Sélection d'une édition

    Maisons de pierres du Vieux La Prairie

    Les pierres utilisées pour les murs de quatre bâtiments en pierre ont été examinées : la maison du notaire Boucher, l’église, le 144 chemin de Saint-Jean et le restaurant Au Vieux Fort. Dans le cas de l’église ce ne sont pas les pierres de la façade, qui est faite de marbre fossilifère taillé, une industrie florissante de l’époque des constructions d’églises, mais celles des murs latéraux qui ont fait l’objet de notre étude.

    Leurs murs sont donc formés en partie d’une pierre d’un gris très foncé, presque noir qui ressort visiblement du mortier. Nos ancêtres savaient utiliser les ressources du milieu immédiat. Pour l’église, on m’a parlé de pierres venant de l’ancienne île à Pierre en face de Saint-Lambert. Ces pierres sont des grès qui font partie des roches connues par les géologues sous le nom de Groupe de Lorraine. De l’autre côté du fleuve, ce sont surtout les calcaires du Trenton de Montréal, qui sont totalement différents. Les pierres naturelles des îles du fleuve, connues d’avant 1967, appartiennent aussi au Groupe de Lorraine. Les pierres du Lorraine pourraient donc venir des îles si on dispose d’une autre preuve historique ou simplement du secteur de la carrière à brique avant même qu’on commence à l’exploiter pour la brique. Je n’ai pas noté de poli sur les pierres accessibles des murs indiquant un séjour dans l’eau du fleuve, mais les maçons ont pu l’éliminer. Nos ancêtres ont sûrement tout fait pour éviter un « long » transport par les chevaux.

    Il faut souligner le sens pratique de nos ancêtres. La principale pierre dans le Lorraine, c’est le shale gris noir, altérable et fragile, qui sert depuis plus récemment de matière première pour la fabrication de la brique. Dans ce shale, on rencontre des lits et bancs d’un grès beaucoup plus compétent, plus dur, plus utilisable en maçonnerie, inutile pour la brique. Ce sont ces bancs compétents qui ont pu fournir les pierres brutes des murs. Ces pierres du Lorraine à l’époque pouvaient être directement en surface et sur place. Ailleurs au Québec et vraisemblablement aussi à La Prairie, on utilisait le calcaire du Trenton (un exemple bien visible au pont-tunnel) comme pierres de construction, et qui sont largement utilisées comme pierres concassées dans plusieurs carrières des alentours. Ailleurs au Québec, on a aussi utilisé pour les murs des maisons les pierres des champs, celles qu’on trouve n’importe où dans le till glaciaire, arrondies durant leur transport par les glaciers et provenant en grande partie des Laurentides.

    De g. à d., le mortier, le shale friable, le grès lité. Un maçon professionnel aurait enlevé le shale et aurait placé le grain (litage) à horizontale plutôt qu’à la verticale.

    Trois observations pour ces bâtiments de pierres : la première, c’est cette couleur presque noire, une couleur plutôt rare pour les maisons de pierres dans tout le Québec. D’autre part, si vous visitez la carrière, vous observerez deux types de pierres dans le Lorraine, dont celles servant à faire la brique (shales). Ce shale se retrouve parfois dans les murs, ce qui peut démontrer soit que les techniques de maçonnerie ont évolué, soit que les constructeurs n’étaient pas des maçons qualifiés (pour l’église et pour le 144 chemin de St-Jean) car ce shale s’altère, s’effrite, résiste mal à l’eau et n’aurait jamais dû être utilisé pour les murs. Heureusement, ce sont des placages en très faible quantité qui n’ont pas influé sur la solidité des murs. Par ce simple constat, on obtient une information sur la maçonnerie de l’époque dans la région. Les responsables de la construction des murs du restaurant étaient un peu plus adroits. Ils ont cette fois équarri les pierres en respectant plus ou moins le « grain » de la pierre, ce que les géologues appellent le litage du grès i.e. le plan de dépôt des grains de sable lors de la sédimentation du grès. Les vrais maçons respectent toujours le grain de la pierre dans leur taillage ce qui n’est pas le cas dans les deux autres bâtiments et ce qui a été fait grossièrement pour le restaurant. Si vous voulez observer du travail de maçon professionnel, jetez plutôt un coup d’oeil aux pierres de l’ancien bureau de la poste ou aux calcaires fossilifères taillés de la façade l’église. 

    Les pierres utilisées pour les murs de quatre bâtiments en pierre ont été examinées : la maison du notaire Boucher, l’église, le 144 chemin de Saint-Jean et le restaurant Au Vieux Fort. Dans le cas de l’église ce ne sont pas les pierres de la façade, qui est faite de marbre fossilifère taillé, une industrie florissante de l’époque des constructions d’églises, mais celles des murs latéraux qui ont fait l’objet de notre étude. Leurs murs sont donc formés en partie d’une pierre d’un gris très foncé, presque noir qui ressort visiblement du mortier. Nos ancêtres savaient utiliser les ressources du milieu immédiat. Pour l’église, on m’a parlé de pierres venant de l’ancienne île à Pierre en face de Saint-Lambert. Ces pierres sont des grès qui font partie des roches connues par les géologues sous le nom de Groupe de Lorraine. De l’autre côté du fleuve, ce sont surtout les calcaires du Trenton de Montréal, qui sont totalement différents. Les pierres naturelles des îles du fleuve, connues d’avant 1967, appartiennent aussi au Groupe de Lorraine. Les pierres du Lorraine pourraient donc venir des îles si on dispose d’une autre preuve historique ou simplement du secteur de la carrière à brique avant même qu’on commence à l’exploiter pour la brique. Je n’ai pas noté de poli sur les pierres accessibles des murs indiquant un séjour dans l’eau du fleuve, mais les maçons ont pu l’éliminer. Nos ancêtres ont sûrement tout fait pour éviter un « long » transport par les chevaux. Il faut souligner le sens pratique de nos ancêtres. La principale pierre dans le Lorraine, c’est le shale gris noir, altérable et fragile, qui sert depuis plus récemment de matière première pour la fabrication de la brique. Dans ce shale, on rencontre des lits et bancs d’un grès beaucoup plus compétent, plus dur, plus utilisable en maçonnerie, inutile pour la brique. Ce sont ces bancs compétents qui ont pu fournir les pierres brutes des murs. Ces pierres du Lorraine à l’époque pouvaient être directement en surface et sur place. Ailleurs au Québec et vraisemblablement aussi à La Prairie, on utilisait le calcaire du Trenton (un exemple bien visible au pont-tunnel) comme pierres de construction, et qui sont largement utilisées comme pierres concassées dans plusieurs carrières des alentours. Ailleurs au Québec, on a aussi utilisé pour les murs des maisons les pierres des champs, celles qu’on trouve n’importe où dans le till glaciaire, arrondies durant leur transport par les glaciers et provenant en grande partie des Laurentides. De g. à d., le mortier, le shale friable, le grès lité. Un maçon professionnel aurait enlevé le shale et aurait placé le grain (litage) à horizontale plutôt qu’à la verticale. Trois observations pour ces bâtiments de pierres : la première, c’est cette couleur presque noire, une couleur plutôt rare pour les maisons de pierres dans tout le Québec. D’autre part, si vous visitez la carrière, vous observerez deux types de pierres dans le Lorraine, dont celles servant à faire la brique (shales). Ce shale se retrouve parfois dans les murs, ce qui peut démontrer soit que les techniques de maçonnerie ont évolué, soit que les constructeurs n’étaient pas des maçons qualifiés (pour l’église et pour le 144 chemin de St-Jean) car ce shale s’altère, s’effrite, résiste mal à l’eau et n’aurait jamais dû être utilisé pour les murs. Heureusement, ce sont des placages en très faible quantité qui n’ont pas influé sur la solidité des murs. Par ce simple constat, on obtient une information sur la maçonnerie de l’époque dans la région. Les responsables de la construction des murs du restaurant étaient un peu plus adroits. Ils ont cette fois équarri les pierres en respectant plus ou moins le « grain » de la pierre, ce que les géologues appellent le litage du grès i.e. le plan de dépôt des grains de sable lors de la sédimentation du grès. Les vrais maçons respectent toujours le grain de la pierre dans leur taillage ce qui n’est pas le cas dans les deux autres bâtiments et ce qui a été fait grossièrement pour le restaurant. Si vous voulez observer du travail de maçon professionnel, jetez plutôt un coup d’oeil aux pierres de l’ancien bureau de la poste ou aux calcaires fossilifères taillés de la façade l’église. ...