 
															- Au jour le jour, mai 2014
Bijouterie Guy Serres
Dernier né d’une famille de quatre enfants (Aurore, Marie-Antoinette, Jean Roch et Guy), Guy Serres a vu le jour à La Prairie en 1935. Fils d’Alice Legrand et de Roch Serres, le jeune Guy a dû quitter La Prairie à l’âge d’un an puisque son père venait de racheter l’hôtel Le Relais Terrapin situé sur la rue Saint-Charles à Longueuil. Roch Serres avait déjà été propriétaire du même hôtel (un ancien relais de diligences) de 1920 à 1925. Hélas, après six autres années au Terrapin, désemparé par le décès de son fils aîné âgé de dix-huit ans, M. Serres dut se résoudre à vendre l’hôtel à nouveau.
Le jeune Jean Roch, suite à une longue randonnée à vélo sous la pluie, avait contacté une « tuberculose galopante » ou phtysieLa tuberculose galopante ou phtysie détruit le tissu pulmonaire en quelques mois. à la laquelle il ne survécut que quelques mois dans un sanatorium de Sainte-Agathe-des-Monts Ouvert en 1908, ce sanatorium fut le premier au Québec. .
C’est ainsi que la famille revint à La Prairie et que Joseph Guy entreprit son cours primaire à l’Académie Saint-Joseph dirigée par les FrèresRasée par les flammes dans la nuit du 3 janvier 1978, l’école était située à l’angle du chemin de Saint-Jean et de la rue Saint-Ignace. de l’Instruction chrétienne. Sa cinquième année complétée, le futur horloger se vit à nouveau contraint de quitter La Prairie puisque son père avait fait l’acquisition d’une taverne à Montréal. Il compléta donc sa sixième et sa septième année à Saint-StanislasL’école primaire Jacques-Marquette devint l’école secondaire Saint-Stanislas de 1929 à 1966. L’ESSS était la fierté des Frères de l’Instruction chrétienne dans toute la province de Québec. avant d’entreprendre son cours classique au Collège Sainte-Marie dirigé par les Jésuites. Le cours classique durait huit ans (Éléments latins, Syntaxe, Méthode, Versification, Belles-lettres, Rhétorique, Philo-I et Philo II) et menait à la prêtrise ou encore à l’université vers des professions dites libérales : droit, médecine, architecture etc.
La voie était donc toute tracée puisque Guy voulait devenir architecte. Or, en Belles-lettres, cette fois au Collège Brébeuf, on lui fi t clairement savoir, sans doute un peu tardivement, que le cours classique ne lui convenait pas. Fort en mathématiques, le futur horloger résolut de s’inscrire dans une école privée afin de suivre en un an un cours accéléré qui devait lui ouvrir les portes de l’école d’architecture. Or, le cours terminé, il apprit, non sans amertume, que l’Université de Montréal ne reconnaissait pas la formation donnée par cette école. Il aurait pu poursuivre sa formation en entreprenant des études en architecture à l’Université McGill mais, en ce début des années 1950, l’immersion dans un milieu totalement anglophone l’intimidait.
Guidé par sa soeur AuroreAurore Martin, du nom de son époux, a oeuvré comme bénévole à la SHLM durant plusieurs années. , son aînée de quinze ans qui était une véritable mère pour lui, Guy Serres entreprit de se chercher une nouvelle orientation professionnelle. Il opta pour la bijouterie puisque le métier alliait l’habileté manuelle et l’art du dessin. C’est ainsi qu’il s’inscrit à l’Institut d’horlogerie et de bijouterie du Canada, situé sur la rue Saint-Hubert à Montréal. Au cours de cette année de formation, il apprend la bijouterie durant le jour et s’initie aux secrets de l’horlogerie en soirée.
Après avoir oeuvré durant trois ans dans le domaine, M. Serres ouvre en 1958 sa première boutique au 242, chemin de Saint-Jean. En juin 1964, dans l’église Notre-Dame du Sacré-Coeur, le jeune bijoutier épouse Louise Dumontet (Guillaume et Juliette Lemieux), originaire de Brosseau. Le père de Louise possédait des terres sur le chemin des Prairies et fut, en décembre 1950, parmi les membres fondateurs de la Caisse populaire de La Prairie. Les jeunes mariés habitèrent durant quelques temps un petit logement situé à l’arrière de la boutique. Deux enfants naîtront de cette union, Nathalie l’aînée et Yanick né en 1970. À l’époque, Aurore, la soeur aînée de Guy, habitait à l’étage au-dessus du commerce.

Les affaires vont bien jusqu’à ce jour néfaste de septembre 1968, un vendredi 13 à 13 heures, alors que deux jeunes hommes se livrent à un cambriolage majeur. Les pertes sont si importantes que le propriétaire se voit forcé d’écouler le matériel restant durant un an et contraint de mettre fin aux activités de son commerce le 12 septembre 1969.
Ironie du sort ou acte prémédité, à la fin du mois de septembre 1969, la bijouterie Larose ouvre ses portes au 408 rue Sainte-Élisabeth (aujourd’hui boulevard Taschereau). Qui plus est, ce local était le voisin immédiat de l’emplacement actuel de la Bijouterie Guy Serres.
Orphelin de son commerce, de 1969 à 1972, Guy Serres perfectionne son savoir-faire au sein d’un important atelier de réparation, de fabrication et d’importation de Montréal où il agit à titre de contrôleur de la qualité. On lui confi ait notamment la responsabilité d’inspecter pas moins de 500 à 600 bijoux par jour. Des années riches en expertise et en apprentissages.
Fort d’une quinzaine d’années d’expérience dans la bijouterie, Guy Serres décide en décembre 1972 de redémarrer son commerce au sous-sol du 874, rue Sainte-Élisabeth. Une heureuse décision puisque cette époque, qualifiée aujourd’hui « des années folles de la bijouterie », allait permettre à l’entreprise de redémarrer sur des fondations très solides.

Au fil des années, la bijouterie se construit une solide réputation d’honnêteté et de qualité de ses produits. Hélas, le 10 septembre 1981, le malheur frappe à nouveau. Deux hommes, armés d’un révolver et d’une fausse bombe, font irruption dans le commerce et s’emparent de plus de 200 000 $ de bijoux.
Voici comment les journaux de l’époque relatèrent l’incident :
« Les suspects, très élégamment vêtus, ont pénétré dans la bijouterie Guy Serres, du 874 boulevard Sainte-Élizabeth, vers 17h15, à la manière de simples clients.
Une fois à l’intérieur, les gredins n’ont toutefois par tardé à dévoiler leur intention, et c’est l’arme braquée que l’un d’eux a menotté les occupants de la boutique [deux hommes et une femme], après avoir déposé sur le comptoir une mallette de cuir brun qui devait apparemment contenir une bombe.
Ouverte, la mallette laissait d’ailleurs distinctement voir un dispositif constitué d’un circuit imprimé et d’une pile reliés par un fil. Une antenne et deux clignotants rouges complétaient l’instrument, capable de berner n’importe quel amateur.
Ensuite, les bandits n’ont mis que quelques minutes pour vider tous les comptoirs […]. Leur fuite a été aussi discrète que leur arrivée. Cependant, les individus ont pris soin de laisser sur place la prétendue bombe, qu’on croyait être téléguidée [une fusée routière enrobée de ruban gommé noir de laquelle sortaient plusieurs petits fils reliés à une pile ainsi qu’à deux petites lumières].
Mais le propriétaire, M. Serres, ne s’est visiblement pas laissé impressionner outre mesure par le dispositif, puisqu’à peine les gangsters sortis, il s’est précipité dehors à son tour, menottes aux poignets, derrière le dos, juste à temps pour apercevoir le véhicule utilisé par les voleurs […].
Auparavant, M. Serres avait eu le réflexe de déclencher le système d’alarme, ce qui amena rapidement les policiers de Laprairie sur les lieux. […]
Heureusement que ce second cambriolage en treize ans n’allait pas mettre fin aux activités de la bijouterie. Bien au contraire, le commerce continua de progresser. En 1988, Nathalie se joint à l’entreprise et entreprend de faire ses classes. Douze ans plus tard, devenue une gestionnaire aguerrie et riche de l’expérience et du savoir-faire partagés par son père, Nathalie fait l’acquisition du commerce.
L’année suivante, en 2001, la nouvelle propriétaire décide de rénover les installations. Une décision judicieuse, qui s’est avérée très bénéfique pour l’expansion du commerce. D’ailleurs, la bijouterie connaît par la suite un tel succès et sa croissance est si bien lancée que, en 2004, on se voit obligé de déménager au 412, boulevard Taschereau, un local plus vaste et mieux adapté. Depuis lors, la clientèle de l’entreprise ne cesse d’augmenter.
Ce n’est donc pas sans une fierté bien légitime que, en 2008, la Bijouterie Guy Serres célèbre ses cinquante années d’existence et que, l’année suivante, elle est lauréate du Grand Prix d’excellence dans la catégorie « Entreprise de commerce – 10 employés et moins », dans le cadre de l’événement les « Grands Prix de l’entrepreneuriat de Roussillon 2009 ».
Bien que ce soit sa fille Nathalie qui gère désormais le commerce, le fondateur, M. Guy Serres est toujours présent dans l’entreprise et il n’a nullement l’intention de prendre sa retraite sous peu. Cependant, à l’image de nombreuses entreprises familiales, il est fort probable que la propriété ne se transmette pas à une troisième génération puisque la relève est, pour le moment, inexistante.
La Bijouterie Guy Serres demeure un modèle de compétence et de savoir-faire pour les citoyens et les commerçants de La Prairie.
 
															- Au jour le jour, mai 2014
Mot du nouveau président
Le 18 mars 2014, j’ai entrepris mon 4e mandat comme administrateur de la SHLM. Suite à une décision du conseil d’administration lors de la réunion du 31 mars dernier, je suis devenu le 16e président de la Société depuis son incorporation en 1972. Comme le disait mon prédécesseur, ce poste est exigeant et lourd de responsabilités. Cependant, solidement épaulé par mes collègues du conseil d’administration, par notre coordonnatrice et nos bénévoles, je suis confiant dans l’avenir de notre Société d’histoire.
Notre mission s’articule autour de trois champs d’activités : la généalogie, l’histoire locale et le patrimoine bâti. Les défis à relever sont nombreux et nous encadrons déjà plusieurs projets liés à notre mission. À cela s’ajoutera bientôt notre contribution aux festivités entourant le 350e anniversaire de La Prairie en 2017. Nous comptons travailler fort d’ici-là afin de faire connaître l’histoire de notre ancienne seigneurie lors des festivités commémoratives.
Au plaisir de vous rencontrer dans le cadre d’une de nos activités.
 
															- Au jour le jour, avril 2014
À propos du bulletin
Éditeur
Société d’histoire de
La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN 1499-7312
COLLABORATEURS :
Coordination
Gaétan Bourdages
Rédaction
Gaétan Bourdages
Stéphane Tremblay
Révision linguistique
Robert Mailhot
Design graphique
François-B. Tremblay
www.bonmelon.com
Impression
SHLM
Siège social
249, rue Sainte-Marie
La Prairie (Québec), J5R 1G1
Téléphone
450-659-1393
Courriel
Site Web
www.shlm.info
Les auteurs assument l’entière responsabilité de leurs articles.
 
															- Au jour le jour, avril 2014
Acquisition de la banque de données Parchemin par la SHLM
À compter du mois d’avril, les membres de la SHLM pourront consulter la banque de données Le Parchemin, acquise par la SHLM pour une durée d’un an (renouvellement à déterminer selon l’utilisation qu’on en fera). Mise sur pied en 1981 par la société de recherche historique Archiv-Histo sous la direction de Mme Hélène Lafortune et de M. Normand Robert, cette banque de données sera accessible gratuitement pour nos membres.
Le Parchemin est un inventaire presque complet des minutes notariales du Québec ancien couvrant deux périodes historiques, soit l’époque de la Nouvelle- France (1621 à 1763) et celle de la Province of Quebec (1763 à 1790). Les chercheurs en généalogie et en histoire pourront ainsi consulter une brève description de plusieurs types d’actes (contrats de mariage, ventes, testaments, inventaire après décès, etc.) afin de documenter la vie de leurs ancêtres. À l’aide du moteur de recherche et de mots-clés (comme le nom d’un ancêtre), on obtient une fiche descriptive pour chaque acte notarié suggéré. Chaque fiche donne les renseignements suivants :
– Le type d’acte notarié, la date d’élaboration, le nom du notaire et un résumé de l’acte
– Le nom des principales parties intervenantes ainsi que leur fonction ou profession, leur état matrimonial ainsi que leurs lieux d’origine et de résidence.
Un bref rappel : afin de maximiser les heures de recherche disponibles pour nos membres, la SHLM a étendu ses heures d’ouverture. En plus des lundis en soirée et des heures habituelles du mardi au jeudi, les locaux de la SHLM sont maintenant ouverts les lundis et les samedis en après-midi.
 
															- Au jour le jour, avril 2014
Notre prochaine conférence: Ils ont cartographié l’Amérique
À l’étage du 249, rue Sainte-Marie
Les cartes géographiques et les plans d’arpenteurs sont de précieuses sources d’informations pour amorcer ou compléter une recherche généalogique. Ces documents permettent non seulement de localiser une ville, un village, un cours d’eau, une seigneurie, mais parfois aussi la terre ou l’habitation d’un ancêtre. Venez découvrir quelques-uns des documents parmi les plus utiles au généalogiste, tout en apprenant comment accéder à ces trésors.
Les conférences de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine ont lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Elles débutent à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.
 
															- Au jour le jour, avril 2014
Nouveau conseil d’administration à la SHLM
Trente de nos membres ont assisté à l’assemblée générale annuelle du 18 mars dernier. La rencontre a permis au président sortant de présenter un bilan très positif de l’année 2013, et ce tant au plan budgétaire qu’en ce qui a trait aux nombreux projets en cours : généalogie, traitement des archives, Marchez dans l’ombre, exposition estivale, publications, conférences, site internet, Biens des Jésuites et vente de livres usagés.
Des cinq postes au conseil d’administration, trois étaient soumis à une élection cette année. Selon le rapport du responsable des mises en candidature, seulement deux personnes ayant soumis leur candidature, elles ont donc été élues par acclamation. En conséquence, compte tenu de nos règlements, le poste demeuré vacant devait, dès que possible, être pourvu par cooptation par les quatre membres du C.A. Ce qui fut fait lors de la réunion du conseil d’administration du 31 mars dernier.
Voici donc la composition du conseil d’administration de la SHLM :
M. Stéphane Tremblay, président ; élu par acclamation pour un mandat de deux ans.
M. François-Bernard Tremblay, 1er vice-président ; il lui reste une année à compléter à son mandat.
M. Gilles Blanchard, 2e vice-président ; coopté par le C.A. de la SHLM pour un mandat de deux ans dont la deuxième année devra être confirmée lors de l’assemblée générale annuelle de mars 2015. Natif de ville Jacques-Cartier (Longueuil) M. Blanchard a travaillé durant quarante ans à Radio-Canada comme technicien de maintenance du matériel électronique. Établi à La Prairie depuis 2004, il est devenu membre de la SHLM en 2010 afin de construire son arbre généalogique. M. Blanchard a également été nommé responsable de notre club de généalogie
M. Marc-André Gaudreau, trésorier ; élu par acclamation pour un mandat de deux ans. Natif de la région de l’Estrie, le père de M. Gaudreau a déjà été le président de la Société d’histoire de Coaticook. Afin de poursuivre sa carrière au sein de la fonction publique fédérale, en 2010, Marc-André Gaudreau s’installe à La Prairie avec sa famille. Au début de l’été 2013, séduit par les attraits historiques du Vieux La Prairie, il devient membre de la SHLM. À l’automne suivant, il s’inscrit au cours d’initiation à la généalogie offert en partenariat avec le service des loisirs de la ville de La Prairie.
M. Albert Juneau, secrétaire ; il lui reste une année à compléter à son mandat.
 
															- Au jour le jour, avril 2014
Roland Desautels, maître du vélo depuis plus de soixante ans
Natif de la côte Sainte-Catherine, suite au remariage de sa mère Roland Desautels est arrivé très jeune à La Prairie. En 1946, il obtient un emploi à la briqueterie, un travail qui est exigeant physiquement surtout lorsqu’il faut charger les camions de briques à l’aide de pinces manuelles. De plus le salaire est bas, 0,29 $ de l’heure, et les patrons mettent beaucoup de pression sur les employés.
Afin d’améliorer sa condition, M. Desautels décide d’imiter des collègues de la « briquadeDéformation de l’anglais « brick yard ». », les Nantel, Ti-Mé Daunais et Langlois, et se lance, en 1952, dans la réparation des vélos. Il habitait alors un logement chez Jean-Louis Pilote sur la rue Sainte-Rose. Ce dernier lui propose de construire dans la cour arrière un petit hangar de 12 pieds par 15 pieds qui lui servira d’atelier, le tout fait avec du bois récupéré d’un collège qui avait été démoli. Ainsi pendant plusieurs années Roland Desautels consacrera ses journées à la briqueterie et ses soirées à l’entretien des bicyclettes et à la vente de quelques accessoires. Ce petit atelier n’existe plus aujourd’hui.
Voici un aperçu des prix spéciaux à l’été 1960 : le pneu de vélo est à 1,99 $, la chambre à air à 0,98 $ et la dynamo avec les feux avant et arrière à 3,98 $. Comme l’anglais est largement utilisé dans le commerce à l’époque, la publicité dans le journal local utilise les expressions « tubes », « dynamo lighting set », « horne double avec flasher » etc.
En septembre 1955, le jeune Roland épouse Rose-Aimée Tétreault originaire de Stukely-Nord et arrivée à La Prairie à l’âge de cinq ans. Après le couple Perron/ Boulerice, il s’agissait du second mariage à être célébré à l’église du Christ-Roi récemment construite. Suivront les naissances des deux garçons, Alain l’aîné en 1957 et Luc en 1961. À cette époque Roland Desautels est de tous les métiers, en plus de son emploi à la briqueterie et de son modeste atelier, il vend des cuisinières et des téléviseurs pour M. Monette, il a aussi vendu des meubles pour Jean-Paul Leclerc dont le commerce était situé sur le chemin de Saint-Jean près du terminus d’autobus. Il a également fait le commerce des couvre-planchers, c’est d’ailleurs lui qui a vendu à la fabrique du Christ-Roi les tuiles qui recouvraient le plancher tout neuf. Plus tard il conduira des autobus scolaires pour la compagnie Vézina.
Comme les affaires vont bien, le couple décide en 1967 de construire l’édifice situé à l’actuel 620, rue Lavoie où la famille loge à l’étage alors que le sous-sol sert de commerce et d’atelier de réparation. Est-il nécessaire d’ajouter que les garçons furent initiés très jeunes aux notions de base de la remise en état et de la vente des bicyclettes.
Vers 1970, M. Desautels décide de quitter définitivement son emploi à la briqueterie pour se consacrer entièrement à son entreprise.
Le métier de commerçant est exigeant et Roland et Rose-Aimée n’ont jamais compté les heures. Surtout qu’avec le temps, une clientèle de plus en plus exigeante, les heures d’ouverture se sont étirées. Heureusement que les garçons ont su avec l’âge s’intégrer rapidement aux exigences du métier et devenir une main-d’oeuvre des plus qualifiée. Cette boutique est une véritable entreprise familiale.
Les exigences du commerce de vélos varient en fonction du cycle des saisons, mais les temps morts sont rares. Le printemps voit arriver son lot de bécanes à réparer ou à mettre au point pour la belle saison. Le printemps et l’été sont également des périodes importantes pour la vente. Puis l’automne se pointe et il faut déjà songer à commander le matériel pour l’année suivante et établir un inventaire invendus. On ne chôme pas durant la saison froide, car il faut assembler près de 1 500 nouveaux vélos pour le printemps suivant en plus de répondre à la clientèle qui s’adonne aux sports d’hiver.

Car, Roland Desautels Sports ne se limite à vendre et à réparer des vélos, durant l’hiver, il offre également à sa vaste clientèle des skis de fond, des skis alpins, des raquettes, des patins de loisir et une collection de manteaux d’hiver haut de gamme. À cela s’ajoutent l’aiguisage des patins et l’entretien des skis alpins (l’affutage des carres, le cirage des semelles et la vérification des cambrures). La période qui précède le temps des Fêtes n’est donc pas de tout repos.

Bien que Roland et Rose-Aimée soient, après plus de soixante ans, toujours présents et actifs dans le magasin, ce sont les garçons Alain et Luc qui en sont les propriétaires depuis plusieurs années et qui gèrent l’entreprise. Ils ont su s’adapter aux nouvelles technologies et aux nouveaux matériaux. Afin de bien servir une vaste clientèle très fidèle, une nouvelle salle de montre avec plus de 2 000 vélos a été inaugurée en 2005. Alain et Luc jurent cependant qu’ils ne seront pas au poste à un âge aussi avancé que leurs parents. Malgré ce bel exemple de pérennité, l’entreprise devra donc un jour, à l’image de plusieurs PME au Québec, passer aux mains de nouveaux propriétaires, puisque les petits enfants du couple Desautels/Tétreault ne se montrent pas intéressés à prendre la relève.
 
															- Au jour le jour, avril 2014
Vente de livres usagés
Le printemps se pointe enfin le bout du nez et, avec lui, notre vente de livres usagés. Tout l’hiver durant, nous avons emmagasiné des centaines de livres qui traitent de sujets très variés et dont le contenu saura vous captiver. À titre de membre de la SHLM vous êtes conviés à la prévente qui aura lieu dans les locaux de la SHLM au 249, rue Sainte-Marie, le jeudi 1er mai, de 16 h à 19 h.
Si vous désirez prolonger le plaisir ou le partager avec vos parents et amis, la vente se poursuivra le vendredi 2 mai de 9 h à 21 h, le samedi 3 mai ainsi que le dimanche 4 mai de 9 h à 16 h. Au plaisir de vous accueillir en grand nombre !
 
															- Au jour le jour, mars 2014
À propos du bulletin
Éditeur
Société d’histoire de
La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
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Bibliothèque nationale du Canada
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Gaétan Bourdages
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Gaétan Bourdages
Albert LeBeau
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															- Au jour le jour, mars 2014
L’énigme du moulin à vent de La Prairie : Remarques générales
Bien que notre article de décembre 2013 ait eu le mérite d’ouvrir le débat sur l’existence d’un premier moulin à vent à La Prairie, à la lumière de l’article de M. LeBeau, nous reconnaissons d’emblée que notre hypothèse était erronée.
Il est vrai que les moulins à tour de bois ainsi que les moulins à pivot (chandelier) étaient économiques « parce qu’ils n’étaient qu’affaire de charpenterie ». Pourtant, leur nombre semble avoir été limité en Nouvelle-France à cause de leur détérioration rapide (durée utile entre 15 et 20 ans). La plupart ont été vite remplacés par des tours de pierre. La conception des moulins et leurs meules de pierre étaient importées de France mais, étant donné l’abondance des forêts et la présence d’habiles artisans, on peut douter que ce fût le cas pour les charpentes de bois. D’ailleurs, apparues au 18e siècle, les « pierres du pays » n’atteignirent jamais la qualité des pierres de France.
Certes, en 1668, on érigea à Batiscan un moulin à tour mixte, soit un moulin en bois sur une base en pierre, et on pourrait aisément prétendre que le premier moulin de La Prairie ait été du même type, ou encore à pivot comme l’affirme M. LeBeau, d’autant que le contrat d’août 1683 est un contrat de charpenterie destiné à ressoler le moulin. Selon NicotNicot, Thresor de la langue française, 1606 , la sole est la basse superficie sur laquelle les autres sont établies. D’après une ancienne illustration publiée par Gilles DeschênesDeschênes Gilles, Quand le vent faisait tourner les moulins, Septentrion, 2009. Page 213. , les Jésuites avaient fait construire au pays des Hurons une tour de moulin à vent en bois.
ET POURTANT …
Après avoir enseigné au Collège de Québec de 1705 à 1709, François- Xavier Charlevoix quitte la Nouvelle- France pour n’y revenir qu’en septembre 1720. C’est lors de ce retour qu’il remonte le Saint-Laurent et navigue jusqu’à MichillimakinacFondée en 1670 et située dans la péninsule du nord du Michigan, Michilimakinac fut le site d’une mission (puis d’un fort). Elle devint le plus important comptoir français de traite. . Rien n’indique que Charlevoix ait visité La Prairie au cours de ses deux séjours parmi nous. Son Histoire et description générale de la Nouvelle-France paraîtra à Paris en 1744. Dans la réédition de 1976 publiée aux Éditions Élysée, on peut lire, au sujet de La Prairie, à la page 103 du tome second que : « […] Ce Fort était à trente pas du Fleuve, sur une hauteur escarpée entre deux Prairies, dont une, qui regardait un endroit appelé la Fourche, est coupée par une petite Rivière à la portée du canon du Fort, & un peu plus près par une Ravine. Entre les deux il y a un CourantUn courant d’eau, C’est un canal ou un ruisseau qui court. Il y a un courant d’eau qui fait moudre des moulins. Dictionnaire de L’Académie française, 5e édition (1798). , sur lequel on avait bâti un Moulin. […] ».
Qui croire? Bien que le récit de Peter Schuyler fasse référence à un « windmilne », nous sommes d’avis que la dernière phrase du texte de Charlevoix laisse clairement entendre que le premier moulin de La Prairie était en réalité un moulin à eau. Or, il est permis d’en douter. Certes, le moulin à eau avait ses avantages. Le vent étant imprévisible, incontrôlable et irrégulier, en certains endroits et lorsque cela était possible, on optait pour un moulin à eau. De plus on ne pouvait mettre le vent en réserve comme c’était le cas pour l’eau à l’aide de digues.
D’autres sources plaident en faveur du moulin à vent :
« L’année 1668 sera le témoin également de l’érection de trois autres de ces moulins (à vent) […] Deux ans plus tard, soit au début de la trêve iroquoise, c’est au tour des seigneuries de Chambly, de Sorel, de Repentigny, de Lachesnaye, de Lachine (fort Rémy), de Laprairie, […] de voir surgir le même type de moulin. »Deschênes Gilles, Quand le vent faisait tourner les moulins, Septentrion, 2009. Pages 57-58
« Les seigneurs y font construire un moulin à vent vers 1670. En effet, ils concèdent une terre à Laprairie le 11 novembre à Joseph Tissot et le contrat précise que Tissot devra faire moudre son grain au moulin de la seigneurie. »Langlois Michel, Des moulins et des hommes 1608-1700, Drummondville, Maison des ancêtres 2005. Page 149
Étonnamment, Deschênes et Langlois n’indiquent pas leurs sources. Cela est d’autant plus regrettable que personne à ce jour n’a pu retracer le contrat de construction du ou des moulins du village de La Prairie.
Or, le contrat du 3 septembre 1681 passé devant le notaire Jean Cusson entre la Compagnie de Jésus et Laurent Franger, farinier, règle la question de façon très claire :
« […] Laurens Frager farinier dudit lieu du Cap lequel de gré a reconnu et par ces presentes reconnoit et confessent avoir et tenir a tiltre de ferme des révérends peres Jesuites de la Compagnie de Jesus un moulin a vent sis et scittué en leur seigneurie de la Prairie de la Magdeleine […] » Paléographie par M. Jules Guérard de la Société pour la Sauvegarde du Patrimoine de Pointe-Claire.
Charlevoix était donc dans l’erreur et Peter Schuyler avait bien vu. Le premier moulin de La Prairie était situé au nord-est du village et il était actionné par le vent. S’agissait-il d’une tour en bois ou d’un moulin à pivot ? La question demeure.
« Néanmoins, l’exportation du moulin à pivot au Canada au début de la colonisation française demeure un phénomène plausible. Comment du reste, à une époque où tout se faisait selon la tradition, pouvait-il en être autrement, de la part des hommes de métier ? »Deschênes Gilles, Quand le vent faisait tourner les moulins, Septentrion, 2009. Page 210.
On peut envisager la conjecture suivante : en 1718, les seigneurs jésuites décident de construire un immense moulin à eau à la côte Sainte-Catherine. Auraient-ils à la même époque décidé d’abandonner le vieux moulin en bois situé du côté de la rivière Saint-Jacques pour le remplacer par une tour de pierre sise à l’extrémité sud-ouest du village ?
Contrairement à ce que nous qu’affirme M. LeBeau, l’emplacement du moulin à tour de pierre au sud-ouest du village éloignait plutôt qu’il ne rapprochait ce dernier du quai et du chemin de Saint-Jean, puisque ceux-ci étaient à l’époque situés à l’extrémité nord-est du village. Désormais sous le vent, ce nouveau moulin n’avait pas besoin d’être très haut.
P.S. Au contraire de ce que nous avions écrit dans l’article de décembre 2013, le meunier était bien Philippe Jarny et non Pierre Jarny.
 
    