LES ORIGINES. Après deux années d’intenses recherches, Alphonse Desjardins fonde, en 1900, à l’âge de quarante-six ans, la Caisse populaire de Lévis. Ce projet coopératif est inspiré de modèles européens qu’il a su modifier pour les adapter aux réalités d’ici et proposer une formule originale.
Monsieur Desjardins entend ainsi donner aux classes sociales laborieuses le moyen de se prendre en mains, de gérer leur propre capital, de développer l’habitude de l’épargne et d’instaurer un crédit plus accessible qui mettrait fin aux nombreux abus du prêt usuraire.
L’abbé Philibert Grondin du collège de Lévis, auteur du catéchisme des caisses publié en 1910, est l’un de ses plus dévoués collaborateurs. Grâce aux nombreux articles de l’abbé Grondin dans différentes publications catholiques et grâce également aux multiples conférences données par A. Desjardins, le nombre de caisses se multiplie rapidement tant au travers du Québec que de l’Ontario et du nord-est des États-Unis.
Le catéchisme, écrit par celui qui se désigne comme le propagandiste des caisses, connaît un énorme succès, non seulement parce qu’il est bien fait, mais aussi parce qu’il était fortement recommandé par les évêques et tout le clergé de la province.
Cette brochure, qui contient plus de 140 pages dans la huitième édition parue en 1943, écrite sous la forme de questions et de réponses, est un véritable outil pédagogique susceptible de rejoindre tous les citoyens, même ceux de la classe ouvrière. On y traite de tous les sujets susceptibles de bien faire comprendre les différents éléments qui constituent une caisse populaire : la nature d’une coopérative et d’une caisse, les conditions et les formalités nécessaires à la fondation d’une caisse, l’épargne, les prêts, l’organisation d’une caisse et son administration, les Unions régionales créées en 1924, la Fédération, etc.
Évidemment, compte tenu de l’auteur et du contexte de l’époque, le catéchisme contient son lot d’allusions à la religion et à la morale, dont voici deux exemples :
« Une Caisse, c’est « l’arbre financier » qui pousse entre l’église et l’école, pour leur donner les bienfaits de sa fraîcheur et de sa protection. » Ou encore « Comment une Caisse combat-elle l’intempérance ? En ôtant l’argent de la poche du buveur. À peu près jamais, vous ne verrez quelqu’un retirer de l’argent pour le boire. »
« La Caisse populaire est la vraie charité chrétienne ».
Bien que ce n’est pas toujours le cas, selon le credo de l’abbé Grondin chaque paroisse aurait dû avoir sa Caisse. « La Caisse Populaire c’est l’école paroissiale de l’épargne populaire. »
La Prairie
Le 10 décembre 1950, à l’instigation de l’abbé Philémon Desmarchais, un groupe de seize résidants de La Prairie (ils devaient être douze au minimum) se réunit pour fonder une Caisse Desjardins. Afin d’agir en conformité avec la loi, ils doivent ensuite déposer au greffe de la Ville ou au bureau du secrétaire de la municipalité, une copie de la formule de déclaration de fondation, les statuts et la liste des officiers.

Les premiers sociétaires sont issus de toutes les classes de la société locale :
Joseph Chevalier, curé
Philias Lanctot, garagiste
Noël Beausoleil, boucher
Hercule Lavoie, rentier
William Houde, agronome et industriel
Urgel Godin, ouvrier
Gérard Péladeau, notaire
Gilles Lalumière, journalier
Conrad Roy, cultivateur
Fabien Langlois, journalier
Omer Gagné, chauffeur
Gérard Longtin, cultivateur
Charles Auguste Dagenais, chauffeur
Gilles Leduc, journalier
Gérard Bleau, comptable
Jean-Marc Roy, comptable
Lina Bleau Serres, ménagère
Rita Roy Cuillierrier, ménagère
La première succursale loge au 452, rue Saint-Paul dans la maison de Georges-Hector Lamarre. Un an après le décès, en 1955, du président fondateur Urgel Godin, le nouveau président, Claude Diotte, déménage la Caisse au 465, rue Saint-Henri. C’est cependant sous la présidence de Donat Duquette, élu en 1956 et considéré comme un bâtisseur, qu’est construit en 1965 l’édifice actuel.




Le rapport annuel de l’année 1956 souligne le grand dévouement et le travail du personnel. « Il règne parmi le personnel et tous les sociétaires un esprit de famille nulle part ailleurs comparable. »Journal L’Éveil, édition du jeudi 18 avril 1957.
Construit selon les plans de l’architecte Claude Leclerc, le nouvel édifice, décrit comme sobre, élégant et fonctionnel, loge la Caisse Populaire de La Prairie, les bureaux de la Police provinciale et la Fédération des professeurs du diocèse de Saint-Jean. Cette dernière association ainsi que les policiers quittent l’édifice vers 1980 pour se loger ailleurs.
Dix ans après sa création, la Caisse de La Prairie annonce une année record et propose déjà de nombreux services à ses sociétaires : épargne, prêts personnels et hypothécaires, assurance vie des emprunteurs, caisse scolaire, chèques de voyage et prêts agricoles. Lors de la 10e assemblée générale annuelle tenue le 23 avril, les responsables présentent quatre nouveaux projets : l’augmentation des heures d’ouverture, l’acquittement des taxes foncières à la Caisse, la hausse des taux d’intérêt sur certains comptes d’épargne et l’assurance maladie pour les membres.
L’évolution
À l’image de l’ensemble du Mouvement Desjardins, notre Caisse locale a su s’adapter aux multiples changements qui marquent le milieu bancaire au cours des dernières décennies. Ainsi l’année 1990 marque la fin de la commission de crédit, dont les membres étaient habilités à autoriser des prêts aux membres ainsi que la signature de quittances, de mainlevées ou de cessions de priorité. Différentes raisons motivent son abolition ; on souhaite accélérer l’accord des prêts ainsi que la confidentialité du processus. De plus, la Caisse aprocédé à l’embauche de professionnels de la finance aptes à évaluer les multiples paramètres susceptibles d’autoriser ou non un prêt à un sociétaire.
Sensible à l’évolution des marchés et conscient que du développement immobilier de La Prairie se fera à l’avenir à proximité de l’autoroute 30, sur les lots de l’ancienne commune, le conseil d’administration opte pour la construction de la succursale de la Commune sise à l’angle du chemin de Saint-Jean et du boulevard de Palerme. L’ouverture du secteur du Grand Boisé en 1989, du quartier de la Briqueterie en 2010, de Symbiocité et du centre commercial Destination La Prairie en 2016 démontre manifestement la pertinence de cette décision.

Depuis 1999, le Mouvement Desjardins offre à ses membres, grâce à Accès D, l’accès aux services bancaires en ligne. Via internet, il est donc possible d’accéder à ses comptes bancaires ainsi qu’à toutes les opérations bancaires. On peut même y présenter une demande de prêt hypothécaire.
Alors que la majorité des grandes banques canadiennes procédaient récemment à l’abolition de milliers d’emplois et à la fusion de plusieurs succursales, le Mouvement Desjardins n’a pas échappé à ces grands bouleversements souvent liés à la multiplication des transactions à distance. Les épargnants se présentent de moins en moins à leur succursale, ce qui réduit les besoins en personnel de bureau et de service à la clientèle. Par contre, la spécialisation des tâches permet de créer de nouveaux emplois exigeant une formation plus poussée et, en conséquence, mieux rémunérée.
Alors que la Caisse La Prairie, avec ses 46 employés, occupe deux emplacements, les dirigeants du Mouvement Desjardins ont eu à justifier récemment, tant auprès des membres que des maires de plusieurs localités situées en région, la fermeture de nombreux comptoirs de service peu fréquentés.

Un organisme démocratique
Malgré le fait que les Caisses Desjardins soient, via leurs services, des quasi-banques et malgré l’abolition de la commission de crédit, fidèles aux souhaits du fondateur, les Caisses demeurent des coopératives très démocratiques. En plus d’élire les membres du conseil d’administration, dont la durée du mandat est de trois ans, l’assemblée générale annuelle dispose de pouvoirs étendus. Sous la présidence de Monsieur Robert Clermont, le conseil d’administration, composé de douze membres, dont six hommes et six femmes, établit les principales orientations pour l’année en cours, assure le suivi des résultats financiers, procède à l’embauche de la direction générale s’il y a lieu, gère les immeubles, etc.
Le rôle social
Grâce à son programme de dons et de commandites, la Caisse soutient concrètement des dizaines d’organismes de son milieu. En distribuant plus de 175 000 $ par année, dont 25 000 $ à la municipalité, la Caisse contribue ainsi de façon très active au développement et au mieux-être de sa communauté. La Société d’histoire a largement profité de cette générosité.
Avec plus de 15 780 membres, il est clair que la population locale demeure fortement attachée à cette institution et en apprécie grandement la philanthropie. Ainsi, plus qu’une institution bancaire dont les succès ne se démentent pas, la Caisse, par ses interventions directes auprès de plusieurs dizaines de projets et d’organismes, est devenue un partenaire essentiel et incontournable dans le développement tant social qu’économique de La Prairie.
Nous offrons nos félicitations à la Caisse La Prairie pour cet essor indéniable sur plus de six décennies et nous souhaitons longue vie à ses membres, à son personnel accueillant et à ses dirigeants bénévoles.
Les présidents
Urgel Godin – 1950-1956
Claude Diotte – 1956-1957
Donat Duquette – 1957-1972
Arthur Martin – 1972-1982
Maurice Bourassa – 1982
Sylvio Perras – 1982-1999
Robert Clermont – 1999 à aujourd’hui
Les directeurs généraux (gérants)
Jean-Marc Roy – 1950-1983
Denis Lavallée – 1983-1998
Denis Sénécal – 1998-2014
Suzanne Voyer – 2014
Évolution de l’actif
1951 : 28 645 $
1961 : 886 551 $
1971 : 4 962 164 $
1981 : 24 352 979 $
1991 : 102 340 843 $
2001 : 15 733 041 $
2011 : 356 601 000 $
2015 : 483 044 000
Ristournes distribuées aux membres
1953 : 91,50 $
1961 : 1 656 $
1971 : 24 286 $
1981 : ———-
1991 : ———-
2001 : 1 000 000 $
2015 : 772 000 $