- Au jour le jour, mars 2013
Faits divers
UN ACCIDENT DE VOITURE
Durant les mois d’hiver, le pont de glace était l’unique moyen de se rendre à Montréal. Des individus étaient autorisés à y tenir des cabanes dans lesquelles on vendait des boissons alcooliques. L’ivresse de certains charretiers était parfois la cause d’accidents.
Vendredi le 25 du courant vers les 8 heures du soir, comme Mr. J. M. Raymond qui s’en retournait de Montréal à Laprairie était entré dans une cabane sur la traverse pour parler à quelqu’un à qui il avait affaire, un homme pris de boisson et partant de la cabane donna un coup de fouet à son cheval. Le cheval de Mr. Raymond qui en était tout près, partit à l’épouvante, et, après avoir fait plusieurs détours sur la glace, se précipita dans une mare qui est à quelque distance de la Pointe St. Charles.
La Minerve, janvier 1828
TUÉ PAR LA FOUDRE
Mardi dernier entre trois et quatre heures de l’après-midi, le tonnerre tomba dans la cheminée d’une maison qui était occupée par un nommé Pigeon, Ferblantier, au Village de Laprairie. Un petit garçon d’environ 3 ans qui était assis au coin de la cheminée tomba mort; on ne put y découvrir aucune blessure. Il parait qu’étant à la proximité d’où le tonnerre a fait son chemin, il fut étouffé par l’air, quelques moments après le coup ses lèvres et son estomac devinrent extrêmement noirs.
La Minerve, juin 1828
MILICIENS RÉCALCITRANTS
Il s’est tenu à Laprairie Samedi dernier une Cour Martiale présidée par le Lt. Col. Metzler et le Major Barbeau, aux fi ns de procéder à la poursuite de 27 miliciens de la Paroisse de St. Constant, qui avaient refusé d’assister aux parades, sous les ordres d’un certain Capitaine. Huit ou dix nous dit on ont été condamnés à deux piastres d’amende et un d’entre-eux à dix piastres.
La Minerve, le 18 août 1828
FAUSSE MONNAIE

Alexis et Joseph Moquin ont été conduits à la prison de Montréal sous accusation d’avoir passé de la fosse argent.
Extrait des procès-verbaux du premier conseil municipal de La Prairie, juillet 1846.
- Au jour le jour, mars 2013
Le Cercle de Laprairie (suite)
L’ambition avouée du Cercle était l’épanouissement social et littéraire de ses membres; toute discussion politique ou religieuse y était strictement prohibée. On y jouait au billard ou aux cartes. Une bibliothèque était à la disposition des membres alors que la buvette était à l’usage exclusif des directeurs et du secrétaire-trésorier. Pourquoi une bibliothèque alors que la Société littéraire en possédait déjà une à quelques enjambées de là ? Surtout que ce boys club, semblait préférer des activités à caractère plus ludique qu’intellectuel.
Le Cercle était ouvert tous les jours de 11 heures à minuit et quart, excepté les samedis et les veilles de fête alors que les lumières étaient éteintes une heure plus tard. Les jeux y étaient interdits pendant les offices religieux des dimanches et lors des fêtes d’obligation. Une partie de billard à deux ou à quatre coûtait 10 centins ; une partie à trois coûtait 15 centins et il était défendu de miser de l’argent sur les parties de billard. Aux cartes, les jeux où l’on misait de l’argent étaient permis jusqu’à concurrence de 50 centins et chaque joueur payait 25 centins par séance. Si l’enjeu n’excédait pas 10 centins, les joueurs payaient 10 centins la séance.
À l’image des clubs londoniens à la mode à l’époque victorienne, la sélection des nouveaux membres répondait à des règles très strictes. Tout homme aspirant à devenir membre du Cercle devait satisfaire aux conditions suivantes : avoir 21 ans résolus, détenir trois parts dans le fonds-capital du Cercle, être présenté par deux membres actionnaires et réunir en sa faveur au-delà des 4/5 des votes exprimés par scrutin secret.
Compte tenu de la mentalité de l’époque, il n’est pas étonnant de constater qu’on n’ait pas cru utile de préciser dans les règlements que seuls les hommes y étaient admis. Les prêtres de La Prairie avaient accès aux salles du Cercle et jouissaient de tous les privilèges accordés aux membres, sans devoir payer la souscription annuelle. Ces avantages en faveur des ecclésiastiques assuraient au Cercle une caution morale indispensable à l’époque à la survie de toute organisation de ce genre.
Le Cercle était dirigé par un Bureau de Direction formé de cinq directeurs qui nommaient un comité mensuel, formé de deux membres actionnaires. Ce comité était chargé de l’observation du décorum et de la bienséance dans les salles du Cercle ainsi qu’à l’extérieur du Cercle. Puisque le Cercle de Laprairie représentait l’élite intellectuelle et sociale, les membres n’avaient d’autre choix que de bien se comporter en tout temps et en tout lieu. Si une plainte était déposée, le membre fautif était réprimandé. Suite à une deuxième plainte, un avis de censure était affiché dans la salle principale du Cercle et, sur réception d’une troisième plainte, on exigeait du membre qu’il remette sa démission dans les trente jours. S’il refusait de se retirer de lui-même, il se voyait expulsé à vie.
Le secrétaire-trésorier tenait des comptes réguliers des sommes gagnées et perdues aux cartes ainsi que des revenus et dépenses du Cercle. En 1884, la table de billard a été vendue à la Société littéraire pour un montant de 75 $. On la remplaça par une nouvelle table achetée avec un budget initial de 175 $ mais qui a, par la suite, été augmenté à 250 $. En 1893, les recettes du Cercle s’établissaient à 411,09 $ avec des dépenses de 362,50 $. L’organisme possédait un actif de 1 233,12 $, une somme considérable pour l’époque.

En 1891, les directeurs et les membres actionnaires du Cercle ont présenté tardivement une demande de constitution civile auprès des autorités, requête dans laquelle on peut lire que les membres fondateurs n’avaient pas rempli leur obligation de faire les démarches pour obtenir l’incorporation de l’organisme tel qu’ils s’y étaient engagés en 1872.
Le dernier procès-verbal conservé dans le fonds Élisée-Choquet date du 9 juillet 1896. En février du mois précédent, un contrat avait été signé avec le gardien pour les années 1897 et 1898. Pour des raisons inconnues, le Cercle a probablement cessé ses activités peu après. Le 14 septembre 1900, un liquidateur procéda à une reddition des comptes et le Cercle fut dissout. On remit à chaque membre 11,35 $ pour chaque action de 30 $.
- Au jour le jour, mars 2013
Le Cercle de Laprairie
Suite à l’invasion américaine de 1812, on voit s’installer une importante garnison militaire à La Prairie. Cette présence de soldats et de marchands anglais modifie, pendant plusieurs décennies, le visage linguistique de la municipalité. Après le retrait des troupes vers le milieu du 19e siècle, on assiste à un éveil de l’élite francophone. La bourgeoisie francophone s’affiche alors dans des postes de premier plan qui auront un impact majeur sur l’avenir de la petite collectivité. Cette fébrilité se reflète dans la mise sur pied de diverses associations comme la Société Littéraire, en 1853, et, plus tard, le Cercle de Laprairie.
Le 2 avril 1872, un groupe de vingt-cinq hommes désireux de créer une nouvelle société sous le nom de « Cercle de Laprairie » établissent un contrat devant maître J.L. Coutlé, notaire. Il s’agit de :
– Camille Lacombe, écuyer, marchand
– Pierre-Edmond Brossard, écuyer, médecin
– Julien Brosseau, commerçant
– Adolphe Beauvais, écuyer, notaire
– Hypolite-Alphonse Hébert, capitaine de bateau à vapeur
– Pierre Fortin, écuyer, médecin,
– Moïse Brossard, bourgeois
– Andrew Esinhart, écuyer, marchand
– Joseph-Amable Hébert, commerçant
– James F. Dunn, gentilhomme
– Louis Normandin, marchand
– Paul-Hormidas Tremblay, commerçant
– Médard Demers, capitaine de bateau à vapeur
– Léon-Benoit-Alfred Charlebois, commis marchand
– Ambroise Hébert, boulanger
– Louis-Cyrille Duquette, bourgeois
– François-Xavier Lefebvre, fils, marchand
– Julien Brossard, bourgeois
– Siméon-Abraham Longtin, écuyer, médecin, tous du village de Laprairie
– James Madconald, écuyer, bourgeois, de la ville de Saint-Jean
– Tancrède Sauvageau
– Ernest Varin, commis de banque
– Gédéon Bourdeau, comptable
– Henri Duclos, gentilhomme
– Jean-Baptiste Bourassa, boucher, ces cinq derniers de la cité de Montréal
L’objectif de la Société était « la récréation de l’esprit et le délassement pour le corps ». Avec un capital de départ de 1 000 piastres, constitué de 100 parts sociales de 10 piastres chacune, Camille Lacombe, Pierre-Edmond Brossard, Julien Brosseau, Hypolite-Alphonse Hébert et Louis Normandin furent nommés les premiers administrateurs avec l’obligation de demander l’émission des lettres patentes et de parvenir à l’incorporation de la Société.
Les membres du nouveau Cercle de Laprairie n’ont pas cherché bien loin en adoptant comme emblème un écusson portant la devise latine : « Deus Nobis Haec Otia Fecit », surmontée d’un castor posé sur une branche d’érable. Sous la devise, on peut voir une table de billard et le nom : « Cercle de Laprairie ». La devise est tirée de Virgile et signifie « Dieu nous a donné ces moments de calme ». Cette devise est aussi celle de la ville de Liverpool et elle apparaît également sur le sceau officiel de l’état américain de Georgie.
Lors de la première réunion du Cercle tenue le 4 avril, le Dr Brossard fut nommé président, M. Lacombe vice-président, M. Brosseau trésorier, M. Normandin secrétaire et le capitaine Hébert commissaire et donateur.
Le 18 avril 1872, les administrateurs acquirent au coût de 600 $, auprès de Louis-Xavier Leduc, menuisier, un emplacement situé au 119 de la rue Saint-Jacques dans le village de La Prairie. L’endroit correspond à l’actuel 217 rue Saint-Jacques. Afin de veiller à l’entretien de la bâtisse, le Cercle employait un gérant, ou gardien, et des domestiques. Le gérant y habitait et était responsable, en plus de l’entretien, de percevoir les recettes des jeux et des consommations. Il était aussi chargé d’effectuer les achats et de diriger les domestiques. Narcisse Martin en fut lepremier gardien après avoir signé un contrat d’un an. Il payait 5 piastres de loyer par mois pour les six premiers mois, et 7 piastres par mois pour les six derniers. Par la suite, les gardiens furent Alexandre Demers, en 1882, Alphonse Thomas de 1883 à 1894 et Georges Marion de 1897 à 1898. Nous ignorons qui occupa le poste de 1894 à 1897.
- Au jour le jour, mars 2013
Vente de livres usagés
Vous avez soif d’aventures et d’évasion, besoin de nourrir votre âme ou d’alimenter votre esprit curieux ? Vous trouverez sous notre toit tout ce qu’il faut pour satisfaire les appétits de lecture les plus voraces. Nous avons pour vous une vaste sélection de volumes, présentés sous différents formats et à des prix convenant à tous les budgets. Votre carte de membre vous donne le privilège d’être les premiers à fouler nos allées pour dénicher des produits de qualité tout en réalisant des aubaines incroyables.
Apportez vos sacs réutilisables et venez faire grande provision de lecture pour vos prochaines vacances.
Nous avons décidé cette année de DEVANCER notre vente de livres usagés. Nous vous attendons nombreux pour notre prévente, le jeudi 2 mai de 16 h 00 à 19 h 00.
Veuillez confirmer votre présence auprès de notre coordonnatrice Marie-Hélène Bourdeau au 450-659-1393
- Au jour le jour, février 2013
Nouveaux membres
Il nous fait plaisir de souhaiter la bienvenue à nos nouveaux membres.
501 Louis Cossette
502 Marthe Patenaude-Cossette
503 Yves Bussières
504 Benoît Leblanc
505 Jacques Faille
506 Michelle Magny
507 André Primeau
508 Marie-Josée Machabée
- Au jour le jour, février 2013
À propos du bulletin
Éditeur
Société d’histoire de
La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN 1499-7312
COLLABORATEURS :
Coordination
Gaétan Bourdages
Rédaction
Gaétan Bourdages
Révision
Robert Mailhot
Design graphique
François-B. Tremblay
www.bonmelon.com
Impression
SHLM
Siège social
249, rue Sainte-Marie
La Prairie (Québec), J5R 1G1
Téléphone
450-659-1393
Courriel
Site Web
www.shlm.info
Les auteurs assument l’entière responsabilité de leurs articles.

Desjardins Caisse La Prairie commandite l’impression du bulletin Au jour le jour.
- Au jour le jour, février 2013
Maudite boisson
Voici un fait divers paru dans le journal La Patrie du 3 avril 1902. C’était à une époque où les jeunes gens en état d’ivresse ne risquaient pas l’accident d’automobile.
« À Laprairie – Lundi, un jeune homme de St-Philippe, venu pour passer la journée au village dans le but de s’amuser un brin s’est oublié au point de s’enivrer comme un polonais. Le soir, un cultivateur venant au village, aperçut le jeune homme couché à plat ventre dans le fossé du chemin, le visage dans la boue claire, près du cimetière. Le cultivateur se rendit chez l’hôtelier Donat Lefebvre près de la stationIl s’agit de la gare de chemin de fer. demander de l’aide; on hissa le jeune homme sur une grande charrette et on le transporta à la station de police du village où le Dr Brosseau fut appelé. Ce n’est que le lendemain matin que le jeune homme a pu retourner chez lui. »
- Au jour le jour, février 2013
Notre prochaine conférence: Ma voisine dérange
À l’étage du 249, rue Sainte-Marie
Mme Gélinas nous propose des biographies de femmes « ordinaires » ayant vécu au nord du lac Saint-Pierre entre 1760 et 1867. Les femmes dont Mme Gélinas nous parlera ont posé des gestes dérangeants pour leur entourage (concubinage, adultère, mère célibataire, criminelle, etc.). Une causerie à ne pas manquer.
Accès gratuit pour nos membres, 5 $ pour les non-membres.
- Au jour le jour, février 2013
Logements ouvriers
Au tournant des années 1920, les briqueteries de La Prairie et les autres manufactures (chaussure, textile, machinerie agricole, etc.) emploient de nombreux ouvriers. Malgré l’apparition récente des syndicats, leurs conditions de travail demeurent difficiles. Au lendemain de la Grande Guerre et de la pandémie de grippe espagnole de 1918, les médecins devaient encore se battre avec les administrations municipales afin de convaincre celles-ci de l’importance cruciale de l’hygiène pour la santé de la population. À La Prairie le docteur Thomas-Auguste Brisson était chargé de veiller aux bonnes règles de l’hygiène publique.
Les logements ouvriers étaient souvent dépourvus de salles de bain, beaucoup de logements mal chauffés, mal aérés n’avaient ni eau courante ni cabinet de toilette intérieure. Les conditions d’hygiène étaient insuffisantes et les épidémies nombreuses.
À preuve : Le secrétaire-trésorier est autorisé à aviser messieurs Romulus et Joseph Deneault qu’à la demande du Bureau d’Hygiène, le Conseil se voit dans l’obligation de les aviser d’avoir à faire immédiatement les améliorations qui s’imposent dans leur immeuble, ainsi qu’à y installer des cabinets d’aisance pour chaque famille habitant le dit immeuble.Procès-verbal du conseil municipal, réunion du 19 octobre 1942.
Les promoteurs privés de l’époque trouvèrent donc rentable de répondre à la forte demande des ménages moins fortunés en construisant des immeubles dont les loyers, quoique peu coûteux, constituaient cependant une amélioration notable par rapport aux conditions de logement antérieures. Une partie de la classe ouvrière allait enfin pouvoir goûter aux petites commodités d’un chez-soi convenable.
C’est dans ce contexte qu’en juin 1922 le Conseil municipal de La Prairie reçoit une lettre de la Compagnie Métropolitaine de Maisons Limitée qui affirme être disposée à construire des maisons, en vertu de la Loi des Logements, du moment que la Corporation (c’est-à-dire la ville de La Prairie) se prévaudra des avantages de cette Loi pour lui assurer les fonds provenant de cet emprunt (loi 4, George V, ch. 47 et loi 9, George V, ch. 10). Les actionnaires de la Compagnie Métropolitaine étaient commerçant, architecte, entrepreneur, avocat, comptable et publiciste, habitant tous la ville de Montréal.
Sans acquiescer immédiatement à la demande de l’entreprise concernée, le Conseil soumet sans délai au Premier Ministre de la province une requête afin d’obtenir une subvention de 150 000 $ devant servir à la construction de logements ouvriers.
En octobre de la même année, le ministre des Affaires municipales accorde la somme de 50 000 $ à la Ville et la Compagnie Métropolitaine soumet aussitôt sa demande pour l’obtention d’un prêt de 28 000 $.
C’est ainsi que le 20 décembre 1922, la ville de La Prairie prêtait la somme de 27 200,00 $ (hypothèque sur 20 ans à compter du 1er janvier 1923) à la Compagnie Métropolitaine d’Habitation pour la réalisation de 4 maisons jumelées à 2 étages contenant chacune 2 logements.
Deux des maisons construites sur des terrains acquis du Dr Jean-Marie Longtin en décembre 1922, ont leur façade sur le boulevard Édouard VII (chemin de Saint-Jean) et les deux autres sont situées en arrière avec façade sur le rue Saint-Georges. Elles occupent respectivement les lots 200-3, 200-4 (numéros d’immeuble 69, 71, 73 et 75 ch. de Saint-JeanAujourd’hui les numéros d’immeuble sont 368, 370, 372 et 374. ) et 220-3, 220-4 (22,24,26 et 28 rue Saint-GeorgesNuméros d’immeuble actuels : 369, 371, 373 et 375. ). Au moment de leur construction, ces édifices étaient soumis à la loi régissant les logements ouvriers.
La convention entre les deux parties prévoit que si l’emprunteur ne respecte pas ses obligations, la ville pourra réclamer le remboursement immédiat de l’hypothèque ou, à défaut, elle prendra possession des immeubles sans obligation de rembourser à l’emprunteur aucun des versements déjà payés.
Fin 1923, sans doute à cause de retards importants dans la poursuite des travaux de construction, le Conseil municipal exige que les logements soient inspectés par l’ingénieur du gouvernement. Ce dernier constate que des réparations s’imposent afin de protéger les habitations contre une plus grande détérioration.
Pourtant, il faudra plusieurs mois avant que la Ville ne se décide à faire exécuter certains travaux urgents : charroi de terre autour des solages afin de les protéger du gel, réfection des toitures en tôle importée d’Angleterre et posée à la canadienne. Le tout exige une dépense de 1 829,52 $. Une seconde inspection permettra d’établir la liste des autres travaux indispensables afin de rendre les logements habitables.
En décembre 1925 il est clairement démontré que la Compagnie Métropolitaine d’Habitation a fait défaut de se conformer à plusieurs de ses engagements; elle aurait permis à deux entrepreneurs d’enregistrer des privilèges sur ces immeubles, omis de payer les taxes scolaires et municipales, et accusé des retards importants dans le remboursement du capital et des intérêts.
La Compagnie d’Habitation est donc dissoute et mise en demeure d’abandonner les immeubles au profit de la ville de La Prairie. L’affaire passe aux mains des liquidateurs qui cèdent officiellement les propriétés à la ville en décembre 1926. Nous ignorons ce qu’il est advenu des dizaines de milliers de dollars du prêt hypothécaire.
Bien que les procédures judiciaires n’aient pas encore désigné officiellement le nouveau propriétaire, dès février 1926 les élus municipaux reçoivent des demandes pour la location des logements ouvriers qui sont tous demeurés vacants depuis le début de leur construction trois ans plus tôt. Après qu’on y aura fait faire le ménage, ils seront loués à 12 $ par mois et les baux vaudront pour un an à compter du 1er mai. En juillet de la même année, le Conseil municipal décide qu’il serait opportun de ne pas refuser l’offre de louer les logements encore libres, mais que cette location sera faite de mois en mois, pour ne pas perdre l’occasion de louer pour tout le temps qui reste jusqu’au mois de mai. On louera au prix de 15 $ par mois.
En avril 1927, on procède au charroi de briques et de matériaux afin d’élever les terrains des cours arrière dans lesquelles seront érigés des hangars, un pour chaque logement. Le dallage de briques aura une épaisseur de trois rangs. Ces espaces de rangements auraient été réclamés par les locataires, et les conseillers municipaux croient que leur construction permettra de louer les logements vacants avec plus de facilité. Cependant, la décision finale au sujet des hangars ne sera prise qu’en novembre de la même année. Leurs dimensions seront chacun de 16 pieds par 14 pieds, formant un ensemble de 32 pieds de largeur par 56 pieds de longueur. Ces hangars, transformés depuis en garages, ont été démolis en 1979.
Il serait compréhensible que l’on s’interroge sur les capacités du Conseil municipal à bien gérer ses nouvelles propriétés : en août 1928 la Ville se voit forcée d’effectuer un emprunt afin de payer les intérêts dus au gouvernement du Québec depuis le 1er juillet précédent. En 1939, on a toléré chez un des locataires 8 mois d’arrérages dans le paiement de son loyer avant qu’on l’avise de quitter l’endroit dans les 3 jours, sinon ses meubles et ses effets mobiliers seraient saisis. Cette tolérance s’expliquait sans doute par les séquelles engendrées par la crise économique. Moins de vingt ans après leur construction, des réparations s’imposeront à la tuyauterie ainsi qu’au système de chauffage.
La Ville étant devenue propriétaire des deux édifices par la force des événements, c’est donc le Conseil municipal qui devra réglementer le prix des logements : le 21 janvier 1929, le loyer est fixé à 14 $ par mois pour un bail de 12 mois, et en janvier 1933, en pleine crise économique, le coût du loyer mensuel est abaissé à 13 $. Quinze ans plus tard, preuve d’une certaine stabilité des prix, le coût mensuel des loyers oscillera entre 12 $ et 14 $.
À l’époque, la voie maritime du Saint-Laurent n’était pas encore creusée, et La Prairie subissait de fréquentes inondations printanières. Voilà sans doute pourquoi la municipalité fit l’acquisition, en 1937, de 2 pompes pour retirer l’eau des caves des logements.
On raconte même qu’une année, l’immeuble du chemin de Saint-Jean connut une crue des eaux si intense que l’eau monta jusqu’au rez-de-chaussée; un des locataires dut se résoudre à relever son lit sur quatre chaises afin de pouvoir continuer à y dormir.
Attendu qu’il est dans l’intérêt de la Corporation de la Ville de Laprairie de vendre les immeubles acquis de la Compagnie Métropolitaine d’Habitations Limitée, il est résolu à l’été 1942 de vendre de gré à gré les logements des rues Saint-Jean et Saint-Georges. Une rumeur voudrait qu’on ait à l’époque décidé de vendre dans le but de mettre fin aux querelles des employés municipaux, à savoir qui d’entre eux méritait d’y habiter. Or cela semble peu probable puisqu’en 1941 la Ville n’avait que 6 employés permanents, chacun ayant déjà sa propre maison ou son logement. Suite à un appel d’offres, et après avoir reçu l’autorisation du ministre des Affaires municipales, de l’Industrie et du Commerce, le 8 septembre 1942 le Conseil de ville de La Prairie cède les deux immeubles au profit de M. Roch Despatis, un médecin célibataire habitant Montréal. Ce dernier verse 8110,00 $ à la ville et s’engage à respecter les baux en vigueur jusqu’à leur échéance.
En conséquence, il est résolu d’inscrire au Rôle d’évaluation le nom de monsieur Roch Despatis, médecin, comme propriétaire de partie du lot No.200, avec les bâtisses dessus construites, portant une évaluation de $6,000.00, ainsi que comme propriétaire de partie du lot No.220, avec les bâtisses dessus portant une évaluation de $6,000.00, et ces deux inscriptions sont faites au lieu et place, du nom de la Corporation de la Ville de La Prairie.Procès-verbal du conseil municipal, réunion du 16 novembre 1942.
En mars et en juin 1943, le Dr Despatis vend séparément les 2 édifices, celui de la rue Saint-Jean est cédé pour 6 000 $ à Joseph Longtin et celui de la rue Saint- Georges pour 5 500 $ à Eugène Lussier; un gain appréciable réalisé en quelques mois.
Joseph Longtin était marié à Blandine Laplante qui décède le 22 janvier 1979. Le couple avait une fille adoptive, Émilia Lévesque, originaire de Mont-Joli. Selon le testament olographe de Blandine, rédigé le 15 juillet 1959, elle fait don à Émilia, épouse de Rodolphe Guérin, de la moitié de la propriété, moitié qui ira à son fils Maurice Guérin lors du décès de sa mère. Blandine Laplante fait également don de l’autre moitié de la propriété à Maurice Guérin. La mère et le fils en deviendront officiellement les propriétaires en août 1980.
De nos jours, dans l’édifice du chemin de Saint-Jean, les poêles à bois ont disparu depuis longtemps. Les logements du rez-de-chaussée sont encore chauffés à l’huile alors que ceux de l’étage bénéficient de plinthes électriques. Les fenêtres intérieures de bois sont munies d’un système de suspension à guillotine dont les cordes ont été coupées. Les portes des pièces sont originales, et de petites lattes de bois retenues à certains endroits par des clous forgés composent le plancher.
Maurice Guérin, l’actuel propriétaire, raconte que jusqu’aux années 1950, les champs de l’autre côté du chemin de Saint-Jean s’étendaient au-delà de la rivière Saint-Jacques, jusqu’aux limites de Brossard. Ainsi, certains hivers, l’eau des inondations complètement gelée, les gens y patinaient et pouvaient parcourir près d’un kilomètre sur la surface glacée.
- Au jour le jour, février 2013
Agir ensemble pour demain
Le 24 janvier dernier nous étions présents au forum des intervenants dans le cadre de la planification stratégique en développement durable. Cette journée de consultation, à laquelle participaient plus de soixante-dix personnes, était organisée conjointement par la ville de La Prairie et le Technocentre en écologie industrielle.
Notre contribution consistait à présenter notre point de vue sur l’état actuel et sur l’avenir du patrimoine de La Prairie, compte tenu de la définition élargie du patrimoine contenue dans la nouvelle loi sur le patrimoine.
Au nom de la SHLM, nous avons insisté sur les éléments suivants :
- L’importance du patrimoine bâti à La Prairie.
- La protection des espaces verts et des milieux humides.
- L’urgence d’identifier et de dresser un inventaire de ce que l’on souhaite protéger.
- La pertinence de créer un Conseil local du patrimoine qui soit différent du Comité consultatif en urbanisme.
Reste à espérer que notre intervention ainsi que les souhaits des autres intervenants se traduisent en gestes concrets et durables.