
- Au jour le jour, avril 2022
La Prairie et la guerre de 1756-1760 – Partie 2
La Prairie au service de la guerre
Au début de la guerre, malgré une incursion sans grandes conséquences, la situation est relativement calme autour de La Prairie. En septembre 1756, « quelques sauvages qui escortaient M. le marquis de Montcalm, firent prisonniers un capitaine de troupes anglaises et un cadet écossais ; les habitants de la Prairie avoient aussi arrêté un Écossais qui était d’un détachement qui s’était avancé jusqu’à la Prairie, où il avait enlevé un homme et une femme. »
Des bataillons transitent par La Prairie pour atteindre Saint-Jean et de là se rendre à Carillon. Quelques régiments camperont temporairement chez nous et d’autres y prendront leurs quartiers d’hiver : Royal-Roussillon, La Sarre, Béarn et Berry. Les gites d’hiver permettront à plusieurs soldats de trouver ici une femme à marier et d’y fonder une famille.
« M. de Vaudreuil, à ce qu’on m’a mandé, a ordonné aux bataillons de Royal-Roussillon et de Guyenne de s’établir dans les quartiers de la côte du fleuve, depuis Sorel jusqu’à Laprairie. [i]»
En période d’accalmie, il n’est pas interdit de prendre du bon temps. Février 1757, « M. le marquis de Montcalm a été à La Prairie voir le détachement des troupes de terre qui fait partie de celui qui est aux ordres de M. de Rigaud, et il a donné un grand dîner à tous les officiers et cadets du détachement. » Et Bourlamaque d’ajouter, « J’ai fait hier (le 19 février), la revue de votre détachement à Laprairie, et j’y ai donné à dîner, et je vous dirais si je vous faisais la relation d’un autre, avec autant de profusion que de magnificence, à deux tables servies également, faisant trente-six couverts, et je joins copie des instructions que j’ai cru devoir remettre à M. de Poulhariez.[ii] »
Quelques mois plus tard, en juin 1757, le régiment de Languedoc est parti le 24 pour aller camper entre la Prairie et Saint-Jean et « travailler provisionnellement à un chemin que l’on pourra faire l’année prochaine à demeure, étant le plus nécessaire à la colonie ». Ce même jour, Montcalm couche à La Prairie. Il y reviendra à quelques reprises.
La Prairie étant à bonne distance des champs de bataille, cette accalmie persistera durant les années 1756, 1757 et 1758.
L’importance du ravitaillement
Les militaires français ont vite compris l’importance d’assurer de bonnes récoltes afin de pouvoir nourrir les troupes convenablement. Voilà pourquoi il importe de protéger les environs de La Prairie. Évidemment, le départ des miliciens vers leurs champs pour assurer les récoltes contribue à diminuer le nombre des combattants. Par contre, la mobilisation croissante des Canadiens pour la guerre et les opérations de transport ne permettent pas d’exploiter efficacement les ressources agricoles de la vallée du Saint-Laurent.
Le nombre de miliciens varie selon les besoins déterminés par le gouverneur, qui ne mobilise qu’une partie des 12 000 conscrits disponibles afin de ne pas compromettre les travaux agricoles et les opérations de transport. Avant la campagne décisive de 1759, il n’y aura guère plus de 4 000 habitants mobilisés simultanément dans la vallée du Saint-Laurent pour aller à la guerre.
« Je reçois, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et ferai partir, demain matin, les deux cents Canadiens que vous m’ordonnez d’envoyer aux récoltes.
J’en ai déjà fait partir deux cents des différentes paroisses du gouvernement de Montréal sans avoir eu l’ordre que les représentations des habitants et les nouvelles que j’avais de l’état des récoltes. M. de Vassan, à qui j’avais écrit, pour avoir de lui quelques détails là-dessus, m’a mandé que toutes celles de Laprairie et des paroisses voisines, étaient fort avancées, et qu’il comptait faire pour finir avec le monde qu’il avait.
On fera passer mille livres de poudre à la Prairie ; il en restera autant, et plus pour le fort Chambly. Il faudra envoyer à la Prairie deux milliers de balles, et les couvertes seront aussi envoyées à la Prairie où M. Cadet qui avisât au moyen de faire mettre en pain les trente quarts de farine.[iii] »
« J’ai appris de Laprairie que M. de Roquemaure avait donné l’ordre d’y faire tout le pain que l’on pourrait.[iv] »
« M. de Laas écrit à M. Cadet [le munitionnaire] pour le prévenir qu’il a resté à la Prairie quatre cent cinquante pains que nous n’avons pu emporter par rapport à la pluie. […] Je vous serai obligé de m’envoyer deux chevaux pour servir d’ordonnance. Ils pourront prendre des selles que nous avons portées de la Prairie.[v] »
Lorsque les troupes combattent à bonne distance de la vallée du Saint-Laurent, afin d’assurer leur ravitaillement en vivres et en munitions, elles sont suivies de viandes sur pied (moutons, poules, etc.) et de charrettes remplies de provisions et de poudre.
Les Anglais sont, eux aussi, bien au fait de l’importance d’un ravitaillement régulier. Un soldat bien nourri est un meilleur combattant. D’ailleurs, lorsque l’armée de Wolfe remonte le Saint-Laurent vers Québec, ses unités s’assurent de brûler les récoltes, les maisons et les bâtiments de ferme sur les deux rives.
Partagés entre les travaux des champs et l’obligation de combattre, et sans doute las de toutes ces années de guerre, lorsque l’issue des combats annoncera la défaite, nombre de miliciens feront défection au grand dam des chefs de guerre.
« Les colons me paraissent de bien mauvaise volonté. M. de Rigaud a rassemblé trois cents hommes à Laprairie ; c’est tout ce qu’ont pu fournir, en dix jours tous les soins de M. le marquis de Vaudreuil et des officiers, détachés pour rassembler les milices. J’étais réduit à mon petit camp, sans espérance d’avoir un seul homme. Je pense que les sept cents que vous ayez fait partir, seront perdus pour les deux côtés et qu’ils déserteront tous en chemin.
M. de Vaudreuil m’écrit que tous les habitants sont malades et qu’ils ne peuvent marcher.[vi] »
La suite et la fin dans notre prochain bulletin…
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[i] Volume 5, p.75, le 1er novembre 1759, Lettres de M. de Bourlamaque au chevalier de Lévis.
[ii] François-Médard de Poulhariez, commandant du Royal-Roussillon.
[iii] Volume 10, page 159, le 22 août 1760, Lettres du marquis de Montcalm au chevalier de Lévis.
[iv] Volume 5, p. 116, Longueuil, 29 août 1760 Lettres de M. de Bourlamaque au chevalier de Lévis.
[v] Volume 6, p. 135, le 3 septembre 1760, Lettres du marquis de Montcalm au chevalier de Lévis.
[vi] Volume 5, p. 69, Île-aux-Noix le 25 octobre 1759, Lettres de M. de Bourlamaque au chevalier de Lévis.

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La Prairie et la guerre de 1756-1760 – Partie 2
La participation des Amérindiens
Au 18e siècle, les Amérindiens concluaient des alliances en fonction de leurs propres intérêts et non en fonction des intérêts des Français ou des Anglais. C’est ainsi qu’au cours de la guerre de Sept Ans, sans jamais renoncer à leur indépendance, les Iroquois combattent en tant qu’alliés des Français, ce qui à leurs yeux ne signifie nullement que les Anglais sont leurs ennemis. Ils ne sont pas des alliés inconditionnels de la France et savent, lorsqu’ils le veulent, assigner des limites à leur effort de guerre. Leur participation n’est pas spontanée et varie selon l’évolution des affrontements. Preuve en est que le 11 juillet 1757, Montcalm est à Kahnawake, accompagné de plusieurs de ses officiers supérieurs, afin de convaincre les chefs amérindiens de prendre part à l’expédition contre le Fort William Henry.
Par ailleurs, ils signifient clairement qu’ils préfèrent l’embuscade (c’est là qu’ils sont les plus efficaces) et se refusent à prendre d’assaut à découvert des positions fortifiées.
Ils jouent un rôle majeur lors des affrontements et plusieurs expéditions auraient été impossibles sans leur collaboration. « Dans de bonnes conditions, une force amérindienne est capable d’anéantir une armée européenne et de mettre en déroute des régiments entiers. »[i] Bien sûr, la guerre de Sept Ans vient perturber leur existence, car à certains moments elle mobilise la quasi-totalité des hommes adultes des villages iroquois du Canada. Bien qu’elle nuise à leurs activités commerciales et qu’elle serve avant tout les intérêts des Français, la guerre présente malgré tout pour eux certains avantages qui à leurs yeux font office de victoire ; ils peuvent prendre des scalps, faire des prisonniers qu’ils pourront vendre par la suite et mettre la main sur du matériel varié.
Les coûts de leur participation aux activités militaires sont en partie compensés par l’aide logistique que la France leur fournit : armes, équipements et provisions. En plus de guerroyer, ils sont parfois rémunérés comme chasseurs chargés d’approvisionner en gibier les soldats et les miliciens français ou encore occupés à transporter du matériel militaire.
En 1759, les guerriers iroquois sont un peu moins de 2 000 à appuyer les expéditions françaises. À la fin de l’été 1760, convaincus de la défaite prochaine des Français et craignant la destruction de leurs villages par les Britanniques, les délégués des Sept Nations ratifient un traité qui assure leur neutralité dans la suite de la guerre et les convainc qu’ils seront traités en amis par les envahisseurs.
Et La Prairie dans tout ça ?
Selon l’archéologue Frédéric Hottin, de 1350 à 1600 AD, le secteur de La Prairie semble, pour les Autochtones, n’être qu’un lieu de passage, où on ne s’attarde que quelques jours, pour faire le portage reliant le fleuve Saint-Laurent à la rivière Richelieu ou pour des activités de subsistance saisonnière (chasse aux oiseaux migrateurs, pêche de certains poissons venant frayer, collecte de quenouilles pour faire des nasses, etc.). L’importance stratégique du lieu était donc déjà établie longtemps avant l’arrivée des Européens et ce n’est certes pas par hasard que les Jésuites allaient choisir d’y établir leur mission à la fin du 17e siècle.
Comme on le sait, l’essor du village français se poursuivra après le départ de la mission amérindienne en 1676 et quelques années plus tard, la reprise des hostilités avec les Iroquois mènera à l’érection d’une première palissade de pieux.
Hélas, malgré quelques aménagements sommaires, en 1756, le fort de La Prairie n’est pas en état d’offrir une résistance digne de ce nom face aux troupes britanniques. « Les postes français érigés dans la première moitié du 18e siècle ne sont pas conçus pour résister à l’artillerie lourde. Il s’agit de bicoques qui ne peuvent être propres qu’à déshonorer tous ceux qui y commanderont »[ii]. Leurs enceintes sont souvent comparées à de simples clôtures.
Tel est malheureusement l’état du fort de La Prairie à l’aube de la guerre, il ne vaut rien. Le village est, depuis plus de soixante-dix ans, entouré d’une clôture de pieux effilés à leur extrémité supérieure. Selon l’ingénieur Franquet,[iii] on néglige l’état de la palissade sous prétexte que le village est couvert par le fort de Saint-Jean (1748) et par celui de Saint-Frédéric.[iv]
D’ailleurs, lors de son voyage en Nouvelle-France au début de la décennie 1750, Franquet avait fait mention de La Prairie « qu’autant que les effets en tous genres, nécessaires à l’approvisionnement du fort St. Jean et de celui de St. Frédéric, qu’il faut indispensablement tirer des magasins de Montréal, y sont débarqués et ensuite chargés sur des charrettes, pour être voiturés à ce premier poste[v] » c’est-à-dire de La Prairie au fort de Saint-Jean. En somme, bien que le fort ne valle guère, La Prairie s’impose comme un lieu de passage obligé.
Il y a aura tardivement quelques espoirs d’amélioration de l’enceinte de bois qui resteront sans suite.
Le fort de Saint-Frédéric détruit, sans doute en désespoir de cause, à quelques jours de la défaite des Plaines d’Abraham, Montcalm s’adresse en ces termes au chevalier de Lévis : « Je voudrais 1° faire rétablir en pieux les forts des Cèdres, Laprairie et Longueuil, y avoir balles et poudre, obliger les officiers à y rester ; 2° mettre le double de soldats par habitant ; que le munitionnaire qui retire plus donnât douze sols au lieu de dix ; 3° loger des soldats à Montréal chez tout le monde, exempts [et] non exempts avec charge de les nourrir ; que M. de Vaudreuil, l’intendant, vous et moi en prissions pour l’exemple. Pourvu qu’on [leur] donne paille dans un endroit chaud et la vie, cela suffira.[vi] »
Et Bourlamaque d’insister un mois plus tard sur la remise en forme du fort de La Prairie :
« Il paraît que l’Île-aux-Noix sera donnée à M. de Lusignan, du moins c’est le bruit, et il paraît s’intéresser à la commodité du logement. J’ignore aussi ce qu’on y mettra de troupes. J’ai demandé à M. de Vaudreuil de faire réparer le fort, ou enceinte de pieux, qui était à Laprairie, pour assurer cette tête de nos quartiers. Il me paraît que nos quartiers seront furieusement exposés aux courses des partis, tant ceux du bas du fleuve que ceux-ci. [vii]»
Bref, tout au long de cette guerre, le site de La Prairie sera abondamment sollicité. Il servira de camp, de dépôt, de lieu de repos pour les blessés, de quartier d’hiver et de lieu de transit, mais jamais on n’y affrontera l’ennemi.
Les chemins de la guerre[viii]
C’est donc principalement à cause de sa position stratégique que La Prairie a été abondamment sollicitée par les troupes françaises au cours de cette guerre. Car, des liens fluviaux et terrestres sont depuis longtemps établis avec Montréal, Saint-Jean, Chambly et Longueuil.
Dès 1756, les Britanniques se proposent d’attaquer Québec et Montréal à la fois par le fleuve Saint-Laurent, le lac Champlain et le lac Ontario. À partir du nord de la province de New York, ils peuvent atteindre la région montréalaise via le lac Champlain et le Richelieu, lesquels sont défendus par les forts Carillon[ix], Saint-Jean et Chambly. L’axe lac Champlain-rivière Richelieu constitue la principale route d’invasion, l’autre étant celle venant du lac Ontario.
À partir du Richelieu, on peut rejoindre Montréal par un chemin de terre qui, construit en 1748, relie le fort de Saint-Jean au village de La Prairie. Cette voie, ainsi que celle qui va de Longueuil à Chambly, n’est pas toujours praticable et exige un entretien régulier.
« Nous sommes arrivés à Montréal après avoir été de Chambly à La Prairie sur des chevaux. Ce sont des chemins détestables ; nous avons presque tous fait des chutes dont aucune dangereuse.[x] »
« Du fort Saint-Jean à Montréal il y a neuf lieues ; il y a un chemin de six lieues qui coupe la langue de terre qui est entre la Rivière de Sorrel et le fleuve Saint-Laurent ; de Saint-Jean il va aboutter aux habitations qui sont à la rive droite du fleuve Saint-Laurent, à un endroit que l’on appelle La Prairie, qui est une grande paroisse, où l’on fait une traversée de trois lieues dans le fleuve Saint-Laurent pour arriver à Montréal. C’est ce chemin qui fait la communication de Chambly et de Saint-Jean à Montréal. […] »[xi]
« […] j’ai ordre de ramener quatre bataillons dans le gouvernement de Montréal pour travailler au chemin de Chambly et au fort de Saint-Jean.[xii] »
L’état des chemins est à ce point si contraignant qu’elle donne parfois naissance à des projets illusoires :
« Communication de Montréal à Saint-Jean dans l’état présent, lente, difficile et dispendieuse ; à examiner à la paix, s’il faudrait faire le chemin de La Prairie à Saint-Jean directement par les savannes, ou de La Prairie, ou en prenant plus bas, de Longueuil à Chambly, et de ce fort à Saint-Jean, par terre ou en accomodant la rivière ; ou s’il ne serait pas plus avantageux, en cas que cela soit possible, de faire un canal de La Prairie ou de Longueuil à Saint-Jean. Plusieurs rivières dans cette partie ; terres excellentes, inutiles par les inondations, seraient desséchées par le canal, deviendraient un grenier à grain suffisant pour nourrir une grande armée.[xiii] »
La situation n’est guère meilleure du côté du chemin qui va de Longueuil à Chambly :
« En un mot, vos ordres pour ce que je dois faire, M. de Roquemaure étant à Laprairie, ou l’ennemi pénétrant par le chemin de Chambly à Longueuil.
On vous dira que ce dernier chemin n’est pas praticable. Fausseté fondée sur l’intérêt des Jésuites, qui voulaient faire un chemin dans la savane. Il n’y a que quatre lieues de Chambly à Longueuil, et dans l’état où est le chemin, les gens de pied y peuvent passer. Si M. Amherst savait cela et que sa flotte ne pût monter jusqu’à Laprairie, il serait fou de ne pas pénétrer par là. Il la joindrait demain matin, s’il voulait.[xiv] »
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[i] Peter MacLeod, Les Iroquois et la guerre de Sept Ans, page 82.
[ii] Dave Noël, Montcalm général américain, les éditions du Boréal, Montréal, 2018, page 30.
[iii] Ingénieur du roi, Louis Franquet fut chargé par le gouvernement de Versailles d’inspecter les forts et autres travaux militaires de la Nouvelle-France.
[iv] Érigé en 1734 sur les rives du lac Champlain.
[v] Louis Franquet, Voyages et mémoires sur le Canada, Québec, Institut canadien de Québec, 1888, 212 pages, page 124.
[vi] Lettres du marquis de Montcalm au chevalier de Lévis – volume 6, p. 226, le 9 septembre 1759. La bataille des Plaines d’Abraham a eu lieu le 13 septembre.
[vii] Lettres de M. de Bourlamaque au chevalier de Lévis – volume 5, p. 73, le 29 octobre 1759.
[viii] Voir à ce sujet nos articles dans les bulletins Au jour le jour d’avril et mai 2021.
[ix] Construit à partir de 1755 à la pointe sud du lac Champlain, non loin du fort Saint-Frédéric jugé moins résistant. Aujourd’hui fort Ticonderoga.
[x] Volume 1, p. 78, le 17 novembre 1756.
[xi] Volume 2, pp.137-138, le 4 septembre 1757.
[xii] Volume 2 p. 133, le 1er septembre 1757.
[xiii] Journal du marquis de Montcalm durant ses campagnes au Canada, Volume 7, pp. 377-378 – le 23 juin 1758.
[xiv] Volume 5, p. 118, Lettres de M. de Bourlamaque à Lévis.

- Au jour le jour, février 2022
Louis-Conrad Pelletier
Louis-Conrad Pelletier, né en 1852 à La Prairie, est le fils de Émile Pelletier et de Émilie Laporte de Lavaltrie. Il devient avocat et plus tard il est nommé bâtonnier. Élu député du Parti conservateur de La Prairie à la Chambre des communes (1891-1897), il occupera les fonctions de maire de La Prairie de 1904 à 1908. De plus, il est le cofondateur de la Briqueterie Saint-Laurent.
Le 25 octobre 1898, il épouse Marie-Anne Élisabeth Élisa Bernardette Roberge. Entre 1901 et 1907, le couple aura quatre enfants tous nés à La Prairie ; soit Marie-Louise Cécile Bernadette, Marie-Louise Gertrude, Joseph Éphrèm Louis-Conrad et Marie Jeanne Antoine Hélène.
Né le 26 septembre 1905, Joseph Éphrèm Louis-Conrad Pelletier suit les traces de son père et devient avocat. Maire de La Prairie de 1938 à 1947, de 1947 à 1949, il occupe les fonctions de juge à la cour des sessions de la paix. Par la suite, il devient président de la Commission des Relations ouvrières du Québec (1949-1960).
Source : archives de la SHLM P45
N.B. La rue Conrad-Pelletier, située en bordure du site de l’école polyvalente de la Magdeleine, s’étend du boulevard Taschereau à l’autoroute René-Lévesque (A15- route 132).

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La Prairie et la guerre de 1756-1760 – Partie 1
1812
Trois décennies plus tard, suite à l’invasion américaine de 1812[1], jusqu’à 2 500 soldats occuperont le village durant quelque temps. Afin de loger ces troupes turbulentes, les autorités coloniales s’étaient emparées d’une partie de la commune de La Prairie, sur laquelle elles avaient décidé d’ériger des casernes militaires. L’endroit était situé en dehors du village, un peu en arrière de l’actuelle école secondaire La Magdeleine. Les travaux de construction débutent dès l’été 1813 et une fois achevées les baraques peuvent loger une quarantaine d’officiers et près de 1 500 soldats.
Après la paix de 1815, les casernes seront occupées durant quelques décennies avant d’être abandonnées au milieu du 19e siècle. De 1871 jusqu’au début du 20e siècle, au cours de plusieurs étés, le site abritera d’importants camps d’exercices militaires.
1880
Prétextant des coûts trop élevés liés au maintien des troupes dans sa colonie d’Amérique du Nord, l’armée britannique quittait le Canada en 1871, obligeant ainsi les autorités fédérales à organiser graduellement un corps d’armée canadien. C’est après avoir agi comme officier du détachement volontaire de La Prairie lors de la guerre contre les Fenians, que quelques années plus tard, le 4 juin 1880, Julien Brosseau (1837-1912), alors maire de La Prairie, fonde le 85e Bataillon d’Infanterie. Ce fils d’aubergiste et capitaine d’un navire à vapeur qui faisait la navette entre La Prairie et Montréal[2] devint commandant du bataillon avec le grade de lieutenant-colonel. À ses débuts, cette unité rurale de volontaires comptait 278 hommes réunis en 6 compagnies, dont le corps des officiers était presque entièrement canadien-français.
Le 8 mai 1900, le 85e Bataillon devient le 85e Régiment d’infanterie du Canada pour ensuite prendre, en 1920, le nom de Régiment de Maisonneuve, rappelant ainsi le nom du fondateur de Montréal, Paul Chomedey, Sieur de Maisonneuve.
Le 9 septembre 2012, le régiment obtenait le droit de cité des autorités de la ville de La Prairie.
Hélas, mis à part le cairn[3] situé à l’intersection du chemin de Saint-Jean et du chemin de la Bataille Nord rappelant la seconde bataille du 11 août 1691 (voir photo au haut de la page), il n’existe à La Prairie, aucune plaque commémorative ni aucun monument soulignant le passé militaire de notre municipalité.
Le cairn rappelant le premier affrontement du 11 août est aujourd’hui disparu. Il était situé Place de la Mennais et devrait éventuellement être remplacé par une plaque commémorative.
1756-1760 : le théâtre d’opérations et les forces en présence
La guerre de Sept Ans, qui se déroule de 1756 à 1763, est un conflit majeur qui oppose principalement la France et l’Angleterre. Cette guerre se transporte rapidement dans les colonies d’Amérique du Nord.
En 1756, la Nouvelle-France comprend trois parties distinctes : le Canada, la Louisiane et l’île Royale (île du Cap-Breton). La première recoupe le bassin hydrographique du Saint-Laurent et des Grands Lacs, auquel s’ajoute la vallée de l’Ohio. Elle rassemble 60 000 habitants concentrés entre les villes de Québec et Montréal.
D’autre part, on dénombre plus d’un million d’habitants au sein des colonies britanniques de la côte atlantique, entre l’ancienne Acadie française et la Floride espagnole.
Sous le commandement du gouverneur général Vaudreuil, les forces françaises sont composées des troupes de terre, soit sept régiments[4] d’à peine 3 400 hommes de l’armée régulière commandés par le marquis de Montcalm. S’y ajoutent les 1 200 soldats des troupes de la Marine sous la direction de François de Rigaud, gouverneur de Trois-Rivières et frère du gouverneur général. On compte également au plus sur cinq ou six mille miliciens canadiens auxquels s’ajoutent, selon les affrontements, plusieurs centaines de guerriers amérindiens.
Les Anglais disposent de 63 000 hommes, dont 23 000 de troupes de la vieille Angleterre. Ils annoncent le départ de 10 000 Écossais pour le Nouveau-Monde. Il est clair qu’il y a là un net déséquilibre des forces en faveur des Britanniques.
Cette guerre sera donc difficile pour les combattants français et canadiens, car on considère à l’époque que le rapport de force pour prendre une place forte est de trois pour un, ce qui favorise nettement l’armée anglaise.
De plus, selon Montcalm, nous manquons de vivres à cause de ravitaillements déficients et de mauvaises récoltes. Nous manquons de poudre et de tous les moyens pour agir et fournir le nécessaire sans lequel une guerre ne peut se faire. Toujours selon Montcalm, il faudrait que la France envoie ici dix mille hommes avec des munitions et de la nourriture.
Enfin, les relations entre Montcalm et Vaudreuil ne vont cesser de se détériorer jusqu’à leur point de rupture en 1758. Cela, sans oublier que les rivalités entre militaires français et canadiens ont fréquemment nui aux opérations.
Dans la dernière année de la guerre une importante flotte de navires britanniques menacera Québec alors que des armées venues des Grands Lacs et du Richelieu après la prise des forts français, s’abattront sur Montréal.
Les miliciens
Majoritairement cultivateurs, nous savons peu de choses au sujet de la participation des miliciens de La Prairie à cette guerre. Qui étaient-ils ? Combien sont morts sur les champs de bataille et où leurs sépultures sont-elles inscrites ?
Moins bien dotés que les troupes régulières, « les Canadiens étaient obligés d’acheter des fusils de leurs propres deniers. Ils en avaient chez eux pour la sûreté de l’habitation et pour la chasse. Ils les portaient à l’année de là la diversité des calibres, d’où le résultat que le plus brave d’entre eux perdait souvent la moitié de son utilité dans une action décisive à chercher au dépôt des munitions des balles du calibre de son arme. Souvent, leurs fusils sont si mauvais qu’on est obligé de leur en donner. »[5]
De plus, ils sont vulnérables en terrain découvert, leurs armes n’étant pas dotées de baïonnettes comme c’est le cas pour les soldats. Et, il arrive parfois que les miliciens soient des adolescents armés plutôt que des combattants d’expérience.
Quoi qu’il en soit, ils ne devaient pas être de piètres hommes de guerre puisque : « Je viens, Monsieur, en conséquence de vos ordres, de détacher cent vingt miliciens, pour servir de devant et de derrière à Laprairie, ce sont de très bons hommes ; mais aussi ce sont les seuls du gouvernement de Montréal qui valussent quelque chose. Les autres font pitié, mais cela est égal. » [6]
La situation allant de plus en plus mal, l’année 1759 connaîtra une mobilisation massive des miliciens.[7]
À suivre dans notre prochain bulletin…
[1] Ibidem, La présence militaire au 19e siècle, pages 390 à 424.
[2] Voir à ce sujet les deux articles suivants : Gaétan Bourdages, Le régiment de Maisonneuve et le droit de cité, bulletin Au jour le jour, septembre 2012.
Denis Pinsonnault, Un honorable régiment originaire de La Prairie, bulletin Au jour le jour, janvier 2012.
[3] Ce cairn devra éventuellement être déplacé pour permettre l’élargissement de la route 104.
[4] Royal Roussillon, Languedoc, La Sarre, Béarn, Guyenne, Berry et La Reine.
[5] Dave Noël, Montcalm général américain, les éditions du Boréal, Montréal, 2018, page 231.
[6] À M. le marquis de Vaudreuil à l’Île-aux-Noix, le 17 août 1759. Lettres de M. de Bourlamaque au chevalier de Lévis – volume 5, page 37.
[7] En 1759, 5 455 miliciens sont mobilisés.

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La Prairie et la guerre de 1756-1760 – Partie 1
Introduction
Outre le rôle essentiel du site de La Prairie au cours de la guerre de 1756 à 1760 (guerre de Sept Ans), sujet principal de cette série d’articles, notre municipalité a un riche passé militaire qui, quoique peu connu, mérite qu’on en souligne brièvement les principales manifestations.
1691
L’histoire débute dans la seconde moitié du 17e siècle. Malgré la paix conclue en 1667 suite à l’arrivée du régiment Carignan-Salières, les attaques-surprises des Iroquois contre les installations françaises reprennent vers 1680. La multiplication des raids amérindiens menace de ruiner le commerce des fourrures des Français et oblige ces derniers à rompre la paix.
La situation mène à la construction du premier fort de La Prairie digne de ce nom, lequel fut conçu et dessiné par Villeneuve entre 1686 et 1689, puis érigé par Gédéon de Catalogne entre l’automne 1687 et le printemps 1689.[1]
Cette palissade ne subira qu’une seule véritable attaque, celle du 11 août 1691.[2] Précédemment, durant l’hiver 1689-1690, les Français avaient lancé trois raids sur les colonies anglaises. En février 1690, plusieurs habitants sont tués et de nombreuses maisons incendiées à Schenectady, petit village situé près d’Albany. Résolu de venger l’attaque de Schenectady et voulant en découdre une fois pour toutes avec les Français, le Hollandais Peter Schuyler, à la tête de troupes en provenance d’Albany, se présente au matin du 11 août 1691 devant le fort de La Prairie.
À La Prairie, soldats des Compagnies franches de la Marine et miliciens canadiens composent alors le gros des troupes françaises. Le gouverneur de Montréal, Louis-Hector de Callière pouvait également compter sur des alliés amérindiens. Après quatre assauts en terrain découvert de la part des troupes de Schuyler, c’est la débandade parmi les défenseurs de La Prairie qui décident de se réfugier à l’intérieur du fort. Les pertes sont importantes chez les Français. Satisfait du résultat de son raid, le chef hollandais renonce à détruire le fort. Il retraite plutôt vers les bois avec ses hommes, cherchant à rejoindre rapidement ses embarcations cachées le long des rives du Richelieu. Un second affrontement aura lieu en fin d’avant-midi contre les soldats de Valrennes venus de Chambly.
1756-1760
Plus tard, au cours de la guerre de 1756-1760, principalement à cause de sa position géographique à proximité de Montréal, La Prairie jouera un rôle majeur dans le transit et l’approvisionnement des troupes françaises.
1775 – 1783
L’adoption de l’Acte de Québec en 1774 élargissait nos frontières et tolérait la pratique de la religion catholique. Ces deux éléments contrarient fortement les colonies américaines qui, déjà, acceptaient mal la présence des Britanniques chez eux.[3]
Ainsi, comme les Américains envisageaient déjà une rébellion armée, ils cherchèrent à s’assurer du soutien des Canadiens. George Washington croyait que la conquête du Canada et la prise de Québec le protégeraient par la suite de toute intervention britannique venue du nord.
Lorsqu’à l’automne 1775 les rebelles américains envahissent le Canada, ils établissent un poste à La Prairie afin d’empêcher tout renfort britannique de venir de Montréal. En novembre, le général Montgomery vint camper au fort de La Prairie avec sa petite armée de 600 hommes. De là, ils lancèrent une attaque sur Montréal.
Le temps froid venu, les rebelles américains prirent leurs quartiers d’hiver à La Prairie. On raconte que leur situation y était si mauvaise qu’il leur eut été impossible de demeurer ici sans le consentement tacite des habitants du lieu. Après quelques mois « d’occupation », face à l’arrivée de renforts venus de Grande-Bretagne en mai et juin 1776, les Américains quittèrent La Prairie et la colonie en toute hâte.
Après le départ des rebelles, c’est 10 000 à 12 000 soldats réguliers que l’Angleterre envoie au Canada afin d’empêcher l’ennemi d’y faire une nouvelle invasion. De ce nombre, les troupes allemandes de Brunswick et de Hanau (des mercenaires au service de la couronne britannique débarqueront) sur la rive sud. Le 20 juin, les Allemands arrivent à La Prairie où l’on organise les camps ainsi que « les arrangements de subsistance ».
En septembre 1776, les troupes allemandes devaient marcher et camper à la Savanne entre La Prairie et Saint-Jean. L’endroit, qui est situé près de l’intersection actuelle du chemin de la Bataille Nord et du chemin de Saint-Jean, servit plus tard de camp militaire pendant plusieurs décennies au cours du 19e siècle.
Les mercenaires de Friedrich Adolphus Von Riedesel auraient occupé La Prairie durant plusieurs mois.
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[1] Gaétan Bourdages, La Prairie – Histoire d’une ville pionnière. Éditions Histoire Québec, 2013. La seigneurie et le fort, pages 19 à 38.
[2] Bourdages, Joly et Tremblay, 1691 – La bataille de La Prairie. Éditions Histoire Québec, 2009. 149 pages.
[3] Pour en apprendre davantage : Gaétan Bourdages, La Prairie – Histoire d’une ville pionnière. Éditions Histoire Québec, 2013. L’invasion américaine de 1775, pages 184 à 209.

- Au jour le jour, janvier 2022
L’arrivée du téléphone à La Prairie
N.D.L.R. Les informations qui suivent nous ont été fournies par la Compagnie de Téléphone Bell.
Le premier téléphone de La Prairie entre en service en 1887, sept ans seulement après la fondation de la Compagnie de Téléphone Bell, et treize ans après qu’Alexander Graham Bell a inventé ce qu’on appelle alors « la merveille parlante ».
En 1887, en effet, la première agence de la compagnie Bell ouvre ses portes à La Prairie, sous la direction de M. J.H.A. Sylvestre[1] ; elle apporte à une population d’environ 1000 personnes les avantages du téléphone.
L’année suivante, en 1888, une ligne interurbaine relie La Prairie et Saint-Jean. Toutefois, le téléphone est accueilli plutôt froidement à La Prairie. La compagnie Laprairie Pressed Brick and Terra Cotta, qui apparaît dans l’annuaire téléphonique à compter de mars 1896, demeure l’unique abonné jusqu’en 1902, date à laquelle la compagnie J. B. Doré et fils[2] y est inscrite pour la première fois. À la fin de 1907, La Prairie compte sept téléphones en service.
Par la suite, l’évolution du service téléphonique est lente, mais constante. Le 100e téléphone est installé en 1924, le 500e, en 1945, et le 1000e, en 1950.
En décembre 1952, Bell Canada achète un terrain, situé au 425, rue Saint-Henri et, en 1954, elle y construit un immeuble pour y installer le central automatique.
Le 12 juin 1955 a lieu la conversion du système à magnéto au système automatique et, en même temps, un nouveau mode de numérotation est adopté suivant lequel tous les numéros de téléphone comportent deux lettres et cinq chiffres. En 1963, le nom du central est éliminé et remplacé par de nouveaux numéros à sept chiffres. Le préfixe 659 est attribué aux numéros de La Prairie.
Il y a quarante ans, en 1981, La Prairie comptait 11 510 téléphones en service.
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[1] Hyacinthe Sylvestre possédait un magasin général qui était situé à l’emplacement actuel du restaurant Chez Julien.
[2] Un fabricant de machinerie agricole.

- Au jour le jour, décembre 2021
Le ministère de la Culture sous la loupe
La Maison Chevalier, dans le Vieux-Québec a fait les manchettes depuis sa vente par le musée de la civilisation à Gestion 1608, une filiale du Groupe Tanguay.
De nombreux spécialistes s’opposaient fermement à la vente de ce bâtiment classé il y a 65 ans. Puis voilà que l’historien Luc Noppen tente de nous démontrer que la restauration de 1956 n’en fut pas vraiment une; les démolisseurs n’y seraient pas allés de main morte, l’architecte aurait confondu latrines et cheminées, etc. En conséquence, le bâtiment ne serait pas aussi « patrimonial » que certains le prétendent.
Cette vente à la hâte n’est que le plus récent chapitre illustrant l’incapacité du ministère de la Culture et des Communications (MCC) de protéger les plus beaux joyaux de notre patrimoine bâti. Depuis quelques décennies et davantage récemment, le patrimoine québécois a subi des pertes irrécupérables. Que ce soit par indifférence, par ignorance, par mauvaise foi ou par manque de financement, les municipalités et les propriétaires privés laissent se détériorer des bâtiments exceptionnels qui autrement pourraient être récupérés. On démolit trop souvent sous de fallacieux prétextes.
En 2012, la nouvelle loi sur le patrimoine culturel transférait aux municipalités des responsabilités en matière de gestion du patrimoine que ces dernières, faute d’expertise, d’encadrement et de financement, étaient incapables d’assumer correctement. Pour corriger cette situation, il faut absolument revoir la loi et les orientations du MCC.
C’est dans ce sens qu’en juin 2020, le Vérificateur général du Québec présentait à l’Assemblée nationale un rapport sur les performances du ministère de la Culture et des Communications dont voici les principales conclusions :
Il n’y a pas de stratégie d’intervention en matière de patrimoine immobilier, alors qu’une telle stratégie aiderait notamment le MCC à susciter l’adhésion collective et à résoudre des enjeux de sauvegarde qui existent depuis des décennies.
Le MCC encadre peu les actions des municipalités, alors qu’elles sont des actrices incontournables en ce qui concerne la sauvegarde du patrimoine immobilier.
Le MCC ne détient pas l’information qui lui permettrait de bien intervenir sur le patrimoine immobilier québécois.
Le classement de biens patrimoniaux ne fait pas l’objet d’un traitement équitable et diligent par le MCC.
Le MCC n’offre pas aux propriétaires d’immeubles patrimoniaux les outils et le soutien appropriés pour leur permettre de bien orienter leurs interventions et d’assurer la conservation de ces immeubles. (À La Prairie, grâce au programme d’aide à la restauration des bâtiments d’intérêt patrimonial et du site patrimonial, une aide financière substantielle a récemment été rendue disponible aux propriétaires de bâtiments anciens.)
L’État ne fait pas preuve d’exemplarité en matière de sauvegarde et de valorisation du patrimoine immobilier. (Le cas de la bibliothèque Saint-Sulpice, classé monument historique en 1988, en est un exemple flagrant.)
Malgré les multiples efforts d’un comité de sauvegarde, après cinq années d’intervention, le sort de la maison Brossard du chemin des Prairies à Brossard n’est toujours pas fixé. De plus, de nombreux propriétaires de maisons anciennes restaurées selon les règles ont de la difficulté à trouver preneur lorsqu’ils souhaitent s’en départir. Notre patrimoine bâti vit actuellement des heures sombres.

- Au jour le jour, novembre 2021
Réponse à la question du mois d’octobre
Le petit bâtiment encerclé à droite sur la photo est l’ancienne usine de pompage des eaux usées vers le fleuve. Son usage a été abandonné en 1990 avec l’ouverture de l’usine de traitement des eaux usées du Bassin de La Prairie.

- Au jour le jour, novembre 2021
Le land art : un patrimoine artistique éphémère
Selon Wikipédia, le land art, un mouvement né en Suisse, est une tendance de l’art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, eau, rocher, etc.). Le plus souvent, les œuvres sont en extérieur, exposées aux éléments et soumises à l’érosion naturelle ; ainsi, certaines œuvres ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos.
Dans la foulée de ce mouvement artistique, grâce à une subvention du ministère de la Culture, le service des loisirs de La Prairie a organisé une exposition de land art urbain dans le Vieux La Prairie. L’événement, qui regroupait 5 artistes participants, s’est poursuivi du 29 août au 11 octobre dernier.
Les visiteurs étaient invités à découvrir les œuvres en empruntant le parcours piétonnier proposé : Parc Pierre-Raffeix, Maison-à-Tout-le-Monde, Sentier du Vieux-Fort et Parc du Rempart.
Pour le non-initié le land art propose des œuvres aux allures originales et aux noms parfois intrigants : coronarius, samare, chrysalide et capucosses. Tout cela étant inspiré de la nature.
La description de chacune des œuvres invite à la réflexion ainsi qu’à un regard nouveau sur l’environnement. Citons en exemple la description que l’artiste Marc Walter a faite de son œuvre « Les Capucosses » :
« Les Capucosses encapuchonnent, c’est-à-dire qu’elles enveloppent leurs visiteurs dans leur espace intimiste. En tant que cosses, el
les protègent les visiteurs qui en deviennent des graines.
Immersives, elles incitent à un regard renouvelé sur les environs à travers les hublots et les entrelacements de branches.
Surprenantes, ludiques et résilientes, elles inspirent par leur simplicité.
Face à face, elles évoquent une relation filiale. »
Quoique fort intéressante, l’exposition a été déconstruite à sa date d’échéance. On l’aurait laissé sur place que mère Nature se serait chargée de les dégrader.



- Au jour le jour, novembre 2021
Question du mois!
Cette photo, parue à la une du bulletin de juin dernier, illustre l’autoroute 15-132 vers 1963. Un lecteur attentif nous a demandé à quoi servait le petit bâtiment entouré d’un cercle rouge. Faites parvenir votre réponse à notre adresse courriel, [email protected].
La solution sera révélée dans le bulletin de novembre.