Les salles de cinéma à La Prairie

Cette année, le cinéma fête son centenaire : 1896-1996.

Qu'en est-il de la projection de films à La Prairie depuis le début du siècle? Une dame âgée a vécu les étapes de la progression du cinéma. Elle nous livre ce qu'a conservé sa mémoire alerte et fidèle. Adolescente, elle allait « aux vues » avec son père, fin des années 1910 et années 1920, à la « salle » de cinéma tenue par Paul Hébert, propriétaire, dans le village, rue Saint-Ignace, lot # 26. M. Hébert avait bâti un ajout à sa maison, par l'arrière. Cette « salle », couverte de tôle ondulée avait une particularité unique : un arbre y poussait et les branches s'élançaient vers la lumière par un trou pratiqué dans le toit.

La caissière, madame Purissima Dubois, habitait le lot # 27, la maison s'y trouve encore. On était à l'époque du film muet et Harold Ste-Marie, talentueux pianiste qui jouait « par oreille », adaptait ses performances à l'action du film.

Notre aînée se souvient de deux films qu'elle a bien appréciés. La sœur Blanche, avec Liliane Gish, et Le Bossu de Notre-Dame avec Lon Chancy. En 1927 les inventeurs ont mis au point le cinéma parlant. A La Prairie, cette amélioration viendra dans les années 30.

La 2ème salle de cinéma logera, chemin de Saint-Jean, dans l'ancienne église protestante désaffectée. Ce bâtiment, solidement construit, existe encore; il deviendra le garage Deneault, puis l'atelier Désilets (324 Chemin de Saint-Jean) près de la rue Notre-Dame.

Les résidents de La Prairie, surtout les jeunes, auront les « vues » de la Molson, debout, en plein air. Rue Saint-Ignace dans les années 30 et 40 se trouvait la « cour d'école » des garçons qui fréquentaient l'Académie St-Joseph, angle Saint-Jean et Saint-Ignace.

À la fin du printemps et à l'été, on dressait un grand écran, près du rempart. Lorsque le jour tombant permettait une visibilité convenable, la projection du film commençait. C'était gratuit et la foule des jeunes s'amusaient ferme supportés par la musique à forts décibels. Une pluie importante était cause de désappointement pour tous.

La 3ème salle de cinéma : 1941-1982. Monsieur Armand Auclair achète en 1941 l'édifice portant le numéro civique 286, chemin de Saint-Jean à La Prairie. Dans ce bâtiment logeait dans les années 30 messieurs Brossard et Crépin, concessionnaires d'automobiles Ford. Armand Auclair aménage une confortable salle de cinéma, plancher incliné et sièges rembourrés.

À La Prairie on disait : je vais au théâtre, voulant dire cinéma. Nous sommes évidemment à l'époque du cinéma parlant et la salle était très achalandée. On présentait des programmes intéressants et variés qui plaisaient à la clientèle de La Prairie et des villages environnants. Jean-Paul Auclair prend la relève de son père et réussit à 1enir le cinéma jusqu'en 1982.

D'autres inventions de notre XXe siècle sonneront le glas pour les salles de cinéma tenues par des particuliers. La télévision, les clubs Vidéo changent radicalement les habitudes des amateurs de films.

Les compagnies américaines telles « Famous Players », « Odéon » et autres, détiennent aujourd'hui le monopole de la présentation de films; ce sont elles maintenant qui décident ce que la clientèle devra voir et apprécier.

Dans une grande ville comme Montréal existent des « salles de répertoire », subventionnées ou non, qui offrent des films que choisissent ceux qui refusent de suivre la mode imposée.

On est loin de la fascination qu'exerçait l'image du film muet du début du siècle à La Prairie. Au cours de ce siècle d'existence du cinéma on est passé de l'image qui bouge, à l'ordinateur et à l'homme qui marche sur la lune!

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