Au 18e s., le colon et sa famille : la terre nourricière
Dans les Actes administratifs des Jésuites, on retrace les noms des censitaires de La Prairie à qui les Seigneurs concèdent (donnent) un lot de terre à défricher et cultiver, et ce depuis 1667.
Par un retour dans le temps, essayons d'imaginer la vie quotidienne de nos ancêtres qui avaient choisi de s'installer dans la seigneurie de La Prairie. Transplanté de France en Nouvelle-France, le colon prend rapidement conscience qu'il doit viser à l'autosuffisance alimentaire. L'étendue de sa terre contraste avec son lopin de terre exigu dans la mère patrie. Pour produire, la terre nouvelle exigera un travail dur et acharné, mais il se met à l'œuvre sur SA terre, où tous les espoirs sont permis.
Sur le lot concédé, tout est à faire : construire une petite maison pour s'y abriter, une grande pour remiser les récoltes et les animaux domestiques. Surtout il faut défricher à la force de ses bras puisque la hache sera son principal outil. Les autorités exigent qu'au moins 1/3 du lot soit cultivable; les 2/3, en bois « debout », fourniront le bois de chauffage.
Il abattra certains arbres répondant à ses besoins pour transformer les troncs en madriers et planches de construction ou encore comme bois d’œuvre pour fabriquer les meubles dont la famille a besoin. Au coin du feu, l'hiver, il façonnera des jouets pour amuser les nombreux petits qui naissent avec les années.
Labourer est une tâche qui requiert du temps et une grande force physique, mais quelle satisfaction pour le colon!
L'intendant Duchesneau, écrivant à Colbert en 1679, exprime ainsi ce qu'il observe :
« Les laboureurs qui s'appliquent avec assiduité à la terre subsistent fort honnêtement et sont, sans comparaison, plus heureux que ce qu'on nomme en France les bons paysans. »
En Nouvelle-France, la majorité des habitants vivent sur une terre, la population est agricole et nous sommes loin de la révolution industrielle.
Le climat rythme les saisons et l'été est court. Le colon s'attelle à la besogne du lever au coucher du soleil. Et il faut bien accepter les journées de pluie ou d'orages! Que dire de la religion qui dicte les jours fériés, plus particulièrement au temps de la moisson. Qu'un colon travaille dans son champ le « jour du Seigneur » était impensable.
Chaque membre de la famille faisait sa part des travaux. L'épouse secondait son époux en prenant charge du potager, de la basse-cour et du bétail. Les enfants assumaient une tâche selon leur âge. La situation n'était pas propice à la paresse, chacun savait que pour manger l’hiver venu, il fallait faire provision, alors…
Dans le grange-étable, le blé est soigneusement mis au sec, les plantes fourragères, tels le foin et le trèfle, sont entassées en meules près des bâtiments. Jusqu'à la prochaine récolte, le colon battra au besoin le blé précieux et se rendra au moulin du village pour revenir avec ses sacs de farine. Dans le caveau à légumes, on conserve certains légumes. Quelque part dans la maison, à l'abri de l'humidité, on entrepose des fèves et pois séchés. On accorde une grande importance au baril de lard salé dont le contenu est fort précieux. Serait-ce là l'origine du « French pea soup »?
L'automne venu, afin d'assurer un meilleur confort, l'habitant « renchausse » soigneusement le solage de la maison avec de la terre et de la paille. La maman a filé la laine et tissé des tapis dont on couvre les planchers.
Au menu des repas de l'hiver, en plus du pain et des légumineuses s'ajoutent la viande congelée, les œufs, le lait et les douceurs sucrées confectionnées avec le sucre d'érable. Le hasard ou la chance permettaient d'y ajouter le gibier sauvage et le poisson de nos rivières. L'anguille était particulièrement abondante. On la servait surtout les jours où l'on devait manger maigre.
Nos ancêtres-colons avaient-ils le sentiment d'être à l'aise financièrement? Ils possédaient peu de numéraire, l'argent était rare et de plus, lorsqu'ils échangeaient certains produits de leur ferme, ils recevaient souvent en retour quelques objets utilitaires. Mais surtout, la terre du colon était inaliénable donc non saisissable. Aucun colon ne pouvait faire faillite.
L'habitant de l'époque Nouvelle-France, avant 1760, vivait sur SA TERRE; il était autosuffisant et vivait à l'écart des problèmes que les administrateurs de la colonie avaient à affronter. Certains des colons de la Seigneurie de La Prairie ont-ils pressenti l'imminence de la Conquête de 1760? Peut-être…
Lors des troubles de l'époque des Patriotes en 1837, la situation est différente, les mentalités ont changé et plusieurs habitants de la Seigneurie offriront leur collaboration aux chefs de l'Insurrection. Cependant, après ces années troubles, ce sera le retour à la ferme où l'on travaille fort mais également dans un lieu de relative tranquillité.
Les historiens du régime français sont tous d'accord : en Nouvelle-France les colons n'ont pas eu à subir de famine. Jamais la famille n'a manqué du nécessaire et dans la maison où l'on mangeait bien, on appréciait un relatif confort en toutes saisons.
Source :
La vie quotidienne en Nouvelle-France, Douville-Casanova, Hachette, 1964.
Dans les Actes administratifs des Jésuites, on retrace les noms des censitaires de La Prairie à qui les Seigneurs concèdent (donnent) un lot de terre à défricher et cultiver, et ce depuis 1667. Par un retour dans le temps, essayons d'imaginer la vie quotidienne de nos ancêtres qui avaient choisi de s'installer dans la seigneurie de La Prairie. Transplanté de France en Nouvelle-France, le colon prend rapidement conscience qu'il doit viser à l'autosuffisance alimentaire. L'étendue de sa terre contraste avec son lopin de terre exigu dans la mère patrie. Pour produire, la terre nouvelle exigera un travail dur et acharné, mais il se met à l'œuvre sur SA terre, où tous les espoirs sont permis. Sur le lot concédé, tout est à faire : construire une petite maison pour s'y abriter, une grande pour remiser les récoltes et les animaux domestiques. Surtout il faut défricher à la force de ses bras puisque la hache sera son principal outil. Les autorités exigent qu'au moins 1/3 du lot soit cultivable; les 2/3, en bois « debout », fourniront le bois de chauffage. Il abattra certains arbres répondant à ses besoins pour transformer les troncs en madriers et planches de construction ou encore comme bois d’œuvre pour fabriquer les meubles dont la famille a besoin. Au coin du feu, l'hiver, il façonnera des jouets pour amuser les nombreux petits qui naissent avec les années. Labourer est une tâche qui requiert du temps et une grande force physique, mais quelle satisfaction pour le colon! L'intendant Duchesneau, écrivant à Colbert en 1679, exprime ainsi ce qu'il observe : « Les laboureurs qui s'appliquent avec assiduité à la terre subsistent fort honnêtement et sont, sans comparaison, plus heureux que ce qu'on nomme en France les bons paysans. » En Nouvelle-France, la majorité des habitants vivent sur une terre, la population est agricole et nous sommes loin de la révolution industrielle. Le climat rythme les saisons et l'été est court. Le colon s'attelle à la besogne du lever au coucher du soleil. Et il faut bien accepter les journées de pluie ou d'orages! Que dire de la religion qui dicte les jours fériés, plus particulièrement au temps de la moisson. Qu'un colon travaille dans son champ le « jour du Seigneur » était impensable. Chaque membre de la famille faisait sa part des travaux. L'épouse secondait son époux en prenant charge du potager, de la basse-cour et du bétail. Les enfants assumaient une tâche selon leur âge. La situation n'était pas propice à la paresse, chacun savait que pour manger l’hiver venu, il fallait faire provision, alors... Dans le grange-étable, le blé est soigneusement mis au sec, les plantes fourragères, tels le foin et le trèfle, sont entassées en meules près des bâtiments. Jusqu'à la prochaine récolte, le colon battra au besoin le blé précieux et se rendra au moulin du village pour revenir avec ses sacs de farine. Dans le caveau à légumes, on conserve certains légumes. Quelque part dans la maison, à l'abri de l'humidité, on entrepose des fèves et pois séchés. On accorde une grande importance au baril de lard salé dont le contenu est fort précieux. Serait-ce là l'origine du « French pea soup »? L'automne venu, afin d'assurer un meilleur confort, l'habitant « renchausse » soigneusement le solage de la maison avec de la terre et de la paille. La maman a filé la laine et tissé des tapis dont on couvre les planchers. Au menu des repas de l'hiver, en plus du pain et des légumineuses s'ajoutent la viande congelée, les œufs, le lait et les douceurs sucrées confectionnées avec le sucre d'érable. Le hasard ou la chance permettaient d'y ajouter le gibier sauvage et le poisson de nos rivières. L'anguille était particulièrement abondante. On la servait surtout les jours où l'on devait manger maigre. Nos ancêtres-colons avaient-ils le sentiment d'être à l'aise financièrement? Ils possédaient peu de numéraire, l'argent était rare et de plus, lorsqu'ils échangeaient certains produits de leur ferme, ils recevaient souvent en retour quelques objets utilitaires. Mais surtout, la terre du colon était inaliénable donc non saisissable. Aucun colon ne pouvait faire faillite. L'habitant de l'époque Nouvelle-France, avant 1760, vivait sur SA TERRE; il était autosuffisant et vivait à l'écart des problèmes que les administrateurs de la colonie avaient à affronter. Certains des colons de la Seigneurie de La Prairie ont-ils pressenti l'imminence de la Conquête de 1760? Peut-être... Lors des troubles de l'époque des Patriotes en 1837, la situation est différente, les mentalités ont changé et plusieurs habitants de la Seigneurie offriront leur collaboration aux chefs de l'Insurrection. Cependant, après ces années troubles, ce sera le retour à la ferme où l'on travaille fort mais également dans un lieu de relative tranquillité. Les historiens du régime français sont tous d'accord : en Nouvelle-France les colons n'ont pas eu à subir de famine. Jamais la famille n'a manqué du nécessaire et dans la maison où l'on mangeait bien, on appréciait un relatif confort en toutes saisons. Source : La vie quotidienne en Nouvelle-France, Douville-Casanova, Hachette, 1964....
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