Suite à l’invasion américaine de 1812, on voit s’installer une importante garnison militaire à La Prairie. Cette présence de soldats et de marchands anglais modifie, pendant plusieurs décennies, le visage linguistique de la municipalité. Après le retrait des troupes vers le milieu du 19e siècle, on assiste à un éveil de l’élite francophone. La bourgeoisie francophone s’affiche alors dans des postes de premier plan qui auront un impact majeur sur l’avenir de la petite collectivité. Cette fébrilité se reflète dans la mise sur pied de diverses associations comme la Société Littéraire, en 1853, et, plus tard, le Cercle de Laprairie.
Le 2 avril 1872, un groupe de vingt-cinq hommes désireux de créer une nouvelle société sous le nom de « Cercle de Laprairie » établissent un contrat devant maître J.L. Coutlé, notaire. Il s’agit de :
– Camille Lacombe, écuyer, marchand
– Pierre-Edmond Brossard, écuyer, médecin
– Julien Brosseau, commerçant
– Adolphe Beauvais, écuyer, notaire
– Hypolite-Alphonse Hébert, capitaine de bateau à vapeur
– Pierre Fortin, écuyer, médecin,
– Moïse Brossard, bourgeois
– Andrew Esinhart, écuyer, marchand
– Joseph-Amable Hébert, commerçant
– James F. Dunn, gentilhomme
– Louis Normandin, marchand
– Paul-Hormidas Tremblay, commerçant
– Médard Demers, capitaine de bateau à vapeur
– Léon-Benoit-Alfred Charlebois, commis marchand
– Ambroise Hébert, boulanger
– Louis-Cyrille Duquette, bourgeois
– François-Xavier Lefebvre, fils, marchand
– Julien Brossard, bourgeois
– Siméon-Abraham Longtin, écuyer, médecin, tous du village de Laprairie
– James Madconald, écuyer, bourgeois, de la ville de Saint-Jean
– Tancrède Sauvageau
– Ernest Varin, commis de banque
– Gédéon Bourdeau, comptable
– Henri Duclos, gentilhomme
– Jean-Baptiste Bourassa, boucher, ces cinq derniers de la cité de Montréal
L’objectif de la Société était « la récréation de l’esprit et le délassement pour le corps ». Avec un capital de départ de 1 000 piastres, constitué de 100 parts sociales de 10 piastres chacune, Camille Lacombe, Pierre-Edmond Brossard, Julien Brosseau, Hypolite-Alphonse Hébert et Louis Normandin furent nommés les premiers administrateurs avec l’obligation de demander l’émission des lettres patentes et de parvenir à l’incorporation de la Société.
Les membres du nouveau Cercle de Laprairie n’ont pas cherché bien loin en adoptant comme emblème un écusson portant la devise latine : « Deus Nobis Haec Otia Fecit », surmontée d’un castor posé sur une branche d’érable. Sous la devise, on peut voir une table de billard et le nom : « Cercle de Laprairie ». La devise est tirée de Virgile et signifie « Dieu nous a donné ces moments de calme ». Cette devise est aussi celle de la ville de Liverpool et elle apparaît également sur le sceau officiel de l’état américain de Georgie.
Lors de la première réunion du Cercle tenue le 4 avril, le Dr Brossard fut nommé président, M. Lacombe vice-président, M. Brosseau trésorier, M. Normandin secrétaire et le capitaine Hébert commissaire et donateur.
Le 18 avril 1872, les administrateurs acquirent au coût de 600 $, auprès de Louis-Xavier Leduc, menuisier, un emplacement situé au 119 de la rue Saint-Jacques dans le village de La Prairie. L’endroit correspond à l’actuel 217 rue Saint-Jacques. Afin de veiller à l’entretien de la bâtisse, le Cercle employait un gérant, ou gardien, et des domestiques. Le gérant y habitait et était responsable, en plus de l’entretien, de percevoir les recettes des jeux et des consommations. Il était aussi chargé d’effectuer les achats et de diriger les domestiques. Narcisse Martin en fut lepremier gardien après avoir signé un contrat d’un an. Il payait 5 piastres de loyer par mois pour les six premiers mois, et 7 piastres par mois pour les six derniers. Par la suite, les gardiens furent Alexandre Demers, en 1882, Alphonse Thomas de 1883 à 1894 et Georges Marion de 1897 à 1898. Nous ignorons qui occupa le poste de 1894 à 1897.