- Au jour le jour, juin 1996
L’Académie Saint-Joseph : Ti-Gris
Avec la deuxième année a lieu le changement obligatoire d'école et l'admission à I'Académie Saint-Joseph sur la rue Saint-Ignace au Vieux-Fort. C'est aussi le souvenir, celui-là bien net, du frère Bruno, dit Ti-Gris, un Breton à n'en pas douter élevé au bord de la mer et qui dut passer son enfance à hurler de toutes ses forces face aux vents et marées affrontés sur les plages de son pays natal. Je déduis cet aspect de son histoire personnelle du fait que Ti-Gris enseignait plus en criant qu'en parlant. Et il ne s'agit pas là de la simple impression subjective d'un enfant comme en ont fait foi plusieurs témoins auditifs dont les élèves du couvent local rapportant que leur professeur devait parfois fermer les fenêtres de leur classe parce que les vociférations de Ti-Gris les dérangeaient et les empêchaient d'entendre ce qu'elle leur disait. Et le couvent, situé à côté de l'église, était à un bon pâté de maison de l'Académie. Les frères de l’Instruction Chrétienne étaient arrivés au Québec en 1888 et il en vint d'autres de France par la suite jusqu'à ce que la relève locale devienne suffisante pour satisfaire aux besoins. Le cri faisait-il partie des attitudes pédagogiques normales de ces enseignants de la vieille France? Difficile à dire.
Ti-Gris avait aussi avait aussi d'autres méthodes pédagogiques qui semblaient lui être propres. Ainsi, il enseignait la lecture autant par les mains que par les yeux. Cela se passait de la manière suivante. Chaque matin le test de lecture s'effectuait par groupe d'une dizaine d'élèves. Ces dix élèves se plaçaient les uns à côté des autres en une rangée face au tableau noir à l'avant de la classe. À tour de rôle chacun devait lire une ou peut-être plusieurs phrases écrites au tableau. On commençait par l'élève à gauche de la rangée, Ti-Gris lui-même placé à la gauche de cet élève une strappe à la main. Si l'élève passait bien le test de lecture il retournait à sa place sans plus. Si le test était raté, il était de mise de tendre la main pour que Ti-Gris la réchauffe avec sa strappe. Certains demeuraient réticents à s'offrir spontanément au supplice. Mal leur en prenait car le révérend frère leur empoignait alors le poignet et redoublait de coups pédagogiques. Je ne sais si c'est à cause de mes dispositions naturelles à l'apprentissage de la lecture ou par crainte de la douleur physique, toujours est-il que je n'ai pas souvent « mangé » de la strappe à Ti-Gris… Certains qui y goûtaient souvent s'avérèrent peu friands de la mesure et décidèrent de faire quelque chose à ce propos. On planifia l'enlèvement de la strappe et c'est Ti-Zoune Champagne qui accomplit l’exploit. Il fut en effet assez courageux pour s'introduire dans la classe et cela sans être vu à un moment où l'école devait être vide de tous ses élèves. La strappe fut brûlée aux pieds des remparts près du neuve non loin de l’école et ce en présence de nombreux témoins. El le plus beau de celle histoire c'est que personne ne vendit jamais la mèche et que malgré ses recherches Ti-Gris ne parvint jamais à savoir cc qu'il était advenu de son martinet. Comme quoi même de jeunes enfants peuvent faire preuve d'une grande solidarité face à l'abus de pouvoir.
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Par beau temps on jouait dehors. Le drapeau était le sport de compétition d'équipe favori quand l'état du sol le permettait. L'hiver on jouait sur la patinoire ou on glissait sur la magnifique glissoire que les frères aménageaient dans la descente qui menait au fleuve, entre les remparts, près de la cour.
- Au jour le jour, mai 1996
Les résidents de La Prairie dans le Bas-Canada du début du 19e siècle et le transport au 20e siècle
Les résidents de La Prairie ne vivent pas dans un vase clos. Ils participent aux grands changements qu’apporte le Régime anglais après la Conquête de 1760. Les idées circulent, l’économie est stimulée par l’arrivée des nouveaux venus anglophones.
Après 1760, les administrateurs français retournent dans leur mère-patrie et certains membres de « l’élite » préfèrent quitter en emportant avec eux leur bourse bien garnie.
Les échanges commerciaux et autres se font tout naturellement avec les colonies du Sud qui partagent la même langue et les mêmes traditions.
C'est dans ce contexte qu'il faut situer les transports. John Molson bâtit des bateaux-vapeur qui font la navette Montréal–La Prairie à partir de 1809. La locomotive-vapeur a son point de départ de La Prairie à partir de 1836; arrivés à Saint-Jean-sur-Richelieu passagers et marchandises mettent le cap sur New-York en empruntant les voies d'eau successives.
Un accès direct vers la métropole par train sera possible à partir de 1860, lors de l'inauguration du Pont Victoria. Le tronçon de voie ferrée menant au quai de l'Aigle à La Prairie a déjà perdu sa raison d'être. Cependant le train était néanmoins voué à une expansion rapide. Dans son discours de 1836, Peter McGill entrevoyait déjà la construction du transcontinental. Selon lui, il fallait s'approprier et occuper le pays neuf d'est en ouest.
La Seigneurie de La Prairie voit naître des paroisses, la population s'accroît, les voies ferrées quadrillent lentement les terres et facilitent transport et communications. Le transport terrestre prend son essor au début du XXe siècle. En 1932 se construit le boulevard Taschereau qui traverse la campagne de La Prairie avant la naissance de Brossard.
La Prairie élargit ses espaces résidentiels et, de sa banlieue, partent vers Montréal les nombreuses personnes qui y ont leur lieu de travail. Le nombre d'automobiles et de camions circulant sur les routes augmente rapidement et les autoroutes nouvelles vivent quotidiennement des problèmes de surcharge. La traversée des ponts ralentit considérablement le flot des véhicules.
Est-ce la logique du retour des choses, la MRC Roussillon a inscrit dans ses projets de recherche le retour au transport des passagers par train via Montréal avec arrêt à La Prairie. Les voies ferrées existent encore et sont en usage pour le transport des marchandises. Ici s'arrête l’histoire, le passé. Verrons-nous les trains de passagers véhiculer en grand nombre les résidents de La Prairie vers la métropole? Quelle solution sera alors adoptée pour le passage à niveau du chemin Saint-Jean à la hauteur de la rue du Maire?
- Au jour le jour, mai 1996
Décès de Mme Jeanne-d’Arc Moquin-Juteau
Décès de Mme Jeanne-d’Arc Moquin-Juteau le 20 avril 1996. Jeanne-d'Arc participait aux activités de la SHLM depuis 1972, année de la fondation. Elle a siégé au Conseil général de la Société et s'est impliquée dans plusieurs projets. Elle a dirigé le groupe des Aînés dans le cadre du projet Nouveaux Horizons, a participé aux recherches dans le Fonds des Jésuites. Elle travaillait au local de la SHLM tous les mardis à la classification des notices chronologiques dans le Fonds La Prairie d'hier à aujourd'hui. Depuis peu, l'index généalogique de ce Fonds a été complété. Ce nouvel outil de recherche lui a également demandé de nombreuses heures de travail à sa résidence.
- Au jour le jour, mai 1996
Au tableau d’honneur
Au tableau d’honneur
Nous désirons ici souligner notre personnalité de l'année à la Société historique. Nous voulons bien sûr parler de Monsieur Marcel Lamarche, à qui des hommages ont été rendus pour la contribution exceptionnelle qu’il a apportée à la Société historique par ses recherches minutieuses dans le Vieux-La Prairie. Soulignons que personne n'avait osé s’aventurer dans ces documents à cause de leur complexité.
- Au jour le jour, mai 1996
Dons
De madame Thérèse Girard :
- Croteau, André, Jardiner pour les oiseaux, Éd. Trécarré, 1996.
De monsieur Jean-Paul Auclair – documents de famille :
- Actes notariés, chaîne de titres d'un lot sur la rue Sainte-Rose
- Images nécrologiques sur les ancêtres Auclair – grand format, présentation artistique – renseignements sur les personnages à l'endos
- Vidéo des fouilles archéologiques, lot 94, été 1994
- Conférence, sur cassette, donnée par Monsieur François Véronneau, archéologue, en janvier 1995, sur ce même lot 94
De madame Yolande Sainte-Marie – documents de famille :
- Actes notariés relatifs aux lots habités par la famille, côte des Prairies, aujourd’hui situés à Brossard.
De madame Aurore Martin :
- Martin, Lyne, La motivation à apprendre : plus qu’une simple question d’intérêt!, E. d. CECM, 1994 – Lyne Martin est la fille d’Aurore Martin, membre du Conseil général de la SHLM.
- Au jour le jour, mai 1996
Le premier moulin à vent de La Prairie
La très intéressante étude publiée par Élaine Sirois en avril 1996 traite du premier moulin à vent de La Prairie. Les Jésuites ont construit un moulin à eau en 1717 sur la rive du fleuve à la hauteur des rapides de Lachine. Ses murs solides tombant en ruines étaient encore visibles au début du XXe siècle.
Le moulin banal
Notre reportage portant sur l'habitation, il paraîtra curieux que nous parlions du moulin. Mais pouvons-nous vraiment étudier nos mœurs architecturales sans dire un mot de cette construction, présente partout comme élément essentiel de notre vie économique?
Le Boréal Express (1743) ayant déjà présenté plusieurs études du moulin à vent, nous ne nous attardons ici qu'au moulin à eau.
Plus rare que l'autre en raison de ses dimensions et de son coût, le moulin à eau offre cependant plusieurs avantages. Il fournit un travail constant et régulier, tandis que le moulin à vent est soumis aux caprices du vent. De plus, sa force motrice est beaucoup plus grande que celle donnée par le vent.
Son architecture s'inspire des mêmes principes que celle de la maison de ferme. Toit pointu, murs très épais et bas, le moulin à eau est une vaste construction rectangulaire, solide et aérée, où l'espace réservé à la machinerie et au travail humain est plus vaste que dans le moulin à vent.
La colonie française communiquait par voie d'eau vers l'ouest pour y faire le trafic de la fourrure. Après la Conquête, on cherchera surtout des voies d'accès plus rapides vers New-York. Le train partant de La Prairie en 1836 fut le premier jalon d'un important réseau de communications nord sud.
- Au jour le jour, mai 1996
Conférence : le potentiel archéologique de la propriété Oligny
Mercredi, le 15 mai prochain, Madame Isabelle Robert présentera le résultat de ses recherches sur le potentiel archéologique de la propriété Oligny dans le Vieux-La Prairie.
La conférence aura lieu dans les locaux de la Société historique, au 249 de la rue Sainte-Marie. Bienvenue à tous.
- Au jour le jour, mai 1996
Un canal à Lachine ? Amélioration du réseau fluvial
L'importance des cours d'eau pour assurer les communications en Nouvelle-France n’est pas à démontrer. Il faut donc prendre au sérieux tous les projets, si étonnants soient-ils, qui sont susceptibles d'améliorer ce réseau intérieur. La vitalité du commerce en dépend largement, comme toute l'entreprise de colonisation.
C'est ainsi qu'il convient de considérer attentivement l'idée lancée récemment par l'abbé Fénélon Salignac de construire un canal pour franchir les rapides de Lachine; de même pour celle de Talon qui ambitionne de corriger quelques-uns des obstacles naturels de la route de l'Outaouais.
« Entre les 8ta8acts* et le Montréal il y a beaucoup de rapides et de chutes d’eau, écrit-il, qui interrompent la navigation de ces sauvages au point qu’ils se sont quelquefois rebutez de descendre jusqu’à nous pour nous apporter leurs pelleteries. On peut à ce qu’on m’asseure en beaucoup d’endroits corriger ce défaut de navigation et on me sollicite de le faire, m’asseurant que les sauvages qui seront advantagez par ce travail payeront volontiers quelques droits léger sur les pelleteries qu’ils transporteront. Je demande à Sa Majesté si elle trouvera bon qu’on fasse l’un et que pour soulager ses dépenses on profite de l’autre. »
Enfin pour permettre à la Nouvelle-France de communiquer plus facilement, et à l'année longue, avec l'extérieur, il importe que l'intendant donne suite à son intention d’établir des ports ouverts sur la mer.
À défaut de l'Hudson, il est urgent de se rabattre sur l'Acadie.
(Tiré du Boréal Express, 1672)
* Outaouais
- Au jour le jour, mai 1996
Généalogie de Jean-Paul Auclair
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Jean-Pierre, Michel et Luc |
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Jean-Paul Auclair Huguette Chartrand |
Saint-Paul-de-la-Croix, Montréal 14 septembre 1957 |
Paul Chartrand Berthe Audet dit Lapointe |
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Armand Auclair Germaine Rouillier |
La Nativité de La Prairie 1er juillet 1925 |
Louis-Philippe dit Commeroy Marie-Louise Robidoux |
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Théophile Auclair Arthémise Monast |
Saint-Césaire, cté de Rouville 28 mais 1888 |
Charles Monast Agnès Baron |
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Hubert Auclair Esther Desautels |
Sainte-Marie-de-Monnoir, Marieville 24 février 1862 |
Augustin Desautels Marguerite Boivin |
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François Auclair Marie Messier |
Saint-Mathias, cté de Rouville 8 février 1802 |
Auguste Messier Marie-Véronique Mongeau |
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François Auclair Marie-Louise Grégoire |
Sainte-Foy, Québec 20 juin 1779 |
Charles Grégoire Louise-Marguerite Racine |
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Germain Auclair Angélique Marois |
L’Ange-Gardien 11 janvier 1745 |
François Marois Marie-Anne Hébert |
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Charles Auclair Madeleine Déry |
Charlesbourg 14 juillet 1712 |
Maurice Desry Madeleine Philippeau |
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Pierre Auclair Marie-Madeleine Sédilot dit Montreuil |
Charlesbourg Contrat de mariage le 6 mars 1679 Notaire Becquet |
Étienne Sédilot dit Montreuil Marie-Madeleine Carbonnet |
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Pierre Auclair Suzanne Aubineau |
Pierre n’est pas venu en Nouvelle-France, mariés vers 1653 à La Rochelle. Suzanne est de Saint-Christophe D’Angoulins, arrondissement et évêché de La Rochelle, Aunis (Charente-Maritime), France. |
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Jean-Paul Auclair
Résident de La Prairie depuis 1941, Jean-Paul a offert à la population de la région l'avantage du loisir que procure le cinéma, de 1945 à 1982. Son édifice, qui a changé de vocation depuis, est situé sur le Chemin de Saint-Jean, près de la rue Notre-Dame. La contribution de Jean-Paul à l'essor économique et social de La Prairie s'est échelonné au cours des ans et se continue encore aujourd'hui. Co-fondateur de la Chambre de commerce, il en assume la tâche de secrétaire durant 18 ans. Intéressé aux loisirs des jeunes, il devient instructeur du club de hockey mineur. Jean-Paul ne ménage pas ses énergies pour « faire avancer les choses », il participe à la fondation des clubs Lions et Optimiste, et demeure un membre actif. Bien plus, pendant un mandat de 4 années, il fait équipe avec le conseil municipal de la Ville à titre de conseiller.
Lorsqu'arrivent les années 1980, avec l'avènement d'une population vieillissante beaucoup plus nombreuse, Jean-Paul ajoute à ses activités de bénévolat la participation à la mise en place du Campus des Aînés. Il assume alors plusieurs postes successifs à la direction des projets. Homme d'équipe, il demeure celui sur qui on peut compter quotidiennement. Que de démarches entreprises pour l'implantation de résidences pour personnes âgées : Centre d'Accueil, Résidence Balmoral lnc., les maisons de l'AQDR et Jean Gaudreau. On peut qualifier Jean-Paul de bénévole par excellence, généreux de son temps et de ses compétences mis au service de la Ville de La Prairie et de ses concitoyens.
L'ancêtre Pierre Auclair et André Auclair, sculpteur
L'ancêtre Pierre Auclair et son épouse Madeleine Sédilot-Bédard eurent une famille nombreuse, dix enfants atteignirent l'âge de la maturité. Deux garçons furent prêtres et 3 filles choisirent la vie religieuse. Pour ce qui est de l'histoire des générations successives, les recherches sont encore à faire. Un descendant s'est illustré à titre de sculpteur dans le Montréal du XIXe siècle. Voyons un peu le déroulement de sa vie.
ANDRÉ AUCLAIR (1803-1865) travaille avec son père comme maçon, tailleur de pierre et entrepreneur en construction. Son loisir préféré devint rapidement la sculpture de personnages à même les blocs de pierre tirés des carrières du Mont-Royal. Dans la mentalité de l'époque il était impensable de voir un fils qui n'appartenait pas, de par ses origines, à la bourgeoisie bien nantie, être admis auprès des maîtres-sculpteurs. Devant un bloc informe, André imaginait une jolie dentelle dans la pierre d'un bâtiment qu'il construisait. Bien plus, il sculpta une statue de la Vierge de quatre pieds de hauteur et en fit don à Mgr Ignace Bourget, 2e évêque de Montréal. Celui-ci place la statue dans la cathédrale pour l'édification des fidèles. En date du 13 décembre 1842, dans « les Mélanges religieux », le journaliste écrit des commentaires fort élogieux sur la statue. Hélas, ce témoin du talent d'André fut détruit en 1852, lors du grand feu de Montréal. La cathédrale faisait partie des 1600 édifices détruits par les flammes. La maison d'André est anéantie elle aussi. Il remet sur pied son entreprise de construction, et cela, grâce au crédit que les banques lui accordent.
André s'est acquis une solide réputation, il est honnête et compétent. Ses concitoyens l'élisent échevin de Montréal. Jusqu'à son décès en 1865, il s'adonne à son loisir préféré de sculpteur. André aimait la beauté, ses mains en ont fait naître; dommage que ses œuvres soient versées dans l'oubli!
- Au jour le jour, mai 1996
À La Prairie, le 21 juillet 1836, par une belle journée d’été
Trois cents invités sont reçus en grande pompe, c'est la fête! Le PREMIER chemin de fer du Canada est inauguré officiellement par le gouverneur général Lord Gosford. Louis-Joseph Papineau, leader de la Chambre d’assemblée, et John Molson junior, président de la compagnie « Champlain et St-Laurent », sont les coprésidents de la fête; tous trois font le discours d'usage.
Imaginons le spectacle : tous ces notables rassemblés près du fleuve, à l'endroit où se situe la rue Saint-Henri de 1996. Un peu à l'écart, les résidents du village et des environs participent à l'événement dans la joie et la fierté. Partis de Montréal sur le bateau-vapeur « Princess Victoria », les invités ont pu admirer la beauté du fleuve et causer pendant les sept milles de la traversée. La musique du 32e régiment a su agrémenter le voyage. Tout le monde débarque sur le quai où la Dorchester, toute rutilante, tirant ses 14 wagons, exécute diverses manœuvres pour qu'on l'admire.
Deux wagons tirés par les locomotives accueillent les hauts dignitaires; les autres seront tirés par des chevaux. C’est le départ! Ce premier voyage est rapide : on compte 55 minutes pour la locomotive et ses 2 wagons et 2 heures pour les wagons qui n'ont pas encore les chevaux-vapeur.
Saint-Jean-sur-Richelieu reçoit dignement tous ces personnages importants : on salue au champagne et un madère accompagne le buffet froid. Les discours se veulent à la hauteur de l'événement que l'on vit.
Puis, c'est le retour à La Prairie, on avance plus lentement. La Dorchester, qui tire cette fois quatre wagons, arrive peu de temps avant ceux tirés par les chevaux.
Amarré au quai, le Princess Victoria reprend ses voyageurs du matin et à 7 heures du soir, on est prêt pour le retour à Montréal. Il fait beau, le soleil éclaire ce beau paysage. Mais, l'aventure commence… Enlisé dans le sable, le bateau refuse d'avancer. Capitaine et matelots réussissent à le dégager au bout d'une heure et c'est le vrai départ. Voilà qu'après avoir navigué la distance d'un mille, un passager quitte le bateau en tombant par-dessus bord. Le courant est fort, le bateau ne se manœuvre pas facilement, mais on réussit finalement à repêcher le « baigneur involontaire ».
Ces deux incidents ont occasionné du retard; il fait nuit et la traversée serait risquée. Le capitaine refuse cette entreprise hasardeuse et met le cap sur le quai de La Prairie.
Au village de La Prairie, on peut loger quelques personnes, mais les dignitaires sont au nombre de 300!
Rapidement on s’organise. À l'hôtel La Prairie, on improvise un Bal, et la fête continue, et on s'amuse. Le Princess Victoria ramène ses passagers à Montréal tôt le lendemain.
Ce récit du 23 juillet 1836 est tiré de The Molson Saga, Shirley E. Woods jr., éditions Avon Books of Canada, 1983.
Recherche et traduction : Hélène Charuest
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Dans les sources consultées, on fait état de la grave crise économique qui frappe le Bas-Canada fin 1836 et 1837. Les temps ne sont plus à la fête. L'Angleterre, autorité coloniale qui a, depuis la Conquête, des obligations financières envers sa colonie, refuse de payer en numéraire. Le papier-monnaie devient presque inexistant. Certaines banques font faillite. Les « Molson » sont les premiers à imprimer des billets de banque et à La Prairie, Edme Henry, riche propriétaire, imprime des billets. Au local de la SHLM sont exposés 2 billets originaux de 1837 émis par Edme Henry.
Les fêtes grandioses de juillet 1836 à La Prairie, fêtes qui avaient réuni francophones et anglophones, sont un événement qui marquera un temps d'arrêt dans les célébrations communes d'un événement heureux. Ce fut ensuite la période des Patriotes, ses luttes et ses conséquences…
Aide-Mémoire
- Dorchester, gouverneur général du Canada de 1786 à 1807
- Honorable James McGill, ancien membre du Conseil législatif du Bas-Canada, donateur en 1811 du terrain où se construira l'Université McGill.
- Louis-Joseph Papineau, orateur de La Chambre en 1836. Le plus haut poste des élus à la Chambre d’Assemblée.
- L'Honorable Jeanne Sauvé, gouverneur général du Canada, préside à La Prairie les fêtes du 150e anniversaire du premier train en 1986.
Quel choix feriez-vous?
Dans les années 1930-1940, on voyait souvent des pêcheurs ramer énergiquement pour remonter le fleuve. Le retour était facile car on se laissait glisser sur l'eau, on avait…
- l'aire d'aller
- l'erre d'aller
- l'air d'aller
Réponse dans la colonne suivante avec un miroir.

(Réponse : erre)