Sélection d'une édition

    Mot du président

    L’année 2022 tire à sa fin et nous pouvons dire que nous avons eu une 50e année d’existence bien remplie.

    En cette fin d’année, je vous invite à la dernière activité du 50e anniversaire de la SHLM, Les archives à voix haute, activité ludique de mise en valeur des archives conservées par la SHLM ; qui aura lieu le mardi 20 décembre 2022 à 19 h 30 au Vieux-Théâtre (247, rue Sainte-Marie).

    Nos locaux seront fermés, pour la période des Fêtes, entre le 24 décembre 2022 et le 9 janvier 2023 inclusivement.

    Au nom du C. A. de la SHLM, de ses employées, de ses bénévoles et de ses membres, j’en profite pour vous souhaiter de très joyeuses Fêtes avec parents et amis. Reposez-vous bien et au plaisir de tous vous revoir au retour du congé pour vous souhaiter une bonne année 2023.


    Stéphane Tremblay, président

    L’année 2022 tire à sa fin et nous pouvons dire que nous avons eu une 50e année d’existence bien remplie. En cette fin d’année, je vous invite à la dernière activité du 50e anniversaire de la SHLM, Les archives à voix haute, activité ludique de mise en valeur des archives conservées par la SHLM ; qui aura lieu le mardi 20 décembre 2022 à 19 h 30 au Vieux-Théâtre (247, rue Sainte-Marie). Nos locaux seront fermés, pour la période des Fêtes, entre le 24 décembre 2022 et le 9 janvier 2023 inclusivement. Au nom du C. A. de la SHLM, de ses employées, de ses bénévoles et de ses membres, j’en profite pour vous souhaiter de très joyeuses Fêtes avec parents et amis. Reposez-vous bien et au plaisir de tous vous revoir au retour du congé pour vous souhaiter une bonne année 2023. Stéphane Tremblay, président...

    Brossard et La Prairie – la guerre du Golfe

    Introduction

    L’opinion publique et les conflits modernes évoluent en fonction des technologies de l’information qui changent et se perfectionnent année après année. La dernière décennie a été marquée par les téléphones intelligents qui permettent d’enregistrer et diffuser rapidement du contenu au moment des faits tandis que les années 80 et 90 avaient vu l’émergence de reportages télévisés en direct, surtout en Occident. Les auditeurs assistaient depuis leur foyer, grâce aux grandes chaînes médiatiques, à la guerre en temps réel.

    Trente ans auparavant, l’Occident s’embarquait dans la guerre du golfe Persique. Le Canada y prit part militairement et les répercussions de cette guerre se répercutèrent jusque sur la Rive-Sud de Montréal, où des acteurs de Brossard et La Prairie se sentirent concernés. Le journal Brossard-Éclair documenta les actions et propos de ceux-ci pendant les 48 jours que la guerre dura.

    Les étudiants

    Au matin du mardi 15 janvier 1991, une coalition comprenant les États-Unis et leurs alliés déclenchèrent l’opération « Desert Shield » avec pour but de libérer le Koweït de l’occupation irakienne[1] qui avait commencé le 2 août 1990. Le 15 janvier était la date limite donnée à l’Irak pour qu’elle retire ses troupes du Koweït.

    C’est aussi cette même journée, selon les dires du Brossard-Éclair, que spontanément, une centaine d’élèves de l’école secondaire Antoine-Brossard sortirent dans les rues de la ville de Brossard en manifestant pour la paix[2]. Ces étudiants marchèrent jusqu’à l’école Monseigneur-A.-M.-Parent à Saint-Hubert, soit environ une heure de marche pour 5,5 kilomètres.

    La manifestation regroupait près de 300 personnes[3]. De plus, la manifestation, par sa spontanéité et le fait qu’elle se déroula durant des examens, laissa planer une exclusion de ces élèves des évaluations pour absence non motivée. Les élèves revinrent de leur marche vers 12 h 30.

    Le lundi 16 janvier, un groupe plus petit d’étudiants d’une autre école secondaire, celle de la Magdeleine à La Prairie, allèrent manifester eux aussi pour la paix en marchant jusqu’à Antoine-Brossard, en solidarité.

     

    La Maison Internationale de la Rive-Sud

    Les étudiants ne furent pas les seuls acteurs à manifester leur opposition à la guerre.

    Le directeur de la Maison Internationale de la Rive-Sud[4] à l’époque, Rafael Hernandez, se vit consacrer une page dans le Brossard-Éclair la semaine suivante[5].

    En plus de militer pour la paix, Hernandez déplora l’intervention du Canada dans cette guerre en faisant remarquer que le pays était une terre d’accueil pour les réfugiés de ces conflits. Hernandez commenta aussi l’aspect du contrôle de l’information de la guerre :

    « La censure énorme empêche les individus d’avoir des informations pertinentes alors que les gens ont droit de savoir ».

    Huit mois suivant la fin de la guerre, le 25 octobre, la MIRS, dans le but de conscientiser les habitants de la Rive-Sud de Montréal sur les effets locaux de la guerre, organisa une conférence gratuite à Brossard intitulée « La guerre du Golfe, impact sur la population locale ». La sociologue Aida Kaouk du Centre d’Étude des Arabes pour le développement vint parler des conséquences psychologiques, sociales et politiques de la guerre du Golfe sur les populations du Moyen et Proche-Orient[6].

    Fernand Jourdenais

    À l’époque, la circonscription fédérale de La Prairie comprenait aussi la ville de Brossard. Son député, Fernand Jourdenais, élu sous la bannière des progressistes-conservateurs, parti de Brian Mulroney, appuya la résolution votée en chambre. Celle-ci voulait que le Canada soutienne les actions militaires de l’ONU contre l’Irak. Cependant, Jourdenais était tiraillé par les nombreux intérêts divergents qu’il y avait au sein de son comté.

    D’une part, la circonscription de La Prairie comptait autour de 550 militaires y résidant[7]. Il faut comprendre que lors de cette guerre, aucune infanterie canadienne ne fut envoyée dans les combats terrestres. Ce fut plutôt un soutien mutu

    el entre les forces navales et aériennes de l’armée canadienne appelé « opération Friction »[8]. D’autre part, Jourdenais était conscient qu’il y avait plusieurs communautés musulmanes, presque entièrement concentrées à Brossard, qui ne soutenaient pas l’intervention militaire canadienne.

    Dans l’édition du 24 février 1991, Jourdenais se positionne unilatéralement en faveur de l’intervention canadienne tout en tentant de se justifier auprès de ses détracteurs au sein de sa circonscription :

    « Je suis complètement contre la guerre […], mais c’est dommage que pour avoir la paix, il faut la guerre. Saddam Hussein […] doit sortir du Koweït ou qu’on le sorte de force ».

    Coïncidemment, la même journée que les propos du député fédéral furent rapportés dans le journal fut celle où la coalition menée par les États-Unis prit part aux premiers combats terrestres contre les forces irakiennes[9] occupant le Koweït. Les forces aériennes et navales canadiennes continuèrent ainsi leur soutien aux forces terrestres de la coalition jusqu’au 28 février, soit le jour de la libération du Koweït.

    Le conseil des musulmans de la Rive-Sud

    Comme tous les aut

    res acteurs locaux, le conseil des musulmans de la Rive-Sud s’opposait lui aussi à la guerre du Golfe tout en faisant valoir sa position ferme quant à l’implication du Canada dans la guerre.

    Le pays devait se retirer immédiatement d’une guerre jugée immorale et plutôt négocier avec l’Irak pour trouver une solution à l’amiable[10].

    Le conseil s’était réuni le dimanche 3 février au centre Émile-Nelligan à Brossard pour y tenir une conférence de presse. Cinq organismes musulmans y étaient présents : la communauté musulmane de la Rive-Sud, la Société d’éducation de l’Arabe aux musulmans, l’école El-Nour et la Mosquée de Longueuil.

    Bien que tous les organismes musulmans s’entendissent sur un retrait des forces armées canadiennes, il y avait des divergences d’opinions quant à l’interprétation de la situation au Moyen-Orient. Certains le percevaient comme servant les intérêts de l’impérialisme américain, d’autres évoquaient des comparaisons avec Israël, le Liban et les Palestiniens.

    Mais, ce que voulut mettre de l’avant le conseil lors de la conférence de presse, ce fut surtout la discrimination, le racisme et le harcèlement dont des membres de leurs communautés furent victimes dans leur vie de tous les jours sur la Rive-Sud de Montréal :

    « J’étais avec mon épouse et mon enfant de 15 ans lorsque le chauffeur nous a fermé la porte au nez. [Et de s’être fait dire :] Maudits misérables, retournez donc chez vous. »[11]

    Le conseil craignait qu’une longue implication du Canada dans la guerre aille endommager l’acceptation sociale des Arabes et musulmans dans la société canadienne.

     

    Conclusion

    La guerre du Golfe se termina avec la libération du Koweït et l’occupation temporaire de la partie sud-ouest de l’Irak par les membres de la coalition. En se retirant du Koweït, les troupes de Saddam Hussein mirent le feu à plus de 600 puits de pétrole dont certains continuèrent de brûler durant quelques mois. Un cessez-le-feu fut annoncé par le président Bush le 28 février. Le 3 mars, un armistice fut négocié avec l’Irak[12].

    Malgré sa courte durée, la guerre du Golfe interpella plusieurs acteurs sur la Rive-Sud de Montréal, dans ce cas-ci, surtout à La Prairie et Brossard. Le professeur universitaire français en science politique, Arnaud Mercier, dans un article publié deux ans après le conflit, tenta d’expliquer comment les médias et les armées des pays occidentaux réussirent à contrôler la violence diffusée :

    L’analyse qui a guidé le comportement des acteurs de cette guerre est que la violence, les images de douleur et de mort, sont devenues insupportables dans les sociétés occidentales. Il faut donc les cacher pour ne pas occasionner dans l’opinion un choc émotionnel propre à contrarier la conduite des objectifs politiques de l’État, passant ici par la guerre. […]

    La violence a été montrée, mais elle fut euphémisée, mise en scène, simulée, voire esthétisée. […] La mise en scène. Elle a été recherchée systématiquement par les acteurs du conflit. Ainsi, l’adversaire a-t-il été stigmatisé comme la brute, celui qui recourt de façon illégitime à la violence. Les catégories de jugement manichéennes du bon et du mauvais se sont plaquées sur les présentations médiatiques de la guerre. […] Il fallait, face à la perte des repères de la guerre froide, retrouver immédiatement un ennemi qui redonne une identité et justifie le prolongement des programmes militaires[13].

    Ainsi, y avait-il consensus pour la majorité des populations de la Rive-Sud de Montréal en faveur de l’intervention militaire du Canada dans la guerre du Golfe? Est-ce que les acteurs s’y opposant n’étaient finalement que des groupes minoritaires? La guerre du Golfe marqua néanmoins les débuts de l’ère du direct en Occident pour les guerres qui s’ensuivirent.

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    [1] Richard Gimblett, « Guerre du golfe Persique (1990-1991) », l’Encyclopédie Canadienne (2016) : dernière modification le 17 juin 2020, https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/guerre-du-golfe-persique-1990-a-1991.

    [2] Brossard-Éclair, édition du dimanche 20 janvier 1991, p. 3. Les photos en noir et blanc ont été prises par les journalistes du Brossard-Éclair Léo Gagnon, Robert Côté et Jean Laramée.

    [3] Idem.

    [4] La MIRS est un organisme créé en 1975 à Brossard avec pour but, entre autres, d’accueillir les nouveaux arrivants et d’aider à leur intégration au Québec et dans la région de Montréal. L’organisme est toujours actif aujourd’hui : https://mirs.qc.ca/nos-services/.

    [5] Brossard-Éclair, édition du dimanche 20 janvier 1991, p. 4.

    [6] Brossard-Éclair, édition du dimanche 13 octobre 1991, p. 14.

    [7] Idem.

    [8] Gimblett, Guerre du golfe Persique (1990-1991). 2016.

    [9] Gouvernement du Canada, « Bataille et phases : Gulf phase 2 », dernière modification le 1er janvier 2020, https://www.veterans.gc.ca/fra/remembrance/battles-and-stages/gulf-stage-2.

    [10] Brossard-Éclair, édition du dimanche 10 février 1991, p. 3.

    [11] Brossard-Éclair, édition du dimanche 10 février 1991, p. 3.

    [12] Richard Gimblett, « Guerre du golfe Persique (1990-1991). » l’Encyclopédie Canadienne (2016) : dernière modification le 17 juin 2020. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/guerre-du-golfe-persique-1990-a-1991.

    [13] Arnaud Mercier, « Médias et violence durant la guerre du Golfe », Cultures & Conflits 9-10 (1993) : https://doi.org/10.4000/conflits.296.

     

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    Bibliographie

    Journal Brossard-Éclair, éditions de janvier à octobre 1991.

    Gimblett, Richard. « Guerre du golfe Persique (1990-1991) ». L’Encyclopédie Canadienne (2016); Dernière modification 17 juin 2020. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/guerre-du-golfe-persique-1990-a-1991.

    Gouvernement du Canada. « Bataille et phases : Gulf phase 2 ». Dernière modification le 1er janvier 2022, https://www.veterans.gc.ca/fra/remembrance/battles-and-stages/gulf-stage-2.

    Mercier, Arnaud. « Médias et violence durant la guerre du Golfe ». Cultures & Conflits 9-10 (1993) : https://doi.org/10.4000/conflits.296.

    Introduction L’opinion publique et les conflits modernes évoluent en fonction des technologies de l’information qui changent et se perfectionnent année après année. La dernière décennie a été marquée par les téléphones intelligents qui permettent d’enregistrer et diffuser rapidement du contenu au moment des faits tandis que les années 80 et 90 avaient vu l’émergence de reportages télévisés en direct, surtout en Occident. Les auditeurs assistaient depuis leur foyer, grâce aux grandes chaînes médiatiques, à la guerre en temps réel. Trente ans auparavant, l’Occident s’embarquait dans la guerre du golfe Persique. Le Canada y prit part militairement et les répercussions de cette guerre se répercutèrent jusque sur la Rive-Sud de Montréal, où des acteurs de Brossard et La Prairie se sentirent concernés. Le journal Brossard-Éclair documenta les actions et propos de ceux-ci pendant les 48 jours que la guerre dura. Les étudiants Au matin du mardi 15 janvier 1991, une coalition comprenant les États-Unis et leurs alliés déclenchèrent l’opération « Desert Shield » avec pour but de libérer le Koweït de l’occupation irakienne[1] qui avait commencé le 2 août 1990. Le 15 janvier était la date limite donnée à l’Irak pour qu’elle retire ses troupes du Koweït. C’est aussi cette même journée, selon les dires du Brossard-Éclair, que spontanément, une centaine d’élèves de l’école secondaire Antoine-Brossard sortirent dans les rues de la ville de Brossard en manifestant pour la paix[2]. Ces étudiants marchèrent jusqu’à l’école Monseigneur-A.-M.-Parent à Saint-Hubert, soit environ une heure de marche pour 5,5 kilomètres. La manifestation regroupait près de 300 personnes[3]. De plus, la manifestation, par sa spontanéité et le fait qu’elle se déroula durant des examens, laissa planer une exclusion de ces élèves des évaluations pour absence non motivée. Les élèves revinrent de leur marche vers 12 h 30. Le lundi 16 janvier, un groupe plus petit d’étudiants d’une autre école secondaire, celle de la Magdeleine à La Prairie, allèrent manifester eux aussi pour la paix en marchant jusqu’à Antoine-Brossard, en solidarité.   La Maison Internationale de la Rive-Sud Les étudiants ne furent pas les seuls acteurs à manifester leur opposition à la guerre. Le directeur de la Maison Internationale de la Rive-Sud[4] à l’époque, Rafael Hernandez, se vit consacrer une page dans le Brossard-Éclair la semaine suivante[5]. En plus de militer pour la paix, Hernandez déplora l’intervention du Canada dans cette guerre en faisant remarquer que le pays était une terre d’accueil pour les réfugiés de ces conflits. Hernandez commenta aussi l’aspect du contrôle de l’information de la guerre : « La censure énorme empêche les individus d'avoir des informations pertinentes alors que les gens ont droit de savoir ». Huit mois suivant la fin de la guerre, le 25 octobre, la MIRS, dans le but de conscientiser les habitants de la Rive-Sud de Montréal sur les effets locaux de la guerre, organisa une conférence gratuite à Brossard intitulée « La guerre du Golfe, impact sur la population locale ». La sociologue Aida Kaouk du Centre d’Étude des Arabes pour le développement vint parler des conséquences psychologiques, sociales et politiques de la guerre du Golfe sur les populations du Moyen et Proche-Orient[6]. Fernand Jourdenais À l’époque, la circonscription fédérale de La Prairie comprenait aussi la ville de Brossard. Son député, Fernand Jourdenais, élu sous la bannière des progressistes-conservateurs, parti de Brian Mulroney, appuya la résolution votée en chambre. Celle-ci voulait que le Canada soutienne les actions militaires de l’ONU contre l’Irak. Cependant, Jourdenais était tiraillé par les nombreux intérêts divergents qu’il y avait au sein de son comté. D’une part, la circonscription de La Prairie comptait autour de 550 militaires y résidant[7]. Il faut comprendre que lors de cette guerre, aucune infanterie canadienne ne fut envoyée dans les combats terrestres. Ce fut plutôt un soutien mutu el entre les forces navales et aériennes de l’armée canadienne appelé « opération Friction »[8]. D’autre part, Jourdenais était conscient qu’il y avait plusieurs communautés musulmanes, presque entièrement concentrées à Brossard, qui ne soutenaient pas l’intervention militaire canadienne. Dans l’édition du 24 février 1991, Jourdenais se positionne unilatéralement en faveur de l’intervention canadienne tout en tentant de se justifier auprès de ses détracteurs au sein de sa circonscription : « Je suis complètement contre la guerre […], mais c’est dommage que pour avoir la paix, il faut la guerre. Saddam Hussein […] doit sortir du Koweït ou qu’on le sorte de force ». Coïncidemment, la même journée que les propos du député fédéral furent rapportés dans le journal fut celle où la coalition menée par les États-Unis prit part aux premiers combats terrestres contre les forces irakiennes[9] occupant le Koweït. Les forces aériennes et navales canadiennes continuèrent ainsi leur soutien aux forces terrestres de la coalition jusqu’au 28 février, soit le jour de la libération du Koweït. Le conseil des musulmans de la Rive-Sud Comme tous les aut res acteurs locaux, le conseil des musulmans de la Rive-Sud s’opposait lui aussi à la guerre du Golfe tout en faisant valoir sa position ferme quant à l’implication du Canada dans la guerre. Le pays devait se retirer immédiatement d’une guerre jugée immorale et plutôt négocier avec l’Irak pour trouver une solution à l’amiable[10]. Le conseil s’était réuni le dimanche 3 février au centre Émile-Nelligan à Brossard pour y tenir une conférence de presse. Cinq organismes musulmans y étaient présents : la communauté musulmane de la Rive-Sud, la Société d’éducation de l’Arabe aux musulmans, l’école El-Nour et la Mosquée de Longueuil. Bien que tous les organismes musulmans s’entendissent sur un retrait des forces armées canadiennes, il y avait des divergences d’opinions quant à l’interprétation de la situation au Moyen-Orient. Certains le percevaient comme servant les intérêts de l’impérialisme américain, d’autres évoquaient des comparaisons avec Israël, le Liban et les Palestiniens. Mais, ce que voulut mettre de l'avant le conseil lors de la conférence de presse, ce fut surtout la discrimination, le racisme et le harcèlement dont des membres de leurs communautés furent victimes dans leur vie de tous les jours sur la Rive-Sud de Montréal : « J’étais avec mon épouse et mon enfant de 15 ans lorsque le chauffeur nous a fermé la porte au nez. [Et de s’être fait dire :] Maudits misérables, retournez donc chez vous. »[11] Le conseil craignait qu’une longue implication du Canada dans la guerre aille endommager l'acceptation sociale des Arabes et musulmans dans la société canadienne.   Conclusion La guerre du Golfe se termina avec la libération du Koweït et l’occupation temporaire de la partie sud-ouest de l’Irak par les membres de la coalition. En se retirant du Koweït, les troupes de Saddam Hussein mirent le feu à plus de 600 puits de pétrole dont certains continuèrent de brûler durant quelques mois. Un cessez-le-feu fut annoncé par le président Bush le 28 février. Le 3 mars, un armistice fut négocié avec l’Irak[12]. Malgré sa courte durée, la guerre du Golfe interpella plusieurs acteurs sur la Rive-Sud de Montréal, dans ce cas-ci, surtout à La Prairie et Brossard. Le professeur universitaire français en science politique, Arnaud Mercier, dans un article publié deux ans après le conflit, tenta d’expliquer comment les médias et les armées des pays occidentaux réussirent à contrôler la violence diffusée : L'analyse qui a guidé le comportement des acteurs de cette guerre est que la violence, les images de douleur et de mort, sont devenues insupportables dans les sociétés occidentales. Il faut donc les cacher pour ne pas occasionner dans l'opinion un choc émotionnel propre à contrarier la conduite des objectifs politiques de l'État, passant ici par la guerre. […] La violence a été montrée, mais elle fut euphémisée, mise en scène, simulée, voire esthétisée. […] La mise en scène. Elle a été recherchée systématiquement par les acteurs du conflit. Ainsi, l'adversaire a-t-il été stigmatisé comme la brute, celui qui recourt de façon illégitime à la violence. Les catégories de jugement manichéennes du bon et du mauvais se sont plaquées sur les présentations médiatiques de la guerre. […] Il fallait, face à la perte des repères de la guerre froide, retrouver immédiatement un ennemi qui redonne une identité et justifie le prolongement des programmes militaires[13]. Ainsi, y avait-il consensus pour la majorité des populations de la Rive-Sud de Montréal en faveur de l’intervention militaire du Canada dans la guerre du Golfe? Est-ce que les acteurs s’y opposant n’étaient finalement que des groupes minoritaires? La guerre du Golfe marqua néanmoins les débuts de l’ère du direct en Occident pour les guerres qui s’ensuivirent. ______________________________   [1] Richard Gimblett, « Guerre du golfe Persique (1990-1991) », l'Encyclopédie Canadienne (2016) : dernière modification le 17 juin 2020, https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/guerre-du-golfe-persique-1990-a-1991. [2] Brossard-Éclair, édition du dimanche 20 janvier 1991, p. 3. Les photos en noir et blanc ont été prises par les journalistes du Brossard-Éclair Léo Gagnon, Robert Côté et Jean Laramée. [3] Idem. [4] La MIRS est un organisme créé en 1975 à Brossard avec pour but, entre autres, d’accueillir les nouveaux arrivants et d’aider à leur intégration au Québec et dans la région de Montréal. L’organisme est toujours actif aujourd’hui : https://mirs.qc.ca/nos-services/. [5] Brossard-Éclair, édition du dimanche 20 janvier 1991, p. 4. [6] Brossard-Éclair, édition du dimanche 13 octobre 1991, p. 14. [7] Idem. [8] Gimblett, Guerre du golfe Persique (1990-1991). 2016. [9] Gouvernement du Canada, « Bataille et phases : Gulf phase 2 », dernière modification le 1er janvier 2020, https://www.veterans.gc.ca/fra/remembrance/battles-and-stages/gulf-stage-2. [10] Brossard-Éclair, édition du dimanche 10 février 1991, p. 3. [11] Brossard-Éclair, édition du dimanche 10 février 1991, p. 3. [12] Richard Gimblett, « Guerre du golfe Persique (1990-1991). » l'Encyclopédie Canadienne (2016) : dernière modification le 17 juin 2020. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/guerre-du-golfe-persique-1990-a-1991. [13] Arnaud Mercier, « Médias et violence durant la guerre du Golfe », Cultures & Conflits 9-10 (1993) : https://doi.org/10.4000/conflits.296.   ______________________________ Bibliographie Journal Brossard-Éclair, éditions de janvier à octobre 1991. Gimblett, Richard. « Guerre du golfe Persique (1990-1991) ». L’Encyclopédie Canadienne (2016); Dernière modification 17 juin 2020. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/guerre-du-golfe-persique-1990-a-1991. Gouvernement du Canada. « Bataille et phases : Gulf phase 2 ». Dernière modification le 1er janvier 2022, https://www.veterans.gc.ca/fra/remembrance/battles-and-stages/gulf-stage-2. Mercier, Arnaud. « Médias et violence durant la guerre du Golfe ». Cultures & Conflits 9-10 (1993) : https://doi.org/10.4000/conflits.296....

    BMS de La Prairie : maintenant en ligne !

    Quelques-uns l’auront déjà remarqué, les registres des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de La Nativité de La Prairie sont maintenant en ligne sur notre site web, et ce, EXCLUSIVEMENT pour les membres de la SHLM. Tous les registres sont accessibles à partir de la section Ressources / BMS La Prairie du menu principal.

    Depuis quelques mois, notre trésorier Jean-Pierre Labelle travaille avec le développeur web de la firme Aponia afin de mettre en ligne cette base de données plus complète que la version imprimée.

    En effet, la version papier ne permettait pas d’inclure tous les détails des registres transcrits par M. Jean L’Heureux, mais la base de données a pu les inclure sous forme de fiche pour chaque individu.

     

    Quelques-uns l’auront déjà remarqué, les registres des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de La Nativité de La Prairie sont maintenant en ligne sur notre site web, et ce, EXCLUSIVEMENT pour les membres de la SHLM. Tous les registres sont accessibles à partir de la section Ressources / BMS La Prairie du menu principal. Depuis quelques mois, notre trésorier Jean-Pierre Labelle travaille avec le développeur web de la firme Aponia afin de mettre en ligne cette base de données plus complète que la version imprimée. En effet, la version papier ne permettait pas d’inclure tous les détails des registres transcrits par M. Jean L’Heureux, mais la base de données a pu les inclure sous forme de fiche pour chaque individu.  ...

    Conférence janvier 2023

    Monsieur Antoine Simonato, secrétaire de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, nous présente  « Alcool et débits de boisson à La Prairie ».

     

    Cette conférence est offerte en complément de l’exposition au Musée d’archéologie de Roussillon, Frette ou tablette, 400 ans de bière au Québec.

     

    Notre rapport avec les « boissons enivrantes » depuis la Nouvelle-France jusqu’à la création de la Société des alcools du Québec. La conférence portera essentiellement sur la région de La Prairie.

     

    La petite histoire laprairienne des lieux de fabrication de la bière et de spiritueux, de la vente et de la consommation. Distilleries, auberges, hôtels, tavernes…

     

    Il sera aussi question du mouvement de la Tempérance, des effets de la prohibition américaine de ce côté-ci de la frontière…sans oublier de savoureuses anecdotes !

     

    Monsieur Antoine Simonato, secrétaire de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, nous présente  « Alcool et débits de boisson à La Prairie ».   Cette conférence est offerte en complément de l’exposition au Musée d’archéologie de Roussillon, Frette ou tablette, 400 ans de bière au Québec.   Notre rapport avec les « boissons enivrantes » depuis la Nouvelle-France jusqu’à la création de la Société des alcools du Québec. La conférence portera essentiellement sur la région de La Prairie.   La petite histoire laprairienne des lieux de fabrication de la bière et de spiritueux, de la vente et de la consommation. Distilleries, auberges, hôtels, tavernes...   Il sera aussi question du mouvement de la Tempérance, des effets de la prohibition américaine de ce côté-ci de la frontière…sans oublier de savoureuses anecdotes !  ...

    Conférence spéciale en décembre

    Archives à voix haute

    Les voix d’archivistes passionnées vous révéleront les bijoux d’archives que conserve précieusement la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine.

    Laissez-vous transporter dans diverses époques de La Prairie et découvrir des anecdotes insoupçonnées dans cette séance de lecture à voix haute et de projection d’archives.

    Curieux ? Intrigant ?

    Venez « vivre » les archives autrement !

    ______________________________

    Mardi 20 décembre 2022 à 19 h 30

     Théâtre du Vieux-La Prairie

    247, rue Sainte-Marie

    La Prairie

    Membres : GRATUIT – Non-membres : 7,50$

    ______________________________

     

    Présentées par les archivistes
    Hélène Élément, Caroline Laberge et Josée Sarrazin

     

    Les premières séances d’« Archives à voix haute » ont été expérimentées en France et se sont vite révélées de fantastiques outils de diffusion et de mise en valeur des archives.

    Au Québec, le mouvement s’est répandu par la volonté des archivistes, bien au fait de l’importance de faire connaître ces précieux témoins de l’histoire.

    Les trois archivistes ont participé à des lectures publiques d’archives avant de mettre sur pied une séance consacrée au mouvement patriote dans le cadre du 175e anniversaire des Rébellions de 1837-1838.

    La séance sur les Patriotes a été présentée à Verchères (2012), à
    Saint-Laurent (2013) et à la Maison Le Pailleur à Châteauguay (2019).

    Crédit photo: SHLM cote P32

    Archives à voix haute Les voix d’archivistes passionnées vous révéleront les bijoux d’archives que conserve précieusement la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine. Laissez-vous transporter dans diverses époques de La Prairie et découvrir des anecdotes insoupçonnées dans cette séance de lecture à voix haute et de projection d’archives. Curieux ? Intrigant ? Venez « vivre » les archives autrement ! ______________________________ Mardi 20 décembre 2022 à 19 h 30  Théâtre du Vieux-La Prairie 247, rue Sainte-Marie La Prairie Membres : GRATUIT - Non-membres : 7,50$ ______________________________   Présentées par les archivistes Hélène Élément, Caroline Laberge et Josée Sarrazin   Les premières séances d’« Archives à voix haute » ont été expérimentées en France et se sont vite révélées de fantastiques outils de diffusion et de mise en valeur des archives. Au Québec, le mouvement s’est répandu par la volonté des archivistes, bien au fait de l’importance de faire connaître ces précieux témoins de l’histoire. Les trois archivistes ont participé à des lectures publiques d’archives avant de mettre sur pied une séance consacrée au mouvement patriote dans le cadre du 175e anniversaire des Rébellions de 1837-1838. La séance sur les Patriotes a été présentée à Verchères (2012), à Saint-Laurent (2013) et à la Maison Le Pailleur à Châteauguay (2019). Crédit photo: SHLM cote P32...

    Halloween 2022

    Le 29 octobre soulignait le retour de la fête de l’Halloween organisée de façon spectaculaire par la ville de La Prairie, après deux années de relâche pandémique. Tout le Vieux-La Prairie était hanté !

     

    La SHLM a distribué des friandises aux milliers de visiteurs tout sourire qui ont défilé devant le local, et des signets de la société d’histoire ont été remis aux adultes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Merci aux bénévoles costumés qui ont veillé à la distribution continue des bonbons entre 18 h et 20 h 30.

    Marie-Pierre Bellemare, notre guide estivale, Jeanne Laberge, Antoine Simonato, Raphaël Humphries, Charles et Philémon Trottier.

    Crédit photo: Charles Trottier

    Le 29 octobre soulignait le retour de la fête de l’Halloween organisée de façon spectaculaire par la ville de La Prairie, après deux années de relâche pandémique. Tout le Vieux-La Prairie était hanté !   La SHLM a distribué des friandises aux milliers de visiteurs tout sourire qui ont défilé devant le local, et des signets de la société d’histoire ont été remis aux adultes.                   Merci aux bénévoles costumés qui ont veillé à la distribution continue des bonbons entre 18 h et 20 h 30. Marie-Pierre Bellemare, notre guide estivale, Jeanne Laberge, Antoine Simonato, Raphaël Humphries, Charles et Philémon Trottier. Crédit photo: Charles Trottier ...

    Les grands explorateurs

    La compagnie Les Grands Explorateurs a offert une paire de billets pour la représentation du 14 novembre 2022 à la salle Richard-Sauvageau de la polyvalente La Magdeleine à La Prairie.

    La conférence s’intitule « Sur les chemins d’Iran » et est présentée par Danielle et Gilles Hubert.

    Tous les membres et bénévoles de la SHLM étaient éligibles.

    Le tirage au sort a été fait le 9 novembre 2022 par Mme Maryse Ingenito.

    Jean-Pierre Labelle, trésorier et Caroline Laberge, archiviste et directrice générale ont supervisé le tout.

    L’heureuse gagnante de la paire de billets est Mme Gabrielle Berthiaume, membre de la SHLM.

    Nous souhaitons une bonne soirée à Mme Berthiaume.

     

    La compagnie Les Grands Explorateurs a offert une paire de billets pour la représentation du 14 novembre 2022 à la salle Richard-Sauvageau de la polyvalente La Magdeleine à La Prairie. La conférence s’intitule « Sur les chemins d’Iran » et est présentée par Danielle et Gilles Hubert. Tous les membres et bénévoles de la SHLM étaient éligibles. Le tirage au sort a été fait le 9 novembre 2022 par Mme Maryse Ingenito. Jean-Pierre Labelle, trésorier et Caroline Laberge, archiviste et directrice générale ont supervisé le tout. L'heureuse gagnante de la paire de billets est Mme Gabrielle Berthiaume, membre de la SHLM. Nous souhaitons une bonne soirée à Mme Berthiaume.  ...

    Mot du président

    11e édition de la Semaine nationale de la généalogie

     

    Afin d’accommoder nos membres et les chercheurs, la SHLM dispose de nombreux répertoires généalogiques ainsi que des abonnements à des sites de généalogie, dont Ancestry et Mes Aïeux.

    À tous les ans en novembre, la Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG) organise la Semaine nationale de la généalogie. Cette année, du 19 au 26 novembre, les sociétés membres mettront sur pied diverses activités reliées à la pratique de la généalogie. Afin de stimuler les recherches sur la vie des femmes qui ont fait notre histoire familiale, la thématique de la 11e édition de la SNG s’intitule « de mère en fille, la généalogie au féminin ».

    Le lundi 21 novembre, la SHLM organisera une journée portes ouvertes afin d’initier les citoyens à la pratique de la généalogie. Pour plus d’infos voir : https://www.federationgenealogie.com/fr/semaine-nationale-de-la-genealogie

    Bonne Semaine nationale de la généalogie !

    Stéphane Tremblay, GFA

    Président

    11e édition de la Semaine nationale de la généalogie   Afin d’accommoder nos membres et les chercheurs, la SHLM dispose de nombreux répertoires généalogiques ainsi que des abonnements à des sites de généalogie, dont Ancestry et Mes Aïeux. À tous les ans en novembre, la Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG) organise la Semaine nationale de la généalogie. Cette année, du 19 au 26 novembre, les sociétés membres mettront sur pied diverses activités reliées à la pratique de la généalogie. Afin de stimuler les recherches sur la vie des femmes qui ont fait notre histoire familiale, la thématique de la 11e édition de la SNG s’intitule « de mère en fille, la généalogie au féminin ». Le lundi 21 novembre, la SHLM organisera une journée portes ouvertes afin d’initier les citoyens à la pratique de la généalogie. Pour plus d’infos voir : https://www.federationgenealogie.com/fr/semaine-nationale-de-la-genealogie Bonne Semaine nationale de la généalogie ! Stéphane Tremblay, GFA Président...

    Margueritte Françoise Moreau se dévoile

    Margueritte Françoise Moreau est ma première ancêtre paternelle en Nouvelle-France. En 2015, un cours de paléographie en poche, je m’attelle à une recherche exhaustive sur les faits et gestes de cette Fille du roi au parcours hors du commun. C’est ainsi que je répertorie et transcris des centaines de pages d’actes notariés, juridiques ou de l’état civil qui l’impliquent. J’ai vite compris qu’il s’y cachait des informations fort utiles pour découvrir qui était cette Margueritte.

     

    À partir du résultat de mes recherches, de la lecture de récits historiques et de livres de chercheurs intéressés par la Nouvelle-France, j’ai rédigé deux articles pour raconter son histoire. Le premier, paru en septembre 2019 dans la revue « L’Ancêtre » de la Société de généalogie de Québec, trace le parcours de Margueritte Moreau de son départ de Paris en avril 1670 jusqu’au décès de son premier époux, Mathieu Faye dit Lafayette, en août 1695. Le deuxième article débute à cette année charnière de sa vie. Il aborde son remariage avec Jean Lefort dit Laprairie jusqu’à son décès en octobre 1718. Il paraîtra en deux parties dans la revue « L’Ancêtre » de septembre 2022 et celle de décembre 2022[1].

     

    En tant que Fille du roi, plusieurs articles ont déjà été consacrés dans le passé à Margueritte Françoise Moreau et le sont encore aujourd’hui. Le présent texte a pour but de partager quelques données inédites, trouvées dans des documents d’archives et incorporées à mes articles. La méconnaissance de ces informations a pu conduire certains auteurs, à des interprétations incomplètes et parfois inexactes de la réalité de ma première ancêtre paternelle en Nouvelle-France.

     

    Pour illustrer mon propos, il sera question de la captivité de Margueritte Françoise Moreau en Iroquoisie, d’un banc d’église et de son remariage avec Jean Lefort dit Laprairie.

    Captivité en Iroquoisie

     Lors de l’attaque de John Schuyler sur La Prairie le 4 septembre 1690, Mathieu Faye et Margueritte Moreau sont faits prisonniers et amenés en Iroquoisie. Certains textes disent que Mari Anne, fille de Margueritte et Mathieu, pourrait être née en captivité, que le couple est revenu à La Prairie en 1694 après avoir échappé à leurs ravisseurs et que Claude Faye a joué un rôle important avec la famille pendant cette période.

     Que disent les documents d’archives : Tutelle et inventaire du 8 octobre 1693

    Le 8 octobre 1693, Pierre Bourdeau, dans un document rédigé par le notaire Antoine Adhémar, s’adresse au bailli de Montréal[2]. Il indique qu’il est l’époux de Marie Faye, la fille de Mathieu et Margueritte Moreau. Que ces derniers ont été pris par les Iroquois le 4 septembre 1690 et qu’ils ont laissé derrière eux quatre enfants mineurs : André maintenant âgé de 15 ans, Angélique 11 ans, Jeanne 9 ans et Mari Anne 3 ans. Que depuis l’enlèvement, il pourvoit aux besoins quotidiens des enfants en plus de s’occuper de la ferme de ses beaux-parents.

     

    Puisqu’après trois ans il est toujours sans nouvelles d’eux, il demande que soient nommés un tuteur et un subrogé tuteur aux quatre enfants mineurs et que soit délibéré ce qui doit être fait pour subvenir à leurs besoins tant pour le passé que pour l’avenir. Il requiert aussi que soit fait l’inventaire de leurs biens.

     

    Le bailli acquiesce à ses demandes. C’est donc, en vertu de cette ordonnance, que Pierre Bourdeau comparait devant lui en après-midi[3]. Il est accompagné de Claude Faye, neveu de Mathieu Faye, Charles Denaud, qui agit comme procureur de Joseph Benard, gendre desdits Faye et Moreau, Pierre Gagnier, Claude Carron et d’autres amis de la famille.

     

    Cette assemblée de parents et amis élit Pierre Bourdeau comme tuteur et Claude Faye comme subrogé tuteur. Ils demandent que Bourdeau puisse jouir de tous les biens laissés par Mathieu et Margueritte à condition qu’il continue de nourrir et entretenir les enfants jusqu’à l’âge de 18 ans. Enfin ils suggèrent que Bourdeau soit compensé, à même l’inventaire des biens[4] qui sera fait, pour les soins prodigués aux enfants depuis l’enlèvement.

     

    Grâce à ces documents d’archives, nous découvrons que Mari Anne n’est pas née en captivité. Elle est venue au monde à La Prairie en 1690 avant l’enlèvement de sa mère Margueritte Moreau le 4 septembre. Ce qui permet aussi de déduire que Mari Anne, qui s’est mariée le 16 septembre 1750, était âgée de 60 ans et qu’elle avait 90 ans lors de son décès le 14 septembre 1780. Finalement, nous apprenons que c’est Pierre Bourdeau, le gendre de Mathieu Faye et de Margueritte qui s’occupe des enfants et de la ferme pendant leur captivité.

    Captivité chez les Onnéiouts et retour à La Prairie en octobre 1694, une hypothèse plausible !

    Mathieu et Margueritte ainsi que leur voisin Claude Aumart font partie des prisonniers amenés en Iroquoisie après l’attaque de John Schuyler le 4 septembre 1690. Dans la sentence du 22 mars 1695 prononcée par Charles Juchereau en faveur des Jésuites[5], il est inscrit que peu de temps après son arrivée dans le village des Onnéiouts, Aumart est conduit au poteau et brûlé vif par ses ravisseurs. Le père jésuite Pierre Millet, prisonnier des Onnéiouts depuis 1689, reçoit alors ses dernières volontés.

     

    Claude Aumart habite sur le bord de la rivière Saint-Jacques, il est voisin de Mathieu Faye et Margueritte Moreau. Ils travaillaient fort probablement côte à côte dans leur champ quand ils ont été attaqués par John Schuyler. Il est donc vraisemblable qu’ils aient été capturés tous les trois par la même bande d’Iroquois et qu’ils se retrouvent prisonniers ensemble dans le même village, celui des Onnéiouts.

     

    À la fin d’octobre 1694, l’Onnéiout Tareha, ramène en Nouvelle-France le jésuite Pierre Millet avec quelques autres prisonniers français, comme l’indique une lettre de Callière, gouverneur de Montréal[6]. C’est à ce moment que Mathieu et Margueritte réapparaissent à La Prairie alors que Mathieu agit comme parrain au baptême du premier enfant de son neveu Claude Faye, le 27 octobre 1694.

     

    Ainsi Margueritte Moreau et Mathieu Faye auraient passé leur captivité chez les Onnéiouts et ils auraient été ramenés à Montréal, avec Pierre Millet, quatre ans plus tard, à la fin d’octobre 1694.

    Un banc d’église pour Margueritte

     Margueritte Moreau achète un banc dans l’église Saint-François-Xavier. Certains textes disent que Margueritte loue le premier banc de la nef, au prix de 12 livres plus 2 livres pour chaque année de location.

     Que disent les documents d’archives : Greffe du notaire Guillaume Barette le 9 mai 1723 et vente du 11 juillet 1722

     Le 9 octobre 1695, Margueritte Moreau, devenue veuve, rencontre le curé Louis Geoffroy et le marguillier Thomas Hébert pour acheter un banc dans l’église Saint-François-Xavier. Elle voudrait bien le premier banc de la nef, au coût de 30 livres. Mais le curé émet des réserves sur cette possibilité et il procède à la vente en respectant l’ordre des bancs déjà concédés. Margueritte débourse sur-le-champ 12 livres pour l’achat de son banc, qui est soumis à une rente annuelle de 2 livres et 10 sols. Ces informations apparaissent au greffe du notaire Guillaume Barette, dans un acte daté du 9 mai 1723[7], dans lequel il a collationné et vidimé (certifié la copie de l’acte) l’acte original de 1695 passé au presbytère de La Prairie-de-la-Magdeleine.

    Le 11 juillet 1722, la vente[8], par ses petits-fils, des droits du banc que Margueritte avait acheté en 1695, confirme que ce n’était pas le premier banc de la nef puisqu’il se situait entre celui de Clément Lériger et celui de Jean Perras.

    Remariage de Margueritte Moreau avec Jean Lefort dit Laprairie

    Margueritte épouse en deuxième noces Jean Lefort dit Laprairie. Certains textes disent que Jean Lefort a environ 14 ans de plus que Margueritte et qu’on ignore la date précise de son décès.

     

    Que disent les documents d’archives : naissances, mariages, sépultures

    Dans l’inventaire des biens de Mathieu Faye et Margueritte Moreau, effectué le 8 octobre 1693, on mentionne dans la section Titres papiers et enseignements à l’item inventorié quatre : L’extraict baptistaux de ladite Moreau du 7ème aoust 1654/signé Gossart. On connaît donc la date de naissance de Margueritte à quelques jours près.

     

    Dans le registre paroissial de Boucherville, l’acte de mariage de Jean Lefort dit Laprairie avec sa deuxième épouse, Marguerite Bourgy, le 14 août 1719, indique que Jean est âgé d’environ 50 ans. Ce qui veut dire qu’il est né en 1668 ou 1669.

     

    Lorsque Margueritte Moreau épouse Jean Lefort le 21 novembre 1696, elle a 42 ans. Jean a environ 28 ans. Il a donc 14 ans de moins que Margueritte.

     

    Au registre paroissial de La Prairie, on retrouve l’acte de sépulture de Margueritte, décédée le 16 octobre 1718, elle est donc âgée de 64 ans.

     

    En ce qui concerne Jean Lefort dit Laprairie, son acte de sépulture est introuvable. Mais l’inventaire des biens de feu Jean Lefort et de Marguerite Bourgy[9], effectué par le notaire Barette, indique que Jean Lefort est décédé le 1er novembre 1726. L’inventaire mentionne également que la communauté doit 55 livres à l’église de La Prairie pour l’inhumation de feu Lefort et des prières. Jean Lefort a donc été enterré à La Prairie, il était âgé d’environ 58 ans.

    Conclusion

    Ces quelques exemples, issus de mes articles sur Margueritte Françoise Moreau, démontrent toute la richesse des données contenues dans les documents d’archives et l’importance de lire les actes originaux dans leur entièreté. Incontournables, ils sont la source première de l’information grâce à laquelle l’histoire de nos ancêtres se dévoile au fur et à mesure que nos recherches se peaufinent.

    L’auteur est l’arrière… arrière-petite-fille de Margueritte Françoise Moreau et de Jean Lefort dit Laprairie.

    ______________________________

    [1] LEFORT, Jocelyne. « L’audacieuse et courageuse Margueritte-Françoise Moreau, ma première ancêtre paternelle en Nouvelle-France », SGQ, L’Ancêtre, vol. 46, no 328, automne 2019, p. 25-38 ; vol. 49, no 340, automne 2022 et no 341, hiver 2022.

    [2] BanQ. Demande de tutelle des enfants de Mathieu Faye et Margueritte Moreau, le 8 octobre 1693, Minutier d’Antoine Adhémar.

    [3] BAnQ-Montréal. Tutelle des enfants de Lafayette et sa femme de La Prairie-de-la-Magdeleine, le 8 octobre 1693, TL2_1971_00_000_11577.

    [4] BAnQ. Inventaire de Faye et Moreau sa femme, le 8 octobre 1693, minutier d’Antoine Adhémar.

    [5] BAnQ. Biens des Jésuites, E21-S64-SS5-SSS15-D1-P221, Sentence de Charles Juchereau, en faveur des Jésuites contre la fabrique de La Prairie-de-la-Magdeleine, le 22 mars 1695.

    [6] BAC. Collection C11A, vol. 13, folios 376 v, 377. Lettre de Callière au ministre, le 27 octobre 1695.

    [7] BAnQ. Cession d’un banc dans l’église de La Prairie de la Magdeleine, par le curé de la paroisse, à Marguerite Moreau veuve de Mathieu Fayette, le 9 mai 1723, minutier de Guillaume Barette.

    [8] BAnQ. Vente par Pierre et Dominique Bourdeau, à Pierre Roy, des droits dans un banc de l’église de La Prairie de la Madeleine, le 11 juillet 1722, minutier de Guillaume Barette.

    [9] BAnQ, Inventaire des biens de la communauté de Marguerite Bourgis, veuve de Jean Lefors, de La Prairie de la Madeleine, le 23 novembre 1726, minutier de Guillaume Barette.

    Margueritte Françoise Moreau est ma première ancêtre paternelle en Nouvelle-France. En 2015, un cours de paléographie en poche, je m’attelle à une recherche exhaustive sur les faits et gestes de cette Fille du roi au parcours hors du commun. C’est ainsi que je répertorie et transcris des centaines de pages d’actes notariés, juridiques ou de l’état civil qui l’impliquent. J’ai vite compris qu’il s’y cachait des informations fort utiles pour découvrir qui était cette Margueritte.   À partir du résultat de mes recherches, de la lecture de récits historiques et de livres de chercheurs intéressés par la Nouvelle-France, j’ai rédigé deux articles pour raconter son histoire. Le premier, paru en septembre 2019 dans la revue « L’Ancêtre » de la Société de généalogie de Québec, trace le parcours de Margueritte Moreau de son départ de Paris en avril 1670 jusqu’au décès de son premier époux, Mathieu Faye dit Lafayette, en août 1695. Le deuxième article débute à cette année charnière de sa vie. Il aborde son remariage avec Jean Lefort dit Laprairie jusqu’à son décès en octobre 1718. Il paraîtra en deux parties dans la revue « L’Ancêtre » de septembre 2022 et celle de décembre 2022[1].   En tant que Fille du roi, plusieurs articles ont déjà été consacrés dans le passé à Margueritte Françoise Moreau et le sont encore aujourd’hui. Le présent texte a pour but de partager quelques données inédites, trouvées dans des documents d’archives et incorporées à mes articles. La méconnaissance de ces informations a pu conduire certains auteurs, à des interprétations incomplètes et parfois inexactes de la réalité de ma première ancêtre paternelle en Nouvelle-France.   Pour illustrer mon propos, il sera question de la captivité de Margueritte Françoise Moreau en Iroquoisie, d’un banc d’église et de son remariage avec Jean Lefort dit Laprairie. Captivité en Iroquoisie  Lors de l’attaque de John Schuyler sur La Prairie le 4 septembre 1690, Mathieu Faye et Margueritte Moreau sont faits prisonniers et amenés en Iroquoisie. Certains textes disent que Mari Anne, fille de Margueritte et Mathieu, pourrait être née en captivité, que le couple est revenu à La Prairie en 1694 après avoir échappé à leurs ravisseurs et que Claude Faye a joué un rôle important avec la famille pendant cette période.  Que disent les documents d’archives : Tutelle et inventaire du 8 octobre 1693 Le 8 octobre 1693, Pierre Bourdeau, dans un document rédigé par le notaire Antoine Adhémar, s’adresse au bailli de Montréal[2]. Il indique qu’il est l’époux de Marie Faye, la fille de Mathieu et Margueritte Moreau. Que ces derniers ont été pris par les Iroquois le 4 septembre 1690 et qu’ils ont laissé derrière eux quatre enfants mineurs : André maintenant âgé de 15 ans, Angélique 11 ans, Jeanne 9 ans et Mari Anne 3 ans. Que depuis l’enlèvement, il pourvoit aux besoins quotidiens des enfants en plus de s’occuper de la ferme de ses beaux-parents.   Puisqu’après trois ans il est toujours sans nouvelles d’eux, il demande que soient nommés un tuteur et un subrogé tuteur aux quatre enfants mineurs et que soit délibéré ce qui doit être fait pour subvenir à leurs besoins tant pour le passé que pour l’avenir. Il requiert aussi que soit fait l’inventaire de leurs biens.   Le bailli acquiesce à ses demandes. C’est donc, en vertu de cette ordonnance, que Pierre Bourdeau comparait devant lui en après-midi[3]. Il est accompagné de Claude Faye, neveu de Mathieu Faye, Charles Denaud, qui agit comme procureur de Joseph Benard, gendre desdits Faye et Moreau, Pierre Gagnier, Claude Carron et d’autres amis de la famille.   Cette assemblée de parents et amis élit Pierre Bourdeau comme tuteur et Claude Faye comme subrogé tuteur. Ils demandent que Bourdeau puisse jouir de tous les biens laissés par Mathieu et Margueritte à condition qu’il continue de nourrir et entretenir les enfants jusqu’à l’âge de 18 ans. Enfin ils suggèrent que Bourdeau soit compensé, à même l’inventaire des biens[4] qui sera fait, pour les soins prodigués aux enfants depuis l’enlèvement.   Grâce à ces documents d’archives, nous découvrons que Mari Anne n’est pas née en captivité. Elle est venue au monde à La Prairie en 1690 avant l’enlèvement de sa mère Margueritte Moreau le 4 septembre. Ce qui permet aussi de déduire que Mari Anne, qui s’est mariée le 16 septembre 1750, était âgée de 60 ans et qu’elle avait 90 ans lors de son décès le 14 septembre 1780. Finalement, nous apprenons que c’est Pierre Bourdeau, le gendre de Mathieu Faye et de Margueritte qui s’occupe des enfants et de la ferme pendant leur captivité. Captivité chez les Onnéiouts et retour à La Prairie en octobre 1694, une hypothèse plausible ! Mathieu et Margueritte ainsi que leur voisin Claude Aumart font partie des prisonniers amenés en Iroquoisie après l’attaque de John Schuyler le 4 septembre 1690. Dans la sentence du 22 mars 1695 prononcée par Charles Juchereau en faveur des Jésuites[5], il est inscrit que peu de temps après son arrivée dans le village des Onnéiouts, Aumart est conduit au poteau et brûlé vif par ses ravisseurs. Le père jésuite Pierre Millet, prisonnier des Onnéiouts depuis 1689, reçoit alors ses dernières volontés.   Claude Aumart habite sur le bord de la rivière Saint-Jacques, il est voisin de Mathieu Faye et Margueritte Moreau. Ils travaillaient fort probablement côte à côte dans leur champ quand ils ont été attaqués par John Schuyler. Il est donc vraisemblable qu’ils aient été capturés tous les trois par la même bande d’Iroquois et qu’ils se retrouvent prisonniers ensemble dans le même village, celui des Onnéiouts.   À la fin d’octobre 1694, l’Onnéiout Tareha, ramène en Nouvelle-France le jésuite Pierre Millet avec quelques autres prisonniers français, comme l’indique une lettre de Callière, gouverneur de Montréal[6]. C’est à ce moment que Mathieu et Margueritte réapparaissent à La Prairie alors que Mathieu agit comme parrain au baptême du premier enfant de son neveu Claude Faye, le 27 octobre 1694.   Ainsi Margueritte Moreau et Mathieu Faye auraient passé leur captivité chez les Onnéiouts et ils auraient été ramenés à Montréal, avec Pierre Millet, quatre ans plus tard, à la fin d’octobre 1694. Un banc d'église pour Margueritte  Margueritte Moreau achète un banc dans l’église Saint-François-Xavier. Certains textes disent que Margueritte loue le premier banc de la nef, au prix de 12 livres plus 2 livres pour chaque année de location.  Que disent les documents d’archives : Greffe du notaire Guillaume Barette le 9 mai 1723 et vente du 11 juillet 1722  Le 9 octobre 1695, Margueritte Moreau, devenue veuve, rencontre le curé Louis Geoffroy et le marguillier Thomas Hébert pour acheter un banc dans l’église Saint-François-Xavier. Elle voudrait bien le premier banc de la nef, au coût de 30 livres. Mais le curé émet des réserves sur cette possibilité et il procède à la vente en respectant l’ordre des bancs déjà concédés. Margueritte débourse sur-le-champ 12 livres pour l’achat de son banc, qui est soumis à une rente annuelle de 2 livres et 10 sols. Ces informations apparaissent au greffe du notaire Guillaume Barette, dans un acte daté du 9 mai 1723[7], dans lequel il a collationné et vidimé (certifié la copie de l’acte) l’acte original de 1695 passé au presbytère de La Prairie-de-la-Magdeleine. Le 11 juillet 1722, la vente[8], par ses petits-fils, des droits du banc que Margueritte avait acheté en 1695, confirme que ce n’était pas le premier banc de la nef puisqu’il se situait entre celui de Clément Lériger et celui de Jean Perras. Remariage de Margueritte Moreau avec Jean Lefort dit Laprairie Margueritte épouse en deuxième noces Jean Lefort dit Laprairie. Certains textes disent que Jean Lefort a environ 14 ans de plus que Margueritte et qu’on ignore la date précise de son décès.   Que disent les documents d’archives : naissances, mariages, sépultures Dans l’inventaire des biens de Mathieu Faye et Margueritte Moreau, effectué le 8 octobre 1693, on mentionne dans la section Titres papiers et enseignements à l’item inventorié quatre : L’extraict baptistaux de ladite Moreau du 7ème aoust 1654/signé Gossart. On connaît donc la date de naissance de Margueritte à quelques jours près.   Dans le registre paroissial de Boucherville, l’acte de mariage de Jean Lefort dit Laprairie avec sa deuxième épouse, Marguerite Bourgy, le 14 août 1719, indique que Jean est âgé d’environ 50 ans. Ce qui veut dire qu’il est né en 1668 ou 1669.   Lorsque Margueritte Moreau épouse Jean Lefort le 21 novembre 1696, elle a 42 ans. Jean a environ 28 ans. Il a donc 14 ans de moins que Margueritte.   Au registre paroissial de La Prairie, on retrouve l’acte de sépulture de Margueritte, décédée le 16 octobre 1718, elle est donc âgée de 64 ans.   En ce qui concerne Jean Lefort dit Laprairie, son acte de sépulture est introuvable. Mais l’inventaire des biens de feu Jean Lefort et de Marguerite Bourgy[9], effectué par le notaire Barette, indique que Jean Lefort est décédé le 1er novembre 1726. L’inventaire mentionne également que la communauté doit 55 livres à l’église de La Prairie pour l’inhumation de feu Lefort et des prières. Jean Lefort a donc été enterré à La Prairie, il était âgé d’environ 58 ans. Conclusion Ces quelques exemples, issus de mes articles sur Margueritte Françoise Moreau, démontrent toute la richesse des données contenues dans les documents d’archives et l’importance de lire les actes originaux dans leur entièreté. Incontournables, ils sont la source première de l’information grâce à laquelle l’histoire de nos ancêtres se dévoile au fur et à mesure que nos recherches se peaufinent. L'auteur est l'arrière… arrière-petite-fille de Margueritte Françoise Moreau et de Jean Lefort dit Laprairie. ______________________________ [1] LEFORT, Jocelyne. « L’audacieuse et courageuse Margueritte-Françoise Moreau, ma première ancêtre paternelle en Nouvelle-France », SGQ, L’Ancêtre, vol. 46, no 328, automne 2019, p. 25-38 ; vol. 49, no 340, automne 2022 et no 341, hiver 2022. [2] BanQ. Demande de tutelle des enfants de Mathieu Faye et Margueritte Moreau, le 8 octobre 1693, Minutier d’Antoine Adhémar. [3] BAnQ-Montréal. Tutelle des enfants de Lafayette et sa femme de La Prairie-de-la-Magdeleine, le 8 octobre 1693, TL2_1971_00_000_11577. [4] BAnQ. Inventaire de Faye et Moreau sa femme, le 8 octobre 1693, minutier d’Antoine Adhémar. [5] BAnQ. Biens des Jésuites, E21-S64-SS5-SSS15-D1-P221, Sentence de Charles Juchereau, en faveur des Jésuites contre la fabrique de La Prairie-de-la-Magdeleine, le 22 mars 1695. [6] BAC. Collection C11A, vol. 13, folios 376 v, 377. Lettre de Callière au ministre, le 27 octobre 1695. [7] BAnQ. Cession d’un banc dans l’église de La Prairie de la Magdeleine, par le curé de la paroisse, à Marguerite Moreau veuve de Mathieu Fayette, le 9 mai 1723, minutier de Guillaume Barette. [8] BAnQ. Vente par Pierre et Dominique Bourdeau, à Pierre Roy, des droits dans un banc de l’église de La Prairie de la Madeleine, le 11 juillet 1722, minutier de Guillaume Barette. [9] BAnQ, Inventaire des biens de la communauté de Marguerite Bourgis, veuve de Jean Lefors, de La Prairie de la Madeleine, le 23 novembre 1726, minutier de Guillaume Barette....

    Nouvelle acquisition

    Idola Saint-Jean l’insoumise. Biographie.

    Par Marie Lavigne et Michèle Stanton-Jean.

    Éditions Boréal, 2017

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