
- Au jour le jour, janvier 1986
Le chemin des sauvages
Il y a près de quatre siècle lorsque nos ancêtres colonisèrent ce coin de pays il était tout naturel que les fleuves et les rivières devinssent les principales voies de communication. Non seulement s’installa-t-on d’abord en bordure de cours d’eau, et ce pour des raisons pratiques fort compréhensibles, mais le Saint-Laurent et ses affluents accélérèrent grandement la pénétration du continent et le développement des échanges commerciaux avec les peuples autochtones.
Comme les premières agglomérations essaimèrent bientôt entre Québec et Montréal l’on dut bientôt songer à une route moins capricieuse et plus sûr que le fleuve. Ainsi le 13 mai 1665 le Conseil supérieur régla alors que “toutes les personnes qui avaient ou qui auraient des clôtures à faire sur le bord du fleuve devaient les mettre en sorte qu’il restât deux perches libres au-dessus des plus hautes marées pour la liberté tant du passage des charrettes et des bestiaux que de la navigation”. Ce chemin de deux perches de largeur, soit trente-six pieds français, fut le premier chemin du Roi de la colonie.
Nous ignorons depuis quand un chemin “semblable” existait sur la rive-sud entre Saint-Lambert et Laprairie. Nous savons par contre qu’envahie par les glaces en hiver, inondée à l’automne et au printemps et labourée par le passage des hommes et des bêtes; cette voie de terre dut souvent être impraticable. Ne l’avait-on pas baptisée avec mépris “le chemin des sauvages” ? Nul doute aussi que les amérindiens avaient dû emprunter ce passage longtemps avant la venue des Européens. De plus on devait y entretenir de nombreux ponts afin de franchir la rivière Saint-Jacques et une bonne douzaine de petits ruisseaux; sans compter cette partie basse appelée le “mouille-pied”.
Bien sûr la route était fort ancienne car les Surprenant, Moquin, Boyer, Racine et autres cultivateurs avaient pris soin depuis longtemps d’y ériger leurs demeures en bordure avec façade sur le fleuve. Et lorsqu’en 1912 on résolut, après trois ans d’hésitation, d’excommunier cette voie antique pour construire un boulevard convenable loin de la grève et de ses inconvénients, tous ces gens durent accepter que le “Chemin de la Côte Saint-Lambert” coupât maintenant leurs terres. Et qui plus est, soudain on verrait à quelque distance de la nouvelle route, non plus les jolies devantures, mais bien l’arrière des habitations. Quelques-unes de ces maisons (e.g. celle de M. Surprenant près du boulevard De Rome) témoignent encore, tristes reliques près du cher fleuve, du tracé du vieux “chemin des sauvages”.
Bref, chacun donnant gratuitement une largeur de cent pieds sur sa terre pour le passage du chemin nouveau, ce ralliement permit de mener à terme le projet. En plus d’ouvrir aux cultivateurs les marchés les plus avantageux, la nouvelle voie permettrait, aux dires de ses promoteurs, d’augmenter la valeur foncière et d’atteindre “un haut degré de développement social et industriel”. Ainsi jusqu’à la construction de la voie maritime (1959) et de l’autoroute actuelle, la route Édouard VII, depuis le pont Victoria, relia Saint-Lambert à Préville, la Côte Saint-Lambert (aujourd’hui Brossard), Laprairie, Saint-Philippe, Saint-Jacques le Mineur et Napierville.
Recherche : Héléna Doré-Désy
Texte : Gaétan Bourdages

- Au jour le jour, janvier 1986
Rencontre du 26 octobre 1985
Une réunion pas comme les autres s’il en fut une. L’assemblée tenait autant des retrouvailles que d’un colloque tant l’atmosphère était à l’enthousiasme. Dans une chaude poignée de main on s’inquiétait de la santé de chacun tout en s’enquérant de la croissance du dernier projet. Point n’est besoin, lors de pareils échanges, de s’inquiéter de la vitalité du groupe.
Notre présidente sut dès le départ cadrer ce mini-colloque dans une atmosphère empreinte de simplicité et de complicité. D’entrée de jeu M. Édouard Doucet, le conférencier invité, entretint le groupe sur l’un des buts premiers des sociétés d’histoire, à savoir : la recherche historique et la diffusion des résultats. Ce fut là l’occasion pour tous d’apprécier chez notre invité ses dons de pédagogue et son ardeur à défendre l’histoire. Il a su démontrer sa capacité d’interroger avec perspicacité les documents historiques et de les interpréter avec justesse.
Suivit Mme Berthe Favreau. Toujours alerte et fort active elle dressa, dans un style bien personnel, un tableau détaillé des récentes, activités des Aînés; de quoi faire rougir de honte les plus jeunes. Plus tard M. Viateur Robert fit le bilan des réalisations du groupe de généalogie et laissa transpirer un peu de secret des projets à venir.
L’audace était également au menu du jour puisque Mme Claire Handfield avoua à tous son intention de mener à terme l’imposante tâche de structurer un mode de gestion et de consultation de l’ensemble de nos archives et de notre documentation. L’enjeu est de taille et l’équipe fort réduite, mais l’acharnement donne souvent des résultats surprenants. N’avions-nous pas d’ailleurs déjà été agréablement surpris par les productions cartographiques de M. Jean-Michel Rouan ? Et beaucoup reste à venir de ce côté semble-t-il!
Les guides bénévoles bénéficièrent de l’intervention de Mme Thérèse Girard. Elle sut habilement mettre en évidence l’extraordinaire évolution du groupe et la disponibilité des Aînés, toujours prêts à dépanner sans préavis.
Plus tard, après une courte pause qui permit au groupe de reprendre son souffle, M. Michel Létourneau servit tout chaud le plat principal. Avec force dessins et explications pertinentes chacun put enfin s’y retrouver dans l’impressionnant et savant dossier des fouilles archéologiques.
Puis c’est en philosophie que le grand argentier lança : “l’argent c’est comme l’oxygène, on commence à en parler lorsqu’on en manque. N’en doutez pas, la preuve est établie, nos argents sont administrés par des mains expertes.
Enfin avant de clore les débats de la journée, j’eus droit à quelques mots sur une éventuelle activité de financement intégrée à un souper-conférence qui devrait avoir lieu quelque part au début du printemps.
Bref une journée lourde de travail mais combien stimulante pour tous les participants. À l’an prochain, peut-être?

- Au jour le jour, janvier 1986
Un mot de la présidente – Du pain sur la planche…
En poste depuis déjà six mois et comme je trouve qu’il y a beaucoup à faire. Je comprends mes prédécesseurs… La Société d’histoire est captivante jour et nuit et malgré les efforts déployés je réalise qu’il reste énormément à faire.
Pourtant, depuis qu’il y a eu “Défi 85”, un projet d’emplois-étudiants. Le groupe de trois employés a fait du bon boulot : une étudiante en arts graphiques a réalisé deux expositions durant l’été, alors que sa compagne, étudiante en tourisme, recevait les groupes de visiteurs. Enfin un adjoint aux archives a aidé à la “finalisation” du projet cartographie “Jos Riel” (index dactylographié de la carte de 1861). Somme toute ce travail efficace fut un apport marquant pour la Société.
Plus tard les Aînés ont fait photocopier les sept microfilms du “Fonds des Biens des Jésuites“ : plus de 12 000 documents en rouleaux, à numéroter, à découper et à classifier. À l’œuvre dès la réception des documents, le Comité des Archives s’est attaqué depuis à la patiente lecture de ces textes et découvre ce faisant des pages, jusque là inconnues, de la passionnante histoire des habitants de chez-nous.
Pour répondre à la demande créée par la diffusion du dépliant intitulé “Train des retrouvailles”, 5 000 actes notariés issus du fonds des Jésuites et couvrant la période 1820-1840 devront être scrutés, répertoriés et indexés. Travail passionnant mais combien essoufflant quand on songe que cette partie du travail doit être terminée avant juin 1986. Il y a donc du pain sur la planche et les collaborateurs éventuels sont les bienvenus.
Il y a eu également des fouilles archéologiques. Le sous-sol des lots 99 et 85 (coin St-Ignace et St-Jean) a été exploré et de nouveaux artéfacts recueillis par les spécialistes d’“Archéos” viendront compléter les découvertes d’”EthnoScop” les précédents archéologues.
Qu’on n’oublie pas au passage le Comité de généalogie, toujours fidèle au poste, qui reçoit les chercheurs tous les mardis soirs. Des cours d’initiation sont offerts aux débutants de tous âges et on y accueille avec enthousiasme de nombreux visiteurs.
Il ne faudrait pas passer sous silence la “journée d’amitié” du 26 octobre où les amis de l’histoire ont pris un contact particulier avec nos activités et ont manifesté leur désir de s’impliquer davantage dans la réalisation des projets de 1986.
En ce qui concerne l’organisation des fêtes du 150e anniversaire du premier train canadien, l’exécutif de la S.H.L.M. s’est joint à l’automne dernier aux élus municipaux de La Prairie ainsi qu’aux représentants de quelques groupements sociaux pour répondre à l’invitation de la compagnie Via Rail. Tous transportés dans de luxueux wagons de Brosseau (Brossard) à la gare de Saint-Jean, avec en tête de ligne l’impressionnante LRC. Le voyage et la cérémonie qui s’ensuivit devaient commémorer la pose du dernier crampon du chemin de fer de 1836. Nous étions du coup tous conquis et prêts…pour de belles fêtes à La Prairie en 1986.
Récemment, monsieur Denis Lamarche, maire de La Prairie, et les conseillers municipaux ont confié à M. André Taillon, ancien président de notre Société, le mandat de coordonner l’organisation des “Fêtes du 150e anniversaire du premier train canadien”. Nous ne pouvons que les féliciter de ce choix et assurer M. Taillon de notre étroite collaboration lors de la préparation de ces fêtes. L’année 1986 s’annonce donc riche en projets de toutes sortes : souper bénéfice, conférences, publications, expositions, centenaire de l’arrivée des Frères de l’Instruction chrétienne et fêtes du 150e anniversaire du premier train canadien. Vous comprendrez que l’implication de tous et chacun d’entre nous est indispensable à la réalisation d’objectifs aussi intimement liés à la mise en valeur de notre patrimoine local.

- Au jour le jour, janvier 1986
Frères de l’instruction chrétienne: 100 ans au Québec
L’année 1986 marquera pour les Frères de l’Instruction chrétienne le centenaire de leur établissement au Québec. C’est en effet le vendredi 21 mai 1886 qu’arrivait à Montréal, chez les Jésuites du collège Sainte-Marie, le Frère Ulysse Baron, un solide Breton qui venait de passer dix ans à Saint-Pierre et Miquelon.
Le Frère Ulysse accueillera bientôt cinq autres de ses confrères et, dès le mois de septembre 1886, tous seront au travail : quatre au collège Sainte-Marie et deux à l’école du village de Chambly.
Répondant à l’appel des évêques de la métropole et suivant l’exemple des Frères des Écoles chrétiennes (1837), les Frères enseignants avaient déjà commencé à s’implanter au Québec : Saint-Viateur (1847), Sainte-Croix (1847), Sacré-Cœur (1872, Maristes (1885).
Les Frères de l’Instruction chrétienne, pour leur part, furent fondés en France, en 1819, au lendemain de la Révolution française par Gabriel Deshayes et Jean de la Mennais. Avec les années, ils couvrirent peu à peu les cinq départements bretons et s’empressèrent de donner suite aux appels de service dans les colonies françaises : Guadeloupe (1838), Martinique (1839), Sénégal (1841), Saint-Pierre et Miquelon (1842), Guyane (1843) et Tahiti (1860). Puis, viendront Haïti en 1864 et le Québec en 1886.
Au nombre de six à leur arrivée en 1886, les Frères seront soixante-quinze, dix ans après, répartis en seize écoles. Et quand viendra en 1903 la suppression des congrégations religieuses en France, plus de cent FIC demanderont l’hospitalité au Québec en retour d’une contribution quotidienne et généreuse à l’instruction et à l’éducation chrétienne des enfants du peuple. Et pour bon nombre d’entre eux, cela durera vingt, quarante et même soixante ans et plus.
S’ils tiennent à diriger les écoles publiques qu’on leur confie parce qu’ils croient à l’éducation chrétienne et à des principes pédagogiques qui ont fait leurs preuves, ils collaborent volontiers à des œuvres déjà mises sur pied au Manitoba, en Ontario, aux États-Unis. Au Québec, ils prêteront longtemps leurs services dans les collèges des Jésuites (Sainte-Marie, Loyola, Brébeuf), au collège de Saint-Jean et à celui de Mont-Laurier. Et quand arrivera l’année du Jubilé en 1936, on retrouvera les Frères aussi bien dans les régions de Montréal, de Québec et de la Mauricie que dans celles de l’Estrie et d’Ottawa-Hull. En tout, 700 Frères répartis en 60 établissements.
Leurs traditions pédagogiques, ce sont celles que leur ont transmises les Frères venus d’Europe (262 entre 1886 et 1922); ce sont aussi celles qu’ils ont eux-mêmes mises par écrit et offertes à leurs jeunes confrères qui arrivaient des scolasticats de LaPrairie, de Pointe-du-Lac ou d’Alfred. Celles qu’ils ont également présentées à leurs collègues de l’enseignement primaire et secondaire du Québec. Les plus âgés de nos lecteurs auront vu ou utilisé l’un ou l’autre des volumes suivants : Méthode de lecture, Cours de langue française, Lectures littéraires, Éléments de Géométrie, Éléments d’Algèbre, Notions de Trigonométrie, Éléments de Philosophie, Histoire Sainte, Recueil de Cantiques, Mots usuels, etc.
Les œuvres les plus célèbres d’avant-guerre furent sans aucun doute La Classe en Anglais, série de cinq volumes constituant un cours complet de langue anglaise et le fameux Cours de langue française, communément baptisé la grammaire du frère Louis-Arsène ou plus familièrement La Brique.
Peut-on passer sous silence L’Abeille périodique fondé en 1925 et qui fit les délices de milliers de jeunes pendant plus d’un quart de siècle?
L’après-guerre et les décennies suivantes amènent des changements de programmes, de méthodes, de manuels. Les FIC demeureront dans l’édition et offriront aux professeurs la revue L’ÉCOLE qui rejoindra chaque mois quelque 33 000 d’entre eux. Quant à L’Étudiant destiné aux élèves du primaire et du secondaire, il atteindra 210 000 jeunes à chaque parution. Le domaine des productions scolaires sera sans cesse bien fourni en français, histoire nationale, connaissances usuelles et mathématiques. La collection Mathématiques nouvelles a couvert le Québec pendant vingt ans et elle est encore en demande pendant qu’une autre collection D’un infini à l’autre prend la relève.
La Bonne Chanson, idée originale de l’abbé C.-E. Gadbois, poursuit toujours l’œuvre de son fondateur grâce aux Entreprises culturelles, maison d’édition qui publie les œuvres des frères et de leurs collaborateurs.
Et que dire de l’aide apportée aux pays du Tiers-Monde? Il y a des FIC québécois en Haïti depuis 1903. Ils furent jadis en Égypte et ils maintiennent leur présence en Uganda (1926), au Kenya (1931), en Tanzanie (1946) et au Japon (1951). Depuis 1968, ils sont également en poste au Burundi, au Rwanda et au Zaïre.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, les descendants spirituels de ces vaillants Bretons sont encore 500 répartis au Québec, au Nouveau-Brunswick et aux États-Unis. Beaucoup sont à leur retraite; d’autres oeuvrent dans des organismes diocésains ou paroissiaux comme responsables ou bénévoles.
On les retrouve aussi dans l’enseignement à Dolbeau, Saint-Romuald, Pointe-du-Lac, Cap-Rouge, Philipsburg, Oka, La Prairie, Plattsburg (NY) et Canton (OH) où ils dirigent externats et pensionnats, certains d’entre eux à orientation vocationnelle.
Et, dans l’enseignement public, les Frères travaillent dans plus de deux douzaines d’établissements au collégial, au secondaire, au primaire ou dans les services administratifs des commissions scolaires.
Leur joie, c’est d’avoir été utile à la société et de constater que là où leurs collègues plus jeunes oeuvrent encore, ils peuvent rendre maints services dans le monde si complexe de l’enseignement.
Et le centenaire :
Les Frères de l’Instruction chrétienne d’Amérique du Nord tiennent à célébrer ce premier centenaire de l’arrivée du Frère Ulysse Baron et de ses cinq compagnons d’armes.
Ils ont aussi à cœur de souligner l’apport important des 255 autres Frères français qui sont venus, entre 1886 et 1922, mettre leur savoir-faire, leur ténacité et leur désintéressement au service de la jeunesse du nouveau continent.
Leur premier geste en fut un de reconnaissance et ils le posèrent le samedi 19 octobre dernier, à la Maison mère de La Prairie, alors que le Frère Roch Bourbonnais, provincial de La Prairie, accueillit une délégation internationale composée du conseil général et des provinciaux de toutes les parties de la Congrégation, c’est-à-dire des cinq continents.
Ce fut aussi l’occasion de dire toute leur admiration et leur fierté pour cette race de bâtisseurs dont les noms et les actions sont synonymes d’un valeureux passé. Et au cas où la mémoire viendrait à faillir, une plaque de bronze inaugurée par le Frère Bernard Gaudeul, supérieur général, rappellera aux générations présentes et futures les réalisations de leurs prédécesseurs.

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Le fonds des Jésuites
Il y a déjà 8 ans monsieur Jacques Denault, de la Société canadienne du Microfilm, informait Mme Patricia McGee-Fontaine, notre actuelle présidente, que les documents des Jésuites relatifs à LaPrairie étaient conservés à Québec depuis 1940 et qu’il était certainement possible de les récupérer.
Dès cette époque madame Fontaine s’Est empressée de faire les demandes nécessaires auprès de M. Jacques Grimard conservateur des Archives nationales à Québec. Ce dernier s’était d’ailleurs déjà intéressé au Fonds Élisée Choquet.
Différentes démarches furent effectuées tant aux Archives nationales à Québec qu’aux bureaux de Montréal. Ce n’est qu’il y a deux ans que nous avons appris que la classification complète du Fonds Élisée Choquet était enfin achevée et que de ce fait le rapatriement des documents seigneuriaux était devenu chose possible.
La Société historique de Laprairie a donc reçu pendant l’été 1984, douze mille documents se rapportant à l’administration de la seigneurie par les Pères Jésuites durant la période s’étendant de 1647 à 1876.
Mais nous n’étions pas pour autant au bout de nos peines puisque ces milliers de documents étaient autant de microfiches qu’on avait jointes pour former sept longs microfilms. Il fallut donc se procurer d’urgence une visionneuse, lire une fois toute la documentation et reproduire les microfilms sur papier afin d’en rendre la classification possible. Le travail fut ardu à cause du très grand nombre de pièces et du petit format (16 mm) des clichés. Qu’à cela ne tienne, la pagination et le découpage sont maintenant en cours de réalisation. Simultanément une classification particulière identifiée par les “costes” et également par la chronologie des évènements s’effectue.
Suite à ces efforts la Société historique a donc pu, dans un premier temps, produite une liste complète des documents contenus dans le fonds des Jésuites. C’est ainsi que nous y retrouvons des actes légaux concernant :
1.les concessions des terres aux premiers colons de la région.
2. les achats de terrains par les Jésuites
3. les cens et rentes
4. les procès-verbaux d’arpentage
5. les déclarations et reconnaissances des censitaires envers les seigneurs Jésuites.
6. le recensement seigneurial
7. les biens administratifs des Jésuites tels que les baux des moulins.
8. les procès administratifs pour rentes non payées.
9. des documents permettant d’identifier les individus ayant occupé des sites précis dans la seigneurie
Dans un proche avenir de nombreux cahiers-index seront rédigés à la fois selon l’ordre alphabétique et selon l’ordre chronologique, et aussi en fonction de certains thèmes. Ces cahiers-index seront ensuite mis à la disposition de tous ceux qui voudront ou qui auront besoin de les consulter puisqu’à partir des informations recueillies chacun arrivera à situer physiquement l’endroit où certains parmi ses ancêtres habitaient à l’intérieur de l’immense seigneurie de Laprairie de la Magdeleine.
Comme chacun de nous peut le constater, il y a une foule de sujets à fouiller et de plus d’une façon, selon le centre d’intérêt de chacun. Si vous en avez le goût et que vous soyez curieux et patient à fouiller, il ne vous reste qu’à communiquer avec notre directrice des Archives; Mme Claire Handfield. Elle se fera un plaisir particulier à vous guider dans les dédales des milliers de documents dont nous avons la garde.

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Les noms des lieux
Fontarabie
Les Pères Jésuites, seigneurs de la Seigneurie de LaPrairie, décident en février 1699 de l’ouverture d’une nouvelle côte : c’est Fontarabie. L’arpentage en est fait par Gédéon de Catalogne.
Il semble bien que ce range doive son nom à Pierre Legros dit Fontarabie, jeune soldat français du fort des Trois-Rivières. Accoutumé à la vie des “sauvages” et fidèle compagnon des Jésuites, Pierre Legros accompagnait souvent ces derniers dans leurs périples chez les amérindiens. Le 10 mai 1652 lui et le Père Jacques Buteux furent surpris, attaqués et tués par les Iroquois. Leurs corps furent par la suite dénudés et jetés à la rivière St-Maurice près de la chute de Shawinigan. Il est loisible de croire que les Jésuites aient décidé de laisser le nom de Fontarabie à une côte de leur seigneurie en souvenir de ce courageux compagnon mort avec l’un des leurs.
D’ailleurs les Ursulines de Trois-Rivières ont aussi donné ce nom à un rang dans la paroisse de Sainte-Ursule dans le comté de Maskinongé.
Rivière Saint-Jacques
Le 7 juin 1611, Champlain part en reconnaissance sur la rivière Saint-Jacques, “par où vont quelquefois les Sauvages à la guerre, qui va se rendre au sault de la rivière des Iroquois (riv. Richelieu)”; il la trouve “fort plaisante, y ayant plus de trois lieues de circuit de prairies et force terres qui se peuvent labourer”. Cependant, sur la carte de la région qu’il dresse à cette époque, Champlain désigne la rivière Saint-Jacques sous l’appellation de “petite rivière”. Deux hypothèses ont été retenues quant à l’origine du nom actuel : la première porte à croire que les Jésuites lui auraient donné le nom de Jacques de la Ferté, abbé de la Madeleine supposé donateur de la seigneurie. Or, il n'est pas du tout certain que Jacques de la Ferté soit le bienfaiteur des Jésuites, du moins en ce qui concerne LaPrairie.
La seconde hypothèse voudrait que ce soit Jacques Frémin s.j. qui ait laissé son nom au cours d’eau. Né à Reims le 12 mars 1628, il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Paris le 21 novembre 1646 et se trouve à Québec dès 1655. L’année suivante, il est envoyé à Onnontagué et il servira au pays des Iroquois jusqu’à ce qu’il soit obligé en 1680 de se retirer à Québec à cause de nombreuses infirmités. Jacques Frémin est le second curé de la mission Saint-François-Xavier-des-Prés de LaPrairie, du 2 novembre 1671 au 20 juillet 1672. Or la première mention connue du nom de rivière Saint-Jacques apparaît dans un contrat du notaire Tissot en 1672 : est-ce suffisant pour croire en la seconde hypothèse?
Source des informations :
CHEVALIER, Joseph. Laprairie; notes historiques à l’occasion du centenaire de la consécration de l’église. Laprairie, 1941. Page 254.
ROCHEMONTEIX, Camille de. Les Jésuites et la Nouvelle-France. (au XVIIe s.). Letouzy et Ané, Editeurs. Paris, 1895. Tome II p. 406 note 2 et Tome III p. 365 note 5.
Candiac
Le nom de Candiac rappelle le domaine de Candiac où la famille de Montcalm possédait un château. Situé dans le Languedoc, cet endroit est le lieu de naissance du marquis de Montcalm.
La ville de Candiac est née le 31 janvier 1957 sur un domaine de 105 millions de pieds carrés acheté par la Candiac Development Corporation, société québécoise de placements et aménagements immobiliers. L’agglomération pourra recevoir 50 000 habitants et 400 acres seront réservés à l’industrie. Cependant, elle ne commencera vraiment à se développer qu’en 1959 et, en mars 1963, elle ne compte que 2 000 résidents. Aujourd’hui la ville peut s’enorgueillir d’un parc industriel bien garni et sa population dépasse les 8 500 habitants.
N.B. Une partie des informations qui précèdent est tirée de LA PRESSE du 22 novembre 1956.

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Documents
À l’occasion des fêtes du 150e anniversaire du premier train canadien, la direction du Bastion offre à ses lecteurs la copie exacte d’un document de l’époque relié à l’histoire de ce premier chemin de fer.
Pardevant les notaires publics du District de Montréal, province du Bas Canada, résidant au village Laprairie de LaMagdeleine, dans le Comté de Laprairie, soussignés.
Furent présents Gabriel Marchand, Écuyer de la paroisse St Jean l’Évangéliste et Hubert Bourassa, Écuyer de la paroisse la Nativité de Notre-Dame dite Laprairie de LaMagdeleine, arbitres nommés : savoir le dit Gabriel Marchand, Écuyer par William Dobie Lindsay, Écuyer, en sa qualité d’Agent de la Compagnie des propriétaires du chemin à lisses de Champlain et du St-Laurent, et le dit Hubert Bourassa par Edme Henry, Écuyer, Agent de la Seigneurie Laprairie, aux fait d’évaluer et mesurer certains terrains dont la dire compagnie a besoin pour l’usage du dit chemin près du dit village Laprairie étant tout le terrain dont la dit Compagnie peut avoir besoin à l’extrémité Sud-ouest du dit village Laprairie et au côté Sud-ouest du chemin de St-Philippe, lequel terrain appartient en pleine propriété à Sa Majesté, comme faisant partie du domaine de la dite Seigneurie Laprairie de LaMagdeleine.
Lesquels dits arbitres nous ont dit et déclarés, qu’à la réquisition des dits Sieurs Edme Henry et William D. Lindsay en leurs dites qualités, ils se sont rencontrés dans le cours de l’hiver dernier au dit village Laprairie afin de procéder à l’évaluation du susdit terrain et que s’étant trouvés d’avis contraire ils sont convenus de référer la nomination d’un tiers-arbitres aux dits Sieurs Edme Henry et W.D. Lindsay lesquels ont nommé la personne de Laurence Kidd, Écuyer, marchand de la cité de Montréal, pour tiers-arbitres.
Et de suite le dit Laurence Kidd, Écuyer, étant ainsi comparan avec les dits Sieurs Gabriel Marchand et Hubert Bourassa, les dits arbitres et tiers-arbitres, nous ont dit et déclaré qu’ils se sont assemblés de nouveau au dit village Laprairie, à la demeure de Sr. Monza Hotchkiss, aubergiste, aujourd’hui, le quatorze de juillet, mil huit cent trente six, qu’ils se sont personnellement transportés sur le terrain à estimer, ils ont fait la visite et examina aussi bien que de tous plans et documents y relatifs et après avoir maintenant délibéré sur le tout les dits Sieurs Marchand et Kidd se sont trouvés d’opinion unanime et le dit Sieur Bourassa a déclaré différer d’opinion avec le premier quart au quatrième de leur évaluation.

En conséquence les dits Srs Gabriel Marchand et Laurence Kidd ont unanimement et d’un commun avis fait le rapport qui suit : Savoir, Que la compagnie des propriétaires dudit chemin à lisses prend et occupe tout le terrain appartenant à Sa Majesté, au dit côté Sud-ouest du dit village Laprairie et compris dans les bornes suivantes, c’est-à-dire à prendre de la distance des quarantes pieds de la ligne latérale sud-ouest de l’emplacement du nommé Louis Amable Marie dit Ste-Marie, qui est le dernier emplacement du dit village et de là prendre tout le terrain qui se trouve au côté Nord-Ouest de chemin de St-Philippe jusqu’à la distance de trente pieds au Sud-ouest du moulin à vent, s’étendant depuis le dit chemin de St-Philippe jusqu’à la grève du fleuve St-Laurent, alors et dans ce cas, la dite Compagnie sera tenue de payer à Sa Majesté la somme de cinq shellings, cours actuel, pour toute et chaque toise en superficie du sudit terrain, d’après le mesurage qui en sera fait, bien entendu que la dite compagnie ne paiera rien pour la partie de terrain qui sera occupée par le chemin qui conduit au dit village à la côte Ste-Catherine – que si la dite Compagnie juge à propos, de n’occuper qu’une certaine partie du sudit terrain et non la totalité —– d’icelui, alors et dans ce cas, la dite Compagnie des propriétaires du dit chemin à lisses sera tenue de payé la somme de sept shellings et six deniers, cours actuel, pour chaque toise en superficie de la partie qu’elle occupera, avec les cents et rentes foncières seigneurial et (…..) au dit village Laprairie, soit que ce soit pour le tout, pour partie au dit terrain.

De tout a que dessus dits —– arbitres nommés ayant requis acte nous leur avons octroyés le présent au dit Village LaPrairie, en l’étude des notaires soussignés, qui ont signé avec les dits Gabriel Marchand et Laurence Kidd, Écuyer, quant au dit Hubert Bourassa à déclaré ne savoir le faire, de ce requis, à fait sa marque, lecture fait, l’an mil huit cent trente six, le quatorze de juillet après-midi (Signé) Gab. Marchand. Lau. Kidd, Hubert (x) Bourassa (Signé) Bte Varin et L.A. Moreau N.P. Appert à la minute des présentes restée en l’étude du soussigné.
L.A. Moreau
Recherche et retranscription : Mme Claire Handfield.
Le 21 juillet 1836, notre premier train entrait dans l’histoire et lançait l’entreprise qui devait ouvrir un continent et unir une jeune nation.

- Au jour le jour, janvier 1986
Éditorial – Un Bastion pour tout le monde?
Que cela plaise ou non, il faut bien l’admettre, malgré ses treize années d’existence et les multiples efforts de diffusion, à l’intérieur des limites de LaPrairie la Société historique reste peu ou pas connue. D’aucuns la perçoivent toujours comme une assemblée savante qui a su garder les curieux à distance. Et pourtant elle se meut, travaille fort et avance à petits pas incertains.
Que lui faut-il faire alors pour être plus et mieux connue et attirer les collaborateurs en plus grand nombre? Certains songent à ouvrir les portes du “Vieux marché” plus fréquemment, d’autres parlent d’une présence plus assidue dans les média régionaux, tandis que des groupuscules de nos membres s’épuisent dans des recherches sans intérêt pour le grand public. Ne vaudrait-il pas mieux savoir avec sagesse repartager les énergies et repenser nos actions à long terme? La recherche pure c’est bien honorable mais ce n’est certes pas le meilleur moyen de gagner l’appui de nos concitoyens. Et puis, soyons réalistes, nous sommes si peu nombreux à mettre l’épaule à la roue.
Pourtant il y va de notre survie que nous obtenions la sympathie du plus grand nombre. Pour y parvenir (i.e. changer notre image) les publications doivent se faire plus nombreuses, moins savantes et répondre aux attentes de ceux qui composent notre vraie clientèle : écoliers, résidents des quartiers neufs, gens d’affaires, avec bien sûr ceux qui étaient déjà là il y a plus de vingt ans.
Cessons donc de produire des travaux qui n’intéressent que quelques-uns de nos membres et demandons-nous sérieusement ce que le public attend d’une Société comme la nôtre. Devenons plus populaires sans être populistes. La toponymie, la petite histoire, les légendes et la généalogie ça peut intéresser beaucoup plus de monde à condition de savoir s’y prendre.
D’ailleurs un premier pas a déjà été fait en ce sens puisque depuis peu le Bastion et les autres cahiers de la Société sont présents à la bibliothèque municipale. Allez-y, n’hésitez pas, prenez un crayon et un bout de papier et écrivez quelque chose de votre histoire qu’il vous plairait de raconter simplement. Essayez et vous verrez que l’exercice n’est pas si difficile. Et c’est ainsi que peu à peu nous rendrons ensemble l’histoire plus séduisante.
Cette nouvelle attitude ne limiterait en rien la poursuite d’études plus savantes; elles demeurent tout de même l’un de rôles majeurs de notre groupe. Mais toute recherche ne doit-elle pas servir la diffusion? Mieux connaître notre histoire pour mieux la transmettre à nos concitoyens c’est faire œuvre de patriotisme et de culture. Et une production qui ne servirait qu’à garnir tablettes et classeurs serait peine perdue.
Bref profitons de l’attrait des fêtes de 150e anniversaire du premier train pour pénétrer dans tous les foyers de LaPrairie. Sachons écrire des choses que les gens souhaitent lire et vous verrez comme nous serons mieux appréciés de tous. Sous peu on viendra d’ailleurs prendre exemple ici.
N.L.D.R. Les propos qui précèdent n’engagent que leur signataire.


- Au jour le jour, janvier 1986
Le Bastion
Bulletin officiel de la Société Historique de La Prairie de la Magdeleine
C.P. 131, La Prairie
P.Q. J5R-3Y2
Rédacteur en chef : Gaétan Bourdages
Collaborateurs à ce numéro :
André Taillon
Jean-Michel Rouan
Héléna Doré-Désy
Patricia McGee-Fontaine
Jean Laprotte f.i.c.
Gaétan Bourdages
Montage :
Paul Hébert
Michel Létourneau
Henri-Paul Rousseau
André Taillon
Photographies : Gaétan Bourdages
Graphismes : Henri-Paul Rousseau
Page couverture : Michel Létourneau
Services techniques : Imprimerie Longueuil Limitée
Dépôt légal : Second trimestre 1982