C’est que Monsieur Jorian avait déjà été curé de La Prairie de 1728 à 1731 : souhaitait-il y revenir? Dans les cahiers de comptes et de délibérations des marguilliers de la Nativité, la dernière signature du curé Jorian date de février 1731. 

    À son arrivée à Québec en 1741, Monseigneur Pontbriand exigea aussitôt la démission des dix curés nommés par le Chapitre. C’est ainsi que, le 8 octobre 1741, Monsieur Desligneris dut se désister à son tour, sans pour autant quitter La Prairie. Attendu qu’il avait en dix ans gagné l’estime et la confiance des paroissiens par son zèle et par sa conduite, le Chapitre décida de le réhabiliter dans la cure et de lui expédier les titres et les provisions. De plus, les jésuites, seigneurs de La Prairie, usèrent en sa faveur de leur droit de patronage et de présentation. 

    Le territoire sous la responsabilité du curé Desligneris était immense : il comprenait Saint-Philippe, Saint-Constant et les concessions de Saint-Michel et de Saint-Rémi. Sans doute cultivé et très sociable, il n’était pas intellectuel. On raconte qu’il aimait les jeux de société, dont les échecs et le tric trac. 

    Durant ses quarante-quatre années de ministère à La Prairie, et bien que l’église n’avait qu’un quart de siècle à son arrivée en 1731, il y fit faire de nombreux et importants travaux. Le sculpteur Paul Jourdain dit Labrosse fut chargé de faire un retable ainsi que l’autel et la balustrade. Le nouveau tabernacle, œuvre de Liébert, fut doré à Montréal par les Sœurs de Marguerite d’Youville. Louis Haguenier fabriqua dix-huit nouveaux bancs dans le jubé ainsi qu’un confessionnal, et les grandes croisées furent refaites à neuf. En 1773-1774, l’église se vit élargie de bas-côtés de 15 pieds de largeur, qu’on mit en communication avec le corps de l’église en pratiquant des ouvertures en arcades dans les longs pans de la nef. On remplaça la clôture de pieux du cimetière par un premier mur de pierre.

    Le curé Desligneris ne lésinait pas sur la dépense pour embellir son église. Il commanda également l’achat de deux tableaux pour les chapelles du Saint-Rosaire et de Saint-François Xavier, et le sanctuaire fut orné d’une lampe argentée et d’un lustre. Bref, l’église, que soixante ans plus tard on jugera vieille et vétuste, devait à cette époque être d’une grande beauté.  

    Bon papa, Desligneris était aimé de tous ses paroissiens. Les garçons étant totalement dépourvus de maître d’école, il engagea Amable Brugière afin de leur faire la classe.

    En juillet 1743, les chenilles dévastaient les moissons. Le fléau était tel que le grand vicaire donna le pouvoir au curé de La Prairie de conjurer ces insectes. Des prières publiques et des processions furent organisées afin de faire disparaître cette calamité.

    Peu avant sa mort, son testament, rédigé au presbytère alors qu’il était alité, révèle qu’il possédait une bibliothèque d’une centaine de livres religieux, dont plusieurs étaient orphelins de quelques tomes, car il en prêtait volontiers à ses paroissiens et nombreux étaient ceux qui oubliaient de les lui remettre. Le voyageur suédois Pier Kalm, de passage à La Prairie en octobre 1749, le qualifiait « d’homme assez noble et instruit ». En dictant ses dernières volontés, le curé Desligneris ordonna que son corps soit inhumé dans le sanctuaire de l’église paroissiale et ses dettes payées. Il céda le quart de ses biens aux pauvres de la paroisse et un autre quart à la paroisse.

    Le 1er avril 1775 : « Par nous soussigné vicaire général a été inhumé dans le sanctuaire de cette église le corps de Messire Jacques Marchand Desligneries, curé de cette paroisse décédé le 30 mars dernier âgé de 73 ans et 3 mois. Ont été présents messieurs Jollivet, Carpentier, Duburon, Dufraust, Pétrimoulx, Foucher prêtres et les R.P. Floquet et Goudan Jésuites.[Duburon (curé de Varennes), Pétrimoulx (Chambly), Youville-Dufrost (Boucherville), Foucher (jeune prêtre), Gamelin (Saint-Philippe), Carpentier (Longueuil).] Montgolfier, vicaire général ».

    Sans avoir été un grand personnage, fidèle aux préceptes du Rituel de Québec (le manuel du curé canadien) rédigé par Saint-Vallier, à la fois conseiller, guide spirituel, gardien de la moralité publique et chargé de lourdes responsabilités, Jacques Desligneris fut un curé bien de son temps.

    Fils du militaire Constant Le Marchand, sieur de Lignery, et d’Anne Robutel de La Noue, Jacques Marchand des Lignery est né à Montréal (Ville-Marie) le 29 décembre 1701. Il fut élevé dans une fratrie composée de sept garçons et deux filles. Outre Jacques, le plus connu des enfants du couple fut François-Marie, dont les trois fils devinrent officiers dans les troupes de la Marine. Ordonné le 24 août 1727, Jacques fut d’abord missionnaire à Champlain de 1728 à 1731. Par la suite, sa nomination à la cure de La Prairie ne se fit pas sans quelques turbulences.  C’est en décembre 1733 qu’apparaît la première signature de Jacques Desligneris (sic) dans les cahiers de comptes de la fabrique de la Nativité ; pourtant, il était bien le curé de l’endroit depuis 1731. Toutefois, le 4 juin 1739, Louis Norman, Vicaire général du diocèse, lors d’une visite qu’il fit à La Prairie, s’exprimait ainsi dans son ordonnance : « Ordonnons à Messire Jacques Desligneris MissionnaireLes soulignés sont de nous. de ladite paroisse de publier notre présente ordonnance […] ». En décembre de la même année, Desligneris se désigne ainsi : […] « Jacques Desligneris prêtre faisant les fonctions curiales dans la paroisse de La Prairie […] ». Était-il curé ou missionnaire? Tout ça n’était pas très clair et les événements qui suivirent n’aidèrent en rien à simplifier la situation.  En novembre 1740, sans doute dans le but de rétablir le bon ordre dans les nominations aux cures, les chanoines du Chapitre assemblés à Québec décidèrent qu’à l’avenir, le Grand Vicaire ne pourrait changer les curés et les missionnaires sans l’agrément du Chapitre. Certains prêtres, n’ayant été jusqu’alors que des missionnaires ou des desservants, voulurent obtenir auprès du Chapitre des lettres de cures fixes. Alors que les paroissiens de Boucherville réclamaient la présence de Jacques Desligneris, les jésuites souhaitaient sa nomination à La Prairie. Le Chapitre fit la sourde oreille à certaines demandes et nomma des curés dans dix paroisses. C’est ainsi que, le 5 octobre 1740, Monsieur Desligneris fut institué curé de La Prairie par le Chapitre. En conséquence, le 8 novembre suivant, Monsieur Jorian se désista de la cure de La Prairie [sans y avoir mis les pieds] à laquelle il avait été nommé par le Chapitre. C’est que Monsieur Jorian avait déjà été curé de La Prairie de 1728 à 1731 : souhaitait-il y revenir? Dans les cahiers de comptes et de délibérations des marguilliers de la Nativité, la dernière signature du curé Jorian date de février 1731.  À son arrivée à Québec en 1741, Monseigneur Pontbriand exigea aussitôt la démission des dix curés nommés par le Chapitre. C’est ainsi que, le 8 octobre 1741, Monsieur Desligneris dut se désister à son tour, sans pour autant quitter La Prairie. Attendu qu’il avait en dix ans gagné l’estime et la confiance des paroissiens par son zèle et par sa conduite, le Chapitre décida de le réhabiliter dans la cure et de lui expédier les titres et les provisions. De plus, les jésuites, seigneurs de La Prairie, usèrent en sa faveur de leur droit de patronage et de présentation.  Le territoire sous la responsabilité du curé Desligneris était immense : il comprenait Saint-Philippe, Saint-Constant et les concessions de Saint-Michel et de Saint-Rémi. Sans doute cultivé et très sociable, il n’était pas intellectuel. On raconte qu’il aimait les jeux de société, dont les échecs et le tric trac.  Durant ses quarante-quatre années de ministère à La Prairie, et bien que l’église n’avait qu’un quart de siècle à son arrivée en 1731, il y fit faire de nombreux et importants travaux. Le sculpteur Paul Jourdain dit Labrosse fut chargé de faire un retable ainsi que l’autel et la balustrade. Le nouveau tabernacle, œuvre de Liébert, fut doré à Montréal par les Sœurs de Marguerite d’Youville. Louis Haguenier fabriqua dix-huit nouveaux bancs dans le jubé ainsi qu’un confessionnal, et les grandes croisées furent refaites à neuf. En 1773-1774, l’église se vit élargie de bas-côtés de 15 pieds de largeur, qu’on mit en communication avec le corps de l’église en pratiquant des ouvertures en arcades dans les longs pans de la nef. On remplaça la clôture de pieux du cimetière par un premier mur de pierre. Le curé Desligneris ne lésinait pas sur la dépense pour embellir son église. Il commanda également l’achat de deux tableaux pour les chapelles du Saint-Rosaire et de Saint-François Xavier, et le sanctuaire fut orné d’une lampe argentée et d’un lustre. Bref, l’église, que soixante ans plus tard on jugera vieille et vétuste, devait à cette époque être d’une grande beauté.   Bon papa, Desligneris était aimé de tous ses paroissiens. Les garçons étant totalement dépourvus de maître d’école, il engagea Amable Brugière afin de leur faire la classe. En juillet 1743, les chenilles dévastaient les moissons. Le fléau était tel que le grand vicaire donna le pouvoir au curé de La Prairie de conjurer ces insectes. Des prières publiques et des processions furent organisées afin de faire disparaître cette calamité. Peu avant sa mort, son testament, rédigé au presbytère alors qu’il était alité, révèle qu’il possédait une bibliothèque d’une centaine de livres religieux, dont plusieurs étaient orphelins de quelques tomes, car il en prêtait volontiers à ses paroissiens et nombreux étaient ceux qui oubliaient de les lui remettre. Le voyageur suédois Pier Kalm, de passage à La Prairie en octobre 1749, le qualifiait « d’homme assez noble et instruit ». En dictant ses dernières volontés, le curé Desligneris ordonna que son corps soit inhumé dans le sanctuaire de l’église paroissiale et ses dettes payées. Il céda le quart de ses biens aux pauvres de la paroisse et un autre quart à la paroisse. Le 1er avril 1775 : « Par nous soussigné vicaire général a été inhumé dans le sanctuaire de cette église le corps de Messire Jacques Marchand Desligneries, curé de cette paroisse décédé le 30 mars dernier âgé de 73 ans et 3 mois. Ont été présents messieurs Jollivet, Carpentier, Duburon, Dufraust, Pétrimoulx, Foucher prêtres et les R.P. Floquet et Goudan Jésuites.[Duburon (curé de Varennes), Pétrimoulx (Chambly), Youville-Dufrost (Boucherville), Foucher (jeune prêtre), Gamelin (Saint-Philippe), Carpentier (Longueuil).] Montgolfier, vicaire général ». Sans avoir été un grand personnage, fidèle aux préceptes du Rituel de Québec (le manuel du curé canadien) rédigé par Saint-Vallier, à la fois conseiller, guide spirituel, gardien de la moralité publique et chargé de lourdes responsabilités, Jacques Desligneris fut un curé bien de son temps....

    Voeux pour la nouvelle année

    Avec la nouvelle année qui s’amorce, nous vous proposons de poursuivre la tradition en adoptant quelques résolutions à observer durant 2016. 

    Voici quelques suggestions : 

    •    Être présent au brunch du 17 janvier

    •    Renouveler ma carte de membre sans délai (en ligne ou grâce au formulaire inclus avec ce bulletin)

    •    Assister aux conférences mensuelles de la SHLM (liste de la programmation hiver-printemps 2016 dans ce bulletin)

    •    Lire régulièrement le bulletin Au jour le jour (et peut-être même, participer à sa rédaction ?)

    •    Assister à l’assemblée générale annuelle des membres de la SHLM le 15 mars

    •    Faire un don de livres usagés et faire un tour à notre vente de livres usagés au début du mois de mai

    •    Enrichir les archives de la SHLM par des dons de photos ou de documents

    •    Lors de la saison estivale : faire une visite guidée avec nos étudiants, voir notre pièce de théâtre de rue ou faire un saut à notre exposition 

    •    Découvrir ses ancêtres en profitant de nos ressources en généalogie

    Nous vous souhaitons une année 2016 remplie de bonheur, de santé et d’accomplissements personnels.

    Stéphane Tremblay, président 
     

    Avec la nouvelle année qui s’amorce, nous vous proposons de poursuivre la tradition en adoptant quelques résolutions à observer durant 2016.  Voici quelques suggestions :  •    Être présent au brunch du 17 janvier •    Renouveler ma carte de membre sans délai (en ligne ou grâce au formulaire inclus avec ce bulletin) •    Assister aux conférences mensuelles de la SHLM (liste de la programmation hiver-printemps 2016 dans ce bulletin) •    Lire régulièrement le bulletin Au jour le jour (et peut-être même, participer à sa rédaction ?) •    Assister à l’assemblée générale annuelle des membres de la SHLM le 15 mars •    Faire un don de livres usagés et faire un tour à notre vente de livres usagés au début du mois de mai •    Enrichir les archives de la SHLM par des dons de photos ou de documents •    Lors de la saison estivale : faire une visite guidée avec nos étudiants, voir notre pièce de théâtre de rue ou faire un saut à notre exposition  •    Découvrir ses ancêtres en profitant de nos ressources en généalogie Nous vous souhaitons une année 2016 remplie de bonheur, de santé et d’accomplissements personnels. Stéphane Tremblay, président   ...

    Un don à la SHLM

    Si vous avez déjà visité le Musée Stewart de l’Île Sainte-Hélène durant la saison estivale, vous vous souvenez probablement de la présence d’étudiants qui personnifiaient des soldats des Compagnies franches de la Marine (CFM), soldats envoyés pour défendre la Nouvelle-France entre 1685 et 1760. Leur présence au Musée Stewart remonte à 1963, mais à la suite d’une entente de regroupement avec le Musée McCord en 2013, les Compagnies franches de la Marine ont cessé leurs activités, faute de financement.  

    Depuis les années 1970, une association d’anciens membres des Compagnies franches de la Marine du Musée Stewart encadrait et coordonnait les activités des CFM au Québec, au Canada et à l’étranger. Cette association est devenue la Société CFM, une organisation à but non lucratif, au début des années 2000. Avec la fin des activités des CFM au Musée Stewart en 2013, les membres du conseil d’administration de la Société du même nom ont décidé de dissoudre leur organisme et de liquider leurs actifs.

    Depuis 2014, Monsieur Gérard Gauthier, dernier président de la Société CFM, était à la recherche d’organismes ayant une mission similaire à celle de sa bientôt défunte Société afin de leur donner une partie des fonds résultants de la liquidation. Grand amateur de généalogie, Monsieur Gauthier est devenu membre de la SHLM en octobre dernier afin d’y poursuivre ses recherches familiales. En discutant avec certains membres et bénévoles de la SHLM, il en est venu à la conclusion que nous pourrions bénéficier d’un don issu de la dissolution de la Société CFM pour poursuivre nos activités (comme poursuivre la description en ligne du fonds des Jésuites, par exemple).

    Le 3 décembre dernier, Monsieur Gauthier était de passage à la SHLM et il nous a remis la somme de 1500 $. Nous tenons à remercier chaleureusement M. Gauthier et la Société CFM pour leur généreux don ainsi que pour leur intérêt dans les activités de la SHLM. Sur la photo, dans l’ordre habituel : Monsieur Jean-Marc Garant, archiviste bénévole, Madame Louise Gauthier, membre de la SHLM, Monsieur Stéphane Tremblay, président de la SHLM, Monsieur Gérard Gauthier, président de la Société CFM et Madame Danielle Simard, archiviste de la SHLM.

    Si vous avez déjà visité le Musée Stewart de l’Île Sainte-Hélène durant la saison estivale, vous vous souvenez probablement de la présence d’étudiants qui personnifiaient des soldats des Compagnies franches de la Marine (CFM), soldats envoyés pour défendre la Nouvelle-France entre 1685 et 1760. Leur présence au Musée Stewart remonte à 1963, mais à la suite d’une entente de regroupement avec le Musée McCord en 2013, les Compagnies franches de la Marine ont cessé leurs activités, faute de financement.   Depuis les années 1970, une association d’anciens membres des Compagnies franches de la Marine du Musée Stewart encadrait et coordonnait les activités des CFM au Québec, au Canada et à l’étranger. Cette association est devenue la Société CFM, une organisation à but non lucratif, au début des années 2000. Avec la fin des activités des CFM au Musée Stewart en 2013, les membres du conseil d’administration de la Société du même nom ont décidé de dissoudre leur organisme et de liquider leurs actifs. Depuis 2014, Monsieur Gérard Gauthier, dernier président de la Société CFM, était à la recherche d’organismes ayant une mission similaire à celle de sa bientôt défunte Société afin de leur donner une partie des fonds résultants de la liquidation. Grand amateur de généalogie, Monsieur Gauthier est devenu membre de la SHLM en octobre dernier afin d’y poursuivre ses recherches familiales. En discutant avec certains membres et bénévoles de la SHLM, il en est venu à la conclusion que nous pourrions bénéficier d’un don issu de la dissolution de la Société CFM pour poursuivre nos activités (comme poursuivre la description en ligne du fonds des Jésuites, par exemple). Le 3 décembre dernier, Monsieur Gauthier était de passage à la SHLM et il nous a remis la somme de 1500 $. Nous tenons à remercier chaleureusement M. Gauthier et la Société CFM pour leur généreux don ainsi que pour leur intérêt dans les activités de la SHLM. Sur la photo, dans l’ordre habituel : Monsieur Jean-Marc Garant, archiviste bénévole, Madame Louise Gauthier, membre de la SHLM, Monsieur Stéphane Tremblay, président de la SHLM, Monsieur Gérard Gauthier, président de la Société CFM et Madame Danielle Simard, archiviste de la SHLM....

    Les Filles du roy et le régiment de Carignan-Salières.. 350 ans plus tard

    Au milieu des années 1660, l’avenir de la Nouvelle-France est incertain. Les compagnies de fourrures qui étaient responsablesdu peuplement ont préféré se concentrer sur le commerce des pelleteries de castor. Le recensement de 1666 réalisé par le nouvel intendant, Jean Talon, est très révélateur : entre Québec et Ville-Marie (Montréal), la colonie est habitée par environ 3000 colons et la plupart d’entre eux (ratio d’environ 14 pour 1) sont des hommes. Menacée par les guerres iroquoises depuis la décennie 1640, la colonie a besoin d’aide. L’intendance de Jean Talon et l’apparition du gouvernement royal en Nouvelle-France (1663 à 1673) coïncident avec les premières années de règne de Louis XIV.

    Dès 1663, le jeune roi décide de gérer la colonie par l’intermédiaire d’un ministre de la Marine (en France) et d’un gouvernement royal formé d’un gouverneur et d’un intendant (en Nouvelle-France). Le monarque demandera à ses subalternes d’intensifier les mesures de peuplement en Nouvelle-France et on répondra au problème le plus urgent en envoyant des filles à marier dans la colonie. C’est presque 800 orphelines qui se retrouveront ainsi au Canada entre 1663 et 1673. Grâce aux écrits autographes de Marguerite Bourgeoys, l’historiographie leur attribuera le sobriquet de « Filles du roy ».Les Filles du roi au XVIIe siècle, Yves Landry, 1992, Éditions Léméac, page 19 

    L’autre problème qui met en péril la stabilité de la population française en Nouvelle-France est l’hostilité des Cinq nations iroquoises envers les établissements français situés le long du Saint-Laurent, surtout depuis la fondation de Ville-Marie (Montréal) en 1642. Entre 1648 et 1653, afin de prendre le contrôle du commerce des fourrures, les Iroquois, armés et équipés par leurs alliés de la Nouvelle-Hollande, vont détruire la nation huronne, amie des Français. 

    C’est ainsi que, de juin à septembre 1665, environ 1300 soldats, sous le commandement du marquis de Tracy, furent envoyés par Louis XIV en Nouvelle-France afin de protéger la colonie et de pacifier les Iroquois. Cette troupe était composée d’environ 1100 soldats du régiment de Carignan-Salières et des gardes du marquis de Tracy (plus ou moins 200 soldats). Moins de trois ans après, à la suite de deux expéditions militaires en territoire iroquois et à la signature d’un traité de paix avec ces derniers, la plupart de ces soldats retourneront en France. Environ 300 d’entre eux décident de rester et de s’établir sur une seigneurie concédée par l’intendant à leur officier. Une centaine d’entre eux vont épouser une Fille du roy. Il n’est pas inusité de constater chez les Canadiens français dits « de souche » la présence de plusieurs dizaines de Filles du roy et de soldats de Carignan-Salières parmi leurs ancêtres. Environ 10 % des Québécois descendent, en ligne directe (ou patronymique), d’un de ces soldats.Le régiment de Carignan-Salières, Marcel Fournier et Michel Langlois, 2014, Éditions Histoire Québec, pages 25-26 

    C’est donc sous le thème des 350 ans de l’arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France que la Fédération Histoire Québec a tenu son colloque automnal annuel à l’auditorium de la BAnQ (Vieux-Montréal) le samedi 7 novembre dernier. Plusieurs historiens, généalogistes et spécialistes de l’histoire de ce régiment sont venus nous décrire le cheminement de ces soldats en Nouvelle-France : voyage en haute mer, expéditions hivernales contre les Iroquois, conditions d’établissements entre 1668 et 1673 et incidence généalogique de leurs mariages avec les Filles du roy et les filles de colons. 

    Le lendemain du colloque, soit le dimanche 8 novembre, une plaque didactique a été inaugurée sur le chemin de Chambly, au coin de la rue de Gentilly, en présence de la mairesse de Longueuil, Madame Caroline St-Hilaire et de la députée de la circonscription de Vachon, Madame Martine Ouellet. Conçue par l’historien Michel Pratt (Société d’histoire du Marigot), cette plaque, située à un arrêt d’autobus en face du CÉGEP Édouard-Montpetit, expliquera aux nombreux passants et étudiants toute l’importance de la présence du régiment de Carignan-Salières dans la région à l’automne de 1665. On y apprend, entre autres, que les soldats vont construire deux forts cet automne-là (le fort Saint-Louis (Chambly) et le fort Sainte-Thérèse) et vont les relier à la baronnie de Longueuil par un sentier à travers les bois; donnant ainsi naissance au chemin de Chambly.

    Au milieu des années 1660, l’avenir de la Nouvelle-France est incertain. Les compagnies de fourrures qui étaient responsablesdu peuplement ont préféré se concentrer sur le commerce des pelleteries de castor. Le recensement de 1666 réalisé par le nouvel intendant, Jean Talon, est très révélateur : entre Québec et Ville-Marie (Montréal), la colonie est habitée par environ 3000 colons et la plupart d’entre eux (ratio d’environ 14 pour 1) sont des hommes. Menacée par les guerres iroquoises depuis la décennie 1640, la colonie a besoin d’aide. L’intendance de Jean Talon et l’apparition du gouvernement royal en Nouvelle-France (1663 à 1673) coïncident avec les premières années de règne de Louis XIV. Dès 1663, le jeune roi décide de gérer la colonie par l’intermédiaire d’un ministre de la Marine (en France) et d’un gouvernement royal formé d’un gouverneur et d’un intendant (en Nouvelle-France). Le monarque demandera à ses subalternes d’intensifier les mesures de peuplement en Nouvelle-France et on répondra au problème le plus urgent en envoyant des filles à marier dans la colonie. C’est presque 800 orphelines qui se retrouveront ainsi au Canada entre 1663 et 1673. Grâce aux écrits autographes de Marguerite Bourgeoys, l’historiographie leur attribuera le sobriquet de « Filles du roy ».Les Filles du roi au XVIIe siècle, Yves Landry, 1992, Éditions Léméac, page 19  L’autre problème qui met en péril la stabilité de la population française en Nouvelle-France est l’hostilité des Cinq nations iroquoises envers les établissements français situés le long du Saint-Laurent, surtout depuis la fondation de Ville-Marie (Montréal) en 1642. Entre 1648 et 1653, afin de prendre le contrôle du commerce des fourrures, les Iroquois, armés et équipés par leurs alliés de la Nouvelle-Hollande, vont détruire la nation huronne, amie des Français.  C’est ainsi que, de juin à septembre 1665, environ 1300 soldats, sous le commandement du marquis de Tracy, furent envoyés par Louis XIV en Nouvelle-France afin de protéger la colonie et de pacifier les Iroquois. Cette troupe était composée d’environ 1100 soldats du régiment de Carignan-Salières et des gardes du marquis de Tracy (plus ou moins 200 soldats). Moins de trois ans après, à la suite de deux expéditions militaires en territoire iroquois et à la signature d’un traité de paix avec ces derniers, la plupart de ces soldats retourneront en France. Environ 300 d’entre eux décident de rester et de s’établir sur une seigneurie concédée par l’intendant à leur officier. Une centaine d’entre eux vont épouser une Fille du roy. Il n’est pas inusité de constater chez les Canadiens français dits « de souche » la présence de plusieurs dizaines de Filles du roy et de soldats de Carignan-Salières parmi leurs ancêtres. Environ 10 % des Québécois descendent, en ligne directe (ou patronymique), d’un de ces soldats.Le régiment de Carignan-Salières, Marcel Fournier et Michel Langlois, 2014, Éditions Histoire Québec, pages 25-26  C’est donc sous le thème des 350 ans de l’arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France que la Fédération Histoire Québec a tenu son colloque automnal annuel à l’auditorium de la BAnQ (Vieux-Montréal) le samedi 7 novembre dernier. Plusieurs historiens, généalogistes et spécialistes de l’histoire de ce régiment sont venus nous décrire le cheminement de ces soldats en Nouvelle-France : voyage en haute mer, expéditions hivernales contre les Iroquois, conditions d’établissements entre 1668 et 1673 et incidence généalogique de leurs mariages avec les Filles du roy et les filles de colons.  Le lendemain du colloque, soit le dimanche 8 novembre, une plaque didactique a été inaugurée sur le chemin de Chambly, au coin de la rue de Gentilly, en présence de la mairesse de Longueuil, Madame Caroline St-Hilaire et de la députée de la circonscription de Vachon, Madame Martine Ouellet. Conçue par l’historien Michel Pratt (Société d’histoire du Marigot), cette plaque, située à un arrêt d’autobus en face du CÉGEP Édouard-Montpetit, expliquera aux nombreux passants et étudiants toute l’importance de la présence du régiment de Carignan-Salières dans la région à l’automne de 1665. On y apprend, entre autres, que les soldats vont construire deux forts cet automne-là (le fort Saint-Louis (Chambly) et le fort Sainte-Thérèse) et vont les relier à la baronnie de Longueuil par un sentier à travers les bois; donnant ainsi naissance au chemin de Chambly....

    La Prairie : L’opération militaire de l’été 1691

    Au mois de juin 1698, dès son retour de sa mission diplomatique au Canada, Pieter Schuyler se mit à réécrire le Journal de son Expedition to Canada avec plusieurs précisions qu’il n’avait pu obtenir autrement qu’auprès de ses hôtes français, autant à Montréal (Callières) qu’à Québec (Frontenac). Nonobstant ce fait, sous ce nouvel éclairage, Schuyler, cherchant à éviter l’opprobre des siens, contribua à nous révéler certains détails méconnus de la grande opération militaire française à laquelle il fut confronté aux mois de juillet et d’août 1691.

    En effet, dans son résumé des opérations militaires au ministre, le gouverneur Frontenac confirme que : « M.de Callières avait ramassé toutes les troupes que je lui avais envoyées avec quelques habitants qu’il y avait joints et était allé se poster au pied du fort de Laprairie, ayant détaché 200 hommes sous le commandement du Sieur de Valrennes pour aller à Chambly qui était l’endroit par où les ennemis devaient venir, avec ordre de les laisser passer et de les suivre en queue… »Extraits d’une très longue lettre au ministre. – Frontenac, le 20 octobre 1691

    En plus du gouverneur, une autre source française nous précise que « M. de Calières attendoit larmée Ennemie et croyant leur retardement venoit à ce qu’ils attaquoit le fort de Chambly, avoit envoyer la veille de ce jour fattal M. de Vallerenne avec cent soixante hommes (160), soldats et Canadiens de ce côté là… »Pierre de Bénac, contrôleur général des fermes du Roy et beau-frère de Valrennes – Relations des actions de la campagne de 1691 – 2 septembre, 1691

    Donc, il y avait 160 soldats et miliciens, à savoir trois compagnies de soldats de la Marine en plus d’une compagnie de miliciens Canadiens, et 40 de nos alliés Sauvages qui quittèrent La Prairie pour aller prendre position au fort Chambly. En plus de sa propre compagnie, le capitaine de Valrennes commandait ce bataillon et sous ses ordres, les capitaines De Muy et D’Orvilliers commandaient les deux autres compagnies franches de la Marine, et Jean-Vincent LeBer sieur Du ChesneLeBer sera ramené sur un brancard à La Prairie et en barque à Montréal, où il meurt des suites de ses blessures deux jours plus tard, le 13 août 1691. commandait la compagnie de miliciens, à savoir les Canadiens de Montréal.

    Quoiqu’affligé par la goutte et alité le jour du combat, Louis-Hector de Callières, le gouverneur militaire de Montréal, était présent et commandait la grande arméeIl n’y avait que 28 compagnies franches de la Marine au Canada en 1691 et 15 d’entre elles étaient à La Prairie lors de cette grande opération militaire (Il y avait aussi environ 300 à 400 de nos alliés Sauvages). qu’il avait rassemblée à La Prairie-de-la-Magdeleine. Callières précise dans son compte rendu de cette importante opération militaire que, quelques semaines plus tôt «  je fus averty par des prisonniers Anglois que nos party avaient faits, sur quoy je me mis en campagne avec environ 600 hommes de trouppe et d’habitans… ».

    Le capitaine et baron de LaHontan affirma que « le gouverneur de cette isle ayant fait passer quinze compagnies de l’autre côté du fleuve dans Laprairie de la Madeleine, pour les attendre de pied ferme ». Il y avait donc environ 40 hommes par compagnie (600/15), et Callières nous confirme aussi qu’il avait tendu un piège pour l’envahisseur : « je fis deux corps pour les mettre (les Anglais) entre deux afin qu’ils ne nous échapassent pas,ce qui réussit assez bien pour la gloire des armes de Sa Majesté… ».Avant son départ Valrennes avait reçu ses ordres de bataille…  « ordre de les laisser passer et de les suivre en queue »! Traduction de cette terminologie militaire du temps : Coupez leur retraite!

    De ce fait, à la suite du départ des 160 soldats et Canadiens de Valrennes, il restait environ 420 à 460 hommes de troupe à La Prairie-de-la-Magdeleine… Qu’en dit Pieter Schuyler, le maire d’Albany ? 

    Le 11 août à l’aube, Schuyler avançait avec son armée au travers des champs de blé d’Inde espérant surprendre une petite garnison endormie à Prarie de Magdelena. Il s’est rapidement retrouvé dans une situation qui n’était pas telle que prévue, se rendant compte qu’il avait été mal renseigné par ses « spyes » Mohawks, et qu’il était bien pris « entre deux ». Sa remarque au sujet d’un feu de camp qu’il apercevait aux environs du moulin à vent de La Prairie est très révélatrice : « we saw a fire upon the land, and as we approached neer the windmill, the fire was stirred three times to cause a flame, which we conceived to be their signe to the Forte… ». Schuyler avoue que les Français sont sur le qui-vive et que les sentinelles qui montaient la garde près du moulin eurent vent de ses déplacements et avaient discrètement averti ceux qui étaient au fort. 

    Au même moment, son avant-garde tua « six de nos Outaouais » (French Indians), qui dormaient paisiblement sous leurs canots au bord du Saint-Laurent, ainsi que quelques officiers qui avaient trop devancé leurs troupes dans leur précipitation pour voir d’où venait ces coups de feu; Schuyler constate avec stupéfaction :  « we immediately after fell in with 420 men lying without the fort ready to receive us ». Il décrivait une situation où il y avait 420 soldats qui l’attendaient de pied ferme (ready to receive us) en formation de pointage le long des palissades à l’extérieur du fort. 

    Un questionnement s’impose : comment est-il possible pour Schuyler, qui admit se retirer en toute hâte (with all haste) pour retourner à ses canots, de savoir le nombre précis de soldats qui lui font face au petit matin à La Prairie ? Dans son récit révisé en 1698, il nous offre un élément de réponse : Schuyler nous laisse croire qu’en se retirant de La Prairie, il ramène trois prisonniers français qui, après « examination », confirment « qu’il y avait 460 hommes à La Prairie, 40 dans le fort avec le gouverneur et 420 à l’extérieur ». Très anxieux, Schuyler poursuit l’interrogatoire pour savoir combien d’hommes étaient allés vers « Shamblie ». La réponse de ces mêmes prisonniers « 300 French and 40 Indians » ! Étrange réponse, car à ce moment précis de la journée, la grande bataille « à mi-chemin » entre La Prairie et Chambly n’a pas encore eu lieu. En toute logique, pour ces captifs français qui ont vu partir la troupe le matin précédent, la réponse aurait dû être… 160 French and 40 Indians ! (N.B.  Schuyler travaille bien la reconstruction du texte de son Journal, mais il écrit quand même plusieurs énormités.)

    Entre temps, alerté par l’écho des coups de canon du fort La Prairie, Valrennes et sa nouvelle troupe étaient au pas de course sur le grand sentier entre le fort Chambly et La Prairie afin d’être les premiers arrivés à la clairière de la traverse. Personne ne savait à ce moment-là l’importance de son nouveau bataillon puisqu’il avait été formé le matin même à partir de sa petite troupe renforcée par celle mise à sa disposition par le redoutable et « vigilant mousquetaire du roy » qui commandait au fort ChamblyAyant servi sept ans dans la deuxième compagnie de mousquetaires du Roy, Raymond Blaise sieur des Bergères arriva en Nouvelle-France en 1685 et, c’est ce redoutable homme de guerre qui commandait la garnison au fort Chambly en 1691. « Il y a point de commandant dans aucun fort qui y tienne les choses en si bon état que M. Des Bergères ne le fait, qui soit plus vigilant et sur qui on doive plus s’assurer. Son poste est le plus jalousé et le plus exposé de tous. C’est une clef du pays et les ennemis sont presque tous les jours au pied de ses palissades, de sorte qu’il faut être aussi alerte que je sais qu’il est … » – Frontenac, le 5 septembre, 1692.  
     
    Après leur défaite contre le bataillon de Valrennes où ils « furent contraints de se débander, et la déroute fut entière », il est difficile de croire que Schuyler ait eu le temps de s’occuper encore d’un autre prisonnier, et que cette fois-ci c’est un French Indian qui, curieusement, lui aussi, affirme que « 460 at Leprarie engaged us and that there were 300 French and 40 Indians had engaged us in the woods ». 

    Quelles coïncidence et invraisemblance ! Un French Indian arrivant de Chambly devient le captif du major Schuyler à la suite de la bataille à mi-chemin entre les deux forts et celui-ci confirme, non seulement le nombre précis de soldats et d’alliés indiens sous les ordres de Valrennes lors de cette grande bataille qui venait de se terminer sur « un coteau où les arbres sont gros et clairs », mais il confirme étonnamment le nombre exact de soldats français demeurés au fort La Prairie.  


          
    L’exactitude de ces informations est une preuve accablante que Pieter Schuyler a bien obtenu certaines précisions au mois de mai 1698 lors de sa mission diplomatique à Montréal et Québec et, qu’une fois de retour à Albany, il a fait du révisionnisme historique. Ces modifications ne seront publiées que quelques années plus tard, alors qu’il était gouverneur par intérim de la Province of New Yorke, au moment où il avait accès à tous les dossiers  d’archives. Des prisonniers fictifs dans son Journal pour faire des affirmations semblables, ce n’est que de la poudre aux yeux pour tenter de masquer sa responsabilité dans cette humiliante défaite !

    N’importe, pour mieux comprendre l’importance de l’opération militaire de La Prairie à l’été 1691, le chiffre le plus important révélé par Schuyler est 300 French. Schuyler insiste à trois reprises, mais dit-il la vérité à ce propos ? Puisqu’il dit vrai pour les troupes qu’il a rencontrées « at Leprarie », doit-on également le croire pour les troupes de Valrennes ? Avons-nous une autre source fiable qui pourrait corroborer les dires du major Schuyler à ce sujet ? La réponse aux trois questions est affirmative ! 

    Soyons cartésien : si Schuyler dit vrai, le commandant de Valrennes qui avait quitté La Prairie pour le fort Chambly avec 160 soldats et Canadiens (en plus de ses 40 alliés indiens) est revenu le lendemain à mi-chemin se positionner sur un coteau avec « 300 French soldiers » soit 140 soldats de plus. Ceci est l’équivalent de trois compagnies de soldats de la Marine ; une compagnie étant formée d’un maximum de 50 soldats et d’officiers. Alors, qui commandaient ces trois nouvelles compagnies franches de la Marine ? Comment se nomment-ils, et d’où venaient-ils ? 

    Celui qui nous confirme les chiffres et les dires de Schuyler est nul autre que Louis-Hector de Callières, le gouverneur militaire de Montréal! Dans sa lettre au ministre, en 1691 et reprise en 1692 (le vaisseau Saint-François-Xavier coula dans l’Atlantique en 1691) Callières fit l’éloge de six officiers-capitaines qui ont victorieusement combattu sous les ordres de Valrennes contre des forces supérieures en nombre : « les officiers et soldats firent très bien leur devoir, surtout Messieurs de Vallerenne, de Muy, d’Orvilliers ». Il nomme ensuite « le Chevalier et le Marquis de CrisafyNé à Messine en Sicile et connu comme fin stratège militaire, le marquis de Crisafy ainsi que son frère Thomas, le Chevalier de Malte, s’étaient soulevés en Sicile contre le roi d’Espagne et pour le roi de France. Ces deux officiers durent s’exiler en France où on accorda aux deux frères, qui s’étaient forgé une réputation de féroces combattants, de passer en Nouvelle-France en 1684 comme capitaines dans les troupes du détachement de la Marine. Ils y restèrent, au service de la France toute leur vie. (Thomas, d. 29/02/1696 à Montréal : Antoine, d. 6/05/1709 alors qu’il était Gouverneur des Trois-Rivières). – (BRH 32:524-528) (BRH 40 : 431-432) (DCB 11 : 168-169)et Monsieur de MonicJoseph de Monic arrivé en 1687 comme capitaine dans les troupes de la Marine, reçut plusieurs promotions suite à la bataille de La Prairie. Dès l’automne 1691 promu Major des troupes jusqu’à 1694, commandant en second à Plaisance en 1697, et lieutenant de vaisseau en 1700, etc. (BRH 36 : 708) (DCB 11 : 503-504)», trois capitaines de la Marine qui n’étaient pas avec Valrennes 24 heures plus tôt au moment de son départ du fort La Prairie.

    Les deux officiers italiens, le marquis Antoine de Crisafy et son frère Thomas de Crisafy le Chevalier de Malte, ainsi que Joseph de Monic, tous trois capitaines de longue date d’une compagnie franche de la Marine, à la mi-juillet, avaient escortés, à partir de Québec et des Trois-Rivières, l’important convoi de vivres et de munitions que le gouverneur Frontenac destinait, via le Richelieu, à ravitailler et à soutenir la courageuse garnison de l’avant-poste névralgique qu’était le fort Chambly.« Le 1er juillet,1691 arrivait à Québec une flotte de 14 navires protégé par la frégate du roi, le Soleil d’Afrique; avec les vivres et les munitions dont toute la colonie avait un besoin si désespéré. Des convois se forment immédiatement pour ravitailler tous les postes de la Nouvelle-France, l’un se dirige vers Montréal … le fort Chambly reçoit aussi sa part … » –  Léo-Paul Desrosiers –  Iroquoisie, Tome 4, p.100 

    Il va de soi que, depuis plusieurs années, le gouverneur et tous les officiers et militaires d’expérience présents en Nouvelle-France, étaient las de la guérilla, de cette sale petite guerre que leur imposait les Anglais par Iroquois interposés. Enfin, ils espéraient tous qu’un jour, ils pourraient combattre l’ennemi ; en découdre face à face sur un champ de bataille entre des formations de réguliers, comme en Europe. Leur souhait a été exaucé en ce matin du mois d’août 1691, alors que l’ennemi, mal dirigé par le major Schuyler« Quoi qu’il était brave, Schuyler n’était pas un militaire, les Français avaient observés le mauvais comportement et l’indiscipline de ses troupes sur le champs de bataille … » – Richard Ingoldsby, Colonel et Commandant-en-chef des troupes de la Province de New York. – Colden. Vol. II, Chapter IX, a été attiré dans un guet-apens que lui avait habilement tendu le gouverneur CallièresVoir le détail de ce guet-apens dans la suite (2) de ce texte en début 2016. – (Secret et espionnage militaire au temps de Louis XIV)., et ils en ont payé le prix ! 

    Selon le comte de Frontenac, cette grande victoire a été l’heure de gloire de la Nouvelle-France ; digne d’anthologies… elle n’a jamais été égalée !« Depuis l’établissement de la colonie, il ne s’est rien passé en Canada d’aussi fort ni de si vigoureux ! Et, l’on peut dire que le Sieur de Valrennes a conservé la gloire des armes du Roi et procuré un grand avantage au pays … » . – Frontenac, le 20 octobre 1691

    Cela étant dit, nous pouvons conclure que le 11 août 1691, Philippe Clément du Vuault sieur de Valrennes, au moment de sa grande victoire décisive dans la seigneurie de La Prairie-de-la-Magdeleine, commandait non pas 160 soldats, mais effectivement un bataillon d’environ 300 soldats et Canadiens ainsi qu’un contingent d’alliés Sauvages d’environ 40 au total. Voilà ce qui explique les lourdes pertes inavouables (« Valrennes les a tués et blessés presque tous … » – Jean Bochard de Champigny, Intendant de la Nouvelle-France, Montréal, le 12 août, 1691.) de Schuyler et aussi la raison pour laquelle il s’est discrédité devant l’Histoire en modifiant son Journal of his Expedition to Canada dès son retour à Albany en 1698.

    Nota Bene : En octobre 1692 ce sont encore les preux capitaines italiens, les frères Crisafy et leurs soldats qui sont dépêchés de Montréal pour secourir la jeune (14 ans) Madeleine Jarret de Verchères, alors qu’elle et d’autres paysans retranchés dans leur fortin étaient l’objet d’une attaque iroquoise. 

    Au mois de juin 1698, dès son retour de sa mission diplomatique au Canada, Pieter Schuyler se mit à réécrire le Journal de son Expedition to Canada avec plusieurs précisions qu’il n’avait pu obtenir autrement qu’auprès de ses hôtes français, autant à Montréal (Callières) qu’à Québec (Frontenac). Nonobstant ce fait, sous ce nouvel éclairage, Schuyler, cherchant à éviter l’opprobre des siens, contribua à nous révéler certains détails méconnus de la grande opération militaire française à laquelle il fut confronté aux mois de juillet et d’août 1691. En effet, dans son résumé des opérations militaires au ministre, le gouverneur Frontenac confirme que : « M.de Callières avait ramassé toutes les troupes que je lui avais envoyées avec quelques habitants qu’il y avait joints et était allé se poster au pied du fort de Laprairie, ayant détaché 200 hommes sous le commandement du Sieur de Valrennes pour aller à Chambly qui était l’endroit par où les ennemis devaient venir, avec ordre de les laisser passer et de les suivre en queue… »Extraits d’une très longue lettre au ministre. - Frontenac, le 20 octobre 1691 En plus du gouverneur, une autre source française nous précise que « M. de Calières attendoit larmée Ennemie et croyant leur retardement venoit à ce qu’ils attaquoit le fort de Chambly, avoit envoyer la veille de ce jour fattal M. de Vallerenne avec cent soixante hommes (160), soldats et Canadiens de ce côté là… »Pierre de Bénac, contrôleur général des fermes du Roy et beau-frère de Valrennes - Relations des actions de la campagne de 1691 – 2 septembre, 1691 Donc, il y avait 160 soldats et miliciens, à savoir trois compagnies de soldats de la Marine en plus d’une compagnie de miliciens Canadiens, et 40 de nos alliés Sauvages qui quittèrent La Prairie pour aller prendre position au fort Chambly. En plus de sa propre compagnie, le capitaine de Valrennes commandait ce bataillon et sous ses ordres, les capitaines De Muy et D’Orvilliers commandaient les deux autres compagnies franches de la Marine, et Jean-Vincent LeBer sieur Du ChesneLeBer sera ramené sur un brancard à La Prairie et en barque à Montréal, où il meurt des suites de ses blessures deux jours plus tard, le 13 août 1691. commandait la compagnie de miliciens, à savoir les Canadiens de Montréal. Quoiqu’affligé par la goutte et alité le jour du combat, Louis-Hector de Callières, le gouverneur militaire de Montréal, était présent et commandait la grande arméeIl n’y avait que 28 compagnies franches de la Marine au Canada en 1691 et 15 d’entre elles étaient à La Prairie lors de cette grande opération militaire (Il y avait aussi environ 300 à 400 de nos alliés Sauvages). qu’il avait rassemblée à La Prairie-de-la-Magdeleine. Callières précise dans son compte rendu de cette importante opération militaire que, quelques semaines plus tôt «  je fus averty par des prisonniers Anglois que nos party avaient faits, sur quoy je me mis en campagne avec environ 600 hommes de trouppe et d’habitans… ». Le capitaine et baron de LaHontan affirma que « le gouverneur de cette isle ayant fait passer quinze compagnies de l’autre côté du fleuve dans Laprairie de la Madeleine, pour les attendre de pied ferme ». Il y avait donc environ 40 hommes par compagnie (600/15), et Callières nous confirme aussi qu’il avait tendu un piège pour l’envahisseur : « je fis deux corps pour les mettre (les Anglais) entre deux afin qu’ils ne nous échapassent pas,ce qui réussit assez bien pour la gloire des armes de Sa Majesté… ».Avant son départ Valrennes avait reçu ses ordres de bataille…  « ordre de les laisser passer et de les suivre en queue »! Traduction de cette terminologie militaire du temps : Coupez leur retraite! De ce fait, à la suite du départ des 160 soldats et Canadiens de Valrennes, il restait environ 420 à 460 hommes de troupe à La Prairie-de-la-Magdeleine… Qu’en dit Pieter Schuyler, le maire d’Albany ?  Le 11 août à l’aube, Schuyler avançait avec son armée au travers des champs de blé d’Inde espérant surprendre une petite garnison endormie à Prarie de Magdelena. Il s’est rapidement retrouvé dans une situation qui n’était pas telle que prévue, se rendant compte qu’il avait été mal renseigné par ses « spyes » Mohawks, et qu’il était bien pris « entre deux ». Sa remarque au sujet d’un feu de camp qu’il apercevait aux environs du moulin à vent de La Prairie est très révélatrice : « we saw a fire upon the land, and as we approached neer the windmill, the fire was stirred three times to cause a flame, which we conceived to be their signe to the Forte… ». Schuyler avoue que les Français sont sur le qui-vive et que les sentinelles qui montaient la garde près du moulin eurent vent de ses déplacements et avaient discrètement averti ceux qui étaient au fort.  Au même moment, son avant-garde tua « six de nos Outaouais » (French Indians), qui dormaient paisiblement sous leurs canots au bord du Saint-Laurent, ainsi que quelques officiers qui avaient trop devancé leurs troupes dans leur précipitation pour voir d’où venait ces coups de feu; Schuyler constate avec stupéfaction :  « we immediately after fell in with 420 men lying without the fort ready to receive us ». Il décrivait une situation où il y avait 420 soldats qui l’attendaient de pied ferme (ready to receive us) en formation de pointage le long des palissades à l’extérieur du fort.  Un questionnement s’impose : comment est-il possible pour Schuyler, qui admit se retirer en toute hâte (with all haste) pour retourner à ses canots, de savoir le nombre précis de soldats qui lui font face au petit matin à La Prairie ? Dans son récit révisé en 1698, il nous offre un élément de réponse : Schuyler nous laisse croire qu’en se retirant de La Prairie, il ramène trois prisonniers français qui, après « examination », confirment « qu’il y avait 460 hommes à La Prairie, 40 dans le fort avec le gouverneur et 420 à l’extérieur ». Très anxieux, Schuyler poursuit l’interrogatoire pour savoir combien d’hommes étaient allés vers « Shamblie ». La réponse de ces mêmes prisonniers « 300 French and 40 Indians » ! Étrange réponse, car à ce moment précis de la journée, la grande bataille « à mi-chemin » entre La Prairie et Chambly n’a pas encore eu lieu. En toute logique, pour ces captifs français qui ont vu partir la troupe le matin précédent, la réponse aurait dû être… 160 French and 40 Indians ! (N.B.  Schuyler travaille bien la reconstruction du texte de son Journal, mais il écrit quand même plusieurs énormités.) Entre temps, alerté par l’écho des coups de canon du fort La Prairie, Valrennes et sa nouvelle troupe étaient au pas de course sur le grand sentier entre le fort Chambly et La Prairie afin d’être les premiers arrivés à la clairière de la traverse. Personne ne savait à ce moment-là l’importance de son nouveau bataillon puisqu’il avait été formé le matin même à partir de sa petite troupe renforcée par celle mise à sa disposition par le redoutable et « vigilant mousquetaire du roy » qui commandait au fort ChamblyAyant servi sept ans dans la deuxième compagnie de mousquetaires du Roy, Raymond Blaise sieur des Bergères arriva en Nouvelle-France en 1685 et, c’est ce redoutable homme de guerre qui commandait la garnison au fort Chambly en 1691. « Il y a point de commandant dans aucun fort qui y tienne les choses en si bon état que M. Des Bergères ne le fait, qui soit plus vigilant et sur qui on doive plus s’assurer. Son poste est le plus jalousé et le plus exposé de tous. C’est une clef du pays et les ennemis sont presque tous les jours au pied de ses palissades, de sorte qu’il faut être aussi alerte que je sais qu’il est … » - Frontenac, le 5 septembre, 1692.     Après leur défaite contre le bataillon de Valrennes où ils « furent contraints de se débander, et la déroute fut entière », il est difficile de croire que Schuyler ait eu le temps de s’occuper encore d’un autre prisonnier, et que cette fois-ci c’est un French Indian qui, curieusement, lui aussi, affirme que « 460 at Leprarie engaged us and that there were 300 French and 40 Indians had engaged us in the woods ».  Quelles coïncidence et invraisemblance ! Un French Indian arrivant de Chambly devient le captif du major Schuyler à la suite de la bataille à mi-chemin entre les deux forts et celui-ci confirme, non seulement le nombre précis de soldats et d’alliés indiens sous les ordres de Valrennes lors de cette grande bataille qui venait de se terminer sur « un coteau où les arbres sont gros et clairs », mais il confirme étonnamment le nombre exact de soldats français demeurés au fort La Prairie.          L’exactitude de ces informations est une preuve accablante que Pieter Schuyler a bien obtenu certaines précisions au mois de mai 1698 lors de sa mission diplomatique à Montréal et Québec et, qu’une fois de retour à Albany, il a fait du révisionnisme historique. Ces modifications ne seront publiées que quelques années plus tard, alors qu’il était gouverneur par intérim de la Province of New Yorke, au moment où il avait accès à tous les dossiers  d’archives. Des prisonniers fictifs dans son Journal pour faire des affirmations semblables, ce n’est que de la poudre aux yeux pour tenter de masquer sa responsabilité dans cette humiliante défaite ! N’importe, pour mieux comprendre l’importance de l’opération militaire de La Prairie à l’été 1691, le chiffre le plus important révélé par Schuyler est 300 French. Schuyler insiste à trois reprises, mais dit-il la vérité à ce propos ? Puisqu’il dit vrai pour les troupes qu’il a rencontrées « at Leprarie », doit-on également le croire pour les troupes de Valrennes ? Avons-nous une autre source fiable qui pourrait corroborer les dires du major Schuyler à ce sujet ? La réponse aux trois questions est affirmative !  Soyons cartésien : si Schuyler dit vrai, le commandant de Valrennes qui avait quitté La Prairie pour le fort Chambly avec 160 soldats et Canadiens (en plus de ses 40 alliés indiens) est revenu le lendemain à mi-chemin se positionner sur un coteau avec « 300 French soldiers » soit 140 soldats de plus. Ceci est l’équivalent de trois compagnies de soldats de la Marine ; une compagnie étant formée d’un maximum de 50 soldats et d’officiers. Alors, qui commandaient ces trois nouvelles compagnies franches de la Marine ? Comment se nomment-ils, et d’où venaient-ils ?  Celui qui nous confirme les chiffres et les dires de Schuyler est nul autre que Louis-Hector de Callières, le gouverneur militaire de Montréal! Dans sa lettre au ministre, en 1691 et reprise en 1692 (le vaisseau Saint-François-Xavier coula dans l’Atlantique en 1691) Callières fit l’éloge de six officiers-capitaines qui ont victorieusement combattu sous les ordres de Valrennes contre des forces supérieures en nombre : « les officiers et soldats firent très bien leur devoir, surtout Messieurs de Vallerenne, de Muy, d’Orvilliers ». Il nomme ensuite « le Chevalier et le Marquis de CrisafyNé à Messine en Sicile et connu comme fin stratège militaire, le marquis de Crisafy ainsi que son frère Thomas, le Chevalier de Malte, s’étaient soulevés en Sicile contre le roi d’Espagne et pour le roi de France. Ces deux officiers durent s’exiler en France où on accorda aux deux frères, qui s’étaient forgé une réputation de féroces combattants, de passer en Nouvelle-France en 1684 comme capitaines dans les troupes du détachement de la Marine. Ils y restèrent, au service de la France toute leur vie. (Thomas, d. 29/02/1696 à Montréal : Antoine, d. 6/05/1709 alors qu’il était Gouverneur des Trois-Rivières). - (BRH 32:524-528) (BRH 40 : 431-432) (DCB 11 : 168-169)et Monsieur de MonicJoseph de Monic arrivé en 1687 comme capitaine dans les troupes de la Marine, reçut plusieurs promotions suite à la bataille de La Prairie. Dès l’automne 1691 promu Major des troupes jusqu’à 1694, commandant en second à Plaisance en 1697, et lieutenant de vaisseau en 1700, etc. (BRH 36 : 708) (DCB 11 : 503-504)», trois capitaines de la Marine qui n’étaient pas avec Valrennes 24 heures plus tôt au moment de son départ du fort La Prairie. Les deux officiers italiens, le marquis Antoine de Crisafy et son frère Thomas de Crisafy le Chevalier de Malte, ainsi que Joseph de Monic, tous trois capitaines de longue date d’une compagnie franche de la Marine, à la mi-juillet, avaient escortés, à partir de Québec et des Trois-Rivières, l’important convoi de vivres et de munitions que le gouverneur Frontenac destinait, via le Richelieu, à ravitailler et à soutenir la courageuse garnison de l’avant-poste névralgique qu’était le fort Chambly.« Le 1er juillet,1691 arrivait à Québec une flotte de 14 navires protégé par la frégate du roi, le Soleil d’Afrique; avec les vivres et les munitions dont toute la colonie avait un besoin si désespéré. Des convois se forment immédiatement pour ravitailler tous les postes de la Nouvelle-France, l’un se dirige vers Montréal … le fort Chambly reçoit aussi sa part … » -  Léo-Paul Desrosiers -  Iroquoisie, Tome 4, p.100  Il va de soi que, depuis plusieurs années, le gouverneur et tous les officiers et militaires d’expérience présents en Nouvelle-France, étaient las de la guérilla, de cette sale petite guerre que leur imposait les Anglais par Iroquois interposés. Enfin, ils espéraient tous qu’un jour, ils pourraient combattre l’ennemi ; en découdre face à face sur un champ de bataille entre des formations de réguliers, comme en Europe. Leur souhait a été exaucé en ce matin du mois d’août 1691, alors que l’ennemi, mal dirigé par le major Schuyler« Quoi qu’il était brave, Schuyler n’était pas un militaire, les Français avaient observés le mauvais comportement et l’indiscipline de ses troupes sur le champs de bataille … » - Richard Ingoldsby, Colonel et Commandant-en-chef des troupes de la Province de New York. - Colden. Vol. II, Chapter IX, a été attiré dans un guet-apens que lui avait habilement tendu le gouverneur CallièresVoir le détail de ce guet-apens dans la suite (2) de ce texte en début 2016. - (Secret et espionnage militaire au temps de Louis XIV)., et ils en ont payé le prix !  Selon le comte de Frontenac, cette grande victoire a été l’heure de gloire de la Nouvelle-France ; digne d’anthologies... elle n’a jamais été égalée !« Depuis l’établissement de la colonie, il ne s’est rien passé en Canada d’aussi fort ni de si vigoureux ! Et, l’on peut dire que le Sieur de Valrennes a conservé la gloire des armes du Roi et procuré un grand avantage au pays … » . - Frontenac, le 20 octobre 1691 Cela étant dit, nous pouvons conclure que le 11 août 1691, Philippe Clément du Vuault sieur de Valrennes, au moment de sa grande victoire décisive dans la seigneurie de La Prairie-de-la-Magdeleine, commandait non pas 160 soldats, mais effectivement un bataillon d’environ 300 soldats et Canadiens ainsi qu’un contingent d’alliés Sauvages d’environ 40 au total. Voilà ce qui explique les lourdes pertes inavouables (« Valrennes les a tués et blessés presque tous ... » – Jean Bochard de Champigny, Intendant de la Nouvelle-France, Montréal, le 12 août, 1691.) de Schuyler et aussi la raison pour laquelle il s’est discrédité devant l’Histoire en modifiant son Journal of his Expedition to Canada dès son retour à Albany en 1698. Nota Bene : En octobre 1692 ce sont encore les preux capitaines italiens, les frères Crisafy et leurs soldats qui sont dépêchés de Montréal pour secourir la jeune (14 ans) Madeleine Jarret de Verchères, alors qu’elle et d’autres paysans retranchés dans leur fortin étaient l’objet d’une attaque iroquoise. ...

    Le temps des fêtes à la SHLM

    Une autre année qui s’achève… déjà. En 2015, La SHLM a connu une autre année fertile en événements et en projets fidèles à notre mission soit : faire connaître l’histoire locale, protéger le patrimoine bâti et rendre les recherches généa-logiques accessibles à tous. Je vous invite à être présents lors du brunch de la nouvelle année au complexe Saint-Laurent de La Prairie, le dimanche 17 janvier à 10 h 30. Nous profiterons de cet événement pour faire la rétrospective de l’année 2015 et pour dévoiler le nom du (de la) bénévole de l’année. Les billets (20 $) sont déjà en vente à la SHLM (réservations : 450-659-1393). N’oubliez pas qu’au retour, janvier est le mois du renouvellement de votre carte de membre de la SHLM. Nous travaillons actuellement sur un formulaire de renouvellement qui pourrait être effectué en ligne. À suivre en janvier…

    Nos locaux seront fermés pour la période des Fêtes, entre le 23 décembre 2015 et le 5 janvier 2016 inclusivement. Au nom du C.A. de la SHLM, de ses employés, de ses bénévoles et de ses membres, j’en profite pour vous souhaiter de très joyeuses fêtes avec parents et amis. Reposez-vous bien et au plaisir de tous vous revoir au retour du congé pour vous souhaiter une bonne année 2016 remplie de bonheur et de santé.

    Stéphane Tremblay, Président de la SHLM

    Une autre année qui s’achève… déjà. En 2015, La SHLM a connu une autre année fertile en événements et en projets fidèles à notre mission soit : faire connaître l’histoire locale, protéger le patrimoine bâti et rendre les recherches généa-logiques accessibles à tous. Je vous invite à être présents lors du brunch de la nouvelle année au complexe Saint-Laurent de La Prairie, le dimanche 17 janvier à 10 h 30. Nous profiterons de cet événement pour faire la rétrospective de l’année 2015 et pour dévoiler le nom du (de la) bénévole de l’année. Les billets (20 $) sont déjà en vente à la SHLM (réservations : 450-659-1393). N’oubliez pas qu’au retour, janvier est le mois du renouvellement de votre carte de membre de la SHLM. Nous travaillons actuellement sur un formulaire de renouvellement qui pourrait être effectué en ligne. À suivre en janvier… Nos locaux seront fermés pour la période des Fêtes, entre le 23 décembre 2015 et le 5 janvier 2016 inclusivement. Au nom du C.A. de la SHLM, de ses employés, de ses bénévoles et de ses membres, j’en profite pour vous souhaiter de très joyeuses fêtes avec parents et amis. Reposez-vous bien et au plaisir de tous vous revoir au retour du congé pour vous souhaiter une bonne année 2016 remplie de bonheur et de santé. Stéphane Tremblay, Président de la SHLM...

    La ceinture fléchée pratiquée à la SHLM

    En marge de notre exposition estivale « Emblème des grands voyageurs » ou l’histoire de la ceinture fléchée qui s’est terminée en septembre dernier, cinq membres, bénévoles et amis ont participé, dimanche le 18 octobre dernier, à un cours d’initiation à la ceinture fléchée.

    C’est Monsieur Denis Caron, maître flécheur et réalisateur de l’exposition, qui a enseigné l’ourdissage (montage des fils), la technique de tressage aux doigts ainsi que jusqu’à trois motifs de base. Monsieur Caron a su enseigner le tout avec clarté et donner des conseils pratiques.

    Se familiariser avec cet art de notre histoire n’a toutefois pas été aisé pour tous, mais l’activité a tant plu que les participants et Monsieur Caron ont évoqué la possibilité de faire suite à ce cours dans les mois à venir. C’est ainsi une partie de notre patrimoine que nous gardons vivant avec cet engouement pour le fléché.

     

    En marge de notre exposition estivale « Emblème des grands voyageurs » ou l’histoire de la ceinture fléchée qui s’est terminée en septembre dernier, cinq membres, bénévoles et amis ont participé, dimanche le 18 octobre dernier, à un cours d’initiation à la ceinture fléchée. C’est Monsieur Denis Caron, maître flécheur et réalisateur de l’exposition, qui a enseigné l’ourdissage (montage des fils), la technique de tressage aux doigts ainsi que jusqu’à trois motifs de base. Monsieur Caron a su enseigner le tout avec clarté et donner des conseils pratiques. Se familiariser avec cet art de notre histoire n’a toutefois pas été aisé pour tous, mais l’activité a tant plu que les participants et Monsieur Caron ont évoqué la possibilité de faire suite à ce cours dans les mois à venir. C’est ainsi une partie de notre patrimoine que nous gardons vivant avec cet engouement pour le fléché.  ...

    Conférence SHLM

    Le 21 juillet 1836, la compagnie ferroviaire Champlain and St. Lawrence inaugurait à La Prairie le premier chemin de fer du Canada. Durant les 10 prochaines années, la petite locomotive Dorchester va transporter marchandises et passagers entre La Prairie et Saint-Jean, servant ainsi de complément au transport fluvial entre Montréal et New York. Par la suite, l’ouverture du pont Victoria viendra changer la vocation ferroviaire de La Prairie.

    Les conférences de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine ont lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Elles débutent à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.

     

    Le 21 juillet 1836, la compagnie ferroviaire Champlain and St. Lawrence inaugurait à La Prairie le premier chemin de fer du Canada. Durant les 10 prochaines années, la petite locomotive Dorchester va transporter marchandises et passagers entre La Prairie et Saint-Jean, servant ainsi de complément au transport fluvial entre Montréal et New York. Par la suite, l’ouverture du pont Victoria viendra changer la vocation ferroviaire de La Prairie. Les conférences de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine ont lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Elles débutent à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.  ...