Sélection d'une édition

    Urbanisation et environnement

    Introduction

    J’arrive bientôt à la fin de mon baccalauréat en histoire après presque trois années passées à l’Université de Montréal. C’est l’histoire de l’environnement qui a retenu mon attention et qui continue de nourrir ma passion pour la discipline en général. La plupart du temps, lorsqu’un historien rédige l’histoire, elle reflète souvent les enjeux de son époque. Quoi de mieux que de réinterpréter un moment pivot de l’histoire de La Prairie en ces temps incertains avec la Covid-19 et la menace des changements climatiques qui se fait de plus en plus pressante. Je vous propose ici une réinterprétation de notre histoire locale.

    Urbanisation et environnement dans les années 70

    La planification urbaine de l’environnement de La Prairie a commencé très tardivement en 1965 avec un premier plan directeur d’urbanisme. En effet, La Prairie était très peu organisée d’un point de vue d’aménagements urbains, s’étalant surtout d’est en ouest par rapport au fleuve Saint-Laurent dont les habitants considéraient, durant le 19e siècle et antérieurement, ce grand cours d’eau comme une richesse devant être exploitée plutôt que leur milieu de vie. Ce premier plan de trois pages ne proposait aucun agrandissement important du vieux village, mais plutôt une réorganisation sur papier de la ville en plusieurs quartiers distincts. Il faudra attendre une dizaine d’années plus tard pour qu’arrive un plan directeur d’urbanisme beaucoup plus ambitieux.

    Parait alors dans l’édition du journal Le Reflet du mercredi 28 août 1974 l’annonce du nouveau projet de développement urbain à 300 millions de dollars par la compagnie GOREDCO (Gulf Oil Real Estate Development Co.) Claudette Houde, membre active de la SHLM, fait part d’un commentaire du ministre des Affaires municipales de l’époque sur le projet en question :

    « Le ministre des Affaires municipales, le Dr Victor Goldbloom, s’est réjoui de la volonté de la Compagnie qui veut préserver et créer de nombreux espaces verts. Cette protection de l’environnement devrait pouvoir contribuer à une meilleure qualité de vie dans cette ville nouvelle que l’on veut une réponse réelle aux besoins des habitants. »

    Dans son plan directeur, GOREDCO souhaitait améliorer la qualité de vie des habitants de La Prairie, urbaniser 2 600 acres supplémentaires sur tout le territoire de 10 510 acres dont 1 450 l’étaient déjà. De ces 2 600 acres, il était prévu que 520 acres seraient transformés en parcs et terrains de jeux, soit l’équivalent de 20%. Les promoteurs de GOREDCO avaient amené avec eux à La Prairie cette idéologie urbaine de nouvelle-ville, née aux États-Unis au début des années 60 et se voulant différents de l’organisation des banlieues traditionnelles d’après-guerre par sa vision « libérale, progressiste, et inclusive ». Cette idéologie amenait une conception nouvelle du rôle que devait avoir l’environnement dans la vie de banlieue :  

    « Like many American reformers, Rouse wholly believed in the ability of the physical environment to improve community and individual character. […] “We must believe because it is true, that people are affected by their environment-by space and scale, by color and texture, by nature and beauty; that they can be uplifted, made comfortable, important; become more productive workers, more agreeable clients, more expensive customers.” This belief in the effect of environment on character guided his new town’s design. »

     

    Introduction J’arrive bientôt à la fin de mon baccalauréat en histoire après presque trois années passées à l’Université de Montréal. C’est l’histoire de l’environnement qui a retenu mon attention et qui continue de nourrir ma passion pour la discipline en général. La plupart du temps, lorsqu’un historien rédige l’histoire, elle reflète souvent les enjeux de son époque. Quoi de mieux que de réinterpréter un moment pivot de l’histoire de La Prairie en ces temps incertains avec la Covid-19 et la menace des changements climatiques qui se fait de plus en plus pressante. Je vous propose ici une réinterprétation de notre histoire locale. Urbanisation et environnement dans les années 70 La planification urbaine de l’environnement de La Prairie a commencé très tardivement en 1965 avec un premier plan directeur d’urbanisme. En effet, La Prairie était très peu organisée d’un point de vue d’aménagements urbains, s’étalant surtout d’est en ouest par rapport au fleuve Saint-Laurent dont les habitants considéraient, durant le 19e siècle et antérieurement, ce grand cours d’eau comme une richesse devant être exploitée plutôt que leur milieu de vie. Ce premier plan de trois pages ne proposait aucun agrandissement important du vieux village, mais plutôt une réorganisation sur papier de la ville en plusieurs quartiers distincts. Il faudra attendre une dizaine d’années plus tard pour qu’arrive un plan directeur d’urbanisme beaucoup plus ambitieux. Parait alors dans l’édition du journal Le Reflet du mercredi 28 août 1974 l’annonce du nouveau projet de développement urbain à 300 millions de dollars par la compagnie GOREDCO (Gulf Oil Real Estate Development Co.) Claudette Houde, membre active de la SHLM, fait part d’un commentaire du ministre des Affaires municipales de l’époque sur le projet en question : « Le ministre des Affaires municipales, le Dr Victor Goldbloom, s’est réjoui de la volonté de la Compagnie qui veut préserver et créer de nombreux espaces verts. Cette protection de l’environnement devrait pouvoir contribuer à une meilleure qualité de vie dans cette ville nouvelle que l’on veut une réponse réelle aux besoins des habitants. » Dans son plan directeur, GOREDCO souhaitait améliorer la qualité de vie des habitants de La Prairie, urbaniser 2 600 acres supplémentaires sur tout le territoire de 10 510 acres dont 1 450 l’étaient déjà. De ces 2 600 acres, il était prévu que 520 acres seraient transformés en parcs et terrains de jeux, soit l’équivalent de 20%. Les promoteurs de GOREDCO avaient amené avec eux à La Prairie cette idéologie urbaine de nouvelle-ville, née aux États-Unis au début des années 60 et se voulant différents de l’organisation des banlieues traditionnelles d’après-guerre par sa vision « libérale, progressiste, et inclusive ». Cette idéologie amenait une conception nouvelle du rôle que devait avoir l’environnement dans la vie de banlieue :   « Like many American reformers, Rouse wholly believed in the ability of the physical environment to improve community and individual character. […] “We must believe because it is true, that people are affected by their environment-by space and scale, by color and texture, by nature and beauty; that they can be uplifted, made comfortable, important; become more productive workers, more agreeable clients, more expensive customers.” This belief in the effect of environment on character guided his new town’s design. »  ...

    Urbanisation et environnement (suite 1)

    Un aperçu de ce que devait être La Prairie à la fin du projet de GOREDCO.

     

    Par sa vision moderne et futuriste de la banlieue, le projet fut accueilli avec bienveillance autant par les politiciens fédéraux que par les provinciaux et municipaux de l’époque. Deux jours seulement après l’annonce du projet, un éditorial paru dans Le Reflet l’appuya fortement tout en s’attaquant à une éventuelle opposition citoyenne.

    « Avec la publication du rapport sur le plan de développement de La Prairie par la compagnie GOREDCO, les éternellement sceptiques qui peuplent notre vieille cité en    prennent pour leur rhume. […] Rien n’est ménagé pour allier le sain environnement de la campagne à la proximité des services […] De nombreux obstacles restent à surmonter, dont l’adhésion de la population n’est pas le moindre. […] Il serait regrettable qu’il divise une population dont il ne veut que servir les intérêts. »

    Cette opposition se concrétisa finalement durant la campagne électorale de 1975 à La Prairie avec un opposant au maire sortant Jean-Marie Lamoureux, soit Roméo Brisson. Il avait comme slogan « GULF ne doit pas décider de la planification de La Prairie » et sa plateforme consistait à donner plus de pouvoir à la ville en matière d’aménagement en y renforçant les corps municipaux. Néanmoins, Lamoureux se fit réélire, donnant raison ainsi aux partisans de la ville nouvelle. Une majorité des acteurs de La Prairie désiraient donc voir ce grand projet se concrétiser. Les politiciens allaient de l’avant en faisant la promotion qu’une meilleure vie citoyenne allait de pair avec un bel environnement, mais ils espéraient aussi que La Prairie puisse obtenir une certaine indépendance par rapport à Montréal grâce au raccordement futur aux réseaux techniques.

    Dans son plan directeur, GOREDCO mentionne qu’elle a travaillé avec la Direction générale de l’urbanisme du  Ministère des Affaires municipales pour élaborer trois schémas d’aménagements possibles à atteindre. Tous ces schémas ont comme points communs l’accroissement démographique et le raccordement de la population aux réseaux techniques dans le but de favoriser une plus grande indépendance pour La Prairie.

     

    Un aperçu de ce que devait être La Prairie à la fin du projet de GOREDCO.   Par sa vision moderne et futuriste de la banlieue, le projet fut accueilli avec bienveillance autant par les politiciens fédéraux que par les provinciaux et municipaux de l’époque. Deux jours seulement après l’annonce du projet, un éditorial paru dans Le Reflet l’appuya fortement tout en s’attaquant à une éventuelle opposition citoyenne. « Avec la publication du rapport sur le plan de développement de La Prairie par la compagnie GOREDCO, les éternellement sceptiques qui peuplent notre vieille cité en    prennent pour leur rhume. […] Rien n’est ménagé pour allier le sain environnement de la campagne à la proximité des services […] De nombreux obstacles restent à surmonter, dont l’adhésion de la population n’est pas le moindre. […] Il serait regrettable qu’il divise une population dont il ne veut que servir les intérêts. » Cette opposition se concrétisa finalement durant la campagne électorale de 1975 à La Prairie avec un opposant au maire sortant Jean-Marie Lamoureux, soit Roméo Brisson. Il avait comme slogan « GULF ne doit pas décider de la planification de La Prairie » et sa plateforme consistait à donner plus de pouvoir à la ville en matière d’aménagement en y renforçant les corps municipaux. Néanmoins, Lamoureux se fit réélire, donnant raison ainsi aux partisans de la ville nouvelle. Une majorité des acteurs de La Prairie désiraient donc voir ce grand projet se concrétiser. Les politiciens allaient de l’avant en faisant la promotion qu’une meilleure vie citoyenne allait de pair avec un bel environnement, mais ils espéraient aussi que La Prairie puisse obtenir une certaine indépendance par rapport à Montréal grâce au raccordement futur aux réseaux techniques. Dans son plan directeur, GOREDCO mentionne qu’elle a travaillé avec la Direction générale de l’urbanisme du  Ministère des Affaires municipales pour élaborer trois schémas d’aménagements possibles à atteindre. Tous ces schémas ont comme points communs l’accroissement démographique et le raccordement de la population aux réseaux techniques dans le but de favoriser une plus grande indépendance pour La Prairie.  ...

    Urbanisation et environnement (suite 2)

    En effet, la ville fut autrefois une seigneurie possédant un immense territoire qui comprenait les territoires actuels de  Brossard, Candiac, Delson, Saint-Philippe et Sainte-Catherine. Les années 50 vont voir la création de nouvelles municipalités comme Brossard (1958) et Candiac (1957), encadrant La Prairie sur deux côtés. Les villes de Longueuil, Saint-Bruno de  Montarville, Brossard, Boucherville et Châteauguay virent leur population augmenter entre les années 60 et 90, surtout grâce à la construction d’infrastructures comme l’autoroute 132 et le développement du boulevard Taschereau. Ces différentes municipalités avaient toutes accès à des ponts permettant de traverser le fleuve pour accéder à la métropole centre contrairement à La Prairie, ceci les rendant attrayantes pour les travailleurs.

    Le plan de GOREDCO était alors prometteur pour les citoyens et l’administration municipale de La Prairie qui entrevoyaient un raccordement aux réseaux techniques dans les années 70. Trois raccordements majeurs furent pris en considération dans le plan d’urbanisation :

    1. la future autoroute 30
    2. l’aménagement et la modernisation de systèmes de canalisations et d’aqueducs couvrant tout le territoire urbanisé
    3. le rapprochement des développements urbains vers la ligne de service d’Hydro-Québec où les fils électriques seraient enfouis

    Ce plan directeur offrait une solution pour faire face au long déclin que connaissait la ville depuis la fin du 19e siècle, après la construction du pont Victoria.

    Un témoignage anonyme d’un citoyen de La Prairie de cette époque, publié dans Le Reflet, nous renseigne un peu plus sur les rapports que les Laprairiens entretenaient avec l’environnement et l’état de leur ville :

    « Je suis un citoyen, payeur de taxes et j’habite le vieux La Prairie. Depuis des années, j’entends des plaintes sur mon quartier : les rues sont abîmées, les trottoirs sont rapiécés, on n’a pas de puisards pour l’eau de pluie, etc., etc. Depuis 5 ou 6 ans que les ingénieurs ont averti la Ville que notre système d’égout présente de sérieux dangers pour l’hygiène publique. Dans le vieux La Prairie, le système d’aqueduc date de 50 ans. À certains endroits, il y a encore des tuyaux de bois. Des bris de tuyaux d’égouts pourraient amener des infiltrations dans l’eau potable […] Un vieux système d’égouts et d’aqueduc c’est un peu comme une vieille auto, quand ça ne fonctionne plus ou mal il faut se résigner à changer même si ça coûte des sous. »

     

    Un regroupement d’unités le long de la rivière Saint-Jacques faisant face en même temps à Montréal, se situant vers l’entrée ouest de La Prairie. On prévoyait donner un accès à l’eau aux occupants de ces unités, ainsi qu’un pont permettant de traverser de l’autre côté de la rivière.

     

    En effet, la ville fut autrefois une seigneurie possédant un immense territoire qui comprenait les territoires actuels de  Brossard, Candiac, Delson, Saint-Philippe et Sainte-Catherine. Les années 50 vont voir la création de nouvelles municipalités comme Brossard (1958) et Candiac (1957), encadrant La Prairie sur deux côtés. Les villes de Longueuil, Saint-Bruno de  Montarville, Brossard, Boucherville et Châteauguay virent leur population augmenter entre les années 60 et 90, surtout grâce à la construction d’infrastructures comme l’autoroute 132 et le développement du boulevard Taschereau. Ces différentes municipalités avaient toutes accès à des ponts permettant de traverser le fleuve pour accéder à la métropole centre contrairement à La Prairie, ceci les rendant attrayantes pour les travailleurs. Le plan de GOREDCO était alors prometteur pour les citoyens et l’administration municipale de La Prairie qui entrevoyaient un raccordement aux réseaux techniques dans les années 70. Trois raccordements majeurs furent pris en considération dans le plan d’urbanisation : la future autoroute 30 l’aménagement et la modernisation de systèmes de canalisations et d’aqueducs couvrant tout le territoire urbanisé le rapprochement des développements urbains vers la ligne de service d’Hydro-Québec où les fils électriques seraient enfouis Ce plan directeur offrait une solution pour faire face au long déclin que connaissait la ville depuis la fin du 19e siècle, après la construction du pont Victoria. Un témoignage anonyme d’un citoyen de La Prairie de cette époque, publié dans Le Reflet, nous renseigne un peu plus sur les rapports que les Laprairiens entretenaient avec l’environnement et l’état de leur ville : « Je suis un citoyen, payeur de taxes et j’habite le vieux La Prairie. Depuis des années, j’entends des plaintes sur mon quartier : les rues sont abîmées, les trottoirs sont rapiécés, on n’a pas de puisards pour l’eau de pluie, etc., etc. Depuis 5 ou 6 ans que les ingénieurs ont averti la Ville que notre système d’égout présente de sérieux dangers pour l’hygiène publique. Dans le vieux La Prairie, le système d’aqueduc date de 50 ans. À certains endroits, il y a encore des tuyaux de bois. Des bris de tuyaux d’égouts pourraient amener des infiltrations dans l’eau potable […] Un vieux système d’égouts et d’aqueduc c’est un peu comme une vieille auto, quand ça ne fonctionne plus ou mal il faut se résigner à changer même si ça coûte des sous. »   Un regroupement d’unités le long de la rivière Saint-Jacques faisant face en même temps à Montréal, se situant vers l’entrée ouest de La Prairie. On prévoyait donner un accès à l’eau aux occupants de ces unités, ainsi qu’un pont permettant de traverser de l’autre côté de la rivière.  ...

    Urbanisation et environnement (suite 3)

    Vue sur le lac de la Citière

     

    Par sa position géographique stratégique par rapport à Montréal, La Prairie était donc une ville idéale pour le projet ville nouvelle. Ville idéale où pour réussir ce raccordement, il fallait procéder à une modernisation de l’ancien village ainsi qu’au drainage de la majeure partie des 2 600 acres prévu dans le projet d’urbanisation. Le plan directeur de GOREDCO comprend sept pages sur la façon dont la compagnie aurait procédé à la transformation de l’environnement. Un environnement composé en grande partie de milieux humides s’étalant au sud, à proximité des terres agricoles, où l’eau s’accumule en raison de la topographie plane du sol.

    Le projet de GOREDCO eut pour conséquence directe une réaction presque immédiate du milieu culturel. Les discussions du projet avaient commencé bien avant 1974, soit en juillet 1972 où la compagnie mentionne à la page 9 de son plan : « En juillet 1972, GOREDCO était invitée à considérer l'aménagement d'un projet du type Restons à La Prairie. Dans les mois qui suivirent cette demande, une étude de praticabilité fut terminée, et en juillet 1973, GOREDCO concluait au bon mérite de cette proposition. » La même année (1972), la Société d’histoire de La Prairie vit le jour et amorça des démarches judiciaires avec le ministère des Affaires culturelles dans le but de sauvegarder et d’empêcher le déclin progressif du vieux La Prairie. Le 23 juillet 1975, l’arrondissement historique fut déclaré protégé en y établissant une zone tampon :

    « Ces aires de protection ont été déterminées en 1974 afin de contrer, entre autres, un développement de type intégré (commercial / résidentiel) sur les terrains situés de part et d’autre du bourg. Comme évoqué dans le contexte, l’entreprise GOREDCO avait commencé en 1972 une série d’études pour l’implantation d’un ensemble autonome. Le zonage permettant à cette époque la construction d’immeubles de douze étages, le décret d’arrondissement a donc servi à protéger des perspectives visuelles sur le bourg et son principal point de repère, le clocher de l’église. […] On ajoute que : les critères 4 et 5 définissent un rayon prioritaire qu’il est indispensable d’englober dans les limites d’un arrondissement  historique. Un certain   dégagement autour du vieux secteur est à prévoir immédiatement, avant que les travaux de voirie et de construction ne détruisent l’impact visuel, et ne rendent impossibles les fouilles archéologiques. »

    La réaction de la Société d’histoire a provoqué des limitations et des complications pour la compagnie dans l’aménagement physique de La Prairie ainsi que pour le raccordement et la modernisation d’un réseau technique, en l’occurrence celui des canalisations. Ce fut ce qui retarda, avec la récession économique de 1974, l’aménagement physique du territoire de la ville. Finalement, seul le quartier de la Citière put voir le jour selon le plan de GOREDCO, car en 1978, la compagnie abandonna l’idée des villes nouvelles pour se tourner vers des appartements « jardins ». Elle a donc vendu ses actifs de La Prairie au groupe Quint – Montréal Real Estate Development qui continua les développements urbains à La Prairie.

     

    Vue sur le lac de la Citière   Par sa position géographique stratégique par rapport à Montréal, La Prairie était donc une ville idéale pour le projet ville nouvelle. Ville idéale où pour réussir ce raccordement, il fallait procéder à une modernisation de l’ancien village ainsi qu’au drainage de la majeure partie des 2 600 acres prévu dans le projet d’urbanisation. Le plan directeur de GOREDCO comprend sept pages sur la façon dont la compagnie aurait procédé à la transformation de l’environnement. Un environnement composé en grande partie de milieux humides s’étalant au sud, à proximité des terres agricoles, où l’eau s’accumule en raison de la topographie plane du sol. Le projet de GOREDCO eut pour conséquence directe une réaction presque immédiate du milieu culturel. Les discussions du projet avaient commencé bien avant 1974, soit en juillet 1972 où la compagnie mentionne à la page 9 de son plan : « En juillet 1972, GOREDCO était invitée à considérer l'aménagement d'un projet du type Restons à La Prairie. Dans les mois qui suivirent cette demande, une étude de praticabilité fut terminée, et en juillet 1973, GOREDCO concluait au bon mérite de cette proposition. » La même année (1972), la Société d’histoire de La Prairie vit le jour et amorça des démarches judiciaires avec le ministère des Affaires culturelles dans le but de sauvegarder et d’empêcher le déclin progressif du vieux La Prairie. Le 23 juillet 1975, l’arrondissement historique fut déclaré protégé en y établissant une zone tampon : « Ces aires de protection ont été déterminées en 1974 afin de contrer, entre autres, un développement de type intégré (commercial / résidentiel) sur les terrains situés de part et d’autre du bourg. Comme évoqué dans le contexte, l’entreprise GOREDCO avait commencé en 1972 une série d’études pour l’implantation d’un ensemble autonome. Le zonage permettant à cette époque la construction d’immeubles de douze étages, le décret d’arrondissement a donc servi à protéger des perspectives visuelles sur le bourg et son principal point de repère, le clocher de l’église. […] On ajoute que : les critères 4 et 5 définissent un rayon prioritaire qu’il est indispensable d’englober dans les limites d’un arrondissement  historique. Un certain   dégagement autour du vieux secteur est à prévoir immédiatement, avant que les travaux de voirie et de construction ne détruisent l’impact visuel, et ne rendent impossibles les fouilles archéologiques. » La réaction de la Société d’histoire a provoqué des limitations et des complications pour la compagnie dans l’aménagement physique de La Prairie ainsi que pour le raccordement et la modernisation d’un réseau technique, en l’occurrence celui des canalisations. Ce fut ce qui retarda, avec la récession économique de 1974, l’aménagement physique du territoire de la ville. Finalement, seul le quartier de la Citière put voir le jour selon le plan de GOREDCO, car en 1978, la compagnie abandonna l’idée des villes nouvelles pour se tourner vers des appartements « jardins ». Elle a donc vendu ses actifs de La Prairie au groupe Quint – Montréal Real Estate Development qui continua les développements urbains à La Prairie.  ...