Sélection d'une édition

    Journal d’un curé de campagne (Partie 2)

    L’abbé Florent Bourgeault fut curé à La Prairie de 1877 à 1891. Durant son séjour il rédigea une véritable chronique des principaux événements qui marquèrent sa vie de pasteur (Faits et gestes de La Prairie 1877-1899) et dont la Société historique possède une retranscription. Tout y est : incendies et incendiaires, maladies contagieuses, accidents, fêtes religieuses, vols, eau montée, chemin de fer etc. Nous vous proposons ici une dernière partie de quelques extraits représentatifs du style du rédacteur et des mœurs de l’époque.

    Mort accidentelle par noyade…

    12 avril Luc Rousseau Noyé – On l'appelait St Luc Labonté plus souvent que Luc Rousseau.

    Le 12 avrill 1879, Samedi Saint, Luc Rousseau, cultivateur du nord de la Côte St Lambert, paroisse de Laprairie, revenait de la ville sur la glace, avec son fils Alphonse, et un de ses neveux fils de Pierre Roy : de Longueuil, nommé Joseph lorsqu'ayant laissé la grande Traverse de la Prairie pour se rendre chez lui, il calla dans la mauvaise glace avec sa voiture (légère) et ses deux compagnons. Le jeune Roy sauta le premier sur la glace et retira Alphonse Rousseau, mais il ne put retirer son père qui n'a pas réparu (ressous). Il était environ 4 heures après midi – Personne n'était avec eux dans le moment. – Ils ont calé dans le grand courant – Le corps ne sera pas retrouvé que lorsque la glace sera partie, et on le retrouvera sans doute que bien loin en bas de l'endroit de l'accident. – L'accident a eu lieu a peu près vis-à-vis de chez Pierre Roy, première maison de la paroisse de Longueuil. La voiture et le cheval ont été retrouvés à la fin de Mai une demi lieue bien en haut de l'église de Contrecoeur et le corps du Noyé a été retrouvé dans le courant devant Longueuil le 5 juin 1879 – bien décomposé. Il a été inhumé à La Prairie le 7 juin 1879.

    Un nouveau train vers Saint-Lambert…

    4 Juin 1880 Commencement des Travaux du Chemin de fer sur la commune.

    Aujourd'hui on a commencé à 7 heures du matin les travaux de terrassement du Chemin de fer de St Isidore à St Lambert, qui porte le nom de Chemin de fer de jonction de Montréal et Champlain, sur la commune, au delà du village entre le chemin qui conduit à St Joseph – et l'alignement de la rue St Henri au sud du Fort Neuf. –

    M. Foster, l'un des directeurs de la Compagnie – était présent et Me Faslane, conducteur de travaux – étaient présents – Les employés étaient les hommes du village. J’avais été invité pas M. Foster pour assister à l'inauguration des travaux; mais il y avait ce matin deux services et je n'ai pu aller voir les travaux qu'après 10 heures. Espérons bien de ce chemin de fer qui est le dernier sur lequel La Prairie pouvait compter être en communication facile avec la Ville. L'automne et le printemps, surtout. Il a été difficile de le faire poser au Village il a fallu se donner bien de la peine et offrir à la Compagnie plusieurs avantages – par exemple – le terrain gratuitement sur la commune, l'exemption de taxes Municipales et scolaires pendant au moins 25 ans, vote de deux mille piastres de la part du village et de mille piastres de la part de la Campagne. Les 2 règlements pour ces votes ne sont pas encore approuvés par les électeurs. Quand ils se seront prononcés, je le marquerai en marge – pour rencontre. […]

    15 Décembre 1880. Commencement des voyages du chemin de fer Montréal et Champlain Junction Co, entre Saint Isidore et Brosseau (Les Prairies) passent par La Prairie. – Les journaux annoncent que les chars vont commencer le 15 Décembre 1880 Mercredi à circuler régulièrement entre Saint Isidore et la station Brosseau (Les Prairies) sur le nouveau chemin de fer 201 – de la Montréal et Champlain Junction Co Compagnie de Jonction de Montréal et Champlain. Les trains venant des États Unis et du Sud du Canada au lieu de passer par St Isidore et Caughnawaga se dirigeront de St Isidore à St Constant à La Prairie et iront rejoindre le Grand Tronc à la Station Brosseau Les Prairies pour se diriger vers Montréal par St Lambert et le Pont Victoria. La traverse en bateau à vapeur entre Caughnawaga et Lachine est supprimée. On fait à Caughnawaga et à Lachine ce que l'on a fait à La Prairie quand on a dirigé les trains de St Jean à Montréal par St Lambert avant le Pont Victoria déjà sans passer par La Prairie suivant aussi La Prairie du terminus du chemin de fer Montréal et Champlain. II n'est resté à La Prairie q. le quai qu'on voit encore en demeure au Sud du village. Le vrai nom de la Cie est celui-ci (« Montréal et Champlain Junction R. R. », Chemin de fer de Jonction de Montréal et Champlain. Le chemin de fer jonction du St Laurent et du lac Champlain a pour terminus Sorel et Stanbridge.

    Incendie des casernes…

    14 Septembre 1882. Incendie et destruction des casernes.

    Le 14 sept. 1882 vers 1 h. p.m. les immenses bâtisses en bois à 3 étages, construites par delà la Barrière qui se trouve au Sud ouest de la Commune sur le Bord de l'eau sont devenues la proie les flammes qu'en moins de 2 heures les ont complètement détruites malgré les efforts des Pompiers du Village q. ne pouvaient rien faire d'efficace vu la force du vent de Sud q. soufflait alors – Dans un des logements des Casernes vivait avec sa famille le Colonnel Moore q. était payé par le gouvernement Fédéral pour les garder. Le feu aurait pris à sa cheminée et se serait porté sur le toit de la partie qui faisait saillie au Sud ouest. Le colonel aurait perdu une partie de son mobilier. – Les Casernes dataient de 1812 ou à peu près. Une grande bâtisse qui était en pierre et qui s'appelait l'Hôpital avait été détruite par le feu depuis assez longtemps.

    La lampe du sanctuaire

    – 11.5.1890 – La lampe de l'Autel St-Joseph; Lampe du St Sacrement.

    La lampe de l'autel de St Jos (Autel des Congréganistes de Ste Vierge) belle en son temps, a été donnée par Alphonsine Bisaillon, fx Ls & Suzanne Benoit, en 1870. Elle a donné la lampe avt de mourir, mais je crois qu'elle a été achetée après sa mort. – En 1890, cette lampe étant toute désargentée ne convient pl à la place q'elle occupt: il fallt, ou la faire argenter de nouv, ou en acheter 1 neuve. Ms 1 personne (ma sœur Barbe Bourgeault, q ne veut pas q son nom soit mentionnée en plublic) avt fait la promesse ds en acheter une. Elle l'a achetée en effet, le 24.4. 1890, chez CB Lanctot, marchd d'ornaments d'église, rue ND, Mtl, au prix de $25,00. J'ai fourni le gland d'or, de $2.50, & 1 de soie de $1.10. – La lampe remplacée par cette nouv. lampe, sera réparée & argentée de nouv, à mes frais, & sera donnée aux Frères de l'Instructn Chrét pour la chapelle de lr noviciat à LP. Je l'ai dit aujourd à la paroisse, sans dire q je fers les frais de l'argenture, &c. La lampe du sanctuaire, ou de Ssacremt, q date de loin (ds les comptes de 1759, on voit q'on a payé £12. ou francs ($2.00) pr préparer la lampe de l'église & q'on achetée 1 lampe, sans doute celle dt il est questn ici, car on a acheté des chandeliers argentés, (la lampe devant l'être aussi) a été convenable autrefs, grande & solide, sans être élégante. Actuellmt elle est tellmt désargentée q'il faudrt l’argenter de nouv, mais elle bossée & d’ailleurs les oreilles, q st verticales, comme des oreilles de chaudière, la rendent désagréable. [Le curé raconte ici qu’il a acheté à Montréal une lampe neuve au prix de $25.]

    L’ancienne peut servir pour la nouvelle paroisse – & je tacherai de l’utiliser ainsi.

    L’abbé Florent Bourgeault fut curé à La Prairie de 1877 à 1891. Durant son séjour il rédigea une véritable chronique des principaux événements qui marquèrent sa vie de pasteur (Faits et gestes de La Prairie 1877-1899) et dont la Société historique possède une retranscription. Tout y est : incendies et incendiaires, maladies contagieuses, accidents, fêtes religieuses, vols, eau montée, chemin de fer etc. Nous vous proposons ici une dernière partie de quelques extraits représentatifs du style du rédacteur et des mœurs de l’époque. Mort accidentelle par noyade... 12 avril Luc Rousseau Noyé – On l'appelait St Luc Labonté plus souvent que Luc Rousseau. Le 12 avrill 1879, Samedi Saint, Luc Rousseau, cultivateur du nord de la Côte St Lambert, paroisse de Laprairie, revenait de la ville sur la glace, avec son fils Alphonse, et un de ses neveux fils de Pierre Roy : de Longueuil, nommé Joseph lorsqu'ayant laissé la grande Traverse de la Prairie pour se rendre chez lui, il calla dans la mauvaise glace avec sa voiture (légère) et ses deux compagnons. Le jeune Roy sauta le premier sur la glace et retira Alphonse Rousseau, mais il ne put retirer son père qui n'a pas réparu (ressous). Il était environ 4 heures après midi – Personne n'était avec eux dans le moment. – Ils ont calé dans le grand courant – Le corps ne sera pas retrouvé que lorsque la glace sera partie, et on le retrouvera sans doute que bien loin en bas de l'endroit de l'accident. – L'accident a eu lieu a peu près vis-à-vis de chez Pierre Roy, première maison de la paroisse de Longueuil. La voiture et le cheval ont été retrouvés à la fin de Mai une demi lieue bien en haut de l'église de Contrecoeur et le corps du Noyé a été retrouvé dans le courant devant Longueuil le 5 juin 1879 – bien décomposé. Il a été inhumé à La Prairie le 7 juin 1879. Un nouveau train vers Saint-Lambert... 4 Juin 1880 Commencement des Travaux du Chemin de fer sur la commune. Aujourd'hui on a commencé à 7 heures du matin les travaux de terrassement du Chemin de fer de St Isidore à St Lambert, qui porte le nom de Chemin de fer de jonction de Montréal et Champlain, sur la commune, au delà du village entre le chemin qui conduit à St Joseph – et l'alignement de la rue St Henri au sud du Fort Neuf. – M. Foster, l'un des directeurs de la Compagnie – était présent et Me Faslane, conducteur de travaux – étaient présents – Les employés étaient les hommes du village. J’avais été invité pas M. Foster pour assister à l'inauguration des travaux; mais il y avait ce matin deux services et je n'ai pu aller voir les travaux qu'après 10 heures. Espérons bien de ce chemin de fer qui est le dernier sur lequel La Prairie pouvait compter être en communication facile avec la Ville. L'automne et le printemps, surtout. Il a été difficile de le faire poser au Village il a fallu se donner bien de la peine et offrir à la Compagnie plusieurs avantages – par exemple – le terrain gratuitement sur la commune, l'exemption de taxes Municipales et scolaires pendant au moins 25 ans, vote de deux mille piastres de la part du village et de mille piastres de la part de la Campagne. Les 2 règlements pour ces votes ne sont pas encore approuvés par les électeurs. Quand ils se seront prononcés, je le marquerai en marge – pour rencontre. [...] 15 Décembre 1880. Commencement des voyages du chemin de fer Montréal et Champlain Junction Co, entre Saint Isidore et Brosseau (Les Prairies) passent par La Prairie. – Les journaux annoncent que les chars vont commencer le 15 Décembre 1880 Mercredi à circuler régulièrement entre Saint Isidore et la station Brosseau (Les Prairies) sur le nouveau chemin de fer 201 – de la Montréal et Champlain Junction Co Compagnie de Jonction de Montréal et Champlain. Les trains venant des États Unis et du Sud du Canada au lieu de passer par St Isidore et Caughnawaga se dirigeront de St Isidore à St Constant à La Prairie et iront rejoindre le Grand Tronc à la Station Brosseau Les Prairies pour se diriger vers Montréal par St Lambert et le Pont Victoria. La traverse en bateau à vapeur entre Caughnawaga et Lachine est supprimée. On fait à Caughnawaga et à Lachine ce que l'on a fait à La Prairie quand on a dirigé les trains de St Jean à Montréal par St Lambert avant le Pont Victoria déjà sans passer par La Prairie suivant aussi La Prairie du terminus du chemin de fer Montréal et Champlain. II n'est resté à La Prairie q. le quai qu'on voit encore en demeure au Sud du village. Le vrai nom de la Cie est celui-ci (« Montréal et Champlain Junction R. R. », Chemin de fer de Jonction de Montréal et Champlain. Le chemin de fer jonction du St Laurent et du lac Champlain a pour terminus Sorel et Stanbridge. Incendie des casernes... 14 Septembre 1882. Incendie et destruction des casernes. Le 14 sept. 1882 vers 1 h. p.m. les immenses bâtisses en bois à 3 étages, construites par delà la Barrière qui se trouve au Sud ouest de la Commune sur le Bord de l'eau sont devenues la proie les flammes qu'en moins de 2 heures les ont complètement détruites malgré les efforts des Pompiers du Village q. ne pouvaient rien faire d'efficace vu la force du vent de Sud q. soufflait alors – Dans un des logements des Casernes vivait avec sa famille le Colonnel Moore q. était payé par le gouvernement Fédéral pour les garder. Le feu aurait pris à sa cheminée et se serait porté sur le toit de la partie qui faisait saillie au Sud ouest. Le colonel aurait perdu une partie de son mobilier. – Les Casernes dataient de 1812 ou à peu près. Une grande bâtisse qui était en pierre et qui s'appelait l'Hôpital avait été détruite par le feu depuis assez longtemps. La lampe du sanctuaire – 11.5.1890 – La lampe de l'Autel St-Joseph; Lampe du St Sacrement. La lampe de l'autel de St Jos (Autel des Congréganistes de Ste Vierge) belle en son temps, a été donnée par Alphonsine Bisaillon, fx Ls & Suzanne Benoit, en 1870. Elle a donné la lampe avt de mourir, mais je crois qu'elle a été achetée après sa mort. – En 1890, cette lampe étant toute désargentée ne convient pl à la place q'elle occupt: il fallt, ou la faire argenter de nouv, ou en acheter 1 neuve. Ms 1 personne (ma sœur Barbe Bourgeault, q ne veut pas q son nom soit mentionnée en plublic) avt fait la promesse ds en acheter une. Elle l'a achetée en effet, le 24.4. 1890, chez CB Lanctot, marchd d'ornaments d'église, rue ND, Mtl, au prix de $25,00. J'ai fourni le gland d'or, de $2.50, & 1 de soie de $1.10. – La lampe remplacée par cette nouv. lampe, sera réparée & argentée de nouv, à mes frais, & sera donnée aux Frères de l'Instructn Chrét pour la chapelle de lr noviciat à LP. Je l'ai dit aujourd à la paroisse, sans dire q je fers les frais de l'argenture, &c. La lampe du sanctuaire, ou de Ssacremt, q date de loin (ds les comptes de 1759, on voit q'on a payé £12. ou francs ($2.00) pr préparer la lampe de l'église & q'on achetée 1 lampe, sans doute celle dt il est questn ici, car on a acheté des chandeliers argentés, (la lampe devant l'être aussi) a été convenable autrefs, grande & solide, sans être élégante. Actuellmt elle est tellmt désargentée q'il faudrt l’argenter de nouv, mais elle bossée & d’ailleurs les oreilles, q st verticales, comme des oreilles de chaudière, la rendent désagréable. [Le curé raconte ici qu’il a acheté à Montréal une lampe neuve au prix de $25.] L’ancienne peut servir pour la nouvelle paroisse – & je tacherai de l’utiliser ainsi....

    Journal d’un curé de campagne (Partie 1)

    L’abbé Florent Bourgeault fut curé à La Prairie de 1877 à 1891. Durant son séjour il rédigea une véritable chronique des principaux événements qui marquèrent sa vie de pasteur (Faits et gestes de La Prairie 1877-1890) et dont la Société historique possède une retranscription. Tout y est : incendies et incendiaires, maladies contagieuses, accidents, fêtes religieuses, vols, eau montée, chemin de fer etc. Nous vous proposons ici quelques extraits représentatifs du style du rédacteur et des mœurs de l’époque.

    Incendies d’origine douteuse…

    27 juin 1880 Tentative d'incendie chez Pierre Martin marchand coin des rues St Joseph et St Ignace (Fausse nouvelle). Des témoins dignes de foi rapportent que pendant la nuit du 26 au 27 juin 1880 J. B. Cusson (Denis et Ménard Demers charretier étant de patrouille aperçurent vers 2 h. du matin du 27 Dimanche, deux hommes dans les environs du hangar attenant au magasin de Pierre Martin coin sud des Rues St Joseph et Saint Ignace en face de la masure du magasin des Sauvageau : que les hommes prirent la fuite à l'approche des hommes de guêt qui veillaient cette nuit on ne dit par l'ordre de qui, mais sans doute par ordre secret du conseil ce qui devait se faire toutes les nuits et que lorsqu’ils furent disparus, les hommes qui veillaient comme ci haut trouvèrent une botte de paille imbibée d'huile de charbon dans un carreau du hangar (back store, comme disent nos Canadiens qui parlent anglais en français on devrait dire en arrière du magasin) de Pierre Martin dont on a parlé. Le feu parrait-il n'avait pas été mis par faute de temps, il eut été mis et réussi, il aurait pu faire bien du mal sur les deux côtés de la rue St Ignace et on ne peut prévoir où il serait arrêté à moins qu'il n'eut été aperçu à temps. – C'est la 6e fois en 5 semaines q. le feu est mis où sur le point d'être, ou prend accidentellement. […] Une seule fois les jours – 5 fois la nuit et dans des circonstances telles qu'il y a évidemment la main d'un incendiaire en ces différents cas excepté la manufacture de marbre (premier incendie de la triste liste qui précède) qui a pu brûler par accident, vu qu'y avait travaillé le jour même de l'incendie. (sic)

    Le ruban de Saint-Amable…

    […] Dans le même temps le feu menaçait les maisons de la rue St Joseph dont les dépendances n'étaient pas éloignées du foyer du désastre et le vent soufflait toujours un peu du Sud-Est faisant craindre et avec raison pour toute la rue St Louis entre la rue St Jacques et le bord de l'eau et pour la rue St Ignace et pour tout le Village pour tout dire. – les charbons enflammés mettaient le feu partout. – On travaillait et on priait. La pompe placée à la rivière fonctionnait assez bien quoique ses boyaux fussent un peu troués. La Sr Victoire fit mettre le ruban de St Amable resté intact à l'autre extrémité de la rue sur la maison de veuve Nicolas Riel en bois et située tout près de celle d'Olivier Lefèbvre q. brûlait en même temps on jetait dans le brasier des médailles de St Joseph et de St Benoît.

    Pour ma part me tenant à l'encontre du vent et du feu avec un ruban de St Amable entre les mains je promettais à ce Saint que si le vent changeait de direction de manière ~ ce que l'incendie ne s'étendit pas plus loin je chanterais une grande messe d'action de grâce en son honneur et ferais avec ma paroisse une procession solennelle – en temps convenable le tout avec ma permission et sous la direction de Mgr l'Evêque du diocèse me proposant si c'était possible de faire porter à la Procession le tableau de St Amable qui était autrefois dans notre paroisse église puis dans la Sacristie et q. en ce moment est à Mtl chez Besillac pour être réparé et à ce moment le vent se mit à souffler légèrement du Nord Ouest et le Village était sauvé, (Je faisait cette prière et cette promesse depuis le commencement de l'incendie et j'invitais tout le monde à prier). La maison de Vve Nicolas Riel défendue par le ruban de St Amable et des efforts persévérants fut sauvée et avec elle celle de Samuel Doré faisant le coin Sud-Ouest des rues St Jacques et St Louis ayant la face sur la rue St Louis et avec elle furent sauvées toutes les maisons de la rue St Louis de la rue St Jacques […]  

    L’eau montée…

    24, 25, 27, 28 Août 1885 Grande inondation à L.P.

    L'eau a commencé à envahir les terrains du Fort Neuf et du Village dans la journée du 21 Août – les 22 et 23 elle a augmenté mais lentement. Le soir du 23 et dans la nuit du 23 au 24 au matin l'inondation a pris des proportions stables q.' a fallu songer au sauvetage. Le 24 au matin a 4h. L'eau avait envahi tous les endroits bas, elle était rendue dans la rue de l'Ange Gardien au coin du parterre du Presbytère avoisinant l'emplacement de Cardinal Fils. Elle était rendue dans la rue St Ignace près de chez J.B. Normandin boucher; elle avait envahi partiellement l'ancien chemin de S. Jean et la rue St Joseph de la rue S. Jq. au marché. Mais elle continua à monter jusqu'à 2h p.m. alors elle avait atteint la plus grande hauteur à la quelle elle s'est élevée cette année. Elle était, alors de 15 po. plus haute qu'elle n'était jamais vue de mémoire d'homme.

    De fait elle n'était jamais venue dans le Presbytère depuis qu'il est bâti en 1848. Le hangar de grain était ainsi que l'écurie du presbytère réputé à l'épreuve de l'inondation. Et pourtant à midi l'eau entrait dens le presbytère et à 2h. il y en avait 5 po au moins sur le plancher du bas dans la partie qui n'a pas été haussée. Dans le hangar à grain 6 po, dans les écuries 15 po. L'eau était 18 po. du coin du perron de l’église qui regarde la rue de l'Ange Gardien et le parterre du presbytère dans la rue de l'Ange Gardien, elle s'étendait jusque vis-a-vis le coin du Couvent de la Congrégation, voisin de la maison de Julien Brossard (autrefois Moise Brossard). Les chaloupes s'attachaient au trottoir devant la maison du marchand Hyacinthe Sylvestre. Dans la rue Ste Marie les chaloupes s'attachaient devant l'auberge d'Édouard Mc Neil. Dans la rue St Ignace l'eau était rendue au coin de la maison de J. Baptiste Racine (Yve). Dans la rue St Lambert devant la maison de Lionard Gibeau dans la rue St Frs Xavier elle arrivait a l'Académie – dans la rue Du Port elle était au coin de la Providence avoisinant la Chapelle de N.- D.des Sept. Douleurs. Quant à l'Anc. che. S. Jean la rue Ste Clotilde la rue Ste Ursule le rue S Jq. la rue S. J. la rue S. Louis et les parties des autres q. n'ont pas été nommées comme ne souffrant pas de l'eau ils ne dormaient avec la commune la plus grande partie du Fort Neuf St Lambert et le bas des Prairies et tout ce qu'on appelle le Domaine et pour mieux la vallée de la Rivière S. Jacques jusque près de la Fourche qu'une mer à perte de vue.

    L’abbé Florent Bourgeault fut curé à La Prairie de 1877 à 1891. Durant son séjour il rédigea une véritable chronique des principaux événements qui marquèrent sa vie de pasteur (Faits et gestes de La Prairie 1877-1890) et dont la Société historique possède une retranscription. Tout y est : incendies et incendiaires, maladies contagieuses, accidents, fêtes religieuses, vols, eau montée, chemin de fer etc. Nous vous proposons ici quelques extraits représentatifs du style du rédacteur et des mœurs de l’époque. Incendies d’origine douteuse... 27 juin 1880 Tentative d'incendie chez Pierre Martin marchand coin des rues St Joseph et St Ignace (Fausse nouvelle). Des témoins dignes de foi rapportent que pendant la nuit du 26 au 27 juin 1880 J. B. Cusson (Denis et Ménard Demers charretier étant de patrouille aperçurent vers 2 h. du matin du 27 Dimanche, deux hommes dans les environs du hangar attenant au magasin de Pierre Martin coin sud des Rues St Joseph et Saint Ignace en face de la masure du magasin des Sauvageau : que les hommes prirent la fuite à l'approche des hommes de guêt qui veillaient cette nuit on ne dit par l'ordre de qui, mais sans doute par ordre secret du conseil ce qui devait se faire toutes les nuits et que lorsqu’ils furent disparus, les hommes qui veillaient comme ci haut trouvèrent une botte de paille imbibée d'huile de charbon dans un carreau du hangar (back store, comme disent nos Canadiens qui parlent anglais en français on devrait dire en arrière du magasin) de Pierre Martin dont on a parlé. Le feu parrait-il n'avait pas été mis par faute de temps, il eut été mis et réussi, il aurait pu faire bien du mal sur les deux côtés de la rue St Ignace et on ne peut prévoir où il serait arrêté à moins qu'il n'eut été aperçu à temps. – C'est la 6e fois en 5 semaines q. le feu est mis où sur le point d'être, ou prend accidentellement. [...] Une seule fois les jours – 5 fois la nuit et dans des circonstances telles qu'il y a évidemment la main d'un incendiaire en ces différents cas excepté la manufacture de marbre (premier incendie de la triste liste qui précède) qui a pu brûler par accident, vu qu'y avait travaillé le jour même de l'incendie. (sic) Le ruban de Saint-Amable... [...] Dans le même temps le feu menaçait les maisons de la rue St Joseph dont les dépendances n'étaient pas éloignées du foyer du désastre et le vent soufflait toujours un peu du Sud-Est faisant craindre et avec raison pour toute la rue St Louis entre la rue St Jacques et le bord de l'eau et pour la rue St Ignace et pour tout le Village pour tout dire. – les charbons enflammés mettaient le feu partout. – On travaillait et on priait. La pompe placée à la rivière fonctionnait assez bien quoique ses boyaux fussent un peu troués. La Sr Victoire fit mettre le ruban de St Amable resté intact à l'autre extrémité de la rue sur la maison de veuve Nicolas Riel en bois et située tout près de celle d'Olivier Lefèbvre q. brûlait en même temps on jetait dans le brasier des médailles de St Joseph et de St Benoît. Pour ma part me tenant à l'encontre du vent et du feu avec un ruban de St Amable entre les mains je promettais à ce Saint que si le vent changeait de direction de manière ~ ce que l'incendie ne s'étendit pas plus loin je chanterais une grande messe d'action de grâce en son honneur et ferais avec ma paroisse une procession solennelle – en temps convenable le tout avec ma permission et sous la direction de Mgr l'Evêque du diocèse me proposant si c'était possible de faire porter à la Procession le tableau de St Amable qui était autrefois dans notre paroisse église puis dans la Sacristie et q. en ce moment est à Mtl chez Besillac pour être réparé et à ce moment le vent se mit à souffler légèrement du Nord Ouest et le Village était sauvé, (Je faisait cette prière et cette promesse depuis le commencement de l'incendie et j'invitais tout le monde à prier). La maison de Vve Nicolas Riel défendue par le ruban de St Amable et des efforts persévérants fut sauvée et avec elle celle de Samuel Doré faisant le coin Sud-Ouest des rues St Jacques et St Louis ayant la face sur la rue St Louis et avec elle furent sauvées toutes les maisons de la rue St Louis de la rue St Jacques [...]   L’eau montée... 24, 25, 27, 28 Août 1885 Grande inondation à L.P. L'eau a commencé à envahir les terrains du Fort Neuf et du Village dans la journée du 21 Août – les 22 et 23 elle a augmenté mais lentement. Le soir du 23 et dans la nuit du 23 au 24 au matin l'inondation a pris des proportions stables q.' a fallu songer au sauvetage. Le 24 au matin a 4h. L'eau avait envahi tous les endroits bas, elle était rendue dans la rue de l'Ange Gardien au coin du parterre du Presbytère avoisinant l'emplacement de Cardinal Fils. Elle était rendue dans la rue St Ignace près de chez J.B. Normandin boucher; elle avait envahi partiellement l'ancien chemin de S. Jean et la rue St Joseph de la rue S. Jq. au marché. Mais elle continua à monter jusqu'à 2h p.m. alors elle avait atteint la plus grande hauteur à la quelle elle s'est élevée cette année. Elle était, alors de 15 po. plus haute qu'elle n'était jamais vue de mémoire d'homme. De fait elle n'était jamais venue dans le Presbytère depuis qu'il est bâti en 1848. Le hangar de grain était ainsi que l'écurie du presbytère réputé à l'épreuve de l'inondation. Et pourtant à midi l'eau entrait dens le presbytère et à 2h. il y en avait 5 po au moins sur le plancher du bas dans la partie qui n'a pas été haussée. Dans le hangar à grain 6 po, dans les écuries 15 po. L'eau était 18 po. du coin du perron de l’église qui regarde la rue de l'Ange Gardien et le parterre du presbytère dans la rue de l'Ange Gardien, elle s'étendait jusque vis-a-vis le coin du Couvent de la Congrégation, voisin de la maison de Julien Brossard (autrefois Moise Brossard). Les chaloupes s'attachaient au trottoir devant la maison du marchand Hyacinthe Sylvestre. Dans la rue Ste Marie les chaloupes s'attachaient devant l'auberge d'Édouard Mc Neil. Dans la rue St Ignace l'eau était rendue au coin de la maison de J. Baptiste Racine (Yve). Dans la rue St Lambert devant la maison de Lionard Gibeau dans la rue St Frs Xavier elle arrivait a l'Académie – dans la rue Du Port elle était au coin de la Providence avoisinant la Chapelle de N.- D.des Sept. Douleurs. Quant à l'Anc. che. S. Jean la rue Ste Clotilde la rue Ste Ursule le rue S Jq. la rue S. J. la rue S. Louis et les parties des autres q. n'ont pas été nommées comme ne souffrant pas de l'eau ils ne dormaient avec la commune la plus grande partie du Fort Neuf St Lambert et le bas des Prairies et tout ce qu'on appelle le Domaine et pour mieux la vallée de la Rivière S. Jacques jusque près de la Fourche qu'une mer à perte de vue....