Au jour le jour, octobre 2016
Au détour de mes recherches en généalogie et en histoire à propos des clans familiaux de la vallée du RichelieuRecherche qui a culminé dans la rédaction de quelques articles et livres dont celui-ci : HOUDE, Réal. L’improbable victoire des Patriotes en 1837. Clans familiaux, alliances politiques et pouvoir « féodal » entre 1830 et 1837 dans la vallée du Richelieu. Lévis, Les Éditions de la Francophonie, 2012, 203 p. et, par extension, des villages limitrophes, j’ai rencontré le patronyme Bourassa, associé de près à la région de La Prairie. Trois personnages issus de cette famille ont marqué la vie politique et l’imaginaire québécois. Il s’agit de l’ancien premier ministre du Québec de 1970 à 1976 et de 1985 à 1994Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 97-98, et version numérique. Lien utile : http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/bourassa-robert-2231/biographie.html, Monsieur Robert Bourassa, ainsi que le peintre Napoléon Bourassa, gendre de Louis Joseph Papineau, et Henri Bourassa, célèbre tribun et fondateur du journal Le Devoir.
Le présent article n’a pas pour but de débattre de la valeur des positions politiques de l’un ou l’autre de ces personnages. Il s’agit d’une démarche non partisane qui a pour objectifs premiers de vous présenter le parcours généalogique de feu Monsieur Robert Bourassa et la profondeur de ses racines à La Prairie. Par ricochet, nous ne pouvons passer sous silence la parenté originelle entre l’ancien premier ministre et l’autre illustre branche Bourassa, dont le père et le fils — Napoléon et Henri Bourassa — sont issus. Bref, cet exercice est un hommage à ces trois bâtisseurs du Québec.
Méthodologie
Comme il s’agit d’une étude généalogique (démonstration de l’ascendance) et que nous avons la chance d’un formidable accès aux sources premières de notre histoire, j’utiliserai principalement les renseignements contenus dans les registres paroissiaux catholiquesSources provenant du Centre d’archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et du site généalogique Ancestry.ca., mais d’autres documents seront utilisés afin d’enrichir le texte. Les extraits de documents cités apparaîtront tels qu’écrits par leurs auteurs.
Ascendance patrilinéaire de Robert Bourassa
Les Bourassa à Montréal
C’est le 16 juillet 1933 à la paroisse St-Pierre-Claver de Montréal qu’on assiste au baptême de Joseph Adrien Jean Robert Bourassa, « né le quatorzième jour de juillet fils légitime de Aubert Bourassa commis employé civil qui a signé, et de Adrienne Courville de la paroisse de Saint Pierre Claver ». Le parrain se nomme Joseph Adrien Lafortune, « voyageur, oncle de l’enfant » et la marraine est identifiée ainsi : Gilberte Courville Lafortune, « son épouse »Acte de baptême de Joseph Adrien Jean Robert Bourassa..
Les parents de Robert Bourassa s’étaient unis à Montréal, paroisse Immaculée-Conception, le 5 octobre 1926. On parle ici d’Aubert Bourassa, « fils majeur de feu Toussaint Bourassa Et de Joséphine Brosseau de la paroisse Saint-Louis-de-France » et d’Adrienne Courville, « fille majeure de feu Joseph Courville Et de Eloïse Gagnon de cette paroisse »Acte de mariage entre Aubert Bourassa et Adrienne Courville..
Des racines à La Prairie
À La Prairie, le 9 août 1873, a lieu la cérémonie de mariage unissant Toussaint Bourassa, « commis, domicilié en cette paroisse fils majeur de feu Hippolyte Bourassa et de Marie Louise Brossard » à Marie Joséphine Brosseau, « fille mineure de Guillaume Brosseau cultivateur et de Marie Lefort, ses père & mère aussi de cette paroisse »Acte de mariage entre Toussaint Bourassa et Marie Joséphine Brosseau..
Également à La Prairie, le 17 octobre 1825, Hippolyte Bourassa, « de cette ParoiSse fils majeur de Pierre-Paul BouraSsa, et de defunte Marie-Eleonore BroSseau », prend pour épouse Marie Louise Brossard, « de cette ParoiSse fille mineure de Paul BroSsard et de Marie-Louise Marie dite Sainte-Marie »Acte de mariage entre Hippolyte Bourassa et Marie Louise Brossard.. Cet acte nous apprend qu’il y a eu empêchement de « deux de consanguinité dont un au troisième degré » et l’autre « du trois au quatre dont ils ont obtenu dispense de Monseigneur L’Évêque de TelmoSse ». Une liste de personnes présentes comprend, outre les parents des mariés : Vital Bourassa, « son oncle » ; Hubert Bourassa, « son cousin du troisième au quatrième degré » ; Jean Baptiste Bourassa, « son frere consanguin » ; Jean Baptiste Marie, « son ayeul maternel », ainsi que quelques membres de la famille Brossard.
Toujours à La Prairie, mais le 16 février 1801, on célèbre l’union de Paul Bourassa, « laboureur demeurant en cette paroiSse fils majeur de Vital BouraSsa et de Marie Hébert », et de Marie Éléonore Brosseau, « demeurant en cette paroiSse fille mineure de Jacques BroSseau & de Josephte Lefebvre »Acte de mariage entre Paul Bourassa et Marie Eléonore Brosseau.. Ici encore, on constate une dispense de consanguinité « au troisième degré ». Outre le père de l’époux, on nomme « ses freres » : Vital, Louis et François Bourassa.
Le prochain mariage est fort intéressant en ce sens qu’il célèbre l’union d’un Bourassa et d’une descendante acadienne. Il a lieu à La Prairie le 1er juin 1772 entre Vital Bourassa, « fils d’Antoine Bourassa et de feüe Marie Moquin Ses pere et mere de la Paroisse de la prairie de la Magdeleine », et Marie Hébert, « fille de feu Jacques Hébert et de Marie Landry Ses pere et mere de la même Paroisse ». L’acte est signé « Jacques De Lignery ptre »Acte de mariage entre Vital Bourassa et Marie Hébert.. La mère de Marie Hébert — Marie Landry — « veuve de Jacques Hébert de cette même Paroisse de la Prairie de la Magdeleine » devient l’épouse de François Modeste Bourassa, « veuf de Marie Senecal de cette Paroisse », le 14 février 1774 à La PrairieActe de mariage entre François Modeste Bourassa et Marie Landry.. De la première union de François Modeste Bourassa avec Marie Marguerite Senecal le 14 février 1765 à La Prairie, on apprend qu’il est le « fils de François Bourassa et de défunte Marie Hébert »11. Le monde est bien petit !
Une dispense « de parenté au troisième degré » apparaît dans l’acte de mariage entre Antoine Bourassa, « fils de feu Sieur françois Bourassa et de Marie Leber (nom difficile à lire) Ses pere et mere habitans de la Tortue en la Prairie de la Madelaine », et Marie Moquin, « aagée de dix huit ans fille de feu Sieur Pierre Moquin & de Marie Bisaillon Ses pere Et mere habitans de la dite Prairie de la Madelaine » du 4 avril 1731 à La PrairieActe de mariage entre Antoine Bourassa et Marie Moquin.. Parmi les signataires de cet acte, on retrouve les noms Leber, Bourassa, Moquin et Pierre « du May ».
C’est à Chambly, par le prêtre « faisant les fonctions Curialles dans le dt fort St Louys » (mariage enregistré à Contrecœur) qu’on assiste à l’union matrimoniale entre François Bourassa, « fils de françois BourraSsa et de Marguerite Duga » (de la FranceJETTÉ, René et le PRDH. Dictionnaire généalogique des familles du Québec, des origines à 1730. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 146-147.), et Marie Leber, « Veufve de deffunct Charles Robert dit desloriers », le 4 juillet 1684Acte de mariage entre François Bourassa et Marie Leber..
Marie Leber était la fille de « françois le Ber et de Jeanne Tetars… de la paroisse de la prairie de la Magdeleine », d’après les renseignements qui apparaissent dans l’acte de mariage qui l’unissait à Charles Robert, « laboureur et habitant du fort st Louis diocese de Quebec… fils de Louis Robert et de Marie Le Roy », enregistré à Contrecœur le 9 janvier 1681Acte de mariage entre Charles Robert et Marie Leber.. Dans ce document, on présente les témoins suivants, tous habitants du fort Saint-Louis : Gédéon Petit, « marchand » ; Jean Péladeau, René Poupart, Jean de Paris.
Parmi les autres témoins : « philippe plamondon Et mathieu faye… tous habitants de la prairie de la Magdeleine ». Ce dernier témoin pourrait être le Mathieu Faye dont j’ai déjà évoqué la vie dans un précédent bulletin de la SHLMHOUDE, Réal. « Mathieu Faye et Marguerite Françoise Moreau, pionniers de La Prairie », dans le bulletin Au jour le jour de la Société d’histoire de La Prairie de la Magdeleine, volume XXVI, numéro 6, juin 2014, p. 2-3..
Les parents de Marie Leber — François Leber et Jeanne Testard — s’étaient unis à Montréal le 2 décembre 1662. L’union avait été célébrée en présence de « Jacques Le Bert Marguillier frere dud. de Messire Paul de Chaumedey Gouverneur de cette Isle » ainsi que du « Sr Charles Le Moyne Marguillier, Jean Gervaise habitant Et plusieurs aut amys communs des parties »Acte de mariage entre François Le Bert et Jeanne Testard.. François Leber était donc le frère de Jacques Leber, époux de Jeanne Le MoyneActe de mariage entre Jacques Le Ber et Jeanne Le Moyne enregistré à Montréal le 7 janvier 1658, en présence de « Jaques le Moyne Et charles le Moyne freres de lad Espouse »., sœur de Charles.
Une parenté lointaine avec Napoléon et Henri Bourassa
Maintenant que nous avons établi que Robert Bourassa avait de profondes racines à La Prairie, il convient de vérifier la filiation d’un autre fils de la région, soit Napoléon Bourassa, peintre connu et père du célèbre Henri Bourassa.
Robert Bourassa et Napoléon Bourassa sont issus du même couple d’ancêtres, soit François Bourassa et Marie Leber. Cette fois-ci, faisons le chemin inverse (nous avions remonté l’ascendance de Robert) en partant du couple Bourassa-Leber pour descendre vers Napoléon et Henri Bourassa.
Le 10 février 1721 à La Prairie, on célèbre l’union entre François Bourassa, « fils de françois bourassa et de marie lebert », et Marie Anne Denau, « fille de jacques denau et (mots rayés) marie rivet »Acte de mariage entre François Bourassa et Marie Anne Denau.. De cette union naîtra quelques enfants dont un fils — Albert Bourassa, « veuf de marie anne Larivière résidant en la paroiSse de St Joseph de Chambly » — qui se mariera le 6 novembre 1780 à Belœil avec Marie Janot dit Lachapelle, « veuve de Nicolas Bouvet de cette paroiSse »Acte de mariage entre Albert Bourassa et Marie Janot « dte La Chapelle ».. Le prêtre se nomme François Noiseux, célèbre curé colonisateur de la région de Belœil, Saint-Hilaire et Saint-Hyacinthe dont j’ai fait un portrait dans mon plus récent livreHOUDE, Réal. Des Patriotes oubliés. Réseaux familiaux et anciens Acadiens entre 1757 et 1837 au Québec. Salaberry-de-Valleyfield, Marcel Broquet. La nouvelle édition, 2015, p. 85-99..
Albert Bourassa, « veuf de Marie jeanne Brosseau » avait épousé Marie Anne Larivière, « veuve de jean Baptiste Becet », le 22 mai 1775 à ChamblyActe de mariage entre Albert Bouraça et Marie Anne Larivière.. Il faut donc remonter au mariage d’Albert Bourassa avec Marie Jeanne Brosseau, « fille de Pierre Brosseau et de defunte Marie Jeanne Moquin », pour apprendre qu’il était le « fils de François Bourassa et de défunte Marie Anne Deniau Ses pere et mere de la Paroisse de la Prairie de la Magdeleine ». Cet acte du prêtre Jacques de Lignery est daté du 25 février 1754 à La PrairieActe de mariage entre Albert Bourassa et Marie Jeanne Brosseau.. Parmi les témoins, on retrouve Étienne Bariteau, François Antoine Lefebvre, Joseph et Louis Babin.
La famille Bourassa et le clan Raynaud Blanchard
Mais revenons à son union avec Marie Janot dit Lachapelle. Une première union avec Nicolas Bouvette avait été célébrée à Saint-Charles-sur-Richelieu le 7 février 1774. On mentionnait qu’elle était la « fille de jean Baptiste Lachapelle et de defunte Charlotte reneau ses pere et mere de cette paroisse »Acte de mariage entre Nicolas Bouvette (Joseph + Marie Joseph Normand) et Marie Lachapelle.. Il est intéressant de constater le nom de la mère « Reneau » et la provenance de cette famille, soit Saint-Charles-sur-Richelieu. C’est ici que se trouve le lien entre Napoléon Bourassa, futur gendre de Louis Joseph Papineau, et le clan Raynaud Blanchard associé aux événements de 1837 dans la région de Saint-Charles-sur-Richelieu (clan familial et politique présenté dans un article publié en 2011HOUDE, Réal. « Des Patriotes oubliés. Le clan Raynaud-Blanchard », dans le Cahier d’histoire de la Société d’histoire de Belœil – Mont-Saint-Hilaire, numéro 96, octobre 2011, p. 25-40. et dont j’ai déployé la thèse dans un livre publié en 2012HOUDE, Réal. L’improbable victoire des Patriotes en 1837. Clans familiaux, alliances politiques et pouvoir « féodal » entre 1830 et 1837 dans la vallée du Richelieu. Lévis, Les Éditions de la Francophonie, 2012, 203 p. 170-175.). Cette Marie Janot, issue du clan Raynaud Blanchard, est la grand-mère de Napoléon Bourassa. Présentons ici quelques personnages « clés » issus de ce clan :
• Joseph Toussaint Drolet, « fils majeur de Sr Joseph Charles Drolet et de Dme Brigitte Blanchard de la paroiSse de St Marc »Acte de mariage entre Joseph Toussaint Drolet et Sophie Boileau (René + Marie Josephte Antoinette Degane de Falaise), enregistré le 26 octobre 1812 à Chambly., député de Verchères (1832-1838)Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 236-237., patriote convaincu, arrêté et emprisonné après la rébellion de l’automne 1837, il « est libéré sous caution le 15 juin 1838 et meurt peu après des suites de son incarcération »LAPORTE, Gilles. Patriotes et Loyaux. Leadership régional et mobilisation politique en 1837 et 1838. Sillery, Septentrion, 2004, p. 160. ;
• Louis Raynaud Blanchard, député de Saint-Hyacinthe (1830-1838)Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 636. et patriote convaincu, époux d’Angélique Poulin, fille « d’etienne poulin cultivateur en Cette paroisse et d’élisabethe Blanchard dite rainaut »Acte de mariage entre Louis « Rainaut dit Blanchard » et Angélique Poulin enregistré à Saint-Marc-sur-Richelieu le 6 février 1809. ;
• Louis Poulin, frère d’Angélique Poulin, député de Saint-Hyacinthe (1832-1834)Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy,
Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 614. et patriote convaincu.
Brigitte et Élisabeth Blanchard dites Rainaut ou Reneau ou Renaud sont les filles de Jean Baptiste Reneau et de Marie Angélique Guyon dite Dutilly, si l’on en croit les actes associés à ces femmes. Prenons l’exemple de l’acte de mariage unissant Joseph Charles Drolet et Brigitte Renaud, « fille de feu jean Baptiste Renaud & d’Angelique Dyon Dutilly », le 12 mai 1785 à Saint-Charles-sur-RichelieuActe de mariage entre Joseph Charles Drolet et Brigitte Renaud..
Les parents de Marie Janot s’étaient unis à Pointe-aux-Trembles le 11 janvier 1740. On parle ici de Jean Baptiste « jeannot dit lachapelle fils de pierre jeannot et de petronille tessier » qui épousait Geneviève ReneauLa recherche généalogique montre que le prénom de la mère de Marie Janot a été modifié de Geneviève à Charlotte., « fille de jean reneau et d’anne thereSe Bricault aussi de cette paroisse »Acte de mariage entre Jean Baptiste Jeannot dit Lachapelle et Geneviève Reneau.. L’événement a lieu en présence d’Antoine Jeannot, Jean Reneau, Joseph Reneau et Joseph LamarcheIci, le patronyme « Lamarche » est un surnom associé au patronyme « Bricault ». Geneviève-Charlotte Reneau était la sœur de Jean Baptiste Reneau, époux successif de Marie Anne BrouilletActe de mariage entre Jean Renau et Marie Anne Brouillet le 17 février 1738 à Pointe-aux-Trembles. et d’Angélique Guyon Dutilly. Il était donc le grand-père de Brigitte et d’Élisabeth Blanchard, respectivement mères de Joseph Toussaint Drolet, d’Angélique Poulin et de Louis Poulin. Nous constatons aussi la présence de « jean Baptiste jeannot dit lachapelle » lors de la cérémonie nuptiale unissant « jean Baptiste Rénault veuf de marie Anne Brouillet » à Marie Angélique « Guion », le 28 septembre 1750 à Saint-Charles-sur-RichelieuActe de mariage entre Jean Baptiste Rénault et Marie Angelique Guion..
Cet exercice permet de démontrer que des liens familiaux — et non seulement politiques — existaient entre des membres de clans politiques associés au mouvement « Patriote ». Napoléon Bourassa avait donc des liens familiaux directs avec certaines familles de l’épicentre de la rébellion de 1837 dans la vallée du Richelieu. Bien entendu, nous pourrions faire une recherche similaire pour prouver certaines filiations dans le camp des « Loyaux », mais ici ne réside pas le sens de notre propos.
Une famille de politiciens
Mais continuons à établir la généalogie de Napoléon et Henri Bourassa. La lignée se poursuit avec l’union de François Bourassa, « négotiant fils majeur de feu Albert & de Marie Lachapelle », à Geneviève Patenaude, « résidente dans cette paroisse, fille majeure de feu etienne patenaude et de marie anne provot », le 6 septembre 1812 à L’AcadieActe de mariage entre François « Bourrassa » et Geneviève Patenaude..
C’est le 17 septembre 1857 à Montebello, fief de la famille Papineau, qu’on assiste à la cérémonie matrimoniale unissant « Monsieur Napoléon Bourassa peintre artiste domicilié à Bytown aujourd’hui Cité des Ottawais, fils majeur de François BouraSsa Ecuyer et de Geneviève Pattenaude de Ste Marguerite de Blairfindie » à Marie Julie Azélie Papineau, « fille majeure de L’Honorable Louis Joseph Papineau Seigneur du lieu et de Dame Julie Bruneau de la paroisse de Notre Dame de Bonsecours »Acte de mariage entre Napoléon Bourassa et Marie Julie Azélie Papineau.. Un frère de Napoléon Bourassa — François Bourassa — a eu une longue carrière politique dans la région de Saint-Jean-sur-Richelieu, notamment élu « député libéral de Saint-Jean à la Chambre des communes en 1867. Réélu en 1872, 1874, 1878, 1882, 1887 et 1891 »Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 96-97..
Terminons cet exposé généalogique avec le mariage unissant Henri Bourassa, « député fédéral du comté de Labelle, domicilié à St-Jacques de Montcalm, fils majeur de Napoléon Bourassa artiste, de St Louis de France à Montréal & de feu Azélie Papineau », à Joséphine Papineau, « fille majeure de Joseph Godfroy Papineau Notaire & de Marie-Alexina Beaudry, de cette paroisse », le 4 septembre 1905 à Sainte-AdèleActe de mariage entre Joseph Henri Napoléon Bourassa et Joséphine Papineau.. Une dispense « du troisième au quatrième degré de consanguinité en lignes collatérales » s’avère nécessaire pour pouvoir célébrer cette union, car les époux étaient apparentés. Rappelons qu’Henri Bourassa a eu une longue carrière politique, de 1889 à 1935, fondateur « et directeur du quotidien nationaliste le Devoir de 1910 à 1932 »Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, sous la direction de Gaston Deschênes. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1993, p. 97..
Projet « 1691 » — Prospection archéologique du 17 septembre 2016
La bataille de La Prairie (11 août 1691) a eu 325 ans cet été, et nous avons amorcé le projet « 1691 » l’hiver dernier en collaboration avec le Musée d’archéologie de Roussillon afin de faire plus de lumière sur les événements de cette journée où deux batailles se sont déroulées le même jour sur le territoire de la seigneurie de La Prairie. Le 17 septembre dernier, une équipe composée de deux archéologues et de huit bénévoles choisis parmi le grand public ont effectué une journée de prospection archéologique sur un des sites potentiels de la deuxième bataille de La Prairie. Voici les détails de cette journée (communiqué de presse de la MRC de Roussillon) :
Prospection archéologique publique :
La participation des bénévoles et les trouvailles font le succès de l’opération !
La Prairie, le 22 septembre 2016 – Le Musée d’archéologie de Roussillon et la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine (SHLM) sont très heureux du déroulement et des résultats de la prospection archéologique publique réalisée le 17 septembre dernier dans le secteur du rang de La Bataille à la Prairie.
En effet, l’équipe du Musée a entamé son projet de recherche archéologique afin de localiser le site potentiel de l’un des affrontements de la bataille de La Prairie de 1691 de belle façon avec la prospection de terrain. Les bénévoles sélectionnés étaient au rendezvous avec entrain dès le début de la journée ! Ils ont d’ailleurs grandement contribué à la découverte de plusieurs artefacts durant la journée. Scrutant attentivement le sol labouré parfois debouts, parfois accroupis, les participants, sous la supervision d’archéologues, ont procédé à une inspection visuelle méticuleuse afin de détecter tout artefact potentiel.
Les trouvailles ont été nombreuses, ce qui a contribué au succès de la journée. Parmi les artefacts découverts se trouvent des balles de fusil en plomb datant de l’époque coloniale, plusieurs morceaux de poterie et de verre ancien, de vieux clous forgés et comble de la journée, une tête de hachette semblable à celles utilisées par les Amérindiens et les coureurs des bois au temps de la Nouvelle-France. « Nous sommes très satisfaits des découvertes effectuées durant cette journée. La nature, la quantité et la concentration des artefacts trouvés confirment qu’il s’agit d’un site archéologique d’intérêt », mentionne Frédéric Hottin, archéologue au Musée d’archéologie de Roussillon et responsable du projet.
Il est présentement trop tôt pour déterminer si le site prospecté est bel et bien l’endroit où se serait déroulé le deuxième affrontement de la bataille de La Prairie de 1691. Plusieurs étapes restent encore à réaliser avant que l’on puisse dresser un portrait complet des résultats de cette prospection. D’ailleurs, la population est invitée à suivre la progression du projet de recherche sur la page Facebook du Musée à facebook.com/archeoroussillon.
L’équipe du Musée tient à remercier chaleureusement le groupe de bénévoles qui a participé à la prospection. Leur passion pour l’archéologie et leur implication ont largement contribué au succès de cette journée de prospection.
En élevant un premier fort, le 25 août 1665, les troupes du capitaine Jacques de Chambly marquaient la naissance de la seigneurie de Chambly. Cette conférence présente l’histoire de Chambly sous le régime de la Nouvelle-France, sous l’invasion américaine et sous la guerre de 1812 (complexe militaire britannique). Elle traite également de son industrialisation du 19e siècle jusqu’à l’aube du 21e siècle.
Les conférences de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine ont lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Elles débutent à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.
Profitez de l’arrivée de l’automne et des températures plus fraîches pour débuter ou continuer vos recherches historiques et généalogiques à la SHLM. Nous invitons les chercheurs à venir profiter de l’expertise de nos experts en généalogie les lundis soirs entre 19 h et 21 h à nos bureaux du 249, rue Sainte-Marie. Nous offrons également des ateliers de paléographie et des cours de recherches généalogiques sur Internet cet automne (d’octobre à décembre). Pour plus de détails, contactez notre coordonnatrice, Madame Johanne Doyle, au 450-659-1393.
Au jour le jour, septembre 2016
Le 12 août dernier est décédé, à l’âge de 68 ans, Monsieur Robert Champoux. Il laisse dans le deuil son épouse, Madame Gisèle Arnaud, ses deux enfants, ses petits-enfants ainsi qu’autres parents et amis. Demeurant à Sainte-Catherine, Monsieur Champoux était retraité de la Commission scolaire des Grandes Seigneuries (école La Magdeleine) et a été président de la SHLM en 1990-91. Nous offrons nos plus sincères condoléances à toute sa famille ainsi qu’à ses amis.
Le 3 juillet dernier est décédé, à l’âge de 92 ans, Monsieur Philippe Lemieux. Il laisse dans le deuil son épouse, Madame Yvette Moquin, ses trois filles, son frère et sa sœur ainsi qu’autres parents et amis. Demeurant à Candiac, Monsieur Lemieux était un membre de longue date de la SHLM et il visitait souvent notre local pour y faire des recherches sur les vieilles familles de la seigneurie de La Prairie avec Madame Solange Lamarche et Monsieur Jean L’Heureux. Nous offrons nos plus sincères condoléances à toute sa famille ainsi qu’à ses amis.
La bataille de La Prairie de 1691 a fait l’objet de plusieurs recherches historiques au cours des dernières années. L’analyse des textes anciens a permis de faire avancer les connaissances sur les évènements entourant cet affrontement. Il reste cependant plusieurs éléments à éclaircir, notamment le lieu exact de l’embuscade tendue par les troupes françaises et amérindiennes, menées par Valrennes, à celles de Schuyler. C’est dans ce but que le Musée d’archéologie de Roussillon, en partenariat avec la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, a entrepris de mener une journée de prospection archéologique à l’automne dans le secteur du rang de la Bataille.
L’objectif de l’intervention est de tester une des hypothèses proposées par les historiens de la région. Une équipe composée d’archéologues professionnels et de bénévoles triés sur le volet aura pour mandat d’inspecter des terrains agricoles, à la recherche d’indices de l’affrontement de 1691. Balles de mousquets, pierres à fusil en silex, lames de haches et de couteaux, boutons militaires et autres artefacts découverts en surface seront prélevés puis localisés à l’aide de GPS. Après cette journée sur le terrain, les objets et les données géographiques seront analysés en laboratoire par les archéologues. Les résultats seront consignés dans un rapport, puis rendus accessibles au public par le Musée d’archéologie de Roussillon. Consultez le site Web du Musée pour suivre l’avancement des travaux !
En 2016, ce n’était pas la première fois que La Prairie commémorait la bataille du 11 août 1691. En effet, du 12 au 14 septembre 1891, La Prairie était en fête pour célébrer le 200e anniversaire de la bataille.
Le programme des fêtes
On avait organisé la tenue d’un camp militaire, un concert de chant, une conférence sur l’histoire, une grand-messe commémorative et la bénédiction de la croix érigée à l’intersection du chemin de Saint-Jean et de celui de la Bataille.
Le camp militaire (12 et 13 septembre)
Le maire Brisson avait obtenu la tenue d’un camp après plusieurs tentatives faites auprès de Sir Adolphe Caron, alors ministre de la Milice et de la Défense du Canada. Le camp militaire était dirigé par Ivor Caradoc Herbert, ancien Grenadier Guard britannique récemment nommé commandant de la milice canadienne. C’était un soldat d’expérience, catholique, et il parlait français.
Les activités de la Société littéraire (13 septembre)
Au programme des fêtes, le maire Brisson avait aussi placé une conférence de son ami historien Benjamin Sulte qu’il avait invité à la Société littéraire le 13 septembre en soirée. Dans sa lettre d’invitation, il lui avait même offert de l’héberger chez lui ; il signa T.A. Brisson, chirurgien au 85e [Bataillon]. Aussi, au programme de la même journée, il y avait un concert de chant donné dans les locaux de la Société littéraire par une cantatrice réputée que le maire avait spécialement invitée.
Le service funèbre commémoratif (14 septembre)
Le lundi 14, en avant-midi, avait lieu un service funèbre à la mémoire des victimes du combat de 1691. On assista à une grand-messe diacre sous-diacre, célébrée par le curé de La Prairie en présence, dans le chœur, d’une douzaine de prêtres, de curés des paroisses avoisinantes, d’anciens curés, de vicaires, de sulpiciens et de jésuites.
Dans l’église de La Prairie, parmi le très grand nombre de fidèles, se trouvaient les Frères de l’Instruction chrétienne et leurs élèves, les élèves du collège Sacré-Cœur rattaché au noviciat, les sœurs de la Congrégation et leurs élèves ainsi que les Sœurs de la Providence avec leurs orphelines.
La bénédiction de la croix de 35 pieds (14 septembre)
Le temps était magnifique et la foule immense. On était venu de plusieurs paroisses avoisinantes. Les musiciens de l’École militaire de Saint-Jean ajoutaient de l’éclat à la fête, grâce à une permission du commandant Herbert.
La couronne
Dans une lettre à Joseph-Octave Dion de Chambly, le maire Brisson suggérait aux gens de cette paroisse, désireux de contribuer aux dépenses concernant l’inauguration de la croix, de payer en tout ou en partie la riche couronne en fleurs métalliques qui serait attachée à cette croix. Il écrivit à ce sujet :
Elle coûtera au plus une quinzaine de piastres. Elle est belle pour vingt. Les deux localités intéressées auraient ainsi leur rôle à jouer en cette circonstance comme elles l’ont eu autrefois. Quoiqu’il arrive, cette couronne est exposée dans la vitrine de Mr Trudel, marchand libraire à Montréal, où tout le monde pourra la voir jusqu’à vendredi… Qu’en pensez-vous ? Qu’en pensent les autres amis de Chambly ?
Monsieur Dion avait sûrement approuvé l’idée puisque le curé Bourgeault écrira plus tard que la belle couronne de fleurs en fer émaillé provenait d’un don de la paroisse de Chambly.
La cérémonie
La cérémonie débuta par un discours de circonstance prononcé par le curé Lesage de Chambly, au pied de la croix. Puis, Joseph Morin, curé de Saint-Jacques-le-Mineur, procéda à la bénédiction. La foule fut ensuite invitée à prendre place dans des estrades aménagées juste en face de la croix. Une série de discours patriotiques débuta.
Les orateurs
S’élancèrent alors dans l’ordre : Joseph-Octave Dion, président du Cercle Saint-Louis de Chambly et l’un des principaux organisateurs des fêtes ; Louis-Conrad Pelletier, avocat et député fédéral du comté ; Thomas-Auguste Brisson, médecin installé à La Prairie depuis 1878 et maire de cette municipalité depuis 1885 ; Florent Bourgeault, curé de la paroisse depuis 1877, célébrant de la grand-messe diacre sous-diacre de l’avant-midi et coordonnateur de la cérémonie de bénédiction de l’après-midi.
Les orateurs parlèrent en catholiques convaincus et en patriotes sincères et, selon le curé Bourgeault, ils évitèrent habilement l’écueil de la politique…
Ainsi, le 14 septembre 1891 à La Prairie, se terminèrent les grandes fêtes du 200e anniversaire de la bataille du 11 août 1691.
Source :
Jean Joly, La croix de chemin à la mémoire du combat
du 11 août 1691 au rang de la Bataille, 2e édition, 2016.
Lors de ce grand déploiement que fut, au 17e siècle, l’invasion graduelle de l’Amérique du Nord par la France, l’Angleterre et la Hollande, chacune de ces puissances voulant accaparer les plus grands territoires possible, les occasions d’affrontement ne firent jamais défaut.
La mode du chapeau de castor était alors en vogue en Europe et, en conséquence, la richesse générée par la traite des fourrures en Amérique était au centre de conflits incessants. Le succès du commerce des pelleteries était d’ailleurs soumis aux aléas des alliances avec les différentes tribus amérindiennes, dont les Iroquois représentaient, et de loin, l’élément le plus influent et le plus puissant.
Pendant que les Français, peu nombreux sur un territoire immense, hésitaient entre la colonie de peuplement et la colonie-comptoir, plus au sud, les treize colonies anglaises se peuplaient et développaient avec habileté commerces, industries et maisons d’enseignement. À la fin du 17e siècle, la Nouvelle-France, en comparaison de la Nouvelle-Angleterre, souffrait d’un retard évident. Un quart de siècle après son ouverture, La Prairie n’était encore qu’une seigneurie peu peuplée comptant à peine 110 conces-sionnaires dans les quatre côtes de Saint-Jacques, Saint-Claude, La Tortue et Saint-Lambert. D’ailleurs, plusieurs jeunes hommes préfèrent la lucrative traite des fourrures, parfois en contrebande vers Albany, à la culture de nouvelles terres.
Le premier fort de La Prairie digne de ce nom fut conçu et dessiné par Villeneuve entre 1686 et 1689, puis érigé par Gédéon de Catalogne entre l’automne 1687 et le printemps 1689. La palissade enserrait les bâtiments d’alors ce qui explique la forme particulière de son périmètre. Au moment de l’attaque du 11 août 1691, la seule d’ailleurs qu’ait jamais subie le fort, l’enceinte protège à peine plus de vingt-cinq concessionnaires. D’ailleurs, sans la présence en garnison de quelques soldats des compagnies franches de la Marine, il aurait été facile à quelque attaquant de prendre le fort sans difficulté. Bref, le fort de La Prairie est loin d’être une place forte.
Pourquoi attaquer La Prairie ?
En cette fin de 17e siècle, la Nouvelle-Hollande est intégrée à l’État de New York et les Hollandais, dont en particulier la famille Schuyler, y tiennent une large part dans les affaires politiques, militaires et commerciales. Malgré le peu de moyens, La Prairie, qui n’est qu’un petit poste de traite des fourrures, joue le rôle de poste avancé pour la protection de Montréal, qui est alors la plaque tournante du commerce canadien des fourrures et qui constitue un important centre militaire du système défensif de la Nouvelle-France.
Outre leurs motifs commerciaux, les Schuyler veulent venger les raids de l’hiver 1689-1690, dont le saccage de Schenectady par les Français en janvier 1690. De plus, comme c’est toujours le cas lorsque les métropoles s’affrontent, la guerre de la ligue d’Augsbourg (1689-1697) se transporte en Amérique. L’alliance entre l’Angleterre, les Pays-Bas (Guillaume d’Orange) et l’Espagne a pour objectif de freiner les ambitions territoriales de Louis XIV. Aussi, il est impérieux de donner une leçon à la colonie française d’Amérique du Nord.
C’est ainsi que, dans le but avoué de venger l’attaque sur Schenectady, John Schuyler, frère cadet de Peter, à la tête d’une troupe composée de vingt-neuf coloniaux et cent vingt Amérindiens, mène une attaque sur La Prairie à l’été 1690. Au cours de ce raid, on brûle les récoltes, on tue du bétail, on scalpe six personnes dont quatre femmes, et dix-neuf colons français sont faits prisonniers. L’alarme fut donnée au fort de Chambly et à Montréal, et les Amérindiens se refusèrent à attaquer le fort de La Prairie, ce qui mit un terme à la menace.
À l’été suivant, Peter Schuyler, fort des renseignements stratégiques transmis par son frère John, décide de porter une nouvelle attaque sur La Prairie. Un contingent de 266 hommes, dont une majorité d’Amérindiens, se présente à l’aube du 11 août 1691 devant le fort. Informé à l’avance d’une attaque imminente, Hector de Callières, le gouverneur de Montréal, avait déjà fait traverser son armée vers La Prairie. Il disposait également de l’appui des miliciens et d’alliés amérindiens. Par précaution, de Callières avait aussi, la veille de l’attaque, envoyé un détachement au fort de Chambly.
Le premier affrontement est une catastrophe pour les Français et leurs alliés. Les pertes sont importantes. Malgré ses succès, Schuyler n’utilise pas ses grenades incendiaires pour mettre le feu à la palissade et décide de retraiter vers les bois. Entre temps, les hommes de Valrennes, stationnés à Chambly, se sont mis en marche pour porter secours à La Prairie. C’est ainsi qu’un second affrontement aura lieu. Les pertes sont élevées de part et d’autre, et Schuyler et ses hommes finissent par percer les rangs français et atteindre leurs canots sur le Richelieu.
Malgré les travaux de M. Jean Joly, qui situe cette seconde bataille à l’ancienne intersection du chemin de Saint-Jean et du chemin menant vers Chambly, des incertitudes demeurent quant à cette hypothèse, et ce, malgré la découverte de quelques balles de fusil à silex à cet endroit il y a quelques années. Convenons que, malgré le sérieux de cette conjecture, il est possible que l’affrontement ait eu lieu à un autre endroit.
De fait, seuls des travaux archéologiques pourront confirmer ou infirmer cette hypothèse. Une journée de prospection archéologique aura donc lieu sur le site le samedi 17 septembre prochain. Ce prochain épisode de la Bataille de 1691 permettra de faire avancer le dossier et d’ouvrir de nouvelles avenues pour de futures recherches.
Le 21 août dernier est décédée, à l’âge de 73 ans, Madame Lise Dumesnil, belle-mère de Monsieur Réal Houde, membre et collaborateur de la SHLM. Elle laisse dans le deuil ses quatre enfants, ses petits-enfants, ses sœurs et son frère ainsi qu’autres parents et amis. Demeurant à Saint-Bruno-de-Montarville, elle était très impliquée dans sa communauté, notamment avec le Cercle des Fermières, Reflets de femme et la Société d’histoire de Montarville. Nous offrons nos plus sincères condoléances à toute sa famille ainsi qu’à ses amis.
Conférencier: Monsieur George Brossard
Monsieur Brossard, entomologiste et globe-trotter célèbre, est un retraité qui ne connaît pas le repos. Grâce à sa conférence dynamique portant sur des sujets variés, il vous expliquera comment planifier votre retraite et comment l’occuper avec diverses activités de nature historique. Cette conférence où règne les anecdotes de voyages et les expériences de vie sera empreinte de notions d’anthropologie, d’histoire et de généalogie.
Les conférences de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine ont lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Elles débutent à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.
L’automne est à nos portes et l’été qui s’achève aura laissé de très beaux souvenirs à tous ceux et celles qui sont venus voir l’exposition « Ce que votre cœur n’ose dire » (en collaboration avec la Maison LePailleur), notre pièce de théâtre de rue dédiée à la bataille de 1691, faire notre rallye GPS ou notre visite guidée avec nos guides étudiants.
Nous sommes aussi très fiers du succès de la journée de commémoration des 325 ans de la bataille de La Prairie organisée le 7 août dernier en collaboration avec le Musée d’archéologie de Roussillon. Ce jour-là, plus de 100 personnes ont assisté à la conférence relative au projet « 1691 » en début d’après-midi au Musée d’archéologie de Roussillon. Un grand merci à Monsieur Richard Merlini, député provincial de La Prairie, à Caisse populaire La Prairie, à la municipalité de La Prairie (Monsieur Donat Serres, maire) et au Ministère de la Culture et des Communications pour leur aide financière dans ce projet de commémoration.
Pour permettre à ceux qui n’ont pu assister à cet événement de se mettre à jour avec les particularités du projet « 1691 », nous consacrons notre bulletin de la rentrée à cette commémoration en publiant un résumé des trois conférences données le 7 août dernier par Messieurs Bourdages, Joly et Hottin. Bonne lecture et bonne rentrée.
Au jour le jour, juin 2016
Votre CA vous souhaite un très bel été 2016 et vous invite à participer aux activités estivales de la SHLM et du service des loisirs de notre municipalité au sein du site patrimonial déclaré de La Prairie. Sur la photo, dans l’ordre habituel : Madame Monique Dorion-Beauchamp (secrétaire), Monsieur Jean-Pierre Labelle (trésorier), Monsieur Stéphane Tremblay (président), Monsieur Jonathan Trottier (2e vice-président) et Monsieur Gilles Blanchard (1er vice-président).
Au temps du roi Louis XIV, la modernisation de la guerre et la révolution militariste apportée par l’armée française (la plus grande d’Europe) transformèrent la nature du renseignement militaire en France tout comme dans ses coloniesGiant of the “Grand Siècle”. The French Army, 1610 – 1715. John Lynn, Cambridge, USA, 1997. . Tous les choix politiques et militaires de la France et par ricochet, de la Nouvelle-France, s’enveloppaient donc de secrets.
Si la décision de faire la guerre appartenait en définitive au roi de France, les opérations militaires elles se faisaient par l’entremise du Ministère de la Guerre, des Affaires étrangères et de la Marine en concertation avec leurs exécutants : les gouverneurs et les principaux généraux.
Le renseignement et l’espionnage militaire au 17e siècle revêtaient surtout deux dimensions : le macro et le micro-espionnage. Sous Louis XIV, le macro-espionnage se jouait à l’échelle internationale : l’État cherchait, par l’entremise de ses ambassadeurs, espions et courtisans, à connaître les intentions et le potentiel militaire de l’adversaire ou du pays ennemi, les stratagèmes utilisés ou les manoeuvres adoptées. Le micro-espionnage se faisait, lui, sur le terrain, où « le talent d’un homme de guerre, du général au moindre commandant de place, tient aussi à la qualité de son information »Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV — Lucien Bély, Fayard, Paris, 1990. .
En Nouvelle-France, le macro-espionnage se résumait à un partage des informations les plus récentes et pertinentes obtenues par les espions français à la cour du roi d’Angleterre. Un exemple : la dépêche du ministre destinée au gouverneur de la Nouvelle-France au printemps 1691, reçue par Monsieur le Comte de Frontenac le 1er juillet suivant des mains de Monsieur du Tast, capitaine de la frégate royale Le Soleil d’Afrique. Cette dépêche informa Frontenac que, selon toutes les informations obtenues l’hiver précédent, il n’y aurait pas d’expédition navale prévue contre la ville de Québec en cette année 1691.
De son côté, Frontenac savait aussi, par son propre micro-espionnage, qu’il n’y aurait pas de tentative d’invasion navale en cette année ; par contre, dans sa réponse écrite au ministre, il affirmait savoir que « Leurs mesures ont manqué du côté de la mer (en 1690), mais ils (les Anglais) se sont mis en devoir (en 1691) d’exécuter en partie ce qu’ils avaient projeté de faire du côté de la terre ».
Son service d’espionnage ainsi que celui de Callières, le gouverneur militaire de Montréal, informèrent bien Frontenac que les Anglais planifiaient une importante attaque terrestre contre le gouvernement de Montréal, soit précisément à La Prairie-de-la-Magdeleine. Conséquemment, Frontenac fit sonner le rassemblement de la majorité de ses troupes de la Marine ayant hiverné dans la région de Québec pour les envoyer dans une opération militaire d’envergure au secours des Montréalistes« M. de Callière… avait ramassé toutes les troupes que je lui avait joints et était allé se poster au pied du fort de La Prairie… » – Frontenac
Quelles étaient les sources de renseignements pour les gouverneurs en Nouvelle- France ? De prime abord, il y avait les missionnaires jésuites qui, par leurs nombreuses observations et « Relations », informaient les autorités de la colonie de toutes activités suspectes chez les peuples autochtones, et surtout chez les cinq nations belliqueuses en Iroquoisie. Ensuite, il y avait le légendaire baron de Saint-Castin qui, à partir de son imposant poste de traite à Pentagouet (Portland, Maine) sur la côte atlantique, agissait comme seigneur et avait accès à tous ses marchands et informateurs autant à Boston qu’à New YorkJean-Vincent d’Abbadie, baron de Saint-Castin arriva en Nouvelle-France en 1665 comme jeune enseigne dans la compagnie du capitaine Jacques de Chambly au Régiment de Carignan. En moins de dix ans, il établira son poste de commerce indépendant sur la côte atlantique, où il épousera Pidiwamiska la fille de Madokawando, le grand chef des Abénaquis-Pentagouets et sera considéré comme un des leurs. .
FQSG.
Monsieur Stéphane Tremblay, président de la SHLM, a participé au Conseil de généalogie de la Fédération québécoise des Sociétés de généalogie (FQSG) qui s’est à tenu à Montréal au local de la Société généalogique canadienne-française le 14 mai en avant-midi. Monsieur Guy Parent, président de la Société de généalogie de Québec, était le conférencier et il a expliqué aux représentants des Sociétés de généalogie l’évolution de l’accès aux registres religieux et civils à travers l’histoire du Québec et du Canada.
Monsieur Stéphane Tremblay a par la suite représenté la SHLM lors de l’assemblée générale annuelle des membres de la FQSG, qui s’est tenue au même endroit en après-midi. Lors des élections pour choisir les membres du CA pour l’année 2016- 2017, il a été élu par acclamation au poste de secrétaire du conseil d’administration de la FQSG pour un mandat de deux ans.
FHQ.
Cette année, le congrès de la Fédération Histoire Québec, dont notre Société d’histoire est membre, avait lieu à l’hôtel Relais Gouverneur de Saint-Jean-sur- Richelieu les 21, 22 et 23 mai derniers. La tenue de ce congrès coïncidait également avec les 350 années de fondation de la ville hôte. Ce congrès avait pour thème « Le Richelieu : un survol historique ». Madame Marie Gagné ainsi que Messieurs Bernard Billon, Jean l’Heureux, Jonathan Trottier et Gilles Blanchard ont participé à ce congrès, tandis que Monsieur Stéphane Tremblay était responsable du kiosque de la SHLM au salon des exposants et a donné une conférence sur l’histoire du premier chemin de fer du Canada (1836).
Le 21 mai au matin, une formation sur la gestion des banques d’images et des droits d’auteur a été offerte gratuitement aux participants. La même journée, les membres de la FHQ ont assisté à leur assemblée générale annuelle. Lors des élections pour choisir les membres du conseil d’administration de la FHQ pour l’année 2016-2017, Monsieur Stéphane Tremblay, président de la SHLM, a été élu au poste d’administrateur de la FHQ pour un mandat de deux ans.
Les conférences ont eu lieu dans la journée du 22 mai et les participants pouvaient prendre leurs pauses au salon des exposants et en savoir plus sur l’histoire locale abordée dans les différents ateliers en discutant avec les conférenciers et les responsables des différents kiosques. En soirée, lors du banquet de clôture, la FHQ a dévoilé le nom des lauréats de ses différents prix d’excellence pour l’année 2015-2016 :
• Le prix Rodolphe-Fournier (prix de la Chambre des notaires du Québec pour la promotion de la recherche en histoire du notariat) a été remis à Monsieur Gaston Cadrin, de la Société d’histoire régionale de Lévis, pour son récit historique intitulé « Les excommuniés de Saint-Michel-de-Bellechasse au XVIIIe siècle ».
• Le prix Léonidas-Bélanger (prix soulignant la réalisation d’un ouvrage historique lors d’une année impaire ou l’organisation d’un événement à caractère historique lors d’une année paire) a été remis à Madame Louise Lefebvre de la Société du patrimoine, des arts et de la Culture de Saint-Just-de-Bretenières pour la publication de l’ouvrage sur l’histoire du village du même nom.
• Le prix Honorius-Provost (prix soulignant le travail et les réalisations des bénévoles oeuvrant au sein des Sociétés membres de la fédération) a été remis à Monsieur Réal Perron, président de la Corporation touristique de la seigneurie des Aulnaies.
Durant la journée du 23 mai, les participants ont pu faire une des trois visites guidées suivantes : le patrimoine religieux par le chemin des Patriotes, la route des forts de Saint-Jean à Chambly ou une excursion pédestre dans le Vieux-Saint-Jean.
Photo : Membres du CA de la FQSG pour 2016-2017
Dans l’ordre habituel : Georges Mailloux (administrateur, La Pocatière), Nicole Leblanc (administratrice, Sherbrooke), Michel Gladu (administrateur, Gatineau), Jacques Gagnon (administrateur, Chicoutimi), Jean-Claude Payette (administrateur, Saint-Eustache), Danielle Desjardins (trésorière, Victoriaville), Guy Parent (président, Québec), Stéphane Tremblay (secrétaire, La Prairie) et Richard Masson (Montréal)
Photo : Membres du CA de la FHQ pour 2016-2017 (photo prise par Jean Chevrette)
Assis (de gauche à droite) : Jean Therriault (1er vice-président, Sherbrooke), Michel Pratt (secrétaire, Longueuil), Richard M. Bégin (président, Gatineau), Serge Gravel (trésorier, Laval), Anne-Marie Charuest (2e vice-présidente, Beloeil–Mont-Saint-Hilaire) Debout (de gauche à droite) : les administrateurs : André Laniel (île Bizard et Sainte-Geneviève), Pierre Cécil (Trois-Rivières), Stéphane Tremblay (La Prairie), Charles Breton-Demeule (Québec) et Pierre-Louis Lapointe (Terrebonne)
Toutes nos félicitations à Monsieur Gaétan Bourdages qui a reçu, le 15 mai dernier à l’auditorium du cégep de Granby, la médaille d’argent des aînés, remise par le Lieutenant-gouverneur du Québec en reconnaissance de l’engagement bénévole, de la détermination et du dépassement de soi. Monsieur Bourdages oeuvre à la SHLM depuis 40 ans et il a déjà été président (et membre du CA) de notre organisme. Auteur prolifique (une centaine d’articles et une dizaine d’ouvrages historiques), sa rigueur intellectuelle et ses grandes connaissances historiques font de lui l’historien le plus connu (et le plus fiable) du territoire de la MRC de Roussillon et de ses environs. Merci à la municipalité de La Prairie pour la mise en candidature de Monsieur Bourdages.
Grâce à une généreuse subvention du programme fédéral « Emplois d’été Canada », nous avons procédé à l’embauche de trois guides étudiants pour assurer l’animation de la saison estivale 2016 à la SHLM. Ils ont commencé leurs activités le 7 juin dernier et nous quitteront pour retourner aux études le 28 août. Cette année, ils seront disponibles pour des visites guidées du site patrimonial déclaré du Vieux La Prairie tous les jours de la semaine à 10 h, à 13 h et à 15 h. Ils participeront également à « Marchez dans l’ombre du passé », notre activité de théâtre de rue qui aura lieu les 5, 12, 19 et 26 août à 19 h.
Un bel exemple de micro-espionnage : à l’été 1690, le baron de Saint-Castin, qui était la bête noire des Anglais, fut mis au courant, par ses espions qu’il entretenait en Nouvelle-Angleterre, du vaste armement et des préparatifs navals de l’amiral Phips contre Québec. Aussitôt, Saint- Castin, par une longue marche forcée au travers des bois de quelques-uns de ses alliés abénaquis, put faire avertir à temps le gouverneur de la Nouvelle-France. Frontenac était, à ce moment-là, avec la majorité de ses troupes en mission militaire à La Prairie et à Montréal et, ainsi prévenu de cette attaque imminente, le gouverneur était retourné à temps pour répondre à son adversaire par « la bouche de ses canons », assurant ainsi une victorieuse défense de la ville de Québec.
Incontestablement, la plus importante source de renseignements pour la sécurité de la Nouvelle-France passait par les nids d’espions qu’étaient La Prairie-de-la-Magdeleine et le fort Chambly. D’ailleurs, à ce sujet, un jeune contemporain de ces événements, l’historien Pierre-François-Xavier de Charlevoix affirmait : « Ce qui fait la sureté de Montréal, ce sont les deux villages d’Iroquois chrétiens (le Sault–Saint-Louis à La Prairie et la mission de la Montagne à Montréal) et le fort de Chambly ».
Depuis le début de la concession des terres de la seigneurie de La Prairie en 1673 jusqu’à son décès en 1690, le géant du Sault–Saint-Louis, Athasa:tà (aussi surnommé le « Grand Agnier » ou « Togouiroui ») avait agi pour ralentir les ardeurs guerrières de ses anciens frères païens des environs d’Albany, N. Y.. Également, c’était à partir de ses nombreuses expéditions de reconnaissance et de ses raids dans le haut de la rivière Hudson, tout comme de ses nombreux espions ou informateurs au pays des Mohawks, qu’Athasa:tà avait pu relayer avec succès autant d’informations utiles au sujet des préparatifs de guerre des Anglais et Mohawks au commandant du fort Chambly et au gouverneur de Montréal.
À la suite de sa mort tragique en juin 1690 Athasa:tàLe Grand Agnier, ce magnifique guerrier est mort le 4 juin, 1690 alors qu’il était en mission au lac Champlain. De ce héros Charlevoix nous affirme : « qu’il ne fut guéres moins pleuré des François, que de ses compatriotes ». Au pays mohawk où il est né, ce guerrier légendaire était aussi connu sous le nom de « Kryn the Great Mohawk ». fut remplacé par son neveu, le dénommé La Plaque, qui détenait le grade de lieutenant des guides dans la Marine. Un autre exemple de micro-espionnage : c’était ce même La Plaque qui, à l’été 1690, revint d’une longue et dangereuse mission de reconnaissance et d’espionnage aux lacs Champlain et Saint-Sacrement avec une bonne nouvelle pour le gouverneur Frontenac, qui attendait avec ses troupes à La Prairie-de-la-Magdeleine. Il lui annonça que le général John-Fitz Winthrop et son armée de 2000 soldats et Iroquois allaient renoncer à poursuivre son projet d’invasion du Canada, ceci à cause d’un sérieux problème de santé dans sa troupe : la petite vérole chez les Iroquois ainsi qu’une sanglante dysenterie causée par le porc avarié chez ses soldats. Également, le brave La Plaque annonça à Frontenac que les troupes du général Winthrop avaient aussi de graves problèmes de transport et d’approvisionnement et donc, qu’il abandonnait son projet. (NB : Quelques jours plus tard arrivèrent de l’est les Abénaquis du baron de Saint- Castin avec de moins bonnes nouvelles au sujet d’une flotte de 34 navires qui s’organisait à Boston et à New York.)
Comme récompense pour sa bravoure et pour garantir sa loyauté future, Frontenac et Callières offrirent à La Plaque un voyage en France à l’automne 1690. Ce fut Atavia:tà, son frère Agnier du Sault– Saint-Louis, qui prit la relève à ce moment des plus critiques de cette interminable guerre franco-iroquoise, où déferlerait sur la colonie une cascade d’événements des plus fertiles en espionnage.
Effectivement, au printemps 1691, Atavia:tà, qui était revenu d’une mission de reconnaissance près d’Albany, rapporta qu’il « eut avis par quelques-uns des ennemis, qu’ils faisaient un gros mouvement pour venir fondre sur la colonie ». Cette importante information sera confirmée quelques semaines plus tard par un prisonnier anglais que Schuyler, le maire d’Albany, identifia par la suite comme étant un certain « Cornelius Clatie » ; un milicien-cultivateur de Canastagione, N.Y., amené à Montréal par Atavia:tà à la mi-juillet 1691Un témoignage sur l’efficacité du micro-espionnage d’Atavia:tà et des siens ; « … l’Ennemi savait notre mot de passe (*) (et nos plans)… ils en profitèrent grandement à leur avantage… Les français savaient que nous venions 14 jours auparavant et qu’un indien, un Mohawk (espion Agnier) ayant déserté son groupe de 15 Mohawks de la rivière Shamblie leur a dit notre nombre, nos forces, le nom des officiers etc. Ils avaient aussi fait prisonnier, un dénommé Cornelius Clatie à Canastaguijone (sic), un lieu situé à 12 milles d’Albany, qui les informa de notre venu, étant au Canada deux semaines avant nous… » — Major Pieter Schuyler’s Journal of his Expedition to Canada. (*) « Courage Isopus ! ». . Sentant que la détermination des Anglais à aller de l’avant et à attaquer la Nouvelle- France pouvait facilement vaciller et ainsi contrecarrer ses plans d’encerclement, Monsieur de Callières fit appel à une autre arme très efficace de son arsenal de micro-espionnage : la déception ou l’« induction en erreur ». Afin d’assurer la réussite de sa stratégie, qui consistait à attirer l’ennemi dans un grand « guet-apens », Callières privilégia donc le contre-espionnage et la désinformation… et l’occasion s’y prêtait bien !
De prime abord, il faut bien comprendre que les raids et les massacres de la population civile, comme celui survenu au mois d’août 1689 à Lachine près de Montréal, n’étaient pas des incidents à sens unique. Le 11 juillet 1691, Henry Sloughter, le nouveau gouverneur de la Province of New Yorke, se désolait entre autres au sujet des 150 fermes abandonnées aux environs d’Albany, « J’ai trouvé ce coin de pays en grand désordre, les fermes des environs, et Schenectady presque en ruine et détruites par les Ennemis ».
En effet, comme représailles pour le massacre de Lachine survenu 6 mois plus tôt, il y eut effectivement un important raid français dans la nuit du 8 au 9 février 1690, au coeur de l’hiver septentrional. La principale victime de cette « petite guerre » et de ses cruautés avait été le village palissadé de Schenectady, N.Y., qui, lui aussi, fut systématiquement mis à feu et à sang. En plus, une vingtaine de personnes furent ramenées à Montréal, captives des Français et des Agniers du Sault, et parmi ceux-ci se trouvaient les cinq fils d’un notable de la place, un certain Symon Groot, qui était à Albany pour un baptême lors de cette nuit fatidiqueRapport officiel de l’incident: “60 killed and 27 prisonners … of which … all five sonnes (sic) of Symon Groot…”. Les cinq fils de Symon Groot ; Abraham, Claes, Dyrck, Phillip et l’ainé Symon Jr. sont ramenés à Montréal comme captifs des Agniers du Sault et des Français. .
Au début de juin 1691, étant informé que deux présumés agents mohawks, « Taonnochrio et Tahonsiwago »À Albany, le 20 juin 1691 deux Mohawks ; Taonnochrio et Tahonsiwago, présumément leurs espions, seront interrogés séparément par Pieter Schuyler et Robert Livingston suite à leur dernière « visite » au Sault– Saint-Louis et à La Prairie. Deux jours plus tard, ce sera au tour de Symon Groot Jr. de subir son « examination ». , étaient en « visite » au Sault, Callières profita de l’occasion pour retourner chez les siens un prisonnier du nom de Symon Groot Jr. Auparavant, Symon fut amené du Sault au fort Rémy (Montréal), où il fut discrètement désinformé ou induit en erreur sur la situation militaire de la région de Montréal. Alors, dès son arrivé à Albany, le 22 juin 1691, Symon Jr. fut interrogé par le maire Pieter Schuyler et son secrétaire Robert Livingston le « Recorder » de la Commission des Affaires indiennes d’Albany, pour ensuite être présenté au gouverneur Henry SlaughterNew York Colonial Manuscripts; London Documents VIII, Robert Livingston to Governor Slaughter, Albany, 22 June,1691. —Present: the Mayor and Recorder (Interrogation of Symon Groot Jr.). .
Le rapport de Livingston confirmait entre autres que, « Nous avons interroger Symon Groot, qui a été remis à un de nos indiens par un Agnier catholique,… il confirme leur manque de provisions ; les forces dans la région de Mont Reall (sic) étaient moins de 300 soldats et qu’il y a environ 50 hommes (miliciens inclus) à La Prairie, où nos gens veulent attaquer… aussi il n’y a qu’une garnison de 20 soldats au village palissadé des Agniers au Sault-Saint-Louis. »Sachant qu’il y avait souvent des agents ou « spyes » parmi eux, le commandant de cette demi-compagnie avait ordre de mettre le Sault–Saint-Louis en quarantaine pendant que La Prairie était sous commandement militaire. Charles de Monseignat, le secrétaire de Frontenac, confirme que deux jours avant l’attaque « on détachait continuellement des partis pour aller à la découverte ; un des fils du sieur Hertel (Zacharie-François Hertel, sieur de la Frenière, 26 ans, interprète, lieutenant des guides) accompagné de trois Algonquins et d’un Sauvage de la Montagne, découvrit un canot dans la rivière de Richelieu, au dessus du portage de Chambly (St-Jean) sur lequel il tira ; ce canot était d’Agniers (Mohawks) qui venaient aussi à la découverte. » NB : À remarquer qu’il n’y a aucun Agnier du Sault en patrouille avec le sieur Hertel. .
M. Henry Slaughter, le gouverneur de la Province of New Yorke, était également présent à Albany, et il était maintenant convaincu, plus que jamais, que le moment était propice pour passer à l’action. Et, très rassuré par les propos du jeune Symon Groot, Slaughter ordonna à Pieter Schuyler et son armée de se mettre en marche, tambours battants, trois jours plus tard.À la pleine lune suivante (9 août, 1691), Schuyler et son armée devaient faire jonction dans les environs de La Prairie avec une troupe de 500 Iroquois des Grands Lacs et ensemble ils devaient mettre La Prairie à feu et à sang, et par la suite attaquer « Mont Reall … where they had their designe ». Mais, pour son plus grand malheur, Callières l’attendait au fort La Prairie non pas avec quelques soldats, mais plutôt avec la moitié de l’armée de la Marine que M. le comte de Frontenac avait discrètement fait parvenir, dans les jours suivants, à La Prairie et au fort Chambly.
L’envahisseur newyorkais fut donc étonné et désemparé (shock & awe) comme l’avait si bien planifié Callières, le gouverneur militaire de Montréal. Dès lors, le major Schuyler et son armée, en tombant dans ce piège, sont mis « entre deux afin qu’ils ne nous eschapassent pas, ce qui réussit assez bien pour la gloire des armes de sa Majesté, ayant resté plus de 100 des ennemys sur la place avec leur drapeau et quelques prisonniers que nous prismes… » !Louis-Hector de Callières, Gouverneur militaire de Montréal. — Lettre au ministre, 1691 et 20 septembre 1692. (À noter que Callières, avant d’être nommé gouverneur de Montréal, avait eu 20 ans de service militaire, ayant combattu pour son roi sur tous les champs de bataille européens. Louis-Hector était doué d’une vive intelligence, avec un bon sens de discipline et de commandement, en plus, il était un habile négociateur, ce qui lui sera très utile dans ses rapports avec les Indiens. Et en conséquence, Callières sera reconnu comme un des principaux architectes de la Grande Paix de Montréal en 1701).
En conclusion, cette grande bataille épique qui eut lieu dans la seigneurie de La Prairie-de-la-Magdeleine fut gagnée non seulement sur le terrain par l’héroïque bataillon du commandant de Valrennes, mais en grande partie grâce à la qualité du renseignement et du réseau d’espionnage de cet homme de guerre exceptionnel qu’était Callières, le gouverneur militaire de Montréal.
Au jour le jour, mai 2016
À la fin de l’été 2015, afin de souligner les 40 ans d’existence du site patrimonial déclaré du Vieux-La Prairie, la SHLM, grâce à une subvention du Ministère de la Culture et des Communications du Québec et en collaboration avec la ville de La Prairie et le collectif Prism’Art, a organisé un événement de reconstitution historique dans le parc du Sentier du Vieux Fort. Sous l’appellation « Week-end d’autrefois », une vingtaine de reconstituteurs, militaires et civils, ont fait revivre le fort de La Prairie pendant deux jours.
Le public a ainsi pu, le temps d’un week-end, s’imprégner de l’ambiance de la fin du 17e siècle en Nouvelle-France, époque où la vie des colons était dure et le sentiment de sécurité inexistant à cause de fréquentes incursions des Agniers (nation amérindienne alliée des Hollandais et des Anglais de l’état de New York) à l’intérieur des seigneuries. Parades militaires, exercices de tir au mousquet et vie dans un camp militaire composaient le tableau offert par les reconstituteurs au public. Deux Sociétés de reconstitution avaient été engagées pour cet événement : la compagnie des Méloizes (soldats des Compagnies franches de la Marine 1685-1760) et les Habitants du fort (familles de civils et miliciens des 17e-18e siècles).
Les premiers contacts de la SHLM avec des Sociétés de reconstitution remontent à l’automne 2009. Lors du lancement de l’ouvrage « 1691, la bataille de La Prairie », nous avions invité quelques membres de la compagnie de Lacorne, Société de reconstitution fondée en 2001 dont la mission est de faire revivre les soldats des Compagnies franches de la Marine du 18e siècle. Ils avaient accueilli les invités à l’extérieur du complexe St-Laurent au son du tambour et du fifre et avaient effectué des tirs de mousquets protocolaires. À l’intérieur, ils avaient servi de garde d’honneur pour les auteurs et les dignitaires.
En 2013, j’ai fait partie du comité organi-sateur de la commémoration des 175 ans de l’insurrection patriote de 1838. Avec plusieurs organismes et Sociétés d’histoire des MRC de Roussillon, des Jardins de Napierville et du Haut-Richelieu, nous avions organisé une foire patrimoniale au centre communautaire de Napierville à la fin du mois d’octobre. Conférences, kiosques et reconstitution historique ont été au menu durant deux jours.
Durant cet événement, j’ai fait la connaissance des membres de la Société de reconstitution du Bas-Canada (SRBC). L’objectif de cet organisme est de faire connaître l’époque des rébellions et des insurrections patriotes de 1837-38. Les reconstituteurs jouent le rôle de soldats britanniques (24th regiment of foot), de volontaires loyaux, de patriotes et de civils. Le dernier jour de la foire, j’ai revêtu mon désormais célèbre habit de curé et j’ai pris des photos avec les membres de la SRBC à leur campement. En discutant avec eux, nous avons soulevé la problématique de la présence d’un curé dans un camp de patriotes en 1837-38 alors que l’évêque de Montréal (Mgr Lartigue) avait interdit à ses ouailles toutes formes de rébellions. De retour chez moi, j’ai approfondi le sujet par quelques lectures et, à ma grande surprise, il existait bel et bien quelques curés sympathiques à la cause patriote, dont messire Étienne Chartier, curé de Saint-Benoît, qui a dû s’exiler aux États-Unis en 1837 pour ses opinions et ses propos patriotiques en chaire.
L’été suivant (2014), quelques membres de la SRBC m’invitèrent à un week-end de reconstitution au Village québécois d’antan à Drummondville (VQA). Pendant deux jours, patriotes, loyaux et soldats britanniques occupent le site du VQA et jouent plusieurs scénarios historiques avec les acteurs permanents du village. J’ai pu ainsi jouer le rôle du curé Étienne Chartier, tâche plus difficile que prévue, car il n’y a pas de personnage de curé au VQA, et ma présence fut très sollicitée à l’extérieur des scénarios de la SRBC. Durant cette fin de semaine, j’ai pu expérimenter toutes les facettes d’un scénario de reconstitution.
La première raison d’être dans une troupe de reconstitution sur un lieu historique est d’en assurer l’animation. Plusieurs scénarios doivent être développés et joués tous les jours devant public. Comme il y a maniement d’armes à feu d’époque (poudre noire), il faut prévoir un minimum de mesures de sécurité (éloigner la foule des reconstituteurs, tirer en l’air plutôt qu’horizontalement…). Au VQA, les scénarios sont variés et ils ne se répètent pas tous les jours : escarmouche entre les patriotes et les Britanniques près du pont du moulin, lecture du mandat de recherche contre le député patriote local, assermentation d’un Frère Chasseur de 1838…
Durant les temps morts et les repas, les reconstituteurs retournent à leur campement sur le site et répondent aux questions des visiteurs sur la composition des costumes, le maniement des armes à feu (silex et poudre noire), les métiers et les habitudes de vie de l’époque. L’élaboration des repas doit refléter les coutumes alimentaires de l’époque et la disponibilité des produits selon la saison (si la reconstitution se déroule en juin, on mangera des fraises ; si c’est en août, des bleuets ; etc.). Tous les ustensiles, la vaisselle, les nappes et les tasses doivent être authentiques. Un reconstituteur averti se doit donc de fréquenter les marchés aux puces ou les boutiques d’antiquaires.
Les participants d’une reconstitution historique doivent porter une attention très particulière à la confection des costumes. Ces derniers doivent être fabriqués avec des tissus disponibles à l’époque et selon un modèle dont l’exactitude devra se vérifier selon des sources historiques. La plupart des reconstituteurs font affaire avec des artisans spécialisés dans le costume d’époque. Le même souci d’exactitude est présent dans l’élaboration des scénarios historiques, dans la recherche et la fabrication des drapeaux, dans la musique et les chansons d’époque.
Au printemps 2015, j’étais à la recherche de plusieurs Sociétés de reconstitution susceptibles d’animer le Week-end d’autrefois à La Prairie à la fin du mois d’août de la même année. C’est en me rendant aux Seigneuriales de Vaudreuil au mois de juin que j’ai pu trouver les reconstituteurs pour l’événement de La Prairie. Les Seigneuriales sont l’un des plus anciens événements de reconstitution historique au Québec. En 2015, ce festival en était à sa 23e édition.
En gros, plusieurs artisans, commerçants et reconstituteurs historiques s’installent dans le Vieux-Vaudreuil et font revivre un village de la Nouvelle-France vers 1750. Il y a un marché public, une auberge, une aire pour les artisans, un camp de soldats et de leurs alliés amérindiens. Plusieurs activités d’animations sont également prévues : un concours de mensonges, une soirée gastronomique du 18e siècle, des parades militaires avec démonstration de tirs au mousquet et une cérémonie de plantation du mai le dimanche (le clou de l’événement). J’ai assisté à une journée complète d’activités (le samedi) et j’en ai profité pour me faire des contacts au sein des Habitants du fort et de la Compagnie des Méloizes, qui seront finalement engagés pour animer le Week-End d’autrefois à La Prairie.
En conclusion, faire de la reconstitution historique est un passe-temps exigeant. Le reconstituteur doit faire des lectures et se documenter sur l’époque qu’il va représenter et il va aussi débourser de fortes sommes afin d’avoir un costume authentique. Si la reconstitution est d’ordre militaire, il devra également s’équiper d’une arme à feu (fusil à silex, fonctionnant avec de la poudre noire). Au total, ce seront plusieurs centaines de dollars qui devront être investis par le reconstituteur afin d’être prêt pour la saison (d’avril à novembre, habituellement).
Le 11 juin prochain, la Société des soldats de Carignan-Salières tiendra son camp de soldats (entraînement des nouvelles recrues au métier de reconstituteur) à La Prairie dans le parc du Sentier du Vieux Fort. Le 7 août, lors de la commémoration des 325 ans de la bataille de La Prairie, ce sera la Garnison de Montréal (soldats des Compagnies Franches de la Marine) qui aura un campement au même endroit. Ainsi, la table sera mise pour les Fêtes des 350 ans de la seigneurie de La Prairie. Bonne saison estivale à tous les organis-mes de reconstitution du Québec !
Le 31 mars dernier est décédée, à l’âge de 90 ans, Madame Jeannine Surprenant Lussier. Elle laisse dans le deuil ses trois enfants, ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants. Avec son époux, feu Monsieur Gilles Lussier, elle était membre de la SHLM depuis plusieurs décennies et était très impliquée socialement dans plusieurs causes comme l’association féminine d’éducation et d’action sociale (AFÉAS) à titre de présidente, de responsable des loisirs et comme maître d’œuvre du 325e anniversaire de La Prairie au complexe Saint-Laurent. Nous offrons nos plus sincères condoléances à toute sa famille ainsi qu’à ses amis.
Au cours du week-end des 28, 29, 30 avril et 1er mai dernier, la SHLM tenait, dans ses locaux du 249, rue Sainte-Marie, sa vente annuelle de livres usagés. L’événement a encore une fois connu un immense succès et l’objectif de vendre plus de 4 000 livres a été atteint.
Nos plus sincères remerciements aux nombreux bénévoles du comité de la vente de livres pour les sept mois de travaux préparatoires et la tenue de la vente durant quatre jours.
Conférencière: Madame Anne-Marie Sicotte
Au début du 19e siècle, le peuple canadien cherche à conquérir ses droits et à protéger ses libertés. Quelle place laissait-on aux femmes pour militer et même pour se battre contre le despotisme ? Anne-Marie Sicotte a trouvé moult traces des combattantes d’autrefois au fil de ses recherches pour sa fresque romanesque patriote en deux cycles, « Le pays insoumis » et « Les tuques bleues ».
Les conférences de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine ont lieu à l’étage du 249, rue Sainte-Marie à La Prairie. Elles débutent à 19 h 30. Entrée libre pour les membres, 5 $ pour les non-membres. Renseignements au 450-659-1393.
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