- Au jour le jour, novembre 2007
Une Société historique à La Prairie en 1967 ?
Au moment même où nous fêtons notre 35e anniversaire de naissance nous découvrons avec surprise dans l’édition du journal Le Reflet du 20 mars 1967 qu’une première « Société Historique de La Prairie » avait existée avant 1972.
« Depuis le 16 mars 1967, le conseil des ministres a accepté l’incorporation de la Commission du Tricentenaire de La Prairie. Le nom exact de l’incorporation se lit comme suit : Société Historique de La Prairie.
La composition du nouveau bureau reste sensiblement la même. Président, M. Alphonse Moquin, les vice-présidents sont M. Paul-Émile Brossard, Roger Brisson, Emmanuel Touchette; les directeurs sont messieurs Clément Beaumier, Maurice Bonvouloir, Marcel Oligny; secrétaire-archiviste : Réal Legault; trésorier : Marc Deslauriers; le conseiller juridique : Me Bernard Lefebvre. »
Quarante années plus tard une conversation avec M. Maurice Bonvouloir devait nous éclairer sur cette affaire.
Q : Pourquoi la Commission du Tricentenaire avait-elle choisi de s’incorporer sous le nom de Société Historique de La Prairie?
R : On voulait s’occuper de l’histoire parce qu’il n’y avait rien de ce genre à l’époque à La Prairie. Au cours des fêtes du Tricentenaire on a même incarné des personnages de l’histoire de La Prairie. N.D.L.R. La couverture de la pochette du disque en vinyle produit pour les fêtes de 1967 était une photo du quai de La Prairie vers 1900.
Q : Que s’est-il produit par la suite?
R : Après les fêtes du Tricentenaire on voulait continuer dans la même veine i.e. s’occuper de l’histoire de La Prairie. Les membres du comité se sont réunis une ou deux fois. Comme chacun était déjà très occupé dans d’autres organismes, alors l’engouement pour l’histoire est tombé. De plus Me Bernard Lefebvre est tombé malade et on ne s’est plus réunis.
Ainsi donc s’est éteint en 1967 le projet d’une société historique, projet qui allait réellement prendre vie cinq ans plus tard avec la menace que la compagnie Gulf ferait peser sur le Vieux La Prairie.
- Au jour le jour, octobre 2007
La maison Moquin
La maison Moquin a été démolie par une pelle mécanique au matin du vendredi 14 septembre 2007.
M. Toussaint Moquin avait vendu sa maison sise au 1125 Chemin de Saint-Jean à La Prairie. Située dans un secteur zoné « commercial » il était certain que la bâtisse allait disparaître.
Or cette maison avait plus de 150 ans et constituait un joyau du patrimoine architectural de La Prairie. Construite en 1856 par Ambroise Hébert sur une terre de 50 arpents qu’il avait héritée de ses parents (Joseph Hébert et Marie-Josèphe Bauzette) elle fut plus tard cédée à son beau fils Alexis Moquin. Depuis, la maison avait toujours été la propriété de la famille Moquin. « La maison aurait été construite avec trois rangs de brique américaine transportée par chemin de fer ou avec de la brique provenant de la briqueterie Coupal-Lareine à La Tortue. Il existe une autre maison de même type et de la même époque sise au 1215 Chemin de Saint-Jean (Centre chiropratique Guy Briand). » Il est à espérer que cette dernière ne subisse pas un jour le même sort.
Suite à la destruction de l’édifice nous avons recueilli quelques briques et du mortier. Des analyses de ces artefacts pourraient ultérieurement nous fournir des indices sur la provenance de la brique.
Fidèle à sa mission la SHLM a écrit une lettre au conseil municipal dont nous publions ici l’essentiel du contenu :
« Face à cette menace évidente il existerait plusieurs solutions. D’abord le plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) de ce secteur autorise-t-il une telle démolition? Le permis de démolition dans une telle zone ne doit-il pas être approuvé par le comité d’urbanisme? Ce dernier pourrait au minimum exiger qu’un relevé métrique et architectural soit effectué avant la démolition.
Bien sûr il eut été possible que la municipalité, dans un souci de protection du patrimoine bâti, demande au Ministère de la culture et des communications un classement du bâtiment. Certes il est trop tard pour poser un tel geste. À défaut de ce faire, le conseil municipal pourrait citer l’édifice à titre de monument historique. Nous reconnaissons que cette solution n’est pas intéressante tant pour le propriétaire actuel que pour l’acheteur.
Pourquoi alors ne pas songer à préparer l’avenir car d’autres bâtiments patrimoniaux de La Prairie seront menacés par ce qu’il est convenu d’appeler le « progrès ».
Compte tenu de sa mission, la SHLM croit qu’il est toujours temps à La Prairie de développer l’art de conserver le patrimoine bâti situé à l’extérieur de l’arrondissement historique. C’est pourquoi la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine se permet de suggérer aux élus municipaux l’adoption des mesures suivantes, en collaboration avec les propriétaires concernés :

1. Procéder à un inventaire exhaustif et documenté des constructions à valeur patrimoniale situées à l’extérieur de l’arrondissement historique.
2. Mettre en place et intégrer dans le PIIA des mécanismes sévères de protection des édifices ainsi reconnus.
3. Prévoir des budgets pour l’aide à la conservation et à la restauration de ces bâtisses.
4. Informer la population de La Prairie de l’existence de ces maisons et des mesures prises pour les protéger.
La SHLM souhaite non seulement la mise en place de ces mesures, elle offre son appui inconditionnel et ses ressources pour faciliter leur élaboration.
Conscients d’oeuvrer pour le mieux être des générations futures, soyez assurée de notre pleine et entière collaboration dans ce domaine. »
Nous sommes toujours dans l’attente d’une réponse de la part de la municipalité.
Compte tenu des pressions énormes que le « progrès et le développement économique » font subir au patrimoine bâti il est à craindre que d’autres édifices anciens soient ainsi menacés dans un avenir plus ou moins rapproché. Malgré une certaine culture du secret, nous devons demeurer vigilants afin d’éviter que le pic du démolisseur sape à nouveau dans un joyau de notre identité culturelle.

- Au jour le jour, octobre 2007
Mystérieuse monnaie (suite)
En lisant une première fois le texte qui précède nous avons cru à tort que l’expression « Comité des fêtes du 150e » désignait le comité « La Prairie en fête » créé expressément pour commémorer le 150e anniversaire du chemin de fer à La Prairie. Or M. André Taillon, le président de « La Prairie en fête » en 1986 nous a répondu en ces termes au sujet de la commande des pièces de monnaie :
« […] Je suspecte encore Via Rail qui était vraiment dans le coup. Cependant les gens impliqués dans ce dossier, malgré leur ouverture, ont toujours voulu garder l’initiative.
Deux autres partenaires auraient pu agir dans ce domaine : le Musée ferroviaire de St-Constant et la ville de St-Jean. Les gens du musée, plus transparents, n’ont jamais fait allusion aux pièces. Du côté de St-Jean, je serais fort surpris. Quand nous avons fait des rencontres de planification pour les festivités, la ville était représentée par un « junior » et leur planification portait beaucoup plus sur l’animation populaire, ce qui était bien cependant.
Je me souviens aussi qu’à la conférence de presse conjointe, de toutes les parties impliqués lors du lancement du programme des Fêtes, (La Prairie, St-Jean, le Musée de St-Constant, etc.) le personnage vedette était Laurence Hannigan, le président du C.A. de Via Rail, ce qui indique un haut degré d'implication de cet organisme. […] »
Or nous avons retracé un carton d’invitation au lancement d’une pièce de monnaie qui indique clairement que c’est la Corporation du 150e anniversaire du Premier Chemin de fer de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu qui a eu l’idée de faire frapper des pièces commémoratives pour célébrer d’une façon particulière l’avènement du train au Canada.
Or nous soupçonnons que les gens de La Prairie ignoraient tout de cette démarche et qu'ils ont tout simplement décidé de « bouder » l'invitation d'assister au lancement des pièces de monnaie à Saint-Jean.
Plusieurs questions demeurent malgré tout sans réponse. Nous poursuivons notre enquête avec l’intention de vous en dire davantage dans une prochaine édition…
Mille mercis à M. André Montpetit pour sa précieuse collaboration.
- Au jour le jour, octobre 2007
Mystérieuse monnaie
Dans le cadre de notre exposition sur « Les chemins de fer dans la MRC de Roussillon », au début de l’été 2007 l’un de nos membres M. André Montpetit, numismate et philatéliste, faisait don à la SHLM de trois pièces de monnaie commémorant en 1986 le 150e anniversaire du premier chemin de fer au Canada entre La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu. Il est important que nous puissions documenter ces artefacts avant de les inclure dans notre collection.
Or l’origine et l’émission de ces « dollars de commerce » suscitaient de nombreuses questions. Avec la permission des auteurs, nous reproduisons ici intégralement le texte du catalogue : Les jetons municipaux du Québec par MM. Jocelyn Roy et Yvon Marquis – Les Éditions Numispro – C.P. Le Bic Qc – G0L 1B0.
« C’est pour commémorer le 150e anniversaire du voyage inaugural du premier train de passagers au Canada (le 21 juillet 1836) entre La Prairie et St-Jean-sur-Richelieu (une distance de 16 milles), que cette pièce fut commandée par le Comité des Fêtes du 150e auprès de la Monnaie royale canadienne, en 1986. L’avers montre une reproduction de la première locomotive canadienne (La Dorchester) avec le nom Canada en haut de la pièce. La valeur, 5 dollars est sous la locomotive. Le nom des deux villes est au bas ainsi que l’inscription « $5 valide until Sept 1st. 1986 – $5 valide jusqu’au 1er. Sept. 1986 » On notera l’erreur dans le mot anglais valide qui est écrit avec un e à la fin (au lieu de valid). Le revers présente le portrait de Robert Stephenson qui construisit La Dorchester (sa 127e locomotive) dans son usine de Newcastle-on-Tyne en Angleterre.
Cette émission est fortement questionnée pour ne pas dire contestée par plusieurs collectionneurs, car les pièces ne furent jamais émises pour circulation. En effet, en raison de l’erreur dans le texte anglais les pièces furent retenues.
Les plans initiaux prévoyaient offrir les pièces par ensembles de trois (bronze, cuivre naturel, cuivre antique) présentées dans un écrin au coût de $20. On avait également prévu offrir une pièce en argent au coût de $34. Les pièces devaient être offertes en vente uniquement à la Banque Royale des deux villes. Seulement quelques ensembles auraient été vendus car la distribution fut arrêtée lorsqu’on découvrit l’erreur. Mais y aurait-il une autre raison à ce retrait? Des recherches ont démontré que Via Rail fut contacté par le promoteur du projet mais refusa d’y participer. Le promoteur a-t-il été contraint de retirer les pièces par Via?
Sinon, pourquoi ne pas avoir demandé à la Monnaie royale de corriger l’erreur et de frapper de nouvelles pièces? Se pourrait-il que l’erreur venait du dessin soumis, d’où l’obligation pour les émetteurs de payer pour la fabrication d’une nouvelle matrice sans erreur? (ce qui aurait réduit de beaucoup les profits potentiels). Et avec une valeur de $5 (élevée pour l’époque) combien de pièces avait-on initialement pensé frapper? (Selon certaines sources la Monnaie royale aurait émis 20,000 ensembles). Ce sont là des questions qui sont encore sans réponses.
*Il y aurait eu également 5 pièces de frappées en or et 1 en platine. »
- Au jour le jour, juin 2007
Du nouveau dans l’arrondissement
Archéologie
À propos de ceux qui souhaitent que l’enfouissement des fils dans le Vieux La Prairie permette la découverte de nouveaux artefacts archéologiques, madame Annie Tétreault du Ministère de la Culture et des Communications précise que le mandat des archéologues vise davantage à protéger ce qui est dans le sol et non pas nécessairement à retirer des objets du sol. Il s’agit vraisemblablement d’une approche axée sur le principe de la « préservation pour les autres générations ».
La ville de La Prairie possède déjà 37 boîtes d’artefacts divers (céramique, verre, bois, os etc.) conservés dans un entrepôt à Québec. Une bonne partie de ces artefacts a déjà été traitée pour leur préservation. La Prairie aurait tout intérêt à récupérer ces objets pour les mettre en valeur et les conserver dans les meilleures conditions possibles.
Maisons anciennes
Depuis 1975 tant les organismes gouvernementaux que les individus ont investi énormément d’énergie et d’argent pour la restauration et la conservation des bâtiments anciens situés à l’intérieur de l’arrondissement historique. Plusieurs suggèrent maintenant qu’un recensement des bâtiments anciens sur le territoire de la municipalité soit réalisé et que les propriétaires desdits bâtiments soient avertis de la valeur patrimoniale de leur maison.
Identification du Vieux La Prairie
Afin d’identifier clairement le secteur Vieux La Prairie le ministère des Transports du Québec n’autorise qu’une seule enseigne qui serait installée sous l’enseigne de l’autoroute 15/132. Selon le service d’urbanisme de la ville cette identification n’est pas suffisante : l’installation d’une autre série d’enseignes sur l’autoroute 30 s’impose.
Bruit autoroutier
Depuis la reconstruction de l’autoroute 15/132 les résidents du Vieux La Prairie ont tôt fait de constater que l’intensité sonore d’un pavage de béton est plus élevée que celle d’un pavage de bitume. Le ministère des Transports avait retenu comme mesure corrective la construction d’un mur antibruit le long de l’autoroute. Ces travaux sont estimés à 17 M$ avec une participation de 50% de la part de la municipalité. Le ministère de la Culture et des Communications s’est déjà prononcé contre cette mesure pour le secteur de l’arrondissement historique. De plus de nombreux résidents craignent que la vue sur le fleuve ne soit compromise.
- Au jour le jour, juin 2007
Diagnostic culturel
Le 30 mai dernier avait lieu à l’île Saint-Bernard une rencontre de consultation entre 23 participants représentant différents organismes culturels de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent. La SHLM y était représentée par Mme Lucie Longtin, trésorière. En plus de ces représentants on y retrouvait 14 personnes désignées par des partenaires du domaine de la culture : la Conférence régionale des Élus de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent (CRÉ – VHSL), le Conseil Montérégien de la culture et des communications (CMCC) et le Ministère de la Culture, des communications et de la condition féminine (MCCCF). Somme toute beaucoup de monde pour discuter de culture.
L’objectif premier de cette rencontre était de déterminer par vote cinq priorités à développer dans le secteur culturel dans notre région. Voici donc dans l’ordre ce qui a été retenu :
Il faut avant tout s’occuper de financement. Tous les organismes présents déplorent que leur financement n’ait pas connu d’amélioration depuis de nombreuses années. On faut constamment quémander des fonds avec la crainte qu’on n’aura pas le même argent l’année suivante. Dans ces conditions il est difficile de planifier à long terme.
En second lieu on a retenu comme important le positionnement de la culture au sein du CRÉ. Tous constatent que nos élus ne sont pas suffisamment conscientisés à l’importance de la culture : que faire pour améliorer cette situation?
Troisièmement l’ensemble des participants étaient d’accord pour voir à consolider et entretenir les équipements existants. Trop d’organismes sont mal logés : locaux exigus ou requérant des travaux majeurs ; comment être efficace quand le toit coule à chaque averse? Notre région a un urgent besoin de locaux et de salles de réunion. On déplore l’absence quasi complète de lieux d’hébergement et de salles de grandes dimensions capables d’accueillir des congrès.
Dans le domaine culturel les ressources nécessaires pour assurer une permanence ; le répondeur téléphonique fait office de secrétaire. On reconnaît également qu’il est de plus en plus difficile de recruter des bénévoles, surtout que les bénévoles n’ont hélas souvent pas accès à la même formation que les employés. Une situation qu’il importe de corriger.
Enfin la cinquième priorité retenue est l’amélioration des communications avec et entre les différents organismes qui supervisent le développement de la culturels dans notre région. Les intervenants sont nombreux, chacun ignorant trop souvent les décisions des autres. L’absence de communications efficaces résulte en une mauvaise économie des ressources. Souvent on ne sait plus à qui s’adresser pour satisfaire nos demandes. Un dossier à suivre absolument…
- Au jour le jour, février 2007
Joseph Garnet Wolseley – De La Prairie au Soudan (suite)
L’Égypte
Dix ans plus tard, en 1880, la Grande- Bretagne décida d’intervenir en Égypte à la suite d’une révolte contre la domination turque. Wolseley se vit offrir le commandement de près de 31 000 hommes. Rawson, qui a servi sous les ordres de Wolseley à La Prairie, guide l’armée britannique à travers le désert. Au moment où Wolseley prend le contrôle de l’Égypte, les Anglais rentrent au Soudan pour enrayer la traite des esclaves et libérer des populations civiles.
En réalité on veut éviter que le Soudan n’envahisse l’Égypte et par le fait même prenne le contrôle du Canal de Suez. Le major-général Charles George Gordon qui dirige les troupes au Soudan, est piégé à Khartoum par les troupes du Mahdi.
En 1882, la Grande-Bretagne confie à Wolseley le commandement d’un corps expéditionnaire chargé de libérer Gordon. Se rappelant l’efficacité des voyageurs canadiens Wolseley a l’idée folle d’atteindre le Soudan en remontant le Nil sur 400 petits bateaux construits en Angleterre. Il obtient l’autorisation de faire appel aux vétérans de la Rivière Rouge pour conduire les bateaux sur les Nil. Quatre cents portageurs canadiens sont recrutés : métis, Iroquois de Caughnawaga, également des hommes de Trois-Rivières, Ottawa et Winnipeg. La troupe est composée de 50% de francophones catholiques et 50% d’anglophones protestants. Wolseley insiste pour avoir plusieurs Iroquois de Caughnawaga car ils sont habiles à sauter les rapides de Lachine sur des radeaux de poutres bois équarries (les cages), ce que les autres cageux ou raftman craignent de faire. N’oublions pas qu’à cette époque les Iroquois de Caughnawaga sont catholiques et ont le français comme seconde langue. C’est à partir du début du XXe siècle qu’ils se sont anglicisés.
La liste de ces 400 voyageurs existe : il faudrait pouvoir la consulter pour voir s’il ne s’y trouvait pas des gens de La Prairie. On traverse sur l’Ocean King à partir de Québec. Le père Bouchard servira de leader spirituel auprès des franco-catholiques de l’expédition.
Nos voyageurs sont délinquants, souvent ivres mais vaillants au cours de cette remontée du Nil. Ils feront 4 des 6 cataractes du grand fleuve. Lorsque Wolseley se rend compte en décembre qu’il arrivera un mois en retard pour sauver Gordon, il décide qu’une moitié de l’armée poursuivra son périple par le désert. Seuls 100 des 400 voyageurs continuent l’expédition. Les 300 autres devenus inutiles reviennent au Caire et font la fête. Leur retour au Canada sera héroïque, ils rentrent pleins de fierté.
Wolseley arrive trop tard et Gordon ne sera pas sauvé. L’armée britannique finira quand même par reprendre Khartoum.
Conclusion
« Les années que Joseph Garnet Wolseley passa au Canada furent décisives. Les futurs dirigeants de la milice canadienne qui sub irent son influence au camp de La Prairie bénéficièrent de ses talents d’instructeur. » (DBC) Son ouverture d’esprit et sa capacité de faire confiance à ceux qu’il jugeait compétents ont permis à de nombreux canadiens de s’illustrer auprès de lui. Wolseley est décédé à Menton en France le 26 mars 1913.
- Au jour le jour, février 2007
Joseph Garnet Wolseley – De La Prairie au Soudan
Présentation
Le texte qui suit est pour l’essentiel inspiré de l’émission « Des idées plein la tête » animée par l’anthropologue Serge Bouchard et diffusée sur les ondes de la radio de Radio-Canada. Le 30 octobre 2006 M. Bouchard présentait, dans le cadre d’une heure consacrée aux remarquables oubliés de l’histoire, un portrait élogieux de Joseph Garnet Wolseley. On peut en apprendre davantage sur ce personna ge en consultant le Dictionnaire Biographique Canadien (DBC) Volume XIV pp. 1176-1179 par O.A. Cooke ainsi que Canadians on the Nile de Roy McClaren.
Séjour à La Prairie
Joseph Garnet Wolseley est né en Irlande en 1833. Jeune encore il choisit la carrière militaire et à partir de 1852 il prend part à plusieurs guerres coloniales à travers l’immense empire britannique : Birmanie, Inde, Crimée et Chine.
En 1862, Wolseley arrive en garnison à Montréal après avoir été affecté au commandement canadien en qualité d’adjoint au quartiermaître général. « Promu colonel le 5 juin 1865, il eut ses premiers véritables contacts avec la milice canadienne à l’automne, quand on le prêta au camp d’instruction de Laprairie (La Prairie), près de Montréal, à titre de commandant. Ce camp avait pour mission d’offrir une expérience pratique aux diplômés des écoles militaires tenues au Canada par l’armée britannique. […] Chacun des 1 105 élèves-officiers inscrits au stage de trois semaines, exerçait successivement toutes les fonctions militaires, depuis celle d’officier supérieur de troupe jusqu’à celle de simple sentinelle ». (DBC) Les supérieurs de Wolseley parlèrent de son séjour à La Prairie en termes très élogieux. Il aura contribué de façon marquante à la formation des futurs dir igeants de la milice canadienne. On se souviendra ici que, suite à l’invasion américaine de 1812, l’armée britannique avait décidé de construire une série de fortifications dans des endroits stratégiques à proximité des frontières avec les É.-U. Vers 1822 on érigea à La Prairie d’importantes casernes militaires en pierre qui étaient situées sur le site actuel de l’école secondaire La Magdeleine. Ces casernes après avoir été abandonnées, disparurent dans un incendie à la fin du 19e siècle.
L’affaire Riel
En 1870 Wolseley prend la tête d’une expédition dans l’ouest canadien afin de « négocier » avec le gouvernement de Louis Riel.
« Du point de vue de l’organisation, l’expédition de la Rivière-Rouge fut exemplaire. Les détails en furent réglés avec un tel soin que les militaires purent franchir, avec tout leur équipement, les quelque 600 milles de terrain inhospitalier séparant le lac Supérieur et les Prairies. Il conduisit, […] jusqu’à la Rivière- Rouge, une force composée de près de 400 soldats britanniques, de plus de 700 miliciens canadiens et de nombreux voyageurs et ouvriers civils – et ce sans perdre un seul homme. En tout, les membres de l’expédition firent 47 portages et parcoururent 51 milles de rapides. » (DBC)
Wolseley gardera un souvenir impérissable des nombreux voyageurs qui ont participé à cette expédition.
Rappelons-nous que les voyageurs sont des hommes forts et fiers, habiles à transporter passagers et marchandises sur de petits bateaux à travers tout le réseau hydrographique canadien.
Leur efficacité sur l’eau et sous des conditions difficiles est légendaire.
- Au jour le jour, novembre 2005
Rajuster le tir?
Voilà plus de trente ans (depuis 1972) que notre société d’histoire consacre ses énergies à la protection du patrimoine de La Prairie. Les efforts des pionniers devaient mener à la création de l’arrondissement historique en 1975. Ce fut un mal pour un bien puisque, dans les décennies qui suivirent, la SHLM allait en quelque sorte s’enfermer dans l’arrondissement afin d’en protéger le patrimoine bâti, de poursuivre ses recherches sur l’histoire locale, de collectionner ses archives, de constituer sa bibliothèque et son centre de généalogie.
Cela fut fait avec brio malgré les difficultés de financement et de recrutement de bénévoles !
Hélas! une telle attitude a sa contrepartie : la SHLM demeure peu connue de la population de La Prairie ; trop souvent nous sommes perçus comme une société savante et les gens hésitent à franchir nos portes. On craint ce qu’on ne connaît pas. Bien sûr les activités du club de généalogie et nos publications ont réussi à gagner quelques adeptes, mais cela est peu face à une population de plus de 20 000 habitants. Des efforts de sensibilisation et d’éducation ont également été déployés auprès de la clientèle scolaire ; notre succès est temporaire, souvent la mémoire des enfants se vide avec la fin de l’année scolaire.
Défendre avec énergie le Vieux La Prairie c’était aussi négliger tout le patrimoine bâti situé à l’extérieur de l’arrondissement historique. De belles demeures anciennes ornent pourtant le Chemin de St-Jean, Fontarabie et La Bataille. Rien n’a été fait pour les protéger ou encore pour s’assurer de restaurations conformes aux caractéristiques architecturales des bâtiments. En outre, peut-être faudrait- il que la SHLM, comme cela se fait ailleurs, étende ses préoccupations à la protection du milieu naturel.
Nous sommes absents des grandes manifestations populaires comme «La Prairie en fête». Pourquoi ne pas organiser des expositions itinérantes dans les maisons d’enseignement, au centre culturel ou au centre d’achat La Citière ? Pour nous faire connaître, il nous faut aller vers les gens et multiplier les partenariats.
Enfin, sans doute à cause de l’absence de complices évidents, la SHLM joue de plus en plus le rôle de bureau d’information touristique. Compte tenu de ce qui précède, n’est- il pas venu pour nous le temps de jouer pleinement ce rôle en association étroite avec les élus municipaux et les gens d’affaires ? Finie la réclusion; ouvrons nos portes plus grandes sans pour autant délaisser notre mission première. Avec une saine collaboration et un appui financier adéquat, nous pouvons devenir un leader dans l’accueil des visiteurs et le rayonnement de notre ville.
Il faut prendre la place qui nous revient. Allons-nous oser ?
- Au jour le jour, mai 2005
Pont chômeur
À cause de la construction imminente d’un triplex le «Pont Chômeur» devra bientôt être déplacé de son site d’origine. Voici le texte de la lettre adressée à monsieur Guy Brossard du service d’urbanisme de la ville de LaPrairie :
Le «Pont Chômeur» est un modeste monument de béton placé en bordure de la rue Sainte-Rose. Il fut construit en 1932 par les chômeurs lors de la grande crise économique (1929-1939) afin de permettre aux eaux de drainage des terres de s’écouler sous la rue Sainte-Rose. Ces eaux s’écoulaient parallèlement à la rue Levée. Ce pont est toujours à l’endroit exact où on l’érigea en 1932.
Comme l’assurance-chômage et l’aide sociale n’existaient pas à l’époque, les gouvernements durent mettre sur pied des mesures d’urgence (le secours direct) afin de venir en aide aux trop nombreux chômeurs. On lança également une série de grands travaux publics afin de remettre les chômeurs à l’œuvre : le Jardin botanique de Montréal, le boulevard Taschereau, la construction de la conduite principale d’aqueduc en tuyau de huit pouces à La Prairie et le Pont Chômeur en sont des exemples. En retour de leur participation à ces travaux les chômeurs recevaient, en plus de la fierté, des bons échangeables contre de la nourriture, des vêtements ou du bois de chauffage.
Les chômeurs de La Prairie étaient donc très fiers de leur «pont», bien que la lettre N y soit placée à l’envers (voir la photo).
Aujourd’hui ce pont, malgré sa mine pitoyable et sa fragilité, constitue le dernier souvenir tangible de la crise de 1929 à La Prairie. Il demeure le seul témoin d’une époque difficile et mal connue, et mérite d’être conservé.
Nous recommandons qu’il soit déplacé avec précautions vers un espace vert, soit Place du Centenaire ou Place de la Mennais. On pourrait également choisir de le conserver et de le reloger dans un parc lors de la réouverture de la rue Saint-Louis (ancien site de Rose et Laflamme). Dans tous les cas le pont devrait être accompagné d’une plaque commémorative expliquant son origine.