Au jour le jour, février 2022
D’entrée de jeu, il est bien connu que le fameux navigateur et explorateur malouin Jacques Cartier, sieur de Limoilou, a fait ses deux premiers voyages en Amérique en 1534 et en 1535. D’ailleurs, lors de son voyage de retour au printemps 1536, Cartier ramènera avec lui en France le grand chef Donnacona et ses deux fils ; plus ou moins avec leur consentement, ayant comme but premier de montrer ceux-ci à la cour du roi François 1er, et surtout afin de justifier un nouveau voyage d’exploration plus à l’ouest de « Mont Réal ».
Derechef et moins bien connu est le troisième et le plus imposant voyage de Cartier qui eut lieu en 1541 ! Préalablement à celui-ci, alors qu’il voulait s’assurer de revenir chez lui un jour, Donnacona tenait des propos qui allaient dans le même sens que ceux de Cartier. Il racontait des sornettes à qui voulait l’entendre, à savoir qu’il y avait de grandes villes et des richesses de métaux précieux (or, argent, cuivre et plus encore) plus loin à l’ouest des grands rapides d’Hochelaga… « les sauts de Mont Réal ».
Donc le 23 mai 1541, ayant enfin reçu la bénédiction et le financement royal pour son troisième voyage, Cartier quitte Saint-Malo[1] sur La Grande Hermine avec quatre autres navires pour se rendre de nouveau à Stadaconé, arrivant trois mois plus tard devant la bourgade de « Québec ». Sans l’aide de guides, le 7 septembre, il poursuivra son trajet avec deux grandes barques (ayant un mât, voiles et rames) jusqu’à la région d’Hochelaga (Mont Réal) où il s’était rendu six ans plus tôt.
Arrivant tôt le matin du 11 septembre 1541, le Malouin ne perd pas de temps ; accompagné de plusieurs hommes, il cherche un moyen pour surmonter le « grand saut » (nos rapides de Lachine) qui barre la voie fluviale vers l’ouest. Cartier rapporte dans sa relation de voyage[2] qu’après quelques tentatives infructueuses par ses meilleurs rameurs dans une de ses deux barques, laquelle avait été allégée, il s’avoue vaincu devant la démence des flots et met le pied à terre. Ensuite… « qu’une fois à terre sur la rive sud du Saint-Laurent (La Prairie) les Français suivent un grand sentier battu en direction des rapides. Arrivant à destination, ils tombent sur un lieu habité par des Iroquoiens où on leur fait bon accueil ».[3]
Encouragé par cette affabilité et n’ayant pas de « truchements » pour traduire ses paroles, Cartier explique son problème par de « grands gestes et des paroles ». C’est alors que quatre jeunes braves offrent de l’accompagner dans leurs canots pour se rendre vers un second petit village[4] situé en face d’un autre « saut ». Selon les jeunes autochtones, celui-ci serait… « le deuxième des trois sauts qu’il y a à franchir avant que le fleuve soit à nouveau navigable ».
Selon le géographe et historien anglais Richard Hakluyt (1553-1616) le sieur Cartier est en mesure de constater que la distance entre les rapides de Lachine à l’extrémité est du lac Saint-Louis, et la zone des Cascades/Côteau des Cèdres à l’extrémité ouest du même lac est de « 6 lieues » soit environ 30 km. Ce « deuxième saut », qui est presque aussi impétueux que le premier, donne accès au « troisième saut » à 10 km en amont, mais Cartier ne s’y rendra pas. Ce sont les puissants et turbulents rapides du Coteau-du-Lac, et par la suite il y a le lac Saint-François ; ceux-ci donnent accès de nouveau au fleuve Saint-Laurent qui permet de se rendre jusqu’au but, la grande mer d’eau douce… l’eldorado du lac Ontario.
Selon des calculs approximatifs, le Malouin constate avec stupeur qu’il y aurait une ascension d’environ 120 pieds français (37 m) entre l’entrée du premier et la tête du troisième « saut ». Aussitôt, Cartier s’avoue vaincu et renonce à se rendre plus loin, car l’explorateur français sait maintenant avec certitude qu’aucun voilier ne pourrait négocier ce dangereux passage pour se rendre vers la « terre de Cathay ».
En conclusion, les détails de ce voyage d’exploration ainsi que la carte de Jean Rotz réalisée en 1542-1544 nous démontrent sans équivoque qu’en 1541 Jacques Cartier aurait été le tout premier, d’une longue liste d’illustres personnages historiques, à passer par le grand carrefour géographique de La Prairie et à y mettre le pied à terre.
Lors de leurs nombreux voyages et déplacements il y a également eu à La Prairie un certain Samuel de Champlain en 1611, le marquis Henri Chastelard de Salières en 1665, sainte Kateri Tekakwitha en 1678, François de Laval, premier évêque de Québec en 1681, le marquis de Denonville en 1685, le comte de Frontenac en 1690, le légendaire Monsieur de Niagara en 1691, le marquis de Montcalm en 1758 ainsi que le général François-Gaston de Lévis en 1760.
Donc, dans plus d’une décennie l’année 2035 marquera les 500 ans depuis le passage dans la région de « Hochelaga » du grand explorateur Jacques Cartier (1491-1557), et pareillement en 2041 du passage de Cartier dans ce qui deviendra plus d’un siècle plus tard, la grande seigneurie de La Prairie-de-la-Magdeleine.[5]
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[1] Plusieurs membres de la famille de Cartier l’accompagneront : ses deux beaux-frères, monsieur Guyon des Granches — vicomte de Beaupré, monsieur Macé Jalobert — pilote, et son neveu Estienne Noël.
[2] Le premier éditeur de la relation du 3e voyage de Jacques Cartier est l’Anglais Richard Hakluyt. Celui-ci publie en 1589 — The Principal Navigations Voyages, Traffiques and Discoveries of the English Nation […] 2e édition en 3 vol., Londres, George Bishop, Ralph Newberie, Robert Barker, Editors/1598-1600, vol. 3, p.235 — Jacques Cartier […]
[3] Au moment de son départ à la fin de cette même journée, Cartier estime à 400 le nombre de curieux présents et il identifiera cet endroit comme étant « St-Malo » sur la carte de 1542-1544.
[4] Ceux-ci étaient à préparer un « grand potage », un genre de pot-au-feu à base de « plantes potagères et de poissons » auquel Jacques Cartier et les Français furent invités à partager.
[5] Voir la carte dite « Harléienne » à la page suivante… qui a été réalisée à Dieppe en 1542-1544, suite au 3e voyage de Jacques Cartier.
L’auteur de cette œuvre datée de 1542-1544 est Jean Rotz, un élève formé par la très renommée école de cartographie de Dieppe en France. Jean Rotz (1505-1560) représenta des cartes marines et terrestres du 16e siècle, notamment les découvertes de Jacques Cartier au Canada.
En entrant dans le golfe du Saint-Laurent nous y distinguons l’île d’Anticosti, ensuite la rivière Saguenay, l’île d’Orléans, le lac Saint-Pierre, la rivière Saint-Maurice, la rivière Richelieu et les îles de Sorel… ensuite nous arrivons dans la région de « Ochilaga » ou Hochelaga. Selon l’historien Gustave Lanctôt, ici à environ « 2 lieues (10 km) du premier saut » serait situé « Hochelaga » le grand village Huron-Wendat.
À « Hochelaga » face aux « rapides de Lachine », il est inscrit « le Premier Saut »… et sur la rive sud, nous voyons clairement le grand bassin de La Prairie, où nous croyons que les Français ont jeté l’ancre et même mis le pied à terre autant avant qu’après avoir affronté les rapides.
Plus haut sur le fleuve nous voyons le « deuxième saut » (Cascades/Les Cèdres), et à la droite de celui-ci la grande rivière des Outaouais arrivant du nord-ouest. La dénivelée du premier saut (Lachine) est de 14 mètres[1], tandis que le total des deux autres sauts à partir du bassin du lac Saint-François jusqu’au lac Saint-Louis, était d’un effroyable 23 mètres de rapides et d’écumes bouillonnantes.[2]
Selon une hypothèse farfelue avancée au 20e siècle par Aristide Beaugrand-Champagne et appuyée par Lionel Groulx, Jacques Cartier aurait, à l’automne 1535, passé par la rivière des Prairies jusqu’au Sault-au-Récollet avant de se rendre à pied à « Hochelaga ». Un des malheurs pour cette hypothèse, réfutée par l’historien Gustave Lanctôt, est que la rivière des Prairies n’apparaît pas sur la carte de 1542 et que ce « saut » n’a qu’une dénivelée de 4 mètres et… se remonte assez facilement à la rame ! D’ailleurs, pendant plus d’un siècle, les « cageux » de Gatineau/Ottawa allaient, à partir des années 1800, descendre facilement par cette rivière pour livrer leurs grosses cages de bois de charpente jusqu’au port de Québec pour l’embarquement sur des navires à destination de l’Angleterre.
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[1] Au début de juin 1543, Jean-François de La Rocque de Roberval fera une autre tentative pour surmonter le « premier saut » et lui aussi s’avoua vaincu après qu’une de ses embarcations chavira dans les flots et causa la noyade des huit hommes à bord !
[2] Selon Alban Berson, cartothécaire à la BAnQ, Lachine serait le « deuxième saut »… ce qui ne respecte en rien les précisions de distances de Jacques Cartier et la réalité du terrain, tel que relaté dans les écrits de Richard Hakluyt et du Sieur de Roberval.
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Note de l’auteur:
Il existe des entreprises qui permettent d’expérimenter ce que ça signifie de sauter ces rapides dont Jacques Cartier avait fait l’expérience.
Frédéric Hottin (M.Sc.), archéologue, Musée d’archéologie de Roussillon
Au Musée, il arrive assez souvent que les visiteurs s’interrogent sur le passé autochtone de la région. À quand remonte la présence humaine? Que sait-on des gens qui occupaient le territoire? Comment vivaient-ils? À quel(s) groupe(s) appartenaient-ils? Pour les périodes précédant l’arrivée des Européens, c’est une histoire avant l’histoire, pour laquelle on ne peut puiser dans aucune archive écrite. Elle se lit dans les strates de sol des sites archéologiques et les nombreux artéfacts retrouvés sur le territoire, de Léry à La Prairie. Ce bref article présente les grandes lignes de l’état actuel des connaissances.
Si on se fie aux données géologiques et palynologiques (phases de régression de la mer de Champlain et du lac à Lampsilis), la présence autochtone dans le secteur sud de la MRC pourrait remonter à 9000 ans avant aujourd’hui (-7000), mais aucune trace aussi ancienne n’a encore été retrouvée. Les artéfacts les plus anciens pourraient dater de 6000 ou 5000 ans avant aujourd’hui. Ils ont été découverts dans la partie ouest de la MRC (île St-Bernard et Léry).
Dans la partie est, la butte du Vieux La Prairie serait occupée depuis au moins 3000 ans. Comme ailleurs dans la région de Montréal, on retrouve plus de traces du passage de groupes autochtones entre 4200 et 3000 ans avant aujourd’hui, puis entre 1500 et 650 avant aujourd’hui (500 à 1350 AD).
Mais contrairement à l’île de Montréal, les périodes plus récentes (1350 à 1600 AD) sont très peu représentées (aucun village n’a été retrouvé). Le secteur semble un lieu de passage, où on ne s’attarde que quelques jours, pour faire le portage reliant le fleuve Saint-Laurent à la rivière Richelieu ou pour des activités de subsistances saisonnières (chasse aux oiseaux migrateurs, pêche de certains poissons venant frayer, collecte de quenouilles pour faire des nasses, etc.).
En ce qui concerne l’identification des groupes autochtones qui ont laissé les artéfacts retrouvés, c’est une question à la fois complexe et sensible. D’un point de vue archéologique, les occupations les plus anciennes ne peuvent être associées à un groupe actuel. Ce serait comme tenter d’identifier des sites celtes comme ethniquement français, allemands ou espagnols. Ça n’a pas de sens. Au fil des millénaires, des peuples se forment, se dispersent, se transforment ou s’unissent pour en former d’autres.
Cela dit, pour les périodes les plus récentes, nous avons identifié un groupe iroquoien cousin des Iroquois (dont les Mohawks, qu’on devrait plutôt nommer Kanien’keha: ka, font partie) et des Hurons, mais linguistiquement et culturellement distinct (à la manière des différents peuples de langue latine que sont les Français, les Italiens et les Espagnols). Nous les appelons les Iroquoiens du Saint-Laurent, faute de connaître le nom qu’ils se donnaient eux-mêmes. Ce sont ces gens que rencontrera Jacques Cartier lorsqu’il visitera l’île de Montréal (village d’Hochelaga, entre autres), mais aussi la région de Québec. Ce peuple, qui a vécu au moins 2000 ans dans la vallée du Saint-Laurent, s’est dispersé entre les voyages de Cartier et ceux de Champlain (donc entre 1545 et 1600 environ). Ils ont pu subir des épidémies apportées par les Européens (qui commercèrent dans l’estuaire et le Golfe avec les Autochtones pendant une bonne partie du 16e siècle), des guerres avec leurs voisins (Algonquins, Hurons, Iroquois, Abénaquis, Malécites, Micmacs, Mohicans, Attikameks, Innus, etc.) et/ou des famines résultant du refroidissement du climat (impact sur le maïs).
Quoi qu’il en soit, les groupes autochtones qui résident aujourd’hui près du Saint-Laurent ont probablement tous dans leurs ancêtres des Iroquoiens du Saint-Laurent. Ainsi, les rescapés se seront réfugiés entre 1545 et 1580 chez leurs voisins[1], même parfois chez leurs ennemis (comme ça s’est vu à la période coloniale). On en a la preuve sur des sites archéologiques contemporains de villages des Hurons[2], alors en Ontario. Il est très possible qu’on en retrouve la trace (céramique typique) éventuellement sur des sites villageois des Mohawks de l’état de New York, ou d’autres peuples (notamment les Malécites de la vallée du fleuve Saint-Jean et les Abénaquis du Maine).
Pour ce qui est des artéfacts autochtones de la période coloniale, ils sont probablement de plusieurs nations, notamment des Algonquins et des Mohawks, qui tous deux utilisent le portage de La Prairie pour aller s’attaquer l’un et l’autre. Puis, à partir de 1667, plusieurs groupes viennent s’établir dans la mission jésuite de La Prairie, que les Mohawks nomment Kentake. On y retrouve des Hurons, des Algonquins, des Oneidas, etc., de même que plusieurs adoptés ou esclaves mohawks d’origine algonquine, huronne ou autre. C’est tout un « melting pot », qui se scindera à quelques reprises puis s’unira éventuellement, au fil des déménagements de la mission, pour former la communauté autochtone de Kahnawake. Celle-ci se forgera une identité qui lui est propre. Elle aura une histoire qui mérite d’être mieux connue et diffusée. Mais ici s’arrête l’expertise de l’archéologue. C’est plutôt aux ethnohistoriens et aux historiens, mais aussi et surtout aux Kanien’keha: ka eux-mêmes, de l’écrire et de la raconter.
En terminant, il convient de rappeler que les connaissances sur le passé autochtone de la région sont encore limitées et qu’elles sont appelées à évoluer.
Les données que nous possédons sont le plus souvent éparpillées dans divers rapports de fouilles et quelques mémoires de maîtrise. De plus, très peu d’artéfacts ont été étudiés de manière approfondie. Les collections de la région en comptent des milliers. Une part très importante des informations d’intérêt reste donc à acquérir. C’est pourquoi le Musée a entrepris une étude d’envergure sur le patrimoine archéologique autochtone de la MRC de Roussillon.
Le projet sera réalisé sur trois ans et fera appel à des spécialistes de plusieurs types d’artéfacts autochtones (céramique, outils en pierre, objets en os, etc.). Les résultats de cette synthèse régionale seront présentés au public dans les années qui suivront (conférences, articles, médias numériques, etc.).
Entre-temps, les intéressé(e)s sont invité(e)s à suivre l’avancée des recherches en consultant le site web du Musée.
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[1] Pour une proposition de scénario plus détaillé, voir Chapdelaine, C. (1995) « Les Iroquoiens de l’est de la vallée du Saint-Laurent », in Balac, A.-M., C. Chapdelaine, N. Clermont et F. Duguay, Archéologies québécoises, Paléo-Québec 23, Recherches amérindiennes au Québec, Montréal, p.161-184.
[2] Voir notamment Ramsden, P. (2018) « Devenir Wendat : négocier une nouvelle identité aux alentours du lac Balsam à la fin du XVIe siècle », in Lesage, L., J.-F. Richard, A. Bédard-Daigle et N. Gupte, Études multidisciplinaires sur les liens entre Hurons-Wendat et Iroquoiens du Saint-Laurent, Presses de l’Université Laval, Québec, p.120-132.
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Quelques lectures complémentaires :
Balac, Anne-Marie, Christian Roy et Roland Tremblay (2019) Terre, L’empreinte humaine, collection Archéologie du Québec, Pointe-à-Callière et Les Éditions de l’Homme, Montréal, 199 p.
Tremblay, Roland (2006) Les Iroquoiens du Saint-Laurent, peuple du maïs, Les Éditions de l’Homme, Montréal, 139 p.
Viau, Roland (2021) Gens du fleuve, gens de l’île, Hochelaga en Laurentie iroquoienne du XVIe siècle, Boréal, Cap-Saint-Ignace, 346 p.
Avec la présence du variant Omicron, ce début d’année du 50e est bien différent de ce que l’on avait espéré.
Qu’à cela ne tienne ! Nous travaillons à la préparation de l’exposition estivale qui portera sur l’histoire de la SHLM. D’ailleurs, vous avez sans doute aperçu notre offre pour une ressource en muséologie à cet effet.
De plus, au cours de 2022, en plus des conférences prévues, de l’exposition et des classiques visites guidées, la SHLM réalisera la mise en ligne des BMS de La Prairie et, roulement de tambour….d’une carte interactive du Vieux La Prairie !
Il y aura aussi la parution d’un livre concocté par M. Gaétan Bourdages, la présentation d’une séance d’archives à voix haute et un autre événement surprise en lien avec le chemin de fer de 1836.
Alors, pour le 50e et en vue de l’Assemblée générale qui aura lieu en mars prochain, ne manquez pas de renouveler votre carte de membre !
Au plaisir de vous accueillir à nouveau au local de la SHLM.
Caroline Laberge
Archiviste-directrice-générale
C’est à compter du 3 février 2022 que cette série de fiction, intitulée Lac-Noir, tournée en partie dans nos locaux en juin 2021 (voir Au jour le jour, septembre 2021), se mettra en branle sur les ondes de Illico.
On y verra également des scènes qui ont été tournées dans le Vieux-La Prairie.
Soyez attentifs!
Au jour le jour, janvier 2022
La Prairie, septembre 1917: pavage du boulevard Salaberry. Au fond à gauche, la maison de la famille Arthur Desrosiers.
Candidat à la maîtrise en histoire à l’Université de Montréal (UdeM), Antoine Simonato est membre du CA de la SHLM depuis quelques années.
Domina De Montigny et Albina Guérin, quelques années après leur aventure au Klondike, décidèrent en 1907 d’acheter et de rénover l’Hôtel Martin (l’actuel 228 rue Sainte-Marie). Ils tinrent cet hôtel ouvert aux voyageurs et gens des environs jusqu’en 1922[1]. C’est durant cette période, à partir de 1915, que le couple De Montigny a entretenu une correspondance par cartes postales avec un certain Jean-Baptiste Cantin, un de leur ami montréalais qui se porta soldat volontaire dans les forces expéditionnaires canadiennes.
C’est une courte partie de l’histoire de Jean-Baptiste Cantin qui sera racontée à travers la correspondance qu’a reçue le couple De Montigny. C’est aussi une histoire qui lie deux habitants de La Prairie au conflit sans précédent que fut la Première Guerre mondiale. Même s’il est souvent question d’histoire locale, celle-ci est interconnectée d’une manière ou d’une autre aux évènements ailleurs dans le monde.
Qui est Jean-Baptiste Cantin?
Jean-Baptiste Cantin naquit le 29 avril 1879 dans le village de Pointe-aux-Trembles, situé à l’extrémité est de l’île de Montréal. Selon son dossier du Corps expéditionnaire canadien[2], il s’est enrôlé le 22 septembre 1914 à l’âge de 35 ans. Il mesurait 1,75 mètre, avait les yeux bleus et les cheveux poivre et sel. Il fut affecté à l’unité du 14e bataillon des forces expéditionnaires canadiennes avec pour matricule 26175[3].
Dans son dossier, il n’est mentionné que deux membres de sa famille immédiate, soit sa sœur Béatrice Tardif, à laquelle il lègue dans son testament tous ses avoirs s’il venait à mourir. Son autre sœur est Mme Joseph Marrn[4]. Célibataire, il occupait précédemment les emplois de jardinier et de cocher.
1914
Si l’on se fie à l’histoire du corps expéditionnaire canadien[5], bien que le Canada, en tant que dominion de l’Empire britannique, entra immédiatement en guerre en août 1914 contre les empires centraux dont l’Allemagne, le pays n’avait pas de force militaire prête à s’engager dans la Grande Guerre.
C’est ainsi que le Canada proposa à l’Angleterre l’envoi de 25 000 hommes. 35 000 se portèrent volontaires, dont 30 617 composèrent le premier contingent[6].
Jean-Baptiste Cantin fut l’un d’eux. Avec le corps expéditionnaire, il entreprit jusqu’en octobre, un entraînement rapide à la base militaire de Valcartier (Québec) pour ensuite être envoyé en Angleterre[7]. Cantin et le reste du corps expéditionnaire s’entraînèrent alors jusqu’à la fin janvier 1915 avant d’être envoyés en France où se déroulaient alors les combats du front de l’Ouest.
1915
Le 27 janvier 1915, le soldat montréalais envoya cette carte postale (voir au haut de cette page) à Domina De Montigny avec la note suivante:
« Monsieur, Je crois que se sont les dernières nouvelles que je vous envoie sur le sol anglais. Nous somme en bonne santé. Nous partons pour la France le 1 février. J.B. Cantin »
Celle-ci est la plus vieille carte postale de Cantin que la SHLM possède dans le fonds d’archives P20[8]. Cantin et le corps expéditionnaire canadien avaient alors terminé leur formation dans la zone d’entraînement militaire se trouvant sur la plaine de Salisbury, dans le sud-est de l’Angleterre.
Il faudra attendre jusqu’au 30 avril avant que Cantin ne réécrive à De Montigny. Cette fois-ci, il s’agit d’une lettre envoyée à La Prairie par l’entremise du YMCA (Young Men’s Christian Association). Dans celle-ci, Cantin raconte sa blessure subie lors de la deuxième bataille d’Ypres, en Belgique :
[…] J’ai été blessé à l’épaule gauche et a la jambe droite a la hauteur de la cuisse. J’ai a vous dire que les obus des allemands sont dur car il u en a une qui a fait explosion pret de moi j’étais sur une hauteur et quand je me suis réveillé j’étais dans un fossé a plusieurs verges. Je suis encore souffrant du gaz que j’ai respiré les journeaux doivent vous en avoir parler avant moi.[9] […]
En effet, la deuxième bataille d’Ypres a vu, pour la première fois de la guerre, l’utilisation d’armes chimiques[10] par les Allemands. Cantin et le corps expéditionnaire y subirent de graves blessures.
Pendant le mois de mai, le soldat montréalais écrivit une autre lettre ainsi qu’une carte postale mettant au courant De Montigny de l’évolution de son séjour à l’hôpital.
Cantin se remit de ses blessures le 10 juin et envoya une carte postale avec une question adressée à De Montigny : « Monsieur, […] quel est l’opinion de la guerre nous il suffit d’être aux tranchées pour ne rien connaitre. Écrire c’est notre seule satisfaction que nous avons dans les tranchées. Quand les obus ne nous inonde pas trop. […][11] »
Note: Toutes les transcriptions sous les images sont exactes. Aucune correction orthographique ou grammaticale n’a été appliquée.
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[1] Lucien Martin, La Prairie. Regard sur un passé glorieux. 2017, 41-51.
[2] Bibliothèque et Archives Canada, Dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale, Recherche : base de données, Item : Cantin, John Baptiste (26175), https://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/patrimoine-militaire/premiere-guerre-mondiale/dossiers-personnel/Pages/item.aspx?IdNumber=86651
[3] Idem.
[4] Idem.
[5] Stacey, C.P., « Corps expéditionnaire canadien ». Dans l’Encyclopédie Canadienne. Historica Canada. Article publié février 06, 2006; Dernière modification mars 29, 2020. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/corps-expeditionnaire-canadien
[6] Idem.
[7] Idem.
[8] Fonds d’archives P20, Archilog, SHLM.
[9] Fonds d’archives P20, Archilog, SHLM.
[10] Roy, R.H., et Richard Foot, « Le Canada et la deuxième bataille d’Ypres ». Dans l’Encyclopédie Canadienne. Historica Canada. Article publié juillet 27, 2006; Dernière modification décembre 04, 2018. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/deuxieme-bataille-dypres
[11] Fonds d’archives P20, Archilog, SHLM.
Les attaques aux gaz ainsi que les conditions de vie dans les tranchées semblent avoir marqué Cantin au point de se demander si l’opinion publique de son pays s’indignera des horreurs de la guerre.
Le 4 juillet, Cantin envoie quatre cartes postales, deux à De Montigny et deux autres à Albina. Celles-ci, en plus d’être très révélatrices de la relation amicale entre le couple et le soldat montréalais, nous montrent aussi la perception genrée de la guerre. Domina, l’homme, s’intéresse aux objets de guerre tandis que Albina, la femme, reçoit des cartes à connotation positive symbolisant le souvenir, l’amitié et l’espoir.
Par la suite, Cantin reviendra à quelques reprises sur la bataille d’Ypres avec deux cartes qu’il envoie le 23 juillet. Il insiste beaucoup sur les effets dévastateurs qu’a eus cette bataille sur la ville belge.
Les mois passent et les cartes postales envoyées au couple De Montigny se résument à des messages très courts sur sa santé et sur le temps qu’il fait. Les combats se poursuivent dans les tranchées en sol français.
Le 22 décembre, Cantin et le corps expéditionnaire rentrent à Londres passer les vacances de Noël. Le soldat montréalais en profite pour envoyer quatre cartes postales.
À Domina, il fait sa grande annonce : « Monsieur, j’ai l’honneur de vous dire que je suis nommé sergent maintenant alors j’ai porté trois galons que j’ai gagné sur la ligne de feu. »
À Albina, il lui fait part en trois cartes postales de sa visite des endroits touristiques de Londres.
1916
Le 2 janvier, Cantin et le corps expéditionnaire retournent aux tranchées. L’ami du couple en profite pour envoyer quelques cartes postales à De Montigny annonçant son départ. Ces cartes illustrent la destruction dont sont témoins les troupes canadiennes partout où elles passent.
Le 15 janvier, Cantin reçoit un paquet de tabac canadien de la part de De Montigny. Le soldat lui envoie quatre autres cartes postales l’informant sur sa santé et le temps qu’il fait.
De février à avril, la correspondance de Cantin se résument surtout à deux bagues qu’il souhaite envoyer aux De Montigny :
6 février : « Monsieur, j’ai fait un oubli en vous demandant vos mesure de doigts pour les bagues. Envoyer moi la mesure de votre demoiselle svp. D’un ami. »
19 mars : « Monsieur, je dois vous envoyer vos bagues ces jours ici. »
18 avril : « Monsieur, je vais vous expédier vos bagues ces jours ici. Écrivez immédiatement sur reception s.v.p. En bonne santé tout est bien pour le moment. »
Cantin passa l’été 1916 à combattre en Belgique.
Vers la fin du mois d’août, le corps expéditionnaire se dirigea vers le front de la Somme[1], en France qui avait commencé presque deux mois plutôt, le premier juillet.
Selon les rapports médicaux contenus dans son dossier militaire, Cantin fut blessé gravement le 8 septembre 1916, quelque chose lui ayant perforé le milieu du bras gauche. Il fut déclaré sourd de l’oreille droite, crachant du sang en plus d’avoir été gazé[2]. Le 26 septembre, il se remit de ses blessures et fut déclaré apte à reprendre son poste de sergent du corps expéditionnaire.
1917-1919
Jean-Baptiste Cantin fut libéré de ses fonctions militaires le 29 juin 1919, à l’âge de 40 ans[3]. On peut supposer que Cantin retourna à La Prairie retrouver le couple De Montigny à leur hôtel pour y passer du bon temps, raconter ses faits d’armes et probablement prendre un verre.
D’ailleurs, dans l’une de ses nombreuses lettres envoyées en 1915 à De Montigny, Cantin fit part de son amour pour la bière canadienne : « […] 5 cents la bière vous souvenez-en juger maintenant par vous-même.
Quand on sort des tranchées et que nous sommes sur la réserve, on peut acheter de la bière a 2 sous le verre elle est forte comme la petite bière d’épinette canadien on pense souvent a la Molson et le cheval noir[4] de Lachine. »
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[1] Roy, R.H., et Richard Foot, « Le Canada et la bataille de la Somme ». Dans l’Encyclopédie Canadienne. Historica Canada. Article publié décembre 21, 2006; Dernière modification décembre 11, 2018. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/bataille-de-la-somme
[2] Bibliothèque et Archives Canada, Dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale, Recherche : base de données, Item : Cantin, John Baptiste (26175), https://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/patrimoine-militaire/premiere-guerre-mondiale/dossiers-personnel/Pages/item.aspx?IdNumber=86651
[3] Idem.
[4] Il s’agit de la bière Black Horse très populaire à l’époque.
N.D.L.R. Les informations qui suivent nous ont été fournies par la Compagnie de Téléphone Bell.
Le premier téléphone de La Prairie entre en service en 1887, sept ans seulement après la fondation de la Compagnie de Téléphone Bell, et treize ans après qu’Alexander Graham Bell a inventé ce qu’on appelle alors « la merveille parlante ».
En 1887, en effet, la première agence de la compagnie Bell ouvre ses portes à La Prairie, sous la direction de M. J.H.A. Sylvestre[1] ; elle apporte à une population d’environ 1000 personnes les avantages du téléphone.
L’année suivante, en 1888, une ligne interurbaine relie La Prairie et Saint-Jean. Toutefois, le téléphone est accueilli plutôt froidement à La Prairie. La compagnie Laprairie Pressed Brick and Terra Cotta, qui apparaît dans l’annuaire téléphonique à compter de mars 1896, demeure l’unique abonné jusqu’en 1902, date à laquelle la compagnie J. B. Doré et fils[2] y est inscrite pour la première fois. À la fin de 1907, La Prairie compte sept téléphones en service.
Par la suite, l’évolution du service téléphonique est lente, mais constante. Le 100e téléphone est installé en 1924, le 500e, en 1945, et le 1000e, en 1950.
En décembre 1952, Bell Canada achète un terrain, situé au 425, rue Saint-Henri et, en 1954, elle y construit un immeuble pour y installer le central automatique.
Le 12 juin 1955 a lieu la conversion du système à magnéto au système automatique et, en même temps, un nouveau mode de numérotation est adopté suivant lequel tous les numéros de téléphone comportent deux lettres et cinq chiffres. En 1963, le nom du central est éliminé et remplacé par de nouveaux numéros à sept chiffres. Le préfixe 659 est attribué aux numéros de La Prairie.
Il y a quarante ans, en 1981, La Prairie comptait 11 510 téléphones en service.
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[1] Hyacinthe Sylvestre possédait un magasin général qui était situé à l’emplacement actuel du restaurant Chez Julien.
[2] Un fabricant de machinerie agricole.
En 2022, la SHLM soulignera les 50 ans de sa fondation. Hélas, au moment d’écrire ces quelques lignes, la situation avec la pandémie est plus qu’inquiétante, ce qui nous empêche de dresser la liste de nos activités ainsi que de nos événements à venir. Pourrons-nous reprendre nos conférences mensuelles en mode présentiel à partir du 18 janvier ? Nos locaux seront-ils fermés à moyen ou à long terme ?
La plupart des activités en marge du 50e de la SHLM sont prévues entre la mi-juin et la mi-novembre. Cette période de l’année est la moins touchée par la contamination. Dès que nous serons fixés sur la suite des événements, nous pourrons produire un calendrier plus précis des animations planifiées afin de souligner cette année historique.
Malgré un agenda difficile à prévoir, vous pouvez nous aider à remplir notre mission en posant un geste simple, mais combien important ; renouveler votre carte de membre au cours du mois de janvier.
Bonne et heureuse année 2022
Bonheur, prospérité et santé !
Stéphane Tremblay
Président
Au jour le jour, décembre 2021
Titulaire d’une maîtrise en littérature française (U. McGill), Pierre-Emmanuel Roy poursuit ses études à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (U. de Montréal). Durant l’été 2021, il a travaillé quelques semaines à la SHLM comme étudiant-archiviste. Ses recherches portent principalement sur l’histoire littéraire de la Renaissance et du début du vingtième siècle.
Fondée en 1853, au sommet d’un « mouvement associationniste[1] » qui traverse le Bas-Canada, la Société littéraire de La Prairie connaît, durant ses premières années, un succès sans précédent dans l’histoire du village. Ses jeunes fondateurs — le président, Richard Casimir Dufresne, n’est âgé que de 21 ans — sont animés par de grandes ambitions. Ils prétendent « occuper utilement » la jeunesse, lui donner un « lieu d’unité » et un « centre d’action[2] », et contribuer ainsi au progrès du peuple canadien. En 1857, un sympathisant résume en ces termes la raison d’être de la Société :
Si, comme Citoyens canadiens, nous voulons l’extension des arts, et la connaissance des sciences utiles ; si nous voulons suivre ce mouvement de progrès qui s’opère partout autour de nous ; si nous voulons que notre jeunesse canadienne se distingue […] il faut […] que nous fréquentions les salles de lecture et les bibliothèques. Il faut que nous prenions à tâche d’inculquer dans l’esprit public l’importance des moyens qu’ils ont à leur disposition […][3].
Ainsi, à la fin de l’année 1858, la Société littéraire comprend 73 membres actifs, sa bibliothèque contient un millier de volumes[4], et les conférences qui s’y tiennent (au moins 28 depuis sa fondation) attirent un « auditoire nombreux », avide de s’instruire sur des sujets aussi divers que « l’origine de la navigation », « le devoir social » et le « magnétisme animal[5] ». Si l’on songe que la paroisse de La Prairie ne compte que 2 234 habitants en 1861[6], on mesure bien la réussite de cette association, qui, malgré ses proportions modestes, suit fièrement le chemin tracé par les « Instituts canadiens » des grandes villes.
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[1] Sur ce phénomène d’association, voir notamment Lamonde Yvan, « Les associations au Bas-Canada : de nouveaux marchés aux idées (1840-1867) », Histoire Sociale, vol. VIII, no 16, 1975, p. 361-369.
[2] Rapport de la Société littéraire du Village de Laprairie depuis sa fondation jusqu’à ce jour, 1854. Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquet : P1, S4, D186.
[3] Lettre d’Edmond (sans nom de famille) à Richard Casimir Dufresne, 28 mars 1857. Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquet : P1, S4, D178.
[4] Par comparaison, la bibliothèque de l’Institut canadien de Montréal, inaugurée en 1845, possède 2 974 volumes en 1856, 3 043 en 1857 et 4 270 en 1858. Voir Lamonde Yvan, « La bibliothèque de l’Institut canadien de Montréal (1852-1876) : pour une analyse multidimensionnelle », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. XLI, no 3, 1988, p. 339.
[5] Rapport annuel et Inventaire des biens de la Société littéraire de La Prairie, 1858. Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquet : P1, S4, D186.
[6] Béliveau Johanne, Rives et dérives : les rapports dialogiques entre la communauté de La Prairie et le fleuve Saint-Laurent 1667-1900, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, 2011, p. 57.
Au début du XXe siècle, toutefois, la Société littéraire n’a plus la vitalité et l’élan de ses premières années. Le registre des assemblées (1906-1982) témoigne du changement qui s’est produit. On n’y trouve presque aucune mention de la bibliothèque, alors que le jeu de billard, auquel les membres consacrent des centaines de dollars en réparations et en achats d’équipement, est au centre des préoccupations[1]. On comprend la déception du bibliothécaire, qui fait cette confidence à l’écrivain laprairien Emmanuel Desrosiers[2] dans une lettre du 16 janvier 1920 :
J’ai eu beau faire un long travail de classification ; j’ai eu beau même confectionner un catalogue de tous les ouvrages contenus dans la bibliothèque, ce coin de la salle est toujours désert, et j’ai dépensé mon temps et mes fatigues en pure perte[3].
C’est dans ces circonstances que, le 5 décembre 1923, le jeune vicaire Élisée Choquet devient membre de la Société littéraire de La Prairie. Né à Richelieu en 1900, il a étudié la théologie et la philosophie chez les Sulpiciens et a été ordonné prêtre le 26 mai 1923. Son premier séjour à La Prairie est bref : dès 1924, il quitte ses fonctions pour poursuivre ses études au Collège canadien de Rome, où il obtient le grade de docteur en philosophie. À son retour au pays, il officie quelques années à Saint-Eusèbe et à Sainte-Clotilde, puis redevient vicaire à La Prairie en 1929. C’est à ce moment qu’il commence à s’impliquer véritablement dans la Société littéraire.
Homme instruit et ambitieux, formé aux meilleures écoles, Élisée Choquet constate avec dépit la pauvreté de la vie intellectuelle dans sa ville d’adoption. Le 31 mars 1930, comme le bibliothécaire de la Société dix ans plus tôt, il confie à Emmanuel Desrosiers sa déception et son amertume :
Trop souvent il nous arrive de rencontrer la paresse intellectuelle pour rester indifférents à l’ambition légitime de faire autre chose que de faire éclater des pétards, le jour de la S.-Jean-Baptiste ou des grands anniversaires.
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[1] Voir le registre des assemblées de la Société littéraire de La Prairie. Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Société Littéraire de La Prairie : P4, D1, P2.
[2] Emmanuel Desrosiers (1897-1945), natif de La Prairie, a publié de nombreux contes, récits, reportages et textes d’opinion dans La Presse, La Patrie et La Parole, entre autres périodiques. Il est aussi l’auteur du roman d’anticipation La Fin de la terre, paru en 1931. Voir Houde Laurent, « Emmanuel Desrosiers, écrivain », Au Jour le Jour : Bulletin de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, vol. XVIII, no 9, 2006, p. 5-6.
[3] Lettre de l’abbé Valois à Emmanuel Desrosiers, 16 janvier 1920. Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Emmanuel Desrosiers : P17, S2.
Plus loin, après avoir invité son correspondant à donner une conférence à la Société littéraire, il renchérit :
Vous devinez bien que je n’oserais garantir salle comble, mais tout de même assistance convenable, en faisant appel aux gens susceptibles de s’intéresser aux choses de l’esprit : il n’en pleut pas sur le sol qui vous a vu naître [1]!
En évoquant les « pétards » qu’on tire à la Saint-Jean-Baptiste, Élisée Choquet condamne en réalité l’ensemble des amusements frivoles auxquels se livrent ses concitoyens. Il est probable que cette critique vise en grande partie le cinéma, qui s’installe justement à La Prairie dans les années 1920[2] et dont le clergé canadien-français dénonce les effets corrupteurs et abêtissants[3]. Selon un pamphlet de l’époque, le cinéma entraînerait en effet « l’absence de toute énergie, de toute vigueur, la mort aux nobles sentiments[4]. »
Ayant diagnostiqué le problème, Élisée Choquet décide de mettre en branle une activité intellectuelle digne de ce nom à La Prairie. C’est par le biais de la Société littéraire qu’il espère y parvenir. Cette vieille institution sera l’instrument qui élargira petit à petit l’esprit de ses concitoyens, qui leur inculquera le goût des lettres et des sciences. De fait, le 7 mars 1930, moins d’un an après être redevenu vicaire à La Prairie, Élisée Choquet présente aux membres de la Société une série de propositions dont le registre des assemblées conserve la trace :
Monsieur l’abbé Choquet fait d’intéressantes suggestions pouvant rehausser le cachet littéraire de la Société :
1 o Bibliothèque – il propose de voir au rapaillage de tous les volumes de la société qui manque [sic] dans les rayons. Afin de donner à la bibliothèque un caractère paroissial, il conseil [sic] la formation d’un comité spécial à la bibliothèque qui verrait à son entretien et à la distribution des volumes à tous les paroissiens, y compris les dames et les jeunes filles […].
2 o Conférences publiques — il informe le comité qu’avec un consentement, il pourra faire venir, chaque mois, un conférencier étranger. Le projet est accepté avec enthousiasme […][5].
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[1] Lettre d’Élisée Choquet à Emmanuel Desrosiers, 31 mars 1930. Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Emmanuel Desrosiers : P17, S2.
[2] Houde Claudette, « La “culture” à La Prairie aux XIXe et XXe siècles », Au Jour le Jour : Bulletin de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, vol. XI, no 7, 1997, p. 5.
[3] Lever Yves, « L’église et le cinéma : une relation orageuse », Cap-aux-Diamants, no 38, 1994, p. 24-29.
[4] Hamel Oscar, Le Cinéma : ce qu’il est dans notre province, l’influence néfaste qu’il exerce, les réformes urgentes qui s’imposent, Montréal, École sociale populaire, 1928, p. 4.
[5] Registre des assemblées de la Société littéraire de La Prairie, 7 mars 1930. Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Société littéraire de La Prairie : P4, D1, P2.
C’est un retour aux sources, aux principes fondateurs de la Société littéraire, que vise l’abbé Choquet. Les expressions qu’il emploie dans sa lettre à Emmanuel Desrosiers le montrent bien : il veut « reformer la tradition des conférences […] à la Société littéraire », « ressusciter Laprairie l’endormie » (je souligne). Ces propositions sont bien accueillies, comme en témoigne l’extrait cité plus haut. La même année, Élisée Choquet est nommé « membre à vie, et sans contribution [financière], de la Société littéraire de La Prairie, en reconnaissance du grand intérêt qu’il sait porter au bon fonctionnement de ladite Société[1] ».
Mais l’engouement initial est bientôt dissipé, et la Société littéraire peine à réaliser ses objectifs. Le programme de conférences ne demeure qu’une intention, pour des raisons que les procès-verbaux des assemblées ne permettent pas d’élucider. Le programme d’acquisition de livres, lui aussi, reste sans écho. L’assemblée du 6 septembre 1933 révèle à cet égard un véritable échec : « Le bibliothécaire [Élisée Choquet] fait rapport qu’après s’être intéressé à la location des livres pendant plus d’un mois, il s’en présenta si peu qu’il dut abandonner sa tâche ». La Société littéraire étant financièrement indépendante, elle se détourne vite de l’avenue peu lucrative que lui désigne l’abbé Choquet, d’autant plus qu’elle enregistre d’importants déficits[2]. On cesse donc, lors des assemblées, de s’intéresser à la bibliothèque ou au programme de conférences. On planifie plutôt un tournoi de bridge (12 sept. 1933), on autorise les jeux de cartes (8 mars 1934), on acquiert une table de ping-pong (17 nov. 1934), une table à cartes (29 nov. 1934), des accessoires de billard (13 févr. 1935) et un jeu de sacs de sable (4 sept. 1935).
Est-ce par esprit de compromis que l’abbé Choquet commence alors à émettre ou à seconder des propositions qui n’ont, à première vue, rien à voir avec la régénération de la Société littéraire ? Espère-t-il mieux faire accepter — ou mieux financer — ses projets ambitieux en cédant du terrain aux divertissements ? Dans le registre des assemblées, le 4 octobre 1933, on le voit notamment proposer « une légère dépense qui mettra en mouvement un tournoi de dames ». Plus curieusement encore, Élisée Choquet seconde le 11 avril 1934 une proposition voulant que « les membres en règle soient autorisés à jouer à l’argent sauf en cas de visite ». Cela, de la part d’un prêtre licencié en droit canonique, et au mépris de la constitution de la Société littéraire, qui interdit en toutes lettres les jeux d’argent [3]!
Du 5 mars 1930 au 6 mars 1935, Élisée Choquet assiste à toutes les assemblées de la Société littéraire, où il cumule les fonctions de bibliothécaire (depuis 1930) et de secrétaire (depuis 1933). Durant cette période, ses interventions se font toutefois de plus en plus rares, et bientôt il n’émet plus aucune proposition relative à la bibliothèque ou aux conférences. À partir de mars 1935, il se montre de moins en moins assidu, s’absente de plusieurs assemblées. Après le 7 octobre 1936, où un nouveau secrétaire note son absence, son nom n’apparaît plus. Depuis septembre 1936, en effet, Élisée Choquet est vicaire à Longueuil. Malgré l’enthousiasme initial, le projet de ressusciter la Société littéraire finit sans succès et sans bruit, comme un pétard mouillé.
La régénération de la Société littéraire était-elle vouée à l’échec ? Beaucoup d’associations s’épanouissent au Québec dans les années 1920 et 1930. Mais la tendance est décidément au militantisme nationaliste et catholique : ce sont surtout l’Action française, l’Association catholique de la jeunesse canadienne-française (ACJC) et Jeune-Canada qui mobilisent la jeunesse et forment l’esprit public à force de publications, de conférences et de rassemblements.
Or la Société littéraire de La Prairie est, depuis ses débuts, résolument apolitique[4], et les vagues ambitions d’Élisée Choquet, qui aspire à « l’édification scientifique et littéraire de son pays[5] », étaient parfaitement étrangères à l’activisme en vogue. Voilà peut-être une des causes de l’échec de l’abbé Choquet : sa vision de la Société littéraire semble anachronique, figée dans des principes et des idéaux qui pouvaient électriser la nation au milieu du XIXe siècle, mais qui, dans les années 1930, paraissent ternes et dépassés. Certes, son souci de rejoindre l’ensemble du village, « y compris les dames et les jeunes filles », apportait une touche de modernité à son projet. Mais c’était manifestement trop peu. Pour réveiller « Laprairie l’endormie », il aurait peut-être fallu donner une nouvelle orientation à la Société littéraire, l’ouvrir à la politique, aux questions religieuses, à la défense de la langue, à tous les débats brûlants de l’époque, au lieu de renouer avec un passé révolu.
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[1] Ibid., 5 mars 1930.
[2] Ibid., 6 septembre 1933, 8 mars 1934, etc.
[3] Constitution & Règlements de la Société littéraire du village de Laprairie, 1885, règlement no 10. Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquet : P1, S4, D173.
[4] Constitution et Règlements de la Société littéraire de La Prairie, 1855, article 28 (ajouté le 24 mars 1858). Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Élisée Choquet : P1, S45, D174.
[5] Lettre d’Élisée Choquet à Emmanuel Desrosiers, 31 mars 1930. Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Fonds Emmanuel Desrosiers : P17, S2.
La Maison Chevalier, dans le Vieux-Québec a fait les manchettes depuis sa vente par le musée de la civilisation à Gestion 1608, une filiale du Groupe Tanguay.
De nombreux spécialistes s’opposaient fermement à la vente de ce bâtiment classé il y a 65 ans. Puis voilà que l’historien Luc Noppen tente de nous démontrer que la restauration de 1956 n’en fut pas vraiment une; les démolisseurs n’y seraient pas allés de main morte, l’architecte aurait confondu latrines et cheminées, etc. En conséquence, le bâtiment ne serait pas aussi « patrimonial » que certains le prétendent.
Cette vente à la hâte n’est que le plus récent chapitre illustrant l’incapacité du ministère de la Culture et des Communications (MCC) de protéger les plus beaux joyaux de notre patrimoine bâti. Depuis quelques décennies et davantage récemment, le patrimoine québécois a subi des pertes irrécupérables. Que ce soit par indifférence, par ignorance, par mauvaise foi ou par manque de financement, les municipalités et les propriétaires privés laissent se détériorer des bâtiments exceptionnels qui autrement pourraient être récupérés. On démolit trop souvent sous de fallacieux prétextes.
En 2012, la nouvelle loi sur le patrimoine culturel transférait aux municipalités des responsabilités en matière de gestion du patrimoine que ces dernières, faute d’expertise, d’encadrement et de financement, étaient incapables d’assumer correctement. Pour corriger cette situation, il faut absolument revoir la loi et les orientations du MCC.
C’est dans ce sens qu’en juin 2020, le Vérificateur général du Québec présentait à l’Assemblée nationale un rapport sur les performances du ministère de la Culture et des Communications dont voici les principales conclusions :
Il n’y a pas de stratégie d’intervention en matière de patrimoine immobilier, alors qu’une telle stratégie aiderait notamment le MCC à susciter l’adhésion collective et à résoudre des enjeux de sauvegarde qui existent depuis des décennies.
Le MCC encadre peu les actions des municipalités, alors qu’elles sont des actrices incontournables en ce qui concerne la sauvegarde du patrimoine immobilier.
Le MCC ne détient pas l’information qui lui permettrait de bien intervenir sur le patrimoine immobilier québécois.
Le classement de biens patrimoniaux ne fait pas l’objet d’un traitement équitable et diligent par le MCC.
Le MCC n’offre pas aux propriétaires d’immeubles patrimoniaux les outils et le soutien appropriés pour leur permettre de bien orienter leurs interventions et d’assurer la conservation de ces immeubles. (À La Prairie, grâce au programme d’aide à la restauration des bâtiments d’intérêt patrimonial et du site patrimonial, une aide financière substantielle a récemment été rendue disponible aux propriétaires de bâtiments anciens.)
L’État ne fait pas preuve d’exemplarité en matière de sauvegarde et de valorisation du patrimoine immobilier. (Le cas de la bibliothèque Saint-Sulpice, classé monument historique en 1988, en est un exemple flagrant.)
Malgré les multiples efforts d’un comité de sauvegarde, après cinq années d’intervention, le sort de la maison Brossard du chemin des Prairies à Brossard n’est toujours pas fixé. De plus, de nombreux propriétaires de maisons anciennes restaurées selon les règles ont de la difficulté à trouver preneur lorsqu’ils souhaitent s’en départir. Notre patrimoine bâti vit actuellement des heures sombres.
Dans le but de remercier la SHLM d’avoir participé à la gestion du piano du Sentier du Vieux-Fort l’été dernier, la Ville de La Prairie a offert aux bénévoles de la SHLM une paire de billets pour le concert du Choeur classique de La Prairie.
Nous avons effectué un tirage le jeudi 25 novembre en présence de Caroline Laberge, Michel Daoust (nouveau membre) et Stéphane Tremblay. La gagnante est Mme Nicole Surprenant, bénévole à la vente de livres usagés d’octobre dernier.
À cause des mesures sanitaires en vigueur, le concert, qui devait avoir lieu le 11 décembre, a dû être reporté au 12 mars 2022.
L’année qui s’achève aura été une année de transition. Nos locaux, fermés durant l’hiver et le printemps, ont finalement été accessibles au début de la saison estivale. Au printemps, nous avons effectué un changement au niveau de notre structure organisationnelle en procédant à l’embauche d’une directrice générale, madame Caroline Laberge. Avec l’arrivée de quatre guides étudiants en juin, nous avons connu un été plus achalandé qu’en 2020 : tenue d’une exposition sur l’histoire du Régiment de Carignan-Salières, indexation du bulletin mensuel ainsi que la reprise des visites guidées. Au grand plaisir de nos membres et des citoyens, certaines de nos activités, dont la vente de livres usagés et le club de généalogie, sont revenues cet automne.
En novembre 2022, la SHLM aura 50 ans. Cinq décennies de travail acharné par tous les bénévoles pour faire connaître l’histoire locale et la généalogie de nos ancêtres. Un demi-siècle à documenter et à défendre le patrimoine culturel et bâti. En 2022, plusieurs activités viendront souligner nos 50 ans d’existence. Nous en dévoilerons le calendrier après la période des Fêtes. Finalement, nous prévoyons le retour de toutes nos activités récurrentes en 2022 (conférences mensuelles, ateliers de généalogie et de paléographie).
Je vous souhaite de Joyeuses Fêtes ainsi qu’une excellente année 2022 !
Stéphane Tremblay, Président
Décembre c’est Noël, mais c’est aussi le temps de
renouveler votre carte de membre de la SHLM !
Si l’année 2021 a plutôt été tranquille en raison de la
pandémie, l’année 2022 sera grouillante d’activités !
Oui : en 2022 la SHLM fêtera ses 50 ans d’existence !
Et plusieurs activités sont prévues tout au long de l’année afin de
souligner ces 50 années de labeur bénévole !
Les activités sont gratuites pour les membres comme vous le savez, alors pourquoi s’en passer ?
Vous pouvez renouveler votre adhésion de plusieurs façons:
Passez le mot à votre entourage ! Défi recrutement lancé !
Caroline Laberge, archiviste et directrice générale
Au jour le jour, novembre 2021
Table potagère « pique-nique sur l’herbe » de l’artiste Albert Mondor. Partie de l’exposition de « land art » qui a eu lieu dans le Vieux La Prairie.
N.D.L.R. Quatre étudiant.e.s ont étroitement collaboré aux activités de la SHLM au cours de l’été dernier. À leur suggestion, nous leur offrons l’occasion de résumer leur expérience estivale. Nous publions ici le dernier de ces textes.
Ce mois-ci : Marie-Pierre Bellemare, guide touristique
Après trois ans à ce poste, on pourrait penser que rien ne pourrait nous surprendre. Je me trouve corrigée ! Bien que je ne trouve pas que la pandémie ait tant influencé mon expérience de travail, que le débit estival n’ait pas vraiment changé en comparaison à 2019 et que nos tâches normales n’aient pratiquement pas changé, j’ai quand même pu me trouver une nouveauté.
En plus de faire des visites guidées, j’ai participé à promouvoir la SHLM via son profil Facebook. Ainsi, j’ai pu explorer une nouvelle facette de mon poste de guide en essayant de toucher un public plus large.
En effet, Facebook m’a permis d’interagir avec des utilisateurs et amateurs d’histoire, de répondre aux questions des utilisateurs, qu’elles soient reliées à l’histoire ou à nos heures d’ouverture ! C’était une autre façon de pouvoir aider les intéressés de l’histoire même s’ils n’étaient pas présents au local. Ensuite, j’ai utilisé les photos de nos archives pour créer les publications, c’était en majorité des photos des rues de La Praire et de ses habitants au fils des ans. C’était fantastique de m’immerger dans le quotidien de ces gens et leur ville, qui est méconnaissable aujourd’hui, comme un voyage dans le temps. J’ai ensuite utilisé le logiciel Canva pour donner libre cours à mon esprit créatif et mes inspirations.
Je suis une personne qui aime parler d’histoire et ce travail me permet de le faire chaque jour. J’aime utiliser les archives pour apprendre des faits cocasses à ajouter à mon circuit ou approfondir certains sujets. Par exemple, l’histoire du maire et médecin Thomas Auguste Brisson.
Je suis une personne curieuse et j’aime entendre ce que les autres ont à dire sur l’histoire. Donner des visites guidées, c’est plus que donner une tonne d’informations, c’est aussi un partage du quotidien de ceux qui ont peut-être vécu l’histoire ou qui sont en train de la vivre.
Je suis moi-même citoyenne de La Prairie et je deviens souvent comme une publiciste de ma ville. Je fais la promotion des commerces et j’adapte la visite à ce que les visiteurs cherchent dans leur quotidien.
Par exemple, une nouvelle famille qui vient d’emménager à La Prairie à qui je peux pointer les commerces qui conviendraient à leurs besoins ! C’est pour ça que j’aime revenir chaque année, j’y découvre sans cesse de nouvelles anecdotes. De plus, j’aime le quartier et la vie qui s’y passe.
Comme je le dis souvent durant mes visites, le Vieux La Prairie est un quartier vivant !
Selon Wikipédia, le land art, un mouvement né en Suisse, est une tendance de l’art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, eau, rocher, etc.). Le plus souvent, les œuvres sont en extérieur, exposées aux éléments et soumises à l’érosion naturelle ; ainsi, certaines œuvres ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos.
Dans la foulée de ce mouvement artistique, grâce à une subvention du ministère de la Culture, le service des loisirs de La Prairie a organisé une exposition de land art urbain dans le Vieux La Prairie. L’événement, qui regroupait 5 artistes participants, s’est poursuivi du 29 août au 11 octobre dernier.
Les visiteurs étaient invités à découvrir les œuvres en empruntant le parcours piétonnier proposé : Parc Pierre-Raffeix, Maison-à-Tout-le-Monde, Sentier du Vieux-Fort et Parc du Rempart.
Pour le non-initié le land art propose des œuvres aux allures originales et aux noms parfois intrigants : coronarius, samare, chrysalide et capucosses. Tout cela étant inspiré de la nature.
La description de chacune des œuvres invite à la réflexion ainsi qu’à un regard nouveau sur l’environnement. Citons en exemple la description que l’artiste Marc Walter a faite de son œuvre « Les Capucosses » :
« Les Capucosses encapuchonnent, c’est-à-dire qu’elles enveloppent leurs visiteurs dans leur espace intimiste. En tant que cosses, el
les protègent les visiteurs qui en deviennent des graines.
Immersives, elles incitent à un regard renouvelé sur les environs à travers les hublots et les entrelacements de branches.
Surprenantes, ludiques et résilientes, elles inspirent par leur simplicité.
Face à face, elles évoquent une relation filiale. »
Quoique fort intéressante, l’exposition a été déconstruite à sa date d’échéance. On l’aurait laissé sur place que mère Nature se serait chargée de les dégrader.
Cette semaine thématique, organisée par la Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG), se déroulera du 20 au 27 novembre. Cette année, c’est l’histoire des Franco-Américains qui sera abordée dans la majorité des activités offertes par la FQSG avec, en vedette, deux conférences en ligne (gratuites) en lien avec ce thème. Plus de détails sur le site de la Semaine nationale de la généalogie (www.semainegenealogie.com).
La SHLM, membre de la FQSG, participera à cette 9e édition de la Semaine nationale de la généalogie en organisant une soirée portes ouvertes, animée par le club de généalogie. L’activité se tiendra le lundi 22 novembre 2021 entre 19 h et 21 h dans nos locaux du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Bienvenue à toutes et à tous!
Stéphane Tremblay, Président
GFA (généalogiste de filiation agréé)
Dans le cadre de la neuvième édition de la Semaine nationale de la généalogie, nous vous invitons à une soirée portes ouvertes le lundi 22 novembre à 19 h 00.
Bienvenue à tous!
Un nouveau livre, Un destin entrecroisé Histoire de notre famille Lapierre-Leblanc, nous a été donné par René Lapierre, l’auteur de cet ouvrage.
L’ensemble des membres de la SHLM vous remercie.
Le petit bâtiment encerclé à droite sur la photo est l’ancienne usine de pompage des eaux usées vers le fleuve. Son usage a été abandonné en 1990 avec l’ouverture de l’usine de traitement des eaux usées du Bassin de La Prairie.
Au jour le jour,
Par