
- Au jour le jour, septembre 2008
ARCHÉOLOGIE – ÉTÉ 2008
De nombreux artefacts amérindiens ont été mis à jour : d’abondantes céramiques Meadowood datant d’au moins 4 500 ans avant aujourd’hui ainsi que des pointes de flèches typiques de l’Archaïque. Il s’agit des plus vieilles pointes de flèche jamais trouvées à La Prairie. On a également découvert un foyer amérindien rue Sainte-Marie, aussi une petite figurine en terre cuite qui aurait orné la base d’une pipe et qui suite à des échanges entre les groupes amérindiens proviendrait de la région des Grands Lacs.

Les sites fouillés abritent aussi des objets d’origine européenne. La rue Saint-Ignace a fourni un intéressant échantillonnage de la vie domestique au 17e siècle alors que sur la rue Sainte-Marie les artefacts de la vie domestique au 18e siècle s’y trouvaient en quantité appréciable.
La découverte de nombreuses bases de pieux ayant servi à ériger la palissade fortifiée est venue remettre en question le tracé déjà connu du fort original. Ces nouvelles données obligent à reformuler les hypothèses émises à ce jour. Il est certain que le périmètre réel du fort et son orientation diffèrent quelque peu du plan fait en 1704.

Inspirés par les résultats des fouilles effectuées il y a quelques années par l’archéologue François Grondin et en s’appuyant sur la plan établi par Charles Manuel en 1840, l’équipe de Brian Ross a également procédé à des sondages devant l’église actuelle afin de repérer de façon précise le périmètre de l’église de pierre construite en 1705. On peut désormais affirmer que, contrairement à ce qu’on avait toujours cru, le clocher de la première église de pierre n’était pas rattaché au bâtiment principal.
Enfin les archéologues ont poussé leurs observations jusque sur l’ancien site de Rose et Laflamme car il est éventuellement question d’y ouvrir l’ancienne rue Saint-Louis.
Bien qu’il ne s’agisse ici que de résultats préliminaires, on peut d’ores et déjà affirmer que la campagne de fouilles de l’été 2008 s’est avérée être des plus fructueuse. Le sous-sol du Vieux La Prairie est toujours aussi riche d’un immense potentiel archéologique.

- Au jour le jour, mai 2008
Un chemin de fer à La Prairie
Au milieu de la décennie 1820 le Vermont voit ses forêts complètement épuisées. On y a récolté trop d’arbres et il faut trouver une nouvelle façon d’approvisionner la Nouvelle- Angleterre en bois. C’est alors que l’on songe aux forêts du Québec. Ce fut l’un des nombreux facteurs qui motiva les promoteurs à construire un lien ferroviaire entre Montréal et la ville de Dorchester (St-Jean) sur le Richelieu.
Dans notre premier article sur L’Impartial nous avions indiqué que les deux propriétaires du journal étaient Jaumenne et Raymond. Il est fort probable qu’il s’agisse de Jean-Moïse Raymond. Ce dernier était associé avec son père, à La Prairie, en 1810, dans la cie Jean-Baptiste Raymond et Fils, spécialisée dans la production de la potasse et le commerce des produits manufacturés, il dirigea l'entreprise de 1825 à 1839.
Élu député de Huntingdon en 1824. Réélu en 1827. Élu dans Laprairie en 1830, il appuya le parti canadien, puis le parti patriote.
Raymond était le beau-père du notaire Jean-Baptiste Varin, il était également lié à Joseph Masson, son beau-frère et seigneur de Terrebonne. Masson fut l’un des principaux actionnaires du chemin de fer. Raymond exerça d’énormes pressions pour convaincre les habitants de La Prairie des bienfaits du projet; ils craignaient que cela nuise à l’agriculture et à leur quiétude champêtre. Et surtout à titre de député Raymond fit amender la chartre afin d’inclure le village de Laprairie comme terminus de la future voie ferrée.
À la lumière de ce qui précède on comprendra mieux le ton enthousiaste des trois textes publiés dans L’Impartial au sujet de ce projet.
Vol. 1 No. 3 11 décembre 1834
On sait que depus quelques tems il est question de faire une route de ce genre pour établir la communication entre Montreal et St. Jean. Le projet et sur le point de se réaliser et dans ce moment les Ingenieurs sont occupes a dresser le plan de la Route. L’état florissant de notre village, la communication déjà établie avec Montreal sont autans de considerations qui doivent les decider à faire aboutir la nouvelle route à Laprairie ; si cet Espoir se realise, nul doute que notre village ne prenne un accroissement rapide et qu’il ne parvienne promptement a un etat de Prosperite qui lui donnera l’apparence et la population d’une ville. Un comite s’est assemble samedi dernier à Montreal afin de donner cette decision nous n’en connaissons pas encore le resultat mais nous avons lieu de croire que l’interet prive des Entrepreneurs ainsi que celui du public les engagera à faire paser la nouvelle route par Laprairie.
CHEMIN DE FER
Nous eprouvons la plus grande satisfaction de pouvoir annoncer a nos lecteurs de Laprairie, qu’il est enfin decide que le chemin en fer du Lac Champlain au fleuve St. Laurent, aboutira a Laprairie.
Les considerations qui ont decide l’Ingenieur sont celles-ci : d’abord la diminution de la longueur de la route ; qui est d’environ cinq-milles, en second lieu l’avantage d’eviter de faire passer la route sur un terrein tres long plein de foudrieres et en outre celui d’eviter la construction d’un quai pour les Stem Boat d’une etendue considerable et expose a des grands dangers tous les printemps.
Cinq cents notions ayant déjà été obtenue la compagnie se reunira le 29 de ce mois pour nommer les directeurs charges des premiers operation de la societe, il parait decide qu’on mettra la main a l’oeuvre des le printemps nous Exortons tous les amis de la prosperite de leurs pays, et qu’ils possedent des capitaux de s’empresser a prendre des actions dans cette entreprise evidemment si utile et si profitable.
19 février 1835
C’est avec une vive satisfaction que nous annoncons à nos concitoyens que les entreprenneurs du chemin en lisses, qui doit établir une facile communication entre le lac Champlain et le St.Laurent, déployent la plus grande activité dans leurs préparatifs, déjà ils ont donné à l’entreprise l’énorme quantité de blocs qui doivent servir à la construction du chemin, et le choix de la personne qui doit faire cette livraison considérable est une garantie que les travaux ne souffriront pas de retard, à peine quelques jours se sont écoulés depuis l’adjudication et déjà de nombreux ouvriers sont partis pour aller abattre et préparer les arbres qui doivent être convertis en blocs, et tous les travailleurs ne quitteront leur chaume que pour amener au printems, les radeaux contenant le bois qu’ils auront préparé.
Puisse cette entreprise donner l’élan aux spéculateurs. Les moyens faciles de communication sont une source de prospérité pour le pays qui possèdent, car comme les artères et les veines portent la chaleur et la vie dans le corps humain, de même les canaux et les routes en fer font pénétrer le commerce et l’industrie dans les coins les plus reculés du pays qui les établit.

- Au jour le jour, avril 2008
L’Impartial et la nouvelle église de La Prairie
L’église de pierre de 1705 étant devenue vétuste et trop étroite pour accommoder les paroissiens, dès 1832 il est question de construire une nouvelle église. Vite abandonné, le projet reprendra vie en 1835. La nouvelle église devra être nettement plus grande afin d’augmenter le nombre de places. Les premiers plans voient le jour en 1836 et leur réalisation exige des sommes considérables. En conséquence les syndics procèdent à l’imposition d’une taxe parmi la population. L’ajout imprévu de nouveaux matériaux provoque une hausse des coûts et donc l’imposition d’une seconde taxe sans consultation auprès des paroissiens. Ces derniers s’en plaignent et un procès s’ensuit dont le verdict rendu en juillet 1838 leur donne raison. Un climat d’amertume règne dans la paroisse et les plans d’origine sont abandonnés. Il faut attendre 1839 pour que les syndics confient la réalisation des plans de l’église actuelle à Pierre-Louis Morin.
Les extraits de L’Impartial qui suivent témoignent avec justesse du climat de l’époque.
15 janvier 1835
Depuis trois a quatre ans le village de Laprairie a Considérablement augmenté par les nouvelles Batisses qui ont été faits surtout sur le terrein concédé pour agrandir l’ancien Village. D’après cette augmentation il est devenu necessaire de faire des règlements pour le police intérieure de l’endroit, et a cet égard l’on a qu’a se louer de ceux eui ont été chargés de les faire exécuter. mais quoique les rues soient maintenant en bonne état et qu’il règne partout des trottoirs il reste encore bien des ameliorations a désirer, la principal est celle d’agrandir et rectofier la place du Marché, ce qui pourrait très aisément se faire en faisant un autre amélioration bien plus considérable. Nous voulons dire la Batisse d’une nouvelle église, il est en effet surprenant que dans un Village aussi considérable que le notre, centre d’une paroisse aussi riche, passage aussi fréquenté par les Etrangers, notre vielle Eglise soit un objets de surprise pour l’œil du passant d’un autre côté la nécessité la plus impérieuse exige qu’on s’occupe de la réparer ou d’en batire une nouvelle à moins qu’on ne veuille prier Dieu en pleine air, ce qui ne serait pas si agréable que dans le midi de l’Italie. Nous pouvons heureusement avancer qu’il y a quelque tems, des personnes bien intentionnées ont tenté les moyens de parvenir à cette fin soit la pénurie d’argent soit la crainte que les intéressés eurent d’être entrainés dans de trop grandes dépences, ses bonnes intentions ne peuvent réussir et le projet fut ajourné. Qu’il nous soit permis de suggérer un plan, qui pourrait amener l’affaire a bonne fin sans exiger de grand déboursés de la part des habitans supposons que la Batisse couta entre £4500 5000 la fabrique possède en caisse au de la de £2009 . D’après les informations que nous avons prises nous savons que Monseigneur notre Evêque a permis, que cette somme fut appliquée pour l’intérieur de la nouvelle Eglise, et si cette somme était plus que suffisante pour l’intérieur, d’appliquer le surplus à l’extérieur, or pour parvenir a exécuter facilement cette entreprise il faudrait établir un devis exacte des ouvrages à faire pour l’intérieur accompagné d’une estimation approximative de la somme qu’ils couteraient, en ayant soin de ne point estimer les choses trop bas. Cela fait, on saura la somme dont on pourra disposer pour le dehors. En second lieu comme l’expérience a déjà démontré qu’il est presque impossible d’obtenir en argent une cotisation de chaque habitant propriétaire de terre ou emplacement nous serions d’avis que des souscriptions fussent ouvertes pour obtenir des journées de travail manuel et des journées de chariage; par ce moyen il ne restera plus que la maçonnerie et partie de la charpente, nous disons partie parce qu’en la donnant à l’entreprise on pourrait fournir une certaine quantité de bras qui auraient souscrit.
D’après ce calcul il resterait encore une forte somme d’argent à payer ce que d’après notre opinion, pourrait se faire au moyen des revenus de l’ancienne Eglise qui continuerait d’exister jusqu'à ce que l’autre fut achevée, de manière que l’entrepreneur aurait toute espece de garantie pour la sureté de ces payements. Et en supposant même que l’ancienne Eglise ne fournirait pas pour payer le tout, la nouvelle pourrait aisément y suppléer pourvu que l’entrepreneur donna un délai nécessaire ce qui serait aisé de trouver en payant un peu plus chère ce qui équivodrait a un emprunt avec intérêst et aurait ensuite l’avantage d’éviter beaucoup de démarches et peut-être de désagrémens.
Nous soumettons l’opinion que nous venons d’émètre aux jugements de nos lecteurs.
Il est certainement dans la Paroisse des gens d’une grande expérience et bien plus capable que nous de porter un jugement sur cette affaire importante. Mais comme par la profession que nous venons d’embrasser nous somme engagés a travailler au bien public, nous espérons que si nos lecteurs n’adoptent pas notre plan en entier ils pourront, nous aimons à le croire, y trouver quelques idées pour parvenir au résultat désiré.
Le 29 janvier 1835
D’apres une convocation faite par Messire notre Curé Dimanche le 25 de ce mois, une assemblée de tenancier a eu lieu aujourd’hui dans la sacristie de notre Eglise a l’effet d’approuver et de signe rune requête adressée à Mrgr. L’Evêque de Québec pour obtenir la permission de bâtir une Nouvelle Eglise. Messire Boucher, ayant fait lecture d’un projet de requête, il fut généralement aprouvé et la plupart des personnes présentes le signèrent. Nous félicitons les habitans de la paroisse de ce résultat et nous engageons fortement au nom du bien public, toutes les personnes qui n’étaient pas à la l’assemblée, à s’empresser de venir signer la requète. Personne ne peut douter de la nécessité, de l’urgence même de bâtir un nouvel édifice pour l’exercice de notre culte. L’ancienne église tombe de vétusté, elle trop petite et nullement en rapport avec la population, enfin exposé comme elle est sur la route des Etats-Unis, elle fait souvent naître un sourire sardonique sur les lèvres du voyageur qui vient de traverser un pays où on ne néglige rien pour donner de l’apparence aux temples. Un autre argument en faveur de la nouvelle construction c’est, comme nous l’avons déjà dit la régularité qu’acquerra notre marché, lorsque la nouvelle Eglise étant bâtie, on abattra l’ancienne. On doit convenir qu’alors cette place, maintenant si étroite et si irréguliere présentra un tout autre coup d’œil.
Que si quelques personnes sachant que ce nouvel édifice reposera en partie sur le cimetière craignant que cela ne dévienne trop petit, nous leur réponderont que par rapport à la salubrité publique il serait à désirer qu’on imitat ce qui à été fiat à Montréal et dans bien d’autre endroits; c’est-à-dire, qu’on transferat le cimetière hors du Village dans un terrein qui ne couterait rien à la Fabrique.
Nous terminerons notre article par une observation qui ne peut manquer d’exercer une chaude influence sur quelques personnes : On gêle dans le vieille Eglise! On se propose de construire quatre cheminées dans la nouvelle, où d’ailleurs un nombre de bancs, proportionné à son étendu, permettre non seulement à chaque Paroissien d’y avoir le sien, mais en fera probablement diminuer le prix de location.
Le 26 février 1835
Un vol a été commis dernièrement dans l’Eglise Episcopale de ce Village. Les Coussins, le surplis, la couverture de la table de communion et autre objets ont été emporté. Nous espérons que les voleurs seront découverts.
Le 30 avril 1835
Nous avons été témoins aujourd’hui d’une cérémonie toujours intéressante en elle-même, mais spécialement pour l’endroit où elle se passe. Messire Manseau Curé de Longueil par ordre de Monseigneur l’Evèque est venu, de concert avec les notables du Village, désigner l’emplacement de notre nouvelle Eglise. Depuis longtems on s’occupait de cet objet et nous avons plusieurs fois exprimé le voeux de voir remplacer notre vieille Eglise par un monument qui correspondit mieux aux besoins et à l’étendue de la population. Ce voeu est enfin réalisé et une croix, plantée en présence de M. le Curé de Longueil indique le lieu où ce nouveau Temple va s’élever. La situation en est bien choisie et cet édifice de 161 pieds de long sur 60 1/2 de large (à l’intérieur) et de 40 pieds d’élévation, avec une Sacristie de 36 pieds, mesure de France, donnera un aspect nouveau et élégant à notre marché. La nouvelle Eglise fera face au chemin de St. Jean et un portail élevé en rehaussera l’apparence.
Messire Manseau après avoir fait planter la croix, après lecture du procès verbal, adressa un petit discours aux habitans rassemblés, dans lequel il les félicita de l’accord et du zèle qu’ils avaient montrés.
Aussitôt que les préparatifs nécessaires seront terminés, on commencera la construction du nouvel édifice. Nous en félicitons nos concitoyens. L’Eglise actuelle n’était plus en rapport avec notre population : elle tombait d’ailleurs de vétusté et ne contribuait nullement à l’embellissement du Village.

- Au jour le jour, mars 2008
Le pont de glace de l’hiver de 1834-1835 à La Prairie
En cette période de réchauffement climatique et au moment où s’achève un hiver exceptionnellement chargé de neige n’est-il pas intéressant de jeter un coup d’œil sur ce qu’était un hiver du « bon vieux temps » à La Prairie. Aujourd’hui encore on parle de ces hivers comme ayant été particulièrement longs et froids, et pourtant!
Rappelons-nous qu’au 19e siècle lorsque les glaces commencent à se former sur le fleuve, les steamboats cessent leurs activités et La Prairie demeure sans lien avec Montréal jusqu’à ce que les glaces soient suffisamment sûres pour baliser le pont de glace. Ce lien revêt une importance majeure tant sur le plan économique que social pour les habitants de La Prairie. La pratique du pont de glace se poursuivra bien au-delà de l’ouverture du pont Victoria en 1859. C’est cette aventure de la traverse en hiver que nous racontent ces extraits tirés du journal L’Impartial. Brève chronique d’une rude époque.
N.B. Le texte est cité tel qu’il est paru dans L’Impartial.
Les cabanes sont prêtes…
26 déc. 1834 – Les Propriétaires des Cabanes qui doivent prendre leur quartier d’hiver sur la glace dans le chemin qui doit nous conduire à Montréal sont tous prêts à les placer au lieu de leur destination cette précaution et le tems (sic) des derniers jours nous font esperer qu’une communication facile aura lieu sous peut (sic) entre nous et les Citoyens de Montreal. Les Chemins sont beaux et nos Marchés sont très garnis; La penurie d’argent fait que tous les objets sont à très bon marché.
Bientôt la traverse!
8 janvier 1835 – Le froid intense qui persiste depuis plusieurs semaine a solidifie la glace dans beaucoup d’endroits de la rivière, des dimanche dernier on a pu traverse a une demi lieu au dessus de Longueuil et tout fait esperer qu’avant huit jours nous n’aurons plus besoin de faire aucun detour pour aller visiter nos amis a Montreal sous ce rapport, la saison est tres avancee, car l’hyver dernier le chemin entre Laprairie et Montreal ne fut pratique qu’au milieu du mois de fevrier, neanmoins la riviere Le mot « rivière » désigne ici le fleuve Saint-Laurent. n’a pas beaucoup grossi et aucune rue de notre Village n’est inondee ainsi que cela a lieu ordinairement a cette epoque. Jusqu’en 1960 les inondations ont représenté un fléau majeur pour La Prairie.
Froid intense…
15 janvier 1835 – Le froid a continue a regner avec une rigueur et une intensité peu communes jusqu’à lundi dernier les vieillards s’accordent à dire qu’ils ont vu fort peu d’hyvers aussi rigoureux, dans le commencement et surtout accompagnés d’une gelée aussi persistante, le thermomètre de réaumur Le thermomètre de Réaumur inventé en 1730 sera utilisé jusqu’à la fin du 19e siècle. est descendu plusieurs fois, la semaine dernière, à 26 degres au dessous de zero (-32 C), aussi la glace sur la rivière, a pris un degré de consistance et depaisseur (sic) extraordinaire pour la saison. On traverse avec sureté depuis huit jours, de Montreal a Laprairie la communication entre les deux endroits est tres active et le village postiche de cantiniers est range sur la route et la traverse est constamment couverte d’une grande quantite de carioles et traineaux.
Un règlement pour les cabanes?
5 février 1835 – Le procès qui vient d’être intenté à l’un des propriétaires des Cabanes établies sur la glace […] nous a suggéré quelques reflexions […].
Ces auberges en miniature, jusqu’à présent établies dans des vues d’intérêt particulier, nous paraissent susceptibles de servir à l’utilité publique, en soumettant les propriétaires à un règlement. On pourrait entr autres choses exiger que leur nombre ne déppasât pas trois ou quatre trois et qu’elles fussent placées à dix ou douze arpens (sic) l’une de l’autre. Par ce moyen et en obligeant chaque cantinier de placer un fanal au dessus de sa cabane, on préviendrait les accidens dans un des endroits les plus dangereux de la traverse. En second lieu il nous paraitrait convenable de défendre aux cantiniers, sous une forte amande (sic), de donner à boire à toute personne déjà ivre et surtout de permettre qu’aucun individu s’ennivre chez eux, attendu que tout homme voyageant dans un état d’inébriation (sic) et qui se trouve abandonné à lui-même sur la glace pendant l’obscurité, court le plus imminant danger de perdre la vie. La consommation d’alcool était un problème social préoccupant dans le Québec du 19e siècle. […] Nous pensons […] que soumis à un bon règlement, ils (ces cafés temporaires) peuvent être utiles; surtout en réfléchissant que bien souvent le pont de glace, sur lequel ils sont établis existe pendant un tiers de l’année.
Alors quand le voyageur est transi de froid dans sa cariole, malgré les fourrures dont il s’est enveloppé, avec quels délices ne s’arrête-t-il pas un moment à ces Cabanes pour rechauffer ses membres engourdis a la chaleur aimable d’un bon poële? […]
Accident et négligence.
26 février 1835 – Déjà plusieurs fois nous avons fait des observations sur la négligence coupable que les officiers publics apportent dans l’exercice de leurs devoir. Nous avons prédit le malheur qui vient d’arriver. C’est par une espèce de prodige que les accidens ne se soient pas multipliés par le mauvais tems qui a régné ces jours derniers. Comment dont se fait-il que des personnes en place chargée de veiller à la sureté publique, se jouent ainsi de la vie de leurs concitoyens. […]
Il est d’usage que la paroisse de St. Philippe et celle de Laprairie fasse baliser la traverse, non seulement d’un côté, mais de tous les deux avec de jeunes arbres, fixés dans la glace d’une manière solide, et telle que prescrit la loi. Cette année, on ne fait rien, et le malheureux qui est forcé à voyager pendant la nuit ou la ‘poudrerie’ est exposé à perir, quand il serait si facile de le sauver. Puisse cette note faire impression sur ceux que la chose regarde. […]
Le temps s’adoucit!
19 mars 1835 – L’Hyver tire à sa fin et parait vouloir, dans son dernier mois de règne, nous dédommager de lexcessive rigueur avec laquelle il pesé sur nous dans le commencement. Depuis huit à dix jours, nous jouissons d’une douce température; nous avons même eu plusieurs fois de la pluie, ce qui a gâté considérablement les chemins; en sorte que les communications sont devenues difficiles dans certains endroits. Tout fait presager que la navigation sera ouverte de bonne heure et que le vingt d’Avril ne se passera pas sans que nous voyons nos majestueux Steamboats sillonner les eaux du St. Laurent. […]
Frôler la mort sur le fleuve.
9 avril 1835 – Lundi dernier plusieurs traines se suivaient, en revenant de Montreal se dirigeant vers la Tortue. Arrivees à peuprès vis-à-vis de Laprairie tout-à-coup la glace s’enfonça sous les pieds des chevaux des deux premières traines et bientôt chevaux et traines disparues, entrainées par le courant. Les conducteurs qui venaient derrière, s’empressèrent de retenir leurs chevaux et coururent aux secours de leurs compagnons, qui se noyaient. Le beau frère d’un de ces derniers parvient à le saisir par le revers de la manche de sa capotte et il le souleva avec la plus grande peine attendu que son compagnon Dont on ne voyait plus le sommet de la tête, l’avait saisi par le cinture. Enfin, quoique la glace se rompit à chaque instant sous leurs pieds, ils parvinrent à se retirer du gouffre, qui devait les engloutir et ils arrivèrent à Laprairie transis de froid. […]

- Au jour le jour, février 2008
L’Impartial
Cet article est le premier d’une série ayant pour objectif de vous présenter le journal L’Impartial, journal littéraire, scientifique, commercial et d’agriculture édité à La Prairie dans la première moitié du XIXe siècle. La SHLM possède une copie numérisée des 25 numéros parus entre novembre 1834 et mai 1835 (les nos 4, 15 et 18 manquent).
Certains des propos qui suivent sont tirés d’une étude du professeur Kenneth Landry du Centre de recherche en littérature québécoise de l’Université Laval. Ces extraits sont suivis d’un astérisque.
L’Impartial fait partie d’une liste de 13 « miscellanées » de langue française publiées au Bas-Canada entre 1778 et 1837 et qui ont connu une véritable explosion vers les années 1820 et 1830. Ces journaux ressemblaient au Reader’s Digest actuel : « compilation de fictions brèves et divertissantes, […] articles courts d’un intérêt universel, repiqués ou condensés d’autres périodiques […] et de la publicité. »* « Cependant, contrairement à l’almanach, qui s’adresse surtout au peuple (un public élargi), les miscellanées visent un public lettré. »* […] « Quant au contenu, c’est encore l’époque où les rédacteurs sont plutôt des compilateurs, armés de ciseaux et d’un pot de colle, qui choisissent, parmi les journaux et les périodiques qui arrivent au pays, des articles à reproduire. »* […]
« Deuxièmement, ils se démarquent par un contenu composé majoritairement d’extraits littéraires repiqués, puisés largement dans les périodiques européens et américains » *(…). Voilà ce qui décrit assez fidèlement à quoi ressemblait L’Impartial de La Prairie.
Autre élément essentiel de ces périodiques; le prospectus de lancement qui définit les circonstances, les principaux objectifs et l’idéologie des éditeurs. Faute d’espace nous vous présentons dans les lignes qui suivent quelques extraits parmi les plus explicites du prospectus de lancement de L’Impartial daté du 2 novembre 1834 et signé des éditeurs Jaumenne et Raymond. Les soulignés sont de nous.
La Publication d’un nouveau Journal, dans un endroit qui a été récemment temoin de l’existence languissante, de l’agonie et enfin de la mort d’un ouvrage de ce genre… » Il y aurait donc eu à La Prairie un journal semblable qui aurait précédé L’Impartial.
[…] se proposent de publier ce Journal en Anglais et en Français. Cela ne va pas durer puisque dès le deuxième numéro les éditeurs précisent que « A la demande d’un grand nombre de leurs abonnés et vu le peu d’etendu de leur feuille, les Editeurs de L’Impartial ont pris le parti de le rediger entieremens en langue Française. »
On aura déjà constaté que cet espèce de fourre tout à prétention littéraire est truffé de nombreuses fautes de français, la typographie y est d’ailleurs peu soignée, il y absence d’accent sur plusieurs lettres et les anglicismes pullulent. Là-dessus les éditeurs sentent le besoin de s’expliquer : « Nous prions nos lecteurs de nous excuser s’il Remarquent des fautes d’impression dans notre Journal. Notre Imprimerie etant tellement en desordre que nous n’avons pu encore regulariser ni nous procurer les e accens egus qui nous manquent; nous esperons neanmoins etre en meilleur ordre sous peu de temps. » Peut-on parler ici de départ boiteux?
Mais revenons à notre prospectus de départ : « […] ils n’auraient même ose s’y hazarder s’ils n’avaient été encouragés par un grand nombre de personnes les plus recommandables de ce Village et des environs […] Il semble que les circonstances rendent nécessaire l’émission d’un Journal qui soit destine à distraire les esprit, quand ils sont fatigués par de profondes méditations sur les affaires du temps. » Le climat économique et politique est difficile et nous sommes à la veille des rébellions de 1837-1838.
[…] « Quant à ce qu’on appelle la couleur d’un Journal, les Editeurs espèrent que le titre d’Impartiale qu’ils ont adopté pour leur feuille, indiquera suffisamment qu’il en aura aucune. […] Sincèrement amis du Canada, les Editeurs abandonnent a d’autres le soin d’en discuter les intérêt, pour eux leur devise sera (Utilité, Instruction, Agrement) et ils auront rempli leur but s’ils parviennent à répandre quelques lumières chez les unes et à délasser les autres… » […]
C’est avec curiosité que nous avons parcouru tous les numéros de L’Impartial publiés tous les jeudis. Certaines conclusions s’imposent : nous ne savons rien de l’éditeur Jaumenne si ce n’est qu’il publie dans chaque numéro une annonce où étonnamment il se présente comme un instituteur prêt à donner chez lui, pour une somme modique, des cours d’orthographe et de grammaire française. Son nom n’apparaît pas dans les BMS de La Prairie. En ce qui concerne son associé Raymond nous y reviendrons dans un prochain article.
L’Impartial reproduit largement et presqu’exclusivement des articles tirés de journaux venus de France et sur des sujets qui nous ont semblé de peu d’intérêt pour le lecteur d’ici. Contrairement à ce qui est annoncé dans le prospectus les éditeurs y cultivent parfois l’allusion et la polémique. Les nouvelles agricoles, les recettes de cuisine et les blagues occupent peu d’espace.
Tout ce qui concerne La Prairie est toujours placé à la fin de chaque numéro et il s’agit presque toujours de nouvelles cocasses ou anecdotiques. Très peu à lire sur l’histoire de la Prairie. Dans les prochains numéros du Au jour le jour nous reviendrons de façon détaillée sur le contenu de L’Impartial.

- Au jour le jour, janvier 2008
Le Marché Lussier
Plusieurs critères sont à considérer lorsqu’il s’agit de déterminer le caractère patrimonial d’un édifice. L’âge, les techniques de construction, le type d’architecture et l’histoire de son occupation comptent parmi les plus importants. Il n’est pas facile de jauger l’importance relative de chacun de ces éléments. Nous croyons malgré tout que l’édifice dont il est ici question mérite le titre d’édifice patrimonial.
Suite à la mise en forme d’un projet de construction commerciale trois bâtisses auraient dues être démolies à l’automne 2007 à l’extrémité nord-ouest de l’ilot formé par les rues Taschereau, Saint-Georges et Chemin de Saint-Jean. Ce projet est retardé par des complications reliées au bail d’un des locataires. Quoi qu’il en soit, des trois constructions en cause seul l’ancien Marché Lussier mérite qu’on s’attarde à son histoire et à son caractère historique.
Le terrain (lot 226) actuellement occupé par Néron Sports, le salon de bronzage (ancienne pharmacie Saint-Cyr depuis 1967) sur Taschereau et Patio La Prairie (l’ancien Marché Lussier) sur Saint-Georges avait été donné par Mme Flavie Brosseau le 11 mars 1892 à Jean-Baptiste et Joseph Lussier. Ces derniers vendront le terrain à Eugène Lussier le 7 août 1920.
Eugène Lussier était un homme d’affaires prospère et fut à une certaine époque le plus important propriétaire de La Prairie. L’édifice de la rue Saint-Georges a été construit en 1926 à partir de plans dressés par un architecte. Bien qu’on y ait utilisé des poutres d’acier sous le contrôle d’un ingénieur, contrairement à ce qu’affirme M. Jean-Pierre Lussier sulpicien et fils d’Eugène, il ne s’agit pas du premier édifice de La Prairie à intégrer la poutre d’acier. Nous savons avec certitude que la maison Charlebois rue Sainte-Marie (ancienne Banque Nationale) construite vers 1885 possède des poutres d’acier.
Le logement situé à l’étage ne fut occupé qu’à partir de 1936 année du mariage tardif d’Eugène (il est âgé de 50 ans) avec Laurette Lacroix. Jean-Pierre et Hélène naîtront de cette union. Le logement est cossu; larges fenêtres, plafonds ornés, boiseries et vaste solarium dans la section de gauche qui est légèrement en retrait.
À l’extérieur l’édifice a fière allure : dimensions bien proportionnées, frise en bordure du toit et brique de grande qualité. Malheureusement la bâtisse ayant été négligée par son dernier propriétaire elle n’a plus aujourd’hui la prestance d’autrefois. À l’arrière il y eut longtemps un hangar pour les marchandises.
Le Marché Lussier a été un magasin général jusqu’en 1951 : commerce important situé à l’extérieur du Vieux La Prairie. Par la suite la surface est occupée par une épicerie où l’on vend également de la peinture. S’y succèdent Rolland Lussier (frère d’Eugène) et son fils Jacques. En 1967 M. Fournier prend l’épicerie en main jusqu’en 1969, Michel Lussier reprend ensuite le commerce jusqu’à sa vente.
Lors du décès d’Eugène en 1960 l’édifice est géré par la succession, soit le Trust Général du Canada et Mme Laurette Lussier (l’épouse). En décembre 1973 la succession cède la bâtisse à Jean-Claude Ménard. L’épicerie est convertie en « dépanneur » pendant quelques années.
Le petit commerce de gauche verra tour à tour se succéder un restaurant, une bijouterie, une pharmacie, un commerce de chaussures et un magasin d’antiquités.
Nous déplorons la démolition imminente de l’ancien magasin général. Son histoire est intimement liée à celle de La Prairie. À notre avis seuls un inventaire exhaustif des édifices patrimoniaux situés hors de l’arrondissement historique et l’adoption d’un plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) permettront d’établir des politiques claires de préservation du patrimoine bâti. Prière de consulter à ce sujet notre article sur la maison Moquin paru dans le Au jour le jour d’octobre 2007.

P.S. L’édifice a été démoli le 14 janvier 2008 et en observant les travaux de démolition nous avons pu constater qu’il y avait effectivement trois poutres d’acier qui supportaient l’étage.

- Au jour le jour, décembre 2007
Mystérieuse monnaie : dernier épisode
Dans le numéro d’octobre 2007 du présent bulletin nous avons fait paraître un article au sujet d’un coffret de trois «dollars de commerce» numismatiques offert à la SHLM par M. André Montpetit.
L’article en question reproduisait intégralement le texte du catalogue « Les jetons municipaux du Québec » par MM. Jocelyn Roy et Yvon Marquis. Grâce à un article publié dans le journal Le Reflet, une récente conversation avec M. David Barklay allait nous éclairer tant sur les erreurs véhiculées par cet article sur les jetons municipaux que sur des affirmations fausses contenues dans l’invitation au lancement des pièces le vendredi 4 juillet 1986 à St-Jean-sur-Richelieu.
Précisons d’abord que M. Barklay était à la fois l’unique promoteur privé et le financier de la production de ces dollars de commerce. M. Barklay possède également les copyright des dessins de la locomotive Dorchester qui apparaît sur l’avers des pièces. Cependant Via Rail n’était ni un partenaire ni un intervenant dans cette affaire.
Contrairement à ce qu’affirmait le texte en encadré reproduit à la page suivante, aucune entente n’avait été conclue avec quelque organisme que ce soit pour le partage des bénéfices. Ces pièces étaient en vente dans les banques et les Caisses populaires de St-Jean et de La Prairie, mais comme cela ne suffisait pas à écouler un grand nombre de pièces, elles furent offertes à travers le Canada via le magazine de CP Rail consacré aux chemins de fer.
Ce n’est qu’après l’émission de la monnaie qu’on se rendit compte de l’erreur du mot VALIDE en anglais qui avait un E de trop à la fin. La distribution ne fut pas arrêtée à cause de cette erreur; c’est simplement que le promoteur s’était fixé un temps limite pour la durée de la vente et lorsque ce délai fut écoulé il a tout simplement retiré de la circulation les pièces non vendues.
Mille pièces en or 24 carats d’une once troy (c’était la première fois que la monnaie royale du Canada frappait des pièces de 24 carats), 20 000 en argent, 20 000 coffrets de trois pièces frappées dans les trois métaux les plus utilisés par les chemins de fer, et une pièce en platine de 2 onces troy furent émises. M. Barklay a toujours en sa possession les pièces non vendues et projette de les remettre en circulation dans un avenir pas trop lointain. Quel pourrait être l’effet de l’apparition de ces pièces sur le marché des collectionneurs?
Si quelque lecteur était intéressé à se procurer l’une ou plusieurs de ces pièces, prière d’entrer en communication avec la secrétaire-coordonnatrice de la SHLM.
« UN GESTE DE CIVISME ET LA POSSIBLITÉ DE GAGNER 1,000$
La Corporation du 150e anniversaire du Premier Chemin de fer a eu l’idée de faire frapper des pièces commémoratives pour célébrer d’une façon toute particulière l’avènement du train au Canada.
Le vente de ces pièces au public va se faire par l’entremise des gens d’affaires et de tous les organismes intéressés.
Les pièces pourront être achetées directement dans les banques participantes, lesquelles s’engagent à reprendre les invendues à leur valeur d’achat, jusqu’au 1er septembre 1986.
Cependant, il importe de savoir qu’aucun profit ne sera retiré de la vente de ces pièces, car les bénéfices générés seront partagés entre cinq organisme locaux et régionaux : la Chambre de Commerce du Haut-Richelieu, l’Office du Tourisme du Haut-Richelieu, la Corporation du 150e anniversaire du Premier Chemin de Fer Canadien, le Conseil Economique du Haut-Richelieu et la SIDAC Centre-Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Unies pour la circonstance, ces associations, désireuses d’offrir de meilleurs services à leur clientèle respective, demandent donc à tous leurs membres de se procurer les pièces commémoratives (sans risque, puisqu’encore une fois les pièces non-écoulées seront reprises par les banques) et de les faire ainsi profiter de subsides qui seront mis à la disposition de toute la collectivité.
Pour en savoir davantage, il est primordial d’assister à une conférence de presse qui aura lieu le 4 juillet prochain, de 17 heures à 19 heures, au Bar Beethoven, situé au 35 rue St-Jacques, à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Toutes les personnes présentes courent la chance de gagner une pièce d’or estimée à 1,000.00$.
Merci de l’attention portée à la présente et au plaisir de vous rencontrer au soir du 4 juillet.
La Chambre de Commerce du Haut-Richelieu
L’Office du Tourisme du Haut-Richelieu
La Corporation du 150e anniversaire du Premier Chemin de Fer Canadien
Le Conseil Economique du Haut-Richelieu
La SIDAC Centre-Ville de St-Jean-sur-Richelieu »
Comme chacun le constatera, ce texte de juillet 1986 contient deux erreurs : d’abord il affirme à tort que c’est la Corporation du 150e anniversaire qui a eu l’idée de faire frapper les pièces commémoratives, ensuite on laisse faussement entrevoir un partage des bénéfices entre cinq organismes locaux et régionaux.
On notera également que la date limite pour se procurer les pièces était fixée au 1er septembre 1986. La période de vente n’aura durée qu’à peine deux mois.

- Au jour le jour, novembre 2007
Une Société historique à La Prairie en 1967 ?
Au moment même où nous fêtons notre 35e anniversaire de naissance nous découvrons avec surprise dans l’édition du journal Le Reflet du 20 mars 1967 qu’une première « Société Historique de La Prairie » avait existée avant 1972.
« Depuis le 16 mars 1967, le conseil des ministres a accepté l’incorporation de la Commission du Tricentenaire de La Prairie. Le nom exact de l’incorporation se lit comme suit : Société Historique de La Prairie.
La composition du nouveau bureau reste sensiblement la même. Président, M. Alphonse Moquin, les vice-présidents sont M. Paul-Émile Brossard, Roger Brisson, Emmanuel Touchette; les directeurs sont messieurs Clément Beaumier, Maurice Bonvouloir, Marcel Oligny; secrétaire-archiviste : Réal Legault; trésorier : Marc Deslauriers; le conseiller juridique : Me Bernard Lefebvre. »
Quarante années plus tard une conversation avec M. Maurice Bonvouloir devait nous éclairer sur cette affaire.
Q : Pourquoi la Commission du Tricentenaire avait-elle choisi de s’incorporer sous le nom de Société Historique de La Prairie?
R : On voulait s’occuper de l’histoire parce qu’il n’y avait rien de ce genre à l’époque à La Prairie. Au cours des fêtes du Tricentenaire on a même incarné des personnages de l’histoire de La Prairie. N.D.L.R. La couverture de la pochette du disque en vinyle produit pour les fêtes de 1967 était une photo du quai de La Prairie vers 1900.
Q : Que s’est-il produit par la suite?
R : Après les fêtes du Tricentenaire on voulait continuer dans la même veine i.e. s’occuper de l’histoire de La Prairie. Les membres du comité se sont réunis une ou deux fois. Comme chacun était déjà très occupé dans d’autres organismes, alors l’engouement pour l’histoire est tombé. De plus Me Bernard Lefebvre est tombé malade et on ne s’est plus réunis.
Ainsi donc s’est éteint en 1967 le projet d’une société historique, projet qui allait réellement prendre vie cinq ans plus tard avec la menace que la compagnie Gulf ferait peser sur le Vieux La Prairie.

- Au jour le jour, octobre 2007
Mystérieuse monnaie
Dans le cadre de notre exposition sur « Les chemins de fer dans la MRC de Roussillon », au début de l’été 2007 l’un de nos membres M. André Montpetit, numismate et philatéliste, faisait don à la SHLM de trois pièces de monnaie commémorant en 1986 le 150e anniversaire du premier chemin de fer au Canada entre La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu. Il est important que nous puissions documenter ces artefacts avant de les inclure dans notre collection.
Or l’origine et l’émission de ces « dollars de commerce » suscitaient de nombreuses questions. Avec la permission des auteurs, nous reproduisons ici intégralement le texte du catalogue : Les jetons municipaux du Québec par MM. Jocelyn Roy et Yvon Marquis – Les Éditions Numispro – C.P. Le Bic Qc – G0L 1B0.
« C’est pour commémorer le 150e anniversaire du voyage inaugural du premier train de passagers au Canada (le 21 juillet 1836) entre La Prairie et St-Jean-sur-Richelieu (une distance de 16 milles), que cette pièce fut commandée par le Comité des Fêtes du 150e auprès de la Monnaie royale canadienne, en 1986. L’avers montre une reproduction de la première locomotive canadienne (La Dorchester) avec le nom Canada en haut de la pièce. La valeur, 5 dollars est sous la locomotive. Le nom des deux villes est au bas ainsi que l’inscription « $5 valide until Sept 1st. 1986 – $5 valide jusqu’au 1er. Sept. 1986 » On notera l’erreur dans le mot anglais valide qui est écrit avec un e à la fin (au lieu de valid). Le revers présente le portrait de Robert Stephenson qui construisit La Dorchester (sa 127e locomotive) dans son usine de Newcastle-on-Tyne en Angleterre.
Cette émission est fortement questionnée pour ne pas dire contestée par plusieurs collectionneurs, car les pièces ne furent jamais émises pour circulation. En effet, en raison de l’erreur dans le texte anglais les pièces furent retenues.
Les plans initiaux prévoyaient offrir les pièces par ensembles de trois (bronze, cuivre naturel, cuivre antique) présentées dans un écrin au coût de $20. On avait également prévu offrir une pièce en argent au coût de $34. Les pièces devaient être offertes en vente uniquement à la Banque Royale des deux villes. Seulement quelques ensembles auraient été vendus car la distribution fut arrêtée lorsqu’on découvrit l’erreur. Mais y aurait-il une autre raison à ce retrait? Des recherches ont démontré que Via Rail fut contacté par le promoteur du projet mais refusa d’y participer. Le promoteur a-t-il été contraint de retirer les pièces par Via?
Sinon, pourquoi ne pas avoir demandé à la Monnaie royale de corriger l’erreur et de frapper de nouvelles pièces? Se pourrait-il que l’erreur venait du dessin soumis, d’où l’obligation pour les émetteurs de payer pour la fabrication d’une nouvelle matrice sans erreur? (ce qui aurait réduit de beaucoup les profits potentiels). Et avec une valeur de $5 (élevée pour l’époque) combien de pièces avait-on initialement pensé frapper? (Selon certaines sources la Monnaie royale aurait émis 20,000 ensembles). Ce sont là des questions qui sont encore sans réponses.
*Il y aurait eu également 5 pièces de frappées en or et 1 en platine. »

- Au jour le jour, octobre 2007
La maison Moquin
La maison Moquin a été démolie par une pelle mécanique au matin du vendredi 14 septembre 2007.
M. Toussaint Moquin avait vendu sa maison sise au 1125 Chemin de Saint-Jean à La Prairie. Située dans un secteur zoné « commercial » il était certain que la bâtisse allait disparaître.
Or cette maison avait plus de 150 ans et constituait un joyau du patrimoine architectural de La Prairie. Construite en 1856 par Ambroise Hébert sur une terre de 50 arpents qu’il avait héritée de ses parents (Joseph Hébert et Marie-Josèphe Bauzette) elle fut plus tard cédée à son beau fils Alexis Moquin. Depuis, la maison avait toujours été la propriété de la famille Moquin. « La maison aurait été construite avec trois rangs de brique américaine transportée par chemin de fer ou avec de la brique provenant de la briqueterie Coupal-Lareine à La Tortue. Il existe une autre maison de même type et de la même époque sise au 1215 Chemin de Saint-Jean (Centre chiropratique Guy Briand). » Il est à espérer que cette dernière ne subisse pas un jour le même sort.
Suite à la destruction de l’édifice nous avons recueilli quelques briques et du mortier. Des analyses de ces artefacts pourraient ultérieurement nous fournir des indices sur la provenance de la brique.
Fidèle à sa mission la SHLM a écrit une lettre au conseil municipal dont nous publions ici l’essentiel du contenu :
« Face à cette menace évidente il existerait plusieurs solutions. D’abord le plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) de ce secteur autorise-t-il une telle démolition? Le permis de démolition dans une telle zone ne doit-il pas être approuvé par le comité d’urbanisme? Ce dernier pourrait au minimum exiger qu’un relevé métrique et architectural soit effectué avant la démolition.
Bien sûr il eut été possible que la municipalité, dans un souci de protection du patrimoine bâti, demande au Ministère de la culture et des communications un classement du bâtiment. Certes il est trop tard pour poser un tel geste. À défaut de ce faire, le conseil municipal pourrait citer l’édifice à titre de monument historique. Nous reconnaissons que cette solution n’est pas intéressante tant pour le propriétaire actuel que pour l’acheteur.
Pourquoi alors ne pas songer à préparer l’avenir car d’autres bâtiments patrimoniaux de La Prairie seront menacés par ce qu’il est convenu d’appeler le « progrès ».
Compte tenu de sa mission, la SHLM croit qu’il est toujours temps à La Prairie de développer l’art de conserver le patrimoine bâti situé à l’extérieur de l’arrondissement historique. C’est pourquoi la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine se permet de suggérer aux élus municipaux l’adoption des mesures suivantes, en collaboration avec les propriétaires concernés :

1. Procéder à un inventaire exhaustif et documenté des constructions à valeur patrimoniale situées à l’extérieur de l’arrondissement historique.
2. Mettre en place et intégrer dans le PIIA des mécanismes sévères de protection des édifices ainsi reconnus.
3. Prévoir des budgets pour l’aide à la conservation et à la restauration de ces bâtisses.
4. Informer la population de La Prairie de l’existence de ces maisons et des mesures prises pour les protéger.
La SHLM souhaite non seulement la mise en place de ces mesures, elle offre son appui inconditionnel et ses ressources pour faciliter leur élaboration.
Conscients d’oeuvrer pour le mieux être des générations futures, soyez assurée de notre pleine et entière collaboration dans ce domaine. »
Nous sommes toujours dans l’attente d’une réponse de la part de la municipalité.
Compte tenu des pressions énormes que le « progrès et le développement économique » font subir au patrimoine bâti il est à craindre que d’autres édifices anciens soient ainsi menacés dans un avenir plus ou moins rapproché. Malgré une certaine culture du secret, nous devons demeurer vigilants afin d’éviter que le pic du démolisseur sape à nouveau dans un joyau de notre identité culturelle.
