Sélection d'une édition

    Emmanuel Desrosiers

    Pour souligner la Noël 1996, notre bulletin de décembre propose un retour à l’année 1930. En lisant ce conte, chacun pourra imaginer certains aspects de La Prairie à l'époque.

    L'auteur, Emmanuel Desrosiers (1897-1945), raconte le paysage d'hiver, l'atmosphère chaleureuse dans laquelle baignaient nos ancêtres d'alors. Pour le citadin qu'il était devenu, bien malgré lui, La Prairie c'était la campagne, la belle campagne où la nature a conservé ses attraits et sa beauté. La maison paternelle, aujourd’hui démolie et qui l'avait vu naître, était située sur les rives du St-Laurent à l'extrémité nord-ouest de l’actuel Boulevard Salaberry. Pour son village natal, ses habitants et ses maisons, Emmanuel Desrosiers conservait dans son cœur un profond attachement.

    L'auteur revenait souvent à La Prairie. Il aimait contempler le beau fleuve camouflé sous un manteau de neige, ou encore celui qui descendait inlassablement vers la mer en laissant au passage l'abondance d’une grande variété de poissons.

    Il apparaît tout naturel qu'il situe son conte dans le climat religieux du début du siècle. Noël et la messe de minuit marquaient le point culminant des Fêtes d’hiver. Le petit Roger anticipe le merveilleux de cette messe, célébrée dans la belle et grande église bâtie en 1841 et dont le fier clocher marque encore aujourd’hui le cœur du village.

    Il a collaboré à de nombreuses revues et magazines ainsi qu’aux journaux La Presse et Le Devoir.

    Décédé prématurément à l'âge de 47 ans, Emmanuel Desrosiers n’a pas été en mesure de livrer par l’écriture toutes les idées qui bouillonnaient dans sa tête. Ses obligations familiales ont freiné son désir d’expression; il a cependant fait publier en 1931 LA FIN DE LA TERRE, œuvre d’anticipation scientifique. Dans son volume, il établit le centre où les savants organisent la fuite vers la planète Mars sur l’Île au Diable, en plein Rapides de Lachine. À l’époque, cette île était rattachée au territoire de la paroisse de La Prairie. Le chaos universel rend impossible la vie sur Terre et les humains rescapés fuient cette terre en l'an 2406.

    Emmanuel Desrosiers prodiguait largement sa tendresse envers les enfants en qui il entrevoyait les artisans d’un avenir meilleur.

    Pour souligner la Noël 1996, notre bulletin de décembre propose un retour à l’année 1930. En lisant ce conte, chacun pourra imaginer certains aspects de La Prairie à l'époque. L'auteur, Emmanuel Desrosiers (1897-1945), raconte le paysage d'hiver, l'atmosphère chaleureuse dans laquelle baignaient nos ancêtres d'alors. Pour le citadin qu'il était devenu, bien malgré lui, La Prairie c'était la campagne, la belle campagne où la nature a conservé ses attraits et sa beauté. La maison paternelle, aujourd’hui démolie et qui l'avait vu naître, était située sur les rives du St-Laurent à l'extrémité nord-ouest de l’actuel Boulevard Salaberry. Pour son village natal, ses habitants et ses maisons, Emmanuel Desrosiers conservait dans son cœur un profond attachement. L'auteur revenait souvent à La Prairie. Il aimait contempler le beau fleuve camouflé sous un manteau de neige, ou encore celui qui descendait inlassablement vers la mer en laissant au passage l'abondance d’une grande variété de poissons. Il apparaît tout naturel qu'il situe son conte dans le climat religieux du début du siècle. Noël et la messe de minuit marquaient le point culminant des Fêtes d’hiver. Le petit Roger anticipe le merveilleux de cette messe, célébrée dans la belle et grande église bâtie en 1841 et dont le fier clocher marque encore aujourd’hui le cœur du village. Il a collaboré à de nombreuses revues et magazines ainsi qu’aux journaux La Presse et Le Devoir. Décédé prématurément à l'âge de 47 ans, Emmanuel Desrosiers n’a pas été en mesure de livrer par l’écriture toutes les idées qui bouillonnaient dans sa tête. Ses obligations familiales ont freiné son désir d’expression; il a cependant fait publier en 1931 LA FIN DE LA TERRE, œuvre d’anticipation scientifique. Dans son volume, il établit le centre où les savants organisent la fuite vers la planète Mars sur l’Île au Diable, en plein Rapides de Lachine. À l’époque, cette île était rattachée au territoire de la paroisse de La Prairie. Le chaos universel rend impossible la vie sur Terre et les humains rescapés fuient cette terre en l'an 2406. Emmanuel Desrosiers prodiguait largement sa tendresse envers les enfants en qui il entrevoyait les artisans d’un avenir meilleur....

    La SHLM : un lieu de rassemblement

    Observez avec attention ce nouveau logo qui apparaît à gauche de cette page. Ce dessin sera maintenant associé à toute publication reliée aux fêtes du 25e anniversaire de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine.

    Un lieu de rassemblement

    Au cours des 25 dernières années, la SHLM est devenue un lieu de rencontre et d’échange pour de nombreux membres. Ceux-ci, de différentes manières, ont manifesté de façon concrète l’estime et l’intérêt qu’ils vouaient à la SHLM. L’objectif premier s’est maintenu avec les années : faire de la recherche et promouvoir la conservation du patrimoine historique de La Prairie. Sans l’appui de ses membres et amis, la SHLM n’aurait pu cheminer aussi rapidement et offrir, après 25 ans, un bilan impressionnant de réalisations. Soulignons que le 249, rue Ste-Marie à La Prairie loge dans un édifice dont la ville est propriétaire depuis sa construction en 1863. Depuis 25 ans, les conseils municipaux successifs ont gracieusement mis ce local à la disposition de la SHLM. C’est un avantage d’importance qui mérite d’être mentionné.

    Le quartier du Vieux-La Prairie, devenu « Arrondissement historique » en 1975, a servi d’élément rassembleur aux premiers visionnaires qui ont entrevu le potentiel du secteur. En lieu et place d’une démolition prévisible des maisons et rues, ils ont proposé une mise en marche de plans de sauvegarde. Autour de l’église de 1841 se trouve un quartier que le Ministère de la Culture du Québec propose à titre de « Témoin exemplaire d’un village québécois, fin XIXe siècle ».

    Nombreux sont les intervenants qui ont contribué à ce moment de sauvegarde. Plusieurs maisons ont été rénovées et embellies, offrant aux visiteurs des « bijoux » du patrimoine. Ce mouvement de conservation ira en s’accentuant avec les années, nous en sommes persuadés. À la connaissance actuelle de l’histoire de chaque maison viendra s’ajouter le fruit des recherches historiques et archéologiques qui se continuent.

    À suivre…

    Claudette Houde

    Observez avec attention ce nouveau logo qui apparaît à gauche de cette page. Ce dessin sera maintenant associé à toute publication reliée aux fêtes du 25e anniversaire de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine. Un lieu de rassemblement Au cours des 25 dernières années, la SHLM est devenue un lieu de rencontre et d’échange pour de nombreux membres. Ceux-ci, de différentes manières, ont manifesté de façon concrète l’estime et l’intérêt qu’ils vouaient à la SHLM. L’objectif premier s’est maintenu avec les années : faire de la recherche et promouvoir la conservation du patrimoine historique de La Prairie. Sans l’appui de ses membres et amis, la SHLM n’aurait pu cheminer aussi rapidement et offrir, après 25 ans, un bilan impressionnant de réalisations. Soulignons que le 249, rue Ste-Marie à La Prairie loge dans un édifice dont la ville est propriétaire depuis sa construction en 1863. Depuis 25 ans, les conseils municipaux successifs ont gracieusement mis ce local à la disposition de la SHLM. C’est un avantage d’importance qui mérite d’être mentionné. Le quartier du Vieux-La Prairie, devenu « Arrondissement historique » en 1975, a servi d’élément rassembleur aux premiers visionnaires qui ont entrevu le potentiel du secteur. En lieu et place d’une démolition prévisible des maisons et rues, ils ont proposé une mise en marche de plans de sauvegarde. Autour de l’église de 1841 se trouve un quartier que le Ministère de la Culture du Québec propose à titre de « Témoin exemplaire d’un village québécois, fin XIXe siècle ». Nombreux sont les intervenants qui ont contribué à ce moment de sauvegarde. Plusieurs maisons ont été rénovées et embellies, offrant aux visiteurs des « bijoux » du patrimoine. Ce mouvement de conservation ira en s’accentuant avec les années, nous en sommes persuadés. À la connaissance actuelle de l’histoire de chaque maison viendra s’ajouter le fruit des recherches historiques et archéologiques qui se continuent. À suivre… Claudette Houde...

    Organisation du système scolaire après la Conquête

    Organisation du système scolaire après la Conquête

    À La Prairie, tout comme dans les autres villages de l'ancienne Nouvelle-France, la population est fortement secouée par la guerre de la Conquête qui se termine en 1760. L'enseignement en subit les contrecoups. Heureusement que l'école, tenue par les filles de Marguerite Bourgeoys depuis 1676, qui a fidèlement assuré une présence dans la paroisse depuis presque un siècle, a été épargnée par les flammes de l'envahisseur. Les petites filles avaient appris à lire, à écrire, à compter et à tenir maison. Devenues épouses et mères de familles, elles enseigneront ensuite à leur époux et aux enfants les rudiments des connaissances acquises. Il y avait au village une ou deux religieuses qui enseignaient gratuitement. Pour assurer leur subsistance, elles exécutaient des travaux à l'aiguille et autres. Le roi ajoutait à ces revenus de maigres subventions occasionnelles.

    Pour ce qui est de l'enseignement aux garçons, les historiens émettent l'hypothèse de maîtres itinérants allant de village en village.

    La coupure brutale d'avec la mère-patrie fait subir un choc profond à la population et également aux religieuses enseignantes. Celles-ci ressentent comme un vide intellectuel provoqué par une situation qu'elles savent irréversible. Les citoyens sortent appauvris de cette longue guerre qui a drainé toutes les forces économiques. Heureusement que les religieuses reprennent assez rapidement le souffle d'avant la Conquête. Les jeunes sont là, les besoins sont grands, il faut composer avec l'acquis et s'ingénier à trouver de nouvelles ressources exigées par la situation.

    L’Angleterre, qui a voté I'Acte constitutionnel de 1791, instaure un régime parlementaire dans sa nouvelle colonie d'Amérique. Ces « élus » établiront rapidement les bases d'un système d'enseignement. Quelques « Canadiens » siègent au Conseil législatif et revendiquent la place du français dans toutes les institutions, écoles comprises.

    L’institution royale de 1801 vise l'établissement d'écoles élémentaires dans les paroisses où résident au moins dix enfants protestants d'origine britannique. L'objectif d'anglicisation est un échec. Dans le village de La Prairie, en 1822, 18 écoliers catholiques fréquentent cette école mais l'enseignement se donne en français, dans des manuels français, et les jeunes n'apprennent pas le protestantisme.

    Le parlement vote la loi de 1824. Cette nouvelle législation établit le contrôle des écoles élémentaires par les fabriques catholiques. La bataille pour la conservation de la langue et de la foi porte fruits. Certains résidents de La Prairie, parmi les mieux fortunés et les plus soucieux d'un enseignement de qualité, avaient d'ailleurs posé des gestes concrets pour être dotés d'écoles bien pourvues.

    En 1819, une pétition de citoyens de La Prairie avait été envoyée à la Chambre d’Assemblée. On y demandait l'agrandissement du village à même la Commune. Certains terrains pourraient être vendus pour la construction résidentielle, par contre on pourrait y établir un petit collège ou école de grammaire et une école élémentaire ainsi qu'une école pour les pauvres. Fait cocasse, en 1829, l'évêque de Québec écrit au curé Boucher, suite à des informations reçues de Mme O'Keefe, anglophone catholique, veuve. Celle-ci fait ressortir le fait qu'il y a beaucoup de pauvres au village et sollicite une maison assez grande, chauffée, afin d'être en mesure de fournir aux enfants l'instruction gratuite en français.

    La loi de 1824 dure peu, les fabriques disposent de peu d'argent et ne peuvent assumer les frais de construction et d’entretien d’écoles pour leurs jeunes.

    Le Parlement se ravise et vote la loi qui établit les écoles de syndics qui s'établissent de 1829 à 1832. L'élément nouveau consiste dans le fait que l'État dispense des fonds publics à être administrés par des contribuables ou commissaires élus par la population locale.

    Grâce à ces entrées d’argent, La Prairie engage 4 maîtres d'école laïcs. Cette solution aurait pu satisfaire la population, mais situons-nous dans le climat social de l’époque. L’Insurrection de 1837 se prépare, les discours des « Patriotes » agitent les esprits. De plus, il faut tenir compte des colons vivant dispersés dans les nombreux rangs et côtes. On planifie la construction des écoles de rang, mais par où commencer? La distribution équitable des fonds publics apparaît vite un problème pratiquement insoluble.

    Pour ajouter à ces difficultés, les religieuses qui tiennent l'école des filles, année après année depuis 1676, refusent les fonds publics et ferment leur couvent en 1836. Heureusement qu'elles se ravisent et l'ouvrent de nouveau en 1844. L’enseignement aux filles est donc de nouveau assuré, mais que faire pour les garçons et les enfants vivant sur les fermes?

    Le Parlement du Bas-Canada met en place de nouvelles structures administratives dans les années 1844-1856. Par la création du Conseil de l’Instruction publique les commissaires d'écoles se voient préciser leurs fonctions et surtout ils deviennent graduellement autonomes face aux autorités municipales. C'est la liberté d’action dont ils ont besoin pour être efficaces. Parmi les hommes politiques qui siègent à la législature du Bas-Canada, il s’en trouve deux qui exercent une influence marquée dans l'adoption de cette loi : ce sont Jean-Baptiste Meilleur qui deviendra surintendant de l’Instruction publique et Louis-Hippolyte Lafontaine qui jouera un rôle capital, avec Robert Baldwin, dans l’obtention d'un gouvernement responsable.

    Meilleur et Lafontaine rencontrent mille et une difficultés pour faire accepter le Conseil de l'Instruction publique par la population. Puisque tout est à faire, en éducation cela signifie taxation. Nos bons citoyens de La Prairie ont certainement participé aux manifestations populaires de protestation face aux nouvelles taxes. Ils ont certainement pris part à ce que les historiens qualifient de guerre des éteignoirs!

    À La Prairie, en 1844, on dénombre 4 commissaires d’école, soit 2 pour le village et 2 pour la campagne. Le Père Tellier, curé-jésuite, est un des commissaires élus du village. La période des années 1840 est celle de construction d’écoles de rang à un rythme accéléré. Les professeurs laïcs sont des hommes ou des femmes.

    En 1855, le lieutenant-gouverneur sépare le territoire de La Prairie en 2 municipalités : village et campagne. L'administration scolaire sera assumée par les deux entités distinctes. Le gouvernement du Québec ordonnera la fermeture des écoles de rang en 1964.

    Au village, on décide de construire une école modèle sur un terrain donné par le gouvernement. Le programme d’études dans cette école élémentaire est obligatoirement enrichi, selon les directives des autorités centrales :

    « Les professeurs doivent pouvoir enseigner, outre la lecture et l’écriture, la grammaire française et anglaise par principe (sic) et d'une manière analytique, la géographie et les rudiments de l’histoire, ceux de l'art épistolaire, l'arithmétique dans toutes ses parties, le dessin linéaire et la tenue des livres en partie double. »

    J.-B. Meilleur, circulaire du 9 juin 1846

    L'école modèle publique de 1848 loge dans un bâtiment qui se détériore rapidement puisqu'en 1867 on qualifie l’édifice de « malsain et insuffisant ». Le curé Gravel donne un emplacement pour construire une nouvelle école. Ce sont les Clercs de St-Viateur que demande le curé, pour enseigner aux garçons du village. Les CSV prennent la responsabilité et la direction de l'enseignement de 1865 à 1876.

    Mais voilà qu'en 1875 un groupe de citoyens remet en cause la présence des CSV à La Prairie. Les critiques sont acerbes, les chefs de file du mouvement de remise en question gagnent l'adhésion de nombreux parents. Pour rétablir le calme, les commissaires confient direction et enseignement à des laïcs. Cette situation durera 12 ans jusqu'à ce que les Frères de l'Instruction Chrétienne prennent la direction de l'Académie en 1888.

    1876, année de remise en question! Un certain nombre de parents poussent très loin leur rejet de l'école des CSV. Ils ouvrent une école indépendante, dissidente, séparée. L'aventure s'avérera un échec et ne durera qu'un an, faute de moyens financiers et d'étudiants. Nos archives sont avares de renseignements sur cette saga. Il eût été fort intéressant de scruter plus à fond ce mouvement contestataire.

    La suite des événements énumérés au cours du XIXe siècle reflète l'évolution d'une population qui suscite et subit de profonds changements. L'école des filles, dirigée par les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, s'avère une institution stable qui assure une certaine permanence. Les religieuses quitteront définitivement La Prairie en 1980.

    La population, appuyée de son clergé, conserve sa langue et sa foi que la Conquête de 1760 semblait avoir mises en péril. Le système scolaire vient enrichir le niveau de connaissance de tout un peuple qui évolue de plus en plus au rythme des événements internationaux.

    Organisation du système scolaire après la Conquête À La Prairie, tout comme dans les autres villages de l'ancienne Nouvelle-France, la population est fortement secouée par la guerre de la Conquête qui se termine en 1760. L'enseignement en subit les contrecoups. Heureusement que l'école, tenue par les filles de Marguerite Bourgeoys depuis 1676, qui a fidèlement assuré une présence dans la paroisse depuis presque un siècle, a été épargnée par les flammes de l'envahisseur. Les petites filles avaient appris à lire, à écrire, à compter et à tenir maison. Devenues épouses et mères de familles, elles enseigneront ensuite à leur époux et aux enfants les rudiments des connaissances acquises. Il y avait au village une ou deux religieuses qui enseignaient gratuitement. Pour assurer leur subsistance, elles exécutaient des travaux à l'aiguille et autres. Le roi ajoutait à ces revenus de maigres subventions occasionnelles. Pour ce qui est de l'enseignement aux garçons, les historiens émettent l'hypothèse de maîtres itinérants allant de village en village. La coupure brutale d'avec la mère-patrie fait subir un choc profond à la population et également aux religieuses enseignantes. Celles-ci ressentent comme un vide intellectuel provoqué par une situation qu'elles savent irréversible. Les citoyens sortent appauvris de cette longue guerre qui a drainé toutes les forces économiques. Heureusement que les religieuses reprennent assez rapidement le souffle d'avant la Conquête. Les jeunes sont là, les besoins sont grands, il faut composer avec l'acquis et s'ingénier à trouver de nouvelles ressources exigées par la situation. L’Angleterre, qui a voté I'Acte constitutionnel de 1791, instaure un régime parlementaire dans sa nouvelle colonie d'Amérique. Ces « élus » établiront rapidement les bases d'un système d'enseignement. Quelques « Canadiens » siègent au Conseil législatif et revendiquent la place du français dans toutes les institutions, écoles comprises. L’institution royale de 1801 vise l'établissement d'écoles élémentaires dans les paroisses où résident au moins dix enfants protestants d'origine britannique. L'objectif d'anglicisation est un échec. Dans le village de La Prairie, en 1822, 18 écoliers catholiques fréquentent cette école mais l'enseignement se donne en français, dans des manuels français, et les jeunes n'apprennent pas le protestantisme. Le parlement vote la loi de 1824. Cette nouvelle législation établit le contrôle des écoles élémentaires par les fabriques catholiques. La bataille pour la conservation de la langue et de la foi porte fruits. Certains résidents de La Prairie, parmi les mieux fortunés et les plus soucieux d'un enseignement de qualité, avaient d'ailleurs posé des gestes concrets pour être dotés d'écoles bien pourvues. En 1819, une pétition de citoyens de La Prairie avait été envoyée à la Chambre d’Assemblée. On y demandait l'agrandissement du village à même la Commune. Certains terrains pourraient être vendus pour la construction résidentielle, par contre on pourrait y établir un petit collège ou école de grammaire et une école élémentaire ainsi qu'une école pour les pauvres. Fait cocasse, en 1829, l'évêque de Québec écrit au curé Boucher, suite à des informations reçues de Mme O'Keefe, anglophone catholique, veuve. Celle-ci fait ressortir le fait qu'il y a beaucoup de pauvres au village et sollicite une maison assez grande, chauffée, afin d'être en mesure de fournir aux enfants l'instruction gratuite en français. La loi de 1824 dure peu, les fabriques disposent de peu d'argent et ne peuvent assumer les frais de construction et d’entretien d’écoles pour leurs jeunes. Le Parlement se ravise et vote la loi qui établit les écoles de syndics qui s'établissent de 1829 à 1832. L'élément nouveau consiste dans le fait que l'État dispense des fonds publics à être administrés par des contribuables ou commissaires élus par la population locale. Grâce à ces entrées d’argent, La Prairie engage 4 maîtres d'école laïcs. Cette solution aurait pu satisfaire la population, mais situons-nous dans le climat social de l’époque. L’Insurrection de 1837 se prépare, les discours des « Patriotes » agitent les esprits. De plus, il faut tenir compte des colons vivant dispersés dans les nombreux rangs et côtes. On planifie la construction des écoles de rang, mais par où commencer? La distribution équitable des fonds publics apparaît vite un problème pratiquement insoluble. Pour ajouter à ces difficultés, les religieuses qui tiennent l'école des filles, année après année depuis 1676, refusent les fonds publics et ferment leur couvent en 1836. Heureusement qu'elles se ravisent et l'ouvrent de nouveau en 1844. L’enseignement aux filles est donc de nouveau assuré, mais que faire pour les garçons et les enfants vivant sur les fermes? Le Parlement du Bas-Canada met en place de nouvelles structures administratives dans les années 1844-1856. Par la création du Conseil de l’Instruction publique les commissaires d'écoles se voient préciser leurs fonctions et surtout ils deviennent graduellement autonomes face aux autorités municipales. C'est la liberté d’action dont ils ont besoin pour être efficaces. Parmi les hommes politiques qui siègent à la législature du Bas-Canada, il s’en trouve deux qui exercent une influence marquée dans l'adoption de cette loi : ce sont Jean-Baptiste Meilleur qui deviendra surintendant de l’Instruction publique et Louis-Hippolyte Lafontaine qui jouera un rôle capital, avec Robert Baldwin, dans l’obtention d'un gouvernement responsable. Meilleur et Lafontaine rencontrent mille et une difficultés pour faire accepter le Conseil de l'Instruction publique par la population. Puisque tout est à faire, en éducation cela signifie taxation. Nos bons citoyens de La Prairie ont certainement participé aux manifestations populaires de protestation face aux nouvelles taxes. Ils ont certainement pris part à ce que les historiens qualifient de guerre des éteignoirs! À La Prairie, en 1844, on dénombre 4 commissaires d’école, soit 2 pour le village et 2 pour la campagne. Le Père Tellier, curé-jésuite, est un des commissaires élus du village. La période des années 1840 est celle de construction d’écoles de rang à un rythme accéléré. Les professeurs laïcs sont des hommes ou des femmes. En 1855, le lieutenant-gouverneur sépare le territoire de La Prairie en 2 municipalités : village et campagne. L'administration scolaire sera assumée par les deux entités distinctes. Le gouvernement du Québec ordonnera la fermeture des écoles de rang en 1964. Au village, on décide de construire une école modèle sur un terrain donné par le gouvernement. Le programme d’études dans cette école élémentaire est obligatoirement enrichi, selon les directives des autorités centrales : « Les professeurs doivent pouvoir enseigner, outre la lecture et l’écriture, la grammaire française et anglaise par principe (sic) et d'une manière analytique, la géographie et les rudiments de l’histoire, ceux de l'art épistolaire, l'arithmétique dans toutes ses parties, le dessin linéaire et la tenue des livres en partie double. » J.-B. Meilleur, circulaire du 9 juin 1846 L'école modèle publique de 1848 loge dans un bâtiment qui se détériore rapidement puisqu'en 1867 on qualifie l’édifice de « malsain et insuffisant ». Le curé Gravel donne un emplacement pour construire une nouvelle école. Ce sont les Clercs de St-Viateur que demande le curé, pour enseigner aux garçons du village. Les CSV prennent la responsabilité et la direction de l'enseignement de 1865 à 1876. Mais voilà qu'en 1875 un groupe de citoyens remet en cause la présence des CSV à La Prairie. Les critiques sont acerbes, les chefs de file du mouvement de remise en question gagnent l'adhésion de nombreux parents. Pour rétablir le calme, les commissaires confient direction et enseignement à des laïcs. Cette situation durera 12 ans jusqu'à ce que les Frères de l'Instruction Chrétienne prennent la direction de l'Académie en 1888. 1876, année de remise en question! Un certain nombre de parents poussent très loin leur rejet de l'école des CSV. Ils ouvrent une école indépendante, dissidente, séparée. L'aventure s'avérera un échec et ne durera qu'un an, faute de moyens financiers et d'étudiants. Nos archives sont avares de renseignements sur cette saga. Il eût été fort intéressant de scruter plus à fond ce mouvement contestataire. La suite des événements énumérés au cours du XIXe siècle reflète l'évolution d'une population qui suscite et subit de profonds changements. L'école des filles, dirigée par les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, s'avère une institution stable qui assure une certaine permanence. Les religieuses quitteront définitivement La Prairie en 1980. La population, appuyée de son clergé, conserve sa langue et sa foi que la Conquête de 1760 semblait avoir mises en péril. Le système scolaire vient enrichir le niveau de connaissance de tout un peuple qui évolue de plus en plus au rythme des événements internationaux....

    L’Académie Saint-Joseph : Ti-Gris

    Avec la deuxième année a lieu le changement obligatoire d'école et l'admission à I'Académie Saint-Joseph sur la rue Saint-Ignace au Vieux-Fort. C'est aussi le souvenir, celui-là bien net, du frère Bruno, dit Ti-Gris, un Breton à n'en pas douter élevé au bord de la mer et qui dut passer son enfance à hurler de toutes ses forces face aux vents et marées affrontés sur les plages de son pays natal. Je déduis cet aspect de son histoire personnelle du fait que Ti-Gris enseignait plus en criant qu'en parlant. Et il ne s'agit pas là de la simple impression subjective d'un enfant comme en ont fait foi plusieurs témoins auditifs dont les élèves du couvent local rapportant que leur professeur devait parfois fermer les fenêtres de leur classe parce que les vociférations de Ti-Gris les dérangeaient et les empêchaient d'entendre ce qu'elle leur disait. Et le couvent, situé à côté de l'église, était à un bon pâté de maison de l'Académie. Les frères de l’Instruction Chrétienne étaient arrivés au Québec en 1888 et il en vint d'autres de France par la suite jusqu'à ce que la relève locale devienne suffisante pour satisfaire aux besoins. Le cri faisait-il partie des attitudes pédagogiques normales de ces enseignants de la vieille France? Difficile à dire.

    Ti-Gris avait aussi avait aussi d'autres méthodes pédagogiques qui semblaient lui être propres. Ainsi, il enseignait la lecture autant par les mains que par les yeux. Cela se passait de la manière suivante. Chaque matin le test de lecture s'effectuait par groupe d'une dizaine d'élèves. Ces dix élèves se plaçaient les uns à côté des autres en une rangée face au tableau noir à l'avant de la classe. À tour de rôle chacun devait lire une ou peut-être plusieurs phrases écrites au tableau. On commençait par l'élève à gauche de la rangée, Ti-Gris lui-même placé à la gauche de cet élève une strappe à la main. Si l'élève passait bien le test de lecture il retournait à sa place sans plus. Si le test était raté, il était de mise de tendre la main pour que Ti-Gris la réchauffe avec sa strappe. Certains demeuraient réticents à s'offrir spontanément au supplice. Mal leur en prenait car le révérend frère leur empoignait alors le poignet et redoublait de coups pédagogiques. Je ne sais si c'est à cause de mes dispositions naturelles à l'apprentissage de la lecture ou par crainte de la douleur physique, toujours est-il que je n'ai pas souvent « mangé » de la strappe à Ti-Gris… Certains qui y goûtaient souvent s'avérèrent peu friands de la mesure et décidèrent de faire quelque chose à ce propos. On planifia l'enlèvement de la strappe et c'est Ti-Zoune Champagne qui accomplit l’exploit. Il fut en effet assez courageux pour s'introduire dans la classe et cela sans être vu à un moment où l'école devait être vide de tous ses élèves. La strappe fut brûlée aux pieds des remparts près du neuve non loin de l’école et ce en présence de nombreux témoins. El le plus beau de celle histoire c'est que personne ne vendit jamais la mèche et que malgré ses recherches Ti-Gris ne parvint jamais à savoir cc qu'il était advenu de son martinet. Comme quoi même de jeunes enfants peuvent faire preuve d'une grande solidarité face à l'abus de pouvoir.

    ***

    Par beau temps on jouait dehors. Le drapeau était le sport de compétition d'équipe favori quand l'état du sol le permettait. L'hiver on jouait sur la patinoire ou on glissait sur la magnifique glissoire que les frères aménageaient dans la descente qui menait au fleuve, entre les remparts, près de la cour.

    Avec la deuxième année a lieu le changement obligatoire d'école et l'admission à I'Académie Saint-Joseph sur la rue Saint-Ignace au Vieux-Fort. C'est aussi le souvenir, celui-là bien net, du frère Bruno, dit Ti-Gris, un Breton à n'en pas douter élevé au bord de la mer et qui dut passer son enfance à hurler de toutes ses forces face aux vents et marées affrontés sur les plages de son pays natal. Je déduis cet aspect de son histoire personnelle du fait que Ti-Gris enseignait plus en criant qu'en parlant. Et il ne s'agit pas là de la simple impression subjective d'un enfant comme en ont fait foi plusieurs témoins auditifs dont les élèves du couvent local rapportant que leur professeur devait parfois fermer les fenêtres de leur classe parce que les vociférations de Ti-Gris les dérangeaient et les empêchaient d'entendre ce qu'elle leur disait. Et le couvent, situé à côté de l'église, était à un bon pâté de maison de l'Académie. Les frères de l’Instruction Chrétienne étaient arrivés au Québec en 1888 et il en vint d'autres de France par la suite jusqu'à ce que la relève locale devienne suffisante pour satisfaire aux besoins. Le cri faisait-il partie des attitudes pédagogiques normales de ces enseignants de la vieille France? Difficile à dire. Ti-Gris avait aussi avait aussi d'autres méthodes pédagogiques qui semblaient lui être propres. Ainsi, il enseignait la lecture autant par les mains que par les yeux. Cela se passait de la manière suivante. Chaque matin le test de lecture s'effectuait par groupe d'une dizaine d'élèves. Ces dix élèves se plaçaient les uns à côté des autres en une rangée face au tableau noir à l'avant de la classe. À tour de rôle chacun devait lire une ou peut-être plusieurs phrases écrites au tableau. On commençait par l'élève à gauche de la rangée, Ti-Gris lui-même placé à la gauche de cet élève une strappe à la main. Si l'élève passait bien le test de lecture il retournait à sa place sans plus. Si le test était raté, il était de mise de tendre la main pour que Ti-Gris la réchauffe avec sa strappe. Certains demeuraient réticents à s'offrir spontanément au supplice. Mal leur en prenait car le révérend frère leur empoignait alors le poignet et redoublait de coups pédagogiques. Je ne sais si c'est à cause de mes dispositions naturelles à l'apprentissage de la lecture ou par crainte de la douleur physique, toujours est-il que je n'ai pas souvent « mangé » de la strappe à Ti-Gris... Certains qui y goûtaient souvent s'avérèrent peu friands de la mesure et décidèrent de faire quelque chose à ce propos. On planifia l'enlèvement de la strappe et c'est Ti-Zoune Champagne qui accomplit l’exploit. Il fut en effet assez courageux pour s'introduire dans la classe et cela sans être vu à un moment où l'école devait être vide de tous ses élèves. La strappe fut brûlée aux pieds des remparts près du neuve non loin de l’école et ce en présence de nombreux témoins. El le plus beau de celle histoire c'est que personne ne vendit jamais la mèche et que malgré ses recherches Ti-Gris ne parvint jamais à savoir cc qu'il était advenu de son martinet. Comme quoi même de jeunes enfants peuvent faire preuve d'une grande solidarité face à l'abus de pouvoir. *** Par beau temps on jouait dehors. Le drapeau était le sport de compétition d'équipe favori quand l'état du sol le permettait. L'hiver on jouait sur la patinoire ou on glissait sur la magnifique glissoire que les frères aménageaient dans la descente qui menait au fleuve, entre les remparts, près de la cour....

    L’école du Fort-Neuf

    Pour vous préparer à l'exposition qui aura lieu à la SHLM cet été qui porte sur les écoles des f.i.c. à La Prairie, nous vous offrons quelques textes inédits d'un père qui relate à ses enfants ses souvenirs d'écolier dans les années 1930.

    L'ÉCOLE DU FORT-NEUF

    En ce temps-là, il y avait aussi l'école. J'ai commencé à la fréquenter en septembre 1931, inscrit au cours préparatoire à l'école du Fort-Neuf. Il n'y avait dans cette école que ce cours et la première année, du moins pour les garçons. Je sais que plus tard il y eut dans le bâtiment agrandi plusieurs classes de filles, mais j'ignore s'il en était ainsi au moment où j'y étais. On allait à l'école toute la journée en cours préparatoire, et sans doute que l'approche pédagogique y différait un peu d'une classe maternelle. Les enseignants étaient des Frères de l'Instruction Chrétienne, et j'ai toujours retenu le nom de celui qui avait charge du cours préparatoire, le frère Anatolius. La photo de classe d'alors, que j'ai conservée, le montre comme un homme près de la cinquantaine, bien bâti, inspirant le respect mais qui paraissait sympathique.

    Je fis aussi ma première année à cet endroit. Je crois que j'étais un bon élève, apprécié de ses maîtres et dont ses parents étaient fiers. Je n'ai que deux souvenirs en rapport avec ces deux années scolaires. Le premier vient peut-être du fait que mes parents en reparlaient en se moquant un peu pour souligner un petit trait de caractère. À cette époque, il était coutume en s'adressant à des religieux d'utiliser des formules de respect dont comme enfants nous ne saisissions pas vraiment le sens et que nous répétions comme nous les avions entendues. En adressant la parole au frère pour lui demander quelque chose, par exemple, on devait dire « Révérend frère ». J'avais dû mal entendre ce mot pour moi sans signification et comme je le répétais habituellement automatiquement en parlant plutôt vite, je disais « orange frère » au lieu « révérend frère ». Le plus surprenant est que j'ai dû faire cette substitution maintes et maintes fois sans que personne ne me reprenne. Lors de notre voyage en Gaspésie, j'eus le désir d'envoyer une carte postale au frère Anatolius, une carte évidemment écrite de ma main. M'adressant au frère je commence mon message par : « Orange frère ». Mon père me relisant pour m'aider à corriger des fautes possibles me fait remarquer que ce n’est pas orange mais bien révérend qu'il faut écrire. Je n'en veux rien croire, qu'est-ce qu'il en sait lui, ce n’est pas lui qui va à l’école et puis moi c'est toujours ça que j'ai dit et le frère en question, lui, a toujours approuvé. Paraît que j'en fis une scène et que je ne voulus jamais en démordre et que finalement la fameuse carte postale ne fut jamais mise à la poste, du moins pas à ma connaissance. Si elle le fut avec altérations, je n'en sus jamais rien. Cet incident montre que j'étais capable de persistance et même d'un certain entêtement quand je le jugeais à propos. Je reconnus cependant plus tard de façon implicite cette erreur de jeunesse en rajustant mon tir verbal tant à l'oral qu'à l'écrit et il est évident que sans avouer quelque honte que ce fut je me mis à l’écoute des gens d'expérience avec plus d'attention.

    L’autre souvenir que j'ai gardé en mémoire est un événement cosmique survenu en une fin d'après-midi, possiblement de septembre, sur le chemin du retour de l’école. L'école n'était qu'à deux ou trois rues de chez nous et comme la plupart des enfants quand il fait beau j'avais plaisir à m'attarder sur le chemin du retour en m'amusant avec les amis. La chose était courante et, je pense, bien tolérée de ma mère quand l'arrivée à la maison n'était pas exagérément distante du moment de la fin des cours. Trop de retard entraînait des remarques et possiblement des réprimandes. Ce jour-là, je ne me hâtais donc pas particulièrement; il faisait beau et il n'y avait aucun signe d'orage pouvant laisser présager que le ciel pourrait s'assombrir. Cependant, c'est effectivement ce qu'il advint. Au cours de mon jeu, je réalisai tout à coup qu'il faisait sombre comme si ayant oublié le temps ou en ayant sauté un bout je me retrouvais au début de la soirée et donc très en retard pour rentrer à la maison. Est-ce qu'alors je pris mes jambes à mon cou pour rentrer à la maison au plus tôt? Ou bien ai-je tenté avec mes compagnons de comprendre ce qui se passait? Ai-je regardé le ciel pour voir ce qui arrivait au soleil? Je n'ai nul souvenir du processus que j'ai employé pour résoudre ce problème complexe et qui finit par se résoudre de lui-même quand la lune ayant terminé son passage devant le soleil l'ombre de ce soir artificiel disparut ramenant la conscience du temps à son état naturel.

    Pour vous préparer à l'exposition qui aura lieu à la SHLM cet été qui porte sur les écoles des f.i.c. à La Prairie, nous vous offrons quelques textes inédits d'un père qui relate à ses enfants ses souvenirs d'écolier dans les années 1930. L'ÉCOLE DU FORT-NEUF En ce temps-là, il y avait aussi l'école. J'ai commencé à la fréquenter en septembre 1931, inscrit au cours préparatoire à l'école du Fort-Neuf. Il n'y avait dans cette école que ce cours et la première année, du moins pour les garçons. Je sais que plus tard il y eut dans le bâtiment agrandi plusieurs classes de filles, mais j'ignore s'il en était ainsi au moment où j'y étais. On allait à l'école toute la journée en cours préparatoire, et sans doute que l'approche pédagogique y différait un peu d'une classe maternelle. Les enseignants étaient des Frères de l'Instruction Chrétienne, et j'ai toujours retenu le nom de celui qui avait charge du cours préparatoire, le frère Anatolius. La photo de classe d'alors, que j'ai conservée, le montre comme un homme près de la cinquantaine, bien bâti, inspirant le respect mais qui paraissait sympathique. Je fis aussi ma première année à cet endroit. Je crois que j'étais un bon élève, apprécié de ses maîtres et dont ses parents étaient fiers. Je n'ai que deux souvenirs en rapport avec ces deux années scolaires. Le premier vient peut-être du fait que mes parents en reparlaient en se moquant un peu pour souligner un petit trait de caractère. À cette époque, il était coutume en s'adressant à des religieux d'utiliser des formules de respect dont comme enfants nous ne saisissions pas vraiment le sens et que nous répétions comme nous les avions entendues. En adressant la parole au frère pour lui demander quelque chose, par exemple, on devait dire « Révérend frère ». J'avais dû mal entendre ce mot pour moi sans signification et comme je le répétais habituellement automatiquement en parlant plutôt vite, je disais « orange frère » au lieu « révérend frère ». Le plus surprenant est que j'ai dû faire cette substitution maintes et maintes fois sans que personne ne me reprenne. Lors de notre voyage en Gaspésie, j'eus le désir d'envoyer une carte postale au frère Anatolius, une carte évidemment écrite de ma main. M'adressant au frère je commence mon message par : « Orange frère ». Mon père me relisant pour m'aider à corriger des fautes possibles me fait remarquer que ce n’est pas orange mais bien révérend qu'il faut écrire. Je n'en veux rien croire, qu'est-ce qu'il en sait lui, ce n’est pas lui qui va à l’école et puis moi c'est toujours ça que j'ai dit et le frère en question, lui, a toujours approuvé. Paraît que j'en fis une scène et que je ne voulus jamais en démordre et que finalement la fameuse carte postale ne fut jamais mise à la poste, du moins pas à ma connaissance. Si elle le fut avec altérations, je n'en sus jamais rien. Cet incident montre que j'étais capable de persistance et même d'un certain entêtement quand je le jugeais à propos. Je reconnus cependant plus tard de façon implicite cette erreur de jeunesse en rajustant mon tir verbal tant à l'oral qu'à l'écrit et il est évident que sans avouer quelque honte que ce fut je me mis à l’écoute des gens d'expérience avec plus d'attention. L’autre souvenir que j'ai gardé en mémoire est un événement cosmique survenu en une fin d'après-midi, possiblement de septembre, sur le chemin du retour de l’école. L'école n'était qu'à deux ou trois rues de chez nous et comme la plupart des enfants quand il fait beau j'avais plaisir à m'attarder sur le chemin du retour en m'amusant avec les amis. La chose était courante et, je pense, bien tolérée de ma mère quand l'arrivée à la maison n'était pas exagérément distante du moment de la fin des cours. Trop de retard entraînait des remarques et possiblement des réprimandes. Ce jour-là, je ne me hâtais donc pas particulièrement; il faisait beau et il n'y avait aucun signe d'orage pouvant laisser présager que le ciel pourrait s'assombrir. Cependant, c'est effectivement ce qu'il advint. Au cours de mon jeu, je réalisai tout à coup qu'il faisait sombre comme si ayant oublié le temps ou en ayant sauté un bout je me retrouvais au début de la soirée et donc très en retard pour rentrer à la maison. Est-ce qu'alors je pris mes jambes à mon cou pour rentrer à la maison au plus tôt? Ou bien ai-je tenté avec mes compagnons de comprendre ce qui se passait? Ai-je regardé le ciel pour voir ce qui arrivait au soleil? Je n'ai nul souvenir du processus que j'ai employé pour résoudre ce problème complexe et qui finit par se résoudre de lui-même quand la lune ayant terminé son passage devant le soleil l'ombre de ce soir artificiel disparut ramenant la conscience du temps à son état naturel....

    L’eau potable à La Prairie : de Magtogoek au 21e siècle

    L’eau potable à La Prairie

    Le magnifique fleuve St-Laurent a profondément marqué l’histoire de La Prairie. Lorsqu’ils ouvrent machinalement le robinet d’où coule l’eau douce à volonté, les citoyens de La Prairie prennent-ils conscience de la proximité de l’immense réservoir qu’est le fleuve?

    Cette voie d’eau permettait aux Amérindiens communication et commerce. On y pêchait le poisson en abondance et on s’arrêtait sur les rives pour camper. Lors de fouilles archéologiques, on a trouvé de nombreux artéfacts, témoins de leur présence. Pour les Amérindiens c’était le fleuve aux grandes eaux : MAGTOGOEK.

    Nos ancêtres venus de France, installés dans le Fort de 1704, ont certainement admiré cette masse d’eau douce, courante et poissonneuse. C’est au fleuve qu’ils allaient pour satisfaire leurs besoins quotidiens.

    Tout au long du Régime français, les besoins d’eau potable se sont accrus alors que la population grandissait rapidement. Dans les années 1750, l’ingénieur Franquet souligne l’importance du village : « centre nerveux de son espace seigneurial et l’un des plus considérables de la colonie ».

    La conquête donne une forte impulsion au commerce. Trente pour cent d’anglophones, vers 1820, injectent des capitaux dans le commerce. Les bateaux-vapeur et le train favorisent les échanges. C’est de façon fort élogieuse que le Père Tellier décrit le village en 1844 : « une agglomération d’habitations percée de larges rues pavées, ornées de trottoirs de bois, garnies de maisons élégantes et de riches magasins (…) population de 2000 âmes ».

    Quel désastre que le grand feu de 1846! La population, impuissante, regarde ce feu qui détruit 300 maisons. Le grand fleuve est là, mais encore faut-il organiser l’amenée d’eau!

    Le village se reconstruit et l’église qui a été épargnée demeure le cœur du village. Administrateurs, médecins et notaires y tiennent bureau. Les magasins généraux avoisinent les ateliers d’artisans. Le bâti est passablement dense et l’eau se doit d’être à la portée de la main. Chaque maison a son puits, cependant, lors d’une sécheresse d’été, l’eau ne suffit pas. C’est alors l’époque des « charroyeurs d’eau ». Ceux-ci remplissent les citernes publiques, creusées dans le sol à des endroits stratégiques. Il faut se protéger du feu! Les résidents sont également leurs clients.

    Les « charroyeurs d’eau » entrent dans le lit du fleuve avec cheval et voiture jusqu’à demi-moyeux. Les « tonnes » (tonneaux) sont remplies à la chaudière. L’eau est de piètre qualité, car la vague y mêle du sable. En 1860, un règlement du village leur fait défense « de vendre de l’eau d’en bas du quai ». Le chevalier André Narcisse de Lamothe organise un système actionné par un moulin à vent et offre en 1882 de « l’eau pure venant du chenal ».

    Tout ceci est nettement insuffisant et les propriétaires du village gardent souvenir du grand feu de 1846. De plus, ils font face à un sérieux problème. La compagnie d’assurances Goad refuse carrément d’assurer certaines maisons; les bâtiments mieux construits ou mieux protégés par leurs toits de métal sont sérieusement dévalués par la compagnie.

    Le temps est venu d’organiser un aqueduc. Les discussions vont bon train. Qui s’en charge? Un consensus se dégage : l’aqueduc est confié à l’entreprise privée. Possédant un modeste capital et s’étant assuré de pouvoir emprunter, le capitaine Médard Demers offre ses services à la Corporation du village. On lui accorde le contrat en 1883 et le système entre en fonction en 1885. C’est d’abord le vieux village qui sera servi, puisque c’est là que sont concentrés les bâtiments plus importants.

    Médard Demers confectionne des tuyaux de BOIS et installe son usine (!) de pompage près du fleuve, rue Saint-Ignace, lot no 22, et érige un réservoir hors-sol tout près de la rue Saint-Philippe. Deux moulins à vent tirent l’eau du fleuve et un moteur de 25 chevaux-vapeur pousse l’eau dans le réservoir.

    Médard Demers s’est engagé par contrat à installer des bornes-fontaines, il devra les protéger du gel par des boîtes protectrices en bois. Pour bénéficier des services d’eau courante les propriétaires doivent obligatoirement signer un contrat de 3 ou 6 mois. Seuls sont desservis ceux qui ont signé contrat. Les prix varient si le client possède un bain et une « closet ». Pour les hôtels, il faut multiplier selon les services rendus. Demers creuse les rues, installe ses tuyaux et doit remettre la chaussée en bon état. Nous sommes à l’époque du macadam, mais Demers répare avec du schiste, ce qui est plus économique, mais que de poussière! et les citoyens s’en plaignent.

    Les bâtiments de l’aqueduc brûlent en 1895, Demers rebâtit et insère des tuyaux de FER dans les tuyaux de bois. Ses finances sont précaires; il sollicite un octroi de 1600 piastres et un emprunt de 4500 piastres de la Corporation. Demers, qui avait obtenu le privilège exclusif pour l’aqueduc jusqu’en 1908, en vient à souhaiter l’expropriation.

    Depuis les débuts en 1885 et jusqu’en 1904, la population se plaint : l’eau est sale et malsaine, la pression insuffisante. Les propriétaires sont profondément divisés; le Conseil de la Corporation est à 3 contre 3 : on intente un procès pour que l’aqueduc soit municipalisé. Les partisans de Demers gagnent et le contrat est reconduit jusqu’en 1923. Le vote du Maire L. C. Pelletier, avocat, est prépondérant.

    Alexandre Demers, nouveau propriétaire, soumet un plan pour améliorer le système. La population grandissante exige que l’aqueduc couvre le Fort-Neuf en plus du vieux village, en traversant la rue Saint-Georges jusqu’au terrain du Grand Tronc. De 1904 à 1923, on fait à peine mention des eaux usées. À quel rythme l’aqueduc et le système d’égout ont-ils été installés? Les documents que nous avons pour consultation ne nous renseignent pas à cet effet. Signalons ici qu’Alexandre Demers a construit sa résidence, après 1907, sur le lot no 22, rue Saint-Ignace. Cette maison deviendra l’hôtel de Ville lors de l’expropriation de 1923, dont le prix officiel sera de 50 000,00 $

    La question d’évacuation des eaux usées a longtemps inquiété la population, les épidémies se succèdent, surtout la fièvre typhoïde. En 1912, un résident se plaint du manque d’égouts et au nom de plusieurs citoyens, il se plaint de la lenteur à éliminer les fosses-fixes. Le docteur T. A. Brisson, ancien maire du village, se mêle activement au dossier. C’est à lui que l’inspecteur A. Beaudry, du bureau provincial d’hygiène, s’adresse pour avoir les renseignements exacts sur l’état des installations. Car « d’après la conversation avec (…) le préposé aux pompes j’ai compris que je ne pourrais avoir de là des renseignements exacts ».

    Le docteur T. A. Brisson avait déjà, en 1895, adressé au Bureau d’hygiène de la province un formidable réquisitoire contre le système d’élimination des eaux usées.

    Les épidémies de picote (variole) et surtout de fièvres typhoïdes, se répétant, année après année, il avait demandé que Québec intervienne. Il se butait à la puissance des forces politiques locales que les notables appuyaient.

    La Corporation du village devient donc propriétaire de l’aqueduc en 1923; la population de La Prairie a enfin gagné! En 1924, le Conseil publie le premier compte d’opération. Il y a beaucoup à faire et en 1927, on construit une usine de filtration, les épidémies qui se continuent l’exigent. On achète une pompe automatique au prix de 500,00 $. Un citoyen a même la surprise de voir sortir un « méné » de son robinet.

    Le docteur T. A. Brisson, dans une lettre adressée au Conseil, datée du 1er avril 1931, presse les élus d’établir « un système d’égouts approprié ». En 1927, le Conseil avait agrandi les bâtiments, installé une nouvelle prise d’eau de 14 pouces avec une extension de 230 pieds. Le tuyau principal avait un diamètre de 18 pouces.

    Entre les années 1930 et 1955, La Prairie, petite ville, améliore les services d’aqueduc et d’eaux usées. Un événement majeur viendra modifier le bassin de La Prairie; le fleuve aux grandes eaux.

    Le gouvernement fédéral construit la Voie maritime du St-Laurent. Dans la partie du fleuve où se trouve le bassin, le débit de l’eau est désormais rigoureusement contrôlé par les écluses de Sainte-Catherine et de Saint-Lambert. Une digue est érigée pour faire un mur entre le bassin et le fleuve à l’eau courante. S’ajoute à cette enclave la forte pression sur la qualité de l’eau causée par une urbanisation galopante et l’implantation d’usines dont les rejets polluants viennent changer radicalement la qualité de l’eau.

    Les odeurs nauséabondes venant du bassin témoignent de la gravité de la détérioration de l’eau. Heureusement que La Prairie avait placé sa prise d’eau de l’autre côté de la digue, à 400 pieds de distance; dans cette eau courante du fleuve que les rapides de Lachine avait oxygénée.

    Depuis 1990, la très grosse usine de traitement des eaux de Sainte-Catherine collecte tous les rejets d’eaux usées de la région. On rejette dans le fleuve une eau plus convenable mais non potable.

    Le réseau du Vieux La Prairie est complètement reconstruit en 1978. Devenu très vétuste, il est dangereux; les eaux de rejet risquent de s’infiltrer dans l’aqueduc.

    Et c’est en 1995 qu’on effectue une même reconstruction sous la rue Saint-Georges (surnommée le Broadway à la fin du siècle dernier). On y remplace les vieux tuyaux de grès ou de fonte grise. Pour l’aqueduc et le sanitaire, on installe du PVC, pour l’égout pluvial, on utilise des tuyaux de béton.

    Le magnifique fleuve Saint-Laurent, le fleuve aux grandes eaux, MAGTOGOEK, qui fournissait depuis des siècles une eau pure et une abondance des meilleurs poissons d’eau douce, a été soumis à des mesures draconiennes pour réparer les dommages subis. Heureusement qu’à La Prairie, les amants de la nature peuvent se rendre sur ses rives pour y contempler les admirables couchers de soleil.

    Il n’en reste pas moins qu’entre le fleuve et le robinet, c’est une affaire de coût! Jamais plus les descendants des premiers colons ne pourront goûter l’eau du grand fleuve qui, à l’origine, était pure, féconde et si bonne à boire.

    Sources:

    Aubin, Michel, Inventaire des actes notariés du village de La Prairie 1670-1860, SHLM, 1975.

    Bach, Frédéric, Villeneuve, Claude, Le fleuve aux grandes eaux, Éditions Québec-Amérique, SRC, 1995.

    Fonds Élisée Choquet, Archives SHLM.

    Lavallée, Louis, La Prairie en Nouvelle-France, Éditions McGill-Queen’s University Press, 1992.

    L’eau potable à La Prairie Le magnifique fleuve St-Laurent a profondément marqué l’histoire de La Prairie. Lorsqu’ils ouvrent machinalement le robinet d’où coule l’eau douce à volonté, les citoyens de La Prairie prennent-ils conscience de la proximité de l’immense réservoir qu’est le fleuve? Cette voie d’eau permettait aux Amérindiens communication et commerce. On y pêchait le poisson en abondance et on s’arrêtait sur les rives pour camper. Lors de fouilles archéologiques, on a trouvé de nombreux artéfacts, témoins de leur présence. Pour les Amérindiens c’était le fleuve aux grandes eaux : MAGTOGOEK. Nos ancêtres venus de France, installés dans le Fort de 1704, ont certainement admiré cette masse d’eau douce, courante et poissonneuse. C’est au fleuve qu’ils allaient pour satisfaire leurs besoins quotidiens. Tout au long du Régime français, les besoins d’eau potable se sont accrus alors que la population grandissait rapidement. Dans les années 1750, l’ingénieur Franquet souligne l’importance du village : « centre nerveux de son espace seigneurial et l’un des plus considérables de la colonie ». La conquête donne une forte impulsion au commerce. Trente pour cent d’anglophones, vers 1820, injectent des capitaux dans le commerce. Les bateaux-vapeur et le train favorisent les échanges. C’est de façon fort élogieuse que le Père Tellier décrit le village en 1844 : « une agglomération d’habitations percée de larges rues pavées, ornées de trottoirs de bois, garnies de maisons élégantes et de riches magasins (…) population de 2000 âmes ». Quel désastre que le grand feu de 1846! La population, impuissante, regarde ce feu qui détruit 300 maisons. Le grand fleuve est là, mais encore faut-il organiser l’amenée d’eau! Le village se reconstruit et l’église qui a été épargnée demeure le cœur du village. Administrateurs, médecins et notaires y tiennent bureau. Les magasins généraux avoisinent les ateliers d’artisans. Le bâti est passablement dense et l’eau se doit d’être à la portée de la main. Chaque maison a son puits, cependant, lors d’une sécheresse d’été, l’eau ne suffit pas. C’est alors l’époque des « charroyeurs d’eau ». Ceux-ci remplissent les citernes publiques, creusées dans le sol à des endroits stratégiques. Il faut se protéger du feu! Les résidents sont également leurs clients. Les « charroyeurs d’eau » entrent dans le lit du fleuve avec cheval et voiture jusqu’à demi-moyeux. Les « tonnes » (tonneaux) sont remplies à la chaudière. L’eau est de piètre qualité, car la vague y mêle du sable. En 1860, un règlement du village leur fait défense « de vendre de l’eau d’en bas du quai ». Le chevalier André Narcisse de Lamothe organise un système actionné par un moulin à vent et offre en 1882 de « l’eau pure venant du chenal ». Tout ceci est nettement insuffisant et les propriétaires du village gardent souvenir du grand feu de 1846. De plus, ils font face à un sérieux problème. La compagnie d’assurances Goad refuse carrément d’assurer certaines maisons; les bâtiments mieux construits ou mieux protégés par leurs toits de métal sont sérieusement dévalués par la compagnie. Le temps est venu d’organiser un aqueduc. Les discussions vont bon train. Qui s’en charge? Un consensus se dégage : l’aqueduc est confié à l’entreprise privée. Possédant un modeste capital et s’étant assuré de pouvoir emprunter, le capitaine Médard Demers offre ses services à la Corporation du village. On lui accorde le contrat en 1883 et le système entre en fonction en 1885. C’est d’abord le vieux village qui sera servi, puisque c’est là que sont concentrés les bâtiments plus importants. Médard Demers confectionne des tuyaux de BOIS et installe son usine (!) de pompage près du fleuve, rue Saint-Ignace, lot no 22, et érige un réservoir hors-sol tout près de la rue Saint-Philippe. Deux moulins à vent tirent l’eau du fleuve et un moteur de 25 chevaux-vapeur pousse l’eau dans le réservoir. Médard Demers s’est engagé par contrat à installer des bornes-fontaines, il devra les protéger du gel par des boîtes protectrices en bois. Pour bénéficier des services d’eau courante les propriétaires doivent obligatoirement signer un contrat de 3 ou 6 mois. Seuls sont desservis ceux qui ont signé contrat. Les prix varient si le client possède un bain et une « closet ». Pour les hôtels, il faut multiplier selon les services rendus. Demers creuse les rues, installe ses tuyaux et doit remettre la chaussée en bon état. Nous sommes à l’époque du macadam, mais Demers répare avec du schiste, ce qui est plus économique, mais que de poussière! et les citoyens s’en plaignent. Les bâtiments de l’aqueduc brûlent en 1895, Demers rebâtit et insère des tuyaux de FER dans les tuyaux de bois. Ses finances sont précaires; il sollicite un octroi de 1600 piastres et un emprunt de 4500 piastres de la Corporation. Demers, qui avait obtenu le privilège exclusif pour l’aqueduc jusqu’en 1908, en vient à souhaiter l’expropriation. Depuis les débuts en 1885 et jusqu’en 1904, la population se plaint : l’eau est sale et malsaine, la pression insuffisante. Les propriétaires sont profondément divisés; le Conseil de la Corporation est à 3 contre 3 : on intente un procès pour que l’aqueduc soit municipalisé. Les partisans de Demers gagnent et le contrat est reconduit jusqu’en 1923. Le vote du Maire L. C. Pelletier, avocat, est prépondérant. Alexandre Demers, nouveau propriétaire, soumet un plan pour améliorer le système. La population grandissante exige que l’aqueduc couvre le Fort-Neuf en plus du vieux village, en traversant la rue Saint-Georges jusqu’au terrain du Grand Tronc. De 1904 à 1923, on fait à peine mention des eaux usées. À quel rythme l’aqueduc et le système d’égout ont-ils été installés? Les documents que nous avons pour consultation ne nous renseignent pas à cet effet. Signalons ici qu’Alexandre Demers a construit sa résidence, après 1907, sur le lot no 22, rue Saint-Ignace. Cette maison deviendra l’hôtel de Ville lors de l’expropriation de 1923, dont le prix officiel sera de 50 000,00 $ La question d’évacuation des eaux usées a longtemps inquiété la population, les épidémies se succèdent, surtout la fièvre typhoïde. En 1912, un résident se plaint du manque d’égouts et au nom de plusieurs citoyens, il se plaint de la lenteur à éliminer les fosses-fixes. Le docteur T. A. Brisson, ancien maire du village, se mêle activement au dossier. C’est à lui que l’inspecteur A. Beaudry, du bureau provincial d’hygiène, s’adresse pour avoir les renseignements exacts sur l’état des installations. Car « d’après la conversation avec (…) le préposé aux pompes j’ai compris que je ne pourrais avoir de là des renseignements exacts ». Le docteur T. A. Brisson avait déjà, en 1895, adressé au Bureau d’hygiène de la province un formidable réquisitoire contre le système d’élimination des eaux usées. Les épidémies de picote (variole) et surtout de fièvres typhoïdes, se répétant, année après année, il avait demandé que Québec intervienne. Il se butait à la puissance des forces politiques locales que les notables appuyaient. La Corporation du village devient donc propriétaire de l’aqueduc en 1923; la population de La Prairie a enfin gagné! En 1924, le Conseil publie le premier compte d’opération. Il y a beaucoup à faire et en 1927, on construit une usine de filtration, les épidémies qui se continuent l’exigent. On achète une pompe automatique au prix de 500,00 $. Un citoyen a même la surprise de voir sortir un « méné » de son robinet. Le docteur T. A. Brisson, dans une lettre adressée au Conseil, datée du 1er avril 1931, presse les élus d’établir « un système d’égouts approprié ». En 1927, le Conseil avait agrandi les bâtiments, installé une nouvelle prise d’eau de 14 pouces avec une extension de 230 pieds. Le tuyau principal avait un diamètre de 18 pouces. Entre les années 1930 et 1955, La Prairie, petite ville, améliore les services d’aqueduc et d’eaux usées. Un événement majeur viendra modifier le bassin de La Prairie; le fleuve aux grandes eaux. Le gouvernement fédéral construit la Voie maritime du St-Laurent. Dans la partie du fleuve où se trouve le bassin, le débit de l’eau est désormais rigoureusement contrôlé par les écluses de Sainte-Catherine et de Saint-Lambert. Une digue est érigée pour faire un mur entre le bassin et le fleuve à l’eau courante. S’ajoute à cette enclave la forte pression sur la qualité de l’eau causée par une urbanisation galopante et l’implantation d’usines dont les rejets polluants viennent changer radicalement la qualité de l’eau. Les odeurs nauséabondes venant du bassin témoignent de la gravité de la détérioration de l’eau. Heureusement que La Prairie avait placé sa prise d’eau de l’autre côté de la digue, à 400 pieds de distance; dans cette eau courante du fleuve que les rapides de Lachine avait oxygénée. Depuis 1990, la très grosse usine de traitement des eaux de Sainte-Catherine collecte tous les rejets d’eaux usées de la région. On rejette dans le fleuve une eau plus convenable mais non potable. Le réseau du Vieux La Prairie est complètement reconstruit en 1978. Devenu très vétuste, il est dangereux; les eaux de rejet risquent de s’infiltrer dans l’aqueduc. Et c’est en 1995 qu’on effectue une même reconstruction sous la rue Saint-Georges (surnommée le Broadway à la fin du siècle dernier). On y remplace les vieux tuyaux de grès ou de fonte grise. Pour l’aqueduc et le sanitaire, on installe du PVC, pour l’égout pluvial, on utilise des tuyaux de béton. Le magnifique fleuve Saint-Laurent, le fleuve aux grandes eaux, MAGTOGOEK, qui fournissait depuis des siècles une eau pure et une abondance des meilleurs poissons d’eau douce, a été soumis à des mesures draconiennes pour réparer les dommages subis. Heureusement qu’à La Prairie, les amants de la nature peuvent se rendre sur ses rives pour y contempler les admirables couchers de soleil. Il n’en reste pas moins qu’entre le fleuve et le robinet, c’est une affaire de coût! Jamais plus les descendants des premiers colons ne pourront goûter l’eau du grand fleuve qui, à l’origine, était pure, féconde et si bonne à boire. Sources: Aubin, Michel, Inventaire des actes notariés du village de La Prairie 1670-1860, SHLM, 1975. Bach, Frédéric, Villeneuve, Claude, Le fleuve aux grandes eaux, Éditions Québec-Amérique, SRC, 1995. Fonds Élisée Choquet, Archives SHLM. Lavallée, Louis, La Prairie en Nouvelle-France, Éditions McGill-Queen’s University Press, 1992....

    Dans l’arrondissement historique de La Prairie : les lots 89 et 90

    Les immeubles et leur vocation au cours des âges

    Sous le Régime français : 1667-1760

    Le terrain auquel on donnera plus tard les numéros 89 et 90 est situé dans le fort de 1704. Il longe l’actuelle rue Sainte-Marie. Situé près des églises successives, il est au cœur du village qui se forme tôt après les premières concessions. Dans ce village, noyau de la Seigneurie, se rassemblent les services que requiert une population paysanne qui s’accroît rapidement. De 500 habitants que compte la Seigneurie en 1720, on passe à 1500 personnes en 1750.

    Les actes notariés nous livrent de précieux renseignements sur les maisons bâties sur le lot 89. En 1727, le Sieur de Lalanne, maître chirurgien, achète une petite maison de pièce. Un maître voyageur, Jean-Baptiste Fouché, se porte acquéreur en 1749 de : une vieille maison tombant en ruine de pièce sur pièce, couverte de planche, très mauvaise (…) Le lot 89 change encore de main en 1761, Michel Leclerc, maître taillandier, y trouve une maison de pièce sur pièce (30 X 25 pds) couverte de planche, cheminée de pierre.

    Au cours du Régime français, on construit sur le lot 89 des maisons de bois, avec cheminée de pierre évidemment. Les forêts de la Seigneurie renferment encore des arbres magnifiques sur de grandes superficies non encore exploitées. François Leber et Jean-Baptiste Hervieux mettent à profit cette forêt vierge et s’arrogent le droit de bûcher sur les terrains de la Commune.

    Dans leur moulin à scie de la Côte de la Fourche, ils transforment les troncs d’arbres en colombages, bois de charpente, planches, etc. Les colons censitaires s’en plaignent à l’intendant Bégon en 1714, alléguant que la Commune est un bien « commun ». D’autre part, plusieurs colons, bien établis sur leur terre, ne se gênaient guère pour y couper leur bois de chauffage.

    La population du village et des rangs s’accroît rapidement et l’on construit maisons et dépendances. Au Village résident Pierre Lefebvre, maître charpentier (1723), et Pierre Beaudin, charpentier (1742), artisans.

    Sur le lot 89, Michel Leclair tient maison en 1761. Son métier de taillandier est indispensable à la communauté. Il fabrique toutes sortes d’outils pour tailler : haches, limes, fers de rabots, faux, coutellerie, etc. Sur le même lot 89 habite en 1767 Jean Roumain Lasselin, maître tailleur. Habillés de leurs habits de drap importés de France, les hommes pouvaient rehausser leur prestige en s’endimanchant.

    Le Régime anglais, après 1760

    L’afflux de nouveaux résidents anglophones change la vie du village d’une façon notable.

    En 1832, La Prairie est le lieu de résidence de 30 % d’anglophones. Ceux-ci qui ont accès aux capitaux de la métropole anglaise accaparent les commerces du village.

    Qu’en est-il de l’occupation des lots 89 et 90? En 1809, trois anglophones forment une compagnie et spéculent sur certains terrains. Début mars 1809, ils achètent les lots 89 et 90 pour les revendre le 25 mars de la même année.

    Les actes notariés indiquent qu’en 1812 se trouve une maison de pierre, un hangar et une écurie dessus construites. Entre 1812 et 1844, les archives sont muettes et on peut supposer que la maison de pierre fut une victime du grand feu de 1846. L’acte suivant, de 1859, décrit l’habitation comme suit : une maison en bois à deux étages et autres dépendances.

    La première gare de 1836, désaffectée, est transportée sur le lot 89. La Société littéraire de La Prairie y loge de 1859 à 1863. Elle déménage ensuite à l’étage de l’édifice du marché, rue Sainte-Marie, construit en 1863.

    À partir de 1879, les lots 89-90 connaissent une nouvelle occupation. Un hôtel donnant un service complet d’hébergement reçoit la clientèle commerçante dont Montréal est le point d’attache. Ces bâtiments de 1879 comprennent :

    1. Lot 89 : avec bâtisses en bois lambrissées en brique dessus construites
    2. Lot 90 : un hangar, une écurie et une remise en bois dessus construites

    Édouard McNeil, premier hôtelier, dirige son commerce de 1879 à 1889. Quatre ventes successives font passer l’édifice entre les mains de marchands. L’un d’eux, Domina Martin améliore le bâtiment; il en fait un immeuble en briques, à 3 étages, avec dépendances; c’est l’hôtel qu’il dirige de 1896 à 1907 (11 ans).

    En 1907, Domina de Montigny, un résident de la Côte Sainte-Catherine acquiert l’hôtel. Il la dirigera pendant 15 ans, jusqu’en 1922. L’évolution sociale du village fait du propriétaire suivant, Onésime Chouinard, prioritairement un restaurateur; la fonction hébergement arrivant au second plan.

    Lorsqu’en 1947 Donat Serres achète l’immeuble, il décide de transformer l’hôtel en taverne. Ensuite, à l’image d’un quartier qui se vide de ses professionnels et de tous ceux qu’attire la paroisse nouvelle du Christ-Roi, l’hôtel devenue taverne change de clientèle, il devient un bar.

    Dans les années 1970, les chambres sont louées à des personnes seules, autonomes. Depuis plusieurs années, l’hôtel De Montigny est devenu maison de chambres. Les nouveaux quartiers tels « La Magdeleine » attirent la population du « Vieux-La Prairie »; là on peut s’y construire des maisons adaptées à l’époque où l’on vit! Le « vieux » périclite…

    Finalement la clientèle déserte le « Bar Tourist », qui est vendu en 1995 à la Compagnie 9018-6313 Québec inc., dont M. François Brais est président. Celui-ci projette de bâtir sur les lots 89, P90, P96, P97, un ensemble dont les plans restent à être déterminés. Le bâtiment de l’hôtel sera restauré et M. Brais compte lui donner l’apparence extérieure des belles époques.

    Les lots 89 et 90 du village de La Prairie : potentiel archéologique

    Le ministère de la Culture et des Communications, Direction de la Montérégie, a publié en août 1995 un rapport d’étude des lots 89 et 90 dont l’auteur est madame Lise St-Georges, historienne.

    Son étude historique, où nous avons largement puisé, fait remarquer que le lot 89, actuellement occupé par l’ancien Bar Tourist (228, rue Sainte-Marie) a été largement perturbé par la construction du bâtiment actuel.

    Par contre, le lot 90, présentement vacant, offre un plus grand potentiel. Elle suggère des tranchées exploratoires menées par des archéologues. Peut-être trouverait-on des vestiges de bâtiments du Fort de La Prairie puisque ce lot se trouvait dans le fort de 1704.

    Le fait que les différents plans consultés ne mentionnent pas de bâtiments d’importance au long des années pourrait avoir assuré la protection de vestiges plus en profondeur. Dans l’éventualité de nouvelles constructions et excavations, il faudrait donc prévenir alors que le terrain est encore vacant.

    Sources :

    Aubin, Michel, Inventaire des actes notariés du village de La Prairie 1670-1860, SHLM, 1975, Historique de 125 des emplacements codifiés sur fiches.

    Lavallée, Louis, La Prairie en Nouvelle-France, 1647-1760, étude d’histoire sociale, McGill-Queen’s University Press, Montréal, 1993.

    St-Georges, Lise, Lots 89 et 90 du village de La Prairie. Étude historique. ministère de la Culture et des Communications, 1995, 21 pages, 4 annexes.

    Les immeubles et leur vocation au cours des âges Sous le Régime français : 1667-1760 Le terrain auquel on donnera plus tard les numéros 89 et 90 est situé dans le fort de 1704. Il longe l’actuelle rue Sainte-Marie. Situé près des églises successives, il est au cœur du village qui se forme tôt après les premières concessions. Dans ce village, noyau de la Seigneurie, se rassemblent les services que requiert une population paysanne qui s’accroît rapidement. De 500 habitants que compte la Seigneurie en 1720, on passe à 1500 personnes en 1750. Les actes notariés nous livrent de précieux renseignements sur les maisons bâties sur le lot 89. En 1727, le Sieur de Lalanne, maître chirurgien, achète une petite maison de pièce. Un maître voyageur, Jean-Baptiste Fouché, se porte acquéreur en 1749 de : une vieille maison tombant en ruine de pièce sur pièce, couverte de planche, très mauvaise (…) Le lot 89 change encore de main en 1761, Michel Leclerc, maître taillandier, y trouve une maison de pièce sur pièce (30 X 25 pds) couverte de planche, cheminée de pierre. Au cours du Régime français, on construit sur le lot 89 des maisons de bois, avec cheminée de pierre évidemment. Les forêts de la Seigneurie renferment encore des arbres magnifiques sur de grandes superficies non encore exploitées. François Leber et Jean-Baptiste Hervieux mettent à profit cette forêt vierge et s’arrogent le droit de bûcher sur les terrains de la Commune. Dans leur moulin à scie de la Côte de la Fourche, ils transforment les troncs d’arbres en colombages, bois de charpente, planches, etc. Les colons censitaires s’en plaignent à l’intendant Bégon en 1714, alléguant que la Commune est un bien « commun ». D’autre part, plusieurs colons, bien établis sur leur terre, ne se gênaient guère pour y couper leur bois de chauffage. La population du village et des rangs s’accroît rapidement et l’on construit maisons et dépendances. Au Village résident Pierre Lefebvre, maître charpentier (1723), et Pierre Beaudin, charpentier (1742), artisans. Sur le lot 89, Michel Leclair tient maison en 1761. Son métier de taillandier est indispensable à la communauté. Il fabrique toutes sortes d’outils pour tailler : haches, limes, fers de rabots, faux, coutellerie, etc. Sur le même lot 89 habite en 1767 Jean Roumain Lasselin, maître tailleur. Habillés de leurs habits de drap importés de France, les hommes pouvaient rehausser leur prestige en s’endimanchant. Le Régime anglais, après 1760 L’afflux de nouveaux résidents anglophones change la vie du village d’une façon notable. En 1832, La Prairie est le lieu de résidence de 30 % d’anglophones. Ceux-ci qui ont accès aux capitaux de la métropole anglaise accaparent les commerces du village. Qu’en est-il de l’occupation des lots 89 et 90? En 1809, trois anglophones forment une compagnie et spéculent sur certains terrains. Début mars 1809, ils achètent les lots 89 et 90 pour les revendre le 25 mars de la même année. Les actes notariés indiquent qu’en 1812 se trouve une maison de pierre, un hangar et une écurie dessus construites. Entre 1812 et 1844, les archives sont muettes et on peut supposer que la maison de pierre fut une victime du grand feu de 1846. L’acte suivant, de 1859, décrit l’habitation comme suit : une maison en bois à deux étages et autres dépendances. La première gare de 1836, désaffectée, est transportée sur le lot 89. La Société littéraire de La Prairie y loge de 1859 à 1863. Elle déménage ensuite à l’étage de l’édifice du marché, rue Sainte-Marie, construit en 1863. À partir de 1879, les lots 89-90 connaissent une nouvelle occupation. Un hôtel donnant un service complet d’hébergement reçoit la clientèle commerçante dont Montréal est le point d’attache. Ces bâtiments de 1879 comprennent : Lot 89 : avec bâtisses en bois lambrissées en brique dessus construites Lot 90 : un hangar, une écurie et une remise en bois dessus construites Édouard McNeil, premier hôtelier, dirige son commerce de 1879 à 1889. Quatre ventes successives font passer l’édifice entre les mains de marchands. L’un d’eux, Domina Martin améliore le bâtiment; il en fait un immeuble en briques, à 3 étages, avec dépendances; c’est l’hôtel qu’il dirige de 1896 à 1907 (11 ans). En 1907, Domina de Montigny, un résident de la Côte Sainte-Catherine acquiert l’hôtel. Il la dirigera pendant 15 ans, jusqu’en 1922. L’évolution sociale du village fait du propriétaire suivant, Onésime Chouinard, prioritairement un restaurateur; la fonction hébergement arrivant au second plan. Lorsqu’en 1947 Donat Serres achète l’immeuble, il décide de transformer l’hôtel en taverne. Ensuite, à l’image d’un quartier qui se vide de ses professionnels et de tous ceux qu’attire la paroisse nouvelle du Christ-Roi, l’hôtel devenue taverne change de clientèle, il devient un bar. Dans les années 1970, les chambres sont louées à des personnes seules, autonomes. Depuis plusieurs années, l’hôtel De Montigny est devenu maison de chambres. Les nouveaux quartiers tels « La Magdeleine » attirent la population du « Vieux-La Prairie »; là on peut s’y construire des maisons adaptées à l’époque où l’on vit! Le « vieux » périclite… Finalement la clientèle déserte le « Bar Tourist », qui est vendu en 1995 à la Compagnie 9018-6313 Québec inc., dont M. François Brais est président. Celui-ci projette de bâtir sur les lots 89, P90, P96, P97, un ensemble dont les plans restent à être déterminés. Le bâtiment de l’hôtel sera restauré et M. Brais compte lui donner l’apparence extérieure des belles époques. Les lots 89 et 90 du village de La Prairie : potentiel archéologique Le ministère de la Culture et des Communications, Direction de la Montérégie, a publié en août 1995 un rapport d’étude des lots 89 et 90 dont l’auteur est madame Lise St-Georges, historienne. Son étude historique, où nous avons largement puisé, fait remarquer que le lot 89, actuellement occupé par l’ancien Bar Tourist (228, rue Sainte-Marie) a été largement perturbé par la construction du bâtiment actuel. Par contre, le lot 90, présentement vacant, offre un plus grand potentiel. Elle suggère des tranchées exploratoires menées par des archéologues. Peut-être trouverait-on des vestiges de bâtiments du Fort de La Prairie puisque ce lot se trouvait dans le fort de 1704. Le fait que les différents plans consultés ne mentionnent pas de bâtiments d’importance au long des années pourrait avoir assuré la protection de vestiges plus en profondeur. Dans l’éventualité de nouvelles constructions et excavations, il faudrait donc prévenir alors que le terrain est encore vacant. Sources : Aubin, Michel, Inventaire des actes notariés du village de La Prairie 1670-1860, SHLM, 1975, Historique de 125 des emplacements codifiés sur fiches. Lavallée, Louis, La Prairie en Nouvelle-France, 1647-1760, étude d’histoire sociale, McGill-Queen’s University Press, Montréal, 1993. St-Georges, Lise, Lots 89 et 90 du village de La Prairie. Étude historique. ministère de la Culture et des Communications, 1995, 21 pages, 4 annexes....

    Les salles de cinéma à La Prairie

    Cette année, le cinéma fête son centenaire : 1896-1996.

    Qu'en est-il de la projection de films à La Prairie depuis le début du siècle? Une dame âgée a vécu les étapes de la progression du cinéma. Elle nous livre ce qu'a conservé sa mémoire alerte et fidèle. Adolescente, elle allait « aux vues » avec son père, fin des années 1910 et années 1920, à la « salle » de cinéma tenue par Paul Hébert, propriétaire, dans le village, rue Saint-Ignace, lot # 26. M. Hébert avait bâti un ajout à sa maison, par l'arrière. Cette « salle », couverte de tôle ondulée avait une particularité unique : un arbre y poussait et les branches s'élançaient vers la lumière par un trou pratiqué dans le toit.

    La caissière, madame Purissima Dubois, habitait le lot # 27, la maison s'y trouve encore. On était à l'époque du film muet et Harold Ste-Marie, talentueux pianiste qui jouait « par oreille », adaptait ses performances à l'action du film.

    Notre aînée se souvient de deux films qu'elle a bien appréciés. La sœur Blanche, avec Liliane Gish, et Le Bossu de Notre-Dame avec Lon Chancy. En 1927 les inventeurs ont mis au point le cinéma parlant. A La Prairie, cette amélioration viendra dans les années 30.

    La 2ème salle de cinéma logera, chemin de Saint-Jean, dans l'ancienne église protestante désaffectée. Ce bâtiment, solidement construit, existe encore; il deviendra le garage Deneault, puis l'atelier Désilets (324 Chemin de Saint-Jean) près de la rue Notre-Dame.

    Les résidents de La Prairie, surtout les jeunes, auront les « vues » de la Molson, debout, en plein air. Rue Saint-Ignace dans les années 30 et 40 se trouvait la « cour d'école » des garçons qui fréquentaient l'Académie St-Joseph, angle Saint-Jean et Saint-Ignace.

    À la fin du printemps et à l'été, on dressait un grand écran, près du rempart. Lorsque le jour tombant permettait une visibilité convenable, la projection du film commençait. C'était gratuit et la foule des jeunes s'amusaient ferme supportés par la musique à forts décibels. Une pluie importante était cause de désappointement pour tous.

    La 3ème salle de cinéma : 1941-1982. Monsieur Armand Auclair achète en 1941 l'édifice portant le numéro civique 286, chemin de Saint-Jean à La Prairie. Dans ce bâtiment logeait dans les années 30 messieurs Brossard et Crépin, concessionnaires d'automobiles Ford. Armand Auclair aménage une confortable salle de cinéma, plancher incliné et sièges rembourrés.

    À La Prairie on disait : je vais au théâtre, voulant dire cinéma. Nous sommes évidemment à l'époque du cinéma parlant et la salle était très achalandée. On présentait des programmes intéressants et variés qui plaisaient à la clientèle de La Prairie et des villages environnants. Jean-Paul Auclair prend la relève de son père et réussit à 1enir le cinéma jusqu'en 1982.

    D'autres inventions de notre XXe siècle sonneront le glas pour les salles de cinéma tenues par des particuliers. La télévision, les clubs Vidéo changent radicalement les habitudes des amateurs de films.

    Les compagnies américaines telles « Famous Players », « Odéon » et autres, détiennent aujourd'hui le monopole de la présentation de films; ce sont elles maintenant qui décident ce que la clientèle devra voir et apprécier.

    Dans une grande ville comme Montréal existent des « salles de répertoire », subventionnées ou non, qui offrent des films que choisissent ceux qui refusent de suivre la mode imposée.

    On est loin de la fascination qu'exerçait l'image du film muet du début du siècle à La Prairie. Au cours de ce siècle d'existence du cinéma on est passé de l'image qui bouge, à l'ordinateur et à l'homme qui marche sur la lune!

    Cette année, le cinéma fête son centenaire : 1896-1996. Qu'en est-il de la projection de films à La Prairie depuis le début du siècle? Une dame âgée a vécu les étapes de la progression du cinéma. Elle nous livre ce qu'a conservé sa mémoire alerte et fidèle. Adolescente, elle allait « aux vues » avec son père, fin des années 1910 et années 1920, à la « salle » de cinéma tenue par Paul Hébert, propriétaire, dans le village, rue Saint-Ignace, lot # 26. M. Hébert avait bâti un ajout à sa maison, par l'arrière. Cette « salle », couverte de tôle ondulée avait une particularité unique : un arbre y poussait et les branches s'élançaient vers la lumière par un trou pratiqué dans le toit. La caissière, madame Purissima Dubois, habitait le lot # 27, la maison s'y trouve encore. On était à l'époque du film muet et Harold Ste-Marie, talentueux pianiste qui jouait « par oreille », adaptait ses performances à l'action du film. Notre aînée se souvient de deux films qu'elle a bien appréciés. La sœur Blanche, avec Liliane Gish, et Le Bossu de Notre-Dame avec Lon Chancy. En 1927 les inventeurs ont mis au point le cinéma parlant. A La Prairie, cette amélioration viendra dans les années 30. La 2ème salle de cinéma logera, chemin de Saint-Jean, dans l'ancienne église protestante désaffectée. Ce bâtiment, solidement construit, existe encore; il deviendra le garage Deneault, puis l'atelier Désilets (324 Chemin de Saint-Jean) près de la rue Notre-Dame. Les résidents de La Prairie, surtout les jeunes, auront les « vues » de la Molson, debout, en plein air. Rue Saint-Ignace dans les années 30 et 40 se trouvait la « cour d'école » des garçons qui fréquentaient l'Académie St-Joseph, angle Saint-Jean et Saint-Ignace. À la fin du printemps et à l'été, on dressait un grand écran, près du rempart. Lorsque le jour tombant permettait une visibilité convenable, la projection du film commençait. C'était gratuit et la foule des jeunes s'amusaient ferme supportés par la musique à forts décibels. Une pluie importante était cause de désappointement pour tous. La 3ème salle de cinéma : 1941-1982. Monsieur Armand Auclair achète en 1941 l'édifice portant le numéro civique 286, chemin de Saint-Jean à La Prairie. Dans ce bâtiment logeait dans les années 30 messieurs Brossard et Crépin, concessionnaires d'automobiles Ford. Armand Auclair aménage une confortable salle de cinéma, plancher incliné et sièges rembourrés. À La Prairie on disait : je vais au théâtre, voulant dire cinéma. Nous sommes évidemment à l'époque du cinéma parlant et la salle était très achalandée. On présentait des programmes intéressants et variés qui plaisaient à la clientèle de La Prairie et des villages environnants. Jean-Paul Auclair prend la relève de son père et réussit à 1enir le cinéma jusqu'en 1982. D'autres inventions de notre XXe siècle sonneront le glas pour les salles de cinéma tenues par des particuliers. La télévision, les clubs Vidéo changent radicalement les habitudes des amateurs de films. Les compagnies américaines telles « Famous Players », « Odéon » et autres, détiennent aujourd'hui le monopole de la présentation de films; ce sont elles maintenant qui décident ce que la clientèle devra voir et apprécier. Dans une grande ville comme Montréal existent des « salles de répertoire », subventionnées ou non, qui offrent des films que choisissent ceux qui refusent de suivre la mode imposée. On est loin de la fascination qu'exerçait l'image du film muet du début du siècle à La Prairie. Au cours de ce siècle d'existence du cinéma on est passé de l'image qui bouge, à l'ordinateur et à l'homme qui marche sur la lune!...

    L’odyssée du Rituel de 1703 (1)

    La S.H.L.M possède dans sa bibliothèque un volume qui date de 1703, un rituel; on ne sait comment il nous est parvenu. Dans les prochaines pages, on vous présente certaines hypothèses du parcours de ce volume ainsi que certains éléments de contenu qui illustrent bien les préoccupations d'une époque.

    Par quel cheminement ce Rituel de 673 pages, vieux de près de 300 ans, est-il parvenu à la Société historique de La Prairie? Sa page de présentation est comme suit :

    Rituel du Diocèse de Québec publié par l’ordre de Monseigneur de Saint-Vallier évêque de Québec. Imprimé à Paris, avec privilège du Roi en l'an 1703.

    Volume rare, et pour cause… Mgr de Saint-Vallier, en France lors de la première publication de son rituel, en expédie quelques exemplaires en Nouvelle-France pour avoir réactions de son clergé. Le père Bouvart, supérieur des Jésuites, écrit un long réquisitoire contre le Rituel; il est en complet désaccord avec la pensée théologique qui sous-tend le texte. En 1704, Mgr de Saint-Vallier quitte la France, direction Québec, et apporte un gros coffre de Rituels dont la teneur a été modifiée. Le bateau fait un court voyage et l’évêque de Québec passe cinq ans en Angleterre, prisonnier des Anglais. Le coffre de Rituels est vendu à l'encan comme butin de guerre et les précieux volumes disparaissent.

    Il existe toujours dans la colonie quelques exemplaires de la version de 1700. Cependant, quelques volumes de l'édition de 1703 sont parvenus en Nouvelle-France puisque la S.H.L.M. en possède un exemplaire qui a servi et qui est devenu usé et fragile.

    La S.H.L.M possède dans sa bibliothèque un volume qui date de 1703, un rituel; on ne sait comment il nous est parvenu. Dans les prochaines pages, on vous présente certaines hypothèses du parcours de ce volume ainsi que certains éléments de contenu qui illustrent bien les préoccupations d'une époque. Par quel cheminement ce Rituel de 673 pages, vieux de près de 300 ans, est-il parvenu à la Société historique de La Prairie? Sa page de présentation est comme suit : Rituel du Diocèse de Québec publié par l’ordre de Monseigneur de Saint-Vallier évêque de Québec. Imprimé à Paris, avec privilège du Roi en l'an 1703. Volume rare, et pour cause... Mgr de Saint-Vallier, en France lors de la première publication de son rituel, en expédie quelques exemplaires en Nouvelle-France pour avoir réactions de son clergé. Le père Bouvart, supérieur des Jésuites, écrit un long réquisitoire contre le Rituel; il est en complet désaccord avec la pensée théologique qui sous-tend le texte. En 1704, Mgr de Saint-Vallier quitte la France, direction Québec, et apporte un gros coffre de Rituels dont la teneur a été modifiée. Le bateau fait un court voyage et l’évêque de Québec passe cinq ans en Angleterre, prisonnier des Anglais. Le coffre de Rituels est vendu à l'encan comme butin de guerre et les précieux volumes disparaissent. Il existe toujours dans la colonie quelques exemplaires de la version de 1700. Cependant, quelques volumes de l'édition de 1703 sont parvenus en Nouvelle-France puisque la S.H.L.M. en possède un exemplaire qui a servi et qui est devenu usé et fragile....

    L’odyssée du Rituel de 1703 (2)

    Dans quelles mains le Rituel de 1703 a-t-il passé? Une certitude? Non, mais des hypothèses.

    La paroisse de La Prairie dessert de nombreux habitants, et cela depuis les débuts : à La Prairie, il y a « une cure à servir où il y a cent habitations de français » écrit le père Chauchetière en 1682.

    Le procureur général de la colonie rencontre seigneurs et habitants en 1721, dont Paul-Armand Ulric, curé fixe de La Prairie.

    Jacques Marchand des Ligneries, sulpicien, est curé de La Prairie de 1731 à 1775.

    À Saint-Philippe de La Prairie, Messire Ignace Gamelin est curé de 1756 à 1799. Gamelin et J. des Ligneries sont de « bons amis ».

    Dans le Fonds d'Archives E. Choquet nous trouvons le testament de Jacques des Ligneries (27-03-1775) et l'inventaire après décès que dresse son exécuteur testamentaire (17- 05-1775).

    Ignace Gamelin, qui préside l'inventaire des biens de « son ami », note que la bibliothèque du défunt compte 1 100 volumes. Plusieurs séries sont incomplètes… J. des Ligneries, pendant ses 44 années de ministère à La Prairie, a reçu souvent des visiteurs qui venaient « emprunter » des volumes. De plus, et ceci est fort significatif; l'évêque de Québec envoyait au curé des jeunes théologiens qui séjournaient à La Prairie pour terminer leurs études théologiques et s'initier à la pratique pastorale.

    Dans le Rituel de 1703 se trouve une enveloppe vide et non datée, dont le papier très jauni témoigne de l'ancienneté. Cette enveloppe est adressée à :

    Madame Frédéric Singer

    St-Philippe

    Or un prêtre sulpicien (1828-1887) né à Saint-Philippe avait pour père Frédéric Singer, marchand du village, sa mère avait pour nom Cécile Hert. Que cette enveloppe ait contenu une lettre envoyée par Augustin Singer à sa mère nous apparaît plausible.

    Le Rituel de 1703 comprend une autre particularité : un texte manuscrit de 2 pages (recto-verso) y a été inséré et collé entre les pages 250-251. Il s'agit d'une copie du texte latin de l'indulgence plénière accordée aux catholiques du diocèse de Québec par le Pape Benoit XIV (pape de 1740 à 1758).

    Tous ces indices ne peuvent nous permettre de conclure par quelles mains a passé la copie du Rituel de 1703 que possède la S.H.L.M. Ce qui importe, c'est que nous possédons ce volume qui nous permet de mieux connaître les normes sous-jacentes aux directives et observances que l'évêque de Québec voulait imposer aux colons, nos ancêtres.

    Dans quelles mains le Rituel de 1703 a-t-il passé? Une certitude? Non, mais des hypothèses. La paroisse de La Prairie dessert de nombreux habitants, et cela depuis les débuts : à La Prairie, il y a « une cure à servir où il y a cent habitations de français » écrit le père Chauchetière en 1682. Le procureur général de la colonie rencontre seigneurs et habitants en 1721, dont Paul-Armand Ulric, curé fixe de La Prairie. Jacques Marchand des Ligneries, sulpicien, est curé de La Prairie de 1731 à 1775. À Saint-Philippe de La Prairie, Messire Ignace Gamelin est curé de 1756 à 1799. Gamelin et J. des Ligneries sont de « bons amis ». Dans le Fonds d'Archives E. Choquet nous trouvons le testament de Jacques des Ligneries (27-03-1775) et l'inventaire après décès que dresse son exécuteur testamentaire (17- 05-1775). Ignace Gamelin, qui préside l'inventaire des biens de « son ami », note que la bibliothèque du défunt compte 1 100 volumes. Plusieurs séries sont incomplètes... J. des Ligneries, pendant ses 44 années de ministère à La Prairie, a reçu souvent des visiteurs qui venaient « emprunter » des volumes. De plus, et ceci est fort significatif; l'évêque de Québec envoyait au curé des jeunes théologiens qui séjournaient à La Prairie pour terminer leurs études théologiques et s'initier à la pratique pastorale. Dans le Rituel de 1703 se trouve une enveloppe vide et non datée, dont le papier très jauni témoigne de l'ancienneté. Cette enveloppe est adressée à : Madame Frédéric Singer St-Philippe Or un prêtre sulpicien (1828-1887) né à Saint-Philippe avait pour père Frédéric Singer, marchand du village, sa mère avait pour nom Cécile Hert. Que cette enveloppe ait contenu une lettre envoyée par Augustin Singer à sa mère nous apparaît plausible. Le Rituel de 1703 comprend une autre particularité : un texte manuscrit de 2 pages (recto-verso) y a été inséré et collé entre les pages 250-251. Il s'agit d'une copie du texte latin de l'indulgence plénière accordée aux catholiques du diocèse de Québec par le Pape Benoit XIV (pape de 1740 à 1758). Tous ces indices ne peuvent nous permettre de conclure par quelles mains a passé la copie du Rituel de 1703 que possède la S.H.L.M. Ce qui importe, c'est que nous possédons ce volume qui nous permet de mieux connaître les normes sous-jacentes aux directives et observances que l'évêque de Québec voulait imposer aux colons, nos ancêtres....