- Au jour le jour, décembre 1996
La SHLM : un lieu de rassemblement
Observez avec attention ce nouveau logo qui apparaît à gauche de cette page. Ce dessin sera maintenant associé à toute publication reliée aux fêtes du 25e anniversaire de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine.
Un lieu de rassemblement
Au cours des 25 dernières années, la SHLM est devenue un lieu de rencontre et d’échange pour de nombreux membres. Ceux-ci, de différentes manières, ont manifesté de façon concrète l’estime et l’intérêt qu’ils vouaient à la SHLM. L’objectif premier s’est maintenu avec les années : faire de la recherche et promouvoir la conservation du patrimoine historique de La Prairie. Sans l’appui de ses membres et amis, la SHLM n’aurait pu cheminer aussi rapidement et offrir, après 25 ans, un bilan impressionnant de réalisations. Soulignons que le 249, rue Ste-Marie à La Prairie loge dans un édifice dont la ville est propriétaire depuis sa construction en 1863. Depuis 25 ans, les conseils municipaux successifs ont gracieusement mis ce local à la disposition de la SHLM. C’est un avantage d’importance qui mérite d’être mentionné.
Le quartier du Vieux-La Prairie, devenu « Arrondissement historique » en 1975, a servi d’élément rassembleur aux premiers visionnaires qui ont entrevu le potentiel du secteur. En lieu et place d’une démolition prévisible des maisons et rues, ils ont proposé une mise en marche de plans de sauvegarde. Autour de l’église de 1841 se trouve un quartier que le Ministère de la Culture du Québec propose à titre de « Témoin exemplaire d’un village québécois, fin XIXe siècle ».
Nombreux sont les intervenants qui ont contribué à ce moment de sauvegarde. Plusieurs maisons ont été rénovées et embellies, offrant aux visiteurs des « bijoux » du patrimoine. Ce mouvement de conservation ira en s’accentuant avec les années, nous en sommes persuadés. À la connaissance actuelle de l’histoire de chaque maison viendra s’ajouter le fruit des recherches historiques et archéologiques qui se continuent.
À suivre…
Claudette Houde
- Au jour le jour, décembre 1996
Emmanuel Desrosiers
Pour souligner la Noël 1996, notre bulletin de décembre propose un retour à l’année 1930. En lisant ce conte, chacun pourra imaginer certains aspects de La Prairie à l'époque.
L'auteur, Emmanuel Desrosiers (1897-1945), raconte le paysage d'hiver, l'atmosphère chaleureuse dans laquelle baignaient nos ancêtres d'alors. Pour le citadin qu'il était devenu, bien malgré lui, La Prairie c'était la campagne, la belle campagne où la nature a conservé ses attraits et sa beauté. La maison paternelle, aujourd’hui démolie et qui l'avait vu naître, était située sur les rives du St-Laurent à l'extrémité nord-ouest de l’actuel Boulevard Salaberry. Pour son village natal, ses habitants et ses maisons, Emmanuel Desrosiers conservait dans son cœur un profond attachement.
L'auteur revenait souvent à La Prairie. Il aimait contempler le beau fleuve camouflé sous un manteau de neige, ou encore celui qui descendait inlassablement vers la mer en laissant au passage l'abondance d’une grande variété de poissons.
Il apparaît tout naturel qu'il situe son conte dans le climat religieux du début du siècle. Noël et la messe de minuit marquaient le point culminant des Fêtes d’hiver. Le petit Roger anticipe le merveilleux de cette messe, célébrée dans la belle et grande église bâtie en 1841 et dont le fier clocher marque encore aujourd’hui le cœur du village.
Il a collaboré à de nombreuses revues et magazines ainsi qu’aux journaux La Presse et Le Devoir.
Décédé prématurément à l'âge de 47 ans, Emmanuel Desrosiers n’a pas été en mesure de livrer par l’écriture toutes les idées qui bouillonnaient dans sa tête. Ses obligations familiales ont freiné son désir d’expression; il a cependant fait publier en 1931 LA FIN DE LA TERRE, œuvre d’anticipation scientifique. Dans son volume, il établit le centre où les savants organisent la fuite vers la planète Mars sur l’Île au Diable, en plein Rapides de Lachine. À l’époque, cette île était rattachée au territoire de la paroisse de La Prairie. Le chaos universel rend impossible la vie sur Terre et les humains rescapés fuient cette terre en l'an 2406.
Emmanuel Desrosiers prodiguait largement sa tendresse envers les enfants en qui il entrevoyait les artisans d’un avenir meilleur.
- Au jour le jour, décembre 1996
Vœux du Président et du Conseil
Le Conseil de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine offre à chacun de ses membres ses meilleurs vœux pour l’année 1997.
Nous souhaitons que tous puissent vivre la réalisation de leurs aspirations les plus profondes.
Joyeux Noël
Bonne année
Jean L’Heureux
Président
- Au jour le jour, décembre 1996
La première messe de minuit de Roger
Conte de Noël par Emmanuel Desrosiers
L’oncle Pierre et le petit Roger étaient les deux meilleurs amis du monde. L’oncle pouvait avoir trente ans et le neveu n'en avait que huit. Le bambin ne connaissait presque pas la campagne. Il y avait bien « ma tante Mène » qui l'avait emmené passer quelques jours à Carillon, mais il n’avait pas eu le temps de visiter la forêt, de surprendre les nids, de s’écorcher les pieds aux roches de la grève.
L'oncle avait toujours vécu en plein terroir à quelques milles de la métropole. Maintenant ses occupations le retenaient constamment en ville et c'était bien à regret qu'il se voyait privé des magnifiques couchers de soleil de la baie de Laprairie où il habitait autrefois.
L’automne était déjà venu. Les feuilles jaunissaient et la tourmente les secouait pour les faire tomber; à côté des trottoirs, elles s’amoncelaient et les enfants les piétinaient sans relâche. Les cimes dénudées laissaient apercevoir le bleu infini du firmament que traversait quelquefois un pauvre nuage blanc. L'oncle Pierre aurait voulu la forêt, un dos de pierres à travers les fougères sanglantes, et le matin, un peu de glace qu'on brise avec le pied au bord d'un ruisseau. La rue large où l'automne des villes se mourait ne lui suffisait pas; il aurait voulu toutes les feuilles des bois pour y faire reposer le grand corps imaginaire de l'automne mourant.
Le petit Roger ne sortait guère. Aussitôt revenu de l’école, il collait son front à la fenêtre et regardait la chute des feuilles. Dans l’automne triste et froid, il ébaucha un grand rêve secret. Personne d'autre que l’oncle Pierre ne devait le connaître.
Les jours passaient et novembre couvrit de neige les toits, les trottoirs, les rues. Or, un soir que la rafale secouait les branches des rares arbres de la rue, Roger vint en coup de vent dire à sa maman : « Dis, maman, je vais à la messe de minuit, cette année, ce sera ma première messe de minuit? » La mère serra l'enfant dans ses bras : « Tu iras, mais il y a encore beaucoup de temps pour cela, il reste près d'un mois. »
« Je sais, dit le petit, mais vois-tu, j'irai à la campagne avec l'oncle Pierre, nous assisterons tous les deux à la messe de minuit dans sa paroisse natale, à Laprairie. »
La maman consentit. Roger était délicat et l'air de la campagne même en décembre, lui ferait du bien. C'était la veille de Noël. Le soir du 24 décembre était arrivé. De lourds nuages gris qui s’amoncelaient depuis le matin, s'étaient enfin laissé déchirer par la bise et la neige tombait par gros flocons tournoyants; elle se collait aux paupières et fondait sur les fourrures et le drap des paletots. L’oncle et Roger avaient pris le train à la gare Bonaventure, après une heure de trajet, ils seraient à Laprairie et un peu plus tard, le petit assisterait à sa première messe de minuit.
Dans le train, il faisait froid, on était encore à l’époque des lampes à pétrole et de ces grosses fournaises en forme d’œuf qui réchauffaient faiblement les convois de chemin de fer. L'enfant, pourtant chaudement habillé, se pressait sur l'oncle Pierre. De temps à autre il levait les yeux et celui-là lisait au fond de ses prunelles tout un monde de questions : il voyait l'ovale du beau visage, un peu pâle ce soir-là, changer avec les ans; il savait que demain la grande question muette que posaient les yeux du bambin, aurait sa réponse. L'enfant ferait place à l'homme, et quel serait cet homme?
Au dehors, les papillons de neige suivaient le train qui filait à travers la campagne; un vent léger doucement les éparpillait, et quand il était passé, les flocons blancs se rassemblaient et montaient à l'assaut des fenêtres du wagon. Là-bas des lueurs dansaient, étendu sur la plaine, c'était Laprairie.
L'oncle Pierre et Roger avaient pris place au jubé de l’épître dans le vieux banc de famille. De là, on voyait tout l’intérieur richement décoré cette nuit-là. Au-dessus du maître-autel de bronze, les Sœurs avaient installé un grand manteau royal de pourpre et d'hermine; partout des fleurs étalaient leurs couleurs vives et des banderoles blanches et jaunes se perdaient sous les voûtes. À l'autel de saint François-Xavier on avait dressé la crèche qui se cachait sous les sapins et qu'un rocher de toile grise semblait écraser. Tout à coup l'orgue s'émeut, et le « Minuit, chrétiens » d'Adam résonne, la messe commence. Puis l'oncle prend la main de Roger et tous deux descendent vers la table sainte qui se dresse là-bas dans le chœur fleuri et illuminé. Ils s'approchent à pas menus, et la nappe dans les mains, attendent le Pain de Vie. L'enfant regarde le prêtre qui vient, ses yeux se ferment et le petit Jésus de Noël descend dans son âme. Ils s'en vont maintenant vers leur banc et dans le recueillement la première messe de minuit de Roger s'achève.
Plus tard à travers la nuit neigeuse, l'enfant s'était pendu au bras de l'oncle; les pieds enfonçaient dans le tapis que la rafale avait tissé pendant que l'on chantait les vieux « Noëls » à l'église paroissiale. Le bambin n'avait pas sommeil, il rêvait éveillé. À la maison, après le réveillon, il s'en fut trouver l'oncle près du poêle et se jeta à son cou : « Oncle Pierre, dit-il, j'ai promis quelque chose au petit Jésus. Je veux être prêtre un jour, et chanter ma première messe à minuit le jour de Noël. Mais n’en dites rien, ce sera notre secret à nous deux. »
L’oncle Pierre est ému. Il caresse longtemps la tête résolue de l'enfant; il sent le petit corps palpiter : il pense aux morsures que la vie fait quelquefois au cœur des jeunes et deux larmes irisent ses paupières. L'enfant a vu cela : « Qu'as-tu, mon oncle à pleurer? », mais l'oncle peut-il expliquer à son neveu l'émotion qui le gagne? Non. Il l'embrasse cependant et le petit s'en va terminer sa nuit de Noël sous les combles, bien au chaud.
Au dehors, la neige ne tombait plus. Le ciel était clair, limpide comme l'âme de Roger. Quinze ans se sont passés. La première messe de minuit de l’enfant de jadis est très loin déjà. Roger est maintenant un homme. Il a tenu sa promesse et le secret qu’il gardait avec l'oncle Pierre, n'a pas été dévoilé. Le père et la mère ne savent pas que leur fils, par permission spéciale, doit chanter sa première messe à minuit le jour de Noël. Mais le temps est arrivé d'avouer à la mère le grand secret. L’oncle s’en chargera. C'est un secret si doux à dire, surtout à une maman.
Le réveillon a lieu chez la mère qui n'a pas oublié les tartes au sucre à la crème que le petit mangeait avec tant d’appétit autrefois. Quand tout est fini, dans la nuit qui s'achève, le prêtre va trouver l'oncle au salon. Il ne dit rien mais deux larmes à son tour, irisent ses paupières. Il pense à cette messe de minuit d'il y a quinze ans, il ne résiste pas et pose ses lèvres sur le front de l'oncle Pierre.
Au dehors, l'hiver avait mobilisé les tempêtes et l'assaut de la ville était terrible. Le vent hurlait à travers les rues froides, il soulevait la poudre des toits et amoncelait près des portes, dans les cours, ses embûches de neige.
L'oncle pensait que la vie n’avait pas mordu le cœur de l'enfant, il était prêtre comme il l'avait dit. Alors une grande joie inonda son cœur.
- Au jour le jour, décembre 1996
Retour de la messe de minuit à La Prairie
Noël 1933, La Presse
L’église de la Nativité et son clocher forment l'arrière-scène de ce croquis d'hiver, sous la neige. Le cheval et la voiture constituaient encore le principal moyen de transport, particulièrement pour les cultivateurs. L'illustration de la rue Ste-Marie permet de visualiser les nombreux édifices qui la bordent, ce que les photographies d'époque confirment. Ils ont depuis été rasés par les flammes. Au tout premier plan, à droite, se trouve une portion du local actuel de la SHLM ainsi que de la Société littéraire. L'auteur du conte de Noël, daté de 1930, était un familier du secteur. Ses parents, anciens fermiers, demeuraient à l'époque tout près, rue St-Jacques.
E. Desrosiers fréquentait le docteur T. A. Brisson et l'abbé É. Choquet, tous deux passionnés de l'histoire de La Prairie et de la région. Ceux-ci étaient membres actifs de la Société littéraire.
- Au jour le jour, décembre 1996
Généalogie de Pierre Sénécal
La famille Senécal
Jean Senécal, né le 20 septembre 1646 à Saint-Martin de Paluel en Normandie (Seine-Maritime), décédé à Montréal le 11 Février 1723, se marie à Catherine De Seine le 15 octobre 1672 à Montréal. Jean est domestique engagé de Charles d'Ailleboust à Montréal en 1666.
Dans les archives de notre société, dans le fond Élisée Choquet, nous constatons sur plusieurs générations l'implication marquée pour la vie paroissiale. Pierre (1731) marguillier, François (1788) marguiller, François (1818) marguillier en charge, Julien (1864) marguillier en charge et commissaire d'école. Nous avons aussi retracé un important personnage de la famille. L'Honorable Louis Adélard Senécal, né en 1829, décédé en 1887, fils de cultivateur, sans fortune et sans instruction, a su s'élever aux rôles les plus éminents dans les affaires comme dans la vie politique. En 1853, Louis Adélard achète le vaisseau Georges Fréderic pour faire le service entre Montréal et Sorel. Un peu plus tard, il en fait construire deux autres, le Yamaska et le Cygne. Il fait le commerce de bois et de grains avec les États-Unis À ce moment, il possédait onze bateaux à vapeur et quatre-vingt-neuf barges. Il a aussi possédé des scieries et des moulins à farine. Il a construit huit chemins de fer, et a été sommé surintendant général du Québec. Dans le but de créer de l'emploi pour ses concitoyens, il a perdu 400 000 $ dans une malheureuse transaction dans l'achat de limites de bois et des Moulins des Hall. Nommé principal directeur des élections générales du Québec, il a été appelé au Sénat par l'Honorable Joseph-Adolphe Chapleau. En 1882, le gouvernement français le décore de la croix de commandeur de la légion d'honneur. Louis-Adélard s'est fait élire député libéral dans Yamaska puis député conservateur dans Drummond / Arthabaska. Il quitte le gouvernement conservateur d'Ottawa sur la question Riel.
La maison Senécal, construite en 1799 par François (1788), existe toujours. Vous pouvez la voir sur le boulevard des Prairies à Brossard. Elle fut habitée pendant 173 ans de père en fils (six générations). Yves a vu le jour dans cette maison. Expropriée en 1972 pour le prolongement de l'autoroute 30, elle a été classée monument historique en 1975 et complètement rénovée en 1986.
Yves Senécal se marie le 10 juin 1961 à Suzanne Denault à La Prairie, ils ont trois enfants : Pierre, Sylvie, Julie et quatre petits-enfants : Cyndy, Martin, Maxime et Samuel. Yves a œuvré dans le domaine de la fonderie et a occupé plusieurs postes de direction. Aujourd'hui, Yves travaille avec son fils Pierre qui est propriétaire d'une firme d'équipement de manutention. Comme loisirs, Yves fait du bénevolat et, bien entendu, de la généalogie.
René Jolicoeur
Senécal
|
Pierre Senécal Monique Achim |
La Nativité de La Prairie 9 juillet 1961 |
Edgar Achim Nicole Lévesque |
|
Yves Senécal Suzanne Denault |
La Nativité de La Prairie 10 juin 1961 |
Wilfrid Denault Noella Crevier |
|
Arthur Senécal Alice Sainte-Marie |
Saint-Rémi de Napierreville 28 septembre 1938 |
Adélard Sainte-Marie Léona Meunier |
|
Jules Senécal Eudoxie Brosseau |
La Nativité de La Prairie 30 janvier 1900 |
Jérimie-Vital Brosseau Martine Senécal |
|
Julien Senécal Christine Surprenant |
Saint-Hubert 11 octobre 1864 |
Jean-Baptiste Surprenant Anastasie Racine |
|
François Senécal Marie-Louise Lefebvre |
La Nativité de La Prairie 5 octobre 1818 |
Toussaint Lefebvre Marie-Louise Lefebvre |
|
François Senécal Marie-Louise Sainte-Marie |
La Nativité de La Prairie 11 juillet 1788 |
Louis Sainte-Marie Marie Marcil |
|
François Senécal Josette Normandin |
La Nativité de La Prairie 1er février 1762 |
Joseph Normandin Marie-Anne Plamondon |
|
Pierre Senécal Suzanne Bourdeau |
La Nativité de La Prairie 10 juin 1731 |
Pierre Bourdeau ou Bordeau Marguerite Lefebvre |
|
Pierre Senécal Marguerite Pinsonneau dit Lafleur |
Notre-Dame de Montréal 4 novembre |
François Pinsonneau dit Lafleur Anne Le Ber |
|
Jean Senécal Catherine Desenne ou Deseine |
Notre-Dame de Montréal 15 octobre 1692 |
Pierre Desenne ou Deseine Marguerite Léger |
|
Martin Senécal Jeanne Lappert |
Le père de Jean est maître cordonnier de Saint-Martin de Paluel, arrondissement de Dieppe, archevêché de Rouen, Normandie (Seine-Maritime), France. |
Le père de Catherine est potier d’étain de Notre-Dame-du-Chemin, ville, arrondissement et évêché d’Orléans (Loiret), France. |
- Au jour le jour, novembre 1996
Conférence : la musique au Québec au tournant du siècle dernier
Prochaine conférence : mercredi 20 novembre 1996, 20 heures. Monsieur Mario Boucher nous entretiendra de la musique au Québec au tournant du siècle dernier.
- Au jour le jour, novembre 1996
Généalogie d’André Jalbert
Mathurin Gerbert
Le véritable ancêtre de la famille Jalbert, répandue tant au Canada qu'aux États-Unis, est Mathurin Gerbert dit Lafontaine. Mathurin Gerbert, fils de Jean Gerbert et de Perrine Pellet, de Saint-Pierre de Nantes, est né vers 1631; et sa sépulture a eu lieu le 19 décembre 1687 (56 ans) à Ste-Famille de l'Île d'Orléans.
Mathurin a contracté deux mariages : le premier à Notre-Dame de Québec le 4 août 1659 à Isabelle Targer, fille de Daniel Targier, marinier et huguenot, et de Louise Martin de St-Nicolas de la Rochelle (veuve de Simon Piot), née en 1634 et décédée à la fin de 1670 (36 ans), le deuxième mariage, contrat sous seing privé, 26 janvier 1671, notaire Aubert, 11 octobre 1671 (Ste-Famille) à Jeanne Letellier, fille du Roi, née en 1631 et décédée le 26 juin 1705 à Ste-Famille.
Le patronyme Gerbert est un ancien nom de baptême d'origine germanique. Les années amenèrent des dérivatifs plus ou moins volontaires, selon un défaut de prononciation ou dans l'intention de jouer sur les mots.
Il faut avouer que nos ancêtres, au Canada comme en France d'ailleurs, n'avaient aucun respect pour l'orthographe. Les curés qui tenaient les registres d'état civil et les tabellions qui rédigeaient les minutes des contrats les écrivaient au son, comme ils étaient prononcés selon la manière propre aux provinces d'origine. Voici quelques façons d'écrire Gerbert : Gerber, Gerbet, Gerbais, Jarbet, Gelbert, Gerbé, Gerber, Gerbère, Galleber, Gellebert, Jalber, Gelbour, Gerbei, Jalgert, Gerbeth, Gelbert.
André Jalbert
Gerbert ou Jalbert dit Lafontaine
|
André Jalbert Diane Jobin |
Saint-Bernard de Shawinigan 13 septembre 1958 |
Alphonse Jobin Marie-Flore Saint-Yves |
|
Roch Jalbert Laura Marcotte |
Saint-Maurice 29 septembre 1913 |
Alexis Marcotte Éléonore Leduc |
|
Élisée Jalbert Philomène Hamelin |
Saint-Maurice 26 juin 1883 |
Ferdinand Hamelin Sophie Dubé |
|
Antoine Jalbert Marie-Anne Levasseur |
Bécancour 29 août 1842 |
Jean-Baptiste Levasseur Marie-Marguerite Désilets |
|
Jean-Charles Jalbert Josephte Désilets |
Immaculée-Conception de Trois-Rivières 1er février 1802 |
Louis Désilets Catherine Frigon |
|
Jean-Baptiste Gerbert Marie-Françoise Laneau |
Saint-Roch-des-Aulnaies 8 janvier 1759 |
François Laneau Marie-Anne Pherrau |
|
Joseph Gerbert Marie-Catherine Gagnon |
Rivière-Ouelle 20 novembre 1718 |
Jacques Gagnon Madeleine Rocheron |
|
Jacques Gertbert Marie Pelletier |
Cap-Saint-Ignace 5 mai 1686 |
Jean Pelletier Anne Langlois |
|
Mathurin Gerbert Élisabeth ou Isabelle Targer |
Notre-Dame de Québec 4 août 1659 |
Daniel Targer Louise Martin |
|
Jean Gerbert Perrine Pelé ou Pellet |
Mathurin est de Saint-Pierre, ville, arrondissement et évêché de Nantes, Bretagne (Loire-Atlantique), France. |
Élisabeth, veuve de Simon Piat, est de Saint-Nicolas, ville, arrondissement et évêché de Larochelle, Aunis (Charente-Maritime), France. |
- Au jour le jour, novembre 1996
Histoire populaire de…
Depuis le dernier trimestre de 1995 l’historien Jacques Lacoursière nous offre aux Éditions du Septentrion sa monumentale Histoire populaire du Québec, soit plus de 2 000 pages de textes à paraître en quatre tomes. Il s'agit en fait de la réédition revue et corrigée du contenu de la populaire série Nos Racines, avec en moins les illustrations, les légendes, les encarts et les notices généalogiques. J'ai déjà lu pour vous les trois premiers tomes, le dernier ne devant paraître qu'en février 1997, en y recensant tous les passages susceptibles de jeter quelque lumière sur l'histoire de La Prairie. Je vous livre donc dans cette parution les résultats de la première partie de mon travail.
Tome premier
Page 176 : on y raconte l'expédition menée en février 1690 par des Canadiens et des Amérindiens contre Corlaer (Schenectady). « Une soixantaine d’habitants de Corlaer, dont plusieurs femmes et enfants, meurent tués ou brûlés. » À l'époque Peter Schuyler est maire de l’agglomération voisine d'Albany et doit prendre en charge l'organisation des sépultures et des représailles. Cet événement nous aide à mieux comprendre son zèle lors de l'attaque du fort de La Prairie en août 1691.
Page 178 : mais Schuyler était venu à Laprairie à l'été 1690 car « le premier septembre Frontenac passe en revue sa petite armée forte de 1200 hommes qui campe à Laprairie, attendant un ennemi qui ne se présente pas. Le 4, Peter Schuyler et quelques miliciens attaquent des soldats et des habitants qui travaillent dans les champs de la région de Laprairie. Ils tuent ou capturent une vingtaine de personnes. Schuyler retourne ensuite au lac Champlain. »
Page 398 : en 1775, dans le cadre du projet d’indépendance des colonies anglaises de l'Amérique du nord, un comité du Congrès du Massachusetts charge le colonel John Brown de venir évaluer dans la province de Québec le désir de participation des Canadiens à ce projet. Pour illustrer la sympathie du petit peuple envers la cause américaine, Brown raconte l’anecdote suivante :·« À Laprairie, petit village à environ neuf milles de Montréal, je remis à mon bourgeois, Irlandais catholique, un exemplaire de l'adresse, et comme il y avait dans le village quatre curés à prier au corps d'un vieux frère, le pamphlet leur parvint bientôt. Ils envoyèrent un messager pour en acheter plusieurs. Je leur en fis cadeau d’un à chacun et ils me prièrent de leur faire une visite au couvent chez les bonnes Sœurs. Ils paraissent n'avoir aucune indisposition à l'égard des colonies, mais ils préfèrent plutôt demeurer neutres… »
Page 409 : au cours de l'invasion américaine en septembre 1775 « pendant que la majeure partie des troupes de Montgomery assiège Saint-Jean, de petits groupes s’installent à Laprairie et Longueuil. »
Page 412 : « La chute de Saint-Jean, après 45 jours de siège, ouvre le chemin de Montréal. Le 3 novembre, un officier américain, cantonné à Laprairie, fait le bilan de la situation. […] Pour moi je suis posté à Laprairie avec cent hommes de notre régiment. […] Quelques jours après la reddition de Saint-Jean, l'armée de Montgomery vient s'établir au fort Laprairie. »
Lecture et recherche par : Gaétan Bourdages
- Au jour le jour, novembre 1996
Organisation du système scolaire après la Conquête
Organisation du système scolaire après la Conquête
À La Prairie, tout comme dans les autres villages de l'ancienne Nouvelle-France, la population est fortement secouée par la guerre de la Conquête qui se termine en 1760. L'enseignement en subit les contrecoups. Heureusement que l'école, tenue par les filles de Marguerite Bourgeoys depuis 1676, qui a fidèlement assuré une présence dans la paroisse depuis presque un siècle, a été épargnée par les flammes de l'envahisseur. Les petites filles avaient appris à lire, à écrire, à compter et à tenir maison. Devenues épouses et mères de familles, elles enseigneront ensuite à leur époux et aux enfants les rudiments des connaissances acquises. Il y avait au village une ou deux religieuses qui enseignaient gratuitement. Pour assurer leur subsistance, elles exécutaient des travaux à l'aiguille et autres. Le roi ajoutait à ces revenus de maigres subventions occasionnelles.
Pour ce qui est de l'enseignement aux garçons, les historiens émettent l'hypothèse de maîtres itinérants allant de village en village.
La coupure brutale d'avec la mère-patrie fait subir un choc profond à la population et également aux religieuses enseignantes. Celles-ci ressentent comme un vide intellectuel provoqué par une situation qu'elles savent irréversible. Les citoyens sortent appauvris de cette longue guerre qui a drainé toutes les forces économiques. Heureusement que les religieuses reprennent assez rapidement le souffle d'avant la Conquête. Les jeunes sont là, les besoins sont grands, il faut composer avec l'acquis et s'ingénier à trouver de nouvelles ressources exigées par la situation.
L’Angleterre, qui a voté I'Acte constitutionnel de 1791, instaure un régime parlementaire dans sa nouvelle colonie d'Amérique. Ces « élus » établiront rapidement les bases d'un système d'enseignement. Quelques « Canadiens » siègent au Conseil législatif et revendiquent la place du français dans toutes les institutions, écoles comprises.
L’institution royale de 1801 vise l'établissement d'écoles élémentaires dans les paroisses où résident au moins dix enfants protestants d'origine britannique. L'objectif d'anglicisation est un échec. Dans le village de La Prairie, en 1822, 18 écoliers catholiques fréquentent cette école mais l'enseignement se donne en français, dans des manuels français, et les jeunes n'apprennent pas le protestantisme.
Le parlement vote la loi de 1824. Cette nouvelle législation établit le contrôle des écoles élémentaires par les fabriques catholiques. La bataille pour la conservation de la langue et de la foi porte fruits. Certains résidents de La Prairie, parmi les mieux fortunés et les plus soucieux d'un enseignement de qualité, avaient d'ailleurs posé des gestes concrets pour être dotés d'écoles bien pourvues.
En 1819, une pétition de citoyens de La Prairie avait été envoyée à la Chambre d’Assemblée. On y demandait l'agrandissement du village à même la Commune. Certains terrains pourraient être vendus pour la construction résidentielle, par contre on pourrait y établir un petit collège ou école de grammaire et une école élémentaire ainsi qu'une école pour les pauvres. Fait cocasse, en 1829, l'évêque de Québec écrit au curé Boucher, suite à des informations reçues de Mme O'Keefe, anglophone catholique, veuve. Celle-ci fait ressortir le fait qu'il y a beaucoup de pauvres au village et sollicite une maison assez grande, chauffée, afin d'être en mesure de fournir aux enfants l'instruction gratuite en français.
La loi de 1824 dure peu, les fabriques disposent de peu d'argent et ne peuvent assumer les frais de construction et d’entretien d’écoles pour leurs jeunes.
Le Parlement se ravise et vote la loi qui établit les écoles de syndics qui s'établissent de 1829 à 1832. L'élément nouveau consiste dans le fait que l'État dispense des fonds publics à être administrés par des contribuables ou commissaires élus par la population locale.
Grâce à ces entrées d’argent, La Prairie engage 4 maîtres d'école laïcs. Cette solution aurait pu satisfaire la population, mais situons-nous dans le climat social de l’époque. L’Insurrection de 1837 se prépare, les discours des « Patriotes » agitent les esprits. De plus, il faut tenir compte des colons vivant dispersés dans les nombreux rangs et côtes. On planifie la construction des écoles de rang, mais par où commencer? La distribution équitable des fonds publics apparaît vite un problème pratiquement insoluble.
Pour ajouter à ces difficultés, les religieuses qui tiennent l'école des filles, année après année depuis 1676, refusent les fonds publics et ferment leur couvent en 1836. Heureusement qu'elles se ravisent et l'ouvrent de nouveau en 1844. L’enseignement aux filles est donc de nouveau assuré, mais que faire pour les garçons et les enfants vivant sur les fermes?
Le Parlement du Bas-Canada met en place de nouvelles structures administratives dans les années 1844-1856. Par la création du Conseil de l’Instruction publique les commissaires d'écoles se voient préciser leurs fonctions et surtout ils deviennent graduellement autonomes face aux autorités municipales. C'est la liberté d’action dont ils ont besoin pour être efficaces. Parmi les hommes politiques qui siègent à la législature du Bas-Canada, il s’en trouve deux qui exercent une influence marquée dans l'adoption de cette loi : ce sont Jean-Baptiste Meilleur qui deviendra surintendant de l’Instruction publique et Louis-Hippolyte Lafontaine qui jouera un rôle capital, avec Robert Baldwin, dans l’obtention d'un gouvernement responsable.
Meilleur et Lafontaine rencontrent mille et une difficultés pour faire accepter le Conseil de l'Instruction publique par la population. Puisque tout est à faire, en éducation cela signifie taxation. Nos bons citoyens de La Prairie ont certainement participé aux manifestations populaires de protestation face aux nouvelles taxes. Ils ont certainement pris part à ce que les historiens qualifient de guerre des éteignoirs!
À La Prairie, en 1844, on dénombre 4 commissaires d’école, soit 2 pour le village et 2 pour la campagne. Le Père Tellier, curé-jésuite, est un des commissaires élus du village. La période des années 1840 est celle de construction d’écoles de rang à un rythme accéléré. Les professeurs laïcs sont des hommes ou des femmes.
En 1855, le lieutenant-gouverneur sépare le territoire de La Prairie en 2 municipalités : village et campagne. L'administration scolaire sera assumée par les deux entités distinctes. Le gouvernement du Québec ordonnera la fermeture des écoles de rang en 1964.
Au village, on décide de construire une école modèle sur un terrain donné par le gouvernement. Le programme d’études dans cette école élémentaire est obligatoirement enrichi, selon les directives des autorités centrales :
« Les professeurs doivent pouvoir enseigner, outre la lecture et l’écriture, la grammaire française et anglaise par principe (sic) et d'une manière analytique, la géographie et les rudiments de l’histoire, ceux de l'art épistolaire, l'arithmétique dans toutes ses parties, le dessin linéaire et la tenue des livres en partie double. »
J.-B. Meilleur, circulaire du 9 juin 1846
L'école modèle publique de 1848 loge dans un bâtiment qui se détériore rapidement puisqu'en 1867 on qualifie l’édifice de « malsain et insuffisant ». Le curé Gravel donne un emplacement pour construire une nouvelle école. Ce sont les Clercs de St-Viateur que demande le curé, pour enseigner aux garçons du village. Les CSV prennent la responsabilité et la direction de l'enseignement de 1865 à 1876.
Mais voilà qu'en 1875 un groupe de citoyens remet en cause la présence des CSV à La Prairie. Les critiques sont acerbes, les chefs de file du mouvement de remise en question gagnent l'adhésion de nombreux parents. Pour rétablir le calme, les commissaires confient direction et enseignement à des laïcs. Cette situation durera 12 ans jusqu'à ce que les Frères de l'Instruction Chrétienne prennent la direction de l'Académie en 1888.
1876, année de remise en question! Un certain nombre de parents poussent très loin leur rejet de l'école des CSV. Ils ouvrent une école indépendante, dissidente, séparée. L'aventure s'avérera un échec et ne durera qu'un an, faute de moyens financiers et d'étudiants. Nos archives sont avares de renseignements sur cette saga. Il eût été fort intéressant de scruter plus à fond ce mouvement contestataire.
La suite des événements énumérés au cours du XIXe siècle reflète l'évolution d'une population qui suscite et subit de profonds changements. L'école des filles, dirigée par les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, s'avère une institution stable qui assure une certaine permanence. Les religieuses quitteront définitivement La Prairie en 1980.
La population, appuyée de son clergé, conserve sa langue et sa foi que la Conquête de 1760 semblait avoir mises en péril. Le système scolaire vient enrichir le niveau de connaissance de tout un peuple qui évolue de plus en plus au rythme des événements internationaux.