Sélection d'une édition

    Nouvelles

    La Société historique se voit attribuer un prix pour ARCHI-LOG

    Lors de la réunion annuelle de l’association des archivistes du Québec, en mai dernier, notre logiciel ARCHI-LOG a reçu le prix décerné dans la catégorie « Innovation ». Le président de l’association a largement louangé notre logiciel en soulignant qu’il devient un outil de grande qualité pour tous les centres d’archives. En effet ARCHI-LOG est le premier logiciel conforme aux Règles de Description des Archives (RDDA) qui, depuis, a été traduit en anglais. Partout au Québec, et au Canada tout entier, il s’avère l’instrument qui permet des échanges archivistiques suivant des règles uniformes. Avec le temps il deviendra de plus en plus connu et utilisé. Plusieurs sociétés d’histoire l’utilisent déjà ainsi que des cégeps et des universités. Reconnaissant sa valeur, la Ville de Montréal en a fait l’acquisition depuis peu.

    Nos membres peuvent deviner le temps et les énergies déployés pour sa création. ARCHI-LOG est le logiciel de la SHLM et tous nos membres peuvent en être fiers.

    Décès

    C'est avec tristesse que nous vous annonçons le décès de M. Maurice Spénard, survenu le 11 août 1998 à l’âge de 71 ans. Membre de La Société historique de La Prairie de la Magdeleine depuis de nombreuses années, M. Spénard était un passionné d'histoire et de généalogie.

    Conférences

    Veuillez prendre note qu'il n'y aura pas de conférence avant janvier 1999 à cause des travaux prévus dans nos locaux.

    Élections au C.A.

    Lors de l’assemblée générale annuelle tenue en juin dernier madame Claudette Houde a été réélue au poste de secrétaire et monsieur Charles Beaudry a été nommé 2e vice-président en remplacement de madame Céline Lussier.

    Télécopieur

    Il est maintenant possible d’expédier des documents aux locaux de la Société grâce au télécopieur. Vous devez composer le 450-659-2857.

    La Société historique se voit attribuer un prix pour ARCHI-LOG Lors de la réunion annuelle de l’association des archivistes du Québec, en mai dernier, notre logiciel ARCHI-LOG a reçu le prix décerné dans la catégorie « Innovation ». Le président de l’association a largement louangé notre logiciel en soulignant qu’il devient un outil de grande qualité pour tous les centres d’archives. En effet ARCHI-LOG est le premier logiciel conforme aux Règles de Description des Archives (RDDA) qui, depuis, a été traduit en anglais. Partout au Québec, et au Canada tout entier, il s’avère l’instrument qui permet des échanges archivistiques suivant des règles uniformes. Avec le temps il deviendra de plus en plus connu et utilisé. Plusieurs sociétés d’histoire l’utilisent déjà ainsi que des cégeps et des universités. Reconnaissant sa valeur, la Ville de Montréal en a fait l’acquisition depuis peu. Nos membres peuvent deviner le temps et les énergies déployés pour sa création. ARCHI-LOG est le logiciel de la SHLM et tous nos membres peuvent en être fiers. Décès C'est avec tristesse que nous vous annonçons le décès de M. Maurice Spénard, survenu le 11 août 1998 à l’âge de 71 ans. Membre de La Société historique de La Prairie de la Magdeleine depuis de nombreuses années, M. Spénard était un passionné d'histoire et de généalogie. Conférences Veuillez prendre note qu'il n'y aura pas de conférence avant janvier 1999 à cause des travaux prévus dans nos locaux. Élections au C.A. Lors de l’assemblée générale annuelle tenue en juin dernier madame Claudette Houde a été réélue au poste de secrétaire et monsieur Charles Beaudry a été nommé 2e vice-président en remplacement de madame Céline Lussier. Télécopieur Il est maintenant possible d’expédier des documents aux locaux de la Société grâce au télécopieur. Vous devez composer le 450-659-2857....

    Important

    À cause des travaux effectués dans nos locaux, il n'y aura pas de conférences avant janvier 1999…

    À cause des travaux effectués dans nos locaux, il n'y aura pas de conférences avant janvier 1999......

    La parentèle

    La recherche généalogique, toujours passionnante, mène parfois à de curieuses découvertes, parfois décevantes, quelquefois surprenantes, mais toujours stimulantes.

    En voici un exemple… où nous avons découvert une souche commune.

     

    souche commune

    La recherche généalogique, toujours passionnante, mène parfois à de curieuses découvertes, parfois décevantes, quelquefois surprenantes, mais toujours stimulantes. En voici un exemple... où nous avons découvert une souche commune.   ...

    Le frêne noir

    Il y a quelques années des fouilles archéologiques effectuées sur le terrain sis à l'angle des rues Sainte-Marie et Saint-Georges avaient permis d'extraire la base d'un pieu de la palissade de l'ancien fort de La Prairie. Le précieux artefact fut aussitôt expédié à Québec pour y subir un examen approfondi en laboratoire. De retour au Musée du Vieux Marché après quelques années d'attente, ce vestige du fort en bois est maintenant conservé sous verre. Le verdict est tombé : il s'agit d'une pièce de frêne noir (fraxinus nigra) aussi appelé frêne à feuilles de sureau, frêne de grève ou frêne gras. De là à conclure que toute la palissade était de frêne noir il n'y a qu'un pas, qu'il faut éviter de franchir. Car ici la prudence s'impose.

    Le Père Louis-Marie dans sa Flore-manuel de 1953 (p. 213) le décrit ainsi : c'est un arbre petit (?) et peu résistant que l’on retrouve dans les marécages; il est bien adapté aux milieux humides. Il est certain que le frêne noir était au 17e siècle un arbre indigène à La Prairie puisque le milieu naturel était propice à sa dispersion. C’est une espèce limitée aux endroits humides et ouverts : rivages périodiquement inondés, marécages froids, étangs et bois inondés. On devait donc le trouver en abondance ici, d’où son utilisation dans la construction du fort.

    Aire de distribution du frêne noir
    Aire de distribution du frêne noir

    Les frênes indigènes sont tous de taille plutôt moyenne et possèdent un bois bien particulier : lorsqu'on le frappe à coups répétés, on obtient des feuillets minces qui se laissent diviser en lamelles. Les Amérindiens et nos ancêtre en fabriquaient des cerceaux pour tonneaux, des paniers de toutes sortes et des fonds de chaise. De plus la cendre de ce bois est riche en potasse.

    Outre son abondance à La Prairie et sa résistance à l'humidité, c'est sans doute aussi à cause de son tronc droit et élancé atteignant presque le sommet de la cime qu'il fut récolté pour construire la palissade. Son bois est résistant, dur et de droit fil. À cause de ses nodosités et de ses loupes on l'utilise aujourd'hui en ébénisterie (ex. tables et chaises de salle à manger), ainsi que pour des boiseries intérieures, des boîtes, des caisses et des palettes.

    Il m'a été impossible de déterminer s'il se trouve encore du frêne noir sur le territoire de La Prairie. Je lance donc ici un appel à nos membres : si vous êtes capable d'identifier cet arbre sur le terrain et que vous connaissez l'emplacement d'un peuplement à La Prairie, prière de me le faire savoir par télécopieur au 450-659-2857.

    Il y a quelques années des fouilles archéologiques effectuées sur le terrain sis à l'angle des rues Sainte-Marie et Saint-Georges avaient permis d'extraire la base d'un pieu de la palissade de l'ancien fort de La Prairie. Le précieux artefact fut aussitôt expédié à Québec pour y subir un examen approfondi en laboratoire. De retour au Musée du Vieux Marché après quelques années d'attente, ce vestige du fort en bois est maintenant conservé sous verre. Le verdict est tombé : il s'agit d'une pièce de frêne noir (fraxinus nigra) aussi appelé frêne à feuilles de sureau, frêne de grève ou frêne gras. De là à conclure que toute la palissade était de frêne noir il n'y a qu'un pas, qu'il faut éviter de franchir. Car ici la prudence s'impose. Le Père Louis-Marie dans sa Flore-manuel de 1953 (p. 213) le décrit ainsi : c'est un arbre petit (?) et peu résistant que l’on retrouve dans les marécages; il est bien adapté aux milieux humides. Il est certain que le frêne noir était au 17e siècle un arbre indigène à La Prairie puisque le milieu naturel était propice à sa dispersion. C’est une espèce limitée aux endroits humides et ouverts : rivages périodiquement inondés, marécages froids, étangs et bois inondés. On devait donc le trouver en abondance ici, d’où son utilisation dans la construction du fort. Aire de distribution du frêne noir Les frênes indigènes sont tous de taille plutôt moyenne et possèdent un bois bien particulier : lorsqu'on le frappe à coups répétés, on obtient des feuillets minces qui se laissent diviser en lamelles. Les Amérindiens et nos ancêtre en fabriquaient des cerceaux pour tonneaux, des paniers de toutes sortes et des fonds de chaise. De plus la cendre de ce bois est riche en potasse. Outre son abondance à La Prairie et sa résistance à l'humidité, c'est sans doute aussi à cause de son tronc droit et élancé atteignant presque le sommet de la cime qu'il fut récolté pour construire la palissade. Son bois est résistant, dur et de droit fil. À cause de ses nodosités et de ses loupes on l'utilise aujourd'hui en ébénisterie (ex. tables et chaises de salle à manger), ainsi que pour des boiseries intérieures, des boîtes, des caisses et des palettes. Il m'a été impossible de déterminer s'il se trouve encore du frêne noir sur le territoire de La Prairie. Je lance donc ici un appel à nos membres : si vous êtes capable d'identifier cet arbre sur le terrain et que vous connaissez l'emplacement d'un peuplement à La Prairie, prière de me le faire savoir par télécopieur au 450-659-2857....

    Archéologie

    Du 8 au 20 juin 1998 la firme Arkéos inc. avait reçu de la Ville de La Prairie le mandat de dresser l'inventaire archéologique du site de l'ancienne Boulangerie Lussier à l'angle ouest des rues Saint-Georges et Saint-Ignace.

    L'équipe, composée de Mario Bergeron (chargé de projet), François Grondin (assistant archéologue) et François Bélanger (technicien), devait déterminer quelles zones avaient été affectées et quelles zones n'avaient jamais été perturbées. On souhaitait également localiser les restes de la palissade de frêne noir construite à la fin du 17e siècle et évaluer son état de conservation. L'ensemble de l'opération permettant par la suite à la municipalité de faire un aménagement léger sur le site, en s'assurant que l'implantation des pilotis n'ait pas lieu dans les zones dites « sensibles » et qu'il y ait possibilité de fouilles futures.

    Six tranchées mécaniques ainsi que des fouilles manuelles horizontales ont mené à d'intéressantes découvertes. D'abord la façade du terrain sur la rue Saint-Ignace est sans potentiel à cause de l'incendie de 1992 et aussi parce que la boulangerie était dotée d'un sous-sol. La partie sud-ouest, où l'édifice jouxtait une autre maison, est également sans valeur archéologique.

    Découverte majeure : le mur de crue actuel ne marque pas la berge d'origine qui, loin d'être une plage en pente douce, était un véritable talus escarpé situé à 10 mètres plus à l'est que le rempart de béton. De plus les traces de l'ancienne palissade ont permis de déterminer qu'elle avait été implantée au bord de l'eau. L'absence de plage évitait tout débarquement et l'escarpement du talus permettait aux défenseurs d'avoir plus de hauteur face à d'éventuels attaquants venant du fleuve.

    Sans doute saurons-nous un jour faire une synthèse des connaissances accumulées sur le tracé de l'ancienne palissade et les différentes étapes de sa construction. Cette synthèse est intimement liée à l'évolution de La Prairie ainsi qu'à la présence amérindienne des débuts.

    Du 8 au 20 juin 1998 la firme Arkéos inc. avait reçu de la Ville de La Prairie le mandat de dresser l'inventaire archéologique du site de l'ancienne Boulangerie Lussier à l'angle ouest des rues Saint-Georges et Saint-Ignace. L'équipe, composée de Mario Bergeron (chargé de projet), François Grondin (assistant archéologue) et François Bélanger (technicien), devait déterminer quelles zones avaient été affectées et quelles zones n'avaient jamais été perturbées. On souhaitait également localiser les restes de la palissade de frêne noir construite à la fin du 17e siècle et évaluer son état de conservation. L'ensemble de l'opération permettant par la suite à la municipalité de faire un aménagement léger sur le site, en s'assurant que l'implantation des pilotis n'ait pas lieu dans les zones dites « sensibles » et qu'il y ait possibilité de fouilles futures. Six tranchées mécaniques ainsi que des fouilles manuelles horizontales ont mené à d'intéressantes découvertes. D'abord la façade du terrain sur la rue Saint-Ignace est sans potentiel à cause de l'incendie de 1992 et aussi parce que la boulangerie était dotée d'un sous-sol. La partie sud-ouest, où l'édifice jouxtait une autre maison, est également sans valeur archéologique. Découverte majeure : le mur de crue actuel ne marque pas la berge d'origine qui, loin d'être une plage en pente douce, était un véritable talus escarpé situé à 10 mètres plus à l'est que le rempart de béton. De plus les traces de l'ancienne palissade ont permis de déterminer qu'elle avait été implantée au bord de l'eau. L'absence de plage évitait tout débarquement et l'escarpement du talus permettait aux défenseurs d'avoir plus de hauteur face à d'éventuels attaquants venant du fleuve. Sans doute saurons-nous un jour faire une synthèse des connaissances accumulées sur le tracé de l'ancienne palissade et les différentes étapes de sa construction. Cette synthèse est intimement liée à l'évolution de La Prairie ainsi qu'à la présence amérindienne des débuts....

    Les églises de la Nativité de La Prairie (1)

    Le projet Dialogue avec l'histoire a produit une abondante correspondance avec les étudiants de l'école La Magdeleine de La Prairie. En plus de correspondre avec des personnages de notre histoire, certains étudiants (tes) ont choisi d'aborder certains thèmes comme entre autres la mode, les passe-temps d'autrefois, les instruments aratoires, les métiers anciens. Aujourd'hui, nous allons aborder le thème des églises de La Prairie, soit les trois églises qui ont été construites sur le site de l'actuelle église de la Nativité sur le chemin de Saint-Jean dans le Vieux-La Prairie. Dans cette première lettre, on parle de la première église construite au 17e siècle.

    Comme tu le sais probablement, la vieille église de pierre que nous voyons sur le chemin de Saint-Jean dans le Vieux-La Prairie, est la troisième à avoir été construite. Il y aussi une autre église dans la paroisse du Christ-Roi sur la rue Lavoie. Cette dernière a été construite récemment et ne présente pas autant d'intérêt que celles qui ont été construites dans la vieille paroisse de La Nativité. Je parlerai donc uniquement de ces trois églises.

    La seigneurie de la Prairie a été concédée aux pères Jésuites en 1647 par le gouverneur François de Lauzon. Toutefois, les Jésuites ne commenceront à distribuer les premières terres aux blancs qu'en 1668, grâce à l'accalmie dans la guerre avec les Iroquois qui suit le traité de 1666-67. Les premiers Amérindiens à venir s'établir ici arrivèrent en 1667. Car, il ne faut pas oublier qu'à cette époque La Prairie était aussi une mission amérindienne appelée Saint-François-Xavier des Prez. Les Blancs et les Amérindiens vécurent ainsi ensemble jusqu'en 1676.

    On ne construisit pas la première église tout de suite. Les célébrations de 1667 jusque vers 1670 avaient lieu dans une grande cabane de planches où vivaient Blancs et Amérindiens. Vers 1670, il y avait une chapelle dans la maison des pères Jésuites. Cette petite chapelle de bois était divisée en deux appartements, l'une pour les Français, l'autre pour les Sauvages comme on disait à l'époque.

    La première église véritable fut construite en 1687. Faite de bois, elle avait 30 pieds de long par 20 pieds de large. L'extérieur était couvert de planches embouvetées. À l'intérieur, les murs étaient lambrissés de planches embouvetées et blanchies. Le plancher était fait de madriers embouvetés eux aussi, mais non blanchis. Les murs étaient percés de quatre fenêtres avec des contrevents faits de chêne. Au tout début, les fenêtres avaient des châssis de toile cirée.

    On posa des vitres seulement en 1692. On entrait dans l'église par les deux portes situées à l'avant. Il n'y avait pas de véritable clocher, mais un chevalet supportait la cloche. Un petit presbytère en bois fut ajouté sur le côté en 1690 (voir dessin).

    Le mobilier et la décoration étaient vraiment très simples à cette époque. Au tout début, il n'y avait que 9 bancs, 2 autres s'ajoutèrent après 1695. En 1690, on vit apparaître un confessionnal et en 1693, les marguilliers commandèrent deux grandes armoires. L'une était à tiroirs et l'autre à volets, moitié de merisier et moitié pin. En ce qui a trait aux ornements et linges fabriqués par les religieuses, on retrouve un surplis en toile de Hollande, des nappes d'autel de toile blanche, des chasubles en soie rouge ou verte selon la liturgie. Les devants de l'autel sont recouverts de brocard rouge ou vert et doublés de toile grise. Une moquette recouvre les gradins et des pots à fleurs viennent ajouter à la décoration. Grâce à un don en argent de Julien Averti dit Langevin (un de premiers marguilliers avec Jean Cailloud dit Baron), on put acheter en 1687 un ciboire en argent doré, un missel et un bénitier. À cela, s'ajoutèrent 6 chandeliers dorés et des burettes de métal en 1691.

    Cette petite église de bois n'avait pas de poêle, elle était donc très froide en hiver. Il fallait s’habiller chaudement pour aller à la messe. Le prêtre officiant se réchauffait tant bien que mal à l’aide d’un petit réchaud de cuivre posé sur l’autel dans lequel on faisait brûler du charbon de bois. En 1691, les marguilliers achetèrent un grand réchaud de cuivre. On en ajoutera un autre en 1695. Malgré tout cela, quand le sermon était un peu long, certains paroissiens en profitaient pour aller se chauffer dans une maison voisine.

    Cette première église était orientée dans la même direction que l'église actuelle. Elle faisait donc face à la rue l'Ange-Gardien (actuelle rue Saint-Jean) un peu plus près du fleuve que l'église actuelle.

    Dans les prochains numéros, il sera question de la deuxième et de la troisième église.

    Le projet Dialogue avec l'histoire a produit une abondante correspondance avec les étudiants de l'école La Magdeleine de La Prairie. En plus de correspondre avec des personnages de notre histoire, certains étudiants (tes) ont choisi d'aborder certains thèmes comme entre autres la mode, les passe-temps d'autrefois, les instruments aratoires, les métiers anciens. Aujourd'hui, nous allons aborder le thème des églises de La Prairie, soit les trois églises qui ont été construites sur le site de l'actuelle église de la Nativité sur le chemin de Saint-Jean dans le Vieux-La Prairie. Dans cette première lettre, on parle de la première église construite au 17e siècle. Comme tu le sais probablement, la vieille église de pierre que nous voyons sur le chemin de Saint-Jean dans le Vieux-La Prairie, est la troisième à avoir été construite. Il y aussi une autre église dans la paroisse du Christ-Roi sur la rue Lavoie. Cette dernière a été construite récemment et ne présente pas autant d'intérêt que celles qui ont été construites dans la vieille paroisse de La Nativité. Je parlerai donc uniquement de ces trois églises. La seigneurie de la Prairie a été concédée aux pères Jésuites en 1647 par le gouverneur François de Lauzon. Toutefois, les Jésuites ne commenceront à distribuer les premières terres aux blancs qu'en 1668, grâce à l'accalmie dans la guerre avec les Iroquois qui suit le traité de 1666-67. Les premiers Amérindiens à venir s'établir ici arrivèrent en 1667. Car, il ne faut pas oublier qu'à cette époque La Prairie était aussi une mission amérindienne appelée Saint-François-Xavier des Prez. Les Blancs et les Amérindiens vécurent ainsi ensemble jusqu'en 1676. On ne construisit pas la première église tout de suite. Les célébrations de 1667 jusque vers 1670 avaient lieu dans une grande cabane de planches où vivaient Blancs et Amérindiens. Vers 1670, il y avait une chapelle dans la maison des pères Jésuites. Cette petite chapelle de bois était divisée en deux appartements, l'une pour les Français, l'autre pour les Sauvages comme on disait à l'époque. La première église véritable fut construite en 1687. Faite de bois, elle avait 30 pieds de long par 20 pieds de large. L'extérieur était couvert de planches embouvetées. À l'intérieur, les murs étaient lambrissés de planches embouvetées et blanchies. Le plancher était fait de madriers embouvetés eux aussi, mais non blanchis. Les murs étaient percés de quatre fenêtres avec des contrevents faits de chêne. Au tout début, les fenêtres avaient des châssis de toile cirée. On posa des vitres seulement en 1692. On entrait dans l'église par les deux portes situées à l'avant. Il n'y avait pas de véritable clocher, mais un chevalet supportait la cloche. Un petit presbytère en bois fut ajouté sur le côté en 1690 (voir dessin). Le mobilier et la décoration étaient vraiment très simples à cette époque. Au tout début, il n'y avait que 9 bancs, 2 autres s'ajoutèrent après 1695. En 1690, on vit apparaître un confessionnal et en 1693, les marguilliers commandèrent deux grandes armoires. L'une était à tiroirs et l'autre à volets, moitié de merisier et moitié pin. En ce qui a trait aux ornements et linges fabriqués par les religieuses, on retrouve un surplis en toile de Hollande, des nappes d'autel de toile blanche, des chasubles en soie rouge ou verte selon la liturgie. Les devants de l'autel sont recouverts de brocard rouge ou vert et doublés de toile grise. Une moquette recouvre les gradins et des pots à fleurs viennent ajouter à la décoration. Grâce à un don en argent de Julien Averti dit Langevin (un de premiers marguilliers avec Jean Cailloud dit Baron), on put acheter en 1687 un ciboire en argent doré, un missel et un bénitier. À cela, s'ajoutèrent 6 chandeliers dorés et des burettes de métal en 1691. Cette petite église de bois n'avait pas de poêle, elle était donc très froide en hiver. Il fallait s’habiller chaudement pour aller à la messe. Le prêtre officiant se réchauffait tant bien que mal à l’aide d’un petit réchaud de cuivre posé sur l’autel dans lequel on faisait brûler du charbon de bois. En 1691, les marguilliers achetèrent un grand réchaud de cuivre. On en ajoutera un autre en 1695. Malgré tout cela, quand le sermon était un peu long, certains paroissiens en profitaient pour aller se chauffer dans une maison voisine. Cette première église était orientée dans la même direction que l'église actuelle. Elle faisait donc face à la rue l'Ange-Gardien (actuelle rue Saint-Jean) un peu plus près du fleuve que l'église actuelle. Dans les prochains numéros, il sera question de la deuxième et de la troisième église....

    Dons de volumes

    • Les gens du Québec, vol. 2, Petite Bourgogne, avril 1973, 80 p. Don de madame Laurette Moussette.
    • Centenaire de l'église Saint-Philippe d'Argenteuil, 1888-1988, 92 p. Don de madame Alice Bouthillier.
    Les gens du Québec, vol. 2, Petite Bourgogne, avril 1973, 80 p. Don de madame Laurette Moussette. Centenaire de l'église Saint-Philippe d'Argenteuil, 1888-1988, 92 p. Don de madame Alice Bouthillier. ...

    Nouvelles

    – Notre rencontre annuelle autour d'une bonne table fut un franc succès et la grande majorité des convives présents s'est prononcée en faveur de la formule « brunch ».

    – Le local de la SHLM subira d'importantes transformations : escalier extérieur à l'abri du climat, nouvelles salles de toilette, voûte sous terre afin d'y ranger une partie des archives etc.

    – Le Vieux-La Prairie sera également l'objet d'améliorations majeures. Profitez de l'été et de la piste cyclable pour venir apprécier ces changements de visu. Il serait même question de transformer l'hôtel Tourist en véritable lieu d'hébergement pour les visiteurs.

    – Le manuel d'utilisation du logiciel Archi-log est maintenant disponible dans sa traduction anglaise.

    – Notre rencontre annuelle autour d'une bonne table fut un franc succès et la grande majorité des convives présents s'est prononcée en faveur de la formule « brunch ». – Le local de la SHLM subira d'importantes transformations : escalier extérieur à l'abri du climat, nouvelles salles de toilette, voûte sous terre afin d'y ranger une partie des archives etc. – Le Vieux-La Prairie sera également l'objet d'améliorations majeures. Profitez de l'été et de la piste cyclable pour venir apprécier ces changements de visu. Il serait même question de transformer l'hôtel Tourist en véritable lieu d'hébergement pour les visiteurs. – Le manuel d'utilisation du logiciel Archi-log est maintenant disponible dans sa traduction anglaise....

    Rappel

    N’oubliez pas notre assemblée générale annuelle, le mardi 16 juin 1998 à 20 heures.

    N’oubliez pas notre assemblée générale annuelle, le mardi 16 juin 1998 à 20 heures....

    Écris-moi l’histoire!

    Dans le numéro du mois de mai, je vous ai parlé du projet « Dialogue avec l’histoire », qui est mené par la Société historique de La Prairie avec l'école secondaire La Magdeleine. Cette fois-ci, je vous présente des extraits de la correspondance que j'ai entretenue avec une vingtaine d'étudiants (tes).

    Deux étudiantes ont choisi le Huron Pierre Tonsohoten et ont pu découvrir avec lui les débuts de l'histoire La Prairie à l'époque de la mission. Dans l'extrait qui suit, Tonsohoten explique pourquoi on retrouve les mots amérindiens écrits de différentes façons.

    « Koué! Koué! Mon cœur se réjouit que vous ayez décidé de m'écrire.

    Vous me demandez comment on doit écrire mon nom. Il est difficile pour moi de vous répondre avec exactitude, car je ne sais pas écrire. C'est le père Chauchetière qui transcrit ce que je lui dis. Comme vous le savez peut-être, la langue huronne n'est pas une langue écrite. Elle a été transmise par nos mères depuis des temps lointains. C'est une langue orale comme disent les François. Ce sont les robes noires qui ont pour la première fois essayé de mettre notre langue par écrit. Parce qu'ils n'avaient jamais vu nos mots sur le parchemin, ils les ont écrits comme ils les entendaient. C'est pourquoi différents pères ont écrit le même mot de différentes façons. »

    Dans une lettre, il parle aussi de la destruction de la Huronnie, des guerres indiennes et du conflit entre les Anglais et les Français. C'est donc toute une partie de l'histoire de l'Amérique du Nord qui se retrouve sous sa plume.

    Maison iroquoise
    Maison de l'iroquois (Kahnawake Survival School)

    Avec la Borgnesse, on entre plus à fond dans l'explication du mode de vie des Iroquoiens et l'importance des femmes dans leur société. On peut apprendre aussi la façon de se soigner à l'aide des plantes médicinales.

    « On m'appelle la Borgnesse, je suis une femme de la nation des Kanien'kehaka qui veut dire le peuple de la pierre car il y en a beaucoup d’où je viens. Ce sont les femmes qui s’occupent de cultiver les plantes chez les Odonossone. Nous connaissons donc mieux que les hommes le pouvoir de celles-ci. C’est pourquoi les Indiens et parfois des Blancs viennent me consulter pour soulager différents maux. Si vous avez de la fièvre par exemple, vous pouvez prendre de l'écorce d'aulne ou de l'achillée qu'on appelle aussi herbe à dinde. Vous trempez ces plantes dans l'eau bouillante, le liquide fait tomber la fièvre. Pour la constipation, il y a la rhubarbe, la sanguinaire, le cyclamen. Pour faire sortir les poisons du corps, il n’y a rien de mieux que de faire suer. Le tilleul, le sureau et la bardane servent à cela. »

    Dans la mesure du possible, j'ai tenté de respecter les noms véritables que les Amérindiens utilisaient pour se désigner. Ainsi les Kanien'kehaka sont ceux que nous appelons aujourd'hui les Mohawks et le mot est l'équivalent d'iroquois soit de la ligue des cinq Nations qui vit au sud du lac Érié.

    Les débuts de La Prairie revivent aussi sous la plume de Jean Cailloud dit Baron. C'est ainsi qu'on peut illustrer concrètement à partir des données archivistiques présentes au local de la Société ce qu'était le régime seigneurial.

    Construction d'un bâtiment
    D'abord une obligation, la corvée deviendra une tradition.

    « Je vais vous donner les conditions écrites sur le contrat de concession de ma terre sur la rivière Saint-Jacques. Celui-ci est en date du dix neuf juin mille six cents septante deux. La terre a deux arpents de front donnant sur la dite rivière et vingt cinq arpents de profondeur. La rente foncière de bail est d'un sol par arpent, soit de cinquante sols par année. Le cens est à deux chapons vifs ou la valeur dyceux. Je dois y avoir feu et lieu et faire défricher incessamment la dite concession en plus de découvrir les deux voisins qui sont Jean Rou à l'est et Charle Boyer à l'ouest. Je dois aussi ouvrir le chemin pour le public, faire les fossés. J'ai aussi l’obligation de faire moudre les grains au moulin des dits pères. Les seigneurs se réservent le droit de coupe du bois sur la concession, excepté le bois de chauffage que je peux me réserver. Si je ne respecte pas ces conditions, ils pourront reprendre la terre. Mais jusqu'à présent, ils n'ont pas eu à se plaindre de moi. »

    Les mots que j'ai soulignés ont intrigué les étudiantes qui correspondaient avec M. Cailloud. Elles ont donc demandé des explications sur le sens dyceux ou devrais-je dire de ceux-ci.

    En parlant avec le notaire Edme Henry, une autre étudiante a pu constater que notre régime municipal tel que nous le connaissons aujourd'hui n'a pas toujours existé.

    « Vous me demandez de vous parler des femmes importantes dont celle du maire. Malheureusement, quant à cette dernière, je ne puis vous répondre car le poste de maire n'existe pas encore. On parle cependant de voter une loi pour établir un régime municipal. En effet, l’administration du territoire se fait par la seigneurie. »

    Ce qu'il y a d'intéressant dans notre approche, c'est que le jeune qui nous écrit entre facilement dans le jeu et s'adresse directement au personnage.

    « Bonjour Mère Gamelin. Comment allez-vous? J'espère que votre santé et votre moral sont bons. Votre ami Charles m’a parlé de vous et de vos œuvres. Ses propos ont piqué ma curiosité et c'est pourquoi je souhaiterais mieux vous connaître. »

    La correspondance avec Mère Gamelin est l'occasion d'ouvrir d'autres pages importantes de notre histoire. Elle permet aussi de faire revivre une époque où le soin des pauvres était assuré presque entièrement par les communautés religieuses et les œuvres charitables.

    « En 1846, à la demande du curé de La Prairie, le Révérend Père Rémi Tellier, nous nous rendîmes à La Prairie pour prêter main forte à l'association de charité fondée en 1842 par des dames du coin. Elles avaient loué un immeuble qu'on appelait la "Maison de la Providence". Mlle Émilie Denaut y prenait soin des miséreux La joie de notre arrivée fut bientôt assombrie par un terrible incendie qui se déclara dans la nuit du 4 au 5 août, détruisant plus de trois cents maisons. Étant alors à Montréal, je me dépêchai de me rendre à La Prairie par le premier bateau que je pus trouver. Je trouvai là 14 pauvres rassemblés sur le quai depuis trois heures du matin. J’amenai à Montréal les vieillards qui furent aimablement hébergés par les Sœurs Grises. Les vieilles demeurèrent dans la partie de l'asile qui avait échappé à l'incendie. Nos Sœurs s'occupèrent ensuite de la distribution des dons en aliments et vêtements aux familles en détresse. »

    Mère Gamelin a vécu aussi à l'époque des rébellions des Patriotes de 1837 et 1838. Une étudiante en a profité pour lui demander des renseignements sur ce conflit et s'en est servie dans son cours de français pour écrire un texte d'opinion.

    « Les années qui précédèrent l'insurrection furent catastrophiques. Les récoltes diminuèrent sensiblement, ce qui amena la disette et la famine dans nos villes et nos campagnes. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, le choléra se répandit, apporté par les nombreux immigrants venant d'Angleterre et d'Irlande. Certaines personnes blâmèrent le gouvernement de Londres qui avait favorisé, selon elles, cette émigration vers la colonie canadienne. De nombreux Canadiens se plaignaient aussi de favoritisme dans l’attribution des terres par la British American Land Company à des Anglais au détriment des Canadiens. Ces derniers avaient de plus en plus de difficultés à s’établir sur de nouvelles terres, les seigneuries commençaient à être surpeuplées.

    Parlement
    Le parlement du Bas-Canada en 1835

    De plus, il existait depuis un certain temps une crise politique. Un conflit vit le jour entre la Chambre d'assemblée (élus du peuple) et le conseil législatif dirigé par le représentant de Sa Majesté britannique, le Gouverneur. Les représentants de la Chambre d'assemblée demandaient entre autres le contrôle sur les subsides (revenus de la colonie) et que le gouverneur soit responsable (contrôlé) devant la chambre plutôt que directement par le gouvernement de Londres. Il y avait beaucoup d'autres réclamations, 92 en tout, qui furent adressées au parlement impérial. Mais, Londres ne donna pas suite à celles-ci. La situation devint de plus en plus tendue et le parti Patriote dirigé par Louis-Joseph Papineau prit des positions de plus en plus radicales, certains prônaient en autres l'indépendance totale du Bas-Canada. »

    Cette lettre de Mère Gamelin poussa l'étudiant à faire des recherches plus approfondies.

    « Depuis votre précédente lettre, j'ai fait quelques recherches […] Pour m'aider dans ma tâche que je me suis donnée, j'ai demandé à Normand, mon professeur d'histoire, de m'aider. Cependant, j'ai tout de même besoin de vous pour comprendre certaines choses. […] après avoir lu en quasi-totalité l'œuvre de Louis-Joseph Papineau… »

    Avec le dernier exemple, nous relatons une époque que certains de nos lecteurs et lectrices ont connue, mais qui est totalement étrangère pour un adolescent, soit l'époque où nous devions faire appel au forgeron. M. Charles Bouthillier nous explique son travail, voici un extrait d'une de ses lettres.

    « Donc, une fois que le feu est prêt, on peut commencer. D'abord, on doit faire la manucure du sabot. Avec une bonne lime, on enlève la vieille corne, on adoucit le sabot, on l'arrange pour lui donner la bonne forme pour qu'il s'adapte au fer. C'est un peu moins délicat que pour la manucure d'une femme… Un bon forgeron peut ferrer environ 6 chevaux par jour. Ça lui prend en moyenne une heure par cheval, ça dépend bien entendu de la fatigue du forgeron. Pis des fois, quand on était pas pressé, on prenait un peu plus de temps, on pouvait parler. Dans le temps, la boutique de forge c'était la place pour avoir des nouvelles. Les gens se réunissaient autour du feu, puis ça discutait. C'était une espèce de presse, la presse forgée comme je disais. »

    Ces quelques exemples ont pu nous faire découvrir l'immense potentiel de cette nouvelle approche pédagogique qui permet aux étudiants de voyager dans le temps en dialoguant avec des personnages réels de notre histoire. En plus des textes, nous avons pu aussi faire parvenir des images. De plus, nous entrevoyons pour l'avenir la possibilité de transmettre du son et de l'animation. Souhaitons que notre projet se poursuive, il en vaut la peine.

    Charles Beaudry, Société historique de La Prairie.

    Dans le numéro du mois de mai, je vous ai parlé du projet « Dialogue avec l’histoire », qui est mené par la Société historique de La Prairie avec l'école secondaire La Magdeleine. Cette fois-ci, je vous présente des extraits de la correspondance que j'ai entretenue avec une vingtaine d'étudiants (tes). Deux étudiantes ont choisi le Huron Pierre Tonsohoten et ont pu découvrir avec lui les débuts de l'histoire La Prairie à l'époque de la mission. Dans l'extrait qui suit, Tonsohoten explique pourquoi on retrouve les mots amérindiens écrits de différentes façons. « Koué! Koué! Mon cœur se réjouit que vous ayez décidé de m'écrire. Vous me demandez comment on doit écrire mon nom. Il est difficile pour moi de vous répondre avec exactitude, car je ne sais pas écrire. C'est le père Chauchetière qui transcrit ce que je lui dis. Comme vous le savez peut-être, la langue huronne n'est pas une langue écrite. Elle a été transmise par nos mères depuis des temps lointains. C'est une langue orale comme disent les François. Ce sont les robes noires qui ont pour la première fois essayé de mettre notre langue par écrit. Parce qu'ils n'avaient jamais vu nos mots sur le parchemin, ils les ont écrits comme ils les entendaient. C'est pourquoi différents pères ont écrit le même mot de différentes façons. » Dans une lettre, il parle aussi de la destruction de la Huronnie, des guerres indiennes et du conflit entre les Anglais et les Français. C'est donc toute une partie de l'histoire de l'Amérique du Nord qui se retrouve sous sa plume. Maison de l'iroquois (Kahnawake Survival School) Avec la Borgnesse, on entre plus à fond dans l'explication du mode de vie des Iroquoiens et l'importance des femmes dans leur société. On peut apprendre aussi la façon de se soigner à l'aide des plantes médicinales. « On m'appelle la Borgnesse, je suis une femme de la nation des Kanien'kehaka qui veut dire le peuple de la pierre car il y en a beaucoup d’où je viens. Ce sont les femmes qui s’occupent de cultiver les plantes chez les Odonossone. Nous connaissons donc mieux que les hommes le pouvoir de celles-ci. C’est pourquoi les Indiens et parfois des Blancs viennent me consulter pour soulager différents maux. Si vous avez de la fièvre par exemple, vous pouvez prendre de l'écorce d'aulne ou de l'achillée qu'on appelle aussi herbe à dinde. Vous trempez ces plantes dans l'eau bouillante, le liquide fait tomber la fièvre. Pour la constipation, il y a la rhubarbe, la sanguinaire, le cyclamen. Pour faire sortir les poisons du corps, il n’y a rien de mieux que de faire suer. Le tilleul, le sureau et la bardane servent à cela. » Dans la mesure du possible, j'ai tenté de respecter les noms véritables que les Amérindiens utilisaient pour se désigner. Ainsi les Kanien'kehaka sont ceux que nous appelons aujourd'hui les Mohawks et le mot est l'équivalent d'iroquois soit de la ligue des cinq Nations qui vit au sud du lac Érié. Les débuts de La Prairie revivent aussi sous la plume de Jean Cailloud dit Baron. C'est ainsi qu'on peut illustrer concrètement à partir des données archivistiques présentes au local de la Société ce qu'était le régime seigneurial. D'abord une obligation, la corvée deviendra une tradition. « Je vais vous donner les conditions écrites sur le contrat de concession de ma terre sur la rivière Saint-Jacques. Celui-ci est en date du dix neuf juin mille six cents septante deux. La terre a deux arpents de front donnant sur la dite rivière et vingt cinq arpents de profondeur. La rente foncière de bail est d'un sol par arpent, soit de cinquante sols par année. Le cens est à deux chapons vifs ou la valeur dyceux. Je dois y avoir feu et lieu et faire défricher incessamment la dite concession en plus de découvrir les deux voisins qui sont Jean Rou à l'est et Charle Boyer à l'ouest. Je dois aussi ouvrir le chemin pour le public, faire les fossés. J'ai aussi l’obligation de faire moudre les grains au moulin des dits pères. Les seigneurs se réservent le droit de coupe du bois sur la concession, excepté le bois de chauffage que je peux me réserver. Si je ne respecte pas ces conditions, ils pourront reprendre la terre. Mais jusqu'à présent, ils n'ont pas eu à se plaindre de moi. » Les mots que j'ai soulignés ont intrigué les étudiantes qui correspondaient avec M. Cailloud. Elles ont donc demandé des explications sur le sens dyceux ou devrais-je dire de ceux-ci. En parlant avec le notaire Edme Henry, une autre étudiante a pu constater que notre régime municipal tel que nous le connaissons aujourd'hui n'a pas toujours existé. « Vous me demandez de vous parler des femmes importantes dont celle du maire. Malheureusement, quant à cette dernière, je ne puis vous répondre car le poste de maire n'existe pas encore. On parle cependant de voter une loi pour établir un régime municipal. En effet, l’administration du territoire se fait par la seigneurie. » Ce qu'il y a d'intéressant dans notre approche, c'est que le jeune qui nous écrit entre facilement dans le jeu et s'adresse directement au personnage. « Bonjour Mère Gamelin. Comment allez-vous? J'espère que votre santé et votre moral sont bons. Votre ami Charles m’a parlé de vous et de vos œuvres. Ses propos ont piqué ma curiosité et c'est pourquoi je souhaiterais mieux vous connaître. » La correspondance avec Mère Gamelin est l'occasion d'ouvrir d'autres pages importantes de notre histoire. Elle permet aussi de faire revivre une époque où le soin des pauvres était assuré presque entièrement par les communautés religieuses et les œuvres charitables. « En 1846, à la demande du curé de La Prairie, le Révérend Père Rémi Tellier, nous nous rendîmes à La Prairie pour prêter main forte à l'association de charité fondée en 1842 par des dames du coin. Elles avaient loué un immeuble qu'on appelait la "Maison de la Providence". Mlle Émilie Denaut y prenait soin des miséreux La joie de notre arrivée fut bientôt assombrie par un terrible incendie qui se déclara dans la nuit du 4 au 5 août, détruisant plus de trois cents maisons. Étant alors à Montréal, je me dépêchai de me rendre à La Prairie par le premier bateau que je pus trouver. Je trouvai là 14 pauvres rassemblés sur le quai depuis trois heures du matin. J’amenai à Montréal les vieillards qui furent aimablement hébergés par les Sœurs Grises. Les vieilles demeurèrent dans la partie de l'asile qui avait échappé à l'incendie. Nos Sœurs s'occupèrent ensuite de la distribution des dons en aliments et vêtements aux familles en détresse. » Mère Gamelin a vécu aussi à l'époque des rébellions des Patriotes de 1837 et 1838. Une étudiante en a profité pour lui demander des renseignements sur ce conflit et s'en est servie dans son cours de français pour écrire un texte d'opinion. « Les années qui précédèrent l'insurrection furent catastrophiques. Les récoltes diminuèrent sensiblement, ce qui amena la disette et la famine dans nos villes et nos campagnes. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, le choléra se répandit, apporté par les nombreux immigrants venant d'Angleterre et d'Irlande. Certaines personnes blâmèrent le gouvernement de Londres qui avait favorisé, selon elles, cette émigration vers la colonie canadienne. De nombreux Canadiens se plaignaient aussi de favoritisme dans l’attribution des terres par la British American Land Company à des Anglais au détriment des Canadiens. Ces derniers avaient de plus en plus de difficultés à s’établir sur de nouvelles terres, les seigneuries commençaient à être surpeuplées. Le parlement du Bas-Canada en 1835 De plus, il existait depuis un certain temps une crise politique. Un conflit vit le jour entre la Chambre d'assemblée (élus du peuple) et le conseil législatif dirigé par le représentant de Sa Majesté britannique, le Gouverneur. Les représentants de la Chambre d'assemblée demandaient entre autres le contrôle sur les subsides (revenus de la colonie) et que le gouverneur soit responsable (contrôlé) devant la chambre plutôt que directement par le gouvernement de Londres. Il y avait beaucoup d'autres réclamations, 92 en tout, qui furent adressées au parlement impérial. Mais, Londres ne donna pas suite à celles-ci. La situation devint de plus en plus tendue et le parti Patriote dirigé par Louis-Joseph Papineau prit des positions de plus en plus radicales, certains prônaient en autres l'indépendance totale du Bas-Canada. » Cette lettre de Mère Gamelin poussa l'étudiant à faire des recherches plus approfondies. « Depuis votre précédente lettre, j'ai fait quelques recherches [...] Pour m'aider dans ma tâche que je me suis donnée, j'ai demandé à Normand, mon professeur d'histoire, de m'aider. Cependant, j'ai tout de même besoin de vous pour comprendre certaines choses. [...] après avoir lu en quasi-totalité l'œuvre de Louis-Joseph Papineau... » Avec le dernier exemple, nous relatons une époque que certains de nos lecteurs et lectrices ont connue, mais qui est totalement étrangère pour un adolescent, soit l'époque où nous devions faire appel au forgeron. M. Charles Bouthillier nous explique son travail, voici un extrait d'une de ses lettres. « Donc, une fois que le feu est prêt, on peut commencer. D'abord, on doit faire la manucure du sabot. Avec une bonne lime, on enlève la vieille corne, on adoucit le sabot, on l'arrange pour lui donner la bonne forme pour qu'il s'adapte au fer. C'est un peu moins délicat que pour la manucure d'une femme... Un bon forgeron peut ferrer environ 6 chevaux par jour. Ça lui prend en moyenne une heure par cheval, ça dépend bien entendu de la fatigue du forgeron. Pis des fois, quand on était pas pressé, on prenait un peu plus de temps, on pouvait parler. Dans le temps, la boutique de forge c'était la place pour avoir des nouvelles. Les gens se réunissaient autour du feu, puis ça discutait. C'était une espèce de presse, la presse forgée comme je disais. » Ces quelques exemples ont pu nous faire découvrir l'immense potentiel de cette nouvelle approche pédagogique qui permet aux étudiants de voyager dans le temps en dialoguant avec des personnages réels de notre histoire. En plus des textes, nous avons pu aussi faire parvenir des images. De plus, nous entrevoyons pour l'avenir la possibilité de transmettre du son et de l'animation. Souhaitons que notre projet se poursuive, il en vaut la peine. Charles Beaudry, Société historique de La Prairie....