- Au jour le jour, juin 2008
La Prairie et la guerre de Neuf Ans (1688-1697)
Il faut garder à l’esprit que l’histoire de La Prairie s’inscrit dans le vaste contexte de l’histoire internationale. Il est intéressant de lire l’histoire de notre ville avec l’histoire de la France et de l’Angleterre en arrière-plan. La seule grande période de guerre que La Prairie a connu sur son territoire fut celle qui va de 1689 à 1697. Ce n’est pas dû aux sautes d’humeur des Iroquois ou des habitants d’Albany, loin de là. Pour en comprendre les causes, il faut remonter à Louis XIV. En 1667, le jeune Louis déclare la guerre à l’Espagne parce qu’il considère que certaines terres lui sont dues, à cause de son épouse espagnole (Marie Thérèse d’Autriche fille de Philippe IV roi d’Espagne). Les Néerlandais n’approuvent pas et interviennent. Pour se venger, Louis s’attaque ensuite aux Provinces Unies des Pays-Bas (1672-1678), faisant ainsi l’acquisition de nouvelles terres. En 1685, ce roi très catholique, révoque l’édit de Nantes qui donnait le droit aux Protestants de pratiquer leur religion, de sorte que les protestants français (qu’on appelle Huguenots) fuient le pays en emportant avec eux beaucoup d’argent et de savoir-faire.
Pendant ce temps, l’Angleterre, qui est une nation à majorité protestante et qui a vécu plus d’un conflit religieux interne, voit accéder à son trône un roi catholique, Jacques II (James II) qui fut couronné le 6 février 1685. À cette époque, la France et l’Angleterre sont en paix, mais Jacques II est vu par plusieurs protestants de la Grande-Bretagne comme un tyran et un agent actif à la solde de la politique expansionniste du roi catholique de France Louis XIV. Grolier Encyclopedia 1994, James II, King of England, Scotland, and Ireland. Cela n’augure rien de bon et la tension monte. Le 9 juillet 1686, la Ligue d’Augsbourg se forme pour faire bloc contre la France. Cette ligue est formée par des pouvoirs protestants européens : l’Allemagne, l’Espagne et la Suède. Pendant ce temps, chez nous, le gouverneur Denonville, ordonne de fortifier La Prairie. Quelques années auparavant, le gouverneur La Barre avait dit de notre village qu’il était à la frontière des Anglais et des Iroquois. Cahiers D'histoire des Jésuites, Numéro 4 : Les Origines de La Prairie (1667-1697), Yvon Lacroix, Éditions Bellarmin, Montréal, 1981. p. 68. Durant l’été 1687, il y a une expédition guerrière contre les Agniers (ou Mohawks), la nation iroquoise la plus fidèle aux Anglais.
Retour en Angleterre, Jacques II devient père en juin 1688. C’est alors que face à la perspective d’une succession catholique, l’opposition protestante a invité le gendre et neveu de James II, le protestant danois Guillaume d’Orange, à venir en Angleterre Grolier Encyclopedia 1994, The war of the Grand Alliance. pour prendre le trône. En septembre 1688, alors que le fort est en pleine construction à La Prairie, Louis XIV envoie des troupes dans une région de l’Allemagne, appelée le Palatinat, dans le but de briser la Ligue d’Augsbourg.
Alors que Jacques II décide de fuir en France au début de 1689, on offre le trône à Guillaume d’Orange, mais seulement sous les conditions décrites dans la Déclaration des Droits (ou Bill of Rights). Il vaut la peine ici, de faire une parenthèse pour parler un peu plus longuement de cette déclaration puisque c’est pour les Anglais l’équivalent de la Révolution Française de 1789, et parce qu’à partir de 1760, les habitants de la Nouvelle-France vont vivre sous la gouverne britannique. La Déclaration des Droits britanniques est composée par une convention formée de pairs du Royaume, de membres des Communes et de magistrats de Londres, et est constituée de nouveaux règlements qui donnent plus de pouvoir au peuple et en enlèvent aux monarques. Elle interdit au roi de tenter de dominer le Parlement. Elle déclare que l’élection des membres du Parlement doit être libre, que la liberté de parole et de débats au Parlement ne doit pas être remise en question par le pouvoir royal. Elle déclare notamment que le prétendu pouvoir de suspendre des lois ou d’exécuter des lois, par autorité royale sans le consentement du Parlement est illégal. Grolier Encyclopedia 1994, English Bill of Rights. Il est même interdit au pouvoir royal de lever ou de garder une armée en temps de paix sans le consentement du Parlement. Une section sur la perversion de la justice est particulièrement importante, elle a même servi de modèle un siècle plus tard à la Déclaration des Droits des États-Unis d’Amérique. Elle stipule entre autre qu’un montant de caution excessif ne doit pas être demandé, que des amendes excessives ne doivent pas être imposées, que des punitions cruelles ne doivent pas être infligées. Tout ceci fut créé en réaction à un roi trop autoritaire et par la peur de ne pas pouvoir exercer sa religion librement.
Acceptant ces conditions, Guillaume d’Orange fut couronné roi d’Angleterre sous le nom de Guillaume III (William III) le 11 avril 1689 mettant ainsi fin à la Révolution Anglaise (the Glorious Revolution) sans victime, ni coup de feu. En mai, Guillaume amena le Parlement Anglais à se joindre à une alliance contre la France. Cette alliance était constituée de l’Allemagne, des Pays-Bas, de l’Angleterre, de l’Espagne et de la Savoie. La Guerre de la Ligue d’Augsbourg, ou guerre de Neuf Ans, éclate officiellement le 17 mai. À l’été 1689, le fort de La Prairie est terminé. Comme on le sait, il s’agit d’une palissade constituée de pieux de 20 à 25 cm (8 à 10 po) de diamètre, et faisant environ 5 mètres de haut (16 pieds). Un fort a également été construit pour les habitants de la Côte St-Lambert.
Jacques II, le roi déchu, réfugié en France, s’était constitué une armée de Français et d’Irlandais pour reprendre le trône, mais il fut vaincu par Guillaume d’Orange en essayant d’envahir l’Irlande en 1690.
La Prairie goûte vraiment à cette guerre le 4 septembre 1690, alors que des Iroquois attaquent par surprise les habitants et la garnison du fort qui sont dans les champs occupés à faire les blés. Vingt-et-un hommes (dont 10 soldats), trois femmes et une fille furent tués ou capturés. Les Français éliminèrent 6 iroquois, mais les autres eurent le temps de tuer quelques vaches et de mettre le feu aux maisons et à quelques tas de foin avant de disparaître dans les bois. Le 16 octobre 1690 les Anglais essaient de prendre Québec. Le général Phipps arrive en face de la ville avec une flotte de 30 navires et somme Frontenac de se rendre. C’est ce jour-là qu’il eut ces fameux mots : Je n’ai point de réponse à faire à votre Général que par la bouche de mes canons et à coups de fusils. Les Anglais n’arrivent pas à prendre Québec et s’en retournent.
En 1691, la chapelle de St-Lambert est démontée et remontée dans le fort de St-Lambert afin de la protéger des Iroquois. En août 1691, le major anglais Peter Schuyler commande une troupe de 400 Anglais et Iroquois, et avance vers La Prairie dans le but de prendre le fort. Le sieur de Callières en fut averti d’avance et ordonna à 800 hommes de camper à La Prairie. Le combat s’engagea, mais face au nombre des Français, Schuyler ordonna la retraite. Comme les Français avaient déjà perdu un lieutenant et deux capitaines, Callières décida de ne pas poursuivre l’ennemi. Après cet échec, les Iroquois ne feront plus qu’une guerre de guérilla contre La Prairie, attaquant par petites bandes pour tuer ou capturer des habitants isolés et mettre le feu à des maisons. Plusieurs familles devront temporairement trouver refuge dans le fort. Certains reçoivent même l’ordre d’y déménager leurs maisons afin d’éviter que les Iroquois ne les brûlent.
En Europe, en 1694, après 5 ans de guerre et sans qu’il soit possible de déterminer un vainqueur, le Parlement britannique refuse de supporter la coûteuse politique anti-française de Guillaume III, tant que les ambitions de Louis XIV ne sont pas mieux connues. Sans la Déclaration des Droits Anglais, mentionnée ci haut, cela n’aurait pas été possible : le roi aurait simplement ignoré le Parlement. Pour La Prairie, cela veut dire un apaisement des hostilités avec les Iroquois et une reprise de la colonisation dans la seigneurie. En 1697, Guillaume III signe un traité de paix qui lui est favorable avec la France. Ce traité assure que Louis XIV reconnaît son statut de roi, et qu’il laisse tomber la plupart des terres qu’il a conquises depuis 1679. C’est la fin de la Guerre de la Grande Alliance et cela signifie aussi la fin de la guérilla iroquoise contre La Prairie.
[Le comité de la bataille de la SHLM travaille actuellement à faire l’histoire détaillée de la bataille de 1691 à La Prairie.]
Sources des citations :
1– Grolier Encyclopedia 1994, James II, King of England, Scotland, and Ireland.
2 – Cahiers D'histoire des Jésuites, Numéro 4: Les Origines de La Prairie (1667-1697), Yvon Lacroix, Éditions Bellarmin, Montréal, 1981. p.68.
3 – Grolier Encyclopedia 1994, The war of the Grand Alliance.
4 – Grolier Encyclopedia 1994, English Bill of Rights.
Sources bibliographiques :
– Grolier Encyclopedia1994.
– Cahiers D'histoire des Jésuites, Numéro 4: Les Origines de La Prairie (1667-1697), Yvon Lacroix, Éditions Bellarmin, Montréal, 1981
– La Prairie en Nouvelle-France, 1647-1760, étude d’histoire sociale, Louis Lavallée, McGill-Queen’s University Press, Montréal, 1992.
– Histoire Populaire du Québec, Jacques Lacoursière, Septentrion, Québec, 1996.
- Au jour le jour, juin 2008
La grande épopée du petit Jean-Baptiste
En l’année 2000, le gouvernement américain frappe le « golden dollar », en prévision du deuxième centenaire de l’expédition de Lewis et Clark. À l’endos, figurent un bébé et sa mère amérindienne qui le porte sur son dos.
La mère est Sacagawea, originaire de la tribu des Shoshones; elle fut capturée dans les Rocheuses par les Indiens Hidatsas et ramenée loin des siens par ces derniers. Le bébé se nomme Jean-Baptiste; il est le fils de Sacagawea et de Toussaint Charbonneau.
Toussaint, né à Boucherville le 22 mars 1767 du mariage de Jean-Baptiste Charbonneau et de Marguerite Deniau, vivait avec les Hidatsas quand Lewis et Clark l’engagèrent comme membre de l’expédition, à titre de guide et interprète. Toussaint parlait plusieurs dialectes indiens; il avait déjà travaillé pour la Compagnie du Nord-Ouest et l’American Fur Company. Au moins deux membres de l’expédition notent dans leur journal que Toussaint avait trois femmes (squaws). Seule Sacagawea l’accompagne dans le voyage.
Lewis et Clark sachant bien qu’ils auraient à traverser le pays des Shoshones comptaient sur la présence de Sacagawea pour leur faciliter la tâche. Aussi, la présence d’une femme et d’un enfant allait-elle donner un caractère pacifique à leur expédition avant tout militaire.
Ainsi donc, Toussaint et sa femme joignent l’expédition aux villages des Mandanes. Le convoi était parti le 14 mai 1804, non loin de Saint-Louis; il avait atteint ces villages le 26 août 1804. Les deux capitaines décidèrent de construire un fort pour y passer l’hiver. L’endroit se situe de nos jours non loin de Bismarck, ville du Dakota Nord.
Le 11 février 1805, à cet endroit, le journal du capitaine Lewis mentionne la naissance de Jean-Baptiste, le premier enfant de Sacagawea que Toussaint avait épousée officiellement, trois jours avant. Le 7 avril 1805, l’expédition part vers les pays inconnus du Nord; les villages des Mandanes représentaient en effet la limite ouest de l’exploration du continent par les Blancs. La troupe comprend alors les capitaines Meriwether Lewis et William Clark, 26 soldats, Toussaint Charbonneau et Georges Drouillard, engagés, Sacagawea et le petit Jean-Baptiste, York l’esclave noir de Clark et Seaman le chien de Lewis.
Le petit Jean-Baptiste voyagera 17 mois sur le dos de sa mère jusqu’à son retour en août 1806, âgé de 19 mois. Il aura franchi les Rocheuses, puis navigué sur le fleuve Columbia jusqu’au Pacifique et hiverné à 15 miles des rives de l’Océan.
Lewis l’appelle le papoose de l’expédition. Clark s’y attache particulièrement; il le surnomme son « little dancing boy » et aussi « Pomp ». Il donnera le nom de Pompey’s Tower à une formation rocheuse située sur le bord de la rivière Yellowstone, en l’honneur du petit Baptiste. On y trouve aujourd’hui le site national historique de Pompey’s Pillar. C’est Clark qui réussit à guérir le bébé, âgé alors de 15 mois, d’une enflure à la mâchoire, au cou et à la gorge en lui appliquant des cataplasmes de pelures d’oignons et de crème de tartre.
À la fin de l’expédition, Willian Clark habite Saint-Louis; il offre aux parents du jeune Baptiste de le prendre en charge chez lui afin de voir à son éducation. La ville, alors capitale des pelleteries, est prospère et francophone à 90 %. Clark paie les frais rattachés à l’instruction de son protégé et le jeune apprend à lire, à écrire et à calculer; il étudie ensuite l’histoire romaine et les auteurs classiques à l’Académie de Saint-Louis, fondée en 1818, devenue une université en 1838.
À l’âge de 18 ans, Jean-Baptiste rencontre le prince Paul Wilheml de Württember que son père Toussaint a guidé dans un voyage d’exploration dans la région du Missouri. Les aristocrates européens de l’époque sont fascinés par l’Ouest américain. Le prince Paul apprécie la personnalité et le vécu de Jean-Baptiste. Il devient son ami si bien qu’il rentre en Europe avec lui, en 1823.
Paul et Jean-Baptiste fréquentent les palais princiers et voyagent en France, en Angleterre, en Allemagne et même en Afrique, souvent dans des excursions de chasse. Après six ans de cette vie, Jean-Baptiste décide de rentrer dans son pays natal (1829).
Il travaille alors comme guide, interprète et « mountain man »; il parle français, anglais, allemand, espagnol, et aussi shoshone. On dit qu’il récite Shakespeare, le soir auprès du feu de camp. Jean-Baptiste se montre habile à choisir les routes, à trouver de l’eau et à estimer les distances. Il conduit un bataillon de Mormons du Nouveau-Mexique jusqu’en Californie, durant la guerre contre le Mexique en 1846-47. Il fait connaissance avec des hommes qui deviendront ensuite célèbres dont, entres autres, le fameux Kit Carson.
Le gouverneur de la Californie le nomme Alcade (fonctionnaire d’État) du district de San Diego en 1847. Il prend aussi part à la ruée vers l’or de 1848.
Jean-Baptiste travaille comme commis dans un hôtel d’Auburn en Californie (1861) puis part pour le Montana, toujours en quête d’or. Chemin faisant, il attrape une pneumonie et meurt à Inskip’s Ranche en 1866, âgé de 61 ans. Une plaque rappelle son souvenir près du village de Jordan Valley, dans le sud-est de l’Orégon.
Quelques biographies de Jean-Baptiste ont été rédigées par des auteurs américains dont au moins une à l’intention des jeunes. La fondation « Lewis and Clark Trail Heritage Foundation » a même organisé un « Pomp Party » à l’occasion du 200e anniversaire de sa naissance. Radio-Canada lui a consacré l’an dernier une émission de la série De remarquables oubliés. Fabuleuse, cette grande épopée du petit Jean-Baptiste!
Les sources :
Chaloult, Michel, « Les Canadiens de l’expédition Lewis et Clark », Septentrion, Québec. 2003.
Godbout, Archange, O.F.M., Les passagers du Saint-André, La Recrue de 1659, SGCF, Montré 1964.
PRDH Programme de recherche en démographie historique : www.genealogie.umontreal.ca
Société Radio-Canada : www.radio-canada.ca/radio
The Lewis and Clark Trail Heritage Foundation : www.lewisandclark.org
The Unites State Mint : www.usmint.gov
Image du golden coin : http://centercoin.com
- Au jour le jour, juin 2008
Petits personnages d’antan
On est porté à remarquer ceux qu'on perçoit comme très différents de soi. Dans les années 1930, vivaient au Vieux Fort quelques citoyens adultes que des jeunes de dix ans jugeaient hors de l'ordinaire. Bien plus que le curé ou le maire nous les considérions comme des personnages. Que ce soit par leur apparence ou leur comportement, ils nous apparaissaient comme des êtres hors du commun. Les uns piquaient la curiosité, les autres suscitaient des sentiments allant de l'incertitude à la crainte.
Parmi eux, celui que nous appelions le Petit Nain. Le pléonasme était peu à propos, car, si le sujet était de petite taille, il était loin d'être mince. Néanmoins, sa stature ne l'empêchait pas d'imposer le respect. Il avait un cercle d'amis qui l'estimaient. Habile à réparer des objets divers, il avait un petit atelier sur la rue Sainte-Marie.
L'hiver, je me souviens de lui alors qu'il opérait le monte-charge qui hissait les blocs de glace récoltés du fleuve pour les entreposer dans la glacière des Vézeau, rue Saint-Laurent. En le regardant agir, alors qu'à dix ans nous avions sa taille, que nous aurions aimé être à sa place et manipuler le levier qui contrôlait l'appareil!
Le Chinois avait précédé le nain dans le local de la rue Sainte-Marie. Il y tenait une buanderie. On portait chez lui les chemises du paternel pour les faire laver et en empeser le col et les poignets. Il identifiait les vêtements apportés, par des caractères chinois, sur un carré de papier brun. Il en remettait la moitié, à utiliser lors de la réclamation. Il ne parlait pas, sauf pour dire d'un mot quel jour ce serait prêt. Il nous paraissait mystérieux. Il représentait l'étranger énigmatique venu des antipodes, celui dont on ne peut savoir ce qu'il pense ou ressent. Tout ce que nous savions de la Chine lointaine, c'était que beaucoup de parents y étaient si pauvres et misérables qu'ils en venaient à abandonner leurs enfants. C'est ce qu'on nous racontait à l'école en nous incitant à donner nos sous à l'œuvre de la Sainte Enfance pour contribuer au rachat de ces petits malheureux et, ainsi, leur sauver la vie.
S'il nous impressionnait, nous n'imaginons pas de méchanceté chez ce Chinois énigmatique. Une fois l'an, quand on reprenait ses effets, ne nous donnait-il pas de savoureux litchis!
« Eh, les gars! il y a un nègre qui s'en vient sur le Chemin de Saint-Jean! » On abandonne le jeu en cours pour aller à la rencontre de ce nouveau venu. Si les humains de race noire nous étaient alors connus par des photographies, à dix ans, la plupart d'entre nous n'en avions pas encore vu un en chair et en os.
De grande stature, le personnage, qui n'était pas de La Prairie, marchait lentement dans la rue, entouré de quelques enfants qui l'examinaient, sans se soucier de le gêner. Lui, ne paraissait pas se formaliser d'être ainsi examiné dans ses moindres détails. Au contraire, il semblait y prendre intérêt, sinon plaisir. Il parlait, souriait et, même, riait. Ce qui nous le rendait très sympathique. Même s'il faisait chaud, il portait un haut chapeau noir. Il ne fut de passage que quelques heures et nous laissa une forte impression; d'autant plus qu'aucun de ses pareils ne fut aperçu ensuite dans nos parages pour un bon bout de temps.
Ti-Quenne était le simple d'esprit du village. Il devait être dans la trentaine. Quelques marchands et restaurateurs lui confiaient des tâches simples, comme le lavage des planchers. À ces endroits, il rencontrait des adultes qui adoptaient à son égard une certaine attitude protectrice, mais qui, à l'occasion, s'amusaient un peu en profitant de sa naïveté. On se moquait en lui faisant croire des faits plus ou moins vraisemblables. Il les rapportait à d'autres pour montrer qu'il était au courant de ce qui se passait. Devant leur scepticisme, il persistait, étayant la véracité de ses dires en citant ses sources d'information. Il n'arrivait pas toujours à se rendre à l'évidence du brin de malice avec lequel on l'avait induit en erreur.
Ces « amis » ne faisaient pas que profiter de sa crédulité. Ils lui prodiguaient aussi quelques conseils sur l'usage de formules de salutation à l'égard des dames. C'est ainsi que, d'une voix assurée, il leur adressait des « Bonjour mam'zelle! » ou, « Comment ça va mam'zelle? » Plus audacieux ou mieux instruit, il y allait d'un « À qui le p'tit cœur après neuf heures? »
Ti-Quenne était bien connu des jeunes qui le croisaient de temps à autre. Il ne faisait généralement pas cas d'eux, mais ceux qui avaient été témoins de ses saluts à la gent féminine en avisèrent des copains. On s'arrangea pour l'accompagner alors qu'il se rendait travailler à un restaurant du Fort Neuf. On entama avec lui une conversation à laquelle il manifesta peu d'intérêt. Il fallut plus d'un accompagnement avant que la rencontre espérée se produise. Quand elle eut lieu, on se contenta de rire tout bas de peur qu'il ne se fâche et nous poursuive.
Sauf ceux qui demeuraient près de chez lui, les enfants connaissaient peu Ménouque, de la rue Saint-Ignace. À mon souvenir, il vivait avec sa mère. Nous ne lui connaissions pas d'emploi régulier, mais, en saison, il faisait la pêche qui lui procurait un peu d'argent.
Quand sa mère mourut, ce qu'on entendit dire de son comportement subséquent frappa nos âmes enfantines. Devenu seul, on racontait qu'il vécut alors dans la plus grande désolation. Cet hiver-là, ou le suivant, on rapporta un comportement de sa part qui fit une forte impression sur nous qui ne savions trop comment l'expliquer. Pour se chauffer, il commença à brûler ce qui était combustible de son mobilier; il en vint ensuite à utiliser à cette fin les portes intérieures de son logis et, enfin, les lambris des pièces de la maison, sauf ceux de sa chambre. « Pauvre Ménouque! » disait grand-mère en soupirant.
À nos yeux d'enfants, ces divers personnages représentaient un univers parfois drôle ou intriguant, parfois un peu inquiétant ou teinté des défauts de l'âge adulte, mais rarement menaçant. Un autre, par contre, nous inspirait une crainte vague même s'il n'avait jamais menacé ou tenté d'effrayer aucun d'entre nous.
On le surnommait Moineau et c'est à l'abattoir de la rue Saint-Laurent que cette crainte prit naissance. On ne pouvait entrer dans l'abattoir, mais, l'été, la porte en était grand ouverte et il était assez facile d'observer du dehors ce qui s'y passait. Une curiosité plus forte que la crainte poussait à assister à une mise à mort, au moins une fois, quand on atteignait un certain âge. Moineau assumait le rôle de tueur en ce lieu sinistre. Il opérait avec sang-froid, sans qu'on puisse percevoir de changement dans l'expression de son visage. Impossible de savoir s'il éprouvait quelque émotion dans son exécution des basses œuvres alors que, comme spectateurs, nous étions remués d'une gamme d'émotions où, mêlés à l'angoisse, pouvaient se retrouver la pitié, le dégoût, la culpabilité et, parfois, même un sentiment de triomphe sadique.
Nulle expression de dégoût, non plus, sur ce visage au moment où il éventrait et éviscérait ses victimes, une étape du processus où nous commencions à en avoir assez et où l'excitation faisait place à l'écœurement.
L'abattage d'une vache était simple. Elle était attachée par une corde au cou et on la forçait à baisser la tête en tirant sur cette corde passée dans un anneau fixé dans la dalle de béton du sol. L'exécution se faisait par un bon coup sur le crâne, asséné avec le plat d'une hache. Nous souhaitions qu'un coup suffise, car nous considérions cet animal sans malice et méritant un peu de sympathie. Nous n'éprouvions pas cette sympathie pour les taureaux réputés dangereux et considérés comme très agressifs et menaçants. Le spectacle de la mise à mort des veaux et autres animaux, plus proches de notre taille d'enfants, nous attirait beaucoup moins parce que plus facilement bouleversant à cause de l'identification inconsciente qui nous rapprochait d'eux.
De toute façon, la phase de l'abattoir dans notre évolution ne durait qu'une courte période. Une fois qu'on avait vu et qu'on savait, les sentiments remués par l'expérience reprenaient le chemin de l'oubli. Toutefois, tapis dans l'un des tiroirs de l'inconscient, ils se manifestaient sous forme d'un malaise quand le hasard mettait sur notre chemin la personne de Moineau. Nous craignions de croiser son regard et il nous semblait que sa présence évoquait un danger, cependant trop trouble pour être nommé.
De nos jours, l'autre, le jugé trop différent de soi, semble tracasser davantage les adultes que les enfants. L'autre, qui intrigue, attire, dérange ou inquiète, n'est plus le personnage de village, unique en son genre; il est devenu multiple et ses traits personnels sont amplifiés à l'excès par l'omniprésence du message médiatique. Seraient-ce les jugements instinctifs d'âmes d'enfants qui conditionnent les réactions actuelles à son égard?
- Au jour le jour, juin 2008
Exposition : L’ère des cageux
par Éliane Labastrou de la Société patrimoine et histoire de l’île Bizard et Sainte-Geneviève
Ces navigateurs intrépides qui, au XIXe siècle, sillonnaient fleuve, lacs et rivières sur d’immenses radeaux pour aller livrer de grosses billes de bois équarri au port de Québec.
L'exposition a lieu du 15 juin au 30 septembre du mardi au dimanche de 10 h à 17 h (fermé sur l'heure du diner).
Les visites guidées du Vieux La Prairie seront disponibles à 10 h et à 14 h entre le 17 juin et le 16 août.
- Au jour le jour, mai 2008
À propos du bulletin
Éditeur :
Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine
Dépôt légal 2002
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN 1499-7312
COLLABORATEURS :
Coordination : Jean-Pierre Yelle
Rédaction : Gaétan Bourdages, Laurent Houde,
Révision : Jean-Pierre Yelle
Infographie : SHLM
Impression : Imprimerie Moderne La Prairie inc.
Siège social :
249, rue Sainte-Marie
La Prairie (Québec) J5R 1G1
Tél. : 450-659-1393
Courriel : [email protected]
Site Web : www.laprairie-shlm.com
Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu de leurs articles et ce, à la complète exonération de l’éditeur.
- Au jour le jour, mai 2008
Pour vos archives et recherches
Sur ce CD de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, vous trouverez en format PDF (Acrobat Reader) les premiers bulletins de la SHLM qui s’appelaient « Le Bastion » de 1982 à 1984 ainsi que l’ensemble des parutions du bulletin « Au jour le jour » depuis 1993 jusqu’à la fin de 2007. Un index par auteur et par thème rendra votre recherche plus simple.
Ce CD est en prévente à la SHLM pour la modique somme de 35$.
- Au jour le jour, mai 2008
Pour gagner les élections
Autrefois, les lois régissant le financement des partis politiques, telles que nous les connaissons aujourd'hui, n'existaient pas. La cotisation pour obtenir une carte de membre en règle et le droit de voter pour le chef et autres responsables de son parti, selon un processus démocratique défini, ne faisaient pas encore partie du paysage de l'organisation et du fonctionnement des partis.
À La Prairie, ville et municipalité rurale, certains habitants étaient reconnus pour leur allégeance politique, comme bleus de l'Union Nationale ou rouges du Parti Libéral. La plupart des gens, cependant, faisaient peu montre de leurs penchants politiques. Par contre, les partisans plus engagés se connaissaient et connaissaient leurs adversaires. En dehors des périodes électorales, s'ils pouvaient s'unir et collaborer à certaines causes communes, ils évitaient, autant que possible, les transactions de la vie courantes avec les gens du « mauvais bord ».
En période électorale, comme maintenant, l'organisation de la campagne de chaque parti gravitait autour du candidat au poste de député. Il incombait à des responsables locaux de faciliter l'organisation d'assemblées électorales pour faire connaître leur candidat son programme et celui de son parti.
Mais, on savait aussi qu'une élection ne se gagne pas que par des discours. Des avantages tangibles sont parfois nécessaires pour orienter les votes dans la bonne direction et passer de l'intention à l'acte, le jour du scrutin. Des travailleurs d'élection qui avaient une certaine connaissance de l'âme humaine, ou, du moins, de l'âme de certains humains, savaient qu'un appui à leur cause avait chance d'être effective suite à un acte palpable de générosité ou à la possibilité entrouverte d'un emploi dans un service publique.
Pour faire face aux dépenses locales en vue de l'élection, quelqu'un disposait d'une caisse. Elle était apparemment garnie par une source montréalaise. On y puisait, en partie, pour orienter ou soutenir les intentions de vote de certains. Je me souviens avoir entendu par inadvertance un bout de conversation entre travailleurs d'élection où on s'offusquait de la somme offerte par le parti adverse à une famille de cultivateurs dans le but d'en obtenir le vote. On en concluait que ce parti devait avoir « toute une caisse ».
Je n'ai jamais oublié un autre fait folklorique particulièrement inusité. C'était le jour précédant le scrutin. Un parti distribuait à certains domiciles des caisses de bière, comme encouragement à aller voter le lendemain et, du « bon bord ». Dans le temps, le fait de cette distribution n'était pas, en soi, ahurissant; ce qui le rendait particulièrement cocasse, c'est que le véhicule utilisé pour le faire était… un corbillard!
Pour entretenir et récompenser la collaboration de partisans influents dans leur entourage, quoi de mieux que de leur procurer, personnellement ou à un des leurs, un poste, un emploi ou un contrat dans un service public relevant du gouvernement provincial. À cette époque, ce genre d'emploi était aléatoire et dépendant du parti au pouvoir. Le parti qui aspirait à remplacer le gouvernement sortant, davantage que l'autre, se constituait une liste de positions (postes, emplois, fonctions) à pourvoir par remplacement dans un éventail de services, advenant sa prise du pouvoir.
Une telle liste, jaunie par le temps, a été retrouvée parmi de vieux documents. Sans date ni nom d'auteur, elle a vraisemblablement été dressée dans les années 1940 ou 1950. Sous le titre de « POSITIONS À LA-PRAIRIE : VILLE ET PAROISSE » elle désigne les noms de personnes susceptibles de « remplir » des postes précis dans un ensemble de services, surtout à La Prairie et dans le comté, mais même à Montréal. Sauf pour une « garde-malade », il s'agit de positions pour hommes.
L'éventail où des changements de personnel sont envisagés est large et, à quelques occasions, le changement est accompagné du qualitatif de sans délai, extra rush ou, important rush. Le nom du candidat à placer est parfois suivi de fils de…
Un premier groupe de POSITIONS A REMPLIR comprend des postes dans les services suivants :
Commission des Liqueurs de Laprairie : Gérant à remplacer « sans délai » par La. et attribution d'un deuxième poste éventuel de commis à F.
Commission des Liqueurs à Montréal (Pied du Courant). Un employé, T, est à remplacer par l'un de trois à placer.
Police provinciale: trois postes à remplir par B., F. et F. et un substitut, L.
Bicycles (sic) : Ici un titulaire « reste », l'autre à « remplacer absolument sans délai » par Bl,
Inspecteurs : pensions de vieillesse, mères nécessiteuses, aveugles, etc. : La. et Fa.
Registrateur (sic) : À Laprairie, le notaire L.
Crédit agricole : Trois postes à remplir. Réviseur ou inspecteur régional, L., évaluateur local, M. et un notaire pour la préparation des prêts.
Sous le titre de Contrats du Ministère de la Voirie, on retrouve :
Garde-pêche et chasse : « Laisser G.; annuler « licenses » et renouveler sur recommandation du maire.
Inspecteur des marchés : S. à remplacer par C.
Voirie : « Transférer bureau ingénieurs de Napierville à Laprairie ». Si agréé, nommer un cantonnier en chef pour le comté (T.) Cantonniers no 1 et no 2 à remplacer par G. et A. Quatre adjoints sont proposés.
Grattes : Sept rangs de la municipalité rurale sont énumérés. On suggère de garder deux opérateurs, d'en remplacer quatre et « on avisera » pour l'autre.
On recommande deux noms pour Camions pour voirie et deux « helpers » de camion.
On trouve ce qui suit dans un autre groupe hétérogène de services.
« Licenses » autos : L. pour remplacer B. (extra rush)
Dépots de bière : (en magasin) Enlever à L. et à B.
Faire mettre X sur la liste des orateurs; District de Montréal.
Nommer G. inspecteur des Conserves
Camion Commission des Liqueurs à Montréal: à V.
Avoir à Laprairie : deux charrues, un souffleur. Trouver six chauffeurs pour charrue.
Palais de Justice : Le fils de J, ou V.
Unité sanitaire : Avoir la garde-malade P, en remplacement de J.
Hôtels : Retrancher les « licenses » du Vieux Prince et de l'Hôtel de la Source, « Règlement prohibition paroisse Laprairie ».
Et, en fin de liste : « C., position chez cultivateur anglais pour apprendre l'anglais. »
Les mœurs électorales ont évolué, le patronage politique a pris d'autres visages. Les employés des services publics sont protégés par des lois et des syndicats. Le peuple est renseigné par des médias omniprésents. Quelle que soit l'époque, certaines pratiques peuvent être plus ou moins acceptées, tolérées ou rejetées par une population donnée. Les us se transforment en même temps que les valeurs. Ce qui, hier, était inacceptable, est aujourd'hui acceptable et vice versa. L'homme est toujours l'homme, avec ses vertus et ses défauts. Et, comme le dit le dicton : Où il a de l'homme il y aura toujours de l'hommerie.
- Au jour le jour, mai 2008
Bibliothèque de la SHLM : récentes acquisitions
Suite du numéro de mars…
1. AUBIN, Georges et RHEAULT, Marcel, Médecins et patriotes 1837-1838, Septentrion, 2006, 354 pages. L’ouvrage nous renseigne sur l’évolution de l’organisation de la profession de médecin de la Conquête jusqu’à la Rébellion de 1837 en démontrant la grande influence de ces professionnels sur la politique de cette époque. L’étude trace également un portrait d’une centaine de médecins du Bas-Canada qui ont joué un rôle lors de la rébellion des Patriotes de 1837-1838 en soulignant leurs actions lors de cette période marquante de notre histoire.
2. POUCHOT, Pierre, Mémoires sur la dernière guerre de l’Amérique septentrionale (1781). Sillery, Septentrion, 2003, 322 p. Les Mémoires de l’officier français Pierre Pouchot sont méconnus du public, et aussi d’un bon nombre d’historiens. Ce texte de près de 300 pages, écrit par un officier qui a pris part à la guerre de la Conquête en Nouvelle-France, est un document exceptionnel par sa richesse historique et son style vivant.
3. MCKAY, Julien, Notaires et patriotes. Septentrion, 2006, 256 pages. Les notaires jouent un rôle primordial dans la société canadienne-française du XIXe siècle. Ces intellectuels adhéraient aux idéaux de démocratie et de liberté. Sur la scène politique, ils se font les critiques, grâce au parlementarisme, d’une constitution qui, à leurs yeux, fonctionne mal. Nombre d’entre eux participent aux événements qui mèneront aux Rébellions de 1837 et 1838, de la Chambre d’assemblée à l’insurrection armée.
4. DECHÊNE, Louise. Le partage des subsistances au Canada sous le régime français. Montréal, Boréal, 1994. 283 p. À mi-chemin entre le social et le politique, cette étude cherche à saisir la manière de penser et d'agir des gouvernements et des gouvernés, à comprendre l'ensemble culturel spécifique qui est le leur.
5. LAMBERT, Pierre. Les Patriotes de Beloeil, Le mouvement patriote, les insurrections de 1837-1838 et les paroissiens de Beloeil. Septentrion, 1994, 192 pages. En 1987, on a redécouvert l’acte de sépultures de cinq patriotes de Beloeil tués à Saint-Charles. L'ampleur du mouvement patriote dans cette paroisse restait encore à cerner et les questions affluaient, nombreuses… Qui étaient les patriotes de Beloeil? Quels étaient leurs chefs?
À suivre dans le prochain numéro…
- Au jour le jour, mai 2008
Un chemin de fer à La Prairie
Au milieu de la décennie 1820 le Vermont voit ses forêts complètement épuisées. On y a récolté trop d’arbres et il faut trouver une nouvelle façon d’approvisionner la Nouvelle- Angleterre en bois. C’est alors que l’on songe aux forêts du Québec. Ce fut l’un des nombreux facteurs qui motiva les promoteurs à construire un lien ferroviaire entre Montréal et la ville de Dorchester (St-Jean) sur le Richelieu.
Dans notre premier article sur L’Impartial nous avions indiqué que les deux propriétaires du journal étaient Jaumenne et Raymond. Il est fort probable qu’il s’agisse de Jean-Moïse Raymond. Ce dernier était associé avec son père, à La Prairie, en 1810, dans la cie Jean-Baptiste Raymond et Fils, spécialisée dans la production de la potasse et le commerce des produits manufacturés, il dirigea l'entreprise de 1825 à 1839.
Élu député de Huntingdon en 1824. Réélu en 1827. Élu dans Laprairie en 1830, il appuya le parti canadien, puis le parti patriote.
Raymond était le beau-père du notaire Jean-Baptiste Varin, il était également lié à Joseph Masson, son beau-frère et seigneur de Terrebonne. Masson fut l’un des principaux actionnaires du chemin de fer. Raymond exerça d’énormes pressions pour convaincre les habitants de La Prairie des bienfaits du projet; ils craignaient que cela nuise à l’agriculture et à leur quiétude champêtre. Et surtout à titre de député Raymond fit amender la chartre afin d’inclure le village de Laprairie comme terminus de la future voie ferrée.
À la lumière de ce qui précède on comprendra mieux le ton enthousiaste des trois textes publiés dans L’Impartial au sujet de ce projet.
Vol. 1 No. 3 11 décembre 1834
On sait que depus quelques tems il est question de faire une route de ce genre pour établir la communication entre Montreal et St. Jean. Le projet et sur le point de se réaliser et dans ce moment les Ingenieurs sont occupes a dresser le plan de la Route. L’état florissant de notre village, la communication déjà établie avec Montreal sont autans de considerations qui doivent les decider à faire aboutir la nouvelle route à Laprairie ; si cet Espoir se realise, nul doute que notre village ne prenne un accroissement rapide et qu’il ne parvienne promptement a un etat de Prosperite qui lui donnera l’apparence et la population d’une ville. Un comite s’est assemble samedi dernier à Montreal afin de donner cette decision nous n’en connaissons pas encore le resultat mais nous avons lieu de croire que l’interet prive des Entrepreneurs ainsi que celui du public les engagera à faire paser la nouvelle route par Laprairie.
CHEMIN DE FER
Nous eprouvons la plus grande satisfaction de pouvoir annoncer a nos lecteurs de Laprairie, qu’il est enfin decide que le chemin en fer du Lac Champlain au fleuve St. Laurent, aboutira a Laprairie.
Les considerations qui ont decide l’Ingenieur sont celles-ci : d’abord la diminution de la longueur de la route ; qui est d’environ cinq-milles, en second lieu l’avantage d’eviter de faire passer la route sur un terrein tres long plein de foudrieres et en outre celui d’eviter la construction d’un quai pour les Stem Boat d’une etendue considerable et expose a des grands dangers tous les printemps.
Cinq cents notions ayant déjà été obtenue la compagnie se reunira le 29 de ce mois pour nommer les directeurs charges des premiers operation de la societe, il parait decide qu’on mettra la main a l’oeuvre des le printemps nous Exortons tous les amis de la prosperite de leurs pays, et qu’ils possedent des capitaux de s’empresser a prendre des actions dans cette entreprise evidemment si utile et si profitable.
19 février 1835
C’est avec une vive satisfaction que nous annoncons à nos concitoyens que les entreprenneurs du chemin en lisses, qui doit établir une facile communication entre le lac Champlain et le St.Laurent, déployent la plus grande activité dans leurs préparatifs, déjà ils ont donné à l’entreprise l’énorme quantité de blocs qui doivent servir à la construction du chemin, et le choix de la personne qui doit faire cette livraison considérable est une garantie que les travaux ne souffriront pas de retard, à peine quelques jours se sont écoulés depuis l’adjudication et déjà de nombreux ouvriers sont partis pour aller abattre et préparer les arbres qui doivent être convertis en blocs, et tous les travailleurs ne quitteront leur chaume que pour amener au printems, les radeaux contenant le bois qu’ils auront préparé.
Puisse cette entreprise donner l’élan aux spéculateurs. Les moyens faciles de communication sont une source de prospérité pour le pays qui possèdent, car comme les artères et les veines portent la chaleur et la vie dans le corps humain, de même les canaux et les routes en fer font pénétrer le commerce et l’industrie dans les coins les plus reculés du pays qui les établit.
- Au jour le jour, mai 2008
Nouvelles de la SHLM
Nouveaux membres
La SHLM est heureuse de souhaiter la bienvenue à ses nouveaux membres :
308 Robert Moreau
309 Luminik Chouinard
310 Cynthia Couture (Ville de Brossard)
Archéologie
Dans le cadre des travaux d’enfouissement des fils dans l’arrondissement historique la firme Arkéos a été chargée de la surveillance archéologique sur plus d’un kilomètre de tranchées. Les travaux des archéologues sous la direction de M. Brian Ross s’étaleront sur une période de sept semaines. On compte déjà de nombreuses découvertes intéressantes : pipe en céramique, puits en pierre, dallage de l’ancienne place du marché face à l’église, pieux de l’ancienne palissade et tessons de poterie amérindienne de tradition « Meadowood? » datant du sylvicole moyen.
Outre les travaux de surveillance, les archéologues effectueront également quelques sondages à des endroits spécifiques. Malgré une trentaine de campagnes de fouilles réalisées depuis 1975, les découvertes récentes confirment que le potentiel archéologique du Vieux La Prairie est toujours appréciable.
Nouveau secrétaire au c.a. de la SHLM
Suite à l’assemblée générale du 18 mars 2008 M. Stéphane Tremblay a été élu au c.a. et nommé secrétaire de la SHLM.
Né en 1967, année de l’Expo, M. Tremblay est originaire de l’Outaouais. Il est diplômé en sciences pures et histoire, matière qu’il enseigne avec passion au secondaire depuis près de 17 ans. Notre nouveau secrétaire est également fervent de généalogie et à ce titre il collabore au club de généalogie de la SHLM. De plus il a récemment accepté la responsabilité du comité d’étude sur les batailles du 11 août 1691 à La Prairie. Nous lui souhaitons un long et heureux séjour au sein de l’équipe de la SHLM.

L’énigme du clocher
Récemment un peintre « araignée » travaillait à repeindre le clocher de l’église de La Nativité. Comme la photo ci-jointe le démontre, c’est en fixant un câble à la croix qui surmonte le clocher qu’il a réussi à se suspendre pour effectuer les travaux. Nombreux sont ceux qui se demandent comment il a réussi à aller nouer cette corde à la croix. Si vous connaissez la réponse, prière de nous le faire savoir.
