Kateri TEKAKWITHA (1656-1680). Le Lys des Mohawks

Les fondateurs de la Nouvelle-France se divisaient en deux factions : ceux uniquement intéressés aux affaires – nommément le commerce des fourrures – et ceux qui partageaient des objectifs communs de colonisation et d’assurance du salut des aborigènes païens.

Les missionnaires catholiques traversèrent avec le but de servir les colons et de convertir les indigènes.

Ils voyageaient avec les explorateurs, apprenaient la langue de la plupart des tribus rencontrées et, en plus de soutenir la foi des voyageurs en célébrant régulièrement les offices religieux, attiraient par ces cérémonies les Amérindiens à la religion.

Dès les premiers temps de la colonie, des centaines d’indigènes furent baptisés et plusieurs d’entre eux choisirent de demeurer près des agglomérations fondées par les colons.

L’une de ces convertis brille comme une étoile au firmament nord-américain. Son nom : Kateri TEKAKWITHA.

Sa mère, une jeune algonquine baptisée et élevée par des colons trifluviens, avait épousé un jeune chef iroquois. L’enfant naquit dans un village agnier nommé Ossernenon (aujourd’hui Auriesville) sur les berges de la rivière des Agniers (Mohawk River) à quelques kilomètres au nord-ouest d’Albany, état de New York.

En 1666, le village fut brûlé suite à la fuite dans les bois de ses habitants lors d’un raid conduit par Alexandre De Prouville De Tracy. Une paix relative s’ensuivit dans la colonie, favorisant les actions des missionnaires.

Une épidémie de petite vérole fit mourir plusieurs des habitants du village, dont les parents de notre jeune amérindienne. L’enfant survécut, mais resta toute sa vie physiquement marquée par la terrible maladie. Deux vieilles tantes aigries prirent Kateri dans leur hutte et en firent leur servante.

Quelques-uns des survivants élirent de rejoindre leurs compatriotes partis à la mission de Lorette en banlieue de Québec alors que certains préférèrent la mission Saint-François-Xavier à La Prairie.

Fille de chef, ayant conservé une bonne disposition malgré le traitement reçu de ses tantes et une faible constitution résultante de la maladie, l’adolescente s’est vue gratifiée de plusieurs propositions de mariage qu’elle refusa toutes, déclarant que cet état n’était pas son choix.

En 1675, le P. Jacques De Lamberville, S.J., visita sa bourgade de Gandaonage sur la rivière des Agniers. Alors que les villageois, hôtes polis, assistaient à la messe organisée par le prêtre, Kateri demeurait clouée dans sa hutte suite à une blessure au pied subie dans les jours précédents.

Le Jésuite, faisant la tournée dans les jours suivants, rencontra Kateri et reconnut en elle une personne spéciale. Plusieurs discussions et sermons conduisirent à son baptême le jour de Pâques (14 avril 1676) d’où son prénom chrétien de Catherine (Kateri).

Son baptême, consécutif à ses refus répétés de se marier, la fit rejeter de ses pairs sous l’influence de ses tantes. Elle subit leur mépris et leurs persécutions.

Conseillée par le P. De Lamberville, elle décida de s’enfuir à la mission Saint-François-Xavier récemment déménagée à l’ouest de La Prairie sur le territoire actuel de Ville Sainte-Catherine.

Une lettre de présentation de De Lamberville au confrère en charge de la mission dit : « Je vous envoie un trésor. Prenez-en le plus grand soin. »

Une vieille Amérindienne de la mission, Anastasie TAGONHATSIONGO, accueillit la fugitive et la prit sous son aile. Kateri se mit à assister aux trois messes quotidiennes (la première à 4 h, avant le départ des chasseurs).

Elle se lia d’amitié avec une jeune veuve Onneyout et élabora avec elle le projet de fonder une congrégation de religieuses amérindiennes. Leur projet fut rejeté par les autorités religieuses. – Quelque 50 ans plus tard, un projet identique vit le jour au Mexique.

Kateri fit sa première communion à Noël de 1677 et, à Pâques 1678, suite à sa deuxième communion, joignit les rangs de la Société de la Sainte-Famille qu’avait créée Mgr De Laval en 1671 pour les pieuses gens de la colonie.

Le 25 mars 1679, elle prononça un vœu privé de virginité perpétuelle et se consacra à la Vierge Marie.

En janvier suivant, bien que souffrant d’une forte fièvre, elle accompagna une co-paroissienne pour ses courses à La Prairie.

Malheureusement, son état empira. Le mardi de la Semaine Sainte, on lui administra les derniers sacrements et elle s’éteint le lendemain après avoir fait ses adieux à ses amies et connaissances.

Sa réputation s’est rapidement étendue et de nombreuses faveurs ont été attribuées à son intercession après sa mort.

Le 3 janvier 1943, le Pape Pie XII lui décerna le titre de Vénérable, première étape vers la reconnaissance de sa sainteté.

Source : Québec-Histoire, Vol. 1, Nº 3-4, 1971.

religieuse
Peinture du P. Claude Chauchetière, S. J.
(Archives du Canada)

 

Soumettre un rapport

Formulaire de rapport

Hidden
Hidden
Hidden
Nom
Hidden
This field is for validation purposes and should be left unchanged.