Sélection d'une édition

    Lettre à Monseigneur J. Octave Plessis

    Laprairie 7 janvier 1808

    Monseigneur,

                Votre Grandeur voudra-t-elle bien me permettre de lui faire les meilleurs souhaits au commencement de la nouvelle année. J’ai imposé à ceux qui ont pris part active au charivari 80tt pour réparation des torts et dommages; 42tt qu’ils se sont fait donner; 2tt pour une petite croisée qu’ils ont cassée a coups de pierre, et 36tt pour six soirées que les nouveaux époux ont été troublés dans leurs ventes— je ne leur ai alloué 6tt par soirée qu’après avoir consulté un autre cantinier qui de lui-même a reconnu que quelquefois ils pouvoient gagner d’avantage. J’ai déduit le Dimanche et deux jours où ils n’avoient pas voulu vendre—– aucune réparation ou restitution n’a encore été faite.

                La lecture de mandement se fit le 4e Dim: de l’Avent; et l’amende honorable au prône; quelques uns, dit-on se comportèrent pendant cette cérémonie d’une manière très impie.

                La fermentation, du Village, est passée dans les Campagnes. La messe de minuit; les bouts de chandelle que la fabrique y auroit gagnés, l’argent a intérêt, les indulgences, quelques ouvrages faits dans le cours de l’année sans assemblée, et que je leur ai offert de reprendre, tout cela fait chez eux un pot-pourri avec le charivari. un trouve là dedans quatre points de foi d’attaqués , un autre m’a parlé des lois du charivari, que le charivari se faisoit partout et de tout tems, et c’étoit la conséquence qu’ils avoient tiré de la lecture du Mandement de Monseig: de Laval, que je leur avoit faite dès le premier Dimanche. le Sr. Jacques Poupart, j’en suis fâché pour lui, devenu opulent depuis quelque tems, est à la tête des mécontens de la campagne, et le Sr. Nolin qui est à la veille de périr d’un cancer, est le chef de ceux du Village. Votre Grandeur recevra peut-être bientôt d’eux une ingénieuse production sous le nom de placet, et il sera signé par quelques uns des masques.-Je leur ai annoncé qu’ils n’obiendroient la procession et la Messe de Minuit qu’à la demande des Marguilliers en l’assemblée que votre Grandeur fera à la visite.—

    Laprairie 7 janvier 1808 Monseigneur,             Votre Grandeur voudra-t-elle bien me permettre de lui faire les meilleurs souhaits au commencement de la nouvelle année. J’ai imposé à ceux qui ont pris part active au charivari 80tt pour réparation des torts et dommages; 42tt qu’ils se sont fait donner; 2tt pour une petite croisée qu’ils ont cassée a coups de pierre, et 36tt pour six soirées que les nouveaux époux ont été troublés dans leurs ventes--- je ne leur ai alloué 6tt par soirée qu’après avoir consulté un autre cantinier qui de lui-même a reconnu que quelquefois ils pouvoient gagner d’avantage. J’ai déduit le Dimanche et deux jours où ils n’avoient pas voulu vendre----- aucune réparation ou restitution n’a encore été faite.             La lecture de mandement se fit le 4e Dim: de l’Avent; et l’amende honorable au prône; quelques uns, dit-on se comportèrent pendant cette cérémonie d’une manière très impie.             La fermentation, du Village, est passée dans les Campagnes. La messe de minuit; les bouts de chandelle que la fabrique y auroit gagnés, l’argent a intérêt, les indulgences, quelques ouvrages faits dans le cours de l’année sans assemblée, et que je leur ai offert de reprendre, tout cela fait chez eux un pot-pourri avec le charivari. un trouve là dedans quatre points de foi d’attaqués , un autre m’a parlé des lois du charivari, que le charivari se faisoit partout et de tout tems, et c’étoit la conséquence qu’ils avoient tiré de la lecture du Mandement de Monseig: de Laval, que je leur avoit faite dès le premier Dimanche. le Sr. Jacques Poupart, j’en suis fâché pour lui, devenu opulent depuis quelque tems, est à la tête des mécontens de la campagne, et le Sr. Nolin qui est à la veille de périr d’un cancer, est le chef de ceux du Village. Votre Grandeur recevra peut-être bientôt d’eux une ingénieuse production sous le nom de placet, et il sera signé par quelques uns des masques.-Je leur ai annoncé qu’ils n’obiendroient la procession et la Messe de Minuit qu’à la demande des Marguilliers en l’assemblée que votre Grandeur fera à la visite.--- ...

    Lettre à Monseigneur J. Octave Plessis (suite)

    L’an dernier des Anglois pendant la messe de Minuit ne firent que tourner en voiture autour de l’Eglise pour troubler l’office, et il y a deux ans quelques filles, au retour de la messe furent insultées par des jeunes gens de Font-arabie ou prétendirent avoir été insultées par eux, et cela causa au procès, où deux familles ont été ruinées.

                Le charivari n’étoit qu’un jeu d’enfans, disent-ils; et ils prétendent qu’il n’y a qu’un petit nombre qui y a pris part.—- Je connois 36 de ceux qui se sont masqués; dont 5 seulement sont protestans, je ne voudrois pas pourtant les nommer et le Sr Nolin me reprochoit qu’il y en auroit 60 qui pour cela ne feroient pas leurs pâques, qu’à ce nombre on ajoute ceux qui ne les faisoient pas auparavant et ceux qui n’ont pas encore l’âge de le faire; et on verra si mon calcul a été faux. je peux produire pour temoins les soldats Anglois qui sont cantonnés dans le Village—–au surplus, je craignois qu’ils ne fussent pas assez sensibles au châtiment, et heureusement,ils le sont assez—–les masques se conservoient pour d’autres occasions; et j’ai appris que les travestissements auroient déjà eu lieu dans des bals d’été dernier, et que tout cela avoit donné lieu à des horreurs comme votre Grandeur l’avoit conjecturé.
     

                Je suis avec le plus profond respect,

                            Monseigneur,

                                        de votre Grandeur

                                        Le très humble et très obéissant serviteur

                                                                            J.B. Boucher

                                                                                        ptre.
     

    P.S. il est bien entendu qu’il y a toujours une exception à faire en faveur de plusieurs personnes tant du village que des campagnes.

    L’an dernier des Anglois pendant la messe de Minuit ne firent que tourner en voiture autour de l’Eglise pour troubler l’office, et il y a deux ans quelques filles, au retour de la messe furent insultées par des jeunes gens de Font-arabie ou prétendirent avoir été insultées par eux, et cela causa au procès, où deux familles ont été ruinées.             Le charivari n’étoit qu’un jeu d’enfans, disent-ils; et ils prétendent qu’il n’y a qu’un petit nombre qui y a pris part.---- Je connois 36 de ceux qui se sont masqués; dont 5 seulement sont protestans, je ne voudrois pas pourtant les nommer et le Sr Nolin me reprochoit qu’il y en auroit 60 qui pour cela ne feroient pas leurs pâques, qu’à ce nombre on ajoute ceux qui ne les faisoient pas auparavant et ceux qui n’ont pas encore l’âge de le faire; et on verra si mon calcul a été faux. je peux produire pour temoins les soldats Anglois qui sont cantonnés dans le Village-----au surplus, je craignois qu’ils ne fussent pas assez sensibles au châtiment, et heureusement,ils le sont assez-----les masques se conservoient pour d’autres occasions; et j’ai appris que les travestissements auroient déjà eu lieu dans des bals d’été dernier, et que tout cela avoit donné lieu à des horreurs comme votre Grandeur l’avoit conjecturé.               Je suis avec le plus profond respect,                         Monseigneur,                                     de votre Grandeur                                     Le très humble et très obéissant serviteur                                                                         J.B. Boucher                                                                                     ptre.   P.S. il est bien entendu qu’il y a toujours une exception à faire en faveur de plusieurs personnes tant du village que des campagnes. ...

    Lettre à Monseigneur J. Octave Plessis

    Lettre adressée à Monseigneur J. Octave Plessis, évêque de Québec, par l’abbé Jean-Baptiste Boucher de Belleville, curé de La Praire de 1792 à 1839.*

    La Prairie, 24 nov. 1807

    Monseigneur,

    C’est avec une véritable douleur que je me vois forcé de donner à votre Grandeur connoissance des désordres qui ont eu lieu dernièrement dans notre Village, formé en grande partie, il faut le dire pour l’honneur de la Prairie, de pièces rapportées de tous les lieux. Il s’est fait tous les soirs, hors dimanche, depuis mardi le 17 du courant, un charivari où se sont commis tous les excès, toutes les impiétés dont est capable une vile canaille sans honneur, sans foi, sans moeurs et sans frein, et où se sont vociférés les injures les plus atroces, les propos les plus orduriers, les plus infames, qui décéloient les coeurs les plus corrompues, masques hideux, travestissements abominables de garçons en filles, profanations des cérémonies et chants funèbres de l’Église, toutes les horreurs ont été employés, enfants, jeunes gens, pères de famille, filles et femmes, presque tous, l’exception n’est pas considérable, y ont pris part ou par leur conseil ou leur présence et leurs applaudissements, ou par leurs paroles ou leurs actions; ou en fabriquant ou prêtant masques, cercueils, vêtements, ou autres apparaux de charivari. Jamais on ne vit semblable désordre dans nos campagnes.

    Dimanche dernier, après avoir dit tout ce que je pus pour arrêter le désordre, j’annoncai qu’en attendant les ordres de Votre Grandeur, je n’admettrois aux sacremens aucun de ceux qui avoient pris part active au charivari, ceux qui ont fourni ou fabriqué soit masques, ou quoique se soit pour le foin. Les filles et femmes qui ont eu la bassesse de prêter pour cela leurs vetements, enfin les pères et mères, maitres et maitresses qui ont souffert que leurs enfans ou domestiques y prissent part.

    J’annoncier de plus que cette année je ne ferois point la neuvaine de St-Francois Xavier dont il m’y avait guère que les personnes du village qui profiter, et dont peu étoient dignes, et que si le tumulte ne cessoit point, il n’y auroit point de Messe de Minuit.

    Le désordre si ce point cessé; en mépris de ce que j’avois prêché, les noms de curé et de prône ont retenti la nuit dernière parmi les atrocités addressées aux Epoux; et à une espèce de convoi funèbre auquel assitoient peut-être 100 personnes, dix environ sans le masque, on a remarqué un surplis et un camail … parmi les coupables, plusieurs étoient pour être confirmés …. Les gens de campagnes n’ont point pris de part à ses horreurs, on en accuse deux ou trois.

    Je suis avec le plus profond respect de Votre Grandeur

    Le très humble et obéissant serviteur

    J. B. Boucher

    ptre

    Lettre adressée à Monseigneur J. Octave Plessis, évêque de Québec, par l’abbé Jean-Baptiste Boucher de Belleville, curé de La Praire de 1792 à 1839.* La Prairie, 24 nov. 1807 Monseigneur, C’est avec une véritable douleur que je me vois forcé de donner à votre Grandeur connoissance des désordres qui ont eu lieu dernièrement dans notre Village, formé en grande partie, il faut le dire pour l’honneur de la Prairie, de pièces rapportées de tous les lieux. Il s’est fait tous les soirs, hors dimanche, depuis mardi le 17 du courant, un charivari où se sont commis tous les excès, toutes les impiétés dont est capable une vile canaille sans honneur, sans foi, sans moeurs et sans frein, et où se sont vociférés les injures les plus atroces, les propos les plus orduriers, les plus infames, qui décéloient les coeurs les plus corrompues, masques hideux, travestissements abominables de garçons en filles, profanations des cérémonies et chants funèbres de l’Église, toutes les horreurs ont été employés, enfants, jeunes gens, pères de famille, filles et femmes, presque tous, l’exception n’est pas considérable, y ont pris part ou par leur conseil ou leur présence et leurs applaudissements, ou par leurs paroles ou leurs actions; ou en fabriquant ou prêtant masques, cercueils, vêtements, ou autres apparaux de charivari. Jamais on ne vit semblable désordre dans nos campagnes. Dimanche dernier, après avoir dit tout ce que je pus pour arrêter le désordre, j’annoncai qu’en attendant les ordres de Votre Grandeur, je n’admettrois aux sacremens aucun de ceux qui avoient pris part active au charivari, ceux qui ont fourni ou fabriqué soit masques, ou quoique se soit pour le foin. Les filles et femmes qui ont eu la bassesse de prêter pour cela leurs vetements, enfin les pères et mères, maitres et maitresses qui ont souffert que leurs enfans ou domestiques y prissent part. J’annoncier de plus que cette année je ne ferois point la neuvaine de St-Francois Xavier dont il m’y avait guère que les personnes du village qui profiter, et dont peu étoient dignes, et que si le tumulte ne cessoit point, il n’y auroit point de Messe de Minuit. Le désordre si ce point cessé; en mépris de ce que j’avois prêché, les noms de curé et de prône ont retenti la nuit dernière parmi les atrocités addressées aux Epoux; et à une espèce de convoi funèbre auquel assitoient peut-être 100 personnes, dix environ sans le masque, on a remarqué un surplis et un camail ... parmi les coupables, plusieurs étoient pour être confirmés .... Les gens de campagnes n’ont point pris de part à ses horreurs, on en accuse deux ou trois. Je suis avec le plus profond respect de Votre Grandeur Le très humble et obéissant serviteur J. B. Boucher ptre...

    Lettre à Monseigneur J. Octave Plessis (suite)

    Lettre adressée à Monseigneur J. Octave Plessis, évêque de Québec, par l’abbé Jean-Baptiste Boucher de Belleville, curé de La Praire de 1792 à 1839.*
     

    Laprairie 17 déc 1807

    Monseigneur,

    Le mandement de votre Grandeur, au sujet du charivari, me parvint jeudi de la semaine dernière et conformément à l’avis de Mr Legrand Vicaire n’appercevant point encore dans les coupables des dispositions à des sentiments de repentance, je ne fis, Dimanche dernier qu’en annoncer la réception, et j’en remis, à dimanche prochain, la lecture à laquelle je tâchai de les préparer le charivari ne finit que le 25 Nov: et ne finit que parce que les époux payèrent 7 piastres. J’avais annoncé d’avance que j’exigerois la restitution de l’argent ainsi extorqué. Après l’avoir encore répété depuis, j’ajoutai dimanche dernier qu’elle faisoit une partie de la satisfaction imposée par Votre Grandeur, et personne n’a encore paru pour le faire. Ils se sont fait un principe que cette extorsion étoit légitime en donnant une partie de l’argent aux pauvres… je donnerai à votre Grandeur connoissance de l’effet que produira la lecture du mandement … Je suis avec le plus profond respect,

    Monseigneur,

    De votre Grandeur,

    Le très humble et très obéissant serviteur,

    J.B. Boucher Ptre
     

    …suite au prochain numéro de «Au Jour le Jour»

    N.B. Il sera question des réactions du curé Boucher au charivari lors de la conférence donnée par Gaétan Bourdages en mars prochain.

    Lettre adressée à Monseigneur J. Octave Plessis, évêque de Québec, par l’abbé Jean-Baptiste Boucher de Belleville, curé de La Praire de 1792 à 1839.*   Laprairie 17 déc 1807 Monseigneur, Le mandement de votre Grandeur, au sujet du charivari, me parvint jeudi de la semaine dernière et conformément à l’avis de Mr Legrand Vicaire n’appercevant point encore dans les coupables des dispositions à des sentiments de repentance, je ne fis, Dimanche dernier qu’en annoncer la réception, et j’en remis, à dimanche prochain, la lecture à laquelle je tâchai de les préparer le charivari ne finit que le 25 Nov: et ne finit que parce que les époux payèrent 7 piastres. J’avais annoncé d’avance que j’exigerois la restitution de l’argent ainsi extorqué. Après l’avoir encore répété depuis, j’ajoutai dimanche dernier qu’elle faisoit une partie de la satisfaction imposée par Votre Grandeur, et personne n’a encore paru pour le faire. Ils se sont fait un principe que cette extorsion étoit légitime en donnant une partie de l’argent aux pauvres... je donnerai à votre Grandeur connoissance de l’effet que produira la lecture du mandement ... Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, De votre Grandeur, Le très humble et très obéissant serviteur, J.B. Boucher Ptre   ...suite au prochain numéro de «Au Jour le Jour» N.B. Il sera question des réactions du curé Boucher au charivari lors de la conférence donnée par Gaétan Bourdages en mars prochain....