
- Au jour le jour, janvier 2015
La pompe Babcock à La Prairie
Dans son journal personnel, Hyacinthe Sylvestre, alors chef de la « brigade du feu », confirme que la municipalité fit l’acquisition en août 1873 d’une « pompe Babcock ». De fait les pompiers disposèrent de deux de ces pompes qu’on utilisait sur les lieux d’un incendie avant que la pompe à vapeur ne puisse être mise en marche. Ces « pompes » étaient en fait des extincteurs chimiques qui, étant facilement transportables, permettaient d’intervenir rapidement sur les lieux d’un incendie.
Le curé Florent Bourgeault souligne dans son journal le fait qu’à quelques reprises, les pompes Babcock avaient suffi à maîtriser le feu naissant et qu’il n’avait pas été nécessaire de faire appel à la pompe à vapeur. Or, pour être rapidement efficaces en cas d’incendie, les pompes à vapeur devaient être branchées sur une fournaise au charbon qui servait à alimenter le chauffage à l’eau chaude de la caserne. L’eau chaude circulant dans la pompe assurait qu’en cas d’incendie, il fallait peu de temps pour obtenir de la vapeur et donc de la pression. Dès que les chevaux étaient attelés, on transférait du charbon ardent de la fournaise à la pompe. En l’absence d’un tel système, comme ce fut le cas à La Prairie, les pompiers devaient parfois attendre jusqu’à trente minutes sur la scène de la déflagration avant que la pompe ne donne une pression suffisante. De plus, le responsable de la pompe devait s’assurer d’avoir sur place du charbon en bonne quantité et un accès à une source d’eau intarissable. À La Prairie, à certaines occasions on ne trouva même pas de chevaux disponibles pour tirer la pompe sur les lieux de l’incendie.
Décembre 1880 Incendie des dépendances de Sifroy Faille
Les pompiers sont arrivés de suite sur les lieux et l’excellente pompe à vapeur du village a fait son service. […] Les petites pompes portatives Babcoh ont rendu un grand service pour maîtriser le feu avant le fonctionnement de la grande pompe à vapeur.
17.4.1889 – Commencement d’Incendie chez Guillaume Brosseau Rue St Ignace.
[…] Les Sceaux et pompes Babcok ont suffi à éteindre le feu. […]
« The Babcock Fire Extinguisher, is too well known to require an extended description. It is claimed that each gallon of their contents will extinguish as much fire as 40 times its own bulk of water. Furnished in two sizes; the regular size, most commonly used about manufacturing establishmens, public buildings, has a capacity of 6 gallons. »Publicité parue en 1897 dans le catalogue de Charles A. Strelinger & Co, Detroit, Michigan, U.S.A.
« A special grouping of Babcock fire extinguishers represents some of the earliest extinguishers in the collection. The company itself was probably formed in1869. Two men, James F. Babcock of Boston and Charles F. Wright of Chicago both are credited to be the inventor of the “Babcock” fire extinguisher. Later claims of patent infringement by the family of William A. Graham, who began patent proceedings for a soda acid extinguisher in 1837, led to major changes in the Babcock company. By the early 1900s, American- LaFrance purchased the company, and the brand name became part of their extinguisher line. In the early 1900s, the Babcock brand name was the most commonly known extinguisher among the public and the name “Babcock” was used as a generic term for a fire extinguisher. »How many fire extinguishers does it take to fill a room? By Noraleen Young in Firewatch, septembre 2007, p. 28
Selon un article publié dans le Pacific Rural Press de février 1871Pacific Rural Press, Volume 1, Number 8, 25 February 1871 — THE BABCOCK FIRE EXTINGUISHER , la Babcock n’était pas destinée à combattre de gros incendies, mais elle avait l’avantage d’être facile à utiliser et à transporter grâce à une sangle passée sur les épaules. Les expériences démontraient clairement qu’une intervention rapide auprès d’un feu naissant évitait qu’il ne dégénère en conflagration. De plus, les dommages causés par l’eau de la pompe à vapeur étaient souvent aussi importants que ceux causés par le feu.
L’extincteur Babcock permettait d’éteindre les flammes grâce à un mélange d’eau et de bicarbonate combiné à de l’acide carbonique contenu dans une bouteille de verre que l’on insérait dans un étui de plomb placé au sommet de la « pompe » [A].
Pour préparer l’appareil, il fallait d’abord le remplir du mélange d’eau et de bicarbonate jusqu’à trois pouces du haut du réservoir. On insérait ensuite la bouteille d’acide dans son étui de plomb et on vissait solidement le couvercle [C].
Pour actionner le Babcock, il suffisait de tirer la manette centrale [H] vers le haut permettant ainsi au contenant d’acide carbonique de basculer sur son axe [P] dans le mélange d’eau et de bicarbonate. La réaction chimique ainsi provoquée créait en quelques secondes une pression interne de soixante à quatre-vingt-dix livres au pouce carré qui permettait, grâce à un boyau fixé au robinet [F] de projeter le mélange avec force sur l’incendie naissant.
Comme en témoigne encore une fois le chef des pompiers Hyacinthe Sylvestre, la municipalité procéda, quelques années plus tard, à l’achat d’une pompe à vapeur Clapp & Jones au prix de 3 000,00 $. : « le 9 février 1877, arrivée de la pompe à vapeur, le 10 février, essai de la pompe à vapeur avec succès, elle lance 10 pieds au-dessus du coq ».
La combinaison de la pompe à vapeur et des extincteurs chimiques pour combattre les incendies demeura en vigueur à La Prairie jusqu’en 1930.

- Au jour le jour, janvier 2015
Jeanne Cusson et ses hommes
Cet article est le deuxième d’une série sur des pionnières et pionniers de La Prairie. Cette fois-ci, il s’agit de Jeanne Cusson, la fille d’un important notaire de la région de Trois-Rivières qui est devenue – par ses trois unions successives – une pionnière de notre région.
L’intérêt que je porte à cette femme est double. D’abord, Jeanne Cusson est mon aïeule par son premier mariage avec Jean Breliau dit Barreau. Ensuite, impliqué professionnellement dans la région de La Prairie depuis 1990, j’ai le désir de contribuer à la connaissance et à la compréhension de l’histoire régionale. J’ai appris à connaître et à apprécier ce coin du Québec – entre autres par la qualité des rencontres au gré des événements – et ces articles représentent une forme de reconnaissance – dans la mesure de mes humbles moyens – de ce que j’ai pu y vivre depuis tant d’années.
MÉTHODOLOGIE
En ma qualité de généalogiste de filiation agréé (GFA), je vous propose un parcours à la fois généalogique et historique sur la vie de Jeanne Cusson. La connaissance historique au Québec puise en partie aux sources généalogiques exceptionnelles et – dans le cas présent – aux preuves concrètes de l’existence de Jeanne Cusson et de son réseau familial. J’utiliserai donc des extraits d’actes civils et religieux pour montrer ce réseau familial, dont les membres ont été parmi les bâtisseurs de La Prairie et de sa région.
En complément, je ferai appel à des auteurs qui ont décrit certains faits historiques sur des personnes mentionnées dans cet article.
À noter : les extraits d’actes et de documents apparaissent tels qu’ils ont été écrits, j’ai choisi l’épellation contemporaine « La Prairie » (sauf dans les documents cités) et j’utiliserai le présent historique dans ma façon de raconter cette histoire.
LES PARENTS DE JEANNE CUSSON
Les parents de Jeanne Cusson – Jean Cusson et Marie Fouber – sont parmi les pionniers de Trois-Rivières. Ils se marient le 16 septembre 1656 à Trois-Rivières, en présence de Jacques Hertel, Pierre Deschamps, Jean Lemoyne et Bertrand FafardBAnQ : acte de mariage (en latin) entre Jean Cusson et Marie Fouber..
Jean Cusson devient un notaire réputé de cette région. Il agit notamment comme procureur des Jésuites lors d’une bataille juridique entre ceux-ci et les habitants de Batiscan. Voici quelques extraits choisis pour illustrer le litige et le rôle de Jean Cusson :
« L’année 1669 fut marquée d’un profond désaccord entre les colons et les seigneurs, au sujet de l’arpentage des concessions. Ce fut une lutte particulièrement acerbe, qui rappelait celle de 1666 lorsque les premiers censitaires se heurtaient à l’obstination des Jésuites pour obtenir leur concession. La mésentente n’était pas éteinte. La tenue de l’arpentage la ranima »DOUVILLE, Raymond. La Seigneurie de Batiscan. Chronique des premières années (1636-1681). Collection « La Seigneurie de Batiscan », cahier numéro 1, Batiscan, Éditions du Bien Public, 1980, p. 37..
« Mais les colons n’étaient pas satisfaits pour autant, de sorte qu’un nouvel arpentage fut décidé au printemps de 1669, confié à l’arpenteur Guyon DuBuisson, assisté comme greffier de Jean Cusson, qui venait à peine de commencer la pratique du notariat et qui rédigea l’acte »Ibidem, p. 37-38..
« Nicolas Rivard, homme assez violent, procédurier sagace, fut chargé de rédiger un factum impliquant à la fois les Jésuites du Cap et l’arpenteur DuBuisson. Nous n’avons pu malheureusement retracer le texte de ce réquisitoire. Mais nous en connaissons les principaux arguments par la réplique de Jean Cusson, choisi procureur de l’autre partie et qui les énumère l’un après l’autre dans sa tentative de réfutation»Ibidem, p. 42. .
Dans le cadre de mes recherches généalogiques, j’ai découvert que Nicolas Rivard et Jean Cusson – les deux belligérants – sont mes ancêtres. J’ai même écrit une chanson qui raconte ce combat épique entre les deux parties. Cette chanson s’intitule simplement « Nicolas Rivard »HOUDE, Réal. Chanson « Nicolas Rivard » dans Le présent du temps. Saint-Bruno-de-Montarville, 2011. Disque comprenant 11 chansons sur le rapport au temps et l’histoire des francophones du Québec. .
C’est dans ce contexte particulier que Jean Cusson arrive à faire sa place dans la société trifluvienne et que la famille s’enracine dans ce milieu. Jean Cusson et Marie Fouber sont les parents d’une famille nombreuseJETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 296 mentionne 16 enfants alors que le Programme de recherche en démographie historique de l’Université de Montréal (PRDH; fiche #1013 consultée le 31-12-2014) mentionne 17 enfants. Dans les deux cas, deux filles portent le prénom « Jeanne ». Celle qui nous intéresse est la quatrième de l’ensemble familial mais sa date de naissance semble inconnue. . Parmi ces enfants se trouve Jeanne, « aagée de 16 ans fille de Jean Cusson et de marie Fouber ses pere et mere de la paroisse du Cap de la Magdelaine » qui épouse « Jean Breliau dit Barreau demeurant à la prairie de la Magdelaine aagé d’environ 28 ans (« fille »; mot barré) fils de Jean Breliau et de Françoise Cellier ses pere et mere, natif de la paroisse de Bessela près de Niort, diocese de Lusson » le 9 novembre 1679 au Cap de la MadeleineBAnQ et Ancestry.ca : acte de mariage entre Jean Breliau dit Barreau et Jeanne Cusson. .
Parmi les autres enfants du couple Cusson-Fauber, nous retrouvons Michelle Cusson, « fille du Sieur Jean Cusson notaire royal et Marie Foubert sa femme, aagée de vingt deux ans » qui se marie le 20 janvier 1687 à Antoine Adhémar, « Sieur de St-Martin notaire royal aagé de quarante sept ans »BAnQ et Ancestry.ca : acte de mariage entre Antoine Adhémar et Michelle Cusson.. Ce dernier est un important notaire de la Nouvelle-France, ayant exercé son étude dans les régions de Trois-Rivières et de Montréal. Tout généalogiste est confronté, tôt ou tard, à un acte du notaire Antoine Adhémar. Notons – pour le présent exposé – qu’Antoine Adhémar est arrivé en Nouvelle-France en qualité de soldat du régiment Carignan-SalièreLANGLOIS, Michel. Carignan-Salière 1665-1668. Drummondville, La Maison des ancêtres inc., 2004, p. 202-203. .
PREMIÈRE UNION : JEANNE CUSSON ET JEAN BRELIAU DIT BARREAU
Jeanne Cusson et son mari, Jean Breliau dit Barreau, sont les parents de quatre enfants : Élisabeth, « fille de Deffunt Jean Bareau et de Jeanne Cusson », qui épouse Jean Lemire (Jean + Louise Marsolet) le 30 juillet 1703 à MontréalAncestry.ca : acte de mariage entre Jean Lemire et Élisabeth Bareau. .
Louise « Baraut fille de Jean Baraut et de Jeanne CuSson de cette paroiSse » qui se marie le 25 mai 1706 à La Prairie à Adrien Senecal (Adrien + Jeanne « Le Conte de la paroiSse de varenne »BAnQ : acte de mariage entre Adrien Senecal et Louise Baraut. .
François Bareau, « fils de jean bareau et de jeanne Cusson » qui s’allie à Marguerite Senécal le 18 mars 1720 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre François Bareau et Marguerite Senecal. .
Une « enfant … de Jean Brilleau et de Jeanne CuSson sa femme laquelle a este impose le nom de Marguerite » le 11 octobre 1689 à La PrairieAncestry.ca : acte de baptême de Marguerite Brilleau..
Malheureusement, Jean Breliau dit Barreau meurt tragiquement à l’automne 1690 comme en font foi ces extraits d’un livre que les membres de la SHLM connaissent. Les auteurs citent le registre des sépultures de La Prairie :
« Ce 3eme de décembre de lannée 1690 Je ptre soussigné certifie avoir esté chercher dans le bois le reste des ossements de feu Bourbon hbnt (habitant) de cette paroisse et dun autre qu’on na pust scavoir qu’il estoit tant il avoit esté defiguré par les Iroquois on croit que cestoit un soldat de Mr le Chevalier de grès nommé lamothe qui furent tués lun et lautre le 4eme de septembre de la susditte année dans lattaque que lon donna à la fourche de la prairie de la Magd avec Jean Duvale Jean Barault hnts de cette paroisse … nous avons donné la sépulture aux susdits ossements de Bourbon, et de lamothe le 3me comme nous avions faits aux corps de Jean Barault Jean Duval le 4me et 5me sept dans le cimetière de la ditte paroisse des autres ayant esté enterrés avant mon arrivée le jour du combat en foy de quoi Jay signé »BOURDAGES, Gaétan, Jean JOLY et Stéphane TREMBLAY. 1691 La bataille de La Prairie. Montréal, Éditions Histoire Québec, 2009, p. 99. .
« Jean Bareau dit Bréliau était marié à Jeanne Cusson. Bareau était à La Prairie en août 1673. Père de quatre enfants lors de son décès »Ibidem, p. 99. .
DEUXIÈME UNION : JEANNE CUSSON ET JOACHIM LEBER
Devenue veuve, cette mère de quatre enfants convole en justes noces une seconde fois, « Veufve de Jean Barault fille de Jean Cusson et de marie fouber ses pere et mere dune autre part de la paroisse du Cap de la Magd proche les 3 Rivières ». L’heureux élu se nomme « Joachim le Ber fils de françois le Ber et de Jeanne Testard ses pere et mere dune part hnts de cette Paroisse » et la cérémonie nuptiale a lieu le 28 janvier 1692 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre Joachim le Ber et Jeanne Cusson. .
Une seule fille naît de cette union (malheureusement, l’acte de baptême semble introuvable). Elle se prénomme Michelle. Le 1er décembre 1714 à La Prairie, Michelle Leber, « fille de Joichim leber » et de « Janes cusson » s’unit à Pierre Pépin (Pierre + Louise « Mir » Lemire)Ancestry.ca : acte de mariage entre Pierre Pepin et Michelle Leber. En complément : JETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 895. .
Malheureusement, on ne connaît pas de façon certaine la date du décès de Joachim Leber.
Par contre, ce que l’on sait, c’est que François Leber est le neveu du célèbre Jacques Leber, important marchand de la région. Nous pouvons prouver ce fait par l’acte de mariage des parents de François Leber, « veuf de deffuncte Marguerite le Seur de la paroiSSe de Nre Dame de Pitre dioceSe de Rouen » et Jeanne Testard, « fille de Jean TeStard Et Anne Godefroy de la paroiSSe de St Vincent » le 2 décembre 1662 à Montréal en présence de « Jacques Le Bert marguillier frere dud » et « de MeSSire Paul de Chaumedey Gouverneur de cette Isle de Sr Zacharie du Puy Major de la garnison des Srs Jacques Testard et Charles Testard frere de lad du Sr Charles Le Moyne marguillier Jean GervaiSe habitant »Ancestry.ca : acte de mariage entre François Le Bert et Jeanne Testard. .
Cet acte de mariage est très révélateur du réseau familial dans lequel entrait Jeanne Cusson. Maintenant – par un autre document – constatons l’importance de la famille Leber : « Les familles Leber et Lemoyne avaient la mainmise sur tout le commerce des fourrures du sud-ouest de la vallée du Saint-Laurent. Leur influence socio-économique sur la région de La Prairie est indéniable »BOURDAGES, Gaétan, Jean JOLY et Stéphane TREMBLAY. 1691 La bataille de La Prairie. Montréal, Éditions Histoire Québec, 2009, p. 60. .
TROISIÈME UNION : JEANNE CUSSON ET CLAUDE GUÉRIN DIT LAFONTAINE
Le troisième acte de mariage où l’on retrouve notre héroïne est un résumé clair de son existence. Jeanne Cusson, « aagée de trente trois ans demeurant dans la dite paroisse de la prairie de la Magdelaine veuve en premieres nopces de Jean Bresliau Barreau et en secondes nopces de Joachim le Ber » épouse Claude Guérin « dit Lafontaine Soldat de la compagnie de Mr de noyan aagé de ving huit ans demeurant dans la ditte paroisse de la prairie de la Magdelaine fils de michel guerin et de Jeanne veron ses pere et mere natif de Lusignan evesché de poitiers » le 19 novembre 1696 à Montréal, en présence de « Jean Cusson frere de la ditte epouze, d’Antoine Adhemar notaire royal de cette ville, beaufrere de la ditte epouze »Ancestry.ca : acte de mariage entre Claude Guerin dit Lafontaine et Jeanne Cusson. .
Jeanne Cusson devient la mère de quatre autres enfants – pour un total de neuf. Jacques
« La fontaine fils de Claude La fontaine et de jeanne Cusson » se marie le 29 janvier 1725 à La Prairie à Marie Anne Senécal (Pierre + Marguerite Pinsonneau)Ancestry.ca : acte de mariage entre Jacques Lafontaine et Marie Anne Senécal..
Jean Baptiste « La fontaine fils de Claude La fontaine et de jeanne Cusson », épouse Marie Catherine Bourdeau (Pierre + Marguerite Lefebvre) également le 29 janvier 1725 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre Jean Baptiste Lafontaine et Marie Catherine Bourdeau. .
Ange Lafontaine, « fils de feu Claude Lafontaine et de Jeanne Cusson », s’allie à Marie Anne Lebert, « fille du Sieur françois Le Bert capitaine de la milice de la Prairie de la Magdelaine et de Marie Anne Magnan » le 15 mai 1729 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre Ange Lafontaine et Marie Anne Lebert. .
Marguerite Lafontaine, « fille de feu Claude lafontaine et Jeanne Cusson », dit oui à Joseph Bourdeau (Pierre + Marguerite Lefebvre) le 3 février 1728 à La PrairieAncestry.ca : acte de mariage entre Joseph Bourdeau et Marguerite Lafontaine. .
ÉPILOGUE
L’aventure se termine le 20 mars 1738 à La Prairie par ce dernier acte de la vie de Jeanne Cusson – document signé par « Jacques Desligneri » :
« Ai inhumé dans le cimetiere de la Paroisse de la Prairie le corps de Marie Jeanne Cusson veuve de Claude Guerin decedée la veille à l’âge de Soixante et quinze ans »Ancestry.ca : acte de sépulture de Marie Jeanne Cusson.. Présents : Étienne Bariteau et Jacques Bellefeuille.
Par l’existence de Jeanne Cusson, nous constatons la profondeur de l’enracinement de certaines familles dans la région de La Prairie.

- Au jour le jour, janvier 2015
Voeux pour l’année 2015
Au nom de nos bénévoles, de nos employés et des membres du conseil d’administration, j’aimerais vous offrir nos meilleurs voeux pour l’année 2015. Que la santé, le bonheur et la prospérité soient au rendez-vous afin d’assurer la réussite de vos projets avec parents, amis et collègues ! La SHLM connaîtra assurément une autre année fort occupée avec, entre autres, les festivités entourant le 40e anniversaire de la création du site patrimonial déclaré du Vieux La Prairie (avant 2012, nous utilisions le terme « arrondissement historique ») et le 350e anniversaire de l’arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France (une dizaine de soldats de ce régiment vont participer à la fondation de La Prairie entre 1667 et 1680).
Je profite également de l’occasion pour vous rappeler que janvier est le mois du versement de votre cotisation à la SHLM afin de renouveler votre carte de membre qui est périmée depuis le 1er janvier 2015. Je vous invite également à devenir membre de la SHLM si vous ne l’étiez pas auparavant. En étant membre de la SHLM, vous pourrez assister gratuitement à nos conférences cet hiver (20 janvier et 17 février), ce printemps (21 avril et 19 mai) et l’automne prochain ainsi que de profiter de nos ressources imprimées ou informatiques pour faire des recherches généalogiques ou historiques. L’assemblée générale annuelle des membres en règle de la SHLM aura lieu le 17 mars à 19 h 30 au Vieux Théâtre situé au-dessus de la SHLM. L’ordre du jour de cette assemblée générale sera envoyé en même temps que la prochaine édition du bulletin mensuel.

- Au jour le jour, décembre 2014
L’équipe de la SHLM vous souhaite de Joyeuses Fêtes et une excellente année 2015 !
Les locaux de la SHLM seront fermés du 19 décembre au 4 janvier.

- Au jour le jour, décembre 2014
Nouvelle exposition temporaire au Musée d’archéologie de Roussillon
Le 20 novembre dernier, le Musée d’archéologie de Roussillon a tenu une soirée « 5 à 7 » afin de souligner l’ouverture de sa nouvelle exposition temporaire intitulée « Arts de la Chine : Aperçus d’une civilisation ancienne ». Les invités ont pu visiter l’exposition tout en profitant d’une dégustation de thé organisée par l’équipe du salon Le thé d’Auréa. Par cette exposition, le visiteur découvrira la culture et les traditions ancestrales de la Chine à travers trois matériaux (le bronze, la céramique et le jade) dont la fabrication remonte jusqu’à 1600 ans avant notre ère. Réalisée par le Musée royal de l’Ontario, cette exposition explore aussi les impacts et l’influence des pratiques artisanales et artistiques chinoises sur le commerce international de la Chine. Le Musée d’archéologie de Roussillon accueille le public du mercredi au dimanche de 9 h 30 à 16 h 30. Les groupes peuvent aussi planifier une visite du lundi au vendredi, sur réservation. Pour plus d’informations ou pour faire une réservation, téléphonez au 450 984-1066 ou visitez le www.archeoroussillon.ca.

- Au jour le jour, décembre 2014
La SHLM dans le calendrier municipal 2015
Au début du mois de janvier, les résidents de La Prairie recevront par la poste l’édition 2015 du calendrier municipal. Une des activités estivales récurrentes de la SHLM occupera la page du mois d’août. Il s’agit de la pièce de théâtre de rue « Marchez dans l’ombre du passé » qui sera jouée, dans sa version estivale, pour une dixième année consécutive. En 2004, cette pièce de théâtre fut conçue pour être jouée durant la semaine de l’Halloween et, depuis 2006, les représentations ont lieu en soirée les deux derniers vendredis de juillet et les deux premiers vendredis d’août. Au fil des ans, le concept est toujours demeuré le même : les fantômes de La Prairie s’assemblent durant une soirée et font revivre l’histoire de la seigneurie de La Prairie aux visiteurs, à travers une série de saynètes jouées sur plusieurs sites du Vieux La Prairie. En 2014, la pièce a été jouée à guichets fermés, accueillant plus de deux cents spectateurs. Constituée de quatre acteurs en 2004, la troupe compte maintenant une quinzaine de bénévoles.

- Au jour le jour, décembre 2014
L’occupation Allemande de La Prairie en 1776-1777 et nos traditions de Noël
Bien avant l’arrivée du baron von Trapp et du Sound of Music en Amérique… il y eu le son des canons et la venue du baron von Riedesel, et ses troupes, à La Prairie-Sainte Magdeleine in America.
En effet, en 1775 et tôt en 1776, le gouvernement britannique signa des traités avec certains princes allemands pour la fourniture d’effectifs militaires afin de les aider à contrer les rebelles Yankee dans leur Guerre d’Indépendance. Le baron Impérial et général Friedrich Adolphus von Riedesel (1738-1800) reçu le commandement de l’armée de Karl Wilhelm Ferdinand, duc de Braunschweig – Luneburg (Brunswick) et il prépara le départ précipité de son corps armé pour venir suppléer le manque de redcoats au Canada.
Afin de mettre un terme à la révolte des 13 colonies et une possible contagion au Canada, une première flotte de 32 navires arriva au port de Québec le 1er juin 1776. Ce premier contingent de troupes auxiliaires (Hilfstruppen) comprenait plusieurs régiments d’infanteries totalisant 3964 hommes ainsi qu’une cavalerie de 336 Dragons armés. Cette armée de Brunswickers fut rapidement dépêchée dans la région des Trois-Rivières pour aider à repousser les envahisseurs américains qui étaient déjà en mouvement de retraite. Par la suite l’armée se rendit dans la région de Montréal pour y évacuer les quelques Yankee qui s’y trouvaient et surtout pour pacifier leurs nombreux sympathisants locaux.
Ces premières unités avancées d’une considérable armée allemande (20,000 hommes en Amérique) arrivèrent au mois de juillet au village de La Prairie- de-la-Magdeleine et s’y installèrent dans ce qui deviendrait leurs quartiers d’hiver en attente de la campagne militaire germano-britannique de l’été 1777. Il va de soi que, n’ayant aucune caserne pour loger cette armée, les soldats de ces nombreux régiments se logèrent, contre juste rétribution, dans presque toutes les maisons habitables du village de la seigneurie de La Prairie ainsi qu’à Chambly et à Saint-Jean-sur-Richelieu.« Les soldats sont d’abord logés à raison de deux ou trois par maison puis on en dénombre quatre, six et même douze dans une même demeure » – Jean-Pierre Wilhelmy (Les Mercenaires Allemands au Québec)
En regardant de près la carte datée du 11 juillet 1776 de Herr Franz Ludwig Cancrinus, cartographe et lieutenant de la 5e Compagnie du régiment d’infanterie Erbprinz du colonel von Gall, il est possible de se rendre compte de l’ampleur de l’occupation allemande. Cette carte militaire nous décrit bien, à l’intérieur du village de La Prairie, l’emplacement du quartier général (le resto Vieux-Fort ?), les quartiers du général von Riedesel, du colonel Wilhelm R. von Gall, du général-major Heinrich Martens ainsi que les quartiers de Patrick Gordon le brigadier-général britannique.
En examinant de plus près, en se situant au centre de ce village maintenant très militarisé (près du chiffre 10) et regardant au pourtour du village selon les aiguilles d’une montre (à 1, à 3, à 9 et à 11 heures) nous voyons des postes de gardes clairement identifiés en allemand – Feldposten. Celui à 3 hrs. est situé près du nouveau moulin à vent tandis que celui situé à 9 hrs., près de l’ancienne route de Chambli, semble être près des vestiges de l’ancien emplacement du premier moulin de La Prairie. Évidemment à 6 heures c’est le rivage du St-Lawrence river.
Au bord du Saint-Laurent, à gauche de la La Petite Rivière de La Fourche (St-Jacques) il y a le Chemin des Prairies, le long duquel il est écrit en allemand Herr Général von Riedesels Infant: Reg: einquartirt, qui, traduit de l’Allemand, signifie… Les Quartiers des Régiments d’Infanteries du Général von Riedesel. Il en va de même pour tous les autres régiments allemands Hesse-Hanau sur le Chemin de Saint-Jean, et Herr Cancrinus identifie également un hôpital militaire Hanauer et aussi l’endroit où les services religieux luthériens sont disponibles pour les troupes Braunschweig. Au village, il y a la résidence des hautboys et tambours régimentaires et à la droite du Chemin de Saint-Jean les grands champs dans ces prairies sont clairement identifiés (18) comme étant les champs d’exercices militaires.
Le mémorable hiver 1776-1777 à La Prairie avait été plutôt long et difficileLe climat canadien est source de préoccupation pour les Allemands qui sont souvent contraints de faire un séjour à l’hôpital. Malgré leur différence de langue, Allemands et Canadiens font vite bon ménage, comme l’écriva Georg Paeusch, capitaine d’artillerie Hesse-Hanau : « Je suis parfaitement content car on trouve les consolations désirables avec les dames et les demoiselles canadiennes. Pour cette raison et en leur compagnie on est heureux et satisfait. » – Jean-Pierre Wilhelmy (Les Mercenaires Allemands au Québec) pour les troupes et la population en général mais également pour le vieux (39 ans) baron Impérial von Riedesel qui avait la réputation de ne pouvoir dormir sans la présence d’une jolie rousse: à savoir, son épouse de huit ans sa cadette. Alors, suivant le zeitgeist ou l’esprit du temps, il invoqua les privilèges de son rang et fi t venir au Canada sa femme et ses enfants. La Freifrau ou baronne Impériale von Reidesel zu Eisenbach, née Frédérika Charlotte von Massow, n’arriva cependant au Canada que le 11 juin 1777 avec ses trois filles en bas âge. La baronne était la fille d’un général Prussien et toute jeune ayant souvent voyagé en Europe en famille avec papa, elle connaissait bien la dure vie des camps militaires. Donc, c’est en calèche que la courageuse Frédérika suivi son époux avec ses trois filles jusqu’à Trois-Rivières qui était le point de départ de l’armée germano-britannique commandée par le général John Burgoyne. S’en suivi une longue campagne militaire en passant par le Richelieu, le lac Champlain et l’ancien fort français de Carillon (Fort – Ticonderoga) pour se rendre à leur théâtre d’opérations militaires chez nos voisins rebelles, soit dans le haut de la vallée de la rivière Hudson et Albany, N.Y.
Qu’advient-il de cette armée germanique et de tous ces jeunes soldats et officiers qui avaient séjourné une année complète à La Prairie? Puisque ces unités auxiliaires étaient l’arrière-garde de l’armée du général Burgoyne ses soldats n’ont combattus qu’au moment où ils furent appelés au front le 7 octobre, 1777. Ils ont fait face à la Grande Armée du Nord composée de 18,000 hommes du général Américain Horatio Gates et du major-général Benedict Arnold lors de la deuxième bataille de Saratoga, N.Y. à Bemis Heights. À la suite des nombreuses erreurs stratégiques de son commandant-en-chef, le Général Burgoyne, le baron von Reidesel et son corps armé totalisant près de 5,000 hommes subirent de lourdes pertes (1122 morts et 2431 prisonniers) et Reidesel dut rendre les armes mais, heureusement pour lui et sa famille, en obtenant les honneurs de la guerre. Le baron et sa petite famille passèrent donc le reste de cette guerre comme prisonniers des Américains, premièrement cantonnés avec l’armée continentale à Boston, ensuite en 1779 à Charlottesville en Virginie et enfin à New York jusqu’à l’été 1781.
À la conclusion de ce long conflit nord-américain le baron von Reidesel reçu un court mandat pour commander le petit fort britannique à Sorel au Québec et c’est là, à la Noël 1781, que la jolie baronne Frédérika, toujours nostalgique de ses Noëls d’antan en Allemagne, décora pour ses enfants et ses invités un arbre de Noël à l’intérieure de sa demeure. Ce geste de décoration intérieur d’un majestueux pin, de la part de la baronne von Reidesel, était, disait-on, une première au Canada et en Amérique.
Sans vouloir être chauvin… mais sachant qu’il y avait eut presque 200 officiers allemands logés dans la région de La Prairie à la Noël 1776, et compte tenu du fait que huit officiers supérieurs, ou de la noblesse Allemande, avaient leurs épouses avec eux à La Prairie, il nous est permis de spéculer qu’en Amérique du Nord, il est fort probable que La Prairie-de-la-Magdeleine fut l’endroit où, à l’hiver 1776 la tradition allemande de décorer un arbre de Noël d’une myriade de guirlandes et même de quelques chandelles s’est manifestée pour la toute première fois et non pas à Sorel en 1781, ni précédemment en Virginie, tel que nous rapporte une certaine légende… et les écrits de la brave et charmante baronne Impériale Frédérika Charlotte von Reidesel zu Eisenbach. L’auteur souhaite à tous les membres de la SHLM un Joyeux Noël, en espérant qu’il soit bien illuminé !
NB: L’auteur de ce texte s’est largement inspiré du travail de recherche colossal de deux historiens américains d’Albany, N.Y., le Professeur Emeritus, SUNY, de l’Université d’Albany Thomas Barker et l’archéologue-chef retraité de l’état de New York, M. Paul Huey. Ces précieuses recherchesThe 1776-1777 Northern Campaigns of the American War for Independence … (Disponible à la SHLM – 973,3) dans les archives allemandes nous ont livrées quelques secrets biens gardés que l’histoire avait pourtant oublié au sujet de La Prairie.

- Au jour le jour, novembre 2014
Une tentative de démocratisation de l’Église
D’autres curés ou prêtres modérateurs succéderont à Germain Legrand : Jude Péloquin, Neil Asselin, René Perron, Gilles Desrocher (prêtre modérateur), Pierre Sung (prêtre modérateur), Bernard Savoie (prêtre modérateur) et Réjean Poirier. La nomination par l’évêque, à partir de 1991, d’un prêtre modérateur, et non pas d’un curé, reflète les tentatives de l’Église de s’adapter au nouveau contexte. La direction pastorale est désormais confiée à une équipe (équipe pastorale), et le curé, qui en était jadis seul responsable, devient un modérateur, c.-à-d. celui qui cherche à rassembler, à unifier. Il s’agit en réalité d’une forme de démocratisation de l’action pastorale de l’Église, d’une implication directe des laïcs dans la transmission du message évangélique. Ce courant semble avoir été minoritaire dans l’église québécoise, du moins dans la région de Montréal, et il n’aura duré qu’un temps, puisque, dès 2005, Réjean Poirier est nommé curé, avec toute l’autorité que comporte le statut (la cure des âmes), après une période de transition de trois ans. Il en fut ainsi dans le tout le diocèse de Saint-Jean-Longueuil. Cette innovation, dit-on, n’était pas conforme aux dispositions du droit canon.

- Au jour le jour, novembre 2014
La fermeture de l’église du Christ-Roi (Partie 3)
La paroisse est donc bien en place, il reste maintenant à la faire vibrer. Dès le départ, elle devient le carrefour de plusieurs organismes qui établissent leur résidence dans le sous-sol ou la sacristie de l’église. C’est le cas du Cercle d’économie domestique, de l’AFEAS, de l’Âge d’or, des Dames de Sainte-Anne, de la Ligue du Sacré-Coeur, des Chevaliers de Colomb, du mouvement charismatique, du mouvement Cursilo, de l’Association Marie-Reine, des Alcooliques Anonymes, etc. L’église demeurera jusqu’à sa fermeture le lieu de rassemblement des nombreuses associations qui animeront la vie communautaire et religieuse du Christ-Roi.
Mais la paroisse devra faire face à des bouleversements considérables, car la modernité frappe à la porte de l’Église. Le concile Vatican II (1962-1965) va susciter beaucoup de changements, et la société elle-même, encore plus. La paroisse du Christ-Roi vivra donc les bouleversements de son Église et de son époque. Durant une bonne décennie, elle s’appuiera sur les traditions encore bien vivantes d’un catholicisme séculaire, mais elle devra par la suite composer avec les nouvelles orientations du concile Vatican II et les nouvelles attentes des paroissiens. La liturgie suivra l’air du temps. C’est le début d’un temps nouveau et des messes rythmées organisées par les jeunes, avec une chorale de jeunes. Malgré les adaptations parfois difficiles, la pratique religieuse demeure forte. Par exemple, en 1969, quinze ans après la fondation de la paroisse, on y célèbre encore six messes le dimanche (7 h, 8 h 30, 9 h 39, 10 h 30, 11 h 30 et 17 h).
Mais les réformes du concile continuent à se faire sentir dans les années 70 en laissant une plus grande place aux laïcs. Un Conseil de pastorale paroissiale (CPP) est créé. Composé d’une trentaine de personnes, il encadre un ensemble de fonctions qui, autrefois, étaient assumées par le curé et son vicaire. Par exemple, des bénévoles sont impliqués dans la communion, la préparation au baptême, la pastorale scolaire, l’animation des chants liturgiques, la décoration, la garderie d’enfants, la chorale, etc.
Ainsi, durant les deux premières décennies, la paroisse du Christ-Roi connaît un dynamisme impressionnant, une vie paroissiale intense et structurée. Mais elle commence aussi à ressentir, comme partout ailleurs au Québec, une diminution de la pratique religieuse. Cette période coïncide en gros avec la cure de Gérard Legrand qui se retire en 1976, après 22 années à la tête de la paroisse. Il y demeurera toutefois attaché comme vicaire jusqu’en 1986. Il passera donc 32 ans de sa vie religieuse dans la paroisse du Christ-Roi. Curé fondateur, il aura connu l’église traditionnelle où il était encore possible d’ouvrir une paroisse, d’y construire une église à la main et d’y rassembler la presque totalité des résidents et paroissiens. Il aura aussi été témoin des bouleversements qui ont secoué l’Église, désormais confrontée à un déclin de la pratique religieuse et à la marginalisation de la pensée religieuse.
Pas moins de sept curés ou modérateurs prendront la relève au cours des décennies suivantes, où diverses tentatives seront mises de l’avant pour raffermir la foi et la pratique des paroissiens (voir l’encadré sur la page suivante). Mais la tendance au déclin est puissante, particulièrement au Québec. Les paroisses ont peine à survivre. Commence alors une réorganisation en profondeur des limites paroissiales dans toutes les régions de la province. Les autorités diocésaines lancent une vaste opération de regroupement des paroisses. La Prairie en sortira partiellement gagnante. Une nouvelle paroisse est créée en 2004 et porte le nom de la première paroisse érigée dans la région, la Nativité de la Sainte-Vierge. Elle regroupe Christ-Roi, St-Philippe, Saint-Mathieu, Saint-Marc (Candiac). Le secrétariat de la nouvelle paroisse est situé à La Prairie, dans le presbytère qui voisine l’église de la Nativité. Mais cette réorganisation entraîne aussi la disparition de la paroisse du Christ-Roi.
Commence parallèlement une réflexion sur les églises et l’ensemble des bâtiments des paroisses. Le conseil de fabrique n’arrive plus à boucler son budget. Il doit réduire les dépenses. En 2014, les églises de Saint-Philippe, Saint-Mathieu et Christ-Roi sont cédées aux municipalités. Les terrains sont vendus (sauf au Christ-Roi) et les églises données. Le cas de Candiac est déjà réglé depuis longtemps puisque l’espace qui fait office de temple religieux est incorporé dans le Complexe Roméo. V.-Patenaude.
La cérémonie de fermeture de l’église du Christ-Roi a eu lieu le 23 novembre en présence de l’évêque du diocèse, monseigneur Lionel Gendron. Elle fut suivie le samedi suivant par une cérémonie d’accueil à l’église de La Nativité. Une page d’histoire venait d’être tournée. Une courte histoire, à peine soixante ans, mais qui résume des moments charnières de l’évolution de l’Église. Et les plus âgés pourront dire que la même génération a été témoin à la fois de la construction et de la fermeture de leur église paroissiale. Comme quoi les temps changent, et rapidement.
Sources :
Histoire de la paroisse du Christ-Roi publiée en 1999 à l’occasion du 45e anniversaire de fondation.
Notes documentaires de madame Claire Bernachez : histoire de l’Album souvenir de 1999, découpures de presse, résumés des différentes étapes de la vie paroissiale de 1954 à 2014, et autres textes. Ces documents complétaient l’entrevue que j’ai eue avec madame Bernachez, le lundi 9 juin 2014.
Entrevue avec Réjean Poirier, ancien curé de la nouvelle paroisse de La Nativité de la Sainte-Vierge de La Prairie, le jeudi 30 octobre 2014.

- Au jour le jour, novembre 2014
La fermeture de l’église du Christ-Roi (Partie 2)
La nouvelle église sera située en un lieu central sur un terrain appartenant à la ville, à l’intersection des rues Lavoie et Rouillier, que la paroisse acquiert pour la somme symbolique de 1 $. Mais son architecture sera modeste, car la mode n’est plus aux temples gigantesques. Humble et pratique, l’église du Christ-Roi reflétera une tendance apparue autour des années trente, particulièrement dans les quartiers urbains. C’est ainsi qu’en quelques années, on passera de l’église triomphante à une salle-église, comportant deux paliers : le sous-sol servant de salle paroissiale et l’étage supérieur étant réservé au culte. C’est l’architecte Gérard Charbonneau qui est chargé de préparer les plans. Il propose un modèle inspiré des plans d’une église qu’il vient de construire à Joliette. Le curé Legrand refuse; il veut une église plus simple et moins coûteuse. Les travaux s’amorcent dès le printemps 1954.
À cette époque, environ 60 % des paroissiens travaillent dans les briqueteries. L’église doit donc être construite en briques. Malgré la forte demande des marchés extérieurs, le curé Legrand parvient à avoir suffisamment de briques pour son église, et à un bon prix. Il réussit également à susciter la générosité d’entrepreneurs et d’hommes de métier qui apporteront leur contribution bénévole à la construction de l’église. Ils seront nombreux à y travailler sous la direction du curé Legrand qui agira comme un véritable chef de chantier. C’est l’époque : l’autorité du curé est grande. Mais il est aussi près de ses paroissiens, car il n’hésite pas à prendre la pelle et le marteau, sans se départir de sa soutane noire comme c’était la coutume à l’époque. Une telle collaboration était encore possible dans les années cinquante. Dix ans plus tard, le climat avait complètement tourné.
Il faudra tout l’été et l’automne de 1954 pour terminer l’église. Le presbytère est construit la même année. La première messe est célébrée solennellement le 30 janvier 1955 même si les paroissiens doivent se contenter de chaises et qu’il manque encore quelques accessoires.
Le financement ne sera pas facile. La Caisse populaire de La Prairie n’a qu’une année d’existence ; elle n’a donc pas les épargnes nécessaires pour consentir un prêt. La fabrique se tourne alors vers la Caisse populaire de Montréal qui lui avance les 60 000 $. Comment rembourser une telle somme alors que les paroissiens gagnent des salaires modestes ? La dîme ne rapporte annuellement que 1,50 $ par famille et la quête dominicale, la Part de Dieu, ne dépasse pas 10 à 20 sous par foyer. Les recettes du dimanche suffisent à peine à payer l’électricité. C’est le curé Legrand qui encore une fois trouve la solution. Il fait appel à la générosité des bons amis qu’il a conservés dans les paroisses de Varennes, Boucherville et Chambly où il a oeuvré comme vicaire. La réponse ne se fait pas attendre : il reçoit des dons de 16 000 $ la première année et 11 000 $ la deuxième. À Noël 1956, l’église aura ses bancs grâce à de généreux donateurs.