
- Au jour le jour, décembre 1984
Membres actifs
Audren Jeannine
Boudreault Yvette
Brisson-McGee Jeannette
Boismenu Albert F.I.C.
Brault Pierre
Brosseau Roland
Boyer Georges
Brosseau Lucille
Côté Suzanne
Brosseau Ildège
Côté Jean-René
Deniger Pierre
Comité D’histoire Mouillepied
Demers-Lamarre Lucille
Domingue Jean-Paul
Dion Normand
Dubuc-Favreau Berthe
Cuillierrier Réal
Doucet Édouard
Dumouchel Hélèna
Des Noyers Rolland
Dulude Jeanne
École Notre-Dame
Doré-Désy Hélèna
Déziel Julien O.F.M.
Fontaine Albert
Dubé Georgette
Favreau Paul
Gauthier Michel
Dupré Guy
Gareau G.-Robert
Girard Thérèse
Falcon-Gatien Denise
Girard Réjean
L’Heureux Jean
Fredette Laurette
Hrychiw Paulette
Laframboise Gérard
Gauthier Rosario
Lacroix Yvon
Lamarre Georges-Hector
Houde Claudette
Lamarre Aimé
La Berge G. Réjane
Laprotte Jean
Larose-Melançon Jacqueline
Lamarche Marcel
Lazure Laurent
Lamarre Rosario A.
Lessard Rodolphe
Le François Lucien
Lavallée Louis
Lussier Jeannine
Longtin Éveline
Legault Bernard
Mailhot Robert
Létourneau Michel
Lussier Gilles
Mayer-Cadieux Pierrette
Martin Anne
Lévesque Cécile
Monet Conrard
McGee-Fontaine Patricia
Martin Aurore
Moquin Jacqueline
Monette Mlle Germaine
Monchamp Jacques
Perron René
Morin Benoit
Moquin Alphonse
Péladeau Gérard
Patenaude J.Z. Léon
Oligny Marcel
Raymond Robert
Racine Paul
Poupart J.-Ernest
Robert Viateur
Robert Albertine
Raymond Gilles
Roy Thérèse
Rouillier Léo
Robert Réal
St-James Gilbert
Roy-Mailhot Denise
Rousseau Claudette
Surprenant Alexis
Ste-Marie Alice
Sawyer Jules
Surprenant-Barrette Claire
Surprenant Martine
Ste-Marie Richard
Sénécal Yves
Surprenant Reine
Tessier Jean-Guy
Van Leynseele Claire
Taillon André
Blais Jacques
Legault Léonie
Barbeau André
Bourdages Gaétan
Péladeau Léopold
Barbeau René L.
Gagnon Germaine
Rouan Jean-Michel
Chouinard-Bouthillier L.
Labelle Colette L.
Dugrenier-Murray Y.
Dugrenier-Murray Y.
Santerre Lise

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Remerciement au Bienfaiteur
L’imprimerie Longueuil Limitée
549 St-Thomas, suite 7, Longueuil, Qué.
J4H 3A7
679-6650

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En bref…
Cartographie : quelques personnes et particulièrement M. Jean-Michel Rouan, habile cartographe, ont travaillé à reproduire la carte de Jos. Riel (cadastres de la seigneurie de LaPrairie vers 1866) en y superposant les cadastres actuels sur les premiers cadastres, ceci afin de permettre aux gens de la région de repérer facilement les terres de leurs ancêtres. Un index détaillé des noms et cadastres accompagné d’un catalogue des différents secteurs de la carte viendront bientôt compléter ce travail.
Élections : lors de notre assemblée générale annuelle tenue le 16 mai dernier, étaient élus par acclamation messieurs Viateur Robert (1er vice-président) et Jules Sawyer (secrétaire).
Archives : Mme Patricia McGee-Fontaine acceptait récemment la direction du Comité des archives de la Société. Nous vous rappelons à ce sujet que le Comité des Archives a pour rôle de récupérer toute la documentation de la SHLM, de la sélectionner et de classifier tous ses documents pour les bien conserver et pour les retrouver facilement.
Son rôle est également d’acquérir de nouveaux documents. Le Comité a en tout temps, le souci de rendre les “Archives” accessibles aux chercheurs. Le responsable du Comité a pour rôle particulier de coordonner l’ensemble de la documentation, de l’administration et des différents comités; il est assisté par le secrétaire du Conseil exécutif. Il doit également faire un rapport constant des activités du Comité.
Biens des Jésuites : la Société possède depuis peu une liseuse à microfilm de grande qualité. Cette acquisition s’imposait depuis l’arrivée des sept (7) bobines de microfilms 16mm provenant du Fonds des Jésuites conservé à Québec. L’ensemble représente plus de 12 500 documents relatifs aux concessions et transactions, ainsi qu’aux cens et rentes des seigneuries de LaPrairie de 1647 à 1863 et du Sault Saint-Louis de 1672 à 1799. Vue l’absence totale de quelque index que ce soit, les chercheurs impatients sont priés de s’abstenir.
I.Q.R.C. : M. Paul Favreau et Mme Patricia McGee-Fontaine ont participé au dernier concours annuel de l’Institut québécois de recherche sur la culture. Ce concours (“Mémoire d’une époque”) est organisé dans le but de créer une banque de données sur la vie des personnes âgées et sur leurs réactions face aux nouveautés de la vie moderne. M. Favreau, célèbre pour la qualité de sa tradition orale, et Mme Fontaine se sont classés parmi les 13 finalistes sur un total de 400 concurrents. Bravo à tous les deux et voilà une heureuse initiative à répéter.
L’évènement : la SHLM sera à l’avenir chargée du contenu de la page d’histoire régionale qui est publiée à toutes les deux semaines dans le journal l’Évènement.

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Cap au large…
Les membres de notre Société reçoivent depuis quelques années déjà, de façon bien irrégulière il faut en convenir, un modeste bulletin désigné sous le nom de “Le Bastion”. L’idée était née presque d’elle-même; le dynamisme des membres, l’élargissement de nos cadres et les réalisations d’envergure requéraient une diffusion plus large de nos acquis sur l’histoire local de même qu’une meilleure connaissance du bouillonnement des nouveaux projets. Une équipe s’étant rapidement constituée elle n’avait d’autre choix que de faire paraître dans la joie d’une naissance les premiers numéros; quoique l’expérience, les moyens matériels, l’argent et les textes prêts pour l’édition faisaient à ce moment grandement défaut. Peu s’en faut, grâce au talent créateur de quelques pionniers, grâce aussi à leur passion et à leur fidélité, Le Bastion allait non seulement survivre et grandir, mais devenir une parution d’une qualité fort respectable. Bien sûr la formule ouvrait ses pages aussi bien aux généalogistes qu’aux archéologues; l’historien et l’annaliste y avaient également droit de cité. Et si tout n’allait pas toujours sans quelques heurts et retards, à l’heure prévue (ou presque) le bulletin paraissait avec fierté.
Hélas les règles du jeu ayant été quelque peu modifiées, les éditeurs doivent après seulement sept numéros faire face à de dures réalités.
Qu’on ne se leurre pas cependant, les coûts élevés d’impression et d’expédition ne sont pas seuls au banc des accusés. Trop peu de nos membres se laissent convaincre à écrire leurs souvenirs ou leurs connaissances, quand certains ne boudent pas tout simplement “Le Bastion” ou ne le dénigrent. Il devient difficile dans ces conditions, voire intenable, de maintenir le rythme. Nous réitérons à ce sujet nos convictions des débuts : ce bulletin appartient à tous nos membres et ils sont responsables de son maintien aussi longtemps que ces pages reflètent avec fidélité la vie de notre Société.
Compte tenu de ce qui précède un changement de cap s’impose. En ne paraissant qu'une fois l'an les coûts en seront réduits d'autant sans cela fermer la porte à tous ceux et celles voudront bien y publier les résultats de pour qui leurs travaux sur l'histoire de LaPrairie. De plus il sera sûrement possible d'augmenter le nombre de pages et d'illustrations, quoiqu'il faille en éliminer toutes les informations à caractère anecdotique ou fugitif (nécrologie, nouvelles brèves, invitations etc… ). Bref un nouveau “Bastion”, une revue d'histoire sans ce charmant portrait de la vivacité quotidienne de notre groupe; d'aucuns diront un corps sans âme. Nous verrons bien … !

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Le Bastion
“Le Bastion” Décembre 1984
Bulletin officiel de la Société Historique de La Prairie de la Magdeleine
C.P. 131, La Prairie
P.Q. J5R-3Y2
Rédacteur en chef : Gaétan Bourdages
Collaborateurs à ce numéro :
Pierre Brisson
Ildège Brosseau
Michel Létourneau
Gaétan Bourdages
André Taillon
Paul Hébert
Montage : André Taillon
Secrétaire de rédaction : Claudette Rousseau
Photographies :
Pierre Brisson
Patricia McGee-Fontaine
Graphismes : Henri-Paul Rousseau
Page couverture : Michel Létourneau
Services techniques : L’imprimerie Longueuil Limitée
Dépôt légal : Second trimestre 1982

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Canal de la Rive-sud
Depuis que Jacques-Cartier et Champlain se heurtèrent tour à tour aux eaux tumultueuses du Sault Saint-Louis, ces rapides posèrent pour longtemps un sérieux problème à la navigation intérieure. Il était pourtant impérieux pour le commerce des fourrures et plus tard pour la pénétration des Grands-Lacs de pouvoir franchir les obstacles naturels qui parsèment le Saint-Laurent.
Depuis Dollier de Casson qui, dès 1680, eut le premier l’idée de la construction d’un canal qui relierait le lac Saint-Louis et Montréal, jusqu’aux multiples élargissements que subit le canal de Lachine durant le XIXe siècle; la navigation sur le Saint-Laurent connaissait toujours des difficultés imposées par des flottes de navires de plus en plus imposantes. L’ouverture de la Voie maritime, en avril 1959, marquait donc la réalisation d’un rêve vieux de 400 ans et l’aboutissement de négociations intenses pendant 50 ans entre les gouvernements des États-Unis et du Canada. La mise au point du projet nécessita, entre autres, la création d’un canal artificiel d’environ 32 kilomètres de long qui s’étend du pont Jacques-Cartier jusqu’à l’extrémité ouest du village de Kahnawaké (Caughnawaga). Ce canal a une largeur minimum de 61 mètres lorsqu’il a deux berges, de 91,4 mètres lorsqu’il n’a qu’une berge et de 137,2 mètres sur le parcours libre. Sa profondeur atteint partout 8,2 mètres. Il porte, comme il se doit, le nom de Canal de la Rive-sud, puisqu’il longe la rive sud de l’île de Montréal.

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Le ruisseau de la bataille
Les “deux batailles” de 1691 à LaPrairie s’inscrivent dans le contexte des guerres indiennes doublées d’un conflit continuel avec les Treize Colonies. Après avoir subi deux raids français en Nouvelle-Angleterre, les Anglais méditent une revanche. Ainsi le 11 août l’attaque anglo-iroquoise commandée par le Major Peter Schuyler atteint le fort de LaPrairie vers cinq heures du matin. En quelques heures les troupes françaises sont anéanties et les pertes sont très élevées. L’envahisseur, qui sort sans contredit vainqueur du premier engagement, se replie vers Saint-Jean afin de rejoindre ses embarcations. Or pendant que se déroulait ce premier engagement au fort de LaPrairie, les deux cents hommes du capitaine de Valrennes étaient en route pour le fort de Chambly. Après avoir entendu la rumeur de l’engagement, ils font demi-tour et, à mi-chemin entre les deux forts, ils aperçoivent les troupes anglo-iroquoises. Rapidement, les forces françaises gagnent un côteau et bloquent à l’ennemi la route vers Saint-Jean. Les hommes de Schuyler n’ont d’autre choix que d’engager le combat. Après une heure les Anglais subissent un revers : la seconde bataille de LaPrairie prend fin. Le ruisseau dit de la Bataille coule encore timidement près du côteau où eut lieu le second engagement du 11 août 1691.

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La Commune de La Prairie
Un livre a déjà été écrit par l’abbé Élisée Choquet, lequel a pour titre “Les Communes de Laprairie”, “Communes” dont l’origine remonte au 19 mars 1694 lors d’un contrat passé devant Me Adhémar notaire. Dans ce livre l’auteur a fourni de nombreux détails sur à peu près tout ce qui s’est passé depuis la date d’acquisition des Communes par la Compagnie de Jésus jusqu’au 25 mars 1936.
Si j’ai songé à donner une suite au livre de l’abbé Choquet, c’est dans le seul but de compléter l’histoire de la Commune de Laprairie de la Magdeleine de 1935 jusqu’à sa phase finale à laquelle j’ai participé avec beaucoup d’intensité. Toute l’affaire s’est terminée le 8 juillet 1966 après dissolution de la Corporation des Président et Syndics et annulation de la charte.
Ildège Brosseau
Syndic et assistant greffier.
Ainsi de 1935 à 1941 tout se passe de façon habituelle, c’est-à-dire que les censitaires font paître leurs animaux dans la dite commune alors que les Président et Syndics exercent une surveillance et voient à l’entretien des clôtures afin de s’assurer que les animaux soient toujours gardés à l’intérieur des limites de la commune.
Cependant en octobre 1941, l’honorable Ministre des Munitions et Approvisionnements a requis pour fins de mesures de guerre, (il devait s’agir d’exercices de tir et de cible pour les aviateurs attachés au champ d’aviation de St-Jean P.Q.) l’occupation d’un certain emplacement sis près de Laprairie dans le Comté de Laprairie. L’emplacement précité faisait partie du terrain communément appelé la Commune de Laprairie, c’est-à-dire de toute la partie du lot 673 contenant en superficie 900 arpents plus ou moins.
La durée de l’occupation des dits lieux fut fixée à toute la période de la guerre ainsi qu’à l’année qui devait suivre, avec effet rétroactif depuis la prise de possession en date du 19 novembre 1941.
Le bail prévoyait des versements de 2,00$ par arpent en superficie par année ce qui représentait un loyer annuel de 1 800,00$ pour toute la durée de la guerre. Cependant comme le bail fut prolongé jusqu’au 31 décembre 1943, la Corporation reçut donc du gouvernement fédéral un montant total de 4 193,00$. L’acte fut signé le 20 juillet 1944 devant Me Émile Gravel, notaire, résidant et pratiquant en la cité de St-Lambert; étaient présents le président Arthur Lanctot et les syndics Clovis Page, Raoul Lussier, Roch Dupuis et Ernest Régnier ainsi que le greffier Paul Boucher, notaire.
Faut-il ajouter ici qu’à partie de 1941 les censitaires n’ont plus usé de leur droit de pacage s’étant départis d’un grand nombre d’animaux, et ce pour la durée de la guerre et par la suite, pour un temps illimité.
Or le 11 juin 1948 la Corporation des Président et Syndics, d’un commun accord avec la Compagnie de Jésus, cède pour la somme de 1,00$ à la Communauté des Frères de l’Instruction chrétienne de Laprairie, pour fins éducationnelles seulement, un lopin de terre mesurant environ huit cents pieds de front, par une profondeur d’environ quatorze cents pieds plus ou moins. Ledit lopin est prélevé sur le lot partie 673 de la Commune de Laprairie.
L’année suivante la Commune devait subir une nouvelle amputation puisque le 13 juillet 1949 la Corporation des Président et Syndics et la Compagnie de Jésus consentaient à une vente de terrain à la ville de Laprairie pour la somme de 1,00$ et ce pour tous les terrains achetés dans la Commune de Laprairie. Or comme il existait une loi qui stipulait que la Corporation des Président et Syndics de la Commune de Laprairie était autorisée à consentir ces ventes pour les ayants droit, à la condition expresse que la ville paie aux dits syndics une somme de 20,00$ pour chaque arpent vendu. Et tout porte à croire que la Ville de Laprairie a bel et bien payé cette somme.
Considérant que les censitaires n’usaient plus de leur droit de pacage dans la Commune de Laprairie depuis quelques années et que par voie de conséquence les Jésuites n’en touchaient plus aucun revenu; la Compagnie de Jésus résolut en 1952 de s’adresser au premier ministre Maurice Duplessis afin d’obtenir qu’elle soit désignée comme la seule propriétaire de la Commune de Laprairie. C’est ainsi qu’en 1953 l’honorable Duplessis fit voter le Bill 204 qui retirait aux ayants droit l’accès au pacage, mais obligeait par contre les Jésuites, au moment de la vente totale de la Commune, à verser 20% du produit de la vente aux censitaires en compensation de la perte de leur droit de pacage.
Plusieurs ignoraient sans doute que de 1953 à 1963 des acheteurs sérieux s’étaient présentés à la Compagnie de Jésus avec le dessein d’acheter la dite Commune de Laprairie. Or la Compagnie de Jésus ne pouvait donner suite aux offres d’achat sans au préalable avoir conclu une entente définitive avec les censitaires. Par contre le président de l’organisme légal qui naguère les représentait n’avait tenu aucune assemblée des Syndics depuis au moins 10 ans et n’avait tenu non plus aucune élection, alors que le statut juridique exigeait des élections à tous les 2 ans. Qu’il soit bien clair ici que le désir de la Compagnie de Jésus était de mettre fin de façon équitable et définitive à un régime qui ne correspondait plus ni aux besoins, ni aux conditions économiques du temps.
À noter que déjà, à titre de compensation partielle pour la perte des droits de pâturage des censitaires, la Compagnie de Jésus avait cédé une ferme à la Société d’Agriculture du Comté de Laprairie, à une prix nominal de six mille dollars (6 000,00$).
C’est ainsi que le 23 février 1963 la Cie de Jésus par l’entremise de son chargé de pouvoirs le révérend père Arthur Dubois s.j., s’adressait au premier Ministre Jean Lesage, et qu’en conséquence le paragraphe 4 du Bill 204 qui obligeait la Cie à verser 20% du produit de la vente de la Commune, fut abrogé et remplacé par le suivant : “la Compagnie de Jésus versera au comptant aux Président et Syndics de la Commune de Laprairie de la Magdeleine, ou à défaut de tel organisme légalement constitué à Me Paul Boucher notaire et greffier dudit organisme, la somme de 200 000,00$. Le versement de la dite somme entraînera l’acquittement de toute redevance aux censitaires pouvant résulter du bail à cens du 19 mai 1694 devant Me Adhémar, par le représentant des Jésuites”.
Par voie de conséquence une période de neuf mois fut par la suite accordée aux censitaires pour s’identifier légalement et ce à la satisfaction de Me Denis Durocher avocat à Laprairie. Plus tard le 5 avril 1963 la Compagnie de Jésus convoquait les censitaires à une assemblée générale à la salle du Bureau d’Enregistrement de Laprairie, à laquelle assemblée, un très grand nombre de censitaires étaient présents.
Comme la Corporation des Président et Syndics ne comptait plus alors que 2 membres et se trouvait de ce fait dans l’illégalité, les censitaires ont donc sur le champ procédé à la formation légale d’un corps de syndics composé de 5 membres; messieurs Donat Duquette, Pierre Gagnon, Lucien Ferdais, Robert Coupal et Ildège Brosseau, ont été proposés et élus par acclamation formant la “Corporation des Président et Syndics” maintenant légalement constituée. Une fois élus les syndics ont nommé M. Donat Duquette président et réengagé Me Paul Boucher à titre de notaire et greffier.
Par la suite, les 2 représentants de la Cie de Jésus, dont le Père Dubois chargé de pouvoirs ont exposé l’essentiel du contenu du Bill 195; à savoir 200 000,00$ à titre de compensation. Suite à cet exposé les censitaires se réunirent afin de délibérer sur la pertinence d’accepter ou de refuser cette somme. S’ensuivit une proposition par Clément Brosseau à l’Effet que la somme ne devrait pas être moindre que 350 000,00$; l’assemblée acquiesça à l’unanimité. Cette demande n’a pas été acceptée séance tenante, les deux parties se sont rencontrées par la suite et c’Est seulement en juin 1963 que la Compagnie de Jésus a accepté de verser cette somme aux censitaires comme compensation finale. Compte tenu que le père Dubois croyait que la répartition s’avérait impraticable et que le greffier de la Corporation des Syndics abondait dans le même sens, c’est à ce moment que le Président et les Syndics ont proposé que M. Ildège Brosseau, syndic, soit nommé assistant-greffier et il a accepté, étant ainsi désigné, de faire tous les efforts qui s’imposeraient pour en arriver à une juste répartition.
Au cours des années 1963 et 1964 l’assistant-greffier a fait le recensement de tous les censitaires habitant dans la Ville de Laprairie et dans les autres paroisses concernés; ce qui a demandé un travail très considérable. Consulter les rôles municipaux de chaque paroisse, les bureaux d’enregistrements de Laprairie et de St-Jean, nombreux voyages à Québec, rencontres avec le notaire Richard attaché au service des Rentes seigneuriales, pour vérification de la rente de chaque propriétaire de la Ville de Laprairie, confection du bordereau de distribution, préparation des avis publics, réunions de la Corporation souventes fois et rencontre avec Me Denis Durocher avocat pour le bill 104 qui a été accepté au Comité des bills privés le 15 juillet 1965.
Enfin l’assistant-greffier Ildège Brosseau déclare que le bill 104 suit son cours tel que rédigé; à savoir qu’un bordereau de distribution des biens de la Corporation indique les noms des personnes qui ont droit à un paiement, ainsi que le montant de ce paiement. Qu’un avis a été donné le 17 septembre 1965 dans toutes les paroisses concernées afin que chaque personne intéressée puisse porter plainte, si c’est sa volonté, dans les trente jours à partir du 18 octobre 1965 et que la somme mentionnée sur le bordereau de distribution sera remise à chaque intéressé. Qu’un acte authentique de quittance dans lequel apparaît la signature de toutes les personnes qui ont reçu paiement a été fait par le greffier de la Corporation des président et syndic Me Paul Boucher notaire et que cet acte sera remis à qui de droit.
Cette déclaration prouve que l’échéancier a suivi son cours et que les 350 000,00$ ont été partagés et payés aux 713 censitaires mentionnés au bordereau de distribution, tel que précisé au bill 104 et décrit à l’article 1 a) b) c) et d). Par la suite le syndic et assistant-greffier Ildège Brosseau prouva que la somme de 350 000,00$ fut partagée entre le 713 censitaires d’une façon satisfaisante pour chacun : en fait foi le rapport du comptable Gilles Lussier c.a., demeurant à Laprairie, et communiqué au Ministère du Revenu du Québec, confirmant l’acquittement complet des dettes d’impôts envers ce même Ministère dans les rapports T2 et C17 pour les années 1965-1966.
Le 30 mai 1966 l’assistant-greffier Ildège Brosseau faisait parvenir à Me Louis Gravel notaire une missive l’informant que le 10 mars 1966 les représentants de la “Corporation des Président et Syndics de la Commune de LaPrairie de la Magdeleine” accompagnés du greffier Paul Boucher notaire, s’étaient présentés au secrétariat de la Province de Québec, pour demander la dissolution de la dite Corporation ci-haut mentionnée et que c’est Me Lalonde qui les avait alors reçus.
“Ce même jour nous avons remis à Me Lalonde le bordereau de distribution sur lequel apparaissaient les noms de tous les censitaires de la dite Corporation, ainsi que le montant désignant la part de chacun, et aussi l’acte de quittance préparé par le greffier Paul Boucher, notaire, sur lequel acte apparaît la signature de chaque censitaire qui a participé au partage des biens de la Corporation.”
Par la suite monsieur Gilles Lussier, comptable, a communiqué avec le Ministère du Revenu du Québec déclarant que toutes dettes avaient été acquittées envers le dit Ministère.
“C’est la raison pour laquelle avec l’autorisation du président Donat Duquette, je vous adresse la présente, pour que demande soit faite à l’honorable Secrétaire de la Province de Québec, d’accorder la dissolution de la Corporation des Président et Syndics de la Commune de Laprairie de la Magdeleine.” Le 8 juillet 1966 le greffier Me Paul Boucher recevait la lettre suivante : “Nous accusons réception de votre lettre du 18 mars dernier ainsi qu’une requête et autres documents concernant la dissolution de la Corporation ci-haut mentionnée. Nous désirons vous informer que la requête pour dissolution de cette Corporation a été acceptée et qu’un avis de dissolution de cette Corporation sera publié une fois par l’Honorable Secrétaire de la Province dans la Gazette officielle de Québec et que la Corporation cessera d’exister, et que sa charte sera annulée à compter de la date fixée dans cet avis, conformément à l’article 5 de la loi concernant les Président et Syndics de la Commune de Laprairie de la Magdeleine, 12-13 Elizabeth II chapitre 114.” Et c’est signé : Louis de B. Gravel, notaire, Directeur du Service des Compagnies.
Ainsi prend fin, en 1966, l’existence de la Commune de Laprairie de la Magdeleine. La Compagnie de Jésus se trouve donc par voie de conséquence libérée des droits accordés aux censitaires depuis 1694. Soulagée de ces contraintes, elle peut donc disposer de ces terrains comme bon lui semble.
Ildège Brosseau
N.D.L.R. Le texte qui précède est conservé aux archives de la SHLM dans sa forme originale et manuscrite.

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Maison Patenaude
L’emplacement fut concédé par le R.P. Vaillant, Jésuite, le 4 mai 1694 à René Dupuis. D’après le censier de 1702, le terrain est bordé au sud-est par la rue St-Ignace, au côté nord, par Jean Cailloud, dit le Baron, du côté sud par M. Lamarche et l’arrière par la palissade du fort. Le terrain reste sans bâtiment jusqu’en 1729, alors que les nouveaux acquéreurs, Dame Tristal et M. Jos Lefaivre y bâtiront une maison de bois, une boucherie et une grange entre 1729 et 1748. Les Lefaivre vendront la propriété en 1748 à Pierre Dumay et Madeleine Goujeau et ces derniers revendront en 1765 au Baron McKay (juge de paix). A partir de cette période, soit de 1778 à 1816 nous comptons pas moins de treize ventes successives dont la période d’occupation la plus longue ne dépasse pas quelques années. Les Crons (1778), Louis Jourdain dit Labrosse (1778), Antoine Sénécal (1778), Gaspard Dejeu (1783), Georges Stubinger (1785), Joseph Lesage Dufour, médecin, (1787), M. Ignace Bourassa (1788), M. Joseph Ignace Hébert (1807), Louise Hébert (1809), et enfin Joseph Ignace Hébert (1809).
Bref, il semble qu’il faille attendre que M. Louis Hyppolite Denault, riche commerçant de LaPrairie, se porte acquéreur de la vieille maison de bois pour la remplacer après 1816 par une imposante structure de pierres de deux étages avec quatre cheminées. Cette splendide demeure sera ensuite occupée par M. J. R. McKay, médecin, jusqu’au moment du terrible incendie de la nuit du 3 au 4 aout 1846 où d’énormes dégâts seront causés à la bâtisse; les travaux de reconstruction seront entrepris sans délai par M. Mckay.
Ce dernier profite du fait que la façade rue St-Ignace soit partiellement détruite pour la rebâtir en briques; il choisit aussi ce matériau pour fermer les pignons des combles, autrefois de bois, le toit fut refait complètement et fut couvert de bardeaux de cèdre. On y percera aussi six lucarnes décorées selon l’esprit classique anglais. Une fois les travaux achevés, M. McKay revend sa propriété à M. Ménard Hébert en 1848… “avec une maison de briques de deux étages et bâtiments”. A ce moment, les titres deviennent moins claires et le lien entre M. Hébert et M. E.D. Julien Barbeau n’a pu être retrouvé. Quoi qu’il en soit, le dit Julien Barbeau cédera la propriété par procuration au capitaine George Grant d’Ottawa. M. Grant la revendra en 1868 au médecin Hector Pelletier de Montréal. La famille Pelletier conservera la maison jusqu’en 1885 alors que M. James Thompson, marchand de Montréal s’en porte acquéreur.
Encore une fois, une longue série de propriétaires successifs transigeront cette propriété entre 1885 et 1903 : M. Edouard Archibald, commis (1886), Dame Georges Daveley (1892), Mary-Jane Ross (1894), Louis Pacifique Normandin (1901) et enfin Lawrence McGee, marchand bien connu de LaPrairie (1903).
Vous reconnaîtrez sur les photos la petite Patricia McGee (Mme Patricia Fontaine, actuelle directrice du Comité des Archives de la SHLM), petite fille de l’illustre Lawrence, posant fièrement devant la vieille maison familiale. La maison devait appartenir aux McGee jusqu’en 1944 alors que M. Omer Patenaude, fabricant d’habits mortuaires et voiturier de St-Constant viendra y habiter. Petit à petit le rez-de-chaussée de la maison se convertira en atelier de fabrication d’habits et une allonge sera construite à l’arrière de la maison. Ce commerce est maintenant dirigé par M. Eloi Patenaude qui continue discrètement ces activités et donne de l’emploi à une demi-douzaine d’employés de LaPrairie. L’étage et les combles ont été convertis en logements, occupés par Mme Diane Patenaude, qui depuis 1978 s’enhardit à décaper les superbes boiseries de la maison et s’occupe patiemment à redonner à ce “monument” son air d’autrefois.

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René Brisson
Le 8 décembre 1983 décédait René Brisson un des membres de la S. H. L.M. Né le 18 septembre 1897 à LaPrairie, il était le fils de Joseph-Auguste Brisson et d'Hermine Dumouchel. Il fit ses études à l'Académie St-Joseph où il obtint son diplôme de 10e année. On dit qu'il aurait préféré devenir médecin, comme son oncle Thomas-Auguste, mais la famille Brisson, qui comptait 13 enfants, avait besoin d'un coup de main plutôt que d'un étudiant.
Il deviendra donc vendeur itinérant. D’abord à Montréal, puis dans les Laurentides où il vendait les produits “Rawleigh”. C’est peut-être avec cet emploi qu’il prit goût aux voyages. Au début des années 20, il se rendit travailler à la briqueterie de la compagnie “National Brick” à Cooksville en Ontario. Il revint à LaPrairie comme commis de bureau. Il adorait les sports. Il jouait au baseball dans la Commune, au hockey derrière l’église de la Nativité et au soccer à Delson où ses talents de gardien de buts furent beaucoup appréciés.
C’est vers la fin des années 20 qu’il fréquentera “la belle Henriette”, la fille d’Hector et d’Amanda Lamarre. Des fréquentations qui firent jaser. D’abord parce que René était du “vieux fort” et Henriette du “fort neuf”. Ensuite et surtout, parce que Hector, le père d’Henriette, était “rouge” alors que René affichait “bleu foncé”. Le mariage eut lieu en 1930, et en “blanc”. Ils habitèrent une des maisons de la rue Saint-Henri que la “National Brick” réservait à ses employés de bureau. Les maisons des rues St-Paul et Levée étaient plutôt habitées par les travailleurs manuels.
La crise et le chômage allaient le forcer à chercher un autre emploi. Il devint “homme-à-tout-faire” au garage Beaulé que l’on retrouvait au coin des rues St-Georges et St-Laurent. Passionné des chiffres et des statistiques, et doué d’une excellente mémoire, il se spécialisa dans l’achat, le classement et la numérotation des pièces d’automobiles. Il en fit son métier. Métier qu’il exerça à St-Rémi durant les années quarante, puis de retour à LaPrairie, au garage Phylias Lanctôt sur le boulevard St-Elizabeth.
De 1958 à 1963 il fut maître de poste au bureau de LaPrairie, en même temps que John Diefenbaker était premier ministre à Ottawa; simple coïncidence diront ses meilleurs amis!!! En 1963, à l’âge de 65 ans il retourne chez Lanctôt jusqu’en 1975, pour ensuite s’accorder une retraite bien méritée à l’âge de 77 ans.
Mais René Brisson n’aimait pas que travailler. Il adorait la compagnie de ses semblables. Il manquait rarement les cérémonies religieuses, les réunions des anciens élèves des Frères de l’Instruction Chrétienne, les parties de cartes à la salle littéraire, les “parties” d’huîtres, les soirées dansantes du Centre d’Accueil et plus récemment, les activités de la Société historique. Il avait été particulièrement touché par la décision de S.H.L.M. d’honorer de façon particulière le docteur Thomas-Auguste Brisson, son oncle de qui il avait hérité, dit-on, de l’amour des enfants et d’une sensibilité peu commune. Il laisse dans le deuil sa femme Henriette, ses cinq enfants et deux sœurs, Jeannette Brisson-McGee et Marcelle.