Sélection d'une édition

    Les travaux de la maison

    Ça discutait allègrement lors de la rencontre-conférence d’avril dernier. Certains, sans doute emportés par l’ardeur de leurs souvenirs, en oublièrent même les règles les plus élémentaires des échanges en groupe. Mais qu’importe, grâce au doigté de l’animateur on a réussi, tant bien que mal, à maintenir le cap sur «les travaux de la maison».

    Le sujet est vaste. Au début de ce siècle les campagnes du Québec renfermaient des sociétés agricoles, où la tendance était à l’autarcie; c’est-à-dire que les gens cherchaient à se suffire à eux-mêmes et à produire le plus possible ce dont ils avaient besoin. Les cultivateurs achetaient et vendaient le moins possible à l’extérieur. Rien n’était perdu ou gaspillé. Il est même arrivé qu’on se servit d’un chien mort pour faire du savon. Courtepointes, catalognes et tapis étaient fabriqués de vieux tissus ou de paletots d’hommes.

    L’habitant faisait preuve de beaucoup d’imagination dans l’art de conserver les aliments. On arrosait les quartiers de viande à plusieurs reprises, on laissait geler et on enterrait ça. D’autres descendaient la viande dans un puits, ou encore la salaient, en faisaient des conserves ou l’enfouissaient dans les carrés à grain. Chez certains la cuisine d’été servait de glacière durant l’hiver. La viande qu’on mangeait avait été élevée et tuée sur la ferme ou au village.

    La vie villageoise et les travaux de la maison abondaient aussi en occasions de socialiser et de développer des solidarités. On fréquentait beaucoup la boulangerie, la boucherie et le magasin général. Le tricot et la broderie favorisaient l’échange des dernières nouvelles. Dans nombre d’évènements sociaux les boissons à la mode, toutes fabriquées à la maison (bières de riz ou de patate, vins de cerise, de gingembre, de pissenlit ou de rhubarbe, et sirop de framboises) avaient tôt fait de délier les langues des plus timides.

    On ne craignait pas les étrangers. Les maisons étaient, à intervalles réguliers, visitées par des vendeurs itinérants qui offraient, qui des légumes, d’autres des viandes ou des vêtements. Les «quêteux» racontaient des histoires aux enfants avant de proposer certains services comme l’aiguisage des couteaux ou la réparation des chaudrons. Ils repartaient toujours l’estomac bien rempli.

    Venez visiter l’exposition « Les travaux de la maison » cet été au Musée du Vieux Marché.

    Ça discutait allègrement lors de la rencontre-conférence d'avril dernier. Certains, sans doute emportés par l'ardeur de leurs souvenirs, en oublièrent même les règles les plus élémentaires des échanges en groupe. Mais qu'importe, grâce au doigté de l'animateur on a réussi, tant bien que mal, à maintenir le cap sur «les travaux de la maison». Le sujet est vaste. Au début de ce siècle les campagnes du Québec renfermaient des sociétés agricoles, où la tendance était à l'autarcie; c'est-à-dire que les gens cherchaient à se suffire à eux-mêmes et à produire le plus possible ce dont ils avaient besoin. Les cultivateurs achetaient et vendaient le moins possible à l'extérieur. Rien n'était perdu ou gaspillé. Il est même arrivé qu'on se servit d'un chien mort pour faire du savon. Courtepointes, catalognes et tapis étaient fabriqués de vieux tissus ou de paletots d'hommes. L'habitant faisait preuve de beaucoup d'imagination dans l'art de conserver les aliments. On arrosait les quartiers de viande à plusieurs reprises, on laissait geler et on enterrait ça. D'autres descendaient la viande dans un puits, ou encore la salaient, en faisaient des conserves ou l'enfouissaient dans les carrés à grain. Chez certains la cuisine d'été servait de glacière durant l'hiver. La viande qu'on mangeait avait été élevée et tuée sur la ferme ou au village. La vie villageoise et les travaux de la maison abondaient aussi en occasions de socialiser et de développer des solidarités. On fréquentait beaucoup la boulangerie, la boucherie et le magasin général. Le tricot et la broderie favorisaient l'échange des dernières nouvelles. Dans nombre d'évènements sociaux les boissons à la mode, toutes fabriquées à la maison (bières de riz ou de patate, vins de cerise, de gingembre, de pissenlit ou de rhubarbe, et sirop de framboises) avaient tôt fait de délier les langues des plus timides. On ne craignait pas les étrangers. Les maisons étaient, à intervalles réguliers, visitées par des vendeurs itinérants qui offraient, qui des légumes, d'autres des viandes ou des vêtements. Les «quêteux» racontaient des histoires aux enfants avant de proposer certains services comme l'aiguisage des couteaux ou la réparation des chaudrons. Ils repartaient toujours l'estomac bien rempli. Venez visiter l’exposition « Les travaux de la maison » cet été au Musée du Vieux Marché....

    Éditorial – Un Bastion pour tout le monde?

    Que cela plaise ou non, il faut bien l’admettre, malgré ses treize années d’existence et les multiples efforts de diffusion, à l’intérieur des limites de LaPrairie la Société historique reste peu ou pas connue. D’aucuns la perçoivent toujours comme une assemblée savante qui a su garder les curieux à distance. Et pourtant elle se meut, travaille fort et avance à petits pas incertains.

    Que lui faut-il faire alors pour être plus et mieux connue et attirer les collaborateurs en plus grand nombre? Certains songent à ouvrir les portes du “Vieux marché” plus fréquemment, d’autres parlent d’une présence plus assidue dans les média régionaux, tandis que des groupuscules de nos membres s’épuisent dans des recherches sans intérêt pour le grand public. Ne vaudrait-il pas mieux savoir avec sagesse repartager les énergies et repenser nos actions à long terme? La recherche pure c’est bien honorable mais ce n’est certes pas le meilleur moyen de gagner l’appui de nos concitoyens. Et puis, soyons réalistes, nous sommes si peu nombreux à mettre l’épaule à la roue.

    Pourtant il y va de notre survie que nous obtenions la sympathie du plus grand nombre. Pour y parvenir (i.e. changer notre image) les publications doivent se faire plus nombreuses, moins savantes et répondre aux attentes de ceux qui composent notre vraie clientèle : écoliers, résidents des quartiers neufs, gens d’affaires, avec bien sûr ceux qui étaient déjà là il y a plus de vingt ans.

    Cessons donc de produire des travaux qui n’intéressent que quelques-uns de nos membres et demandons-nous sérieusement ce que le public attend d’une Société comme la nôtre. Devenons plus populaires sans être populistes. La toponymie, la petite histoire, les légendes et la généalogie ça peut intéresser beaucoup plus de monde à condition de savoir s’y prendre.

    D’ailleurs un premier pas a déjà été fait en ce sens puisque depuis peu le Bastion et les autres cahiers de la Société sont présents à la bibliothèque municipale. Allez-y, n’hésitez pas, prenez un crayon et un bout de papier et écrivez quelque chose de votre histoire qu’il vous plairait de raconter simplement. Essayez et vous verrez que l’exercice n’est pas si difficile. Et c’est ainsi que peu à peu nous rendrons ensemble l’histoire plus séduisante.

    Cette nouvelle attitude ne limiterait en rien la poursuite d’études plus savantes; elles demeurent tout de même l’un de rôles majeurs de notre groupe. Mais toute recherche ne doit-elle pas servir la diffusion? Mieux connaître notre histoire pour mieux la transmettre à nos concitoyens c’est faire œuvre de patriotisme et de culture. Et une production qui ne servirait qu’à garnir tablettes et classeurs serait peine perdue.

    Bref profitons de l’attrait des fêtes de 150e anniversaire du premier train pour pénétrer dans tous les foyers de LaPrairie. Sachons écrire des choses que les gens souhaitent lire et vous verrez comme nous serons mieux appréciés de tous. Sous peu on viendra d’ailleurs prendre exemple ici.

    N.L.D.R. Les propos qui précèdent n’engagent que leur signataire.

    Que cela plaise ou non, il faut bien l’admettre, malgré ses treize années d’existence et les multiples efforts de diffusion, à l’intérieur des limites de LaPrairie la Société historique reste peu ou pas connue. D’aucuns la perçoivent toujours comme une assemblée savante qui a su garder les curieux à distance. Et pourtant elle se meut, travaille fort et avance à petits pas incertains. Que lui faut-il faire alors pour être plus et mieux connue et attirer les collaborateurs en plus grand nombre? Certains songent à ouvrir les portes du “Vieux marché” plus fréquemment, d’autres parlent d’une présence plus assidue dans les média régionaux, tandis que des groupuscules de nos membres s’épuisent dans des recherches sans intérêt pour le grand public. Ne vaudrait-il pas mieux savoir avec sagesse repartager les énergies et repenser nos actions à long terme? La recherche pure c’est bien honorable mais ce n’est certes pas le meilleur moyen de gagner l’appui de nos concitoyens. Et puis, soyons réalistes, nous sommes si peu nombreux à mettre l’épaule à la roue. Pourtant il y va de notre survie que nous obtenions la sympathie du plus grand nombre. Pour y parvenir (i.e. changer notre image) les publications doivent se faire plus nombreuses, moins savantes et répondre aux attentes de ceux qui composent notre vraie clientèle : écoliers, résidents des quartiers neufs, gens d’affaires, avec bien sûr ceux qui étaient déjà là il y a plus de vingt ans. Cessons donc de produire des travaux qui n’intéressent que quelques-uns de nos membres et demandons-nous sérieusement ce que le public attend d’une Société comme la nôtre. Devenons plus populaires sans être populistes. La toponymie, la petite histoire, les légendes et la généalogie ça peut intéresser beaucoup plus de monde à condition de savoir s’y prendre. D’ailleurs un premier pas a déjà été fait en ce sens puisque depuis peu le Bastion et les autres cahiers de la Société sont présents à la bibliothèque municipale. Allez-y, n’hésitez pas, prenez un crayon et un bout de papier et écrivez quelque chose de votre histoire qu’il vous plairait de raconter simplement. Essayez et vous verrez que l’exercice n’est pas si difficile. Et c’est ainsi que peu à peu nous rendrons ensemble l’histoire plus séduisante. Cette nouvelle attitude ne limiterait en rien la poursuite d’études plus savantes; elles demeurent tout de même l’un de rôles majeurs de notre groupe. Mais toute recherche ne doit-elle pas servir la diffusion? Mieux connaître notre histoire pour mieux la transmettre à nos concitoyens c’est faire œuvre de patriotisme et de culture. Et une production qui ne servirait qu’à garnir tablettes et classeurs serait peine perdue. Bref profitons de l’attrait des fêtes de 150e anniversaire du premier train pour pénétrer dans tous les foyers de LaPrairie. Sachons écrire des choses que les gens souhaitent lire et vous verrez comme nous serons mieux appréciés de tous. Sous peu on viendra d’ailleurs prendre exemple ici. N.L.D.R. Les propos qui précèdent n’engagent que leur signataire....

    Les noms des lieux

    Fontarabie

    Les Pères Jésuites, seigneurs de la Seigneurie de LaPrairie, décident en février 1699 de l’ouverture d’une nouvelle côte : c’est Fontarabie. L’arpentage en est fait par Gédéon de Catalogne.

    Il semble bien que ce range doive son nom à Pierre Legros dit Fontarabie, jeune soldat français du fort des Trois-Rivières. Accoutumé à la vie des “sauvages” et fidèle compagnon des Jésuites, Pierre Legros accompagnait souvent ces derniers dans leurs périples chez les amérindiens. Le 10 mai 1652 lui et le Père Jacques Buteux furent surpris, attaqués et tués par les Iroquois. Leurs corps furent par la suite dénudés et jetés à la rivière St-Maurice près de la chute de Shawinigan. Il est loisible de croire que les Jésuites aient décidé de laisser le nom de Fontarabie à une côte de leur seigneurie en souvenir de ce courageux compagnon mort avec l’un des leurs.

    D’ailleurs les Ursulines de Trois-Rivières ont aussi donné ce nom à un rang dans la paroisse de Sainte-Ursule dans le comté de Maskinongé.

     

    Rivière Saint-Jacques

    Le 7 juin 1611, Champlain part en reconnaissance sur la rivière Saint-Jacques, “par où vont quelquefois les Sauvages à la guerre, qui va se rendre au sault de la rivière des Iroquois (riv. Richelieu)”; il la trouve “fort plaisante, y ayant plus de trois lieues de circuit de prairies et force terres qui se peuvent labourer”. Cependant, sur la carte de la région qu’il dresse à cette époque, Champlain désigne la rivière Saint-Jacques sous l’appellation de “petite rivière”. Deux hypothèses ont été retenues quant à l’origine du nom actuel : la première porte à croire que les Jésuites lui auraient donné le nom de Jacques de la Ferté, abbé de la Madeleine supposé donateur de la seigneurie. Or, il n'est pas du tout certain que Jacques de la Ferté soit le bienfaiteur des Jésuites, du moins en ce qui concerne LaPrairie.

    La seconde hypothèse voudrait que ce soit Jacques Frémin s.j. qui ait laissé son nom au cours d’eau. Né à Reims le 12 mars 1628, il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Paris le 21 novembre 1646 et se trouve à Québec dès 1655. L’année suivante, il est envoyé à Onnontagué et il servira au pays des Iroquois jusqu’à ce qu’il soit obligé en 1680 de se retirer à Québec à cause de nombreuses infirmités. Jacques Frémin est le second curé de la mission Saint-François-Xavier-des-Prés de LaPrairie, du 2 novembre 1671 au 20 juillet 1672. Or la première mention connue du nom de rivière Saint-Jacques apparaît dans un contrat du notaire Tissot en 1672 : est-ce suffisant pour croire en la seconde hypothèse?

     

    Source des informations :

    CHEVALIER, Joseph. Laprairie; notes historiques à l’occasion du centenaire de la consécration de l’église. Laprairie, 1941. Page 254.

    ROCHEMONTEIX, Camille de. Les Jésuites et la Nouvelle-France. (au XVIIe s.). Letouzy et Ané, Editeurs. Paris, 1895. Tome II p. 406 note 2 et Tome III p. 365 note 5.

    Candiac

    Le nom de Candiac rappelle le domaine de Candiac où la famille de Montcalm possédait un château. Situé dans le Languedoc, cet endroit est le lieu de naissance du marquis de Montcalm.

    La ville de Candiac est née le 31 janvier 1957 sur un domaine de 105 millions de pieds carrés acheté par la Candiac Development Corporation, société québécoise de placements et aménagements immobiliers. L’agglomération pourra recevoir 50 000 habitants et 400 acres seront réservés à l’industrie. Cependant, elle ne commencera vraiment à se développer qu’en 1959 et, en mars 1963, elle ne compte que 2 000 résidents. Aujourd’hui la ville peut s’enorgueillir d’un parc industriel bien garni et sa population dépasse les 8 500 habitants.

    N.B. Une partie des informations qui précèdent est tirée de LA PRESSE du 22 novembre 1956.

    Fontarabie Les Pères Jésuites, seigneurs de la Seigneurie de LaPrairie, décident en février 1699 de l’ouverture d’une nouvelle côte : c’est Fontarabie. L’arpentage en est fait par Gédéon de Catalogne. Il semble bien que ce range doive son nom à Pierre Legros dit Fontarabie, jeune soldat français du fort des Trois-Rivières. Accoutumé à la vie des “sauvages” et fidèle compagnon des Jésuites, Pierre Legros accompagnait souvent ces derniers dans leurs périples chez les amérindiens. Le 10 mai 1652 lui et le Père Jacques Buteux furent surpris, attaqués et tués par les Iroquois. Leurs corps furent par la suite dénudés et jetés à la rivière St-Maurice près de la chute de Shawinigan. Il est loisible de croire que les Jésuites aient décidé de laisser le nom de Fontarabie à une côte de leur seigneurie en souvenir de ce courageux compagnon mort avec l’un des leurs. D’ailleurs les Ursulines de Trois-Rivières ont aussi donné ce nom à un rang dans la paroisse de Sainte-Ursule dans le comté de Maskinongé.   Rivière Saint-Jacques Le 7 juin 1611, Champlain part en reconnaissance sur la rivière Saint-Jacques, “par où vont quelquefois les Sauvages à la guerre, qui va se rendre au sault de la rivière des Iroquois (riv. Richelieu)”; il la trouve “fort plaisante, y ayant plus de trois lieues de circuit de prairies et force terres qui se peuvent labourer”. Cependant, sur la carte de la région qu’il dresse à cette époque, Champlain désigne la rivière Saint-Jacques sous l’appellation de “petite rivière”. Deux hypothèses ont été retenues quant à l’origine du nom actuel : la première porte à croire que les Jésuites lui auraient donné le nom de Jacques de la Ferté, abbé de la Madeleine supposé donateur de la seigneurie. Or, il n'est pas du tout certain que Jacques de la Ferté soit le bienfaiteur des Jésuites, du moins en ce qui concerne LaPrairie. La seconde hypothèse voudrait que ce soit Jacques Frémin s.j. qui ait laissé son nom au cours d’eau. Né à Reims le 12 mars 1628, il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Paris le 21 novembre 1646 et se trouve à Québec dès 1655. L’année suivante, il est envoyé à Onnontagué et il servira au pays des Iroquois jusqu’à ce qu’il soit obligé en 1680 de se retirer à Québec à cause de nombreuses infirmités. Jacques Frémin est le second curé de la mission Saint-François-Xavier-des-Prés de LaPrairie, du 2 novembre 1671 au 20 juillet 1672. Or la première mention connue du nom de rivière Saint-Jacques apparaît dans un contrat du notaire Tissot en 1672 : est-ce suffisant pour croire en la seconde hypothèse?   Source des informations : CHEVALIER, Joseph. Laprairie; notes historiques à l’occasion du centenaire de la consécration de l’église. Laprairie, 1941. Page 254. ROCHEMONTEIX, Camille de. Les Jésuites et la Nouvelle-France. (au XVIIe s.). Letouzy et Ané, Editeurs. Paris, 1895. Tome II p. 406 note 2 et Tome III p. 365 note 5. Candiac Le nom de Candiac rappelle le domaine de Candiac où la famille de Montcalm possédait un château. Situé dans le Languedoc, cet endroit est le lieu de naissance du marquis de Montcalm. La ville de Candiac est née le 31 janvier 1957 sur un domaine de 105 millions de pieds carrés acheté par la Candiac Development Corporation, société québécoise de placements et aménagements immobiliers. L’agglomération pourra recevoir 50 000 habitants et 400 acres seront réservés à l’industrie. Cependant, elle ne commencera vraiment à se développer qu’en 1959 et, en mars 1963, elle ne compte que 2 000 résidents. Aujourd’hui la ville peut s’enorgueillir d’un parc industriel bien garni et sa population dépasse les 8 500 habitants. N.B. Une partie des informations qui précèdent est tirée de LA PRESSE du 22 novembre 1956....

    Le chemin des sauvages

     

    Il y a près de quatre siècle lorsque nos ancêtres colonisèrent ce coin de pays il était tout naturel que les fleuves et les rivières devinssent les principales voies de communication. Non seulement s’installa-t-on d’abord en bordure de cours d’eau, et ce pour des raisons pratiques fort compréhensibles, mais le Saint-Laurent et ses affluents accélérèrent grandement la pénétration du continent et le développement des échanges commerciaux avec les peuples autochtones.

    Comme les premières agglomérations essaimèrent bientôt entre Québec et Montréal l’on dut bientôt songer à une route moins capricieuse et plus sûr que le fleuve. Ainsi le 13 mai 1665 le Conseil supérieur régla alors que “toutes les personnes qui avaient ou qui auraient des clôtures à faire sur le bord du fleuve devaient les mettre en sorte qu’il restât deux perches libres au-dessus des plus hautes marées pour la liberté tant du passage des charrettes et des bestiaux que de la navigation”. Ce chemin de deux perches de largeur, soit trente-six pieds français, fut le premier chemin du Roi de la colonie.

    Nous ignorons depuis quand un chemin “semblable” existait sur la rive-sud entre Saint-Lambert et Laprairie. Nous savons par contre qu’envahie par les glaces en hiver, inondée à l’automne et au printemps et labourée par le passage des hommes et des bêtes; cette voie de terre dut souvent être impraticable. Ne l’avait-on pas baptisée avec mépris “le chemin des sauvages” ? Nul doute aussi que les amérindiens avaient dû emprunter ce passage longtemps avant la venue des Européens. De plus on devait y entretenir de nombreux ponts afin de franchir la rivière Saint-Jacques et une bonne douzaine de petits ruisseaux; sans compter cette partie basse appelée le “mouille-pied”.

    Bien sûr la route était fort ancienne car les Surprenant, Moquin, Boyer, Racine et autres cultivateurs avaient pris soin depuis longtemps d’y ériger leurs demeures en bordure avec façade sur le fleuve. Et lorsqu’en 1912 on résolut, après trois ans d’hésitation, d’excommunier cette voie antique pour construire un boulevard convenable loin de la grève et de ses inconvénients, tous ces gens durent accepter que le “Chemin de la Côte Saint-Lambert” coupât maintenant leurs terres. Et qui plus est, soudain on verrait à quelque distance de la nouvelle route, non plus les jolies devantures, mais bien l’arrière des habitations. Quelques-unes de ces maisons (e.g. celle de M. Surprenant près du boulevard De Rome) témoignent encore, tristes reliques près du cher fleuve, du tracé du vieux “chemin des sauvages”.

    Bref, chacun donnant gratuitement une largeur de cent pieds sur sa terre pour le passage du chemin nouveau, ce ralliement permit de mener à terme le projet. En plus d’ouvrir aux cultivateurs les marchés les plus avantageux, la nouvelle voie permettrait, aux dires de ses promoteurs, d’augmenter la valeur foncière et d’atteindre “un haut degré de développement social et industriel”. Ainsi jusqu’à la construction de la voie maritime (1959) et de l’autoroute actuelle, la route Édouard VII, depuis le pont Victoria, relia Saint-Lambert à Préville, la Côte Saint-Lambert (aujourd’hui Brossard), Laprairie, Saint-Philippe, Saint-Jacques le Mineur et Napierville.

    Recherche : Héléna Doré-Désy

    Texte : Gaétan Bourdages

      Il y a près de quatre siècle lorsque nos ancêtres colonisèrent ce coin de pays il était tout naturel que les fleuves et les rivières devinssent les principales voies de communication. Non seulement s’installa-t-on d’abord en bordure de cours d’eau, et ce pour des raisons pratiques fort compréhensibles, mais le Saint-Laurent et ses affluents accélérèrent grandement la pénétration du continent et le développement des échanges commerciaux avec les peuples autochtones. Comme les premières agglomérations essaimèrent bientôt entre Québec et Montréal l’on dut bientôt songer à une route moins capricieuse et plus sûr que le fleuve. Ainsi le 13 mai 1665 le Conseil supérieur régla alors que “toutes les personnes qui avaient ou qui auraient des clôtures à faire sur le bord du fleuve devaient les mettre en sorte qu’il restât deux perches libres au-dessus des plus hautes marées pour la liberté tant du passage des charrettes et des bestiaux que de la navigation”. Ce chemin de deux perches de largeur, soit trente-six pieds français, fut le premier chemin du Roi de la colonie. Nous ignorons depuis quand un chemin “semblable” existait sur la rive-sud entre Saint-Lambert et Laprairie. Nous savons par contre qu’envahie par les glaces en hiver, inondée à l’automne et au printemps et labourée par le passage des hommes et des bêtes; cette voie de terre dut souvent être impraticable. Ne l’avait-on pas baptisée avec mépris “le chemin des sauvages” ? Nul doute aussi que les amérindiens avaient dû emprunter ce passage longtemps avant la venue des Européens. De plus on devait y entretenir de nombreux ponts afin de franchir la rivière Saint-Jacques et une bonne douzaine de petits ruisseaux; sans compter cette partie basse appelée le “mouille-pied”. Bien sûr la route était fort ancienne car les Surprenant, Moquin, Boyer, Racine et autres cultivateurs avaient pris soin depuis longtemps d’y ériger leurs demeures en bordure avec façade sur le fleuve. Et lorsqu’en 1912 on résolut, après trois ans d’hésitation, d’excommunier cette voie antique pour construire un boulevard convenable loin de la grève et de ses inconvénients, tous ces gens durent accepter que le “Chemin de la Côte Saint-Lambert” coupât maintenant leurs terres. Et qui plus est, soudain on verrait à quelque distance de la nouvelle route, non plus les jolies devantures, mais bien l’arrière des habitations. Quelques-unes de ces maisons (e.g. celle de M. Surprenant près du boulevard De Rome) témoignent encore, tristes reliques près du cher fleuve, du tracé du vieux “chemin des sauvages”. Bref, chacun donnant gratuitement une largeur de cent pieds sur sa terre pour le passage du chemin nouveau, ce ralliement permit de mener à terme le projet. En plus d’ouvrir aux cultivateurs les marchés les plus avantageux, la nouvelle voie permettrait, aux dires de ses promoteurs, d’augmenter la valeur foncière et d’atteindre “un haut degré de développement social et industriel”. Ainsi jusqu’à la construction de la voie maritime (1959) et de l’autoroute actuelle, la route Édouard VII, depuis le pont Victoria, relia Saint-Lambert à Préville, la Côte Saint-Lambert (aujourd’hui Brossard), Laprairie, Saint-Philippe, Saint-Jacques le Mineur et Napierville. Recherche : Héléna Doré-Désy Texte : Gaétan Bourdages...

    Index des numéros précédents

    LE BASTION VOL. 1 NO. 1, Janvier 1982, 16 pages

    1,50$

    Michel Létourneau : Architecture maison Lavallée-Pommainville.

    Robert Mailhot et André Taillon : Le Royal-Roussillon.

    Viateur Robert : Généalogie.

    Gaétan Bourdages : Nos églises…

    LE BASTION VOL. 1 NO. 2, Juillet 1982, 20 pages

    1,50$

    Michel Létourneau : Architecture maison Cuillerrier.

    Gaétan Bourdages : Deux compagnies du Royal-Roussillon.

    Gaétan Bourdages : Nos églises… (suite et fin).

    Gaétan Bourdages : D’art en or (sur l’orfèvrerie à l’église de LaPrairie).

    LE BASTION VOL. 1 NO. 3, Novembre 1982, 20 pages

    1,50$

    Jules Sawyer : Hommage au docteur André Barbeau.

    Michel Létourneau : Architecture de la maison Lussier.

    René Perron : Marguerite Bourgeoys.

    Gaétan Bourdages : Trois compagnies du Royal-Roussillon.

    Michel Létourneau et Gaétan Bourdages : Le zonage dans le vieux LaPrairie.

    Gaétan Bourdages : La commune de LaPrairie.

    LE BASTION VOL. 1 NO. 4, Février 1983, 28 pages

    2,00$

    Gaétan Bourdages : La culture : un service essentiel.

    André Taillon : le Prix Thomas-Auguste Brisson.

    Michel Létourneau : Histoire de l’Académie St-Joseph.

    Gaétan Bourdages : le 10e anniversaire de la Société historique.

    Gaétan Bourdages : Trois compagnies du Royal-Roussillon.

    Gaétan Bourdages : Le dernier forgeron à LaPrairie.

    André Taillon : Connais-tu LaPrairie?

    Patricia McGee-Fontaine : Histoire du Fonds Élisée-Choquet.

    Aussi : Outils généalogiques.

    LE BASTION VOL. 2 NO. 1, juin 1983, 24 pages

    2,00$

    Jules Sawyer : Edme Henry.

    Gaétan Bourdages: Quatre compagnies du Royal-Roussillon.

    Patricia McGee-Fontaine : Histoire du Fonds Élisée-Choquet (suite).

    Gaétan Bourdages : Outils généalogiques.

    Michel Létourneau : Architecture de la “maison fortifiée”.

    LE BASTION VOL. 2 NO. 2, décembre 1983, 36 pages

    2,50$

    Patricia McGee-Fontaine : Histoire du Fonds Élisée-Choquet (fin).

    Anonyme : Un bedeau à LaPrairie il y a 150 ans ça travaillait fort.

    Emmanuel Desrosiers : La punition de Dieu (légende sur L’île au Diable).

    Michel Létourneau : Le moulin à vent de LaPrairie.

    Gaétan Bourdages : L’île du Seigneur (toponymie).

    LE BASTION VOL. 2 NO. 3, décembre 1984, 34 pages

    2,50$

    Gaétan Bourdages : le Canal de la Rive-sud et le Ruisseau de la Bataille (toponymie).

    Michel Létourneau : Architecture de la maison Patenaude.

    La Minerve : Le grand feu de Laprairie. (1846)

    Emmanuel Desrosiers : Revenants (récit).

    Ildège Brosseau : Dernière tranche de l’histoire des Communes de LaPrairie.

    Relevé effectué par Gaétan Bourdages (directeur du BASTION) le 20 janvier 1986.

    LE BASTION VOL. 1 NO. 1, Janvier 1982, 16 pages 1,50$ Michel Létourneau : Architecture maison Lavallée-Pommainville. Robert Mailhot et André Taillon : Le Royal-Roussillon. Viateur Robert : Généalogie. Gaétan Bourdages : Nos églises… LE BASTION VOL. 1 NO. 2, Juillet 1982, 20 pages 1,50$ Michel Létourneau : Architecture maison Cuillerrier. Gaétan Bourdages : Deux compagnies du Royal-Roussillon. Gaétan Bourdages : Nos églises… (suite et fin). Gaétan Bourdages : D’art en or (sur l’orfèvrerie à l’église de LaPrairie). LE BASTION VOL. 1 NO. 3, Novembre 1982, 20 pages 1,50$ Jules Sawyer : Hommage au docteur André Barbeau. Michel Létourneau : Architecture de la maison Lussier. René Perron : Marguerite Bourgeoys. Gaétan Bourdages : Trois compagnies du Royal-Roussillon. Michel Létourneau et Gaétan Bourdages : Le zonage dans le vieux LaPrairie. Gaétan Bourdages : La commune de LaPrairie. LE BASTION VOL. 1 NO. 4, Février 1983, 28 pages 2,00$ Gaétan Bourdages : La culture : un service essentiel. André Taillon : le Prix Thomas-Auguste Brisson. Michel Létourneau : Histoire de l’Académie St-Joseph. Gaétan Bourdages : le 10e anniversaire de la Société historique. Gaétan Bourdages : Trois compagnies du Royal-Roussillon. Gaétan Bourdages : Le dernier forgeron à LaPrairie. André Taillon : Connais-tu LaPrairie? Patricia McGee-Fontaine : Histoire du Fonds Élisée-Choquet. Aussi : Outils généalogiques. LE BASTION VOL. 2 NO. 1, juin 1983, 24 pages 2,00$ Jules Sawyer : Edme Henry. Gaétan Bourdages: Quatre compagnies du Royal-Roussillon. Patricia McGee-Fontaine : Histoire du Fonds Élisée-Choquet (suite). Gaétan Bourdages : Outils généalogiques. Michel Létourneau : Architecture de la “maison fortifiée”. LE BASTION VOL. 2 NO. 2, décembre 1983, 36 pages 2,50$ Patricia McGee-Fontaine : Histoire du Fonds Élisée-Choquet (fin). Anonyme : Un bedeau à LaPrairie il y a 150 ans ça travaillait fort. Emmanuel Desrosiers : La punition de Dieu (légende sur L’île au Diable). Michel Létourneau : Le moulin à vent de LaPrairie. Gaétan Bourdages : L’île du Seigneur (toponymie). LE BASTION VOL. 2 NO. 3, décembre 1984, 34 pages 2,50$ Gaétan Bourdages : le Canal de la Rive-sud et le Ruisseau de la Bataille (toponymie). Michel Létourneau : Architecture de la maison Patenaude. La Minerve : Le grand feu de Laprairie. (1846) Emmanuel Desrosiers : Revenants (récit). Ildège Brosseau : Dernière tranche de l’histoire des Communes de LaPrairie. Relevé effectué par Gaétan Bourdages (directeur du BASTION) le 20 janvier 1986....

    Le ruisseau de la bataille

    Les “deux batailles” de 1691 à LaPrairie s’inscrivent dans le contexte des guerres indiennes doublées d’un conflit continuel avec les Treize Colonies. Après avoir subi deux raids français en Nouvelle-Angleterre, les Anglais méditent une revanche. Ainsi le 11 août l’attaque anglo-iroquoise commandée par le Major Peter Schuyler atteint le fort de LaPrairie vers cinq heures du matin. En quelques heures les troupes françaises sont anéanties et les pertes sont très élevées. L’envahisseur, qui sort sans contredit vainqueur du premier engagement, se replie vers Saint-Jean afin de rejoindre ses embarcations. Or pendant que se déroulait ce premier engagement au fort de LaPrairie, les deux cents hommes du capitaine de Valrennes étaient en route pour le fort de Chambly. Après avoir entendu la rumeur de l’engagement, ils font demi-tour et, à mi-chemin entre les deux forts, ils aperçoivent les troupes anglo-iroquoises. Rapidement, les forces françaises gagnent un côteau et bloquent à l’ennemi la route vers Saint-Jean. Les hommes de Schuyler n’ont d’autre choix que d’engager le combat. Après une heure les Anglais subissent un revers : la seconde bataille de LaPrairie prend fin. Le ruisseau dit de la Bataille coule encore timidement près du côteau où eut lieu le second engagement du 11 août 1691.

    Les “deux batailles” de 1691 à LaPrairie s’inscrivent dans le contexte des guerres indiennes doublées d’un conflit continuel avec les Treize Colonies. Après avoir subi deux raids français en Nouvelle-Angleterre, les Anglais méditent une revanche. Ainsi le 11 août l’attaque anglo-iroquoise commandée par le Major Peter Schuyler atteint le fort de LaPrairie vers cinq heures du matin. En quelques heures les troupes françaises sont anéanties et les pertes sont très élevées. L’envahisseur, qui sort sans contredit vainqueur du premier engagement, se replie vers Saint-Jean afin de rejoindre ses embarcations. Or pendant que se déroulait ce premier engagement au fort de LaPrairie, les deux cents hommes du capitaine de Valrennes étaient en route pour le fort de Chambly. Après avoir entendu la rumeur de l’engagement, ils font demi-tour et, à mi-chemin entre les deux forts, ils aperçoivent les troupes anglo-iroquoises. Rapidement, les forces françaises gagnent un côteau et bloquent à l’ennemi la route vers Saint-Jean. Les hommes de Schuyler n’ont d’autre choix que d’engager le combat. Après une heure les Anglais subissent un revers : la seconde bataille de LaPrairie prend fin. Le ruisseau dit de la Bataille coule encore timidement près du côteau où eut lieu le second engagement du 11 août 1691....

    Canal de la Rive-sud

    Depuis que Jacques-Cartier et Champlain se heurtèrent tour à tour aux eaux tumultueuses du Sault Saint-Louis, ces rapides posèrent pour longtemps un sérieux problème à la navigation intérieure. Il était pourtant impérieux pour le commerce des fourrures et plus tard pour la pénétration des Grands-Lacs de pouvoir franchir les obstacles naturels qui parsèment le Saint-Laurent.

    Depuis Dollier de Casson qui, dès 1680, eut le premier l’idée de la construction d’un canal qui relierait le lac Saint-Louis et Montréal, jusqu’aux multiples élargissements que subit le canal de Lachine durant le XIXe siècle; la navigation sur le Saint-Laurent connaissait toujours des difficultés imposées par des flottes de navires de plus en plus imposantes. L’ouverture de la Voie maritime, en avril 1959, marquait donc la réalisation d’un rêve vieux de 400 ans et l’aboutissement de négociations intenses pendant 50 ans entre les gouvernements des États-Unis et du Canada. La mise au point du projet nécessita, entre autres, la création d’un canal artificiel d’environ 32 kilomètres de long qui s’étend du pont Jacques-Cartier jusqu’à l’extrémité ouest du village de Kahnawaké (Caughnawaga). Ce canal a une largeur minimum de 61 mètres lorsqu’il a deux berges, de 91,4 mètres lorsqu’il n’a qu’une berge et de 137,2 mètres sur le parcours libre. Sa profondeur atteint partout 8,2 mètres. Il porte, comme il se doit, le nom de Canal de la Rive-sud, puisqu’il longe la rive sud de l’île de Montréal.

    Depuis que Jacques-Cartier et Champlain se heurtèrent tour à tour aux eaux tumultueuses du Sault Saint-Louis, ces rapides posèrent pour longtemps un sérieux problème à la navigation intérieure. Il était pourtant impérieux pour le commerce des fourrures et plus tard pour la pénétration des Grands-Lacs de pouvoir franchir les obstacles naturels qui parsèment le Saint-Laurent. Depuis Dollier de Casson qui, dès 1680, eut le premier l’idée de la construction d’un canal qui relierait le lac Saint-Louis et Montréal, jusqu’aux multiples élargissements que subit le canal de Lachine durant le XIXe siècle; la navigation sur le Saint-Laurent connaissait toujours des difficultés imposées par des flottes de navires de plus en plus imposantes. L’ouverture de la Voie maritime, en avril 1959, marquait donc la réalisation d’un rêve vieux de 400 ans et l’aboutissement de négociations intenses pendant 50 ans entre les gouvernements des États-Unis et du Canada. La mise au point du projet nécessita, entre autres, la création d’un canal artificiel d’environ 32 kilomètres de long qui s’étend du pont Jacques-Cartier jusqu’à l’extrémité ouest du village de Kahnawaké (Caughnawaga). Ce canal a une largeur minimum de 61 mètres lorsqu’il a deux berges, de 91,4 mètres lorsqu’il n’a qu’une berge et de 137,2 mètres sur le parcours libre. Sa profondeur atteint partout 8,2 mètres. Il porte, comme il se doit, le nom de Canal de la Rive-sud, puisqu’il longe la rive sud de l’île de Montréal....

    En bref…

    Cartographie : quelques personnes et particulièrement M. Jean-Michel Rouan, habile cartographe, ont travaillé à reproduire la carte de Jos. Riel (cadastres de la seigneurie de LaPrairie vers 1866) en y superposant les cadastres actuels sur les premiers cadastres, ceci afin de permettre aux gens de la région de repérer facilement les terres de leurs ancêtres. Un index détaillé des noms et cadastres accompagné d’un catalogue des différents secteurs de la carte viendront bientôt compléter ce travail.

    Élections : lors de notre assemblée générale annuelle tenue le 16 mai dernier, étaient élus par acclamation messieurs Viateur Robert (1er vice-président) et Jules Sawyer (secrétaire).

    Archives : Mme Patricia McGee-Fontaine acceptait récemment la direction du Comité des archives de la Société. Nous vous rappelons à ce sujet que le Comité des Archives a pour rôle de récupérer toute la documentation de la SHLM, de la sélectionner et de classifier tous ses documents pour les bien conserver et pour les retrouver facilement.

    Son rôle est également d’acquérir de nouveaux documents. Le Comité a en tout temps, le souci de rendre les “Archives” accessibles aux chercheurs. Le responsable du Comité a pour rôle particulier de coordonner l’ensemble de la documentation, de l’administration et des différents comités; il est assisté par le secrétaire du Conseil exécutif. Il doit également faire un rapport constant des activités du Comité.

    Biens des Jésuites : la Société possède depuis peu une liseuse à microfilm de grande qualité. Cette acquisition s’imposait depuis l’arrivée des sept (7) bobines de microfilms 16mm provenant du Fonds des Jésuites conservé à Québec. L’ensemble représente plus de 12 500 documents relatifs aux concessions et transactions, ainsi qu’aux cens et rentes des seigneuries de LaPrairie de 1647 à 1863 et du Sault Saint-Louis de 1672 à 1799. Vue l’absence totale de quelque index que ce soit, les chercheurs impatients sont priés de s’abstenir.

    I.Q.R.C. : M. Paul Favreau et Mme Patricia McGee-Fontaine ont participé au dernier concours annuel de l’Institut québécois de recherche sur la culture. Ce concours (“Mémoire d’une époque”) est organisé dans le but de créer une banque de données sur la vie des personnes âgées et sur leurs réactions face aux nouveautés de la vie moderne. M. Favreau, célèbre pour la qualité de sa tradition orale, et Mme Fontaine se sont classés parmi les 13 finalistes sur un total de 400 concurrents. Bravo à tous les deux et voilà une heureuse initiative à répéter.

    L’évènement : la SHLM sera à l’avenir chargée du contenu de la page d’histoire régionale qui est publiée à toutes les deux semaines dans le journal l’Évènement.

    Cartographie : quelques personnes et particulièrement M. Jean-Michel Rouan, habile cartographe, ont travaillé à reproduire la carte de Jos. Riel (cadastres de la seigneurie de LaPrairie vers 1866) en y superposant les cadastres actuels sur les premiers cadastres, ceci afin de permettre aux gens de la région de repérer facilement les terres de leurs ancêtres. Un index détaillé des noms et cadastres accompagné d’un catalogue des différents secteurs de la carte viendront bientôt compléter ce travail. Élections : lors de notre assemblée générale annuelle tenue le 16 mai dernier, étaient élus par acclamation messieurs Viateur Robert (1er vice-président) et Jules Sawyer (secrétaire). Archives : Mme Patricia McGee-Fontaine acceptait récemment la direction du Comité des archives de la Société. Nous vous rappelons à ce sujet que le Comité des Archives a pour rôle de récupérer toute la documentation de la SHLM, de la sélectionner et de classifier tous ses documents pour les bien conserver et pour les retrouver facilement. Son rôle est également d’acquérir de nouveaux documents. Le Comité a en tout temps, le souci de rendre les “Archives” accessibles aux chercheurs. Le responsable du Comité a pour rôle particulier de coordonner l’ensemble de la documentation, de l’administration et des différents comités; il est assisté par le secrétaire du Conseil exécutif. Il doit également faire un rapport constant des activités du Comité. Biens des Jésuites : la Société possède depuis peu une liseuse à microfilm de grande qualité. Cette acquisition s’imposait depuis l’arrivée des sept (7) bobines de microfilms 16mm provenant du Fonds des Jésuites conservé à Québec. L’ensemble représente plus de 12 500 documents relatifs aux concessions et transactions, ainsi qu’aux cens et rentes des seigneuries de LaPrairie de 1647 à 1863 et du Sault Saint-Louis de 1672 à 1799. Vue l’absence totale de quelque index que ce soit, les chercheurs impatients sont priés de s’abstenir. I.Q.R.C. : M. Paul Favreau et Mme Patricia McGee-Fontaine ont participé au dernier concours annuel de l’Institut québécois de recherche sur la culture. Ce concours (“Mémoire d’une époque”) est organisé dans le but de créer une banque de données sur la vie des personnes âgées et sur leurs réactions face aux nouveautés de la vie moderne. M. Favreau, célèbre pour la qualité de sa tradition orale, et Mme Fontaine se sont classés parmi les 13 finalistes sur un total de 400 concurrents. Bravo à tous les deux et voilà une heureuse initiative à répéter. L’évènement : la SHLM sera à l’avenir chargée du contenu de la page d’histoire régionale qui est publiée à toutes les deux semaines dans le journal l’Évènement....

    Éditorial – Un plan dans la poche…

    Nul ne contestera que notre Société est bien connue pour son dynamisme et son "agressivité", particulièrement lorsqu'il s'agit de mise en valeur et de sauvegarde. Les bons exemples foisonnent: expositions, conférences, interventions en milieu scolaire, sauvetages archéologiques, informations touristiques, visites guidées, archives et consultations de toutes sortes. Cependant dans grand nombre de cas les résultats obtenus étaient bien inférieurs aux énergies investies: malgré deux employés permanents et un groupe de guides bénévoles solidement formés, bien peu de gens sont venus nous visiter l'été dernier. Il arrive aussi que l'on fasse trop peu et trop tard: la démolition de l'entrepôt Rémillard, les fouilles à la hâte lors de la rénovation du Vieux Marché et le sauvetage de dernière minute sur les lots 98 et 99 (Académie St-Joseph) en sont de tristes illustrations.

    Sans être alarmistes et sans laisser croire que la Société donne constamment des coups d'épée dans l'eau, sans non plus que l'on mette en cause la compétence des intervenants; la réalité s'impose d'elle-même malgré tout. Bref toutes les actions qui ne s'articulent pas autour d'un plan d'ensemble de développement de l'arrondissement historique sont tôt ou tard vouées à l'échec.

    L'heure de la concertation a sonnée, la Société ne doit plus faire cavalier seul et s’immoler en de vains efforts. Elle ne doit plus non plus être constamment tiraillée entre la sauvegarde et le progrès.

    Qu'on le reconnaisse enfin, l'avenir du Vieux LaPrairie appartient aussi à ses habitants, à ses commerçants, au conseil de ville et au Ministère des Affaires culturelles. Ces gens, un jour réunis à la même table, devront s'entendre sur la vocation future de ce secteur de la ville. Lors des discussions les meneurs auront la délicate tâche d'éviter la confusion et la mésentente. Il leur faudra aussi être habiles à concilier des besoins parfois aux antipodes les uns des autres. Et que sera alors le rôle de notre Société dans cette nouvelle Arche de Noé? figure de proue ou ancre flottante ? Nous verrons bien et bientôt je l'espère!

    Nul ne contestera que notre Société est bien connue pour son dynamisme et son "agressivité", particulièrement lorsqu'il s'agit de mise en valeur et de sauvegarde. Les bons exemples foisonnent: expositions, conférences, interventions en milieu scolaire, sauvetages archéologiques, informations touristiques, visites guidées, archives et consultations de toutes sortes. Cependant dans grand nombre de cas les résultats obtenus étaient bien inférieurs aux énergies investies: malgré deux employés permanents et un groupe de guides bénévoles solidement formés, bien peu de gens sont venus nous visiter l'été dernier. Il arrive aussi que l'on fasse trop peu et trop tard: la démolition de l'entrepôt Rémillard, les fouilles à la hâte lors de la rénovation du Vieux Marché et le sauvetage de dernière minute sur les lots 98 et 99 (Académie St-Joseph) en sont de tristes illustrations. Sans être alarmistes et sans laisser croire que la Société donne constamment des coups d'épée dans l'eau, sans non plus que l'on mette en cause la compétence des intervenants; la réalité s'impose d'elle-même malgré tout. Bref toutes les actions qui ne s'articulent pas autour d'un plan d'ensemble de développement de l'arrondissement historique sont tôt ou tard vouées à l'échec. L'heure de la concertation a sonnée, la Société ne doit plus faire cavalier seul et s’immoler en de vains efforts. Elle ne doit plus non plus être constamment tiraillée entre la sauvegarde et le progrès. Qu'on le reconnaisse enfin, l'avenir du Vieux LaPrairie appartient aussi à ses habitants, à ses commerçants, au conseil de ville et au Ministère des Affaires culturelles. Ces gens, un jour réunis à la même table, devront s'entendre sur la vocation future de ce secteur de la ville. Lors des discussions les meneurs auront la délicate tâche d'éviter la confusion et la mésentente. Il leur faudra aussi être habiles à concilier des besoins parfois aux antipodes les uns des autres. Et que sera alors le rôle de notre Société dans cette nouvelle Arche de Noé? figure de proue ou ancre flottante ? Nous verrons bien et bientôt je l'espère!...

    Toponymie – L’Ile du Seigneur

    Voici le premier d’une série d’articles sur la toponymie de la région immédiate de LaPrairie. Puisse cette démarche créer un intérêt nouveau pour cette facette de l’histoire si souvent ignorée.

    Quelle étonnante histoire que celle de l’île du Seigneur. C’est avec surprise d’abord que le chercheur constate que ce mince îlot n’apparaît que tardivement sur les cartes (secondes moitié du XXe siècle). Comment expliquer semblable phénomène ? Mentionnons d’abord qu’il existait à la Côte Sainte-Catherine, sur les bords du fleuve juste en amont de l’île à Boquet, un immense moulin de pierre construit par les Jésuites dans le premier quart du XVIIIe siècle. Ce moulin actionné par une roue à aubes, servait à produire de la farine et plus tard fut utilisé comme moulin à carder. Incendié à la fin des années 1940, on choisit de démolir l’imposante structure en ruine lors des travaux de construction de la Voie maritime du Saint-Laurent.

    Or, afin d’assurer un débit d’eau constant à la roue du moulin, les Jésuites avaient fait ériger sur le lit du fleuve un petit rempart de pierre (les anciens disaient une “dam”) qui servait à diriger l’eau des rapides vers le moulin. Vers 1905-1910, les frères Médéric et Moïse Guérin, qui logeaient dans le moulin, eurent l’idée d’accumuler de la terre et des pierres sur le petit rempart déjà existant. Avec les années, le muret devint un îlot de 50 sur 100 pieds auquel un petit point de bois (de lourdes planches déposées temporairement) permettait d’accéder pendant la belle saison. Environ 25 pieds séparaient la petite île naissante de la terre ferme. Médéric Guérin y installa une petite cabane (elle eut jusqu’à 5 chambrettes) qui lui servait de logement en été et de point de vente illicite de bière et de “whisky blanc” durant les années 1920.

             Comme le poisson abonde à cet endroit (proximité des rapides), Médéric en profita pour préparer des bouillons de poissons (carpe, maillé, alose) à ses visiteurs, ce qui lui assurait un revenu supplémentaire. Une bonne part du poisson capturé était aussi cédée à des marchands de Montréal. Qu’on ajoute à cela l’argent recueilli dans la petite boîte à aumônes qu’il plaçait à côté d’une statue de Saint-Antoine exposée bien à la vue sur l’île, et l’on comprendra comment M. Guérin parvenait à subsister.

    Célibataire, “bon vieux”, Médéric Guérin était apprécié et recevait à chaque été sur “son île” un nombre impressionnant de visiteurs. Cela alla tant et si bien qu’on finit par l’appeler “le seigneur de la dam” et plus tard “le seigneur de l’île”. De “seigneur de l’île” à “l’île du seigneur”, il n’y a qu’un pas que l’imagination populaire eut tôt fait de franchir. Le “seigneur” décédé dans les années 1940, l’île fut abandonnée pour être intégrée plus tard au rempart de retenue du canal de la Rive-sud. L’île apparaît maintenant sur les cartes et loge une partie du parc provincial de la Côte-Sainte-Catherine.

    Informateurs : M. Paul Favreau et Mme Berthe Dubuc-Favreau de LaPrairie.     

    Voici le premier d’une série d’articles sur la toponymie de la région immédiate de LaPrairie. Puisse cette démarche créer un intérêt nouveau pour cette facette de l’histoire si souvent ignorée. Quelle étonnante histoire que celle de l’île du Seigneur. C’est avec surprise d’abord que le chercheur constate que ce mince îlot n’apparaît que tardivement sur les cartes (secondes moitié du XXe siècle). Comment expliquer semblable phénomène ? Mentionnons d’abord qu’il existait à la Côte Sainte-Catherine, sur les bords du fleuve juste en amont de l’île à Boquet, un immense moulin de pierre construit par les Jésuites dans le premier quart du XVIIIe siècle. Ce moulin actionné par une roue à aubes, servait à produire de la farine et plus tard fut utilisé comme moulin à carder. Incendié à la fin des années 1940, on choisit de démolir l’imposante structure en ruine lors des travaux de construction de la Voie maritime du Saint-Laurent. Or, afin d’assurer un débit d’eau constant à la roue du moulin, les Jésuites avaient fait ériger sur le lit du fleuve un petit rempart de pierre (les anciens disaient une “dam”) qui servait à diriger l’eau des rapides vers le moulin. Vers 1905-1910, les frères Médéric et Moïse Guérin, qui logeaient dans le moulin, eurent l’idée d’accumuler de la terre et des pierres sur le petit rempart déjà existant. Avec les années, le muret devint un îlot de 50 sur 100 pieds auquel un petit point de bois (de lourdes planches déposées temporairement) permettait d’accéder pendant la belle saison. Environ 25 pieds séparaient la petite île naissante de la terre ferme. Médéric Guérin y installa une petite cabane (elle eut jusqu’à 5 chambrettes) qui lui servait de logement en été et de point de vente illicite de bière et de “whisky blanc” durant les années 1920.          Comme le poisson abonde à cet endroit (proximité des rapides), Médéric en profita pour préparer des bouillons de poissons (carpe, maillé, alose) à ses visiteurs, ce qui lui assurait un revenu supplémentaire. Une bonne part du poisson capturé était aussi cédée à des marchands de Montréal. Qu’on ajoute à cela l’argent recueilli dans la petite boîte à aumônes qu’il plaçait à côté d’une statue de Saint-Antoine exposée bien à la vue sur l’île, et l’on comprendra comment M. Guérin parvenait à subsister. Célibataire, “bon vieux”, Médéric Guérin était apprécié et recevait à chaque été sur “son île” un nombre impressionnant de visiteurs. Cela alla tant et si bien qu’on finit par l’appeler “le seigneur de la dam” et plus tard “le seigneur de l’île”. De “seigneur de l’île” à “l’île du seigneur”, il n’y a qu’un pas que l’imagination populaire eut tôt fait de franchir. Le “seigneur” décédé dans les années 1940, l’île fut abandonnée pour être intégrée plus tard au rempart de retenue du canal de la Rive-sud. L’île apparaît maintenant sur les cartes et loge une partie du parc provincial de la Côte-Sainte-Catherine. Informateurs : M. Paul Favreau et Mme Berthe Dubuc-Favreau de LaPrairie.     ...