Au jour le jour, février 1999
Lettre adressée à Monseigneur J. Octave Plessis, évêque de Québec, par l’abbé Jean-Baptiste Boucher de Belleville, curé de La Praire de 1792 à 1839.*
La Prairie, 24 nov. 1807
Monseigneur,
C’est avec une véritable douleur que je me vois forcé de donner à votre Grandeur connoissance des désordres qui ont eu lieu dernièrement dans notre Village, formé en grande partie, il faut le dire pour l’honneur de la Prairie, de pièces rapportées de tous les lieux. Il s’est fait tous les soirs, hors dimanche, depuis mardi le 17 du courant, un charivari où se sont commis tous les excès, toutes les impiétés dont est capable une vile canaille sans honneur, sans foi, sans moeurs et sans frein, et où se sont vociférés les injures les plus atroces, les propos les plus orduriers, les plus infames, qui décéloient les coeurs les plus corrompues, masques hideux, travestissements abominables de garçons en filles, profanations des cérémonies et chants funèbres de l’Église, toutes les horreurs ont été employés, enfants, jeunes gens, pères de famille, filles et femmes, presque tous, l’exception n’est pas considérable, y ont pris part ou par leur conseil ou leur présence et leurs applaudissements, ou par leurs paroles ou leurs actions; ou en fabriquant ou prêtant masques, cercueils, vêtements, ou autres apparaux de charivari. Jamais on ne vit semblable désordre dans nos campagnes.
Dimanche dernier, après avoir dit tout ce que je pus pour arrêter le désordre, j’annoncai qu’en attendant les ordres de Votre Grandeur, je n’admettrois aux sacremens aucun de ceux qui avoient pris part active au charivari, ceux qui ont fourni ou fabriqué soit masques, ou quoique se soit pour le foin. Les filles et femmes qui ont eu la bassesse de prêter pour cela leurs vetements, enfin les pères et mères, maitres et maitresses qui ont souffert que leurs enfans ou domestiques y prissent part.
J’annoncier de plus que cette année je ne ferois point la neuvaine de St-Francois Xavier dont il m’y avait guère que les personnes du village qui profiter, et dont peu étoient dignes, et que si le tumulte ne cessoit point, il n’y auroit point de Messe de Minuit.
Le désordre si ce point cessé; en mépris de ce que j’avois prêché, les noms de curé et de prône ont retenti la nuit dernière parmi les atrocités addressées aux Epoux; et à une espèce de convoi funèbre auquel assitoient peut-être 100 personnes, dix environ sans le masque, on a remarqué un surplis et un camail … parmi les coupables, plusieurs étoient pour être confirmés …. Les gens de campagnes n’ont point pris de part à ses horreurs, on en accuse deux ou trois.
Je suis avec le plus profond respect de Votre Grandeur
Le très humble et obéissant serviteur
J. B. Boucher
ptre
Avoir dans la vingtaine, être jeune et dynamique avec plein de projets d’avenir. Voilà un bien beau portrait que plusieurs aimeraient présenter. C’est celui de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine(SHLM) qui aura 27 ans le 18 septembre prochain. À cet âge, on a quitté depuis un certain temps l’adolescence, l’expérience commence à se faire sentir et ce, tout en conservant une jeunesse certaine. Votre Société est donc rendue à cette étape, et malgré qu’elle ait déjà beaucoup de réalisations à son actif, elle ne veut pas s’asseoir sur ses lauriers. C’est pourquoi, il serait bon de faire un bilan de l’action passée afin de mieux entrevoir ce qui reste à venir.
Fondée en 1972 par un groupe de citoyensRéal Legault, Yves Duclos, Ernest Rochette, Denise Landry, Claudette Houde, Réal Cuillierriersoucieux de préserver le patrimoine architectural du Vieux-La Prairie, la SHLM a réussi à contrôler l’appétit vorace des promoteurs, préservant ainsi le caractère unique du vieux quartier entourant l’église de la Nativité. Les recherches de M. Lazlo Demeter et de ses étudiants de la Faculté d’architecture de l’Université de Montréal ont aussi grandement aidé à préserver le Vieux-La Prairie. Elles ont mené directement à la déclaration d’Arrondissement historique par le Ministère des Affaires culturelles en 1975. La SHLM y a participé directement en aidant le groupe de chercheurs de l’Université de Montréal. Aujourd’hui, La Prairie peut se vanter d’avoir un des rares arrondissements historiques du Québec qui a su préserver son patrimoine bâti tout en demeurant un lieu de résidence paisible.
Parmi les premières activités auxquelles la SHLM a participé, il y eut les fêtes de la Saint-Jean-Baptiste de 1972 et 1973. Mais très vite, les membres de la Société sentirent le besoin de faire mieux connaître les richesses du patrimoine laprairien. Une exposition de photos anciennes fut organisée grâce à une contribution financière du gouvernement fédéral (Projet initiatives locales, PIL). Bien d’autres expositions vont suivre au cours des années subséquentes: église de la Nativité (1991), outils anciens (1992), les travaux de la maison (1993), les briqueteries (1994), voie maritime du Saint-Laurent (1995), les Frères de l’Instruction chrétienne et les écoles avant 1950 (1996), les contenants amérindiens anciens (1997), les 25 ans de la Société historique de La Prairie (1997).
En 1975, un autre projet PIL permit de publier l’Inventaire des actes notariés du village de La Prairie (1670-1860). Un outil précieux pour les chercheurs. Lentement, la SHLM devint peu à peu un lieu de préservation et de consultation de copies d’archives. C’est ainsi que de 1978 à 1979, Mme Patricia Mc Gee-Fontaine, aidée par des bénévoles, se rendit aux Archives nationales du Québec à Montréal afin de classer les 30 000 documents du fonds Élisée Choquet. De plus, l’équipe entreprit un lent et fastidieux travail de photocopie de 20 000 documents du fonds. C’est pourquoi la SHLM est aujourd’hui, après les Archives nationales du Québec, le seul dépositaire de ces précieuses données portant sur l’histoire de La Prairie et de sa région.
La Société historique de La Prairie a le plaisir de vous offrir une toute nouvelle série de cours portant sur l’archéologie québécoise. Venez découvrir les richesses insoupçonnées de notre patrimoine enfoui. Suivez les pas des premiers Américains arrivés il y a plus de 30 000 ans sur notre continent. Voyez comment ils ont vécu et ont migré au Québec en suivant le retrait des glaciers. Suivez de près leur évolution jusqu’à l’arrivée des premiers Européens (Vikings, Basques, Espagnols, Français, Anglais). Redécouvrez l’histoire d’une façon dynamique. Venez toucher des outils vieux de plusieurs milliers d’années, apprenez comment on les fabriquait en redécouvrant les vieilles techniques de taille de la pierre. Plongez dans l’histoire de La Prairie et de la région en venant vous balader avec nous et découvrant des vestiges d’un passé lointain ou plus récent.
Les cours d’archéologie c’est:
– Des rencontres avec l’archéologue Charles Beaudry qui vous fera profiter de son expérience.
– Des films et des diaporamas.
– Des excursions dans la région pour découvrir des sites archéologiques.
– Un magnifique voyage dans le temps de la préhistoire jusqu’à nos jours.
– Sept rencontres et trois excursions.
Où: Au local de la SHLM, 249, rue Sainte-Marie, La Prairie
Quand: À partir du 14 avril, à 19h00, les excursions se feront le samedi après-midi
Coûts: cours et excursions: 30,00$ pour les membres, 35,00 $ pour les non-membres
excursions seules: 5,00 $ par excursion (membres ou non-membres)
Inscription :
Par la poste à la Société historique de La Prairie, 249 rue Sainte-Marie, C.P. 25005 La Citière, La Prairie, Québec, J5R 5H4. Les chèques doivent être faits au nom de la Société historique de La Prairie. On peut aussi s’inscrire directement en venant au local de la Société.
Informations : (450) 659-1393, téléphone
(450) 659-2857, télécopieur
[email protected], courrier électronique
L’année 1980 est marquée par d’importants travaux dans le quartier historique. On y restaure entre autres le Musée du Vieux marché grâce au Programme Amélioration de Quartier (PAQ) financé par les trois paliers gouvernementaux (fédéral, provincial et municipal). Pendant cette même année, la SHLM organise une exposition, participe à l’élaboration de panneaux historiques dans le sentier piétonnier et publie un dépliant sur l’arrondissement historique ainsi qu’un calendrier avec des reproductions de photos anciennes. À cette même époque, de plus en plus de gens de l’extérieur viennent nous visiter. La SHLM s’enrichit du fonds “Les Biens administratifs des Jésuites”. On photocopie les milliers d’actes, suit alors une étude et une classification du fonds.
La diffusion a toujours été au cœur des préoccupations de la SHLM. En 1981, un dépliant sur l’Arrondissement historique est publié en collaboration avec l’Association touristique Rive-Sud et le Ministère des Affaires culturelles. Un premier bulletin, Le Bastion, voit le jour la même année. L’ancêtre du Au Jour le Jour sera publié 4 fois l’an pendant deux ans. Des guides touristiques (4) sont publiés ainsi que la liste des habitants de la Seigneurie de La Prairie. Et ce n’est qu’un début ! De nombreuses publications verront le jour par la suite. On peut mentionner “Le train des retrouvailles” (1986), quatre volumes de généalogies par Viateur Robert (1984-1987), quatre cahiers de recensements de la Seigneurie de La Prairie (1987), matériel didactique et guide pédagogique pour les étudiants du primaire “Je découvre l’archéologie”, “Bibliographies des œuvres de Jean-Jacques Lefebvre et d’Élisée Choquet”(1995), dépliant touristique “Circuit patrimonial au cœur du village” (1995-1996).
L’année 1982 marque le début d’une implication de la SHLM dans le milieu scolaire. Un document pédagogique intitulé “Connais-tu La Prairie ?” est produit pour les élèves du 2e cycle du primaire. Suit en 1984 un diaporama pour les jeunes, “Le coffre aux ancêtres”. Des jeux éducatifs seront produits par la suite (Archéo-Logic, le Parcours historique). Le projet “Dialogue avec l’Histoire” poursuit donc l’action de sensibilisation commencé auprès de la jeunesse étudiante voilà plus de 15 ans.
Aimer l’histoire ne veut pas dire que nous soyons “passéistes”. En effet, la SHLM n’a jamais craint d’utiliser les outils informatiques pour la gestion de ses nombreuses données archivistiques et bibliographiques. Dès 1990, on commence l’informatisation du Fonds des Jésuites. Vient ensuite celle des photos, des baptêmes et sépultures et de la bibliothèque. La recherche est maintenant grandement facilitée grâce à ces nouveaux outils performants et rendent de nombreux services aux visiteurs ou chercheurs de La Prairie et d’ailleurs. En 1995, le programme informatique ARCHI-LOG est créé. Il sert à la gestion et à la description des documents d’archives selon des normes reconnues mondialement. La SHLM peut être fière de cette réalisation dont la qualité a été reconnue par l’attribution du prix annuel (organisme privé) de l’Association des Archiviste du Québec en 1998. Enfin depuis 1997, le site Web de la SHLM peut être consulté partout dans le monde, assurant une large diffusion de l’histoire et du patrimoine laprairien.
On pourrait aussi parler du service de guides touristiques offert aux nombreux étudiants et touristes qui viennent découvrir notre passé en faisant une agréable balade parmi nos vieilles demeures. L’abondance des ressources archivistiques et les recherches en cartographie historique aident grandement les archéologues qui mettent à jour depuis plus de 20 ans les richesses de notre patrimoine enfoui. Ils ont ainsi pu découvrir des vestiges de toutes les époques de notre histoire jusqu’à des sites amérindiens de près de 2 000 ans.
Il y aurait bien des choses à dire encore que ce trop bref résumé n’a pu aborder. De nombreux noms ont été omis, car même une simple énumération de toutes les personnes qui ont contribué à faire ce qu’est la SHLM aujourd’hui prendrait plusieurs pages. Ce sont ces personnes et celles qui poursuivront l’œuvre de notre organisme qui font la force et donne une âme à la Société historique de La Prairie.
Du frère Jean Laprotte, deux volumes :
La Décennie des Pionniers 1 et 2, 1886-1896, implantation mennaisienne en Amérique du Nord
auteur : F. Jean Laprotte
éditeur : Études Mennaisiennes
rédaction : Rome, novembre 1998
Lettre adressée à Monseigneur J. Octave Plessis, évêque de Québec, par l’abbé Jean-Baptiste Boucher de Belleville, curé de La Praire de 1792 à 1839.*
Laprairie 17 déc 1807
Monseigneur,
Le mandement de votre Grandeur, au sujet du charivari, me parvint jeudi de la semaine dernière et conformément à l’avis de Mr Legrand Vicaire n’appercevant point encore dans les coupables des dispositions à des sentiments de repentance, je ne fis, Dimanche dernier qu’en annoncer la réception, et j’en remis, à dimanche prochain, la lecture à laquelle je tâchai de les préparer le charivari ne finit que le 25 Nov: et ne finit que parce que les époux payèrent 7 piastres. J’avais annoncé d’avance que j’exigerois la restitution de l’argent ainsi extorqué. Après l’avoir encore répété depuis, j’ajoutai dimanche dernier qu’elle faisoit une partie de la satisfaction imposée par Votre Grandeur, et personne n’a encore paru pour le faire. Ils se sont fait un principe que cette extorsion étoit légitime en donnant une partie de l’argent aux pauvres… je donnerai à votre Grandeur connoissance de l’effet que produira la lecture du mandement … Je suis avec le plus profond respect,
Monseigneur,
De votre Grandeur,
Le très humble et très obéissant serviteur,
J.B. Boucher Ptre
…suite au prochain numéro de «Au Jour le Jour»
N.B. Il sera question des réactions du curé Boucher au charivari lors de la conférence donnée par Gaétan Bourdages en mars prochain.
Prochaine conférence mercredi le 17 février, 20h
Julie Hamel, commissaire au développement à La Prairie: son travail et les réalisations encours, les industries dans le Vieux La Prairie.
Viateur Robert (1919-1999) décédé le 10 janvier dernier, a oeuvré à la Société historique de La Prairie où il a laissé sa marque pour l’important travail accompli dans le domaine de la généalogie.
Pendant de nombreuses années, il a été à l’accueil les mardis soir de chaque semaine au local de la SHLM. Il aidait les chercheurs qui y venaient afin de trouver leurs racines. Disponible et compétent il apportait une aide efficace à ceux qui avaient recours à son expertise.
Il rédigeait régulièrement une chronique généalogique pour le journal régional Le Reflet; il sélectionnait les familles anciennes en donnant l’essentiel de leur histoire.
Viateur a publié 4 volumes qui sont une précieuse source de renseignements:
1e Des familles fondatrices de la Seigneurie de La Prairie, 1647-1988.
2e Généalogie des familles anciennes de La Prairie et des environs, 1647-1988
3e Généalogie des pionniers de La Prairie
4e Généalogie de la famille de Jean-Louis Robert et Albertine Bisaillon
Ce résident de La Prairie a servi son pays dans la carrière militaire depuis 1940. À la fin de la deuxième guerre mondiale il quitte son poste en Angleterre et s’enrôle dans les Casques bleus. Il sera successivement affecté en Corée, au Congo belge dans les rangs des effectifs de l’ONU et dans la bande de Gaza.
Il a également servi dans les Territoires du Nord-Ouest. Revenu à la vie civile en 1979 il s’intègre, à titre de bénévole, à la Société historique de La Prairie. Pendant près de 20 ans il devient chercheur en généalogie. La maladie met un frein bien involontaire à ses activités en 1997.
Hommage à Viateur Robert, généalogiste, pour l’oeuvre accomplie.
Au jour le jour, janvier 1999
Dans les années 1915-25, circulait régulièrement dans les campagnes de La Prairie, un itinérant que les cultivateurs accueillaient volontiers chez eux. Voici son histoire, telle que racontée par une octogénaire de La Prairie.
Steven Simmons, l’Irlandais, était venu au Québec via l’Angleterre. De son enfance, personne ne savait le récit. Pourquoi ce célibataire avait-il décidé d’émigrer ? Il était libre de tenter l’aventure pour un pays nouveau délaissant l’Irlande où sévissaient de sérieux problèmes économiques. Physiquement, Steven ne pouvait passer inaperçu. Plutôt chétif, il mesurait à peine 5 pieds. Ses cheveux noirs frisottant et toujours en bataille encadraient un visage aux pommettes saillantes dans lequel brillaient des yeux qui scrutaient ses interlocuteurs.
Son passage à La Prairie s’effectuait à la fin de l’été et à l’automne. D’où venait-il? Personne ne l’interrogeait à cet effet. On savait qu’il avait passé l’hiver dans la région des Cèdres, près de Montréal. Sa bonne santé témoignait du confort dont il avait joui.
La Côte St-Lambert était son point d’arrivée à La Prairie. Les fermiers l’accueillaient, dont les Boyer, pour quelques jours. Toujours poli, sans insister indûment, il sollicitait le gîte et le couvert. On le recevait, presque à titre d’ami, sans méfiance aucune. Il jouissait d’une réputation d’honnêteté proverbiale.
La fille d’Arthur Desrosiers relate plus en détail un séjour à la ferme. Voyageant par la route de terre, Steven longeait la commune, à la sortie du village ; la première maison était située sur les rives du fleuve. Steven attendait sur le perron. Après un temps d’arrêt il frappait à la porte. Timidement il demandait à Mme Desrosiers :«Madame, puis-je manger chez vous ?» Celle-ci le recevait chaleureusement et l’invitait à partager le repas.
N.B. L’anecdote qui suit est tirée de la série «Nos racines» l’histoire vivante des Québécois, numéro 34, page 679.
Madame Henry rentre à Québec
La tradition insiste sur un fait : avant 1855 aucun navire français ne navigua dans les eaux québécoises.
C'est péremptoire … et faux. Le 29 mai 1772, une goélette française, partie des îles françaises de Saint-Pierre et Miquelon, filait doucement vers Québec, portant fièrement le drapeau français. Les autorités anglaises, sidérées par la manœuvre, demeurèrent comme paralysées … Incapables de protester lorsque la goélette se présenta pour obtenir sa place au port, elles ne trouvèrent pas davantage de force pour la repousser. C'est un beau cas où la naïveté, conjugée avec l'ignorance des lois anglaises, réussit à conquérir les plus sévères légistes.
La goélette portait une douzaine de passagers, des Canadiens et des Acadiens, un musicien français ainsi qu'une femme de race noire. Le capitaine Dangeac était muni d'un passeport émis par le gouverneur des îles françaises ainsi que d'une lettre expliquant pourquoi le navire jetait momentanément l'ancre devant Québec.
Il y avait, à son bord, une jeune femme, madame Henry, ainsi que ses enfants. La femme, à cause de son mauvais état de santé, rentrait dans son pays natal pour récupérer et s'y faire soigner.
Son mari, lui-même « médecin du roi » aux îles Saint-Pierre et Miquelon, avait payé les frais de cette expédition. On demandait s'il n'était pas possible, en échange de billets et d'or, de remplir les cales de la goélette de provisions rares aux îles.
Cramahe se montra conciliant. Il laissa, semble-t-il, descendre madame Henry et il fit savoir à son mari que s'il acceptait de prêter serment de fidélité au roi, il serait accueilli ici. Le vaisseau fut chargé de farine, de biscuits et d'autres provisions dont on ignore la nature et il s'en retourna, tout bonnement, comme il était venu.
Cependant, le capitaine Dangeac, un ancien capitaine des troupes françaises en Nouvelle-France, ainsi que le gouverneur des îles devaient apprendre et ne pas oublier que tous les navires entrant sans permission dans les eaux britanniques sont considérés comme étant propriété de l'Angleterre et, à ce titre, confisqués… Cramahe, craignant à juste titre de se voir reprocher son geste magnanime, s'empressa d'en communiquer lui-même tous les détails à ses supérieurs dans les lettres datées du 3 juillet, du 25 juillet et du 10 octobre 1772.
On se demande qui était madame Henry. Il s'agissait probablement de Geneviève Fournier qui avait épousé le chirurgien Edme Henry, à Longueuil, le 20 janvier 1760. On a cru, généralement, que cet ancien chirurgien-major du régiment Royal Roussillon était rentré en France, malgré l'absence de son nom sur les listes des officiers s'embarquant en novembre 1760 pour la France. On avait, jusqu'à cette histoire de frégate, perdu toutes traces d'eux. Leur fils, Edme Henry, qui avait été baptisé à Longueuil le 15 novembre 1760 est devenu notaire, à Montréal, en 1783. Edme père était-il rentré? En tout cas, ni lui, ni Geneviève Fournier n'ont été vraisemblablement inhumés ici.
Nous avons déjà publié un article dans ce bulletin sur l’importance de la conservation du patrimoine familial. Rappelons-nous que les archives familiales sont variées et comprennent entre autres: des papiers d’identité, des documents relatifs aux études, au travail, aux activités financières, sociales et culturelles. On y trouve également des documents juridiques, des documents intimes ainsi que des souvenirs divers.
Aujourd’hui, nous souhaitons vous faire part de quelques conseils au sujet de la conservation de votre collection de photographies familiales.
Ce qu’il faut éviter de faire:
! ne conservez pas vos photos en vrac dans une boîte, qu’elle soit de carton ou de métal
! ne les placez pas près d’une source de chaleur ou dans un endroit exposé au soleil
! évitez à tout prix les albums dits «magnétiques», à surface collante
! ne jamais ranger votre matériel dans un endroit humide
! il ne faut jamais écrire sur les photographies ni sur leur bordure
Ce qu’il faudrait faire:
→ faites le tri de vos photos et classez-les par sujets ou selon l’ordre chronologique
→ utilisez un album avec pages de papier sans acide ou des pochettes transparentes
→ adoptez les coins à photographies transparents, en mylar
→ identifiez correctement l’événement ou les personnes représentées sur la photo, n’attendez pas que la mémoire vous fasse défaut
→ assurez-vous que l’identification ou la légende demeure liée à la photo
→ rangez vos albums à plat sans les écraser ou encore à la verticale
→ n’attendez pas qu’une partie de votre collection soit perdue ou détériorée avant de vous mettre sérieusement au travail
Steven prenait part aux récoltes de pommes de terre, tomates, haricots, etc. Vers 3h.de l’après-midi, il se rendait à la maison et demandait : «Madame, me garderiez-vous à coucher ?» mais oui, reste mon prophète, lui répondait la maîtresse de maison. Pour témoigner sa reconnaissance, Steven prenait part à la corvée de la lessive en brassant manuellement le moulin et en effectuant les changements d’eau.
Le coucher à l’étage, amusait les garçons et ceux-ci faisaient de gros efforts pour ne pas rire du spectacle de la prière de Steven. Agenouillé au pied du lit, à haute voix, le très catholique Irlandais s’adressait longuement et directement à Dieu.
«Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
J’aime Dieu, je me donne à Dieu,
J’ai un grand regret d’avoir offensé Dieu »
Suivait ensuite le Je vous salue Marie et un grand nombre d’autres prières héritées de son enfance. Ayant terminé, il s’allongeait sur son matelas très confortable, dont l’enveloppe de coutil était bourrée de feuilles de blé-d’Inde séchées.
Dans les campagnes, lorsqu’arrivait Steven, on disait, voilà prophète celui qui prédit la température. Le rituel était le suivant : prophète appuyait son oreille sur le mur extérieur, frappait quelques coups et écoutait longuement. Avec assurance il rendait son pronostic : demain, il fera beau ou mauvais ! On le croyait, ou presque, et les cultivateurs qui le logeaient organisaient en conséquence la journée du lendemain.
Tous les fermiers qui logeaient prophète entretenaient ses vêtements et lui donnaient également pantalons, chemises et autres. Chez Ulric Page et Alfred Lefort on le recevait particulièrement bien et on se montrait généreux envers l’itinérant, ami de tous.
Arriva un été où prophète ne revint plus ; personne ne connut jamais ce qu’il lui était advenu.
Dans les mémoires, on se souvint longtemps de l’Irlandais, foncièrement bon, qui visitait annuellement la campagne de La Prairie. Plusieurs même regrettaient son passage, l’étranger des vieux pays était devenu un des leurs.
Conférence du mois
Le 20 janvier à 20 heures
M. Jean-Paul Viaud
Sujet: «La famille X: trajet d’un immigrant entre 1850 et 1920.»
Projet local de développement des compétences
C’est avec plaisir que nous vous annonçons un autre projet approuvé qui débutera fin janvier: Projet local de développement des compétences,
4 employés pour une période de 26 semaines
I.- historien-recherchiste : Recherche bibliographique sur les personnages typiques, historiques de la grande région de La Prairie et les grands thèmes de l’histoire. Le résultat de ces recherches sera mis à la disposition des étudiants qui participent au projet Dialogue avec l’histoire.
II.- archiviste : Préparation de l’état général des fonds et collections d’archives de la SHLM. Faire la mise à jour du guide d’utilisation de notre logiciel d’archives (ARCHI-LOG)
III.- infographiste: Agencement graphique de la cartographie passée et actuelle de la Seigneurie de La Prairie pour CD-ROM. Actualiser la partie graphique de notre site WEB et réaliser l’album photographique.
IV.- agent de développement : Structuration du service des bénévoles en concevant une pochette promotionnelle, et organiser un événement promotionnel des activités.
Rayonnement de notre site WEB
Nous y avons ajouté notre bulletin «Au jour le jour» et recevons par Internet des commentaires et demandes d’un peu partout. Dernièrement M. Ken Eaton, de Californie, envoyait un message demandant si son ancêtre Clément Leriger avait été inhumé dans la crypte de l’église. La réponse lui est venue rapidement, grâce à la magie d’INTERNET.
La restauration de notre local débutera avec la fin de l’hiver. Tous les membres et amis de la SHLM sont donc invités au local de la rue Sainte-Marie tout au long de l’hiver.
Remerciements à tous ceux qui ont renouvelé leur carte de membre et un rappel à ceux qui auraient oublié.
Au jour le jour, décembre 1998
Nous terminons ce mois-ci avec le troisième et dernier article portant sur les églises de La Prairie. Rappelons qu’il s’agit d’un extrait de la correspondance que la Société historique de La Prairie a échangée avec les étudiants de l’école La Magdeleine (La Prairie) dans le cadre du projet Dialogue avec l’histoire.
En 1832, un groupe de paroissiens de La Prairie formule une requête à l’évêque de Québec pour la construction d’une nouvelle église. Mgr Signai est favorable au projet, mais le projet va avorter à cause de l’opposition de plusieurs paroissiens qui trouvent les coûts trop élevés. Toutefois, suite à l’essor économique que connaît La Prairie, grâce entre autres à la venue du chemin de fer, une nouvelle demande est faite en 1835 pour répondre à l’accroissement de la population. La demande sera accueillie favorablement par la majorité des paroissiens, on peut donc procéder à l’érection de la nouvelle église.
L’architecte anglophone de Montréal John Wells est choisi pour préparer les plans et devis du nouveau temple religieux. Ce dernier est connu pour avoir déjà préparé les plans de la banque de Montréal sur la rue Saint-Jacques à Montréal, de l’église Chalmers-Wesley à Québec, de la Christ Church à Sorel, de la prison au Pied-du-Courant ainsi que d’autres bâtiments à Montréal et Québec.
La nouvelle église sera en pierre de taille. Elle aura trois portes monumentales en façade ainsi que deux tours qui seront coiffées par des clochers en bois recouverts de fer-blanc. L’intérieur sera constitué de trois nefs (partie entre le chœur et l’entrée où se trouvent les bancs). Les colonnes qui divisent les nefs aideront à supporter des galeries latérales de chaque côté de la nef centrale. Les nefs seront éclairées par une rosace (grande fenêtre ronde) et douze baies cintrées, soit deux baies et la rosace pour la façade et 5 baies pour chacun des murs latéraux. Les dimensions extérieures de la nouvelle église seront de 166 pieds de long sur 66 pieds de large avec une élévation latérale (murs) de 40 pieds. Le tout est en mesure française (1 pied français = 1,06 pied anglais). Bien qu’on ne possède pas les plans de Wells, on peut supposer qu’il avait projeté de construire une église ayant la forme d’une croix latine.
Toutefois, le projet de Wells sera abandonné suite à la mauvaise évaluation de la quantité de matériaux nécessaires pour la construction, ce qui fait considérablement augmenter les coûts. Un procès est intenté en 1837 par les paroissiens pour faire réviser les plans. De plus, il faut se rappeler que nous sommes en pleine période de troubles politiques. Le verdict ne sera connu qu’en 1838. Dans celui-ci, on suggère de refaire de nouveaux plans afin que les coûts soient raisonnables.
On fera appel à un nouvel architecte en la personne de Pierre-Louis Morin, un prête originaire de France. Ce novice talentueux dans l’art de l’architecture propose un plan à la Récollet pour le nouvel édifice. Soit une église qui se compose d’une grande nef divisée en trois vaisseaux (parties) et qui se termine par une abside en hémicycle (semi-circulaire) qui est moins large que la nef. À l’intérieur, on retrouve toujours une nef divisée en trois parties avec des tribunes latérales (jubés). Une nouveauté apparaît toutefois dans les plans de Morin, le déambulatoire. C’est un corridor interne qui se situe dans le pourtour du chœur. Il permet de relier la sacristie et les autels secondaires sans qu’on ait besoin de passer par le chœur. La façade que prévoit Morin est monumentale. Elle est en pierre de taille avec des pilastres et entablements. À cause du manque d’argent, le clocher ne sera pas construit et la décoration intérieure sera incomplète. Malgré tout, la nouvelle église est inaugurée en 1841. Ses dimensions sont de 161 pieds de long sur 62 de large.
Mais seulement 10 ans après sa construction, la façade du nouvel édifice présente des faiblesses, des pierres s’en sont détachées. On doit donc la refaire. C’est à l’entrepreneur Augustin Leblanc qu’on fait appel pour effectuer les travaux. Il propose de refaire les fondations du devant en les appuyant sur le roc pour pouvoir supporter le poids de la façade et du clocher, le sol argileux de La Prairie n’étant pas propice à l’accumulation d’une telle charge. Toutefois, la fabrique n’est pas satisfaite des travaux de Leblanc. Il faut reconstruire à nouveau la façade. Une action en justice est déposée, mais finalement le curé Isidore Gravel arrive à une entente à l’amiable avec Leblanc. On a recours aux services de l’architecte Victor Bourgeau pour reprendre les travaux. Les travaux commencés en 1855 seront terminés en 1856. C’est la façade que nous voyons encore aujourd’hui. Elle est un mélange de style néo-classique et renaissance italienne. M. Bourgeau sera à nouveau demandé pour la réalisation du décor intérieur de l’église. Par la suite, des travaux d’entretien et de peinture seront réalisés à plusieurs reprises. En 1910, on installe l’électricité et les luminaires qui existent toujours.
L’abbé Florent Bourgeault fut curé à La Prairie de 1877 à 1891. Durant son séjour il rédigea une véritable chronique des principaux événements qui marquèrent sa vie de pasteur (Faits et gestes de La Prairie 1877-1899) et dont la Société historique possède une retranscription. Tout y est : incendies et incendiaires, maladies contagieuses, accidents, fêtes religieuses, vols, eau montée, chemin de fer etc. Nous vous proposons ici une dernière partie de quelques extraits représentatifs du style du rédacteur et des mœurs de l’époque.
Mort accidentelle par noyade…
12 avril Luc Rousseau Noyé – On l'appelait St Luc Labonté plus souvent que Luc Rousseau.
Le 12 avrill 1879, Samedi Saint, Luc Rousseau, cultivateur du nord de la Côte St Lambert, paroisse de Laprairie, revenait de la ville sur la glace, avec son fils Alphonse, et un de ses neveux fils de Pierre Roy : de Longueuil, nommé Joseph lorsqu'ayant laissé la grande Traverse de la Prairie pour se rendre chez lui, il calla dans la mauvaise glace avec sa voiture (légère) et ses deux compagnons. Le jeune Roy sauta le premier sur la glace et retira Alphonse Rousseau, mais il ne put retirer son père qui n'a pas réparu (ressous). Il était environ 4 heures après midi – Personne n'était avec eux dans le moment. – Ils ont calé dans le grand courant – Le corps ne sera pas retrouvé que lorsque la glace sera partie, et on le retrouvera sans doute que bien loin en bas de l'endroit de l'accident. – L'accident a eu lieu a peu près vis-à-vis de chez Pierre Roy, première maison de la paroisse de Longueuil. La voiture et le cheval ont été retrouvés à la fin de Mai une demi lieue bien en haut de l'église de Contrecoeur et le corps du Noyé a été retrouvé dans le courant devant Longueuil le 5 juin 1879 – bien décomposé. Il a été inhumé à La Prairie le 7 juin 1879.
Un nouveau train vers Saint-Lambert…
4 Juin 1880 Commencement des Travaux du Chemin de fer sur la commune.
Aujourd'hui on a commencé à 7 heures du matin les travaux de terrassement du Chemin de fer de St Isidore à St Lambert, qui porte le nom de Chemin de fer de jonction de Montréal et Champlain, sur la commune, au delà du village entre le chemin qui conduit à St Joseph – et l'alignement de la rue St Henri au sud du Fort Neuf. –
M. Foster, l'un des directeurs de la Compagnie – était présent et Me Faslane, conducteur de travaux – étaient présents – Les employés étaient les hommes du village. J’avais été invité pas M. Foster pour assister à l'inauguration des travaux; mais il y avait ce matin deux services et je n'ai pu aller voir les travaux qu'après 10 heures. Espérons bien de ce chemin de fer qui est le dernier sur lequel La Prairie pouvait compter être en communication facile avec la Ville. L'automne et le printemps, surtout. Il a été difficile de le faire poser au Village il a fallu se donner bien de la peine et offrir à la Compagnie plusieurs avantages – par exemple – le terrain gratuitement sur la commune, l'exemption de taxes Municipales et scolaires pendant au moins 25 ans, vote de deux mille piastres de la part du village et de mille piastres de la part de la Campagne. Les 2 règlements pour ces votes ne sont pas encore approuvés par les électeurs. Quand ils se seront prononcés, je le marquerai en marge – pour rencontre. […]
15 Décembre 1880. Commencement des voyages du chemin de fer Montréal et Champlain Junction Co, entre Saint Isidore et Brosseau (Les Prairies) passent par La Prairie. – Les journaux annoncent que les chars vont commencer le 15 Décembre 1880 Mercredi à circuler régulièrement entre Saint Isidore et la station Brosseau (Les Prairies) sur le nouveau chemin de fer 201 – de la Montréal et Champlain Junction Co Compagnie de Jonction de Montréal et Champlain. Les trains venant des États Unis et du Sud du Canada au lieu de passer par St Isidore et Caughnawaga se dirigeront de St Isidore à St Constant à La Prairie et iront rejoindre le Grand Tronc à la Station Brosseau Les Prairies pour se diriger vers Montréal par St Lambert et le Pont Victoria. La traverse en bateau à vapeur entre Caughnawaga et Lachine est supprimée. On fait à Caughnawaga et à Lachine ce que l'on a fait à La Prairie quand on a dirigé les trains de St Jean à Montréal par St Lambert avant le Pont Victoria déjà sans passer par La Prairie suivant aussi La Prairie du terminus du chemin de fer Montréal et Champlain. II n'est resté à La Prairie q. le quai qu'on voit encore en demeure au Sud du village. Le vrai nom de la Cie est celui-ci (« Montréal et Champlain Junction R. R. », Chemin de fer de Jonction de Montréal et Champlain. Le chemin de fer jonction du St Laurent et du lac Champlain a pour terminus Sorel et Stanbridge.
Incendie des casernes…
14 Septembre 1882. Incendie et destruction des casernes.
Le 14 sept. 1882 vers 1 h. p.m. les immenses bâtisses en bois à 3 étages, construites par delà la Barrière qui se trouve au Sud ouest de la Commune sur le Bord de l'eau sont devenues la proie les flammes qu'en moins de 2 heures les ont complètement détruites malgré les efforts des Pompiers du Village q. ne pouvaient rien faire d'efficace vu la force du vent de Sud q. soufflait alors – Dans un des logements des Casernes vivait avec sa famille le Colonnel Moore q. était payé par le gouvernement Fédéral pour les garder. Le feu aurait pris à sa cheminée et se serait porté sur le toit de la partie qui faisait saillie au Sud ouest. Le colonel aurait perdu une partie de son mobilier. – Les Casernes dataient de 1812 ou à peu près. Une grande bâtisse qui était en pierre et qui s'appelait l'Hôpital avait été détruite par le feu depuis assez longtemps.
La lampe du sanctuaire
– 11.5.1890 – La lampe de l'Autel St-Joseph; Lampe du St Sacrement.
La lampe de l'autel de St Jos (Autel des Congréganistes de Ste Vierge) belle en son temps, a été donnée par Alphonsine Bisaillon, fx Ls & Suzanne Benoit, en 1870. Elle a donné la lampe avt de mourir, mais je crois qu'elle a été achetée après sa mort. – En 1890, cette lampe étant toute désargentée ne convient pl à la place q'elle occupt: il fallt, ou la faire argenter de nouv, ou en acheter 1 neuve. Ms 1 personne (ma sœur Barbe Bourgeault, q ne veut pas q son nom soit mentionnée en plublic) avt fait la promesse ds en acheter une. Elle l'a achetée en effet, le 24.4. 1890, chez CB Lanctot, marchd d'ornaments d'église, rue ND, Mtl, au prix de $25,00. J'ai fourni le gland d'or, de $2.50, & 1 de soie de $1.10. – La lampe remplacée par cette nouv. lampe, sera réparée & argentée de nouv, à mes frais, & sera donnée aux Frères de l'Instructn Chrét pour la chapelle de lr noviciat à LP. Je l'ai dit aujourd à la paroisse, sans dire q je fers les frais de l'argenture, &c. La lampe du sanctuaire, ou de Ssacremt, q date de loin (ds les comptes de 1759, on voit q'on a payé £12. ou francs ($2.00) pr préparer la lampe de l'église & q'on achetée 1 lampe, sans doute celle dt il est questn ici, car on a acheté des chandeliers argentés, (la lampe devant l'être aussi) a été convenable autrefs, grande & solide, sans être élégante. Actuellmt elle est tellmt désargentée q'il faudrt l’argenter de nouv, mais elle bossée & d’ailleurs les oreilles, q st verticales, comme des oreilles de chaudière, la rendent désagréable. [Le curé raconte ici qu’il a acheté à Montréal une lampe neuve au prix de $25.]
L’ancienne peut servir pour la nouvelle paroisse – & je tacherai de l’utiliser ainsi.
Une histoire de cœur pour l’an 2000
C’est avec beaucoup d’enthousiasme et de dynamisme qu’a eu lieu la rencontre d’échange du 29 novembre dernier. À cette occasion, les membres présents ont pu partager une réflexion concernant l’avenir de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine. Cette expérience enrichissante se poursuivra prochainement. C’est à suivre.
Vœux
Le Conseil d'administration et le personnel de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine présentent à tous les membres, leurs meilleurs vœux à l'occasion des fêtes de Noël. Que la nouvelle année vous apporte amour, joie, santé et prospérité.
Horaire
Pour la période des Fêtes le local de la Société historique sera fermé du 21 décembre 1998 au 4 janvier 1999.
Décès
Nous offrons nos sympathies à la famille de Marcelle Lussier, décédée dernièrement. Elle était la sœur de Raymonde Lussier-Gagnon, membre de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine.
Jean L’Heureux, notre président, a perdu son père récemment, Monsieur Arthur L’Heureux. Il remercie tous les membres qui lui ont témoigné leurs sympathies à cette occasion.
20 janvier 1999
Jean-Paul Viaud du Musée ferroviaire canadien de Saint-Constant
Sujet : La famille X, trajet d’un immigrant entre 1850 et 1920
17 février 1999
Julie Hamel, commissaire au développement de la ville de La Prairie
Sujet : son travail et les réalisations en cours
17 mars 1999
Gaétan Bourdages, enseignant en histoire
Sujet : Les Patriotes à La Prairie
21 avril 1999
François Lafrenière, historien et membre du Conseil culturel de la Montérégie
Sujet : la Guerre de 1812 et le clergé canadien
Au jour le jour, novembre 1998
L’abbé Florent Bourgeault fut curé à La Prairie de 1877 à 1891. Durant son séjour il rédigea une véritable chronique des principaux événements qui marquèrent sa vie de pasteur (Faits et gestes de La Prairie 1877-1890) et dont la Société historique possède une retranscription. Tout y est : incendies et incendiaires, maladies contagieuses, accidents, fêtes religieuses, vols, eau montée, chemin de fer etc. Nous vous proposons ici quelques extraits représentatifs du style du rédacteur et des mœurs de l’époque.
Incendies d’origine douteuse…
27 juin 1880 Tentative d'incendie chez Pierre Martin marchand coin des rues St Joseph et St Ignace (Fausse nouvelle). Des témoins dignes de foi rapportent que pendant la nuit du 26 au 27 juin 1880 J. B. Cusson (Denis et Ménard Demers charretier étant de patrouille aperçurent vers 2 h. du matin du 27 Dimanche, deux hommes dans les environs du hangar attenant au magasin de Pierre Martin coin sud des Rues St Joseph et Saint Ignace en face de la masure du magasin des Sauvageau : que les hommes prirent la fuite à l'approche des hommes de guêt qui veillaient cette nuit on ne dit par l'ordre de qui, mais sans doute par ordre secret du conseil ce qui devait se faire toutes les nuits et que lorsqu’ils furent disparus, les hommes qui veillaient comme ci haut trouvèrent une botte de paille imbibée d'huile de charbon dans un carreau du hangar (back store, comme disent nos Canadiens qui parlent anglais en français on devrait dire en arrière du magasin) de Pierre Martin dont on a parlé. Le feu parrait-il n'avait pas été mis par faute de temps, il eut été mis et réussi, il aurait pu faire bien du mal sur les deux côtés de la rue St Ignace et on ne peut prévoir où il serait arrêté à moins qu'il n'eut été aperçu à temps. – C'est la 6e fois en 5 semaines q. le feu est mis où sur le point d'être, ou prend accidentellement. […] Une seule fois les jours – 5 fois la nuit et dans des circonstances telles qu'il y a évidemment la main d'un incendiaire en ces différents cas excepté la manufacture de marbre (premier incendie de la triste liste qui précède) qui a pu brûler par accident, vu qu'y avait travaillé le jour même de l'incendie. (sic)
Le ruban de Saint-Amable…
[…] Dans le même temps le feu menaçait les maisons de la rue St Joseph dont les dépendances n'étaient pas éloignées du foyer du désastre et le vent soufflait toujours un peu du Sud-Est faisant craindre et avec raison pour toute la rue St Louis entre la rue St Jacques et le bord de l'eau et pour la rue St Ignace et pour tout le Village pour tout dire. – les charbons enflammés mettaient le feu partout. – On travaillait et on priait. La pompe placée à la rivière fonctionnait assez bien quoique ses boyaux fussent un peu troués. La Sr Victoire fit mettre le ruban de St Amable resté intact à l'autre extrémité de la rue sur la maison de veuve Nicolas Riel en bois et située tout près de celle d'Olivier Lefèbvre q. brûlait en même temps on jetait dans le brasier des médailles de St Joseph et de St Benoît.
Pour ma part me tenant à l'encontre du vent et du feu avec un ruban de St Amable entre les mains je promettais à ce Saint que si le vent changeait de direction de manière ~ ce que l'incendie ne s'étendit pas plus loin je chanterais une grande messe d'action de grâce en son honneur et ferais avec ma paroisse une procession solennelle – en temps convenable le tout avec ma permission et sous la direction de Mgr l'Evêque du diocèse me proposant si c'était possible de faire porter à la Procession le tableau de St Amable qui était autrefois dans notre paroisse église puis dans la Sacristie et q. en ce moment est à Mtl chez Besillac pour être réparé et à ce moment le vent se mit à souffler légèrement du Nord Ouest et le Village était sauvé, (Je faisait cette prière et cette promesse depuis le commencement de l'incendie et j'invitais tout le monde à prier). La maison de Vve Nicolas Riel défendue par le ruban de St Amable et des efforts persévérants fut sauvée et avec elle celle de Samuel Doré faisant le coin Sud-Ouest des rues St Jacques et St Louis ayant la face sur la rue St Louis et avec elle furent sauvées toutes les maisons de la rue St Louis de la rue St Jacques […]
L’eau montée…
24, 25, 27, 28 Août 1885 Grande inondation à L.P.
L'eau a commencé à envahir les terrains du Fort Neuf et du Village dans la journée du 21 Août – les 22 et 23 elle a augmenté mais lentement. Le soir du 23 et dans la nuit du 23 au 24 au matin l'inondation a pris des proportions stables q.' a fallu songer au sauvetage. Le 24 au matin a 4h. L'eau avait envahi tous les endroits bas, elle était rendue dans la rue de l'Ange Gardien au coin du parterre du Presbytère avoisinant l'emplacement de Cardinal Fils. Elle était rendue dans la rue St Ignace près de chez J.B. Normandin boucher; elle avait envahi partiellement l'ancien chemin de S. Jean et la rue St Joseph de la rue S. Jq. au marché. Mais elle continua à monter jusqu'à 2h p.m. alors elle avait atteint la plus grande hauteur à la quelle elle s'est élevée cette année. Elle était, alors de 15 po. plus haute qu'elle n'était jamais vue de mémoire d'homme.
De fait elle n'était jamais venue dans le Presbytère depuis qu'il est bâti en 1848. Le hangar de grain était ainsi que l'écurie du presbytère réputé à l'épreuve de l'inondation. Et pourtant à midi l'eau entrait dens le presbytère et à 2h. il y en avait 5 po au moins sur le plancher du bas dans la partie qui n'a pas été haussée. Dans le hangar à grain 6 po, dans les écuries 15 po. L'eau était 18 po. du coin du perron de l’église qui regarde la rue de l'Ange Gardien et le parterre du presbytère dans la rue de l'Ange Gardien, elle s'étendait jusque vis-a-vis le coin du Couvent de la Congrégation, voisin de la maison de Julien Brossard (autrefois Moise Brossard). Les chaloupes s'attachaient au trottoir devant la maison du marchand Hyacinthe Sylvestre. Dans la rue Ste Marie les chaloupes s'attachaient devant l'auberge d'Édouard Mc Neil. Dans la rue St Ignace l'eau était rendue au coin de la maison de J. Baptiste Racine (Yve). Dans la rue St Lambert devant la maison de Lionard Gibeau dans la rue St Frs Xavier elle arrivait a l'Académie – dans la rue Du Port elle était au coin de la Providence avoisinant la Chapelle de N.- D.des Sept. Douleurs. Quant à l'Anc. che. S. Jean la rue Ste Clotilde la rue Ste Ursule le rue S Jq. la rue S. J. la rue S. Louis et les parties des autres q. n'ont pas été nommées comme ne souffrant pas de l'eau ils ne dormaient avec la commune la plus grande partie du Fort Neuf St Lambert et le bas des Prairies et tout ce qu'on appelle le Domaine et pour mieux la vallée de la Rivière S. Jacques jusque près de la Fourche qu'une mer à perte de vue.
Nous poursuivons ce mois-ci avec le deuxième article portant sur les églises de La Prairie. Comme nous l'expliquions dans l'article précédent (septembre), il s'agit d'un extrait de la correspondance que la Société historique de La Prairie a échangée avec les étudiants de l'école La Magdeleine (La Prairie) dans le cadre du projet Dialogue avec l'histoire.
Aujourd'hui je vais te parler de la deuxième église de La Prairie qui a été construite en 1705. Comme je l'avais dit dans ma dernière lettre, la première église était de bois. En 1702, la pourriture avait déjà commencé à faire son œuvre. De plus, suite au traité de paix signé avec les Iroquois en 1701, de plus en plus de colons venaient s'établir à La Prairie. La vieille église était devenue trop petite, il fallait en construire une nouvelle.
Cette nouvelle église sera faite en pierre. A partir du 18e siècle, on commença de plus en plus à construire les églises dans ce matériau en Nouvelle-France. Elles pouvaient ainsi mieux affronter les rigueurs de notre climat et être moins sujettes aux incendies. On fit appel à Gilbert Maillet, un maçon de Montréal, pour la conception et la construction de l'église. Malheureusement, on n’a aucun plan de celle-ci. Ceci est peut-être dû à la coutume de l'époque qui voulait que le maître maçon soit à la fois l'architecte et l'entrepreneur. Il construisait donc à partir de modèles déjà établis sans avoir recours à des plans. Avec l'aide des habitants de La Prairie, M. Maillet construisit une église rectangulaire de 80 pieds de long par 30 pieds de large avec une élévation de 20 pieds. La façade présentait un œil-de-bœuf (fenêtre ronde) et deux portes. Les murs étaient épais et percés de quatre fenêtres. L'intérieur était modeste, un plancher de bois, des murs crépis et blanchis à la chaux. Au début, la toiture était recouverte de bardeaux. Un siècle plus tard, le bardeau sera remplacé par le fer blanc à cause des risques d'incendie. Les premières années, les fenêtres furent couvertes de papier ciré. Une pratique courante à l'époque car la vitre était rare. C'est pourquoi les contrevents ou volets de planches s'imposent pour fermer les fenêtres. Toutefois, le curé Gaschier fera don de 500 carreaux de vitre après 1708. On ne sait pas si l’église avait un clocher les premières années. Un document de 1713 parle de dépenses importantes relatives au clocher. On ne sait si c'est pour la construction d'un premier clocher ou pour la réparation de l'ancien. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il y en a un à partir de cette date. L'alignement de cette seconde église est différent de la première, en ce que la façade regarde vers le fleuve. Elle est donc perpendiculaire avec l'église actuelle.
L'église sera réparée et agrandie à plusieurs reprises. En 1725, on ajoute deux chapelles latérales (chapelles Saint-François-Xavier et du Rosaire) ainsi qu'une abside semi-circulaire où se retrouvera le chœur. On passe donc d'une église rectangulaire à une église ayant la forme d'une croix latine, un modèle de plus en plus populaire au 18e siècle. De plus, une sacristie attachée à l'abside viendra compléter le tout. En 1774, l'ajout de bas-côtés de part et d'autre redonne une forme rectangulaire à l’église. Une tour pour le clocher sera ajoutée en façade en 1784. Enfin, une nouvelle sacristie viendra s'additionner à l'ancienne en 1813. Finalement, l'église sera démolie en 1840 pour faire place à la troisième, celle qu'on peut voir encore de nos jours.
« Les six premiers sauvages de Laprairie viennent d’arriver sur la neige » à la mission de Saint-François-Xavier où ils doivent s’installer.
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Invitation spéciale
Une invitation spéciale est lancée à tous les membres et amis (es) de la Société historique de La Prairie le 25 novembre prochain. Ce sera l’occasion de découvrir ou de redécouvrir le site Internet de la SHLM. En effet, de nombreux changements y ont été apportés dernièrement. Nous vous parlerons de ces changements et des nombreux projets de votre Société. Comme plusieurs ont pu le remarquer, le bulletin Au Jour le Jour paraît maintenant à chaque mois sur le site et la section Éducation a été complètement refaite. Nous vous parlerons entre autres du projet éducatif Dialogue avec l’histoire dont nous vous avons déjà fait part dans des bulletins précédents. La présentation se fera sur grand écran et nous commenterons les différentes sections du site.
C’est donc un rendez-vous à ne pas manquer le 25 novembre 1998 à 20h00 au local de la SHLM au 249 de la rue Sainte-Marie dans le Vieux La Prairie. On vous y attend.
Une histoire de cœur pour l’an 2000
Comment la Société historique de La Prairie de la Magdeleine peut-elle se préparer au 21e siècle? Quelles stratégies d’action la SHLM peut-elle choisir face à l’an 2000? Nous, stagiaires en intervention psychosociale de l’U.Q.A.M., vous invitons cordialement à une journée d’animation et d’échange sur l’avenir de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine : dimanche le 29 novembre, au siège social de la SHLM, de 9h30 à 16h30.
S’il vous plaît, veuillez confirmer votre présence en téléphonant au 659-1393 avant le 23 novembre 1998.
Madge Brizard, Manon Charbonneau et Françoise Lemay
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