Test d’ADN et la généalogie

Je suis devenu membre de la SHLM au début de l’été 2007 afin de trouver mes ancêtres par le biais de recherches généalogiques. Je ne connaissais rien de ces derniers, sinon les noms de mes grands-parents. Plus jeune, je m’étais fabriqué un portrait assez simple de mes ancêtres en écoutant les anecdotes et les histoires de la parenté élargie lors des soupers familiaux de Noël, de Pâques ou de l’Action de grâces. Étant natif de Buckingham, j’avais alors compris que mes ancêtres étaient des fondateurs de cette région de l’Outaouais et que plusieurs d’entre eux avaient été coureurs des bois, bûcherons ou voyageurs ; artisans, habitants ou soldats.

FX Briere et Adèle Longpré

Comme la plupart des membres de ma famille élargie sont de parfaits bilingues (anglais/français) et que plusieurs d’entre eux sont issus d’une souche britannique ou irlandaise, je me doutais bien que c’était le résultat d’un réseau d’alliances familiales bien installé depuis plus de 150 ans. Cependant, toute ma famille linéaire connue est francophone et mon identité a été construite autour de la réalité canadienne-française durant mon enfance et mon adolescence.
Entre 2007 et 2010, la généalogie occupait tous mes temps libres (étant enseignant, surtout durant la saison estivale). Toutes les données de mon arbre généalogique ont été sauvegardées sur mon compte d’Ancestry.com au fur et à mesure de mes découvertes. Le nombre d’ancêtres retrouvés dépassa rapidement le cap de la centaine puis 
du millier. En ce moment, j’ai plus de 10 000 personnes dans mon arbre généalogique. Durant ces quatre années d’intenses recherches, les découvertes concernant l’histoire de mes ancêtres provenant d’une souche autre que française furent nombreuses. Voici, en gros, les plus importantes (P : du côté de mon père et M du côté de ma mère) :

Souche amérindienne

(P) Nicole ou Catherine Matanakinan (1698-1745 ; 7e arrière-grand-mère) : « Sauvage » de la nation des Népissing (lac Huron). Une importante délégation de cette nation se retrouve dans la mission des Sulpiciens au Sault-au-Récollet puis à Oka. Elle épouse Pierre Héry dit Duplanty (armurier du roi) dans les bois en 1717 et ce mariage sera officiellement célébré et reconnu par l’église catholique à Oka en 1738.

Souche irlandaise

(P) Jean Lahaie (né Lahey) dit Hibernois (1666-1738 ; 7e arrière-grand-père) : Irlandais capturé en 1695 lors du raid franco-autochtone de Corlar (Schenectady, NY). Il épouse Marie-Madeleine Souarten (née Swarton) à Québec en 1697.

(M) Bridget Claffey (1823-1887 ; 3e arrière-grand-mère) : La famille Claffey est originaire du comté d’Offaly (King’s county) en Irlande. Elle émigre au Bas-Canada en 1832 et elle serait une des premières familles mises en quarantaine sur le site de Grosse Île lors de son arrivée au pays. La famille s’installe par la suite à Cumberland (Ontario) et plusieurs des filles épouseront des fils de colons de Buckingham. Veuve d’Amos Donnelly (mariage à Buckingham en 1844), Bridget épouse Gabriel Foubert (Fils d’Antoine-Amable Foubert) à Buckingham en 1854.

Souche britannique (Angleterre/Écosse) 

(P) William Johnson dit Jeanson 
(1680-1731 ; 7e arrière-grand-père) : Soldat écossais de la garnison britannique de Port-Royal en Nouvelle-Écosse (l’Acadie a été cédée par la France à l’Angleterre lors de la signature du traité d’Utrecht de 1713 à la fin de la Guerre de Succession d’Espagne ; l’Acadie devient ainsi la Nouvelle-Écosse). Il épouse Isabelle Corporon (acadienne) à Port-Royal vers 1714.

(M+P) Ignace Raizenne (né Josiah Rising, 1694-1771 ; 7e arrière-grand-père) et Élisabeth Nim (née Abigael Nims, 1700-1747 ; 7e arrière-grand-mère) : Avant de former un couple, Josiah et Abigael habitaient la bourgade anglaise de Deerfield au Massachusetts. En 1704, ils sont enlevés par les alliés autochtones du sieur Jean-Baptiste Hertel de Rouville lors d’un raid durant la Guerre de Succession d’Espagne. Otages des guerriers autochtones, ils sont ramenés en Nouvelle-France où ils seront élevés dans les missions des Sulpiciens situées sur la Montagne (pied du Mont-Royal, rue Sherbrooke Ouest) et du 
Sault-au-Récollet sur la rive nord de l’île de Montréal. Baptisés dans la foi catholique dès leur arrivée en Nouvelle-France sous les noms d’Ignace et d’Élisabeth, ils vont s’unir par le mariage au Sault-au-Récollet en 1715.

(P) Marie-Madeleine Souarten (née Swarton – 1675-1740 ; 7e arrière-grand-mère) : Elle a grandi à Salem dans le Massachusetts et elle est enlevée avec sa mère en 1691 lors du raid franco-autochtone de fort Loyal dans le Maine. Épouse Jean Lahaie dit L’Hivernois 
à Québec en 1697.

(M) Rose-Mathilda Dunning (1791-1832 ; 4e arrière-grand-mère) : fille de Zalmon Dunning et de Deborah Royce du Vermont ; ceux-ci font partie des fondateurs du village de Cumberland sur la rive ontarienne de la rivière des Outaouais, situé en face de Masson/Buckingham au Québec. Abijah Dunning, le père de Zalmon est un vétéran de la Révolution américaine (sergent dans la milice du Vermont). Tout le clan Dunning quitte les États-Unis (Vermont) au début du 19e siècle pour profiter de la distribution de lots gratuits dans le Haut-Canada (ils ne sont donc pas des loyalistes comme je le pensais initialement). Rose-Mathilda épouse Antoine-Amable Foubert à Cumberland vers 1807. 

Souche inconnue (ancêtres nés en Nouvelle-France)

(P) Joseph Damours dit Raymond/dit Toulouse (1730-1709 ; 6e arrière-grand-père) : Il a grandi à La Prairie mais ses parents sont inconnus. Il épouse Marie-Anne Pagési dit Saint-Amand à Sainte-Anne-de-Bellevue en 1754.

(M) Louis Longpré (1732-1793 ; 6e arrière-grand-père) : Il a grandi à Longue-Pointe, mais ses parents sont inconnus ; il épouse Marie-Angélique Janot dit Lachapelle à Longue-Pointe (île de Montréal) en 1757. La tradition orale du côté de ma mère affirme que Louis Longpré serait de souche amérindienne ou métisse.

Arbre généalogique

Lors de l’été 2017, après avoir vu, à la télévision et sur internet, la publicité du site Ancestry à propos d’un test de salive pour connaître la composition ethnique de son ADN, ma conjointe et moi avons décidé de tenter l’expérience. Ce test coûte normalement 129 $ CD, mais nous avons profité d’un rabais « saisonnier » de 30 $. La démarche est simple : on commande la trousse de prélèvement en ligne et elle nous est expédiée par la poste quelques semaines plus tard. Dans l’éprouvette contenue dans la trousse, on fournit un échantillon de salive et on l’expédie au laboratoire d’Ancestry (situé en Irlande) dans 
un colis postal prépayé. Avant d’expédier le colis, il faut associer le numéro de l’éprouvette avec notre profil du site d’Ancestry.com afin que les résultats puissent nous parvenir en ligne de 6 à 8 semaines plus tard.

Les régions déterminées par Ancestry ont manifestement des critères culturels et géographiques distincts (l’Irlande et l’Écosse se retrouvent dans deux catégories par exemple). La période chronologique couverte par ces tests doit s’étendre sur plus de 500 ans, car elle reflète la mouvance des populations sur une longue durée (ce qui explique la présence des régions du Caucase, de l’Europe de l’Est et des Juifs européens).

La présence de plusieurs régions s’explique aussi par l’histoire politique et militaire : L’Angleterre et la Normandie ont été envahies et occupées par des hordes de Vikings au milieu du Moyen Âge et la France a connu des vagues d’immigration en provenance de l’Espagne et de l’Italie à l’époque de la Renaissance.

Je travaille actuellement sur l’arbre généalogique de ma conjointe et je savais que son côté britannique/irlandais ressortirait clairement, car plusieurs de ses arrière-grands-parents sont issus de ces deux souches. En ce qui me concerne, les résultats pour ces mêmes régions ne sont pas surprenants si on se fie à mes découvertes. Avant de faire ce test, nous étions convaincus, Anne-Marie et moi, que notre côté français ressortirait en première place avec un pourcentage assez imposant. Cette prédiction est exacte dans mon cas (mais avec un score de 29 %). Surprise dans le cas d’Anne-Marie qui est de souche française à 8 % (en 5e place des régions obtenues).

Finalement, la question amérindienne : ma conjointe connaissait, elle aussi, la possible existence d’une souche 
amérindienne parmi ses ancêtres. Cette existence est maintenant confirmée. Pour ma part, je reste perplexe, car j’avais découvert la présence officielle d’une Amérindienne parmi mes ancêtres (du côté de mon père), mais cette découverte s’est soldée par la note de 0 %. Catherine/Nicole Matanakinan a-t-elle été kidnappée durant une attaque amérindienne ? Était-elle européenne ? La rumeur du côté de ma mère serait donc non fondée elle aussi.

En conclusion, j’ai l’impression que les résultats d’Ancestry sont fiables lorsque l’on regarde l’histoire et les données généalogiques de nos ancêtres (encore faut-il avoir terminé la généalogie de ses ancêtres). Pour en avoir le cœur net, il faudra probablement faire des comparaisons. Je vais probablement demander à un volontaire dans ma famille (mon frère jumeau serait un bon choix) de passer le même test que moi afin de comparer nos pourcentages. Dans le cas de mon frère, s’ils sont exactement les mêmes, je pourrai me concentrer sur les énigmes non résolues (ancêtres amérindiens et de parents inconnus).

Pierre Lachance et Julienne Campeau

 

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